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jaillir

jaillir [ ʒajir ] v. intr. <conjug. : 2>
• mil. XVIe; « lancer », XIIe; o. i.; probablt rad. gaul. °gali- « bouillir »
1Sortir, s'élancer en un jet subit et puissant (liquide, fluide). vx saillir, sourdre. Pétrole jaillissant d'un puits de forage. « le sang jaillit à gros bouillons de deux plaques rouges » (Gautier). gicler. Par anal. Éclair, lumière qui jaillit. Faire jaillir des étincelles. « un grand cri jaillit de sa poitrine » (A. Daudet). Des rires jaillissaient. fuser.
2Sortir soudainement. surgir. De la rue « une ombre a jailli, un homme lancé au pas de course » (Duhamel). s'élancer. « un poing qui jaillit et disparut » (Hémon).
3Apparaître, pointer brusquement. Des gencives « d'où jaillissaient des canines pointues » (Pergaud ).
4(1818) (Abstrait) Se manifester soudainement. surgir. « la vérité jaillira de l'apparente injustice » (Camus). Loc. prov. De la discussion jaillit la lumière.

jaillir verbe intransitif (latin populaire galire, lancer, du gaulois gali, bouillir) Sortir, s'élancer avec impétuosité, sous forme de jet : Eau qui jaillit d'une fente de rocher. Une blessure d'où le sang jaillit. Se produire, se manifester de façon soudaine et avec vivacité : La lumière jaillit du projecteur. Une idée jaillit de la discussion. Sortir soudainement d'un lieu, apparaître brusquement : Des groupes de manifestants jaillissent de toutes les rues. Paraître surgir du sol ou de quelque chose : Les tours qui jaillissent à la périphérie d'une ville.jaillir (synonymes) verbe intransitif (latin populaire galire, lancer, du gaulois gali, bouillir) Sortir, s'élancer avec impétuosité, sous forme de jet
Synonymes :
- gicler
- rejaillir
Se produire, se manifester de façon soudaine et avec vivacité
Synonymes :
- éclater
- fuser
Sortir soudainement d'un lieu, apparaître brusquement
Synonymes :
- s'élancer
- surgir

jaillir
v. intr.
d1./d Sortir impétueusement, en parlant d'un liquide, d'un fluide. Le sang jaillit de la blessure.
|| Par anal. Faire jaillir une étincelle. Un cri d'horreur jaillit de toutes les poitrines.
d2./d Fig. Se manifester soudainement. Faire jaillir la vérité.

⇒JAILLIR, verbe intrans.
A. — Sortir avec force et impétuosité (de).
1. [Le suj. désigne un liquide] Synon. de gicler (synon. partiel), de saillir (vx). Jaillir avec force, en jet(s); jaillir de la bouche, d'une fontaine, du sol, d'une source, de toute part. L'eau ne jaillit pas en gerbe mais s'écoule lentement d'une vasque dans l'autre avec un murmure de ruisseau (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 54). La roche brute, frappée par leur thyrse, laissait jaillir en abondance le miel, le vin et le lait (GIDE, Journal, 1940, p. 49) :
1. Je haïssais cet homme, opprobre de ma vie!
Trois fois je l'ai frappé comme un bœuf mugissant,
Et trois fois le flot tiède et rapide du sang
A jailli sur ma robe, ineffable rosée!
LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 197.
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un fluide, de la lumière, un son] Synon. de éclater, fuser. L'éclair, le feu, une lueur jaillit; un chant, un hurlement, une phrase, un rire, un sanglot, une voix jaillit. Les chevaux faisaient jaillir du pavé une poussière d'étincelles (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 695). Un rire jaillit qui mourut lui-même. Un rire sans racine profonde, mais que ne réprimait pas une dignité théâtrale (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 66) :
2. ... tout à coup un vilain mot jaillit de sa bouche comme en eût jailli un cri inarticulé, et ce mot, s'échappant comme malgré lui, prenait une intensité merveilleuse de passion.
MONTHERL., Songe, 1922, p. 63.
b) [Le suj. désigne un animé] Surgir d'un mouvement rapide et parfois désordonné. Synon. s'élancer. Ce baraquement, aux planches (...) disjointes, au plancher plein de trous, d'où jaillissent à tout moment des rats (GONCOURT, Journal, 1868, p. 428). Je tombe là sur une horde, des possédés tout hagards, des brutes mugissantes, écumeuses. (...) et il en jaillit toujours d'autres, des rues adjacentes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 536) :
3. ... toutes les portes de la ville s'ouvrent en même temps d'une poussée subite et insensée, et la foule noire [des abeilles] s'en évade ou plutôt en jaillit, selon le nombre des ouvertures, en un double, triple ou quadruple jet direct, tendu, vibrant et ininterrompu qui fuse et s'évase aussitôt dans l'espace...
MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 87.
B. — P. anal. [Le suj. désigne un inanimé concr. dont la forme ou la position suggère un élan] Se dresser, surgir. Synon. s'élancer, s'élever, sortir. Des gencives décolorées d'où jaillissaient des canines pointues (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 31) :
4. ... au moment où du ligneux des arbustes jaillissent les pousses vertes, je ne sais quels bourgeons vénériens cherchent à percer les vieilles peaux...
GONCOURT, Journal, 1874, p. 973.
C. — Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Se manifester soudainement. Synon. éclater. Chacun s'extasiait sur l'habileté du magistrat. En mettant la jalousie en jeu, il avait fait jaillir la vérité par la colère, il avait fait sortir la justice de la vengeance (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 22). Avec curiosité, avec malaise, je me demandais si mon propre corps recélait des sources cachées d'où jailliraient un jour d'imprévisibles émois (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 165) :
5. Les idées jaillissaient, se disposaient toutes seules, grâce à une acuité intellectuelle née de l'affaiblissement de son corps et de cette exaltation des derniers jours. Elles semblaient voler sans poids charnel, en une fluidité de musique.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 496.
Prononc. et Orth. : [], (il) jaillit []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début XIIe s. trans. « jeter, lancer » galiz (St Brendan, 1365 ds T.-L.); 2. a) fin XIIe s. intrans. « sauter » (Raoul de Cambrai, 7015 ds T.-L. : Et le paien enni le pret jalit); b) 1552 « sortir impétueusement » l'eau qui jallit (RONSARD, Cinquiesme livre des Odes ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. III, 124, 110); 3. 1560 jaillir (ID., Poèmes, livre I, ibid., t. X, 293, 28). Orig. obsc., peut-être d'un lat. pop. galire formé sur rad. gaul. gali- « bouillir, jaillir, sourdre » (cf. EWFS2). Fréq. abs. littér. : 2 445. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 107, b) 3 023; XXe s. : a) 4 819, b) 4 079. Bbg. GIR. Nouv. Rem. t. 2 1834, p. 58. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 118.

jaillir [ʒajiʀ] v. intr.
CONJUG. je jaillis, tu jaillis, il jaillit, nous jaillissons, vous jaillissez, ils jaillissent; je jaillissais; je jaillis; je jaillirai; jaillis, jaillissons; que je jaillisse au subj. prés. et imparf.; jaillissant; jailli.
ÉTYM. V. 1175; galir, v. trans. au sens de « lancer vivement », v. 1112; croisement probable (cf. P. Guiraud) de formes apparentées au lat. jaculari « lancer » avec un roman galire, du rad. gaulois gali- « bouillir, jaillir, sourdre ». → 1. Gaillard.
1 (En parlant d'un liquide, d'un fluide). Sortir avec force en formant un jet. Couler, saillir (vx), sourdre. || Geyser qui jaillit à trente mètres de hauteur. || Courant (cit. 3) qui jaillit au pied d'un talus. || Fontaine où l'eau jaillit à profusion (→ Aqueduc, cit. 2). || Pétrole, gaz naturel jaillissant d'un puits de forage. || Sang qui jaillit d'une blessure (→ Éperon, cit. 6). Gicler. || La boue jaillit et l'éclaboussa.
1 (…) la lave jaillit (…) roule en torrents, ou se répand comme un déluge de feu (…) cette même lave, gonflée par son feu intérieur, éclate à sa surface, et jaillit de nouveau pour former des éminences élevées au-dessus de son niveau.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Des matières volcaniques.
2 Je rêve assis au bord de cette onde sonore
Qu'au penchant d'Hélicon, pour arroser ses bois,
Le quadrupède ailé fit jaillir autrefois.
André Chénier, Élégies, XXVIII.
3 Source limpide et murmurante
Qui de la fente du rocher
Jaillis en nappe transparente
Sur l'herbe que tu vas coucher (…)
Lamartine, Harmonies (…), XVI.
4 (…) le sang jaillit à gros bouillons de deux plaques rouges laissées sur la poitrine par la chair amputée (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 31.
5 Mais le cidre, pendant sa démonstration, souvent leur jaillissait en plein visage (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, XIV.
6 La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Valéry, Poésies, Charme, « Le cimetière marin ».
7 Deux larmes jaillirent de ses paupières.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 258.
(Mil. XVIe, Ronsard). Par anal. (en parlant de la lumière, d'un son, etc.). Se produire avec force. || Un jet de clarté jaillit de la torche (→ Agonisant, cit. 1). || Étincelle (cit. 2) qui jaillit. || Faire jaillir des étincelles d'un caillou (cit. 5), d'une enclume (→ Brasillement, cit.; forgeron, cit.). || Flamme (1. Flamme, cit. 3) qui jaillit d'un briquet (cit. 1). || Flamboiements (cit. 3) d'incendie jaillissant au loin. || Un feu d'où jaillissent des gerbes d'étincelles ( Pétiller). || Éclair (→ 1. Foudre, cit. 5; fulguration, cit. 1), étoile (cit. 8), lumière, clarté qui jaillit (→ Garçonnière, cit. 3; et, par métaphore, épaule, cit. 8). || Des cris, des rires jaillissent. Fuser. || Un sanglot désespéré (cit. 24) jaillit de sa gorge (→ Comprimer, cit. 1). || Ce mot jaillit spontanément sur toutes les lèvres (→ Autobus, cit. 1).
8 Nos regards se rencontrèrent et je ne sais pas ce qu'il vit dans le mien, mais je sais que sa figure se décomposa tout à coup, qu'un grand cri jaillit de sa poitrine, qu'il me dit d'une voix à fendre l'âme (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III.
9 Un éclat de rire jaillissait d'une fille que je ne voyais pas (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XVIII.
10 Brusquement, une grande lueur jaillit du côté d'où étaient venus les cris (…)
Camus, la Peste, p. 276.
2 (1852). Sujet n. de personne ou de chose. Sortir par un mouvement rapide (désordonné ou non). || Flot, foule d'ouvriers jaillissant des ateliers (cit. 4). || Essaim (cit. 2) qui jaillit de la ruche. Élancer (s'). || L'épée (cit. 9) jaillit hors du fourreau.
11 Le premier des policemen, touché à l'estomac (…) par un poing qui jaillit et disparut comme un piston de moteur (…) tomba en avant (…)
Louis Hémon, Battling Malone, II.
12 (…) la plaine herbue d'où les alouettes, par intervalles, semblaient jaillir comme des jets de joie (…)
L. Pergaud, De Goupil à Margot, VI.
13 De la rue du Faubourg-Poissonnière, une ombre a jailli, un homme lancé au pas de course. C'est Édouard.
G. Duhamel, Salavin, III, XVI.
14 Du passage souterrain jaillissait, sans trêve, un flot de voyageurs.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 113.
3 (1831, Hugo). En parlant d'un objet dont la forme ou la situation suggère une impression d'élan. Apparaître, pointer brusquement. Dresser (se), élever (s'), sortir. || Les bourgeons jaillissent de la branche. Partir, pointer, saillir (→ Bois, cit. 24; cache-pot, cit.). || Des germes enfouis jaillissent en pousses inattendues (cit. 5). || Des gencives d'où jaillissent des crocs (cit. 2) pointus. || Le dos brun jaillit du corsage (→ Calice, cit. 3).
15 Les palmes (…) des très jeunes arbres, qui jaillissent en faisceau de la terre humide et chaude.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, X.
4 (1818). Abstrait. Se manifester, se dégager soudainement. Apparaître, dégager (se), surgir (→ Image, cit. 47). || Tendance qui jaillit du sein de la collectivité (→ Éducatif, cit. 6). || Idée, projet en germination (cit. 2) qui jaillit enfin à la lumière (→ Inconscient, cit. 9). || Il n'y a rien chez lui qui jaillisse de l'âme (→ Froideur, cit. 3). — ☑ Loc. prov. De la discussion jaillit la lumière.
16 Une pensée jaillie avec l'éclat de la lumière me dit intérieurement : « Voilà ta vigne ! »
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 627.
17 Mais elle triomphait maintenant et l'amour, si longtemps contenu, jaillissait tout entier avec des bouillonnements joyeux. Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble.
Flaubert, Mme Bovary, II, IX.
18 (…) le sentiment qui jaillit le plus volontiers de mon cœur, c'est celui de la reconnaissance.
Gide, Ainsi soit-il, p. 155.
19 (…) la vérité jaillira de l'apparente injustice.
Camus, la Peste, p. 248.
5 S'exprimer avec force, avec éclat, avec esprit… || Les traits plaisants jaillissaient autour de la table. Fuser, pétiller (→ Instantanéité, cit. 1, Gautier).
——————
jailli, ie p. p. adj.
|| Gerbe d'eau jaillie d'un bassin de marbre (→ Circuler, cit. 5).Flot (cit. 16) d'amertume jailli du cœur.(Au sens 4). → ci-dessus, cit. 16.
COMP. Rejaillir.

Encyclopédie Universelle. 2012.