ivrogne [ ivrɔɲ ] adj. et n. ♦ Qui a l'habitude de s'enivrer, d'être ivre. ⇒ alcoolique.
♢ N. C'est un vieil ivrogne. ⇒ buveur; fam. alcoolo, picoleur, pochard, poivrot, soûlard, soûlaud. Une ivrogne qui titube. ⇒ ivrognesse. Voix d'ivrogne. ⇒ rogomme. — Loc. Serment d'ivrogne, qui ne sera pas tenu. « des serments d'ivrognes qui jurent de ne plus boire » (Goncourt) .
⊗ CONTR. Abstinent, tempérant, sobre.
● ivrogne, ivrognesse nom (ancien français ivroigne, ivresse, du latin populaire ebrionia) Personne qui a l'habitude de s'enivrer. ● ivrogne, ivrognesse (difficultés) nom (ancien français ivroigne, ivresse, du latin populaire ebrionia) Genre S'emploie aux deux genres : un ivrogne, une ivrogne. Le féminin ivrognesse est vieilli. ● ivrogne, ivrognesse (synonymes) nom (ancien français ivroigne, ivresse, du latin populaire ebrionia) Personne qui a l'habitude de s'enivrer.
Synonymes :
- buveur
- éthylique
- pochard (populaire)
- poivrot (populaire)
- soiffard (populaire)
- soûlard (populaire)
- soûlographe (populaire)
- soûlot (populaire)
Contraires :
- sobre
- tempérant
ivrogne
adj. et n. Péjor. Qui a l'habitude de s'enivrer.
⇒IVROGNE, -ESSE, adj. et subst.
I. — Adj. (Personne) qui a l'habitude de s'enivrer. Synon. alcoolique, buveur. Vous êtes plus riche que moi; consacrez une partie des fonds que vous avez dans la banque à l'acquisition d'une terre; j'en connois une dans ce voisinage, sur laquelle un colon ivrogne et paresseux végète depuis trois ans (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 196). Il est très répugnant à voir, avec ses yeux chassieux, son teint de cocher ivrogne, son ventre en pointe. On sait qu'il est envieux et méchant (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 181).
II. — Subst. Ivrogne abruti; face, hoquet, trogne d'ivrogne; sourire hébété des ivrognes. Chez les ivrognes des faubourgs, c'est par la misère noire, le buffet sans pain, la folie de l'alcool vidant les matelas, que finissent les familles gâtées (ZOLA, Nana, 1880, p. 1429). Il y a comme cela, dans les pays lorrains, un certain nombre d'ivrognes et de piliers de café, qui mènent la mauvaise vie contre leur gré, et parce qu'ils portent lamentablement la faute d'un autre (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 135) :
• C'était le plus beau cas de combustion spontanée qu'un médecin eût jamais observé. Le docteur en avait bien lu de surprenants, dans certains mémoires, entre autres celui de la femme d'un cordonnier, une ivrognesse qui s'était endormie sur sa chaufferette et dont on n'avait retrouvé qu'un pied et une main.
ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 206.
♦ Serment d'ivrogne.
— P. métaph. L'homme des foules est poète, conteur, ou quelque ivrogne de l'esprit. Il se noie dans la quantité des âmes ambulantes; il s'enivre d'absorber un nombre inépuisable de visages et de regards, et de ressentir au fil de la rue fluide le vertige du passage de l'infinité des individus (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 28).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Ac. 1694, 1718 yvrogne, et yvrognesse, puis i-. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIIe s. subst. fém. yvroigne « état d'ébriété » (Sermons de St Bernard, 47, 23 ds T.-L.); 2. 1283 adj. yvrongne « qui a l'habitude de s'enivrer » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1949). B. 1. 1562 subst. yvrongnesse « ivrognerie » (CALVIN, Serm. sur le Deuter., 167 XXVIII, 529 ds HUG.); 2. 1611 id. « femme qui a l'habitude de s'enivrer » (COTGR.). A du lat. vulg. (dér. de ebrius par une pseudo-suffixation en -onia tirée de formations telles que castus-castimonia, sanctus-sanctimonia, parsus-parsimonia, M. LEUMANN et J.-B. HOFMANN, Lat. Gramm., t. 1, p. 211); B dér. de A, suff. -esse; pour le passage sém., cf. crapule. Fréq. abs. littér. : 816. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 498, b) 1 524; XXe s. : a) 1 880, b) 1 097. Bbg. STEINMETZ (H.). Galloromanische Bezeichnungen für betrunken... Bonn, 1978, pp. 9-32.
ivrogne [ivʀɔɲ] adj.
ÉTYM. XVe; yvroigne, n. f., fin XIIe; yvrongne, v. 1283; de l'anc. n. f. ivroigne « ivresse », v. 1190; du lat. pop. ebrionia « ivresse », du lat. class. ebrius. → Ivre.
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♦ Qui a l'habitude de s'enivrer, d'être ivre. ⇒ Alcoolique, intempérant. || Il est voleur, ivrogne, noceur. ⇒ Bouteille (aimer, cultiver la); → Incommunicable, cit. 9. || Ils sont volontiers ivrognes (→ 1. Garde, cit. 53). || « Son teint de cocher ivrogne » (Duhamel, in T. L. F.).
1 (…) un individu sans éducation, violent, querelleur, ivrogne, un vrai Caliban.
France, le Petit Pierre, X.
1.1 Héro — Crois-tu qu'on s'enivre pour s'amuser ? Être ivrogne ce n'est pas une sinécure… Si tu savais l'attention et la persévérance qu'il faut ! Toujours à remplir des verres et à les vider. On vous prend pour un riche oisif, en fait c'est un travail de plongeur.
J. Anouilh, la Répétition, p. 77.
♦ N. || Un ivrogne, une ivrogne. ⇒ Alcoolique, buveur, dipsomane, éthylique, pilier (de cabaret, d'estaminet…), suppôt (de Bacchus); fam. biberon, biberonneur, boit-sans-soif, licheur, pochard, poivrot, sac (à vin), soiffard, soûlard, soûlot, soûlographe, tonneau, vide-bouteille… || Un vieil ivrogne, un ivrogne incorrigible (→ Excentrique, cit. 5; balbutiement, cit. 3; exaspérer, cit. 18; incohérent, cit. 2). || Des ivrognes, les ivrognes (→ Boire, cit. 28; comparaître, cit. 6; excellent, cit. 5; expulser, cit. 5; galéjer, cit. 1). || Un ivrogne imbibé d'alcool, qui bat les murs, marche en zigzag, titube. || Il a une trogne, un nez rouge d'ivrogne. || Voix d'ivrogne. ⇒ Rogomme. ☑ Serment d'ivrogne, qui ne sera pas tenu. || Bande, tas d'ivrognes !
2 Ne croyez pas cependant que Saint-Amant soit un ivrogne vulgaire qui ne boit que pour boire : non, certes, c'est un ivrogne à la manière d'Hoffmann, un buveur poétique qui entend l'orgie à merveille, et qui sait tout ce qu'il peut jaillir d'étincelles du choc des verres de deux hommes d'esprit.
Th. Gautier, les Grotesques, p. 155-156.
3 Nombre d'ivrognes (…) pataugeaient en plein dans les bourbes de la chaussée. Quelques-uns, plus ivres, incapables de marcher tout seuls, s'avançaient en titubant, avec deux amis pour béquilles. Les uns avaient la face livide et terreuse, d'autres injectée, apoplectique, cardinalisée à la coction, comme dirait Maître Alcofribas Nasier, selon leur tempérament ou leur degré d'ivresse.
Th. Gautier, Voyage en Russie, p. 405-406.
4 L'ivrogne rentrait à tâtons, bousculant tout, rotant le blasphème et l'ordure et finalement se vautrait, en grognant à la manière d'un porc (…)
Léon Bloy, la Femme pauvre, I, VII.
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CONTR. Abstinent, sobre, tempérant.
DÉR. Ivrogner, ivrognerie, ivrognesse.
Encyclopédie Universelle. 2012.