lit [ li ] n. m. I ♦
1 ♦ Meuble destiné au coucher. ⇒poét. couche; fam. paddock, 2. pageot, 2. pieu, plumard, 2. plume, pucier; enfantin 1. dodo. Bois de lit. ⇒ châlit. Ciel de lit (baldaquin, dais). Le cadre, le matelas et le sommier d'un lit. Garniture de lit. ⇒ literie. Draps de lit. Couverture de lit. ⇒ couvre-lit, dessus-de-lit . Descente de lit. Tête, chevet, pied d'un lit. Lit à une place, à deux places. Lits jumeaux. Lit d'enfant, de bébé. ⇒ berceau. Lit à baldaquin. « Un lit à quenouilles encourtiné de cretonne » (Genevoix). « Un petit lit tout maigre en cage de fer avec des pieds à roulettes » (Giono). Lit dans une alcôve. Lit clos ou lit breton, à battants de bois qui se ferment. Lit bateau. Lits gigognes. — Lit de sangle, fait de sangles fixées à deux montants de bois soutenus par des pieds croisés. Lit pliant. Lit-cage. Lit portatif. Lit de camp. Canapé-lit. ⇒ canapé, convertible. — Lit misérable. ⇒ grabat.
♢ Lit de repos : siège sur lequel on peut s'allonger pour se reposer. ⇒ canapé, divan, sofa. — Lit de parade, qui ne sert qu'à l'ornement d'une pièce ou sur lequel est exposé un mort illustre avant les funérailles. — Antiq. Lit de table, sur lequel on mangeait allongé (⇒ triclinium) . — Lit d'hôtel. Chambre à deux lits. — Lit d'hôpital.
♢ Par ext. Place couchée, dans un établissement, un lieu de résidence. Lits de maternité, de chirurgie. Clinique de cent lits. Une capacité hôtelière de mille cinq cents lits.
2 ♦ Partie rigide (de bois, de métal, de plastique) qui soutient l'ensemble. Lit d'acajou. Lit de cuivre. Un lit Louis XVI. — Le lit et sa literie.
3 ♦ Literie sur laquelle on s'étend. Lit moelleux, douillet, dur, inconfortable. Bon lit. Mauvais lit. ⇒ grabat. — Lit de plume, sorte de matelas de plume utilisé autrefois. ⇒ 1. couette.
4 ♦ Loc. Aller au lit, se mettre au lit. ⇒ se coucher. Allons, les enfants, au lit ! ⇒ 1. dodo. Mettre un enfant au lit. — Être au lit. Rester au lit toute la matinée (cf. Faire la grasse matinée). — Entrer dans son lit. S'étendre, se reposer sur un lit. Se jeter sur son lit. — Coucher, dormir dans un lit. Dormir dans son lit, chez soi. — Sortir du lit. ⇒ se lever. Sauter du lit. Au saut du lit : au réveil, de bon matin. Arracher, tirer qqn du lit. Fam. Être tombé du lit : s'être levé tôt contrairement à son habitude.
♢ Faire un lit : disposer la literie pour qu'on puisse s'y coucher confortablement; rabattre la literie pour la journée. Faire son lit tous les matins. Lit en portefeuille. Border un lit. Un lit défait. Aérer, ouvrir un lit : rabattre les draps complètement. PROV. Comme on fait son lit on se couche. Loc. Faire le lit de qqn, de qqch., préparer sa venue, son avènement.
♢ Malade contraint de se mettre, de rester au lit. Garder le lit (cf. Garder la chambre). Ne pas quitter son lit; être cloué au lit (⇒ aliter) . « Du lit à la fenêtre puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit » (Brel). — Lit de douleur. Votre mère « qui est clouée, comme moi, sur un lit de douleurs » (Martin du Gard). — Lit de mort. Par ext. Sur son lit de mort : sur le point d'expirer. Mourir dans son lit, dans son propre lit, d'une mort naturelle.
5 ♦ (Le lit symbolisant les rapports sexuels et l'union conjugale) Partager le même lit. Lit nuptial, conjugal. Au lit, c'est une affaire ! — Fig. Enfants du premier lit, d'un premier mariage. Élever les enfants d'un autre lit. « Nicolas avait deux frères du premier lit » (Nerval).
6 ♦ Dr. anc. LIT DE JUSTICE : lit à dais, où le roi se plaçait lorsqu'il tenait une séance solennelle du parlement; par ext. la séance elle-même. Tenir un lit de justice.
II ♦
1 ♦ Couche d'une matière étendue sur le sol, où l'on s'étend, où l'on dort. ⇒ litière, matelas, natte, 1. paillasse, tapis. Se coucher sur un lit de feuillage. Lit de mousse.
2 ♦ Couche horizontale. Un lit de cendres, de braises. « des côtelettes d'agneau [...] couchées sur un lit épais et menu de pointes d'asperges » (Maupassant). — Constr. Lit de grosses pierres d'un mur. Lit de sable. ⇒ couchis. — Géol. Couche (de matériaux) déposés par les eaux, l'érosion. ⇒ dépôt, strate. Lit d'argile. — Lit d'une pierre, lit de carrière : situation de la couche de pierre dans le sol, la carrière.
3 ♦ Chacune des deux faces par lesquelles les pierres sont superposées dans une construction. Les lits et les joints d'une pierre de taille.
4 ♦ Creux naturel du sol, canal dans lequel coule un cours d'eau. « Ce ruisseau avait un lit pierreux, profond » (P. Benoit). Fleuve qui sort de son lit. ⇒ déborder. Lit à sec. Détourner une rivière de son lit. ⇒ cours. Galets, cailloux, sable, limon du lit des cours d'eau. Lit mineur, majeur, occupé par le cours d'eau en période de basses, de hautes eaux. — Par ext. Lit de glacier.
5 ♦ Mar. Lit de marée, lit du courant : endroit où la marée, le courant ont le plus de vitesse. — Lit du vent, la direction dans laquelle il souffle. ⇒ aire.
⊗ HOM. Li, lie.
● lit nom masculin (latin lectus) Meuble sur lequel on se couche pour dormir ou se reposer : S'allonger sur son lit. Partie fixe de ce meuble, charpente sur laquelle repose le sommier : Lit métallique. Sommier, matelas sur lesquels on se couche : Avoir un lit dur. Ensemble des draps, des couvertures qui garnissent le lit : Le lit était tout défait. Place considérée comme unité de capacité d'accueil dans un hôpital, une clinique, un lieu de résidence, etc. : Un service hospitalier de 100 lits. Tout ce qui, sur le sol, peut être utilisé pour se coucher, s'étendre : Faire la sieste sur un lit de feuillage. Couche horizontale d'une matière ou d'objets quelconques sur laquelle vient reposer quelque chose : Poisson présenté sur un lit de fenouil. Partie du fond de vallée où s'écoulent les eaux d'un cours d'eau. (On distingue le lit majeur, ou plaine inondable, occupé par les eaux seulement lors des crues, et le lit apparent, dit aussi mineur, ordinaire ou permanent.) Bâtiment Surface d'une assise de pierres de taille. Intervalle de deux assises superposées, rempli ou non de liant. Chimie Couche de matières divisées, généralement peu épaisse. (On distingue les lits fixes et les lits fluidisés.) Géologie Plus petite subdivision lithologique d'une formation sédimentaire. Mines Séparation naturelle de la masse de roche en bancs, selon une direction horizontale ou oblique. Mobilier et décoration Rideaux, draperies qui garnissent un lit (par exemple lit d'indienne). ● lit (citations) nom masculin (latin lectus) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux […]. Les Fleurs du Mal, la Mort des amants Jean Pellerin Pontcharra, Isère, 1895-Le Châtelard 1921 Glissant du lit, que tes lisses Jambes nous suggèrent les Chiffres inscrits aux caprices Des mondes émerveillés ! Le Bouquet inutile Gallimard ● lit (difficultés) nom masculin (latin lectus) Orthographe 1. On écrit, avec le complément au pluriel : un lit de roses, un lit de cailloux (= un lit fait avec des roses ; une couche, une assise constituée par des cailloux). - Avec le complément au singulier : des lits de plume, de feuillage, de mousse (= des lits faits avec de la plume, du feuillage, de la mousse). 2. Un lit gigogne, sans trait d'union. - Plur. : des lits gigognes, comme des lits jumeaux. 3. Un lit-cage, avec un trait d'union. - Plur. : des lits-cages. ● lit (expressions) nom masculin (latin lectus) Aller, se mettre, être au lit, se coucher, être couché. Au saut du lit, au moment du réveil, du lever. Littéraire. Avoir le lit et le couvert chez quelqu'un, y être hébergé. Du même lit, du premier, du second lit, nés du même mariage, d'un premier, d'un second mariage. Être cloué au lit, garder le lit, être malade. Familier. Être tombé du lit, se lever tôt ou plus tôt que de coutume. Littéraire. Faire le lit de, favoriser, volontairement ou non, le développement d'un phénomène jugé néfaste. Faire lit à part, coucher séparément, en parlant de deux époux. Faire un lit, y disposer les draps et les couvertures pour qu'on puisse s'y coucher ; rabattre les draps, couvertures et dessus-de-lit pour la journée. Lit de parade, lit sur lequel on expose un mort de haut rang avant son inhumation. Mourir dans son lit, mourir chez soi d'une mort naturelle. Tirer, sortir quelqu'un du lit, l'obliger à se lever. Lit bactérien, couche de matériaux très divisés sur laquelle ruissellent les eaux usées pendant que se développent les micro-organismes qui en assurent l'épuration. Lit de séchage, couche de matériaux granuleux qui favorise l'égouttage et le séchage des boues résiduaires. Lit rayonnant ou lit en coupe, pan oblique par lequel un claveau s'appuie sur le claveau voisin. Pose sur lit, pose d'un bloc réalisée de telle sorte que le plan moyen correspondant aux lits de carrière du bloc soit horizontal dans le cas d'une assise, perpendiculaire à la courbe dans le cas d'un arc. Lit de justice, lit sous dais où siégeait le roi dans un angle de la grand-chambre du parlement ; séance royale du parlement. Lit du courant, endroit où le courant a le plus de force. Lit du vent, direction dans laquelle souffle le vent. Lit mécanique, lit muni d'un dispositif d'élévation au moyen duquel les malades et blessés qui doivent rester allongés sur le dos sont soulevés. Lit orthopédique, lit permettant de placer les malades dans l'inclinaison et la position voulues. En lit, se dit d'une dalle, d'un morceau obtenus par sciage parallèle au lit. (La résistance à l'écrasement d'un tel élément sera, en général, supérieure à celle d'un élément taillé en délit.) Lit de bout ou à la française, lit à un seul dosseret (chevet), placé perpendiculairement au mur. Lit de jour ou de repos, petite couche basse dont il a existé de nombreuses variétés (chaise longue, duchesse, sultane, méridienne, divan). Lit de travers ou à la polonaise, lit à deux dosserets (chevet, pied), placé en long contre un mur. ● lit (homonymes) nom masculin (latin lectus) li nom masculin lie nom féminin lie forme conjuguée du verbe lier lient forme conjuguée du verbe lier lies forme conjuguée du verbe lier lis forme conjuguée du verbe lire lit forme conjuguée du verbe lire ● lit (synonymes) nom masculin (latin lectus) Meuble sur lequel on se couche pour dormir ou se...
Synonymes :
- couche (littéraire)
- dodo (familier)
- grabat
- paddock (populaire)
- page (populaire)
- pageot (populaire)
- pieu (populaire)
- plumard (familier)
- plume (familier)
- pucier (populaire)
Tout ce qui, sur le sol, peut être utilisé pour...
Synonymes :
- couche
- matelas
- tapis
Couche horizontale d'une matière ou d'objets quelconques sur laquelle vient...
Synonymes :
- nappe
Bâtiment. Pose sur lit
Contraires :
- pose en délit
lit
n. m.
rI./r
d1./d Meuble sur lequel on se couche pour se reposer, pour dormir. Lits superposés, jumeaux. Se mettre au lit. Le malade doit garder le lit.
— Lit de camp, démontable et portatif.
— Lit double, (Québec) lit simple.
|| Au saut du lit: dès le réveil.
|| Faire un lit, le préparer en étendant dessus les draps et les couvertures et en les bordant.
|| Prov. Comme on fait son lit, on se couche: il faut accepter les conséquences de ses actes.
|| Cadre du lit. Lit de fer, d'acajou.
|| Matelas, sommier sur lequel on se couche. Un bon lit.
d2./d Fig. (En loc.) Union conjugale. Il a deux enfants d'un premier lit.
rII./r
d1./d Par ext. Couche, place préparée pour que l'on puisse s'y étendre, y dormir. Le blessé était étendu sur un lit de feuillages.
d2./d Couche d'épaisseur régulière d'une matière quelconque. Un lit de gravier, de sable, d'argile.
rIII/r Espace occupé par les eaux d'un cours d'eau. Lit d'un fleuve.
⇒LIT, subst. masc.
I. A. — 1. Meuble composé principalement d'un cadre rigide de métal ou de bois supportant des parties souples (sommier, matelas) et garni de draps, de couvertures ou d'autres pièces protégeant du froid, sur lequel on s'étend, principalement pour dormir, se reposer. Synon. couche (poét.), dodo (enfantin), grabat, pageot (arg.), pieu (pop.), plumard (pop.), plume (pop.), pucier (pop.). Lit bien chaud; lit étroit. « Madame » dit Daniel, « auriez-vous une chambre à deux lits pour cette nuit? » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 650). Un lit à rideaux de coton blanc (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 299). En attendant l'heure d'aller dormir deux par deux dans des lits moites, au fond de tristes chambres (NIZAN, Conspir., 1938, p. 11) :
• 1. Le lit était mou, enfonçant, mais mal équilibré, rompu par la gymnastique des passants. Carmen, en chemise, se glissait à côté de lui. Il sentit le parfum fort de ses épaules rondes. Déjà, il était prêt à tomber dans le sommeil noir.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 359.
♦ Petit lit. Lit d'enfant. Dans la première de ces deux chambres se tenaient les enfants. On y voyait deux petits lits en bois blanc et un berceau (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 311).
— Au lit (aller, se mettre, être ou verbes de la même classe sémantique). (Se coucher, être couché) dans un lit. [Mme Bovary] continuait à lire fort tranquillement, comme si la lecture l'eût amusée. Mais Charles, qui était au lit, l'appelait pour se coucher (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 5) :
• 2. Ils couchaient toujours ensemble, dans le même lit, dans la profondeur noire de l'alcôve. Ils se mettaient au lit, silencieux, Alexis tourné vers le mur, Henriette vers la table de nuit. Il disait pardon, quand il lui arrivait de frôler Henriette, comme à une dame dans le tramway.
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 174.
♦ Au lit (avec un énoncé désignant une activité quelconque). Annie ne s'endormait jamais avant deux ou trois heures du matin, elle avait l'habitude de lire au lit (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 249). À huit heures, Julie, la plus petite et la plus noiraude des deux bonnes, lui apportait son café au lit (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 15).
— Sortir (sauter, bondir, etc.) du lit, hors du lit. Se lever. Papa est parti... Il a sauté du lit, il a mis toutes les affaires dans la malle, il a descendu la malle sur une voiture... Il est parti (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 393).
♦ Au saut du lit. Au lever. Au saut du lit elle a passé une vieille robe noire (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 41).
Subst. masc. Saut de lit. Vêtement qu'on met au lever. Mon saut de lit bâille sur une chemise froissée (COLETTE, Entrave, 1913, p. 40).
— Faire le lit. Installer sur le matelas les draps, les couvertures.
♦ Faire un lit en portefeuille. Faire un lit en repliant le drap de dessous de telle manière qu'on ne puisse pénétrer. Si l'on n'a pas mis votre lit en portefeuille, et si l'on n'a pas glissé une assiette pleine de purée entre vos deux draps (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 144).
♦ Lit défait. Lit dont la literie est en désordre. Derrière elles, (...) Emphatique comme un trône de mélodrame Et plein d'odeurs, le lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre (VERLAINE, Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 130).
♦ Dresser un lit. Installer un lit et l'équiper de ce qui est nécessaire. On proposa d'y coucher Paul et Gérard et de dresser un lit pour Élisabeth dans la salle de bains contiguë (COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 71).
— Bois de lit, dessus de lit, descente de lit, manteau de lit.
SYNT. Lit dur, moëlleux, mou, souple; grand lit, lit étroit, immense; bon, mauvais lit, lit confortable, défoncé, douillet; lit (bien) chaud, frais, glacé, humide, moite, parfumé, tiède; chaleur, douceur, fraîcheur, odeur du lit; bout, bord, chevet, fond, milieu, pied, tête du lit; se mettre, s'enfoncer, se glisser, se pelotonner dans le lit, au fond, au creux, au milieu du lit; s'allonger, se jeter, se reposer, s'endormir sur le lit; mettre, poser qqc. sur le lit.
2. Lit + adj. ou compl. déterminatif
a) Lit + compl. exprimant un trait caractéristique
— Lit +adj.
♦ Lit bas. Sorte de canapé, de divan. Étendez les lits bas, couchez-vous sur le flanc gauche, déshabillez les femmes, elles rugissent d'attente, c'est l'heure! (FLAUB., Tentation, 1849, p. 258). Dans une petite chambre fraîche où la dame attendait, accoudée sur un lit bas (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 91).
♦ Lit clos. Lit isolé complètement par des panneaux de bois, avec sur l'un des côtés des portes coulissantes. Synon. lit breton. L'un coucherait dans le même lit clos que Thomas, vers le panneau, l'autre coucherait par terre, sur des voiles (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 209).
♦ Lit mécanique. Lit destiné à un malade et muni d'un dispositif permettant de régler l'inclinaison du sommier, de changer la literie sans avoir à déplacer le malade. Vous savez sans doute la chute du pape; il va mieux, mais je ne crois pas qu'il vive longtemps. Je lui ai envoyé un lit mécanique pour se soulever (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 2, 1838).
♦ Lit pliant. La lingerie était encombrée par un lit pliant, ouvert et défait (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 786).
— Lit + compl. circonstanciel ou subst. adjoint
♦ Lit-armoire, lit en armoire. Synon. de lit clos. Une immense cheminée en occupait le fond, et des lits en armoire s'étageaient sur les côtés (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 96). Occupants des lits-armoires (RICHEPIN, Flamboche, 1895, p. 205).
Rem. Noter aussi chez Pourrat a) Lit-coffre. Les deux lits-coffres, avec l'horloge entre eux, tenaient le fond de la salle (Gaspard, 1925, p. 201). b) Lit-placard. On fut obligé de la coucher en hâte dans un des lits-placards de la salle (Gaspard, 1922, p. 104).
♦ Lit-bateau, lit à, en bateau. Lit dont la forme rappelle celle d'une coque de bateau et les couchettes des cabines de navire. [Une chambre] toute meublée en acajou avec un lit-bateau et des rideaux de calicot rouge (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 496). Les petits lits en bateau qui ont l'air d'avoir été trouvés sur le Nil et d'où on s'attend à voir sortir Moïse (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 519). Ce lit à bateau qui sent la paille fraîche de maïs et le vieux bois de chêne (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 40).
♦ Lit(-)cage. Lit métallique pliant. Même un lit cage! (DABIT, Hôtel, 129, p. 93). La petite turne avec son lit-cage et un calendrier des postes et télégraphes était sinistre à la lueur d'une lampe Pigeon (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 295).
♦ Lits gigognes. ,,Ensemble de deux lits dont l'un, une fois replié, se glisse sous l'autre`` (Lar. Lang. fr.).
♦ Lits-sacs (vieilli). Sac de couchage. Les lits-sacs en peau de renne qui doivent servir aux excursions (CHARCOT, Expéd. antarct. fr., 1906, p. 114).
♦ Lit à baldaquin. Son poudreux lit à baldaquin! (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 131).
♦ Lit à ciel. Un lit à ciel dont les pentes en drap tremblaient comme si elles allaient tomber, achevées par les vers (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 75).
♦ Lit à miroirs. Lit entouré et surplombé de miroirs, destiné aux ébats amoureux. [Mme Hume-tout allait] recevoir, dans la somptueuse niche voisine, au fond du grand lit à miroirs, son invincible lion (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 373).
♦ Lit à quenouilles. Lit dont le dais est soutenu par des colonnes aux quatre coins du châlit. Le lit de Raboliot et de Sandrine, un lit à quenouilles encourtiné (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 57).
♦ Lit de bout. Lit dont le chevet seul touche la muraille, les trois autres faces restant libres, autour duquel on peut circuler (d'apr. HAVARD t. 3 1889).
♦ Lit de milieu. Lit dont le chevet est au milieu de la muraille principale d'une pièce. Elle acheta des meubles, un lit de milieu, une armoire, des chaises (DABIT, Hôtel, 1929, p. 187).
♦ Lit de sangle(s). Lit constitué d'un châssis pliant supportant des sangles ou une toile. Synon. lit pliant. Amélie coucherait sur un lit de sangle (ZOLA, Nana, 1880, p. 1246).
b) Lit + adj. ou compl. exprimant la fonction ou la destination du lit
♦ Lit funéraire ou funèbre. Lit sur lequel repose, est exposé un mort. La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire, Furent les seuls apprêts de son lit funéraire (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 106). Sur ce lit funèbre, la mort (...) l'avait couchée sous l'apparence d'une jeune fille (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 345).
♦ Lit de camp. Petit lit démontable et portatif permettant de camper ou d'installer un couchage provisoire. Un soupirail, un lit de camp, un cruchon d'eau avec une miche de pain (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 75).
♦ Lit d'hôpital. Ainsi, sur mon lit d'hôpital je m'agite en propos stériles (VERLAINE, Dans les limbes, 1894, p. 108).
♦ Lit de jour (vieilli). Synon. de lit de repos. Ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 110).
♦ Lit de mort. Lit où est exposé un mort. Samuel alla le voir sur son lit de mort. M. Feuillebois y reposait, allongé, immense (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 218).
♦ Lit de parade. Lit qui sert à décorer. J'eus le temps à peine de me jeter dans l'alcôve d'un grand lit de parade qui ne servait à personne, fortifié d'une balustrade de prince et fermé, heureusement plus qu'à demi, par des rideaux semés d'abeilles (VIGNY, Serv. grand. milit., 1835, p. 156). Lit sur lequel on expose le corps ou le mannequin d'un mort. [On avait fait de Philippe-le-Bon] une représentation de sa figure, qui gisait sur un lit de parade, vêtue de tous les ornemens royaux (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 372).
♦ Lit de repos (vieilli). Lit bas, sorte de chaise longue pour se reposer pendant la journée. Synon. méridienne. Madeleine à demi renversée, comme elle l'eût été sur un lit de repos, froissait par un geste nerveux un énorme bouquet de violettes (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 239).
♦ Lit de justice (hist.). Lit d'apparat sur lequel s'installait le Roi dans les audiences publiques du Parlement.
P. méton. Séance du Parlement. Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux lits de justice, à l'exil des parlements, aux arrestations de parlementaires : le Gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 22).
c) Lit de + subst. désignant un affect. Lieu où l'on subit ce que désigne le compl. Vous ne réussirez à rien sans Dieu. Vous vous tournez et retournez sur votre lit d'angoisse : quel soulagement avez-vous trouvé? (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 257). Ayant compris que la meilleure façon de s'endormir dans une tiédeur heureuse est encore de se faire soi-même un lit de béatitude (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 648).
♦ Lit de douleur, de souffrance. Elle est alitée depuis dix ans, en proie à un mal incurable. Je l'ai vue sur son lit de tourment. Son fin visage est si pâle qu'il se détache à peine du mur blanc (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 274) :
• 3. ... elle se jeta sur le lit de misère avec autant d'aisance que sur la prairie de Vanves, et elle attendait l'opérateur. Le silence était grand; l'homme était armé de ciseaux recourbés; il taillait dans la chair vive; on n'entendait que le bruit sonore de l'instrument...
JANIN, Âne mort, 1829, p. 131.
— À son lit de mort, sur son lit de mort. Au moment de l'agonie. J'ai adddoré [sic] un homme qui est décédé en me faisant jurer à son lit de mort de ne jamais... (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 174).
♦ Au lit de la mort (vieilli). Je ne sais si cette confiance en la vie, chez Talma, au lit de la mort, a arrêté le zèle de M. Dupuytren, mais Talma est mort tout seul (DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 354).
d) Lit + subst. Le mot composé désigne un lit ayant la fonction que précise le second subst.
♦ Lit-canapé. Les draps sales de son lit-canapé (FRANCE, Le Chat maigre, 1879, p. 168).
♦ Lit-divan. Le large lit-divan avait un couvre-lit de ce même satin bleu (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 81).
♦ Lit-fauteuil. ,,Lit pliant pouvant servir de fauteuil`` (Lar. Lang. fr.).
♦ Lit-sofa. Assise au bord du lit-sofa, elle enlevait ses bas (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 104).
Rem. On dit aussi canapé-lit, divan-lit.
— En partic., vieilli. Lit-salon ou salon-lit. ,,Compartiment d'une voiture de voyageurs comportant des lits qu'on relève le jour (...) pour disposer d'un compartiment-salon`` (Lar. Lang. fr.). Retour à Paris. Nous avons pris deux salons-lits (GONCOURT, Journal, 1885, p. 495).
3. Loc. et expr. fig.
— Faire (préparer, etc.) le lit de. Créer soi-même, par son action, les conditions de la réalisation d'une chose qui n'est pas souhaitable. Mais nous étions pourtant quelques-uns à penser cela; quelques rares inopérants. « Vous faites le lit de Hitler. Vous rendez Hitler nécessaire, attendu, inévitable... » (GIDE, Journal, 1949, p. 339). Le fait est là : le voluptueux prépare le lit de l'incroyant (GREEN, Journal, 1945, p. 248).
♦ Proverbe. Comme on fait son lit, on se couche. On subit nécessairement les conséquences de ses actes. Les uns ont tout perdu au jeu, ou à la bourse, et se sont tués; les autres sont morts de noce, tout simplement. Que voulez-vous? Ma foi, tant pis pour eux : comme on fait son lit, on se couche (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 214).
♦ Faire son lit de, dans (gén. péj.). S'installer avec plaisir dans. Synon. Se complaire, se vautrer. Jamais il ne l'aurait jugée capable [la France] de descendre à ce point, d'être cette France sourde, dure, endormie et lâche, qui faisait son lit dans la honte et dans l'iniquité (ZOLA, Vérité, 1902, p. 142) :
• 4. Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine...
BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 53.
♦ Lit de roses (au fig.). [P. allus. aux Sybarites] Vie agréable, facile. [Mallet du Pan] se méfia à l'instant de cette monarchie délabrée et dissolue, où, sur des lits de roses et tout en partant pour l'Opéra, on se flattait qu'il n'y avait qu'à promulguer quelques principes abstraits pour s'assurer l'affranchissement universel et la félicité du monde (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 4, 1851, p. 479).
♦ [Est fréq. surtout dans des phrases négatives exprimant par litote une vie ou une situation difficile] N'être pas sur un lit de roses. [Mon ami] me blâma de mon découragement et voulut me prouver que les révolutions ne sont point des lits de roses (SAND, Pte Fadette, 1849, p. II).
— Lit de Procuste. [P. réf. au supplice pratiqué par le brigand de la mythologie grecque qui, couchant ses victimes sur un petit lit quand elles étaient de grande taille, sur un grand lit quand elles étaient petites, les ramenait à la dimension du lit soit en coupant les pieds aux grandes, soit en étirant les membres aux petites] Cadre contraignant, qui mutile. Il y a plusieurs types d'hommes, il y a le type mystique, comme il y a le type positiviste. L'enseignement de l'État ne peut pas être donné à ces formes diverses. Il doit être rigide. Il est le lit de Procuste (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1909, p. 3) :
• 5. D'autres pouvaient ciseler un épisode ou découper une anecdote en trois actes; mais il s'écartelait, lui, sur ces lits de Procuste! Il n'était pas l'homme d'un sonnet. Écrire sans mesures conventionnelles, sans digues!
MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 125.
4. Partie fixe, cadre du lit. Synon. Châlit, bois de lit (v. bois II C 2 a). Un lit de/en bois, de/en chêne, de/en fer; un lit métallique.
5. Lit de plume. Enveloppe remplie de plume. Synon. couette. Cette étroite couchette, deux planches sur un châssis de fer, une paillasse et un lit de plume (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 196). Les lits de plume, autrefois d'une belle apparence bombée, maintenant mollement secoués, s'affaissaient au milieu (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 21).
6. P. anal. Couche de matières souples et meubles sur laquelle on s'étend. Lit de feuillage, de fougère, de mousse. L'enfant chérie, accotée par les racines antiques, sur un lit d'aiguilles de pin, belle comme un ange, déjà au paradis (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 132).
B. — P. méton.
1. Synon. de coucher (subst. masc.), repos. Elle avait donné ordre qu'on traitât très bien les voyageurs qui demanderaient à voir le château; et elle leur offrait le lit et la table; enfin la vieille hospitalité féodale (BARB. D'AUREV., Memor. A... B... 1864, p. 439) :
• 6. ... quelque chose en moi, comme un papillon, venait se brûler à cette lumière. Ce n'était pas le feu dans la nuit campagnarde, qui parle de la soupe et du lit, c'était plutôt une lumière sur l'eau, qui ensorcelle un gouffre et conjure l'irréparable.
GRACQ, Beau tén., 1945, p. 82.
2. a) Activité sexuelle. Acheter aux enchères une négresse pour le lit ou la cuisine (THARAUD, Fez, 1930, p. 343). Un homme ne peut supporter une femme qui souffre, à moins qu'il ne la console par le lit (MONTHERL., Demain, 1949, I, 1, p. 701).
b) Loc. verb.
— Au lit (se mettre, être, etc.). Se coucher pour faire l'amour. Synon. baiser, coucher. Il le mena dans sa chambre, où ils se mirent au lit. Elle en sortit avant l'heure du lever. Mais le joli homme ne lui garda pas le secret (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 103). Et comme ils remplaçaient aux champs le chef de famille mobilisé, il leur arriva tout naturellement de le remplacer au lit (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 197).
♦ Au lit. Dans l'accomplissement de l'acte sexuel. — Toi!... il faut qu'un jour nous couchions ensemble, tu dois être amusant au lit... (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 189). — Elle est bien. — Au lit, dit Pinette, elle est formidable. Tu ne peux même pas t'imaginer (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 77).
♦ Avoir, mettre qqn au lit, dans son lit. Avoir des relations sexuelles avec quelqu'un. Napoléon avait reçu dans son lit, à Milan, une Italienne de seize années, belle comme le jour; au milieu de la nuit il la renvoya, de même qu'il aurait fait jeter par la fenêtre un bouquet de fleurs (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 374). Duvillard, qu'elle sevrait depuis six semaines, s'efforçait de rire, comptait quand même qu'il la mettrait au lit, s'il attendait patiemment (ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 273).
♦ Faire lit commun. Avoir des relations sexuelles dans le cadre d'une vie commune. Faisant avec sa femme lit commun, coucherie patriarcale, avec le grand fils à leurs pieds en travers, sur un lit de sangle! (GONCOURT, Journal, 1865, p. 186).
— Partager son lit avec. Même sens :
• 7. ... Sartre resta quarante ans sans adresser la parole à sa femme; à table, il s'exprimait par signes, elle finit par l'appeler « mon pensionnaire ». Il partageait son lit, pourtant, et, de temps à autre, sans un mot, l'engrossait...
SARTRE, Mots, 1964, p. 8.
— Faire lit à part. Ne pas, ne plus avoir de relations sexuelles. [Pour les messieurs] fidèles aux idées vulgaires à la mode (...) le parfait contentement [de Lamiel] ne pouvait se concilier avec lit à part (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 197).
— Être né d'un premier, d'un second, d'un même lit. Être né d'un premier, d'un second mariage, d'un même mariage :
• 8. Le partage de la moitié ou des trois quarts dévolus aux frères ou sœurs (...) s'opère entre eux par égales portions, s'ils sont de lits différens, la division se fait par moitié entre les deux lignes paternelle et maternelle du défunt...
Code civil, 1804, art. 752, p. 138.
3. Alitement. Quelques jours de fièvre et de lit (MARTIN DU G., Souv. autobiogr. et littér., 1947, p. CXXX).
— Se mettre, être, rester au lit. Se coucher, rester couché parce qu'on est malade. Synon. s'aliter, être alité. Dès qu'il y a émeute, il est au lit, il est malade! (SCRIBE, Bertrand, 1833, III, 3, p. 176).
— Garder le lit. Ne pas quitter le lit. Elle était très lasse, très déprimée. Je lui ai ordonné de garder le lit (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 180).
4. Lieu où l'on dort habituellement. Synon. chez-soi, domicile. Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 164).
— Dormir (coucher) dans son lit. Dormir chez soi. [Paris] où nous n'osions plus coucher dans notre lit, où sans cesse il fallait changer de domicile [à cause de la traque de la Gestapo] (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 402).
— Mourir dans son lit. Mourir de mort naturelle chez soi. Depuis quatre générations, tous ses ancêtres ont été pendus ou décapités; pas un n'est mort dans son lit (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 224).
5. Place, possibilité d'accueil pour un malade dans un hôpital. Un hôpital de cent vingts lits qui vient d'être fondé (GONCOURT, Journal, 1895, p. 746).
II. — P. anal.
A. — 1. Couche d'une matière meuble qui recouvre une surface. La terrasse de l'auberge donnait sur une route, très large, que la poussière couvrait d'un lit épais (ESTAUNIÉ, Sil. camp., 1925, p. 145).
2. Couche d'une matière particulière sur laquelle repose quelque chose. Le poisson était couché pour la nuit sur des lits de glace (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 729).
— En partic.
♦ ART CULIN. Garniture sur laquelle repose un mets. Quand le gigot paraît au milieu de la table, Fleurant l'ail, et couché sur un lit respectable De joyeux haricots (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 149).
♦ TECHNOL. Assise (de quelque chose). Lit de mortier, de ciment, de pierre; lit de mastic (d'apr. NOËL 1968). Distinguer, dans la blancheur des lits de mortier, la tranche des briques superposées (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 55).
3. MAÇONN. Surface horizontale supérieure ou inférieure d'une pierre, d'après la position qu'elle occupe dans la carrière. Anton. délit. (v. délit2). (Ds NOËL 1968).
4. Par lits. Par couches, mises l'une sur l'autre d'une substance ou d'objets de même nature. Ces fibres sont courtes et se recouvrent par lits superposés comme les tuiles d'un toit (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 613). Des poulets morts et plumés, s'alignaient dans des caisses, par lits profonds (ZOLA, Terre, 1887, p. 169).
— GÉOL. Assises successives d'un même dépôt. Une succession de lits forment une strate ou une couche (GEORGE 1970).
5. Au fig., rare. Champ :
• 9. Nos pensers courent à l'action sur des pistes osseuses. L'éclair m'ouvre le lit de plus vastes desseins. L'orage en vain déplace les bornes de l'absence.
SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 231.
— Au lit d'honneur (vx). Au champ d'honneur [Le Prince Prozorowski] est mort sinon au lit d'honneur, au moins dans un lit honorable, sur la rive droite du Danube, où il s'est fait porter pour avoir le plaisir de mourir sur les terres turques (J. DE MAISTRE, Corresp., 1809, p. 289).
B. — 1. Chenal d'écoulement (d'un cours d'eau, d'un glacier p. ex.). On reprend le même chemin et on suit le lit à sec de la vallée principale (BARRÈS, Cahiers, t. II, 1913, p. 10). Il faut passer par les bas-fonds, suivre des lits de torrents enchevêtrés de viornes et de ronces (GIONO, Colline, 1929, p. 48) :
• 10. ... les lits des rivières, des fleuves, des mers mêmes, varient dans leur forme, leur profondeur, et insensiblement se déplacent...
LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 78.
— Lit majeur. Partie adjacente au chenal, inondée en cas de crue (d'apr. Hydrol. 1978).
— Lit mineur. Lit occupé en permanence, délimité par les berges (d'apr. Hydrol. 1978).
2. a) Lit de la marée, du courant. Lieu où l'écoulement de la marée, où un cours d'eau a le plus de force et de vitesse :
• 11. ... nous tombâmes bientôt sur un fond de cinquante brasses, où le courant paraissait modéré. Jusque-là nous avions traversé dans ce canal des lits de marée plus forts que ceux du four ou du raz de Brest...
Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 92.
b) Lit(du vent). Direction dans laquelle souffle le vent. Le séminariste, à la barre, pendant que Salaün aidait à la manœuvre, ramenait à chaque coup de houle le bateau dans le lit du vent (CHEVRILLON, La Bretagne d'hier II, 1925, p. 11).
— Trajet habituel d'un flux atmosphérique de perturbation. Le lit de l'alizé (d'apr. GEORGE 1970).
3. Au fig., rare. Les excès de la Terreur, le despotisme de Bonaparte, avaient fait rebrousser les idées; mais sitôt que les obstacles qu'on leur avait opposés furent détruits, elles affluèrent dans le lit qu'elles devaient à la fois suivre et creuser (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 533).
Prononc. et Orth. : [li]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « meuble destiné au coucher » (Alexis, 12, a ds T.-L.); b) 1318 lit « dais sous lequel se tient le roi lors d'une séance du Parlement » (Ordonnance de Philippe V, 17 nov. ds Ord. des Rois de France, t. 1, p. 676); 1377 lit de justice « id. » (GACE DE LA BUIGNE, Roman des Deduis, éd. Å Blomqvist, 5315); d'où ca 1470 « séance solennelle au Parlement » (GEORGES CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 429); c) 1486 « union conjugale » (BOUT., Somme rur., I, f° 117 ds GDF. Compl.); 2. a) 1200 vénérie (Garin le Lorrain, éd. J.A. Vallerie, 10290); b) ca 1265 « canal d'un cours d'eau » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F.J. Carmody, I, 122); c) 1573 mar. lis du vent (DUPUYS); 3. 1306 « couche horizontale » (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 370). Du lat. lectus « lit » et fig. « union conjugale ». Fréq. abs. littér. : 15 383. Fréq. rel. littér. : XIVe s. : a) 18 134, b) 24 593; XXe : a) 27 183, b) 20 416. Bbg. Archit. 1972, pp. 107, 216. - PAULI 1921, p. 69. - QUEM. DDL t. 16. - Sculpt. 1978, p. 511.
lit [li] n. m.
ÉTYM. XIe; du lat. lectus.
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1 Meuble destiné au coucher, cadre supportant des parties souples et habituellement garni d'éléments (literie) destinés au confort. ⇒ Couche (littér.); fam. et pop. paddock, 3. page, pageot, pagne, pagnot (vieilli), 2. pieu, plumard, plume (n. m.), pucier, schlof et aussi dodo (enfantin). || Parties d'un lit : châssis, cadre du lit. ⇒ Carrée, châlit, goberge, socle. — ☑ Loc. Bois de lit. || Pieds de lit. — Balustre (cit. 4), colonnes de lit. || Ciel de lit. ⇒ Baldaquin, dais. || Garniture de lit. ⇒ Literie; sommier; matelas, paillasse; alaise, drap (cit. 4); oreiller, taie, traversin; couverture (cit. 2), couvre-pied (cit.), édredon; courtepointe, couvre-lit, housse; coussin. || Tentures, rideaux de lit. ⇒ Cantonnière, courtine (cit. 1), lambrequin, pavillon, pente, tour (de lit). || Tête (⇒ Chevet, dossier), pied d'un lit. || Lit à deux places, lit pour deux personnes. || Petit lit. || Lit d'enfant (⇒ aussi Berceau). || Lits jumeaux : lits semblables, à une place, installés l'un près de l'autre. || Lit de milieu. || Ruelle d'un lit. || Lit d'angle. || Lit dans une alcôve, une niche. || Chambre à un, deux, à plusieurs lits. || Les lits d'un dortoir. — Sortes de lits : lits à baldaquin (cit. 2), à colonnes, à quenouilles, etc. (→ ci-dessous Loc. Techn.). || Lit clos ou lit breton, lit en armoire (cit. 7) : lit à battants de bois qui se ferment. — Lit de sangle : lit fait de sangles ou de toile fixée à deux montants de bois soutenus par des pieds croisés. || Lit de planches, surélevé. ⇒ Bat-flanc. || Lit-divan. || Lit pliant, transformable. ⇒ Convertible; canapé (canapé-lit). || Lit-cage : lit dont le châssis métallique est pliant. || Lit gigogne. || Lits superposés. || Lit portatif. (⇒ aussi les mots Hamac, litière, natte, paillasse).
♦ Vx. || Lit-sac. → mod. Sac de couchage.
♦ Loc. techn. (arts décoratifs). || Lit d'ange, à rideaux retroussés et sans quenouilles. || Lit à la duchesse : grand lit à quatre colonnes, baldaquin et rideaux. || Lit en tombeau, dont le ciel est plus haut à la tête qu'au pied, ou dont le bois est carré. || Lit en bateau, en gondole (plus fréquemment lit bateau, lit gondole). — Lit de bout, placé la tête au mur. — Lit de travers, placé en travers de la pièce et composé d'une couche à deux chevets symétriques (il apparaît vers 1775). — Lit en housse (Louis XIII), formé d'un bâti caché par les courtines de velours (il fut remplacé par les lits à la duchesse et à l'ange, appelés aussi lits à la française). — Lit à la polonaise : lit français à la mode vers 1750 (ainsi nommé en l'honneur de Marie Leszczyńska), lit de travers dont les montants soutiennent un petit baldaquin. — Lit à la turque : lit de travers avec un panneau de fond amovible. — Lit à l'impériale : lit « en bateau » à la mode au Ier Empire.
♦ Spécialt. a Partie rigide qui soutient l'ensemble. || Un lit de bois, d'acajou (→ Calicot, cit. 1), de noyer (→ Foyer, cit. 12). || Ce menuisier fait des lits. || Lit métallique. || Lit de fer, de tôle (→ Coruscant, cit. 1), de cuivre. || Acheter un lit d'époque (cit. 13). || Monter, démonter un lit (→ Chambard, cit.).
b Literie (sur laquelle on s'étend); lit, sommier et matelas. || Lit mou, moelleux, douillet. || Lit dur, inconfortable; (fam.) lit rembourré en (avec des) noyaux de pêche. || Bon lit; mauvais lit. ⇒ Grabat, cit. 1 et 2 (→ Peautre, vx). || Lit de plume : matelas de plume. ⇒ Couette (→ Alcôve, cit. 2).
c Vx. Ensemble des pièces en étoffe qui ornent le lit. « On dit qu'une femme se fait faire un lit pour ses couches, c'est-à-dire, le tour et la garniture, les pentes, les rideaux de lit » (Furetière).
1 Le lit, en vieille perse et à rideaux de perse doublés de rose, était un de ces lits à la duchesse si communs au dix-huitième siècle et qui avait pour ornements une touffe de plumes sculptée au-dessus des quatre colonnettes cannelées de chaque angle.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 331.
2 Deux nattes de paille, posées sur des planches, servaient de lit aux deux religieuses.
Balzac, Un épisode sous la Terreur, Pl., t. VII, p. 437.
2.1 Thénardier la mena dans une chambre au premier qui était d'une rare splendeur, toute meublée en acajou avec un lit-bateau et des rideaux de calicot rouge.
Hugo, les Misérables, III, VIII.
2.2 On arrivait à la chambre à coucher, la seule pièce habitée, meublée d'acajou, très-confortable. Le lit surtout était surprenant, avec ses quatre matelas, ses quatre oreillers, ses épaisseurs de couvertures, son édredon, son assoupissement ventru au fond de l'alcôve moite. C'était un lit fait pour dormir.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 86.
2.3 (…) Chaque chambre à coucher est distincte du cabinet de toilette. On ne saurait trop recommander de faire de cette pièce, où se passe un tiers de la vie, la plus vaste, la plus aérée et en même temps la plus simple. Elle ne doit servir qu'au sommeil : quatre chaises, un lit en fer, muni d'un sommier à jour et d'un matelas de laine fréquemment battu, sont les seuls meubles nécessaires.
J. Verne, les Cinq Cents Millions de la bégum, p. 170.
3 On me montra un de ces lits en forme d'armoire, à deux places, qui avait été préparé pour Yves et pour moi. Je devais habiter l'étagère supérieure, qui était garnie de gros draps de toile rousse bien propres et bien raides.
Loti, Mon frère Yves, XVII.
3.1 (…) le gai retour dans sa chambre en sentant un sourire de bonheur ruisseler sur sa figure, en ne pouvant pas s'empêcher de sauter de joie à la pensée du grand lit chaud de notre chaleur, du feu brûlant, de la boule, des édredons et des couvertures de laine qui ont passé leur chaleur au lit dans lequel nous allons nous couler, nous murer, nous fortifier, nous cacher jusqu'à la figure, comme contre (des) ennemis qui frapperaient au-dehors (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 519.
4 (…) les lits jumeaux, quelquefois collés l'un contre l'autre, de façon qu'à la rigueur draps et couvertures puissent être communs; mais le plus souvent séparés par une ruelle (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XV, p. 195.
5 (…) un lit à quenouilles encourtiné de cretonne bleue et blanche, bombait sa paillasse et sa couette entre ses quatre pieds massifs.
M. Genevoix, Raboliot, III.
6 (…) un petit lit tout maigre en cage de fer avec des pieds à roulettes (…)
J. Giono, le Chant du monde, II, VII.
7 Un lit étroit, et, lui aussi, vieux d'un bon siècle : on y avait sculpté au chevet et au pied deux volutes en col de cygne dans un noyer dur.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 92.
8 Il vit une chambre poussiéreuse, avec un lit-cage, un pot à eau et une cuvette sur une coiffeuse (…)
Sartre, le Sursis, p. 294.
8.1 (…) le lit « à la polonaise » est un lit de travers, à deux chevets d'égale hauteur encadrés de hautes tiges courbées vers l'intérieur et supportant un petit dôme à galerie visible.
Guillaume Janneau, le Mobilier français, p. 68.
8.2 Que sont donc devenus les anciens meubles que l'on voit encore dans la plupart des maisons modestes et particulièrement chez moi ? Les lits-clos ont disparu les premiers des intérieurs, remplacés par des lits découverts. De Quimper et d'autres lieux sont venus des marchands qui en ont emporté un certain nombre depuis la fin de la guerre de 1914, en les payant soit en argent soit en lits de fer à boules de cuivre. Un lit de fer contre deux lits-clos de chêne ou de châtaignier. Nécessité souvent pour les pauvres.
Pierre-Jakez Hélias, le Cheval d'orgueil, p. 485.
♦ ☑ Loc. verbales. Aller au lit, se mettre au lit. ⇒ 1. Coucher (se). ☑ Tout le monde au lit ! || Se coucher (cit. 18) dans un lit, sur un lit. || Entrer, se glisser (cit. 42) dans un lit (→ fam. Dans les bâches, les toiles). || S'étendre, s'allonger, se reposer sur son lit. || Se blottir, s'enfoncer (cit. 25), se vautrer, se tourner dans son lit. || Elle se jeta sur son lit, en travers du lit. || S'asseoir au bord d'un lit. || Partager son lit avec un ami. — Dormir dans un lit, spécialt, par oppos. à tout ce sur quoi on dort et qui n'est pas un lit. || Dormir dans son lit, chez soi, par oppos. aux autres lits où l'on a couché (hôtel, etc.). — Être au lit : être couché, alité. || Rester au lit toute la matinée. → Faire la grasse (cit. 46) matinée. || Déjeuner, lire au lit. — Sortir du lit (→ Alarme, cit. 12; jour, cit. 8). ⇒ 1. Lever (se). || Sauter du lit. ☑ Au saut du lit : au réveil, de bon matin. || Arracher (cit. 45), tirer quelqu'un de son lit (→ Fournée, cit. 7).
9 Un lit avec des matelas et des draps ! comme tout le monde ! il y a dix-neuf ans que je n'ai couché dans un lit !
Hugo, les Misérables, I, II, III.
10 Restez encore, dit-il (…) Je vais me mettre au lit. Dans peu d'instants, je dormirai (…)
Valéry, Monsieur Teste, p. 30.
♦ Faire un lit : installer, disposer la literie pour qu'on puisse s'y coucher confortablement (→ Courtepointe, cit. 1; habiller, cit. 1). || Préparer, dresser (vx) un lit (→ Hôtellerie, cit. 1). ☑ Lit en portefeuille. || Border (cit. 7) un lit. || Chauffer, bassiner un lit. ⇒ Bassinoire, bouillotte, chauffe-lit, moine. || Un lit défait. — ☑ Prov. Comme on fait son lit on se couche.
♦ Par ext. Le coucher. || Avoir le lit et le couvert chez quelqu'un. || La table et le lit (→ Ingérer, cit. 2).
♦ Dans le contexte de la maladie. || Malade contraint de se mettre au lit, de prendre le lit (→ Indisposer, cit. 7). || Garder le lit. ⇒ Alitement; aliter (s'). — Par ext. ☑ Garder le lit : garder la chambre (cit. 8). ☑ Ne pas quitter son lit, être cloué (cit. 5) au lit, dans son lit (→ Grabataire). || Soins qui vous tiennent, vous immobilisent deux mois au lit, qui exigent deux mois de lit (→ Immobilité, cit. 4).
♦ Lit mécanique, permettant de soulever le malade sur des sangles. || Lit orthopédique, disposé pour aider au redressement de la colonne vertébrale. || Médecine clinique qui se pratique au lit des malades.
♦ ☑ Loc. Lit de mort. || Elle le vit pour la dernière fois sur son lit de mort. — Par ext. || Sur son lit de mort : sur le point d'expirer (→ Escorter, cit. 9); jusqu'à son lit de mort : jusqu'à la fin de sa vie. || Lit funèbre (cit. 10). ☑ Mourir dans son lit, dans son propre lit, d'une mort naturelle, non violente (par oppos. à une mort accidentelle).
11 (…) le triste monarque s'était trouvé presque tout seul, comme les autres rois ne se voient d'ordinaire qu'à leur lit de mort; mais il semblait que le trône fût sa couche funèbre aux yeux de la cour, son règne une continuelle agonie, et son ministre un successeur menaçant.
A. de Vigny, Cinq-Mars, VII.
12 Oui, on peut à la fin avoir le désir de mourir dans son lit (…) Moi, après avoir bien trimé toute ma vie, je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi.
Zola, l'Assommoir, t. I, II, p. 49.
13 La pauvre jeune femme, foudroyée par le chagrin, prit le lit, délira pendant six semaines.
Maupassant, les Contes de la Bécasse, La folle.
14 Pendant le mois de décembre, Marguerite eut une angine. Dix jours de suite, elle demeura chez elle, au lit. Ma mère lui portait du bouillon, des tisanes, des drogues.
G. Duhamel, Salavin, I, XVIII.
♦ Lit de (et nom exprimant une situation pénible). || Lit d'angoisse, de douleur, de souffrance. — Rare. || « Lit de béatitude » (Zola).
15 (…) votre mère (…) qui est maintenant clouée (…) qui est clouée, comme moi, sur un lit de douleurs (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 264.
♦ Par ext. Place couchée, dans un établissement. || Hôpital de trois cents lits, qui peut héberger trois cents malades. || Hôtel de cinq cents lits.
♦ Dans le contexte de l'intimité sexuelle. || Être, se mettre au lit avec qqn. ⇒ 1. Coucher (avec). || Lit nuptial (→ Époux, cit. 10), lit conjugal, lit des amants. || L'intimité du lit (→ Complicité, cit. 2). || Avoir qqn dans son lit. || Époux qui font lit commun. → Dormir ensemble. || Faire lit à part. — ☑ Allus. littér. Être digne du lit des déesses (→ Biberon, cit. 1).
16 Mais quand au lit nous serons (…)
Ronsard, Amours de Cassandre, « Stances ».
17 (…) quand le roi qui faisait lit à part
Comme tous font, voulait avec sa femme
Aller coucher (…)
La Fontaine, Contes et Nouvelles, II, IV.
18 Nous lirons dans le même lit,
Au livre de ton corps lui-même
— C'est un livre qu'au lit on lit —
Nous lirons le charmant poème
Des grâces de ton corps joli.
Apollinaire, Ombre de mon amour, XVI.
19 Deux lits séparés et voisins ont des inconvénients. Cette ruelle qu'on franchit donne au geste un relief, un air de préméditation qui peut froisser une femme.
J. Chardonne, Éva, p. 43.
♦ Par métaphore, le lit symbolisant l'union conjugale. (Vx). ☑ Associer (cit. 4) une femme à son lit, la prendre pour épouse. ☑ Chasser (cit. 8) de son lit : répudier. — ☑ Fig. ⇒ Mariage. Enfants du premier lit (→ Avantage, cit. 26). || Élever les enfants d'un autre lit (→ Fardeau, cit. 15).
20 Lorsque le Roi, contre elle enflammé de dépit,
La chassa de son trône, ainsi que de son lit.
Racine, Esther, I, 1.
21 Nicolas avait deux frères du premier lit qu'on voyait peu dans la famille (…)
Nerval, les Illuminés, Confidences de Nicolas, I, III.
♦ Le lit symbolisant la sexualité. || Au lit, c'est pas un cadeau ! || « Consoler une femme (…) par le lit » (Montherlant).
♦ Sorte de lit aménagé dans les bateaux, les trains… || Lit de bord. ⇒ Couchette.
♦ Lit de camp. ⇒ Camp; → 1. Garde, cit. 75.
♦ Lit de repos : meuble, siège sur lequel on peut s'allonger pour se reposer. ⇒ Canapé, divan, sofa. — Vx. || Lit de jour.
22 (…) ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 113.
23 La comtesse était couchée sur un lit de repos, dans une espèce de parloir à poutrelles noires et à murs blancs (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
♦ Antiq. || Lit de table, sur lequel on mangeait allongé (⇒ Triclinium).
♦ Lit de parade : lit qui ne sert qu'à l'ornement d'une pièce; lit sur lequel est exposé (cit. 1) un mort illustre avant les funérailles.
24 (…) ils la prirent et la portèrent sur le lit (…) Comme tous les lits de parade, ce lit n'avait pas de draps, les deux médecins déposèrent madame Graslin sur le couvre-pied de damas rouge et l'y étendirent.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 753.
♦ ☑ (1377; du sens « dais », 1318). Dr. anc. Lit de justice : dais sous lequel le roi se plaçait lorsqu'il tenait une séance solennelle du parlement. — Par ext. La séance elle-même. — Spécialt. Séance par laquelle le roi ordonnait au parlement d'enregistrer en sa présence les ordonnances, les édits refusés par cette assemblée, malgré les lettres de jussion. || Tenir un lit de justice.
25 En 1756, lorsque Louis XV, fatigué des querelles entre la magistrature et le grand conseil à propos de l'impôt de deux sous, prit le parti de tenir un lit de justice, les membres du parlement remirent leurs offices. Seize de ces démissions furent acceptées, sur quoi il y eut autant d'exils.
A. de Musset, Contes, « La mouche », I.
26 Une série d'édits bursaux avaient été portés au parlement de Paris et enregistrés d'autorité, en lit de justice, le 20 mars 1655. Mais, peu après, les Enquêtes réclamèrent, comme autrefois, l'assemblée des chambres pour les discuter librement (…) C'est alors que le jeune roi Louis XIV (…) accourut en costume de chasse pour tenir un nouveau lit de justice (13 avril), dans lequel il défendit toute assemblée et toute délibération sur ses édits (…)
Lavisse et Rambaud, Hist. général du IVe s. à nos jours, t. VI, p. 36-37 (→ aussi Fouet, cit. 1, Voltaire).
♦ ☑ Loc. fig. Faire le lit de (qqch.) : créer les conditions favorables à qqch. ☑ Faire le lit de qqn : préparer son accession au pouvoir — Faire son lit dans… : s'installer avec plaisir dans… || « Cette France (…) qui faisait son lit dans la honte et dans l'iniquité » (Zola, in T. L. F.). — ☑ Lit de Procuste : cadre contraignant, qui gêne, fait souffrir (allus. au brigand de la mythologie grecque qui couchait ses victimes dans des lits trop grands ou trop petits et les ramenait à la dimension de la couche).
2 Par ext. (Lit de…). Couche (d'une matière quelconque) sur le sol, où l'on s'étend, où l'on dort. ⇒ Matelas, tapis. || Se coucher sur un lit de feuillage. || Lit de paille. ⇒ Litière. || Un lit de mousse et de fleurs (→ Asile, cit. 31). || Lit d'épines des anachorètes (→ Aiguillon, cit. 6). || Lit de poussière (cit. 6). — ☑ Loc. Le lit de roses des sybarites. — ☑ Fig. Être couché sur un lit de roses : s'abandonner à sa félicité.
27 (Celui) qui se fait sur la terre un lit de feuilles odorantes, qui s'y couche et repose (…)
Saint-John Perse, Œuvre poétique, I, « Anabase », X.
♦ Par analogie :
28 On apporta des côtelettes d'agneau, tendres, légères, couchées sur un lit épais et menu de pointes d'asperges.
Maupassant, Bel-Ami, I, IV.
3 (1306). Couche horizontale. || Un lit de cendres. — Disposer des fruits par lits. || Lits alternés de biscuits et de confitures dans un gâteau. — Constr. || Lits des grosses pierres d'un mur (→ Cailloutage). || Lit de sable. ⇒ Couchis.
29 (…) vous vous transformez en cuisinier. La truite, vidée, écaillée, légèrement graissée de saindoux, repose au-dessous du lit de braise (…)
M. Constantin-Weyer, Source de joie, VIII.
♦ Géol. Couche (de matériaux déposés progressivement par les eaux, l'érosion…). ⇒ Dépôt, strate. || Un lit d'argile (→ 1. Brillant, cit. 1). || Des lits horizontaux de calcaire (cit. 1). || Les lits d'une roche. → Roche litée; déliter une roche.
♦ Techn. || Lit d'une pierre, lit de carrière : situation de la couche de pierre dans le sol, la carrière. || La pierre de construction des assises doit être posée dans le sens de son lit de carrière. — Par ext. Chacune des deux faces par lesquelles les pierres sont superposées dans une construction. || Les lits et les joints d'une pierre de taille. Les assises d'une construction elles-mêmes. || Lit des fondations.
30 Chacun havait le lit de schiste, qu'il creusait à coups de rivelaine; puis, il pratiquait deux entailles verticales dans la couche, et il détachait le bloc, en enfonçant un coin de fer, à la partie supérieure.
Zola, Germinal, I, IV.
♦ Fig. Champ d'action (Saint-John Perse, in T. L. F.).
♦ Vx. || Au lit d'honneur : au champ d'honneur.
4 (V. 1265, « canal »). Creux naturel du sol; canal dans lequel est contenu et coule un cours d'eau. || Rivière qui se creuse (cit. 12) un lit (→ Boueux, cit. 2; infiltrer, cit. 2). ⇒ Ravin, ravine. || Profil du lit (→ Crue, cit. 2). || Fleuve qui sort de son lit. ⇒ Déborder. || Lit de hautes eaux ou lit majeur; lit de basses eaux, ou lit ordinaire, lit mineur (→ Débit, cit. 5). || Lit à sec (→ Croupir, cit. 6). || Détourner une rivière de son lit. ⇒ Cours. || Galets, cailloux, sable, limon du lit des cours d'eau. || Bancs de sable, atterrissements (cit. 1), îles des lits fluviaux. — Par ext. || Lit de glacier. — Vx. || Lit de la mer, des océans, le fond (→ Étage, cit. 10).
31 Ce ruisseau avait un lit pierreux, profond par endroits de quatre à cinq mètres.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 112.
32 La voix de Jacques s'apaisait, d'ailleurs, progressivement, comme un flot tumultueux qui rentre dans son lit.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 191.
5 Mar. || Lit de marée, lit du courant : endroit où la marée, le courant ont le plus de vitesse. — (1573). || Lit du vent, la direction dans laquelle il souffle. ⇒ Aire.
33 C'est là que, croisant sous voiles et voyant sans être vus, ils ont toujours l'avantage du vent sur les bâtiments auxquels la force et le lit constant des vents ne permettent pas de passer au-dessus de l'île (…)
Raynal, Histoire philosophique et politique…, XIII, 33.
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DÉR. Litage, 2. liteau, litée, liter, literie, litière.
HOM. Li, 1. lie, 2. lie, 2. lis; formes du v. 1. lire.
Encyclopédie Universelle. 2012.