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noyer

1. noyer [ nwaje ] v. tr. <conjug. : 8>
neier v. 1100; lat. necare « tuer »
I V. tr.
1Faire mourir, tuer par asphyxie en immergeant dans un liquide. Noyer des chatons. Loc. prov. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
♢ NOYER LE POISSON : (pêche) promener le poisson une fois ferré en lui élevant par moments la tête hors de l'eau pour l'épuiser. Fig. et cour. Obscurcir volontairement une affaire, de manière à embrouiller l'interlocuteur.
2(1500) Recouvrir d'eau. engloutir, inonder, submerger. Noyer un pays sous les eaux de la mer. Par métaph. Balzac « vous noyait aussitôt dans un tel déluge de paroles qu'il fallait bien se taire » (Gautier).
Noyer dans le sang : exercer des représailles sanglantes. ⇒ réprimer. Noyer une révolte, un soulèvement dans le sang.
Spécialt Noyer la poudre, la mouiller pour la rendre inutilisable. Noyer le carburateur (par excès d'essence).
Par métaph. (XVe) Noyer son chagrin (dans l'alcool) : boire pour oublier.
3Enfoncer complètement (dans une masse solide). Noyer un clou dans le bois. Noyer des tiges de fer dans du ciment.
Archit. Envelopper complètement dans la maçonnerie. Pilier noyé dans la masse. Conduite noyée.
4(XVIIe) Faire absorber et disparaître dans un ensemble vaste ou confus. Noyer les contours, les couleurs. Cri noyé dans le tumulte. étouffer.
II ♦ SE NOYER v. pron. (1774)
1Mourir asphyxié par l'effet de l'immersion dans un liquide ( noyade). « celui qui veut se noyer ne plonge pas tête la première; il se laisse tomber » (Kundera). Baigneur qui perd pied, coule à pic et se noie. Les naufragés se sont noyés.
Loc. fig. Se noyer dans un verre d'eau : se laisser arrêter par la moindre difficulté.
2Fig. Se perdre, sombrer. « L'orateur, qui se noyait dans ses phrases et périphrases » (Balzac).
noyer 2. noyer [ nwaje ] n. m.
• 1487; noier v. 1150; lat. pop. °nucarius, de nux « noix »
1Arbre de grande taille (juglandacées), à feuilles composées, à fleurs disposées en chatons pendants, et dont le fruit est la noix. Noyer commun. Noyer noir d'Amérique. Plantation de noyers. noiseraie.
2Bois de cet arbre. Meubles de noyer. Ronce de noyer.

noyer nom masculin (latin populaire nucarius, du latin classique nux, nucis, noix) Grand arbre (juglandacée) des régions tempérées, que l'on cultive pour son fruit, la noix, et qui fournit un bois très apprécié. Bois de cet arbre, utilisé en ébénisterie. ● noyer (expressions) nom masculin (latin populaire nucarius, du latin classique nux, nucis, noix) Noyer d'Amérique, d'Australie, du Gabon, des Indes, du Mayombé, des Moluques, de Nouvelle-Guinée, du Queensland, noms usuels de divers arbres utiles dans ces pays pour leur bois et pour leur fruit à enveloppe dure. ● noyer (homonymes) nom masculin (latin populaire nucarius, du latin classique nux, nucis, noix) noyé adjectif et nom noyer verbenoyer verbe transitif (latin necare, faire périr) Faire mourir quelqu'un, un animal par immersion : Noyer des chatons. Engloutir, faire disparaître quelque chose sous les eaux : Le construction du barrage va noyer le village. Mouiller abondamment quelque chose, quelqu'un : Le chagrin avait noyé son visage de larmes. Étendre un liquide d'une très ou trop grande quantité d'eau : Noyer son vin. Faire disparaître quelque chose dans un ensemble confus qui l'absorbe, l'étouffe : Son exposé a noyé l'essentiel dans des détails. Littéraire. Recouvrir entièrement un lieu, l'envelopper en le faisant disparaître, en parlant d'un élément autre qu'un liquide : Une épaisse brume noie la vallée. Provoquer un excès d'arrivée d'essence dans un carburateur, ce qui rend le mélange impropre à l'allumage et cause l'arrêt du moteur. ● noyer (citations) verbe transitif (latin necare, faire périr) Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, Et service d'autrui n'est pas un héritage. Les Femmes savantes, II, 5, Martine noyer (difficultés) verbe transitif (latin necare, faire périr) Conjugaison Attention, le y devient i devant e muet : il se noie mais il se noyait. - Bien noter le i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous nous noyions, (que) vous vous noyiez. ● noyer (expressions) verbe transitif (latin necare, faire périr) Noyer son chagrin dans l'alcool, s'enivrer pour l'oublier. Noyer le poisson, fatiguer un poisson pris à la ligne, de manière à l'amener à la surface ;familièrement, entretenir volontairement la confusion pour tromper ou lasser. Noyer une révolte dans le sang, la réprimer avec violence, en faisant couler le sang. Noyer quelqu'un sous les mots, sous un flot de paroles, etc., l'étourdir par son bavardage. Noyer un rivet, l'enfoncer dans la corne du pied d'un cheval. Noyer un clou, l'enfoncer de façon que la tête disparaisse dans le bois. Noyer des couleurs, des contours, les fondre graduellement. ● noyer (homonymes) verbe transitif (latin necare, faire périr) noyé adjectif et nom noyer nom masculinnoyer (synonymes) verbe transitif (latin necare, faire périr) Engloutir, faire disparaître quelque chose sous les eaux
Synonymes :
Mouiller abondamment quelque chose, quelqu'un
Synonymes :
Contraires :
- assécher
- sécher
Faire disparaître quelque chose dans un ensemble confus qui l'absorbe, l'étouffe
Synonymes :

noyer
n. m.
d1./d Grand arbre des régions tempérées dont le fruit est la noix.
|| Bois de cet arbre, recherché en ébénisterie.
d2./d Noyer d'Afrique: dibétou.
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noyer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire mourir par asphyxie dans un liquide. Noyer une portée de chiots.
|| Loc. fig. Noyer le poisson, se perdre dans des digressions pour éluder une question embarrassante.
Noyer une révolte dans le sang, en venir à bout par une répression meurtrière.
d2./d Inonder, submerger. Les crues ont noyé les champs près de la rivière.
|| AUTO Noyer le carburateur, y laisser arriver une trop grande quantité d'essence, qui l'empêche de fonctionner.
d3./d Enrober, faire disparaître dans une masse. Noyer une poutrelle dans du béton.
d4./d Rendre indiscernable, indistinct. La brume noyait les silhouettes des arbres.
|| Bx-A Noyer les couleurs, les fondre les unes dans les autres en les détrempant.
rII./r v. Pron.
d1./d Mourir asphyxié par submersion. Se noyer dans un puits.
|| Loc. fig. Se noyer dans un verre d'eau: ne pouvoir résoudre une petite difficulté.
d2./d Fig. Se perdre. Se noyer dans les détails.

I.
⇒NOYER1, verbe trans.
I.Emploi trans.
A. —Qqn1 noie qqn2. [Le compl. d'obj. désigne un animé]
1. Faire périr par asphyxie en plongeant dans un liquide. Les Russes qui sont (...) civilisateurs, ainsi qu'il a paru quand ils ont noyé cinq mille Chinois dans l'Amour (A. FRANCE, Pierre bl., 1905, p.211). J'ai vu un chat qu'on noyait revenir douze fois au quai (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, I, 7, p.52):
1. ... une de ces galères remplies de pauvres et de malheureux que Galérius faisoit noyer sur des côtes solitaires. Quelques-unes des victimes, dégagées de leur prison par les vagues, nagent vers la barque des soldats...
CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p.124.
Proverbe. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. V. chien II B 4 b.
En partic. Noyer le poisson. Fatiguer le poisson pris à l'hameçon pour le sortir plus facilement de l'eau. Quand tu as pris une belle perche, un brochet de poids et que tu le files derrière ton bateau, comment appelles-tu ça? —Noyer le poisson?... —Tout juste! (A. DAUDET, Immortel, 1888, p.78). Au fig. Créer la confusion, embrouiller les choses pour éluder une question, donner le change, tromper quelqu'un. Il est naturellement incertain, et son art est de faire passer son incertitude pour politique. Il noie le poisson par hésitation et inconsistance (MONTHERL., Reine morte, 1942, II, 2e tabl., 5, p.195).
Au fig. Noyer qqn sous un flot (de paroles). Étourdir quelqu'un en parlant beaucoup.Le procédé le plus universel est de fatiguer le juge, de le noyer sous un flot de raisonnements contraires (TAINE, Notes Paris, 1867, p.271).
2. Au fig., vieilli. Jeter le discrédit sur, causer la perte de, ruiner, couler. Celle-ci [la Reine] noyait savamment le Prince en lui laissant toute liberté d'agir selon ses goûts et ses élans (LA VARENDE, Anne d'Autr., 1938, p.198).
B. —Qqn/qqc.1 noie qqc.2
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.]
a) Recouvrir d'eau. Pendant ce temps, une mer septentrionale (...) noyait le Danemark et la Hollande, tapissant son fond d'une argile bleue (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p.365). La même pluie continua de noyer les coteaux et les plaines de la Champagne (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.326).
En partic.
) Anéantir, rendre inutilisable, faire disparaître à l'aide de grandes quantités de liquide. Un moyen radical [d'éteindre un incendie] consiste à noyer la mine, en laissant monter les eaux (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p.1356). V. glacier1 ex.:
2. L'ardeur de Madame du Toît semblait à l'Anglaise inhumaine. Elle considérait sa voisine comme un phénomène historique, une survivance de la vieille Europe, une contemporaine de ces gueux qui ouvraient les écluses de leurs fleuves et noyaient leur pays plutôt que de subir l'invasion...
THARAUD, Dingley, 1906, p.62.
Noyer la poudre. Mouiller la poudre pour la rendre inutilisable afin d'empêcher une explosion. (Dict. XIXe et XXes.).
Noyer le carburateur. Empêcher le fonctionnement du carburateur par une trop grande arrivée d'essence. (Dict. XXes.).
) Mettre une trop grande quantité d'eau. Noyer son vin. Quoiqu'il soit urgent de bien mouiller le fumier pour obtenir une fermentation égale et soutenue, il faut bien se garder de le noyer: le fumier trop mouillé pourrit sans donner de chaleur (GRESSENT, Potager mod., 1863, p.178).
Noyer la chaux, le plâtre. Délayer la chaux, le plâtre dans une trop grande quantité d'eau. (Dict. XXe s.).
) Baigner. Deux grosses larmes noyaient ses yeux (ZOLA, OEuvre, 1886, p.163).
P. anal. Noyer une révolte dans le sang. Réprimer sauvagement et de façon très meurtrière une révolte, en faisant couler le sang. En 1794, les ouvriers de Breslau s'insurgèrent; la province fut occupée militairement et l'émeute noyée dans le sang (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.335).
b) P. anal. Faire disparaître au sein d'une masse compacte. Il est important, dans les ponts pour routes, de ne pas noyer les pièces principales dans des voûtes en briques ou dans du béton (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p.161). C'est le chauffage par rayonnement, passant par des conduits noyés dans le béton du sol (L. BENOIST, Musées, 1960, p.63).
Noyer un clou. Enfoncer un clou jusqu'à ce que sa tête disparaisse dans le bois. (Dict. XIXe s. et XXes.).
2. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr. visible ou plus gén. un inanimé abstr.]
a) Recouvrir d'une matière autre que liquide, dissimuler au regard en estompant les contours. Le boulevard était plongé dans un brouillard léger, transparent, qui noyait les formes et mettait un halo jaune autour de chaque lumière (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.343).
PEINT. Fondre les contours, les couleurs d'une figure. Cette technique souple et vaporeuse qui noie les contours dans un clair-obscur savamment ménagé, nous la trouvons chez Prud'hon (RÉAU, Art romant., 1930, p.23).
P. anal. et littér. Recouvrir un bruit par un autre. Le vent faisait gémir les branchages autour d'eux, et noyait le bruit de leur marche (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.55).
P. métaph. Des avalanches de fleurs rouges, violettes et bleues s'écroulaient au long des troncs d'arbres et noyaient les murs (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.431).
b) Rendre confus par un manque de rigueur, rendre indiscernable par des digressions. Noyer ses arguments, sa pensée dans des phrases interminables. Un faiseur de sermons, un prétendu observateur qui noie les quelques vérités qu'il trouve, dans un gâchis stupéfiant de divagations philosophiques (ZOLA, Doc. littér., Dumas fils, 1881, p.199). Il fallait voir Lannes pesant ses réponses, levant ses yeux blancs au plafond, crispant ses mains et essayant de noyer ses nouveaux mensonges dans un bredouillement indistinct! (L. DAUDET, Police pol., 1934, p.216).
c) Faire disparaître, faire que s'oublie ou se perde (quelque chose). Il promettait de travailler, il oubliait sa promesse et noyait ce souci passager dans ses débauches (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p.467). Grand délice que celui de noyer son regard dans l'immensité du ciel et de la mer! (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.16). L'habitude sublime de noyer toutes les trivialités de la vie dans l'intime joie des spéculations transcendantes et des attendrissements supérieurs (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.99).
Noyer son chagrin dans l'alcool, dans le vin. V. chagrin3 A.
II.Emploi pronom.
A. Qqn se noie (dans qqc.). [Le suj. désigne un humain ou un animal; le compl. prép. un liquide] Mourir par immersion, soit volontairement, soit par accident. Éliane se pend. Philippe, plus tard, tentera de se noyer, et n'en aura pas le courage (GREEN, Journal, 1931, p.77):
3. La chasse royale (...) amena en ces années quelques incidents, les seuls qui rompaient la monotonie du désert, —un cerf aux abois qui se jetait et se noyait dans l'étang —un paysan qui se noyait pour le repêcher.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p.124.
Au fig. Se noyer dans un crachat (fam.); se noyer dans un verre d'eau, une goutte d'eau. Être incapable de surmonter une difficulté même mineure. Il était surchargé de travail, quoiqu'il n'eût plaidé que cinq fois depuis le commencement de l'année. —Vous vous noyez dans un verre d'eau! lui disait Vagnièze (CHARDONNE, Épithal., 1921, p.160).
B. — Qqn ou qqc.1 se noie dans qqc.2
1. [Le compl. prép. désigne un objet visible ou un inanimé abstr.] Disparaître en s'effaçant dans un ensemble plus vaste. Les Alpes se noyaient dans un firmament sans nombre et sans fond (LAMART., Raphaël, 1849, p.137). Ah! Qu'il eût été bon de se perdre, de se noyer au plus profond d'une ville populeuse! (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.259). Les rues qui partent du quai se noient très vite dans les terrains vagues (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.53).
2. [Le suj. désigne une pers.; le compl. prép. un inanimé abstr.] S'adonner à (une occupation, un plaisir), se laisser submerger par (un état d'esprit), jusqu'à l'anéantissement, la ruine. Se noyer dans la débauche:
4. Je me demande si elle ne souhaite pas, quelquefois, d'être délivrée de cette douleur monotone, de ces marmonnements qui reprennent dès qu'elle ne chante plus, si elle ne souhaite pas de souffrir un bon coup, de se noyer dans le désespoir.
SARTRE, Nausée, 1938, p.27.
[Sans compl.] Courir à sa perte. Je suis fou, je me noie, je dois suivre les conseils d'un ami et ne pas m'en croire moi-même (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.395). Tu ne sais pas ce que c'est que d'avoir mal et de s'enfoncer. Tu ne sais pas ce que c'est que se noyer, se salir, se vautrer (ANOUILH, Sauv., 1938, II, p.207).
3. [Le compl. prép. désigne un inanimé abstr.] Sombrer, se perdre. Il ne manquait jamais de se noyer (...) dans la multiplicité des conseils qu'il sollicitait (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p.197). Le peuple est las d'un gouvernement qui le ruine et ne fait rien pour lui. Chaque jour éclatent de nouveaux scandales. La République se noie dans la honte. Elle est perdue (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.201).
Se noyer dans les détails. Perdre de vue l'essentiel au profit des détails. Breughel a ici son célèbre paradis. Vous connaissez la façon de ce maître, il se noie dans les détails et se perd dans les infiniment petits (DU CAMP, Hollande, 1859, p.32).
REM. 1. Noyable, adj. Qui peut se noyer, qui perd vite pied, qui est rapidement abattu. Je l'aurais cru moins noyable sous un revers (GONCOURT, Journal, 1893, p.382). 2. Noiement, subst. masc., hapax. Viennent alors les vents qui hochent l'arbre, et le noiement des pluies! (CLAUDEL, Échange, 1894, p.700).
Prononc. et Orth.:[nwaje], (il) noie [nwa]. Homon. noyer2. Att. ds Ac. dep.1694. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 trans. neier «faire périr dans l'eau» (Roland, éd. J. Bédier, 2798: Ne seit ocis o en Sebre neiet); 1176-84 noiier (GAUTIER D'ARRAS, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4847); b) ca 1165 réfl. «se donner la mort par immersion» (Troie, 7328 ds T.-L.); c) 1174-76 id. «couler, périr accidentellement par immersion» (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 378: si se neia); 2. 1174-78 intrans. «disparaître sous les eaux» (ÉTIENNE DE FOUGÈRES, Manières, éd. R. A. Lodge, 18: terre neent, eives sorondent); 1500 trans. «faire disparaître sous les eaux» (Coutume du pays et duché de Bourbonnais, titre VIII, VI ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t. III, 1198); 3. «recouvrir d'une quantité d'eau, de liquide assez grande pour éteindre, étouffer, faire disparaître» a) ca 1220 el sanc noiés (GUI DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 10289 ds T.-L.); 1673 noyer dans le sang (ici une ville) (RACINE, Mithridate, III, I); b) 1240-80 noier dans le vin ici pronom. (BAUDOUIN DE CONDÉ, Li contes des Hiraus, 139-40 ds Dits et Contes, éd. A. Scheler, p.157: tous se noient De vin); 4. 1605 [éd.] trans. «envelopper complètement dans une maçonnerie un objet de bois ou de fer» (O. DE SERRES, [Théâtre d'agric.], 766 ds LITTRÉ); 5. 1607 [éd.] id. «mouiller abondamment» [se] noyer de pleurs le visage (MALHERBE, Consolation a Caritée sur la mort de son mari, 3 ds OEuvres compl., éd. L. Lalanne, t.1, p.32 [fin XIIIes. noyer en plours (Dits âme, A. 29 i ds T.-L.)]); 1694 noyer son vin d'eau (Ac.); 6. av. 1628 pronom. «se laisser submerger par quelque chose, perdre pied» (MALHERBE, Lettres, Paris, 1645, livre I, lettre 30, p.195: on se noye en amour aussi bien qu'en une rivière); 1831 se noyer dans les détails (BALZAC, OEuvres div., t. 2, p.365); 7. a) 1676 peint. trans. noyer les couleurs les unes avec les autres (FÉLIBIEN); b) 1680 «fondre les contours» (RICH.); c) 1803 fig. «recouvrir entièrement, envelopper jusqu'à rendre indiscernable» (CHATEAUBR., Génie, t.2, p.145); 1823 pronom. (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p.470); 8.1680 id. «ruiner le crédit, la position de quelqu'un» (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, VI, 400); 9. 1733 «rendre sa pensée confuse, insaisissable par un langage prolixe] (VOLTAIRE, Le Temple du goût, p.70); 1867 noyer [un juge] sous un flot de raisonnements (TAINE, loc. cit.). Du lat. class. necare «faire périr, tuer (avec ou sans effusion de sang)», en partic. «sans se servir d'une arme», qui a pris en lat. pop. le sens de «noyer», att. en lat. médiév.: 590 (GREGOR. TURON., Glor. mart., c. 104, SRM., I, p.559 ds NIERM.); la disparition du subst. nex, necis «mort violente» a favorisé la perte du sens propre qui a été exprimé par d'autres mots, v. occire, tuer; la forme du rad. aux formes inaccentuées a été étendue à tout le verbe, ce qui a permis de le distinguer de nier. Fréq. abs. littér.:1549. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1853, b) 2770; XXe s.: a) 3137, b) 1633. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.106-107. — QUEM. DDL t.21 (s.v. noyable).
II.
⇒NOYER2, subst. masc.
A. —Grand arbre des régions tempérées, à feuilles caduques, à fleurs disposées en chatons ou en épis, dont le fruit est la noix.
BOT. Genre d'arbres appartenant à la famille des Juglandacées, comprenant de nombreuses variétés. Du doigt, il montra (...) une espèce de noyer gigantesque qui s'élevait solitairement du milieu des eaux (VERNE, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.214). Charles emmena le poulain dans un recoin de prairie qu'ombrageait un noyer superbe et que contournait la rivière (GIDE, Immor., 1902, p.416).
B.P. méton. Bois de noyer utilisé notamment en menuiserie et en ébénisterie. Meuble en loupe, en ronce de noyer. Un lit de sangles, quelques chaises de bois blanc, une table de noyer composaient tout l'ameublement de cette sévère demeure (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.352):
♦ Il y a des sabots d'aulne, d'ormeau et de noyer, et des sabots de hêtre. Ils sont couleur naturelle ou peints. Le hêtre est blanc veiné de roux, l'ormeau plus gris, le noyer terre d'ombre strié de noir (...). Les sabots pour hommes et les sabots pour femmes ne sont pas de même coupe, ni de même bois. La matière commune, l'aulne ou le hêtre, chausse l'homme, la fibre fine, l'ormeau et surtout le noyer, la femme.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p.211.
Prononc. et Orth.:[nwaje]. Homon. noyer1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 «arbre qui produit des noix» peskiers ne periers ne noiers (Le conte de Floire et Blanchelor, éd. J. L. Leclanche, 2028); 1487 noyer (Vocab. lat.-fr., Genève, Loys Garbin); b) 1382-84 «bois de cet arbre utilisé en ébénisterie» un coffre de noier (Le Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p.17); 2. 1690 «nom donné à divers arbres de genres différents» noyer de Canada (FUR.). D'un lat. pop.nucarius «noyer», dér. du lat. class. nux, v.noix. Fréq. abs. littér.:259. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 523, b)388; XXe s.: a) 402, b) 204.

1. noyer [nwaje] v. tr. et pron.
CONJUG. noyer change y en i devant un e muet : je noie, il noiera, et prend un i après y, aux deux premières pers. du plur. de l'indic. imp. et du subj. présent : nous noyions, que vous noyiez.
ÉTYM. Xe, neier; du lat. necare « tuer ».
1 Faire mourir, tuer par asphyxie en immergeant dans un liquide. || Noyer des chatons. — ☑ Prov. Qui veut noyer son chien (cit. 42) l'accuse de la rage.
1 Ce fut à la descente de la Loire, au-dessous de la ville, devant l'embouchure de la Sèvre, et comme devant Charette, que le comité de Nantes noya d'abord quatre-vingts prêtres (…) C'étaient ces prêtres que la population voulait noyer elle-même (en septembre 92). Elle ne prit pas mal la chose. On y trouva sur-le-champ des gens de bonne volonté qui se firent exécuteurs.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., XVI, I.
(1888). Loc. (Pêche). Noyer le poisson : promener le poisson une fois ferré en lui élevant par moment la tête hors de l'eau, de manière qu'il s'épuise en efforts inutiles et se laisse finalement tirer de l'eau sans résistance.(1932). Fig., cour. Embrouiller volontairement une affaire, en entretenant la confusion, de manière à lasser l'interlocuteur ou l'adversaire, et à le faire céder.
2 (1500). Recouvrir d'eau. Engloutir, inonder, submerger. || Noyer un pays sous les eaux de la mer (→ Inondation, cit. 5; écluse, cit. 2).Par ext. || Se noyer l'estomac : troubler la digestion par une ingestion excessive de liquide.Par métaphore. || Noyer qqn dans, sous un déluge de paroles (→ Éloquence, cit. 8). — ☑ Vx. Noyer ses charmes (en versant des larmes). → Défunt, cit. 3, La Fontaine.
Spécialt. Recouvrir d'une quantité d'eau, de liquide, assez grande pour éteindre, étouffer, faire disparaître. || Lances d'une pompe qui noient un feu de broussailles (→ Essai, cit. 14).(1838). || Noyer la poudre, la mouiller pour la rendre inutilisable, pour prévenir une explosion. || Noyer le carburateur (par excès d'essence).
3 (XVe). Noyer sous l'alcool, dans l'alcool, son chagrin, son angoisse; noyer son souci dans les pots (→ Allégresse, cit. 4; hobereau, cit. 5; immodérément, cit. 1). || Noyer sa raison dans le vin.
2 Verse, Page, et reverse encor :
Il me plaît de noyer ma peine
Au fond de cette tasse pleine (…)
Ronsard, Gaietés, II.
(Déb. XIIIe). Loc. Noyer un soulèvement dans le sang : exercer des représailles sanglantes. Réprimer.
4 Plonger dans une grande quantité de liquide, dans un fluide. || Noyer de la farine dans de l'eau. Diluer. || Noyer son vin (→ Étendre son vin).Par ext. || Noyer son regard dans l'immensité (cit. 6) du ciel et de la mer.
5 Enfoncer, plonger complètement (dans une masse solide). (1907). || Noyer un clou dans le bois, un rivet dans la corne du sabot d'un cheval. || Noyer des tiges de fer dans du ciment (cit. 3).Archit. Envelopper complètement un support, une armature dans la maçonnerie. || Noyer un pilier dans la masse.
6 (XVIIe). Faire absorber et disparaître dans un ensemble vaste ou confus, rendre indiscernable.Peint. « Fondre les contours d'une figure de façon qu'elle s'harmonise avec les teintes voisines, qu'elle se perde dans l'ambiance » (Réau). || Noyer les contours, les couleurs.Noyer un cri dans le brouhaha, le tumulte. Étouffer.
Noyer l'essentiel de sa pensée dans des digressions. Délayer.
3 Je déplore certaine prolixité de son écriture (…) qui noie souvent ce que sa pensée présente de plus neuf, de plus juste et de plus hardi.
Gide, Journal, 4 nov. 1928.
4 Ne pouvant réparer l'injustice par l'édification de la justice, on préfère au moins la noyer dans une injustice encore plus générale qui se confond enfin avec l'anéantissement.
Camus, l'Homme révolté, p. 108.
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se noyer v. pron.
ÉTYM. (1174).
Mourir asphyxié par l'effet de l'immersion dans un liquide. Noyade (→ Angoisser, cit. 3). || Baigneur qui perd pied, coule à pic et se noie. || « C'est une femme (cit. 26) qui se noie » (La Fontaine). || Se noyer en mer (→ fam. Boire la grande tasse). — ☑ Prov. Je n'en ai guère (cit. 11) plus envie que de me noyer (cf. J'en ai autant envie que de me jeter à l'eau). — ☑ Un homme qui se noie s'accroche à un brin de paille : dans un grand péril, on ne néglige aucun moyen de salut.
5 Tenez, j'ai peur. Ce n'est pas que je doute de votre adresse : mais ce sont les bons nageurs qui se noient.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXVI.
6 — Si un Français se baigne après son repas, il est frappé de congestion et se noie. Un Anglais n'a pas de congestion. — Non, dit Aurelle; il se noie tout de même, mais ses amis disent qu'il a eu la crampe, et l'honneur britannique est sauf.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, VI.
Loc. fig. Se noyer dans un crachat (vieilli), dans un verre d'eau : être maladroit, incapable de surmonter les moindres obstacles.
Se perdre. || Se noyer dans le détail, dans un raisonnement. Égarer (s'), perdre (se). || Orateur qui se noie dans les digressions.
7 Le malicieux Achille Pigoult avait engagé tout le monde à religieusement écouter l'orateur qui se noyait dans ses phrases et périphrases.
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 664.
8 Dans le torrent des eaux, l'un et l'autre tombés, l'un nage et l'autre se noie. Ainsi dans le désordre de l'esprit, et l'agitation des demandes, des réponses, des mythes et des valeurs, le « génie » et la « démence » : l'un nage et l'autre se noie.
Valéry, Mélange, p. 106.
Par anal. || Pois verts qui se noient dans l'eau. Nager (→ Assiette, cit. 20). || La cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait continuellement (→ Foule, cit. 6). Perdre (se).(Abstrait). || Mon âme s'enfonçait dans cette ivresse (cit. 16) et s'y noyait. Vx ou plais. || Se noyer dans la débauche. Sombrer.
9 Ô vous, tristes plaisirs où leur âme se noie (…)
La Fontaine, Adonis.
10 Ce coin du théâtre était obscur, le groupe s'y noyait, au milieu des grandes ombres mouvantes.
Zola, Nana, V.
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noyé, ée p. p. adj. et n.
1 Asphyxié par immersion dans un liquide. || Périr noyé (→ Malheureux, cit. 14). || Marins noyés en mer. Disparu; périr.Fig. || Être noyé : être dépassé par la difficulté ou l'ampleur d'un travail, ne pas savoir s'en tirer. Perdu. || Cet élève est complètement noyé, il faut qu'il redouble. || Les premiers temps, il avait l'air noyé, mais il s'y est mis.
Détrempé, humecté. || Quelques tranches de pain noyées dans de l'eau chaude (→ Bouilli, cit. 1). || Ses yeux étaient noyés de pleurs. Baigner, humecter (→ Épine, cit. 3). || Regard noyé, vague, hagard.Vx. || « Rome entière noyée au sang de ses enfants » (→ Crayon, cit. 4, Corneille).Entièrement englobé (ci-dessous cit. 11). Entièrement pris (dans un milieu abstrait ou concret). || Les premières marches étaient noyées dans l'herbe (cit. 16). || La pièce était noyée dans la pénombre (→ Entrer, cit. 17; fondre, cit. 34). || Les lointains de la rade étaient noyés dans un brouillard (→ 1. Brouillard, cit. 5) blanchâtre (→ Bienheureux, cit. 9; étain, cit. 4).
11 Tout cela est bâti en ciment avec des cailloux noyés dans la pâte.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 249.
12 Au coucher du soleil, le Sphinx et les trois pyramides toutes roses semblaient noyés dans la lumière (…)
Flaubert, Correspondance, 241, 14 déc. 1849.
13 Nous voici arrivés à la baie ombreuse de Tchiboukli, où le Khédive possède une résidence d'été, noyée dans la verdure.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 30.
Fig. || Quelques bons passages noyés dans un fatras de digressions inutiles. || Cœur noyé de tristesse. Inonder. || Être noyé dans les plaisirs. Plonger.
14 Je sais bien que tout cela, que ce don unique, que ce génie était généralement noyé dans des monceaux de littérature(s), dans des accumulations de talent.
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, « Solvuntur objecta », p. 121.
2 N. (Fin XIIe, nooié). || Un noyé, une noyée : cadavre d'une personne morte noyée. fam. Macchabée. || Un noyé au fil (cit. 32) de l'eau. || Repêcher un noyé.
15 Peu à peu il distinguait les corps. Alors il allait de l'un à l'autre. Les noyés seuls l'intéressaient; quand il y avait plusieurs cadavres gonflés et bleuis par l'eau, il les regardait avidement, cherchant à reconnaître Camille.
Zola, Thérèse Raquin, XIII.
Par ext. Personne qui est en train de se noyer (→ Accrocher, cit. 11), qui a perdu connaissance, qui a subi un début d'asphyxie par l'effet de l'immersion. || Secours aux noyés. || Réanimation des noyés par la respiration artificielle suivant la méthode de Nielsen, de Schaeper. || Insufflation d'air dans la bouche d'un noyé.
16 Il frotte les tempes; il frictionne ce membre-ci, ce membre-là; il souffle pendant une heure, dans la bouche, en pressant ses lèvres contre les lèvres de l'inconnu. Il lui semble enfin sentir sous sa main appliquée contre la poitrine un léger battement. Le noyé vit !
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II.
DÉR. Noyade, noyage.
HOM. 2. Noyer.
COMP. Dénoyer, ennoyer.
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2. noyer [nwaje] n. m.
ÉTYM. 1487; noier, v. 1170; du lat. pop. nucarius, de nux « noix ».
1 Bot. Arbre de grande taille, à feuilles composées, à fleurs monoïques disposées en chatons pendants et solitaires ou groupées en un épi terminal, et dont le fruit est la noix (→ Échapper, cit. 37; entour, cit. 1; 2. loupe, cit. 3). || Le noyer commun (juglans regia) et les espèces voisines appartiennent à la famille des Juglandacées.
1 Huit ou dix noyers magnifiques étaient au bout du verger; leur feuillage immense s'élevait peut-être à quatre-vingts pieds de hauteur. Chacun de ces maudits noyers, disait M. de Rênal quand sa femme les admirait, me coûte la récolte d'un demi-arpent, le blé ne peut venir sous leur ombre.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VIII.
2 (…) je suivais une grande route que bordaient d'un côté des tilleuls roux et des noyers; ceux-ci s'étaient déjà presque complètement dépouillés de leurs feuilles; on abattait les noix avec des gaules, et l'odeur d'iodure de sodium se dégageait des cosses que les enfants foulaient à terre.
Gide, Journal, fin sept. 1894.
tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
tableau Noms de plantes médicinales.
2 Bois de cet arbre. || Le noyer, bois au grain très serré, est très recherché en ébénisterie, en sculpture sur bois. || Chambre boisée de noyer (→ 2. Lice, cit. 2). || Meubles (cit. 4) de noyer. || Chaises de vieux noyer (→ Chambre, cit. 5). || Ronce de noyer.
HOM. 1. Noyer.

Encyclopédie Universelle. 2012.