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piller

piller [ pije ] v. tr. <conjug. : 1>
• déb. XIVe; pillier 1280; de l'a. fr. p(e)ille « chiffon », lat. pilleum « bonnet »
1Dépouiller (une ville, un local) des biens qu'on trouve, d'une façon violente, désordonnée et destructrice. dévaster, écumer, ravager, razzier, saccager (cf. Mettre à sac). Piller et incendier un château. « Empêcher ses soldats de piller la ville » (Balzac). Magasin pillé lors d'une émeute. Absolt « Quatre soldats rôdant pour piller » (Stendhal). Par anal. Les singes « pillant les jardins » (Loti).
Par exagér. Dévaliser. Sa boutique a été pillée, vidée à la suite d'achats massifs.
2Voler (un bien) dans un pillage (cf. Faire main basse sur). Piller les objets de culte dans une église. Objets pillés dans un magasin.
3Dépouiller par des concussions, des vols, des détournements. « Serviteurs qui pillez la maison » (Hugo).
4Fig. Plagier (qqn) sans respect de la propriété littéraire. « Lorsque les historiens sont contemporains, il est difficile [...] de savoir qui est celui qui a pillé l'autre » (Voltaire).
5S'attribuer (un texte) d'un auteur qu'on plagie. Les passages qu'il a pillés chez Plaute. Piller des informations. fam. pomper.

piller verbe transitif (ancien français peille, chiffon, du latin pileum, bonnet) S'emparer des biens qui se trouvent dans un lieu en causant des dommages, en usant de violence : Les troupes ont pillé la ville. Voler des choses en usant de violence, en causant des dommages : Piller les marchandises d'un magasin. Emporter massivement ce qui se trouve dans un lieu afin de l'utiliser, de le consommer ; acheter des marchandises jusqu'à vider ce lieu : Les vacanciers ont pillé tous les magasins du camping. Détourner à son profit l'argent de quelqu'un, de l'État : Piller les finances publiques. Plagier un auteur. ● piller (citations) verbe transitif (ancien français peille, chiffon, du latin pileum, bonnet) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Bon appétit, Messieurs ! Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison. Ruy Blas, III, 2, Ruy Blas Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La moitié de Madrid pille l'autre moitié. Ruy Blas, III, 2, Ruy Blas piller (synonymes) verbe transitif (ancien français peille, chiffon, du latin pileum, bonnet) S'emparer des biens qui se trouvent dans un lieu en...
Synonymes :
- dévaliser
- dévaster
- écumer
- mettre à sac
- ravager
- saccager
Voler des choses en usant de violence, en causant des...
Synonymes :
- faire main basse sur
- voler
Détourner à son profit l'argent de quelqu'un, de l'État
Synonymes :
- distraire
- extorquer
- soustraire
Plagier un auteur.
Synonymes :
- démarquer
- plagier

piller
v. tr.
d1./d S'emparer de force des biens qui se trouvent dans (une ville, une maison, etc.). L'ennemi a pillé ce village.
d2./d Voler (qqch) en saccageant, en ruinant. Piller les oeuvres d'art d'une église.
d3./d Fig. Plagier, copier de façon éhontée.

⇒PILLER, verbe trans.
I.Courant
A. —1. S'emparer par force de tous les biens que renferme un lieu pris par violence et mis à sac. Piller une ville. Le comte d'Armagnac lui-même ne pouvait les arrêter. Après avoir pillé les maisons, ils se jetèrent sur les couvens et les églises, où s'étaient réfugiées les filles et les femmes (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.3, 1821-24, p.416). Cette collection prouve que les gens qui ont pillé les églises et les couvents sont d'excellents artistes et d'admirables connaisseurs (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.63).
P. métaph. Par lui d'abord [Mammon] les hommes aussi (...) saccagèrent le centre de la terre, et avec des mains impies pillèrent les entrailles de leur mère, pour des trésors qu'il vaudrait mieux cacher (CHATEAUBR., Paradis perdu, 1836, p.59).
2. S'emparer par la force des biens de particuliers. La population se voit piller par les brigands comme une femme du peuple se sent battre par son mari, en admirant comme il frappe bien (ABOUT, Roi mont., 1857, p.23).
Empl. abs. Mais c'était le pillage, l'incendie, le meurtre et le viol certains. Et les Bourguignons seraient venus la reprendre (...) y piller, brûler, violer, massacrer de nouveau (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.472).
B.P. ext.
Dérober, emporter le bien d'autrui. Synon. dévaliser, faire main basse sur (fam.; v. bas1 I A 3 c). Tout à coup le roi apprit qu'une troupe de Français attaquait l'armée anglaise par derrière et venait de piller ses bagages (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.77). Il entra au service du chevalier de Trigand, qu'il ne vola pas (...) mais qu'il pilla comme un pays conquis (SAND, Valentine, 1832, p.77).
P. anal. Moi, j'ai toujours défendu de dénicher les moineaux de la ferme: ça nous pille beaucoup de grain, mais ça nous en sauve encore plus (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.48).
Dépouiller par des manoeuvres frauduleuses (vols, concussion, détournements, etc.). Piller les deniers de l'État. (Chacun d'eux fouille dans la cassette, et en tire quelque chose en poussant des cris de joie) (...) Le roi: (...) Ah çà! mais on a donc pillé le trésor de la couronne, ici? (DUMAS père, Jeunesse Mousquet., 1849, III, 10, p.146). [Louis Bonaparte] se tourne vers les juges inamovibles, et leur dit: —Magistrature, je brise la Constitution, je me parjure, je dissous l'Assemblée souveraine (...) je pille les caisses publiques, je séquestre, je confisque, je vole, j'escroque, je spolie (...) regardez les lois, elles sont sous mes pieds (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p.205).
P. ext. Prendre tout, ne rien laisser. Il s'en va dans les bois et pille les fraisiers. Il s'attarde. La lune a rongé le sentier Qui bouge (JAMMES, De tout temps, 1935, p.103).
C.Au fig. ou p. métaph. Prendre à son compte, faire passer pour siennes les créations d'autrui, plagier. Dîné chez Bertin; le bon Delsarte m'a dit que Mozart avait outrageusement pillé Galuppi, à peu près sans doute comme Molière a pillé partout où il a trouvé (DELACROIX, Journal, 1855, p.317). Tu devrais être fier, car c'est toi le véritable triomphateur du Salon, cette année. Il n'y a pas que Fagerolles qui te pille, tous maintenant t'imitent (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.323).
II.Spécialement
A.CHASSE. [En parlant d'un chien de chasse] S'élancer sur le gibier, ne plus rester en arrêt. [Le chien] tenait l'arrêt (...) il y serait encore, je crois, en arrêt, si son maître ne lui eût crié: «Pille! pille!» (DUMAS père, Chasse au chastre, 1850, I, 1, p.183).
B.JEUX, vx. Piller ou faire pille. ,,Avoir le droit, dans certains cas, de prendre pour soi, toutes les cartes d'une même couleur`` (LITTRÉ).
REM. 1. Pille, subst. fém., jeux. [Corresp. à supra II B] Jouer à pille. [Nos ancêtres] jouaient (...) au malheureux, à pille, nade, jocque, fore (KOCK, Ficheclaque, 1867, p.41). 2. Pilloter, verbe trans. Commettre ici et là de petits larcins. Les voisins, dont il pillotait volontiers les poulaillers et les vergers et qu'il houspillait après boire, n'intercédèrent pas pour sa libération (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p.211).
Prononc. et Orth.:[pije], (il) pille [pij]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoit. XIIIes. «malmener, houspiller» (Gaufrey, 103 ds T.-L.); b) 1288 en partic. «malmener, mordre (en parlant d'un chien)» (JACQUEMART GIELEE, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 3427); 1680 (RICH.: On dit aussi en parlant à un chien, pille, c'est-à-dire, prend ce qu'on te jette) —XVIIIes. «assaillir avec violence» (VOLTAIRE ds DG), encore ds HAUTEL 1808; 2. a) ca 1277 «dépouiller quelqu'un (par la ruse)» (ADAM DE LA HALLE, Jeu de la Feuillée, éd. J. Dufournet, 1063); b) déb. XIVes. peillier «prendre, se saisir de quelque chose (par la violence)» (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XI, 104); c) 1680 jeux «prendre, enlever» (RICH.). Dér. du lat. «chiffon», v. peille; cf. les comp. espillier, despillier «maltraiter, malmener, houspiller» bien att. aux XIIIe-XIVes., v. T.-L., GDF. et FEW t.8, p.496 à 501. Fréq. abs. littér.:733. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1309, b) 1252; XXes.: a) 833, b) 825.
DÉR. Pillerie, subst. fém. Action de piller, de voler, de commettre des larcins; résultat de cette action. Il parle des pilleries d'officiers du génie, qui feraient inscrire sur les feuilles des entrepreneurs 300 ouvriers, là où un atelier de 50 travaille seulement (GONCOURT, Journal, 1870, p.595). D'Hazebrouck à Gravelines, les bandes tenaient la campagne, ce n'était que pilleries; on voyait flamber les villages jusqu'à Furnes, par-dessus les coteaux de Bamberque, à vingt lieues (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1378). []. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. 1345 pillorie (Interrogatoire et jugement ds A. et E. MOLINIER, Chronique normande du XVIes., p.227); 1360 pillerie (Ordonnances des Rois de France, t.3, p.434); de piller, suff. -erie.
BBG. —BACH (E.). Rückzugsgebiete von im Mittelalter weiter verbreiteten altfranzösischen Wortfamilien im Gallorom. Wuppertal, 1979, pp.37-38. —JABERG (K.). Mittelfranzösische Wortstudien. In:[Mél. Jud (J.)]. Genève; Zurich-Erlenbach, 1943, pp.299-328. —LECOY (F.), LEVY (R.). Apostilles de lexicogr. raschianique. Romania. 1960, t.81, p.280. —TRACC. 1907, p.162. —WIND 1928, p.174.

piller [pije] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIVe; pillier, v. 1280; de l'anc. franç. p(e)ille « chiffon », lat. pilleum « bonnet », puis « morceau de feutre, chiffon ».
———
I
1 Dépouiller avec violence, en s'emparant de ce que l'on trouve à son gré, en commettant des dégâts. Pillage. || Piller un lieu, une maison, un pays… Butiner (vx), dévaster, ravager, sac (mettre à sac), saccager, voler. || Les Normands (cit. 2) pillèrent les plus fières cités. || Empêcher ses soldats de piller une ville (→ Grâce, cit. 40).Au p. p. || Des magasins pillés au cours d'une émeute. || Village pillé et incendié.Absolt. || Soldats qui rôdent pour piller (→ Logement, cit. 8). Butiner, marauder.
1 Tu es venu; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? (…) t'avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ?
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, II.
Par anal. || Oiseaux qui pillent un verger.
2 Les singes ont depuis des siècles envahi Agra, vivant à l'état libre sur les toits (…) pillant les jardins ou les marchés d'alentour.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), VI, III.
Par exagér. (Passif et p. p.). || Sa boutique a été pillée, vidée à la suite d'achats massifs.
3 (…) les épiceries pillées, les basse-cours dévastées, le pain moisi qu'on se disputait (…)
R. Dorgelès, les Croix de bois, I.
Par ext. :
4 La boutique en désordre, les chambres désertes, l'alcôve de son père vide, tout présentait à ses regards la nudité de la misère. Il ne restait pas une chaise; tous les tiroirs avaient été fouillés, le comptoir brisé, la caisse emportée; rien n'avait échappé aux recherches avides des créanciers et de la justice, qui, après avoir pillé la maison, étaient partis, laissant les portes ouvertes, comme pour témoigner aux passants que leur besogne était accomplie.
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », III.
2 Vx. Dévaliser.
5 (…) être pillé ou massacré dans d'épaisses forêts (…)
La Bruyère, Les Caractères, X, 24.
3 Prendre, emporter ouvertement, par la violence (le bien d'autrui). Dérober, voler (→ Faire main basse sur…). Au p. p. || Des monts d'or pillés à la guerre (→ Harpie, cit. 2). || Tissus pillés dans un magasin (→ Méli-mélo, cit.).Par anal. || Frelons (cit. 1) qui vont piller le miel de l'abeille.
4 (1538) Par ext. Dépouiller par des vols, des concussions, des détournements. || Piller le trésor public (→ Infamant, cit. 2).Au p. p. || Provinces de l'Ancien Régime pillées par les fermiers généraux. Dévorer.Serviteurs qui pillent la maison (→ Appétit, cit. 15; exaction, cit. 5; 1. manger, cit. 11).
6 (…) ma dépense va tous les ans fort au-delà de mes revenus. Et pourquoi ? C'est qu'on me vole, c'est qu'on me pille.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XV.
7 (…) la caisse abyssine est constamment vide. Les revenus des Gallas, de la douane, des postes, du marché, et les autres recettes sont pillés par quiconque se met à les toucher.
Rimbaud, Correspondance, CXXX, août 1887.
5 (1672). Fig. Puiser dans une œuvre, en donnant pour sien ce qu'on y prend. Plagier. || C'est un imitateur, un plagiaire : il a pillé l'œuvre de Balzac. Par ext. || Il a pillé cet historien sans aucun scrupule.Emprunter. || Piller une phrase dans un livre, un auteur. || Il a pillé les idées de son livre un peu partout (→ Faire un livre à coups de ciseaux). || Ces vers sont pillés de Racine, pillés dans Racine (Académie). || Tous les endroits (cit. 19) qu'il a pillés.
8 Il pille dans ces livres et ces manuscrits; et quoiqu'il ne fasse qu'arranger et lier ses larcins, il a plus de vanité qu'un véritable auteur.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VI.
9 En achevant ce prononcé, qu'elle avait pillé dans quelque ouvrage du temps, publié à l'occasion d'une querelle toute pareille (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 645.
10 Ignorant comme une carpe, il n'en avait pas moins écrit les articles Sucre et Eau-de-vie dans un Dictionnaire d'agriculture, deux œuvres pillées en détail dans tous les articles des journaux et dans tous les anciens ouvrages où il était question de ces deux produits.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 532.
———
II
1 (1288). Vx. (En parlant d'un chien). Assaillir, se jeter sur.Mod. (Chasse). Se lancer sur le gibier au lieu de rester en arrêt.
11 Et puis, quand le chasseur croit que son chien la pille (la perdrix),
Elle lui dit adieu, prend sa volée, et rit
De l'homme (…)
La Fontaine, Fables, IX, 20.
2 (1694). Fig., vx. Malmener, tourmenter, dire du mal de (qqn).
12 Mais si l'un d'eux est faible, on ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille (…)
Ch. Perrault, Contes, « Le petit Poucet », Moralité.
DÉR. Pillage, pillard, pillerie, pilleur, pilloter.

Encyclopédie Universelle. 2012.