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oui

oui [ 'wi ] adv. d'affirmation
XVe; oïl 1080; lat. hoc, a. fr. o, renforcé par le pron. pers. il oc REM. On ne fait pas l'élision ni la liaison : Je crois que oui [ kəwi ] , un oui franc [ œ̃wi ] .
IAdverbe équivalant à une proposition affirmative qui répond à une interrogation non accompagnée de négation (cf. Si).
1(Dans une réponse positive à une question) Vous venez avec moi ? — Oui. Oui, Monsieur. En veux-tu ? — Oui, j'en veux bien. Oui merci. (Répété par insistance) Acceptez-vous ? — Oui, oui. absolument, assurément, certainement, certes, évidemment; fam. O. K., ouais (cf. Comment donc, bien sûr, sans aucun doute, tout à fait; d'accord, entendu, volontiers). M'entendez-vous ? — Oui. affirmatif. Êtes-vous satisfait ? Oui et non : à demi. — (Répété) Ça va mieux ? — Oui, oui. (Exprimant le doute, l'inquiétude) Oui, oui, oui (pop. voui, voui, voui).
(Renforcé par un adv., une loc. adv., une exclam.) Mais oui. Certes oui. Mon Dieu oui. Oui, bien sûr. Ça oui. Ma foi, oui. Eh ! oui, hé oui. Ah oui, alors ! Eh bien oui. Que oui ! Région. Dame oui. Vieilli Oui-da.
2(Comme interrog.) Ah oui ! vraiment ? Fam. Tu viens, oui ou non ? Fam. Oui ou merde ?
3(Compl. dir. d'un v. déclaratif) Il dit toujours oui ( accepter, admettre; approuver) . Dire oui à tout ( béni-oui-oui) . Il m'a dit oui. accepter. Ne dire ni oui, ni non : ne pas prendre parti (cf. Répondre en Normand). Répondez-moi par oui ou par non. Faire oui de la tête : hocher la tête de bas en haut en signe d'acquiescement.
Ellipt OUI À... : nous voulons, nous réclamons (slogan). Oui à la campagne, non aux autoroutes ! Oui à la formation, non à la sélection !
(En subordonnée complétive) Il semblerait que oui. « Les uns disent que non, les autres disent que oui » (Molière). En voulez-vous ? Si oui, prenez-le.
(En phrase coordonnée ou juxtaposée) Sont-ils venus ? Lui, non, mais elle, oui.
4(Soulignant une affirmation et répondant à une objection sous-entendue). « Vivre, oui, sentir fortement, profondément qu'on existe » (Musset).
II N. m. inv. Les millions de oui du référendum. « Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées ! » (Verlaine). Loc. Pour un oui (ou) pour un non : à tout propos, sans raison. — Allus. hist. « Un oui franc et massif » (de Gaulle). Un oui mais : accord, acquiescement entaché d'une certaine réserve. ⊗ CONTR. Non. ⊗ HOM. Ouïe.

oui adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] Exprime une réponse positive à une interrogation non négative (peut être renforcé par les adverbes certes, bien sûr, mais, etc.) : Venez-vous ? — Oui. Équivaut à une proposition affirmative avec les coordinations et dans les phrases sans verbe : Il ne le pense pas, mais moi oui. Renforce une phrase affirmative : Je suis heureux, oui, très heureux de vous voir. Sur un ton interrogatif, renforce une expression de surprise, d'étonnement, d'indignation, ou un ordre : Veux-tu te taire, oui ? Seul ou répété, marque une sorte d'approbation ironique : Oui, oui, allez toujours.oui (citations) adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 Les questions auxquelles on répond par oui ou par non sont rarement intéressantes. Minuit Plonoui (difficultés) adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] Prononciation Dans l'expression soignée, le mot qui précède oui n'est jamais élidé : je crois que oui. Dans l'expression orale courante, il l'est souvent : je crois qu'oui, je crois bien qu'oui. Sauf exception (transcription de la langue orale ou exemple de dictionnaire), l'élision n'est jamais écrite. Orthographe Employé comme nom, oui est invariable : des oui qui ressemblent à des non ; au référendum, les oui l'ont emporté sur les non. Emploi La réponse affirmative à une interrogation négative n'est pas oui, mais si : « Ne comptiez-vous pas sur lui ? – Si. »oui (expressions) adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] Ne dire ni oui ni non, ne pas se prononcer ; être hésitant. Oui et non, exprime l'hésitation ou la réticence. Oui ou non, ou, dans la langue populaire, oui ou merde, exprime l'impatience devant un dilemme. ● oui (homonymes) adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] ouï participe passé ouïe participe passé ouïs forme conjuguée du verbe ouïr ouït forme conjuguée du verbe ouïroui (synonymes) adverbe (ancien français o [du latin hoc, cela], et du pronom persan il) [On ne fait pas l'élision, sauf après que dans la langue familière.] Exprime une réponse positive à une interrogation non négative (peut...
Synonymes :
- assurément
- bien sûr
- certes
- dame
- évidemment
- parfaitement
Contraires :
- non
oui nom masculin invariable Expression de l'approbation, de l'accord : La victoire des oui au référendum.oui (expressions) nom masculin invariable Pour un oui ou pour un non, sans motif sérieux, sans raison.

oui
adv. et n. m. inv.
rI./r adv. Particule affirmative inv.
d1./d "Oui, je viens dans Son temple adorer l'éternel" (Racine).
Vient-il avec nous?
Oui!
d2./d (En association avec un adv. ou une Interj. marquant l'insistance.) Oui vraiment! Mais oui!
d3./d (Avec une valeur interrogative.) C'est bien ici, oui?
rII./r n. m. inv. Le oui et le non.
Loc. Pour un oui pour un non: sans motifs sérieux.

⇒OUI, adv.
I. —[Oui exprime l'acceptation d'un énoncé positif ou bien d'un état de chose]
A. —[Comme marque d'acceptation]
1. [En réponse à une question positive]
a) [Oui est empl. seul] —Il pleut? —Oui! Vous croyez au succès? Ceci était dit par une ombre à une autre ombre dans une loge d'avant-scène. —Et même à un grand succès, oui (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.345). —C'est lui qui a tiré le premier, n'est-ce pas? —Oui. Il m'aura pris pour un voleur (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.216).
b) [Oui se voit associer un adv. ou une interj. manifestant le degré de conviction ou un sentiment du locuteur] Certes oui; eh oui; eh bien oui; oui, bien sûr; oui malheureusement.
Mais oui. —Est-ce qu'elle est dans la partie? —Mais oui. Elle chiffonne (PONSON DU TERR., Rocambole, t.5, 1859, p.285):
1. —Tiens, c'est vous, Duchêne? répondit [notre chirurgien] (...) en se retournant. Combien de blessés? —Dix-sept à dix-huit mille. —Diable! Eh bien! ça va-t-il ce matin? —Mais oui; je suis en train de chercher un bouchon.
ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p.133.
[Mais oui comme réponse à une question positive sous la dépendance d'un tour incitant à une réponse négative (le locuteur ayant aussi la possiblité de démentir par si le tour incitant à la réponse négative)] —Quoi, vous n'allez pas me dire que vous avez oublié [le français]? —Mais oui, mais oui! Quelquefois, je suis obligé de me traduire moi-même, vous voyez cela? (F.-R. BASTIDE, Les Adieux, Paris, Gallimard, 1971 [1956], p.280).
c) Oui et non. V. non I A 1 c.
2. [En réponse à une injonction positive] —Viens ici. —Oui.
[Comme acceptation globale d'une succession d'injonctions, les unes formulées positivement, les autres négativement] —Je vais te donner ce papier bleu. Tu vas le leur porter. Tu courras bien. Ne le perds pas et ne le déchire pas. —Oui, madame (J. ROMAINS, Mort de quelqu'un ds P. HOEYBYE, p.48, infra bbg).
3. [Pour marquer l'acceptation du propos de l'interlocuteur] Synon. bon! soit! d'accord. Le jeune homme baissa la tête une seconde, comme pour prendre de l'élan, et dit encore: —Employé de banque. —Oui. Et vous voulez suivre un traitement contre la timidité? (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p.39). —J'ai dû trop boire, continua-t-elle, voyez-vous, c'est ça. —C'est ça, oui, dit l'homme (M. DURAS, Moderato cantabile, Paris, Union gén. d'éd., 1962 [1958], p.33):
2. —Oh moi, autant que possible j'évite les gens qui m'ennuient, qui me font perdre mon temps. —Oui, je sais, je vous ai souvent observé. Vous avez un de ces instincts de conservation.
SARRAUTE, Les Fruits d'or, Paris, Gallimard, 1969 [1963], p.21.
Oui(-)da, oui(-)dà (vieilli). —(...) mais que ce soit sans raison valable qu'on m'enveloppe dans une pareille disgrâce, c'est ce qui est opposé à la bonté bien connue de Sa Majesté... —Oui-dà! dit le roi, ceci m'intéresse (MUSSET, Mouche, 1854, p.266). Vous avez quatre-vingt-deux ans, monsieur le curé, lui dit-il, c'est un bel âge! —Oui-da, monseigneur, répliqua le curé (...), vous avez beau z'être archevêque, vous n'y viendrez peut-être point! (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.355).
Ça oui.
Dame oui. —Du moment que la chaussette elle va tout va, proféra Des Cigales. —Dame oui! dit L'Aumône en riant (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.29).
[Marque l'acceptation, mais le locuteur introduit ou suggère une réserve, une restriction] —Tu y tiens donc beaucoup à ce monsieur X...? —Mais, maman, je l'aime! —Oui, oui, tu l'aimes... C'est entendu, tu l'aimes (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.16). —Que faites-vous cet après-midi? —J'ai rendez-vous chez le dentiste. —Oui, chérie, mais je vous ai entendue téléphoner; vous n'avez rendez-vous qu'à trois heures (MAUROIS, Climats, 1928, p.54):
3. Le commissaire Mansuy réfléchit, faillit se reprendre, ouvrit même la bouche. Maigret le regardait, interrogateur. Mais il répéta: —Un accident, oui... —On ne peut pas supposer autre chose, n'est-ce pas? —Je ne pense pas.
SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.34.
[Oui interr., acceptant la prop. mais demandant confirmation]:
4. —Au fait, je te dois soixante-quinze francs. —Ah! oui? tu les as vendus [ces sachets de drogue]...
R. DESNOS, Le Vin est tiré, Paris, Gallimard, 1962 [1943], p.80.
[Le locuteur feint ironiquement d'accepter le propos] V. aussi ouais, ouiche. —Mais... nous reprendrions nos occupations. —Oui! Vous reprendriez des fusils pour nous foutre sur la gueule! (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.105).
4. [Dans le fil du discours du locuteur, pour confirmer une prop. précédemment formulée]
[Marque que le locuteur fait sienne une prop. tout d'abord évoquée comme hyp.] Ne serait-ce pas, se dit-il, une façon de se moquer de cet être, si comblé de tous les avantages de la fortune, que de prendre possession de la main de sa femme, précisément en sa présence? Oui, je le ferai, moi, pour qui il a témoigné tant de mépris (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.65). Et d'abord on pouvait prendre pour un lac dans une dépression de terrain non boisée, une abondance de brume épaisse. Oui, vraiment, à travers les branches, on eût dit de l'eau (GIDE, Retour Tchad, 1928, p.992):
5. —Je t'en ficherai, des robes blanches! Hein? C'est encore pour te faire des nichons dans ton corsage avec des boules de papier, comme l'autre dimanche?... Oui, oui, attends un peu! Je te vois bien tortiller ton derrière. Ça te chatouille, les belles frusques.
ZOLA, Assommoir, 1877, p.679.
[Insiste sur la vérité d'une affirmation difficilement croyable] Il me frappa sur l'épaule, le grand Frédéric, oui monsieur, il me frappa sur l'épaule, et il me dit, il faut encore frotter ces gens-là, et vous serez content, mon ami, ainsi que tous ces braves gens (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1643). Ils m'ont trahi, oui, tous; j'excepte de ce nombre ce bon Eugène, si digne de vous et de moi (NAPOLÉON IER, Lettres Joséph., 1814, p.217). J'ai vendu mes meubles, mes tapis, jusqu'à mes livres —oui, mes livres! —Vous n'en trouverez pas un seul ici (BERNANOS, Imposture, 1927, p.518):
6. On entendit au loin le claquement sec d'une mitrailleuse. —D C A? —D C A, mon cul! C'est l'avion qui tire, oui!
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.87.
[Oui enchaîne sur un propos précédent sans tenir compte de l'objection ou de la protestation qui l'a interrompu (si marquerait la réplique à cette objection, à cette protestation)] —(...) Ainsi vous n'êtes pas assassiné, car pour volé nous savons que vous l'êtes? —Comment cela? lui demandai-je un peu surpris. —Oui, vous savez bien, cette belle montre à répétition que vous faisiez sonner dans la bibliothèque (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p.26). Elle: (...) Je veux montrer une femme qui sente en elle peu à peu l'amour maternel remplacer l'amour conjugal. Vous comprenez? Moi: Pas du tout. Elle: Oui; elle a épousé quelqu'un d'assez ordinaire, et peu à peu sent se développer pour lui un amour... maternel (GIDE, Journal, 1911, p.334):
7. Écoutez, Mademoiselle Sophie, dit le docteur avec un profond soupir, vous n'êtes pas franche avec moi, vous me cachez quelque chose que j'ai le droit de savoir. —Oh! Le droit! dit Sophie impatientée. Tenez, vous m'agacez... —Oui, j'ai le droit de tout savoir comme médecin
CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.152.
5. [Oui associé à une question positive, appelant une réponse confirmative] Synon. n'est-ce pas, dis, etc. Et cette petite voix transie [demandait]: «On se rencontrera demain, oui, Jean?...» (ROY, Bonh. occas., 1945, p.258).
[Associé à une injonction] C'est une petite femme qui tire un homme par la manche. (...) «Tu la fermeras, oui?» dit l'homme (SARTRE, Nausée, 1938, p.44). Enthousiasmés, nous nous précipitâmes, dans ses jambes, à la portière. —Allez-vous me laisser descendre, oui! (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.34).
Oui ou non. V. non I A 4. Oui ou merde (merde exprimant le refus). V. merde II A 1.
B. —[Empl. indir. (du type dire «oui»)]
1. Dire (penser, faire signe, prétendre, etc.) que oui (ou dans des constr. qui en dérivent). Hier soir, tu es allée à Puyloubiers? Elle me fit signe que oui (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.147).
Rem. Dans l'ex. qui suit, oui exprime la conviction du locuteur et non une réponse directe à la question négative (si exprimerait le démenti). La mère, (la regardant attentivement): Quel dur visage est le tien, Martha! Martha, (s'approchant et avec calme): Ne l'aimez-vous donc pas? La mère, (la regardant toujours, après un silence): Je crois que oui (CAMUS, Malentendu, 1944, p.117).
2. Dire oui; c'est oui. Accepter, être d'accord. Les filles (...) sont bien stylées et évitent les trivialités qui effraient les jeunes gens. C'est oui? —Je ne couche pas avec les prostituées (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.111).
3. Pour un oui ou pour un non. V. non I A 6 b.
C.Empl. subst.
1. [Désigne l'acte de dire oui] Ses réticences, ses silences, ses «peut-être», ses «probablement», ses «oui, oui», firent de lui un homme universel et nécessaire (BILLY, Introïbo, 1939, p.60).
2. Réponse positive, acceptation. Il ne me faut qu'un oui, de votre part, monsieur, pour accepter, en votre nom, une des meilleures cures des environs de Paris (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.202). J'étais décidé, absolument décidé, et d'ailleurs las d'être indécis, lorsqu'en sortant je trouve mon parrain qui m'attend: «Et bien! T'y voici enfin venu! Bien fait, car elle t'adore! —Vrai? —Un mot, et tu as son oui (...)» (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.270).
II. —[En concurrence avec si]
A. —[Comme marque d'assertion après une question rhét. négative. (Si est justifié par la corrélation avec une question de forme négative; oui l'est par l'orientation vers une réponse positive)] Et Corinne, se retournant avec vivacité vers moi, s'écria: N'est-il pas vrai monsieur, que c'est Lord Nervil? Oui, madame, lui répondis-je, c'est lui (STAËL, Corinne, t.1, 1807, p.115). Un doute m'a saisi. —Le Christ même ne fut-il pas sceptique? —Oui, il le fut et d'un doute plein d'amour et de pitié pour l'humanité (VIGNY, Journal poète, 1830, p.924). —Ne vois-tu rien dans le feu, Choupille? —Oui! Une hallebarde. —Et toi, Jeanpoil? —Un oeil (BERTRAND, Gaspard, 1841, p.95). Minutello: (...) Lucciana, n'ai-je pas raison? Lucciana: Oui, mon père (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 1, p.137).
Mais oui. Ne me fait-on pas passer pour imbu du fatalisme, m'a-t-il demandé? —Mais, oui, Sire, du moins parmi beaucoup de gens (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.150).
[Oui... mais...] —N'es-tu pas de bon accord avec tes camarades? —Oui, nous vivons dans la paix et l'union entre nous; mais [il y a] ce Mamoth, qui, du haut des montagnes, s'élance dans les plaines et renverse les arbres avec ses cornes (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.4). Ne doit-il pas toujours y avoir une idée dans un mot, dit l'écolier? —Oui, si cela se peut, répond Méphistophélès, mais il ne faut pourtant pas trop se tourmenter là-dessus; car là où les idées manquent, les mots viennent à propos pour y suppléer (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.94). Pauline: Mais quel que soit l'objet, ne le voit-on pas parfait quand on aime? Moi: Oui, d'abord. Mais à mesure, on fait des découvertes (MICHELET, Journal, 1822, p.175).
B. —[Dans un énoncé antithétique, après une première phrase négative représentée elliptiquement par un groupe nominal (le plus souvent un pron. disjoint)] Gatsby qui peut avoir les plus jolies filles... n'en veut qu'une, Daisy, et elle est mariée. Un temps il l'aura. Un temps seulement. Elle retournera vers son mari, elle n'en mourra pas, elle, mais lui, oui (J. ALAUX, Épouses libres et maîtresses esclaves ds Marie-Claire, févr. 1975, p.27 ds M. WILMET, p.237, infra bbg.).
III. —[En concurrence avec non; marque l'acceptation d'un énoncé négatif: là où non porterait sur l'énoncé lui-même (en confirmant son signe négatif), oui porte sur l'énonciation et signifie «vous avez raison de dire que (+ énoncé négatif)», «il est vrai que (+ énoncé négatif)»]
A. —[En réponse à une question] —D'ailleurs j'aime d'un autre côté. —Qui ça? —Morvillette. —Il n'a pas le sou. —Oui. Mais c'est l'homme de Paris le plus fort aux armes (LAVEDAN, Les Viveurs ds P. HOEYBYE, p.48 infra bbg):
8. LE MENDIANT: Il n'est plus bien loin, n'est-ce pas, Électre? ÉLECTRE: Oui. Elle n'est plus bien loin. LE MENDIANT: Je dis Il. Je parle du jour. ÉLECTRE: Je parle de la lumière.
GIRAUDOUX, Électre, 1937, II, 1, p.125.
[En appui d'un morphème négatif] —(...) vous ne travaillez donc pas aujourd'hui? —Non, j'ai besoin de temps en ce moment. Elle eut un sourire d'une hypocrite timidité. —Du temps pour ne rien faire? —Rien, oui (M. DURAS, Moderato cantabile, Paris, Union gén. d'éd., 1962 [1958], p.40).
B. —[En réponse à une injonction négative] —Vous n'oublierez jamais de venir à neuf heures. —Oui, mais irez-vous donc au bal tous les soirs? (BALZAC, Langeais, 1834, p.255).
[Par une ambiguïté délibérée, marquant l'obéissance passive, mais non l'adhésion] —Me promets-tu d'être raisonnable? —Oui, Sire. —Ah! tu vois! alors tu ne songeras plus à ce mariage? —Oui. —Oui? C'est-à-dire que tu vas oublier Hjalmar? —Non (MAETERLINCK, La Princesse Maleine, 1, 2 ds DAM.-PICH. t.6 1968 [1940], § 2137, p.50).
REM. Béni-oui-oui, subst. inv. en genre et en nombre, fam. Personne qui dit toujours «oui», qui fait preuve de servilité. Ces hommes [les Algériens de 1954] ne pouvaient rester des «béni-oui-oui», des «cireurs de chaussures», l'idée de l'indépendance étant une force irrésistible (L'Humanité, 29 oct. 1984, p.10, col. 1).
Prononc. et Orth.:[wi]. Homon. ouïe. WARN. 1968, init. asp., v. aussi LITTRÉ: ,,Ce mot a une demi-aspiration``. Ce qui veut dire qu'il n'y a pas d'élision devant oui: le oui comme le non (pas d'homon. avec l'ouïe), mais fam. et dans des expr. toutes faites: je crois bien qu'oui à la place de que oui. Pas de liaison non plus: un/oui, des/oui (pas d'homon. avec des ouïes). Ac. 1694: oüy; 1718: ouy; 1740 et dep.1798: oui; 1762: ouï. Étymol. et Hist. a) Ca 1380 oui particule exprimant l'affirmation (Livre des mestiers de Bruges et ses dérivés, éd. J. Gessler, Gesprächbüchlein, p.11); 1381 ouil (Grands jours de Troyes, Arch. X1a 9183, f° 7 r° ds GDF.); 1474 ouy dea (Le Nouveau Pathelin, 548 ds La Farce de Maistre Pathelin et ses continuations, éd. J.-F. Aubailly, p.197); b) 1536 subst. (ROGER DE COLLERYE, OEuvres, éd. Ch. d'Héricault, p.214: ung non pour ung ouy). De oïl. Fréq. abs. littér.:36985 (oui-da: 39). Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 33742, b) 57982; XXe s.: a) 66658, b) 57344. Bbg. CADIOT (A.). Oui mais non mais... Lang. fr. 1979, n° 42, pp.94-101. —COHEN (M.). Emplois nouv. de oui et non. B. Soc. Ling. 1952, t.48, p.40. —HOEYBYE (P.). Oui, si et non. Fr. mod. 1939, t.7, pp.47-51. —PLANTIN (Ch.). Oui et non sont-ils des «pro-phrases»? Fr. mod. 1982, t.50, pp.252-265. —POHL (J.). Matériaux pour l'hist. du syst. oui-non-si en fr. mod. Kwart. neofilol. 1976, t.23, pp.197-208. —WILMET (M.). Oui, si et non en fr. mod. Fr. mod. 1976, t.44, pp.229-251. —WUNDERLI (P.). Die Prosätze oui und si. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t.86, pp.193-220.

oui [wi] adv. d'affirmation
ÉTYM. V. 1400; oïl, 1080, Chanson de Roland; oï, v. 1155; du lat. hoc, en roman o; correspond à la forme oc en occitan, renforcé par le pron. pers. il : on employait aussi o-je, o-tu. REM. En principe, l'élision et la liaison ne se font pas avant oui; on dit je crois que oui [ʒəkʀwakəwi] et mais oui [mɛwi]. Cependant l'élision se fait parfois, surtout dans le langage familier. Je crois qu'oui [ʒəkʀwakwi].
———
I Adverbe équivalent à une proposition affirmative ( Affirmation) qui répond à une interrogation non accompagnée de négation (→ Si).
1 (Dans une réponse positive à une question). → Affirmatif, cit. 1. || As-tu lu Rousseau ? Oui (→ Mandarin, cit. 2). || Est-ce que vous allez à Arras ? Oui (→ Heure, cit. 102). || Peut-on changer de caractère (cit. 39) ? || Oui, si on change de corps.(Répété par insistance). || Acceptez-vous ? Oui, oui, certainement.Adverbes et locutions ayant la même valeur que oui : assurément, certainement, certes, évidemment, parfaitement, voire (vx), vraiment; comment donc, si fait, bien sûr, sans conteste, sans aucun doute; d'accord, entendu, O. K., volontiers, pour vous servir, compris; cf. aussi les altér. Ouais, oué, ouin, vi (attesté 1938, in D. D. L.), voui. Ouiche (vieilli).
1 Un simple oui ou un non sont peu polis. De là l'observation si souvent faite aux enfants qui ont lâché un oui tout sec : Oui, mon chien.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 504.
1.1 Oui, Ernestine, je vous sors de la dèche, de la mouise, de la débine ! Je vous sors de la pauvreté, de la misère, de l'indigence. Je vous ferai couvrir de bijoux, voui ! Tous les jours, Ernestine, vous pourrez manger des artichauts crus à la sauce vinaigrette, votre plat préféré ! Tous les jours, Ernestine, vous pourrez boire du cid' de Normandie ! Tous les jours, Ernestine, vous pourrez aller entendre au Trianon-Lyrique vos opérettes préférées !
R. Queneau, le Chiendent, Folio, p. 161.
Loc. Oui et non, dans une réponse marquant l'hésitation (→ Dans une certaine mesure, jusqu'à un certain point; en partie). || Êtes-vous satisfait ? — Eh bien, oui et non…
(Renforcé par un adverbe, une loc. adv., une exclamation). || Mais oui. || Oui, mais…, formule exprimant une adhésion réticente ou teintée de scepticisme. || Certes oui. || Sûrement oui. || Mon Dieu oui. || Dame oui. 3. Dame.Oui-da. Da.Oui, bien sûr (→ Appoint, cit. 6). || Ça, oui (→ Opinion, cit. 38). || Ma foi, oui. || Eh ! oui, hé (cit. 2) oui. || Ah oui, alors ! || Eh bien oui (→ Affaire, cit. 50; caprice, cit. 16). || Que oui !Vx. || Oui bien (encore chez Montherlant).
2 La reine ? Vraiment oui; je la suis en effet (…)
La Fontaine, Fables, X, 2.
3 Quelque mauvais que soit un fils, peut-il lever la main sur son père ? — Oh ! que oui, dit le démon; cela n'est pas sans exemples (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VII.
4 À la santé de ma voisine ! — Eh ! oui, à la santé de ma femme !
A. de Musset, le Chandelier, II, 4.
5 La peur des coups ! — Bien sûr oui, la peur des coups.
Courteline, la Peur des coups.
REM. 1. (Vx ou régional). Oui, employé à la place de si après une question de forme négative « lorsque la pensée de celui qui répond s'arrête non sur la forme de la question, mais sur l'idée positive qu'elle implique » (Grevisse, §869).
6 Ne sonne-t-on pas le tocsin ? demanda le marquis. — Oui.
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, IV, IV.
7 Me promets-tu d'être raisonnable ? — Oui, Sire. — Ah ! tu vois ! alors tu ne songes plus à ce mariage ? — Oui. — Oui ? c'est-à-dire que tu vas oublier Hjalmar ? — Non. — Tu ne renonces pas encore à Hjalmar ? — Non.
Maeterlinck, la Princesse Maleine, I, 2.
2. Oui, servant de proposition principale :
8 — Cette Fadette avait bien prédit que la chose arriverait, reprit la mère Barbeau. Oui-da qu'elle avait annoncé !
G. Sand, la Petite Fadette, XL.
2 (Comme interrogatif). → Ah bon ? || Il est ruiné. — Oui ? — Du moins, je le crois. || J'en suis sûr. — Oui ? — Absolument !
9 (…) C'est lui qui la condamne. — Oui ? — Lui-même. — Il prétend (…)
Molière, l'Étourdi, III, 3.
Fam. || Tu viens, oui ?
10 Tu te tiens tranquille, oui ?
H. Bazin, l'Huile sur le feu, p. 185.
Loc. Oui ou non. Non (cit. 33 et supra.) — ☑ Fam. Oui ou merde !
10.1 Veux-tu me la garder ? Oui ou merde ?
Céline, Guignol's band, p. 68.
3 (Complément direct d'un verbe déclaratif). || Dire oui (→ Non, cit. 17 et 19). || Il dit toujours oui. Accepter, admettre. || Répondre oui. || Quand l'un disait oui, l'autre disait non (→ Mourre, cit. 1). || Il écoutait à peine, en faisant (cit. 116) oui, oui. — ☑ Loc. Ne dire ni oui ni non. Non (cit. 21, 22 et supra). || Répondez-moi par oui ou par non.
11 Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin.
Bible (Segond), Évangile selon saint Matthieu, V, 37.
12 À toutes les fantaisies des femmes, les gens habiles doivent d'abord dire oui, et leur suggérer les motifs du non (…)
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 407.
12.1 Et s'ils (les vieux) tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non qui dit je vous attends.
Jacques Brel, les Vieux.
(En subordonnée complétive). || Il a dit, il a affirmé que oui (→ Moderniser, cit. 2). || J'ai dit que oui (→ Fourrer, cit. 12). || Il me semble, il semblerait que oui. || Je pense que oui.
13 Les uns disent que non, les autres disent que oui; et moi je dis que oui et non (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 6.
14 « Vous êtes content ? » demanda la vieille. Il dit que oui, mais il pensait à autre chose.
Camus, la Peste, p. 224.
4 Détaché devant une phrase affirmative pour annoncer ou souligner une affirmation « … à l'effet de prévenir un étonnement qui pourrait amener l'interlocuteur à… poser une question » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., II, §1756). || « Oui, je viens dans son temple… » (→ Adorer, cit. 1). || « Oui, dans ces jours d'automne (cit. 5) où la nature expire… » (→ aussi Ami, cit. 12; Dieu, cit. 39; lit, cit. 12; marcher, cit. 28; moqueur, cit. 4). || Oui, mon vieux, tu as raison.
15 Oui, oui, vous me suivrez, n'en doutez nullement (…)
Racine, Andromaque, II, 3.
Oui, soulignant une affirmation et répondant à une objection, à une question sous-entendue. || Un homme insignifiant (cit. 9), oui, oui, insignifiant. || Une infusion de bourrache (cit. 1)… || Oui, oui, remède de bonne femme…
16 Vivre, oui, sentir fortement, profondément, qu'on existe, qu'on est homme, créé par Dieu, voilà le premier (…) grand bienfait de l'amour.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, VI.
17 Vous ne savez donc pas qu'il va, tous les ans, passer un mois en Vendée, chez la marquise de Rieu (…) oui, chez la marquise de Rieu, la catholique, la royaliste (…)
France, le Lys rouge, II.
18 Je me croyais victorieux, oui victorieux de moi-même.
Gide, Feuillets, in Journal 1889-1939, VIII.
5 (En phrase coordonnée ou juxtaposée, après une proposition négative. → Si). || Elle n'est pas venue, mais lui, oui.
19 Je ne crois pas, Françoise, que notre grand'mère ait été très malheureuse. Notre mère, oui, parce qu'elle était Parisienne; elle ne s'est jamais habituée à Pont-de-l'Eure.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XVI.
———
II N. m. invar. (Fin XVIe). (Un, des oui). Le mot oui (→ Judicieusement, cit. 2). || Les millions de oui répondant à un référendum. || Un oui franc et massif (formule du général de Gaulle demandant une réponse positive à un référendum). || Dire un non (cit. 57) pour un oui (→ aussi Non, cit. 58 et 60). — ☑ Loc. Pour un oui pour un non. Non.
20 Et tarder tant à dire un oui si plein de charmes ! (…)
(…) Et loin qu'un pareil oui me donnât de la peine,
Croyez que j'en dirais bien vite une douzaine.
Molière, Sganarelle, 2.
21 — Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
Verlaine, Poèmes saturniens, « Mélancholia », II.
Le oui prononcé par les fiancés. — ☑ Loc. (vieilli). Dire, prononcer le grand oui (du mariage).
22 (…) le prêtre qui les bénissait, la foule qui les admirait, le double anneau, le double oui prononcé avec tant d'amour par les deux voix qui le disaient (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, XI.
CONTR. Non.
DÉR. Ouiche.
COMP. Béni-oui-oui.
HOM. Ouï (de ouïr), 1. ouïe, 2. ouïe.

Encyclopédie Universelle. 2012.