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établir

établir [ etablir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1636; establir 1080; lat. stabilire, de stabilis stable
I
1Mettre, faire tenir (une chose) dans un lieu et d'une manière stable. asseoir, bâtir, construire, édifier, fixer, fonder, installer, 1. placer, poser. « Il commença par établir sur la berge une manière de chaussée » (Flaubert). « Au milieu du salon, un laquais [...] achevait d'établir une grande table » (Stendhal). Établir une usine, une imprimerie dans une ville. créer, fonder, implanter, monter. Établir son domicile, sa résidence à Paris. fixer (cf. ci-dessous, III, 1o). Établir des barrages de police sur une route. disposer.
2(v. 1300) Vieilli Mettre à demeure en un certain lieu (des personnes). Dieu « commença d'établir un peuple sur la terre » (Pascal).
3(1080) Milit. Établir l'aile droite de son armée sur un bon terrain. 1. poster.
4Mar. Établir une voile, la disposer convenablement pour obtenir un rendement maximal.
II(Abstrait)
1(1155) Mettre en vigueur, en application. fonder, instaurer, instituer, organiser. Établir un gouvernement, une administration. constituer. Établir un impôt. « La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ).
Établir l'ordre, la paix, la tranquillité (cf. Faire régner).
(1690) Établir sa fortune, sa réputation sur qqch. asseoir, bâtir, édifier, fonder. « ils en profitèrent pour établir solidement leur influence » (Daniel-Rops).
2(XIIe) Vieilli Placer (qqn) dans une situation, une fonction. instituer, nommer. Établir qqn dans une charge.
(1680) Pourvoir (qqn) d'un emploi, d'une situation. fam. caser. Il a bien établi tous ses enfants.
3(XIIe « indiquer, fixer; décider ») Fonder sur des arguments solides, sur des preuves. Établir sa démonstration, ses droits sur des faits indiscutables. appuyer, baser, étayer. Faire apparaître comme vrai, donner pour certain. Établir un fait, la réalité d'un fait. démontrer, montrer, prouver. Établir l'innocence d'un accusé. Établir des différences, des rapprochements entre plusieurs choses. 1. faire, poser. « L'esprit s'efforce d'établir un rapport, une liaison de cause à effet » (Baudelaire). Établir qu'une chose est possible. Par ext. Établir un compte, un devis, une liste. dresser. Établir un texte. éditer.
4Faire commencer (des relations). Établir des relations diplomatiques avec un pays. Établir des liens d'amitié avec qqn. nouer. Établir une communication téléphonique, une liaison entre deux ordinateurs.
IIIS'ÉTABLIRv. pron.
1(1627) Fixer sa demeure (en un lieu). Aller s'établir à Paris. habiter, s'installer. Elle s'est établie en province.
Prendre la profession de. Se fixer pour exercer sa profession. S'établir comme hôtelier. S'établir à son compte. se mettre. S'établir (et nom de métier). 1. devenir, se faire. « Autant s'établir épicier, ma parole d'honneur ! » (Flaubert).
(XVIIe) Vieilli ou région. Commencer à avoir une situation stable; (jeune fille) se marier. « Il n'y avait pas longtemps qu'elle s'était mariée et établie (comme disent les gens du peuple) » (Musset).
2 ♦ S'ÉTABLIR (et attribut) :s'instituer, se constituer, se poser en. S'établir juge des actes d'autrui.
3Pass. (XVIIe) Prendre naissance, s'instaurer. Cette coutume aura peine à s'établir. Impers. « il s'établit entre elle et l'orchestre cette correspondance mystérieuse » (Green).
⊗ CONTR. Détruire, renverser; déplacer. Abolir, supprimer. 1. Partir.

établir verbe transitif (latin stabilire, affermir, de stabilis, stable) Installer quelque chose quelque part, l'y mettre en place : Établir une liaison téléphonique entre Paris et Nouméa. Fonder, créer un organisme, un service, etc. : Établir une filiale à l'étranger. Fixer sa résidence quelque part : Établir son domicile à Paris. Mettre quelque chose en vigueur, en application : Établir un règlement. Nouer, instituer une relation avec quelqu'un : Établir des liens d'amitié avec ses voisins. Construire, fonder quelque chose sur quelque chose de solide : Établir sa réputation sur des succès. Donner quelque chose pour certain, sûr, le prouver : Établir l'innocence d'un accusé. Rédiger, dresser une liste, un inventaire, une facture, etc., selon certaines règles ou à partir de certaines données : Établir le planning de la semaine. Pourvoir quelqu'un d'une situation, d'une charge : Établir son fils comme notaire.établir (expressions) verbe transitif (latin stabilire, affermir, de stabilis, stable) Établir un texte, l'éditer sous sa forme originelle par confrontation des diverses éditions ou manuscrits. Établir une voile, la disposer convenablement pour qu'elle tire au mieux. ● établir (synonymes) verbe transitif (latin stabilire, affermir, de stabilis, stable) Installer quelque chose quelque part, l'y mettre en place
Synonymes :
Fonder, créer un organisme, un service, etc.
Synonymes :
Fixer sa résidence quelque part
Synonymes :
Mettre quelque chose en vigueur, en application
Synonymes :
Nouer, instituer une relation avec quelqu'un
Synonymes :
- créer
Construire, fonder quelque chose sur quelque chose de solide
Synonymes :
- bâtir
- édifier
Donner quelque chose pour certain, sÛr, le prouver
Synonymes :
- démontrer
- déterminer
Rédiger, dresser une liste, un inventaire, une facture, etc., selon...
Synonymes :
- régler
Pourvoir quelqu'un d'une situation, d'une charge
Synonymes :

établir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Placer de manière stable en un endroit choisi. établir les fondements d'un édifice. établir sa résidence à Paris.
d2./d Instituer. établir un gouvernement. établir des règlements.
d3./d Prouver, démontrer. établir la réalité d'un fait. Il est établi que...
rII./r v. Pron.
d1./d S'installer. Il va s'établir en province.
d2./d Commencer à exercer (tel métier). S'établir tailleur.
d3./d (Avec un sujet de personne et un attribut.) Se donner la fonction de. Il s'est établi censeur de la vertu d'autrui.
d4./d (Avec un sujet de chose.) être fondé, s'instaurer. Des relations s'établissent entre ces deux pays.

⇒ÉTABLIR, verbe trans.
I.— [Avec l'idée de mettre solidement en place]
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose ou ce qu'on assimile à une chose]
1. Domaine concr.
a) Installer, faire tenir dans un lieu, de manière stable. (Quasi-)synon. disposer, placer. Il alla prendre une chatte et ses petits, et les établit sur le tas de foin (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 8). Les hommes des camions établissaient les charges sur le crâne des porteurs (HAMP, Marée, 1908, p. 57) :
1. ... les assiégeans (...) environnèrent leur camp de fossés et de palissades. Ils établirent leurs machines de guerre, et firent tirer contre la ville leurs bombardes et canons.
BARANTE, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1824, p. 312.
Spéc., MAR. Établir une voile. La déployer et lui donner l'orientation convenable :
2. ... le lendemain le vent tourna d'un point; le capitaine John établit la misaine, la brigantine et le petit hunier; le Ducan, mieux appuyé sur les flots, fut moins sensible aux mouvements de roulis et de tangage.
VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 45.
En partic. Fixer son lieu d'habitation quelque part. Établir son domicile, sa résidence, en un lieu (Ac.). Quelle reine (...) a pu (...) établir sa demeure dans le château de la reine Blanche? (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 109).
Loc. verbales fig. ,,Bien établir sa fortune, son crédit, leur donner des bases solides. Établir sa réputation, la fonder, lui donner de la consistance. Sa réputation est trop bien établie pour que...`` (Ac.).
Emploi pronom. réfl. indir. Il faut toujours s'établir une bonne réputation, quelque insignifiante qu'elle soit (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1824-30, p. 15).
b) Emploi pronom. S'installer, apparaître et durer. La pluie commence sérieusement au milieu de la journée et a l'air de s'établir (DELACROIX, Journal, 1854, p. 167). — La porte s'ouvre. Un flot de lumière brutale jaillit soudain, déferle et bientôt s'établit par l'ampleur de la chambre en nappe horizontale (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 91). — La nuit sera tranquille, mais le vent va s'établir demain, dit Marino machinalement (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 300).
2. Au fig.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne des notions ou institutions d'ordre pol. ou écon.] Mettre en place, en application. Établir une assemblée, une contribution, des droits, un tribunal. (Quasi-)synon. instituer, instaurer, organiser. Messieurs, nous établirons un impôt de dix pour cent sur la propriété (JARRY, Ubu, 1895, III, 2, p. 59). Il ne lui appartient pas [à l'artiste] de prouver, d'établir des lois, de justifier des préceptes (MASSIS, Jugements, 1923, p. 269) :
3. Chapitre IX
Des efforts que fit M. Necker auprès du parti populaire de l'Assemblée Constituante, pour le déterminer à établir la constitution anglaise en France.
STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 255.
Emploi pronom. à sens passif. Ce n'est pas ainsi que les lois se trouvent et que les gouvernements s'établissent (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 219).
b) Faire entrer dans les mœurs, faire adopter par l'usage. Établir de nouvelles opinions, de nouvelles maximes (Ac. 1835-1932).
Emploi pronom. à sens passif. De nouveaux usages, de nouvelles doctrines s'établirent. Ces locutions auront bien de la peine à s'établir (dans l'usage) (Ac. 1835-1932).
c) P. ext. [Le compl. d'obj. dir. désigne des notions diverses : paix, ordre, silence, etc.]
Faire régner. C'est ainsi que le ciel concourait à établir l'ordre et l'harmonie sur la terre (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 475). Quand le silence fut établi, il [Éléazar] drapa son manteau, et comme un juge posa des questions (FLAUB., Hérodias, 1877, p. 188). Oh! que je voudrais être (...) celui qui établira enfin la tolérance universelle (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 34).
[Le compl. d'obj. désigne un résultat sportif] Établir un (nouveau) record. Accomplir une performance qui constitue un (nouveau) record.
Emploi pronom. à sens passif. Puis l'ordre renaît (...) le silence s'établit (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 287).
B.— [Le compl. d'obj. dir. désigne un être humain]
1. Vieilli
a) Installer dans un lieu pour un temps déterminé et court. (Quasi-)synon. asseoir, poster. Elle [madame Delmare] regardait (...) l'insipide figure de son cousin, qui, établi vis-à-vis d'elle sous le manteau de la cheminée, regardait paisiblement la braise (SAND, Indiana, 1832, p. 160). Vitellius songea que le prisonnier pouvait s'enfuir; (...) il établit des sentinelles aux portes, le long des murs et dans la cour (FLAUB., Hérodias, 1877 p. 178).
Emploi pronom. réfl. Prendre place. Elle me charge d'aller au-devant d'un jeune homme qui doit arriver à Paris (...) je vais m'établir à la barrière; j'attends (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 290). Chaque jour, à midi, vous vous établirez dans la bibliothèque du marquis, qui compte vous employer à faire des lettres (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 232). L'oncle Pillerault (...) alla s'établir dans un fauteuil auprès de la bibliothèque (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 213).
P. métaph. J'ai eu l'occasion de descendre au fond de la jalousie, de m'y établir et d'y rêver longuement (COLETTE, Ces plais., 1932, p. 234).
Rare. S'établir à + inf. Après avoir ranimé mon feu dont les tisons fumaient encore, je m'établis à rêver (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 291).
Spéc., TECHN. MILIT. Poster, disposer des troupes sur un terrain avant l'assaut. De son côté, le 9e corps consolide sa droite, (...) établit la 52e division de réserve vers Connantre, en liaison avec la gauche du IIe corps (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 117).
Emploi pronom. Il se faisait fort d'exécuter l'attaque dans la matinée du lendemain (...). Dans la nuit, les troupes, à mesure de leur arrivée, devaient s'établir en conséquence (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 109).
b) P. ext. Fixer dans un lieu en vue d'y habiter, d'y séjourner pour une période relativement longue. Les compagnies (...) ont entrepris d'établir des émigrants soit dans la Nouvelle Zélande soit en Australie (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1846, p. 95). Oui, j'y ai songé sérieusement : (...) établir solidement ma famille dans le seul pays d'Europe [l'Angleterre] où cela vaille encore la peine (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 295) :
4. « ... ils auroient (...) acquis des terres sur les côtes d'Afrique, pour y établir des colonies de nègres libres, dont l'industrie et l'exemple auroient encouragé les princes noirs à faire cultiver la canne par leurs sujets ».
CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 162.
Emploi pronom. réfl. J'achetai des terres et un vieux château dans cette province, et je vins m'y établir (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 11). Charles imagina que la cause de sa maladie était (...) dans quelque influence locale, et (...) il songea (...) à aller s'établir ailleurs (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 76). Ce fut à cet endroit même que l'Espagnol Sarmiento, en 1581, vint s'établir avec quatre cents émigrants. Il y fonda la ville de Saint-Philippe (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 78).
P. méton du suj. Il y eut un temps, dit Thucydide, où les villes, à cause de la piraterie, n'osaient s'établir au contact de la mer (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 237).
2. Au fig., vieilli
a) Installer dans une charge, une profession, une situation, un milieu. Établir qqn dans (l'exercice d')un emploi (Ac. 1835-1932). Elle [la mère de Charles] rêvait de hautes positions, elle le voyait déjà grand, beau, spirituel, établi dans les ponts et chaussées ou dans la magistrature (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857 p. 6). Ah! celui-là est un homme considéré, bien établi dans le monde, presque un député (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 94).
Emploi pronom. réfl. Le duc, le comte, de moindres personnages, s'établissent dans leurs charges, les lèguent à leurs enfants, se comportent en vrais souverains (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 44).
♦ [Avec un subst. attribut] Se constituer, s'instituer. Elle [ma grand'mère] ne voulait ni se séparer de ses domestiques, ni s'établir juge de leurs différends (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 38).
En partic. S'établir comme + subst. désignant une profession. S'installer pour exercer une profession non salariée. S'établir (comme) boucher, médecin. Quand il se jugea assez riche, il loua une sorte de hangar, du côté de Montrouge, et s'établit chaudronnier (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 25). Notre intention (...) de nous établir épiciers à Phalsbourg (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 333).
Loc. S'établir à son compte. Exercer une profession (commerciale ou artisanale) de manière autonome, sans dépendre d'un employeur. Synon. usuels s'installer, se mettre à son compte :
5. ... elle quittait madame, elle s'établissait à son compte (...). Zoé prenait l'établissement de la Tricon; (...) elle rêvait d'agrandir la chose, de louer un hôtel et d'y réunir tous les agréments...
ZOLA, Nana, 1880, p. 1465.
b) Établir ses enfants. Assurer leur propre statut social (profession ou mariage), en général dans les conditions les plus favorables. L'âge d'établir les enfants étant venu, (...) je me suis vue dans la nécessité de penser sérieusement au prix matériel de travail de l'art (SAND, Corresp., t. 3, 1850, p. 222) :
6. Cette madame de Lautréamont était née les mains pleines et avait toujours eu toutes les chances : (...) deux enfants qu'elle avait bien établis, (...) le fils déjà capitaine d'artillerie.
LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 73.
Établir son fils, un jeune homme. L'installer dans une bonne profession :
7. J'aurai une succursale sous le nom de Popinot, dans quelque maison autour de la rue des Lombards, où je mettrai le petit Anselme. J'acquitterai ainsi la dette de la reconnaissance envers Monsieur et Madame Ragon, en établissant leur neveu, qui pourra faire fortune.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 18.
Établir sa fille. La marier. Synon. pop. caser. Le pauvre Lagrené a emporté en mourant une pensée consolante. Il a établi sa fille, aînée, et l'a bien établie... il a donné sa main à un homme un peu mûr peut-être, mais riche (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 209).
II.— P. ext. [Avec l'idée d'aboutir en outre à une construction, à une œuvre, à un résultat]
A.— [Sur le plan matériel]
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne soit un bâtiment (d'ordre industriel, soc., écon.), soit une construction quelconque] Installer, mettre en place en construisant, bâtissant. Établir un barrage, une clôture, des écluses, un pont, des usines. Difficulté d'avoir dans une ville des terrains assez vastes pour établir un monastère (LENOIR, Archit. monast., t. 1, 1852, p. 19). Débarquement possible du matériel et des ravitaillements à Douala et à Pointe-Noire. Il est facile d'y établir des ateliers de montage d'avions (DE GAULLE, Mém., 1954, p. 472) :
8. ... une compagnie disciplinaire (...) s'en allait sur le front de Hongrie pour y effectuer les travaux dangereux, comme de poser des mines et d'établir des liaisons téléphoniques à proximité de l'adversaire.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 356.
Établir une machine. ,,La construire et la mettre en état de servir`` (Ac.).
Emploi pronom. passif impers. Si une grande route ou un canal vient à passer près d'un bien-fonds, s'il s'établit des manufactures dans son voisinage, (...) le bien-fonds en profite (SAY, Écon. pol., 1832, p. 407).
En partic., littér. [Le compl. d'obj. dir. désigne un petit objet manufacturé] Façonner, fabriquer. On vous établit de beaux chapeaux de soie à quinze francs (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 318). C'était son orgueil d'artiste [de Bourras], pas un ouvrier à Paris n'était capable d'établir un manche [de parapluie] pareil aux siens, léger et solide (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 568).
2. P. ext. [Le compl. d'obj. dir. désigne une communication]
a) [entre deux choses] Faciliter, permettre. Osselets qui établissent une communication entre le tympan et la fenêtre ovale (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 499). La cheminée volcanique qui établissait la communication entre les couches souterraines et le cratère (VERNE, Île myst., 1874, p. 93).
Emploi pronom. à sens passif :
9. Dans les plans des églises ainsi conçues, les communications s'établissaient entre les collatéraux et la nef transversale aux bras de la croix, par des arcades percées dans le mur parallèle à la façade.
LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 113.
b) [entre deux pers. ou groupes de pers.] Nouer, créer des liens. Tous deux l'aimaient, et ils établirent avec lui une communication par lettres (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 178). Au lieu d'établir un lien entre les personnes, la discussion cache seulement leur solitude (VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 183). Il me proposa une « franche discussion » pour établir des relations plus satisfaisantes dans l'intérêt des deux pays (DE GAULLE, Mém., 1956, p. 24).
Emploi pronom. à sens passif. La conversation qui s'établit au coin du feu entre les trois vieux condisciples (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 35). Une correspondance suivie s'établissait entre les deux écoliers (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 519).
Impers. Il s'établit entre eux et lui un échange de petits services (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 105).
B.— [Sur le plan intellectuel]
1. Faire, accomplir un travail (de mémoire, de classement, de bureau, etc.), déterminer par le calcul, la réflexion. Établir une liste. Pour nous délasser de la prodigieuse sensibilité de ce vieux moine, nous établissions notre budget (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 15). Établir certains dossiers, tracer quelques ébauches de lettres (ARLAND, Ordre, 1929, p. 400). Il pourra (...) établir son diagnostic avec autant de recueillement que s'il était, dans son cabinet, la tête dans ses mains (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 889) :
10. ... l'astronomie (...) nous donne (...) des bases certaines qui permettent de déterminer (...) la longitude au milieu d'une mer immense, où jusqu'alors on n'avait pu l'établir que par une approximation à peu près arbitraire, qui exposait aux plus grandes erreurs.
Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. XXII.
En partic. Établir un texte. ,,Retrouver le texte originel à partir des versions tronquées ou altérées, choisir entre les différentes formes d'un texte données par les divers manuscrits anciens celle qui semble être la plus correcte ou la plus authentique`` (J. GIRODET, Logos, Paris, Bordas, 1976). Il faut : 1) établir le texte exact, le plus souvent altéré par les erreurs ou les arrangements impertinents des éditeurs (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 120). M. Chassé établit le texte authentique d'après le manuscrit original de M. Charles Morin (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 171).
2. P. ext. Démontrer, prouver la vérité, la réalité, la valeur de quelque chose.
a) Établir + obj. dir. Ces documents judiciaires qui établissent l'ignominie de Victor Snell, voleur et faussaire (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1920, p. 244). Établir la filiation par des documents authentiques (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1379).
Emploi pronom. passif. L'identité des familles ne s'établit que d'après les armoiries (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 562).
[Avec un attribut du compl. d'obj.] Cet homme (...) que l'enquête établit probe, travailleur, « de vie régulière et honnête » (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 360).
b) Établir que + ind. Montesquieu (...) cherche (...) quels sont les principes (...) conservateurs, de chaque espèce de gouvernement. Il établit que pour le despotisme, c'est la « crainte » (DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois de Montesquieu, 1807, p. 221). Les manuscrits établissent que Shelley ponctuait très peu (DU BOS, Journal, 1922, p. 83).
En emploi passif impers. Il semble bien établi aujourd'hui qu'elle [la tuberculose] est due à un microbe spécifique : le bacille de Koch (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 229).
c) Établir sur. Fonder sur. Sur quoi établissez-vous que cette coiffe appartenait à madame la conseillère Josse? (FRANCE, Opinions J. Coignard, 1893, p. 265).
Emploi pronom. passif. À Sheffield, la répartition des dépenses s'établit à peu près sur les bases suivantes (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 77).
Rem. On rencontre ds la docum. établisseur, subst. masc., rare. Un faiseur (...) un établisseur de mémoires et dossiers (PÉGUY, Notre jeun., 1910, p. 75).
Prononc. et Orth. :[], (j')établis [etabli]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « constituer, former quelque chose (ici des bataillons) » (Roland, éd. J. Bédier, 3036); [ca 1200 establie part. passé fém. substantivé techn. « bâti, estrade » (Godefroy de Bouillon, 159 ds T.-L.); fin XIIIe s. establie « établi (d'orfèvre) » (Miracles de S. Eloi, éd. Peigné-Delacourt, p. 25)]; 1390 establis (Cpte roy. de Ch. Poupart, f° 73 ds GAY); 2. 1155 « régler, fixer de manière durable, selon les lois » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9815). Du lat. class. stabilire « affermir, maintenir solide, soutenir, étayer ». Fréq. abs. littér. :6 180. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 11 606, b) 8 120; XXe s. : a) 6 770, b) 7 954. Bbg. LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 232.

établir [etabliʀ] v. tr.
ÉTYM. 1636; establir, 1080, Chanson de Roland; du lat. stabilire, de stabilis. → Stable.
A (Concret).
1 Mettre, disposer, faire tenir (une chose) d'une manière stable dans un lieu. Asseoir, bâtir, construire, disposer, édifier, fixer, fonder, implanter, placer, poser. || Établir les fondements d'un édifice ( Jeter). || Établir solidement un mur sur le roc. || Établir un barrage dans une gorge étroite, sur une rivière. || Établir une chaussée sur la berge (cit. 2).
(Le compl. désigne un objet placé sans être fixé, assujetti). || Établir une grande table au milieu du salon (→ Dépouille, cit. 8).
Par anal. Installer. || Établir des barrages de police sur une route. Disposer. || Établir des boutiques sur le champ de foire.Établir une usine, une imprimerie dans une région, une ville. Créer, fonder, implanter, monter.
1 Veut-on établir une manufacture ? un homme riche ou une compagnie fournit les fonds, un entrepreneur la conduit et des ouvriers travaillent sous sa direction.
Condillac, le Commerce et le Gouvernement…, I, 12.
Installer de manière à faire fonctionner. || Établir des étapes sur la route, des moyens de communication, des liaisons aériennes.
2 Elle devait remplacer l'ancienne piste, souvent impraticable pour les voitures qui établissaient la communication entre Xauen et Taza.
P. Mac Orlan, la Bandera, XI, p. 130.
(Dans un contexte militaire). || Établir son camp, son campement. || Établir une place forte, un fort.
2 (V. 1300). Vieilli. Mettre à demeure en un lieu (des personnes). || Les Phocéens établirent dans la Gaule une colonie qu'il nommèrent Marseille (Littré).
3 La création et le déluge étant passés, et Dieu ne devant plus détruire le monde, non plus que le recréer, ni donner de ces grandes marques de lui, il commença d'établir un peuple sur la terre, formé exprès, qui devait durer jusqu'au peuple que le Messie formerait par son esprit.
Pascal, Pensées, IX, 621.
4 Psammétique, qui devait son salut aux Ioniens et aux Cariens, les établit dans l'Égypte, fermée jusqu'alors aux étrangers (…)
Bossuet, Disc. sur l'Hist., I, 7.
Vieilli. || Établir sa demeure, son domicile, ses pénates en un certain endroit. Fixer (→ ci-dessous, S'établir, 1.).
5 Dois-je dans la province établir mon séjour (…)
La Fontaine, Fables, III, 1.
Mod. || Établir sa capitale, un centre, le siège du pouvoir à…, dans…
6 Busiris bâtit la fameuse ville de Thèbes, et y établit le siège de l'empire.
Rollin, Hist. ancienne, in Œ., t. I, p. 119.
(1080). Dans un contexte militaire. || Établir l'aile droite de son armée sur un bon terrain. Poster. || Établir ses troupes dans des cantonnements. Cantonner, loger. || Établir son avant-garde, un poste de surveillance.
3 Mar. || Établir une voile, la hisser, la mettre en place.
B (Abstrait).
1 (1155). Mettre en vigueur, en application, en exercice (des institutions, des lois, des règles…). Créer, ériger, fonder, instaurer, instituer, organiser. || Établir un gouvernement, une administration, un tribunal. || Établir un impôt, des droits sur les boissons. || Établir des peines, des sanctions, des usages, une hiérarchie, une discipline. || Établir une religion nouvelle. || Tenter d'établir une nouvelle morale, des habitudes différentes.
7 La loi qui établit cette nouvelle magistrature fut appelée la loi sacrée, et ce fut là que commencèrent les tribuns du peuple (…)
Bossuet, Disc. sur l'Hist., I, 8.
8 (…) il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre (…)
Bible (Sacy), Épître de saint Paul aux Romains, XIII, 1.
9 La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
Déclaration des droits de l'homme, Constitution du 3 sept. 1791, art. 8.
10 Jésus-Christ et ses apôtres ne ressemblaient pas sans doute aux Grecs et aux Romains de leur siècle, mais ils ne venaient pas réformer un ancien culte; ils venaient établir une religion nouvelle, remplacer les dieux par un dieu.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 378.
Établir l'ordre, la paix, la tranquillité. Régner (faire). || Tenter d'établir le silence.
11 Obéir à un pareil ordre, c'était (…) livrer de nouveau à l'anarchie une contrée où nous avions établi une tranquillité qu'elle n'avait jamais connue (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, p. 67.
2 (XIIe). Placer (qqn) dans une situation, une fonction. Instituer, nommer. || Établir qqn dans une charge, dans la charge de… Constituer. || Établir des magistrats, des juges.
12 (…) les magistrats, qui sont établis pour maintenir l'ordre dans cet État (…)
Molière, le Mariage forcé, 4.
(Avec un compl. prép.). || Établir un prince, un roi sur le trône. Introniser.
13 Au sortir du berceau vous m'avez établi sur le trône.
Massillon, Malheur des grands qui abandonnent Dieu.
(1680). Vieilli. Pourvoir (qqn) d'un emploi, d'une situation. Caser. || Il a bien établi tous ses enfants.Vx. || Il a richement établi ses filles. Doter. || Établir un jeune homme, lui procurer une situation. || Avoir une fille à établir. Marier.
14 Votre sœur, qu'il faut maintenant songer à établir.
Racine, Lettres, VII, p. 251.
15 (…) il parla des récoltes et des notables de la commune, car son père avait abandonné Colleville pour la ferme des Écots, de sorte que maintenant ils se trouvaient voisins. — « Ah ! » dit-elle. Il ajouta qu'on désirait l'établir.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », II.
3 (1690). Fonder (qqch.) de manière ferme, stable.(Avec un compl. prép.). || Établir sa fortune, sa réputation sur des bases solides. || Il a établi sa fortune sur la ruine d'autrui. Asseoir, bâtir, échafauder, édifier, élever, faire, fonder.
(Avec un seul compl. direct). || Établir sa renommée, sa gloire, son influence.Vx. || Établir ses affaires.
16 (…) j'ai déjà établi mes petites affaires.
Molière, l'Amour médecin, III, 1.
17 Sous la reine Alexandra Salomé (76-67) les Pharisiens, au contraire, triomphèrent; ils en profitèrent pour établir solidement leur influence dans le sanhédrin (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, II, p. 339 (→ Docteur, cit. 1).
4 Donner un commencement à (quelque chose qui doit durer). || Établir des relations, des rapports, des liens d'amitié, une intimité avec qqn. Nouer.
18 Ce n'est pas, en effet, un facile problème, à l'origine des sociétés, de savoir si l'individu peut s'approprier le sol et établir un si fort lien entre son être et une part de terre qu'il puisse dire : Cette terre est mienne, cette terre est comme une partie de moi.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, II, VI, p. 62.
19 L'intimité du lit établit entre deux êtres, même quand ils ont cessé de s'aimer, une sorte de complicité, d'alliance mystérieuse.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Un sage ».
5 (XIIe, « indiquer, fixer; décider »). Fonder sur des arguments solides, sur des preuves, ce que l'on pense (ce qu'on énonce, ce que l'on formule); faire apparaître, faire reconnaître comme sûr, incontestable (avec ou sans compl. prép.). || Établir sa démonstration, ses droits sur des faits indiscutables. Appuyer, baser, fonder. || Établir un fait, la réalité d'un fait. Démontrer, montrer, prouver. || Établir l'innocence d'un accusé. || Établir un axiome, un principe, une règle, une loi. Poser. || Établir le sens d'un mot, l'identité d'une personne. Déterminer, fixer, préciser. || Établir des différences, des rapprochements entre plusieurs choses. Découvrir, faire, reconnaître.
20 (…) la raison sur laquelle il établit sa pensée.
Pascal, les Provinciales, IV.
21 L'esprit s'efforce d'établir un rapport, une liaison de cause à effet, — et se trouvant impuissant à y réussir, subit une espèce de paralysie momentanée.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Scarabée d'or ».
Établir que (et ind.). || Le rapport de gendarmerie établit que le suspect ne pouvait pas se trouver sur les lieux du crime à cette heure-là.Je vais établir cela, je vais l'établir.
22 (…) mesure en faveur de laquelle je n'hésite pas à me prononcer et dont l'application serait des plus faciles, ainsi que je vais avoir l'honneur de l'établir à vos yeux.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, I.
23 On veut seulement établir qu'il est possible que, sans le savoir au moment même, Hugo ait été influencé par le poème de Vigny (…)
Émile Henriot, les Romantiques, p. 63.
Par ext. Décrire de manière incontestable. Arrêter, calculer, dresser… || Établir un compte, la balance d'un compte, un devis, un contrat. || Établir une liste, un programme. || Établir un texte. Éditer. || Établir avec précision l'état de la question.
24 « Je vais avoir la cinquantaine », écrivait Stendhal… et le même jour il établissait avec soin la liste des femmes qu'il avait aimées.
A. Maurois, Un art de vivre, p. 193.
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s'établir v. pron.
A (Sujet n. de personne).
1 (1627). Fixer sa demeure en un lieu. || Ils se sont établis en province, à la campagne (→ Dérouter, cit. 1). || Aller s'établir à Paris. Fixer (se), habiter, installer (s').
25 Une partie de ces peuples que Josué chassa de leur terre s'établirent en Afrique.
Bossuet, Disc. sur l'Hist., II, 3.
26 Il fallut que les ravages des Normands fussent passés, pour que nos rois de la troisième race se hasardassent à descendre en plaine, et vinssent s'établir à Paris dans l'île de la Cité, à côté de Saint-Denis, comme les Carlovingiens avaient, pour dernier asile, choisi Laon à côté de Reims.
Michelet, Hist. de France, t. II, III, p. 30.
2 Se fixer dans un état. a Prendre la profession de. || S'établir comme hôtelier, comme horloger. || S'établir à son compte : devenir patron. || Le médecin qui vient de s'établir dans notre ville, qui vient d'y ouvrir un cabinet (soit qu'il vienne d'ouvrir pour la première fois un cabinet, soit qu'il vienne d'un autre lieu). || S'établir quelque part, dans un lieu, près, auprès de qqn, chez qqn.(Avec un attribut). || S'établir commerçant.
27 Autant s'établir épicier, ma parole d'honneur !
Flaubert, Mme Bovary, III, II.
28 (…) si je voulais aller m'établir près de lui, avec une gentille Basquaise épousée au pays, il serait content de nous adopter tous deux (…)
Loti, Ramuntcho, I, XX, p. 168.
28.1 Un ancien ouvrier de chez Muple qui s'est établi à son compte (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 47.
b (XVIIe). Vieilli ou régional. Se marier. Caser (se).
29 (…) il n'y avait pas longtemps qu'elle s'était mariée et établie (comme disent les gens du peuple).
A. de Musset, l'Anglais mangeur d'opium, I.
30 Elle est d'une bonne famille, tous braves gens, et elle a bien pour huit ou dix mille francs de terre, qu'elle vendrait volontiers pour en acheter d'autre dans l'endroit où elle s'établirait; car elle songe aussi à se remarier, et je sais que, si ton caractère lui convenait, elle ne trouverait pas ta position mauvaise.
G. Sand, la Mare au diable, IV, p. 33.
3 Vx ou littér. Se fixer provisoirement en un lieu. || Il s'est établi dans mon bureau et ne veut plus en démarrer. Ancrer (s'), enraciner (s'). || S'établir sur un poste d'observation. Poster (se), place (prendre place).
Mod. Milit. Prendre pied. || S'établir solidement dans une position, s'y établir de manière à n'en pouvoir être facilement délogé.
31 Le soir, ils (les Russes) s'établissaient de bonne heure dans une bonne position, ne laissant sous les armes que les troupes absolument nécessaires pour la défendre, tandis que le reste se reposait et dormait (…)
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, VII, 2.
4 (Abstrait). Vx. || S'établir (et attribut) : s'instituer, se constituer, se poser en. || S'établir juge des actes d'autrui.
32 Celui qui écoute s'établit juge de celui qui prêche, pour condamner ou pour applaudir (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 2.
5 Vx. || S'établir à (et inf.) : se mettre à…, commencer à…
6 (1909, in Petiot). Sports (gymnastique). S'élever par un rétablissement. Rétablir (se).
B (Choses).
1 (Le sujet désigne un processus concret). Se produire de manière à durer. || On dirait que la pluie, que le beau temps s'est établi.
Devenir fixe, stable (marée). || La marée s'est établie : la mer est étale.
2 (XVIIe). Prendre naissance, s'instaurer, s'implanter. || La dictature s'est établie sur les ruines de la république (→ Despotisme, cit. 4). || Cette coutume aura peine à s'établir. || Les rapports, les relations qui se sont établies entre eux (→ Alliance, cit. 10; cimenter, cit. 5).Impers. || À la longue, il s'est établi entre eux des relations d'amitié (→ cit. 33 et 35 ci-dessous).
33 Il s'établit dès ce jour entre eux la liaison la plus intime et en apparence la plus philosophique (…)
Marmontel, Contes moraux, Scrup., in Littré.
34 Aucune vérité ne s'établit sans martyrs, excepté celles qu'enseigne Euclide. On ne persuade qu'en souffrant pour ses opinions (…)
P.-L. Courier, Pamphlet des pamphlets (1824), Pl., p. 219.
35 (…) il s'établit entre elle et l'orchestre cette correspondance mystérieuse, cette espèce de conversation secrète qui est le charme le plus puissant de la musique et qui explique pourquoi elle a tant de prise sur le cœur humain.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 97.
Être établi, calculé. || Un devis comme celui-ci ne s'établit pas en quelques heures.
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établi, ie p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1200).
1 P. p. Rendu solide, stable. || Mur solidement établi, bien établi.
(Abstrait). || Fondements bien établis. || Pouvoir établi sur la force.
36 Sur tant de fondements sa puissance établie Par vous-même aujourd'hui ne peut être affaiblie (…)
Racine, Britannicus, III, 3.
Spécialt. Construit. || Maison agréablement établie sur le versant d'une colline. Situé.
37 La maison du père Barbeau, était bien bâtie, couverte en tuile, établie en bon air sur la côte, avec un jardin de bon rapport et une vigne de six journaux.
G. Sand, la Petite Fadette, I, p. 5.
2 P. p. et adj. (Personnes). Installé. || Citadins établis à la campagne. || Artisan honorablement établi dans un pays (→ Abondance, cit. 3). (Choses abstraites, humaines). || Une réputation bien établie, bien assise.Adj. || Réputation établie, solide.
38 Certain couple d'amis en un bourg établi Possédait quelque bien (…)
La Fontaine, Fables, VII, 12.
39 Un avocat a-t-il quelque réputation établie ? Il cesse de plaider et se borne aux consultations où il s'enrichit.
Fénelon, Œ., t. XXI, p. 166, in Littré.
40 Et Ramuntcho regardait avec un surcroît d'inquiétude cet homme, que l'on croyait solidement établi dans le pays, avec du bien au soleil, et qui acceptait si facilement l'idée de s'enfuir.
Loti, Ramuntcho, II, XI, p. 283.
3 Adj. Qui est actif, qui exerce son pouvoir, ses effets de manière durable. || Le gouvernement établi, au pouvoir, en place. || L'ordre établi (→ Bourgeois, cit. 11). || Respect pour l'ordre établi. || Les institutions, les lois, les coutumes établies, en vigueur. Establishment (anglicisme). || Formes établies (→ Donation, cit. 1).
41 La justice est ce qui est établi; et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées, puisqu'elles sont établies.
Pascal, Pensées, V, 312.
42 Ce qu'il y eut de plus regrettable, c'est qu'au lieu de lutter contre la royauté en se servant des armes légales, les mécontents cherchaient par des conspirations à renverser l'ordre établi.
Renan, Questions contemporaines, in Œ. compl., t. I, p. 43.
43 Je crois peu à l'efficacité des règlements; non qu'ils soient indifférents, mais rarement le bien qui résulte des réformes compense l'inconvénient de changer ce qui est établi.
Renan, l'Instruction supérieure en France, in Œ. compl., t. I, p. 90.
44 (…) l'arriviste étant le monsieur qui convoite la meilleure place possible dans l'ordre établi (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, I, p. 19.
4 P. p. et adj. (D'un comportement, d'un contenu psychologique). Qui est stable, durable… || Usage, préjugé établi. Ancré, enraciné (→ Coutume, cit. 3). || Croyance, opinion établie. Admis, reçu.(P. p.). || Chose établie par… (quelqu'un, l'usage, le temps). || Idée établie dans l'esprit.
45 — (…) Vous ne croyez donc point à la médecine ? (…) Quoi ? vous ne tenez pas véritable une chose établie par tout le monde, et que tous les siècles ont révérée ?
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
46 (…) une certaine opinion d'eux-mêmes établie dans l'esprit de mille gens (…) qu'ils ne connaissent point (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 98.
47 (…) vous donnez trop à vos préventions; quand elles sont établies, la raison et la vérité n'entre(nt) plus chez vous.
Mme de Sévigné, 711, 1678.
Impers. || Il est établi que… Admis, connu. || C'est un fait établi que… → Affirmation, cit. 2.
48 Il est généralement établi chez ces peuples que les occupations sédentaires ne conviennent qu'aux femmes.
G.-T. Raynal, Hist. philosophique…, XIII, 10.
Un principe établi, une vérité établie. Démontré; acquis, avéré, certain, reconnu, sûr (→ Déduire, cit. 4).
(Relations). || Relations établies entre les peuples. Formé (→ Droit, cit. 62). || Entente établie dans le but de commettre des crimes.
CONTR. Démolir, détruire, renverser. — Abolir, abroger. — Partir, quitter.
DÉR. et COMP. Établi, établissage, établissement, établisseur. Préétablir, rétablir.
HOM. (Du p. p.) Établi.

Encyclopédie Universelle. 2012.