légende [ leʒɑ̃d ] n. f. I ♦ Relig. Récit de la vie d'un saint destiné à être lu à l'office de matines.
♢ Recueil de ces récits. La Légende dorée : recueil de vies de saints ( XIII e s.).
II ♦ (1558) Cour.
1 ♦ Récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux, merveilleux. ⇒ fable, mythe. Contes et légendes. Légendes propres à un peuple. ⇒ folklore, mythologie. La légende de Roland, de Faust, de saint Nicolas. « La Légende des siècles », œuvre de Victor Hugo. Héros, pays de légende. ⇒ légendaire.
2 ♦ Représentation (de faits ou de personnages réels) accréditée dans l'opinion, mais déformée ou amplifiée par l'imagination, la partialité. ⇒ conte, fable, histoire. Si l'on en croit la légende. La légende de Napoléon. — Absolt L'histoire et la légende. Légende héroïque. ⇒ épopée. Entrer dans la légende.
III ♦ (1579)
1 ♦ Inscription d'une médaille, d'une monnaie. Bordure réservée à la légende.
2 ♦ Texte qui accompagne une image et lui donne un sens. La légende d'un dessin, d'un croquis humoristique. Légende d'une photo dans un journal. Sans légende (cf. Sans paroles).
3 ♦ Liste explicative des signes conventionnels (lettres, chiffres, signes, couleurs) figurant sur une carte, un plan. Légende d'un plan de Paris, d'un guide de la route. Le cartouche de la légende.
● légende nom féminin (latin legenda, chose à lire, de legere, lire) Récit à caractère merveilleux, où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique. Représentation embellie de la vie, des exploits de quelqu'un et qui se conserve dans la mémoire collective : La légende de Guynemer. Bruit, rumeur, nés d'une déformation et d'une amplification de faits réels par l'imagination. Intitulé de ce que représente une photographie, un dessin. Ensemble des conventions (signes, couleurs) qui permettent la compréhension d'une carte, d'un schéma, etc. Pièce musicale de structure variable, instrumentale (légendes pour piano de Liszt : Saint François de Paule marchant sur les flots) ou dramatique (la Damnation de Faust, de Berlioz ; Kitège de Rimski-Korsakov). Ensemble des caractères qui, sur une monnaie, une médaille, entourent et complètent le type. ● légende (citations) nom féminin (latin legenda, chose à lire, de legere, lire) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 C'est de l'histoire écoutée aux portes de la légende. La Légende des siècles, Préface Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 Pour supporter sa propre histoire, chacun y ajoute un peu de légende. L'Imposteur Grasset Patrice de La Tour du Pin Paris 1911-Paris 1975 Tous les pays qui n'ont plus de légende Seront condamnés à mourir de froid… Une somme de poésie Gallimard Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 L'erreur est la légende douloureuse. Poésies, II
légende
n. f.
d1./d Récit ou tradition populaire qui a, en général, pour sujet soit des événements ou des êtres imaginaires, mais donnés comme historiques, soit des faits réels, mais mêlés de merveilleux. La légende de Roland. La légende de Soundiata.
d2./d Texte qui donne la signification des codes, des couleurs et des signes qui figurent sur un plan, une carte, etc.
d3./d Texte accompagnant une figure, une photographie, un dessin humoristique, etc.
⇒LÉGENDE, subst. fém.
A. — RELIG. CATH., vx.
1. Récit de la vie du saint du jour, lu au réfectoire et à l'église, en particulier à l'office de matines. Synon. leçon, lecture. Ces prélats chambardèrent de fond en comble le psautier, (...) biffèrent les légendes des saints (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 187).
— Vie de saint enjolivée de merveilleux par l'imagination et la piété populaire. La légende de saint Nicolas, patron de la Lorraine, qui ressuscita trois enfançons hachés dans un saloir (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 68) :
• 1. ... je pris un livre (...); c'était un abrégé de la Vie des saints. J'ouvris au hasard. Je tombai sur la légende excentrique de saint Siméon le Stylite, dont Voltaire s'est beaucoup moqué...
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 178.
2. P. méton. Recueil, ouvrage contenant ces récits. Sur la table est ce livre où Dieu se fait visible, La légende des saints, seul et vrai panthéon (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1039). Avant de se coucher, pour purifier son sommeil, elle s'imposait de relire la Légende (ZOLA, Rêve, 1888, p. 164).
♦ La Légende dorée. V. doré II C 2.
B. — P. ext.
1. Récit à caractère merveilleux, ayant parfois pour thème des faits et des événements plus ou moins historiques mais dont la réalité a été déformée et amplifiée par l'imagination populaire ou littéraire. Anton. histoire. La légende d'Hercule et d'Omphale envahit brusquement son imagination (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 343) :
• 2. Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d'une prétendue ville d'Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. On montre, à divers endroits de la côte, l'emplacement de cette cité fabuleuse...
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 1.
SYNT. Légende populaire; légendes des temps anciens, du Moyen Âge; contes et légendes; la légende du cheval de Troie, du Juif errant, de Faust, de Roland; légendes de la Table ronde; enfance bercée de légendes; imaginer, inventer une légende; conter, narrer, raconter, interpréter une légende; si l'on en croit la légende.
— Loc. adj. De légende. Qui appartient à la légende ou qui a le caractère des légendes. Synon. légendaire. Héros, pays de légende; atmosphère de légende. Le sourire d'un guerrier de légende, son épée enchantée à la main (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 156). Testevel apparaît dès maintenant dans une lumière de légende. Il était fort, il était bon, il était doux (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 191).
— MUSIQUE
) Pièce instrumentale isolée ayant pour thème une légende. Légendes pour piano de Liszt; légendes pour orgue de Vierne, de Dupré; légende pour orchestre de Rimski-Korsakov (d'apr. Lar. encyclop.). La fantaisie en Ut, op. 17 de Schumann, pourrait être considérée comme un Triptyque avec sa Légende, sa Marche et son Adagio (DUPRÉ, Improvis. orgue, 1925, p. 103).
) Ouvrage dramatique (variété d'oratorio ou d'opéra) ayant pour thème une légende. Je venais de diriger au théâtre de Dresde la seconde exécution de ma légende : la Damnation de Faust (BERLIOZ, Grotesques mus., 1859, p. 31).
2. Représentation d'un fait, d'un événement réel, historique, déformé et embelli par l'imagination. Synon. épopée. Légende épique, héroïque; accréditer, détruire une légende, avoir sa légende. Pasteur qui n'était pas tel que la légende commence de nous le représenter, mais plus vif, plus humain (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 170) :
• 3. Et cependant la légende napoléonienne ne faisait que de naître. Déporté à Sainte-Hélène par les Anglais, Napoléon continua d'agir sur les imaginations. Le héros devint un martyr. Sa cause se confondit avec celle de la Révolution...
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 149.
♦ [Sans compl. déterminatif ou sans adj., dans un sens gén.] La légende. L'histoire et la légende; entrer (vivant) dans la légende; la légende s'empare de qqn. Le paysan n'a d'autre histoire que la tradition et la légende (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 42) :
• 4. ... par les circonstances exceptionnelles de son destin, dès son vivant, il [Beethoven] était livré à la légende. Et la légende s'en est donné! L'histoire de Beethoven est encombrée d'éléments romanesques.
ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 518.
— Souvent péj. Récit inexact concernant quelqu'un ou quelque chose. Synon. conte, fable, racontar, on-dit. Une légende circule, court, se forme sur qqn, sur le compte de qqn; ce n'est qu'une légende; c'est une pure légende. Il essayait, de temps en temps, de croire à la légende qui faisait du père de Swann un fils naturel du prince (PROUST, Sodome, 1922, p. 668). On laissait s'accréditer la légende que Chantilly était devenu une ville où on songeait plus au plaisir qu'à la guerre (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 391).
C. — 1. Inscription sur une médaille, une monnaie, un emblème ou un monument. Synon. âme, devise, exergue. Deux tombes plates d'abbés, très vieilles, dont il est difficile de déchiffrer les légendes (NERVAL, Bohême gal., 1855, p. 96) :
• 5. C'était une monnaie carlovingienne de quelque valeur artistique. Sur la légende heureusement conservée, on pouvait lire la date du règne de Charlemagne.
MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 72.
2. Titre ou note explicative accompagnant une image, un dessin, une caricature. Légende d'un dessin, d'un croquis humoristique, d'une lithographie; légende humoristique, lapidaire. On le représentait sur la couverture, minuscule, accroché à la crinière du père Combes, avec cette légende : le Pou du Lion (SARTRE, Nausée, 1938, p. 122) :
• 6. La nuit s'épaississait sur les murs, où brillaient encore, à demi perdues dans l'ombre, les grosses couleurs de quatre estampes représentant quatre scènes de la Tour de Nesle, avec une légende au bas, en espagnol et en français.
FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 81.
— Sans légende. [Placé souvent sous un dessin humoristique pour indiquer que celui-ci se passe de commentaire] Synon. sans paroles.
3. Liste explicative des signes conventionnels d'un plan, d'une carte, en permettant l'intelligence et l'utilisation, et placée à côté ou au bas du schéma :
• 7. Toute la nuit j'ai étudié la carte. (...) quelque part, j'ai découvert un petit cercle surmonté d'une croix semblable. Je me suis reporté à la légende et j'y ai lu : « Établissement religieux. »
SAINT-EXUP., Terres hommes, 1939, p. 228.
REM. Légender, verbe trans. Accompagner (un dessin, une image, une carte) d'indications explicatives. Légender un plan. Vous ne voudriez pas tout de même que nous légendions cette page de Pellos! Elle parle d'elle-même (Match, 7 janv. 1936, p. 4 ds GRUBB, Fr. sp. neol., 1937, p. 47). Emploi abs., imprim. La machine à coter et à légender Gritzner s'adapte sur toutes les tables à dessiner (Industr. et techn., 1976, n° 324, p. 129 ds Clé Mots).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1220 « vie de saint; recueil qui la contient » (SIMON, Trois ennemis de l'homme, 2430 ds T.-L.); 2. ca 1235 « leçon qu'on lisait à l'office de matines et qui contenait la vie d'un saint » (G. LECLERC, Joies N.D., 774, ibid.); 3. 1400 « longue énumération » (CH. DE PISAN, Le Dit de Poissy ds Œuvres poét., éd. M. Roy, t. II, p. 177, v. 609); 4. 1558 « récit merveilleux et populaire » (B. DES PERIERS, Nouvelles Recreations, éd. K. Kasprzyk, p. 150); 5. 1853 « représentation souvent déformée, de faits ou de personnages réels » (MICHELET, Hist. de la Révol. fr., éd. G. Walter, XVI, II, p. 741). B. 1. 1579 « inscription sur une monnaie » (H. ESTIENNE, Précellence, éd. E. Huguet, p. 143); 2. 1598 « texte accompagnant et expliquant une image » (G. BOUCHET, Serées, éd. C.E. Roybet, IV, 217); 3. 1797 « liste explicative des signes d'un plan, d'une carte » (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, p. 1619). Empr. au lat. médiév. legenda « légende, vie de saint » (1190 ds LATHAM) proprement « ce qui doit être lu » gérondif (neutre plur.) de legere, v. lire. Fréq. abs. littér. : 1 726. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 205, b) 2 826; XXe s. : a) 3 760, b) 2 535. Bbg. QUEM. DDL t. 1, 6 (s.v. légender).
légende [leʒɑ̃d] n. f.
ÉTYM. V. 1220; lat. médiéval legenda, proprt « ce qui doit être lu », forme du lat. class. legere. → Lire.
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I Relig.
1 (V. 1235). Récit de la vie d'un saint destiné à être lu à l'office de matines (⇒ Lecture). → Iconographie, cit. 1. || Aux fêtes doubles des saints on lit trois leçons extraites de leur légende.
2 Recueil de ces récits. ⇒ Légendaire (I., 1.). || La Légende dorée, recueil de vies de saints composé au XIIIe siècle.
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II Cour.
1 (1558). Récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux, qui a souvent un fondement historique. ⇒ Fable, mythe. || « Le commencement de l'histoire de tous les peuples est rempli de légendes » (Académie). || Légendes des temps anciens où figurent des personnages, des animaux imaginaires (goule, vampire, dragon [cit. 1], hippogriffe, licorne, loup-garou, rock, etc.). || Légendes propres à un peuple. ⇒ Folklore, mythologie. || Personnage de légende (→ Ériger, cit. 9). || La légende du cheval de Troie, la légende de Roland, de Faust (→ Exergue, cit. 3). || La Légende des siècles, œuvre de V. Hugo. || L'imagination populaire est féconde en légendes.
2 (1853, Michelet). Représentation (de faits ou de personnages réels) accréditée dans l'opinion, mais déformée, ou amplifiée par l'imagination, la partialité. || La légende arthurienne. || La légende de Napoléon. || Légende qui déforme la vraie personnalité d'un homme célèbre, d'une héroïne (→ Entorse, cit. 4). || Accréditer (→ Calotin, cit. 1), détruire une légende. — Combler (cit. 10) les lacunes de nos connaissances historiques par des légendes et des conjectures. ⇒ Conte, fable, histoire.
1 (…) madame Séchard employa tous les restants de papiers qu'elle avait trouvés (…) à imprimer sur deux colonnes et sur une seule feuille ces légendes populaires coloriées que les paysans collent sur les murs de leurs chaumières : l'histoire du Juif-Errant, Robert-le-Diable, la Belle-Maguelonne, le récit de quelques miracles.
Balzac, les Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 892.
2 Carrier était une légende.
Une grande et féconde légende que l'imagination populaire allait chaque jour enrichir d'éléments nouveaux, rapportant à un même homme tout ce qui s'était fait d'atroce dans ce moment d'extermination. Tout ce qu'on fit devant Troie d'exploits héroïques, c'est Achille qui l'a fait; et tout ce qu'on fit dans Nantes de choses effroyables, la tradition ne manque pas d'en faire honneur à Carrier.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., XVI, II.
3 Ses lectures, ses vues, son intelligence, dont les lettres de Joubert font état, la montrent (Pauline de Beaumont) sérieusement différente de cette figure d'oiseau blessé où sa légende la réduit.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 266.
3.1 Ainsi Nerval, par une sale nuit, s'est-il pendu deux fois, pour lui d'abord qui était dans le malheur, et puis pour sa légende, qui aide quelques-uns à vivre.
Camus, l'Été, in Essais, Pl., p. 862.
♦ Absolt (et dans un sens général). || L'histoire et la légende (→ Éternel, cit. 19). || Légende héroïque (⇒ Épopée). || Napoléon est entré dans la légende. || Un grand nom que la légende auréole (cit. 2).
4 Il y aura d'abord l'action impudente, obstinée de ceux dont le métier même est d'édifier la légende.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, XXIV.
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III (1579).
1 Inscription (d'une médaille, d'une monnaie). || Médaille fruste (cit. 1) dont la légende est effacée. || Bordure réservée à la légende. ⇒ Carnèle. — Légende (ou âme) d'une devise.
5 On avait donné à Louis XIV la devise du soleil avec cette légende : Nec pluribus impar.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, X.
2 (1598). Texte qui accompagne une image et lui donne un sens. || Légende d'un dessin de Daumier, d'un croquis humoristique (→ Anecdotique, cit. 1). || Dessin sans légende (→ Sans paroles). || Légende d'une photo dans un livre, une revue, un journal. || Histoire en images avec des légendes et bande dessinée.
6 Il n'avait appris aucun métier. Il pouvait, à la rigueur, dessiner des bonshommes avec une légende sur papier bristol.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VIII.
7 Les légendes ont une fonction analogue à celle des titres. En effet, la première chose que fait le lecteur en ouvrant son journal est de jeter un coup d'œil sur les principaux titres et sur les photos. Des photos qui l'intéressent, il glisse tout naturellement aux légendes qui les accompagnent. D'où l'importance, pour une légende, de donner, elle aussi, des éléments d'information et d'inciter à la lecture du texte. C'est la raison pour laquelle les journaux ont renoncé depuis longtemps aux légendes purement descriptives de la photo, et les remplacent par de courts textes de nature à relier l'illustration à tel ou tel élément d'information.
Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 117.
3 (1797). Cartographie. Liste explicative des signes conventionnels (lettres, chiffres, signes, couleurs) de (une carte, un plan). || La légende d'une carte physique de la France. || Légende d'un plan de Paris, d'un guide de la route. || La légende est dans un cartouche.
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DÉR. Légendaire, légender.
HOM. Formes du v. légender.
Encyclopédie Universelle. 2012.