1. pion, pionne [ pjɔ̃, pjɔn ] n.
1 ♦ N. m. Vx Fantassin. ⇒ pionnier, 1o.
♢ (XVe) Pauvre hère.
2 ♦ (1835) Mod. fam. Surveillant, maître d'internat. « Je pris possession de l'étude des moyens [les élèves moyens] J'étais pour eux l'ennemi, le pion » (A. Daudet).
3 ♦ N. m. Fig. et vx Homme de lettres, intellectuel pédant et autoritaire. « Il est le Pion, [...] le moniteur et le répétiteur de la conquérante médiocrité » (Bloy).
pion 2. pion [ pjɔ̃ ] n. m.
♦ Aux échecs, Chacun des huit éléments que chaque joueur place en première ligne au début de la partie. Le pion du roi, de la reine.
♢ Chacune des pièces au jeu de dames, et à divers autres jeux. Pion qui va à dame. — Loc. N'être qu'un pion sur l'échiquier : être manœuvré. Damer le pion à qqn.
pion 3. pion [ piɔ̃ ] n. m.
♦ Phys. Méson π (pi).
● pion nom masculin (de pi et électron) Particule fondamentale, le plus léger des mésons. ● pion (synonymes) nom masculin (de pi et électron) Particule fondamentale, le plus léger des mésons.
Synonymes :
- pi
● pion
nom masculin
(bas latin pedo, -onis, fantassin)
Aux dames, au go, au reversi, etc., chacune des pièces rondes avec lesquelles on joue.
Aux échecs, nom des huit petites pièces qui se placent, au commencement de la partie, sur la ligne antérieure.
Personne, élément qui ne joue qu'un rôle minime, qui est manipulé, dont on dispose arbitrairement : Certains pays ne sont souvent que des pions sur l'échiquier international.
Petite pièce cylindrique emmanchée à mi-hauteur dans une pièce mécanique et destinée à servir de butée, d'appui ou de repère.
● pion (expressions)
nom masculin
(bas latin pedo, -onis, fantassin)
Pion de centrage, pion calibré sur lequel est emmanchée une seconde pièce dont on veut assurer avec précision la position par rapport à la première.
● pion, pionne
nom
(de pion)
Familier. Surveillant(e) ; maître(esse) d'internat.
Populaire. Supérieur hiérarchique tatillon et autoritaire.
pion
n. m.
d1./d JEU Chacune des huit plus petites pièces du jeu d'échecs.
|| Chacune des pièces du jeu de dames.
— Fig. N'être qu'un pion (sur l'échiquier): n'avoir aucune prise sur les événements, être manoeuvré.
— Loc. fig., Fam. Damer le pion à qqn, prendre l'avantage sur lui.
d2./d Arg. (des écoles) Surveillant d'études. (Fém. pionne.)
d3./d PHYS NUCL Méson pi.
I.
⇒PION1, subst. masc.
A. —JEUX DE SOCIÉTÉ
1. JEU D'ÉCHECS. Chacune des petites pièces du jeu, à l'exception des figures. Pions blancs, noirs; pion coiffé; pion du roi, de la reine, de la tour; damer un pion (v. damer1 A 1); avancer, déplacer, pousser un pion sur l'échiquier; prendre un pion à l'adversaire. Sur l'échiquier, vous déplacez les fous, les reines, les pions (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.335). Les parties d'échecs (...) où l'on fait avantage au joueur le plus faible d'un pion, d'un cavalier, d'une tour (Jeux et sports, 1967, p.159). V. échec1 ex. 2, échiquier A 1 ex. de Claudel:
• 1. Une petite table, dressée devant lui, supportait un échiquier et un livre ouvert qu'il consultait tout en manoeuvrant les pions et les changeant de cases...
BOURGET, Actes suivent, 1926, p.147.
2. JEU DE DAMES (et divers jeux de société comme le jacquet). Chacune des pièces du jeu, que le joueur doit déplacer sur un damier. Synon. dame (v. dame1 I B 2 a ). Rangée de pions; pion qui va à dame; pion coiffé; damer un pion (v. damer1 A 2). Un jeu d'dames en papier avec des pions en espèce de pain à cacheter (BARBUSSE, Feu, 1916, p.190). Les tables sont le jeu de trictrac, avec des dés et des pions: elles introduisent déjà le hasard (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.205):
• 2. ... en se remettant à considérer sa partie de dames du haut de ses lunettes (...) il poussa un pion en disant: «Vous permettez? Ce coup m'est dû. Je ne veux pas le perdre.»
G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p.129.
B. —Loc. verb. fig., fam.
♦Damer le pion à qqn. V. damer1 B.
♦(N')être (qu')un pion (sur l'échiquier). Être manoeuvré, manipulé. Il m'a fallu du temps pour comprendre que le progrès ne va pas vite, et que c'est déjà beaucoup demander si l'on prétend à être autre chose qu'un pion sur l'échiquier de nos Messieurs (ALAIN, Propos, 1929, p.848).
♦Pousser un pion (sur l'échiquier). Obtenir un avantage sur un adversaire; manipuler quelqu'un dans un sens qui vous est favorable. Les nEP [non-émotifs primaires] (...) n'immolent pas leurs victimes, comme les précédents, à quelque vue de longue portée, mais à un échiquier d'intrigues au jour le jour dont la ruse et la duplicité poussent les pions (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.493). V. échiquier ex. 3.
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. pion2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin du XIIes. poon «la plus petite pièce du jeu d'échecs» (Raoul de Cambrai, 1588 ds T.-L., s.v. pëon); ca 1380 pëon (JEAN LEFÈVRE, trad. La Vieille, 77, ibid.); 1re moit. du XVes. pion (CHARLES D'ORLÉANS, Ballade, LVIII, 14 ds Poésies, éd. P. Champion, t.1, p.83); 2. a) 1661 fig. donner le pion à qqn «l'emporter sur quelqu'un» (CHAPELAIN, Lettre du 25 avr. ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.2, p.132; v. aussi le commentaire ds HUNTER 1967); 1688 damer le pion «id.», v. damer1; b) 1689 «chacune des pièces au jeu de dames» (LA BRUYÈRE, Les Caractères ds OEuvres, éd. G. Servois, t.2, p.237, § 64). De pion2, en raison de la lenteur avec laquelle se déplace cette figure du jeu d'échecs, comparativement aux autres.
DÉR. Pionner, verbe intrans., jeux de dames et d'échecs. [Le suj. désigne un joueur] Prendre beaucoup de pions, prendre trop souvent des pions; perdre des pions pour en prendre d'autres de même valeur. (Dict. XIXe et XXes.). — [], (il) pionne []. Att. ds Ac. dep. 1798. — 1res attest. 1798 jeu d'échecs (Ac.), 1834 jeu de dames (BOISTE); de pion1, dés. -er.
BBG. —VAN DER STOEP (A.). A History of draughts. Rockanje, 1984, p.64.
II.
⇒PION2, PIONNE, subst.
I. —Subst. masc., vx
A. —Fantassin; domestique à pied en Inde. Deux chameaux, et leurs conducteurs, pour porter ses provisions et ses bagages; deux pions, ou coureurs, pour l'annoncer (BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p.74).
B. —Péj. Homme sans feu ni lieu, individu sans ressources, pauvre hère. (Dict. XIXe et XXes.). Synon. clochard, miséreux, vagabond.
II. —Substantif
A. —Arg. scol. ou fam. Surveillant(e) dans un établissement scolaire. Synon. maître d'étude (vieilli), maître1/maîtresse/surveillant(e) d'internat, surveillant(e) d'externat. Pion de collège, de lycée; se faire pion, chahuter le pion, la pionne. Sénécal (...) se promenait les mains derrière le dos, comme un pion dans une salle d'études (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.252). Elle levait les yeux pour apercevoir, par-dessus le haut mur de la cour, la fenêtre de sa chambre de pionne, à Sainte-Mechtilde (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.394):
• ♦ Les surveillantes ne réussissaient pas à nous faire tenir tranquilles. Nous passions les heures de battement (...) dans (...) «la salle d'étude des cours». Nous bavardions, nous ricanions, nous provoquions la pionne chargée d'y faire régner l'ordre...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.124.
— Empl. adj. Air pion. Mme Daudet (...) se plaignait, ce soir, du côté correcteur, du côté pion de Ganderax et des sots points d'interrogation dont il avait semé ses épreuves (GONCOURT, Journal, 1894, p.539).
B. —Au masc. uniquement, péj. Personne à l'attitude pédante, dogmatique, à l'esprit étroit et lourd. L'auditoire qui garnissait les bancs était composé de vieux rapins, de pions, d'hommes de lettres inédits (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.128). Laissons aux pions les critiques de textes, aux esthètes les critiques de formes (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.90).
— Empl. adj. Il a l'air charmant, (...) exquis, délicieux, pas pion pour un sou (PROUST, Sodome, 1922, p.902).
REM. 1. Pion(n)esque, (Pionesque, Pionnesque)adj., rare, péj. Propre, relatif à un pion (supra II A); semblable à un pion (v. -esque A 1). Je suis ici professeur de littérature, histoire, géographie et anglais (...). Régime excellent. Chambre à part. Nulle surveillance «pionnesque» (VERLAINE, Let., 14 nov. 1878, in A. SÉCHÉ et J. BERTAUT, Paul Verlaine, p.115 ds QUEM. DDL t.21). 2. Pionnerie, subst. fém., hapax. [Corresp. à supra II B] Il était écoeuré par ce qui paraît le plus respectable à la masse, la pionnerie: lourdeur d'esprit, vulgarité de la morale, aucune délicatesse dans le sentiment, suffisance et étroitesse (BARRÈS, in Mercure de France, n° 80, p.369, août 1896, ds QUEM. DDL t.21). 3. Pion(n)icat, (Pionicat, Pionnicat)subst. masc., arg. scol., fam. Travail, emploi de pion. Ni ton père ni le mien n'ont réussi à nous éviter ce hideux pionnicat (BENOIT ds Lar. Lang. fr.). Il pouvait disparaître, tomber à la cloche ou au pionicat (A. CAYATTE, Les Marchands d'ombre, 1938, p.237 ds ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[], fém. []. Homon. et homogr. pion1, 3. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 peon «fantassin» (Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 8179); 3e quart du XVes. pyon (WAVRIN, Anc. chron. d'Angleterre, I, 207 ds GDF.); 1477-79 pion (G. LESEUR, Histoire de Gaston IV, éd. H. Courteault, t.1, p.5); 2. 1505 pehon «pauvre hère» (GRINGORE, Folles entreprises ds OEuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t.1, p.56); 3. arg. scol. a) 1833 «surveillant» (BAUDELAIRE, Corresp., Lettre du 25 mars ds QUEM. DDL t.7); b) 1878 fém. «sous-maîtresse d'un pensionnat de demoiselles» (RIGAUD, Dict. jargon paris., p.265). Du b. lat. pedo, pedonis «qui a de grands pieds» qui a pris en lat. médiév. le sens de «piéton, fantassin» (v. BLAISE Latin. Med. Aev.). Pedo, -onis qui est déjà att. comme surnom en lat. class. (v. OLD, s.v. Pedo3), est issu du lat. pes, pedis, v. pied.
STAT. —Pion1 et 2. Fréq. abs. littér.:250. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 74, b) 452; XXes.: a) 706, b) 331.
III.
⇒PION3, subst. masc.
PHYS. NUCL. ET CORP. Méson (pi) ionisé (d'apr. Nucl. 1975). La constante de couplage entre les champs du nucléon et du pion doit être grande (interaction forte) et ceci ne permet plus d'utiliser une méthode de perturbation comme en électrodynamique quantique (Hist. gén. sc., t.3, vol.2, 1964, p.391).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. pion1, 2. Étymol. et Hist. 1959 (PIR. Atom.). Comp. de pi (gr. ), tiré de méson (1953, Lar. 20e Suppl.), et de -on2, tiré de électron; en angl., pion est att. dep. 1951 (NED Suppl.2).
1. pion [pjɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1470; poon, peon, XIIe; du bas lat. pedo, pedonis « qui a de grands pieds », puis « qui va à pied ». → Péon.
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———
1 Vx. Fantassin (→ Piéton, pionnier). Nom qu'on donnait dans l'Inde aux domestiques à pied (⇒ Péon). — Péj. Pauvre hère, individu sans ressources, sans appui.
2 (1833). Mod. Surveillant, maître d'internat, dans un lycée, un collège, une institution. ⇒ Étude (maître d'étude), pionne, surveillant.
0.1 Cet élève (…) avait fait passer des billets pour le savoir; le pion, l'ayant découvert, lui dit des sottises selon son ordinaire.
Baudelaire, Lettre à son frère, 25 mars 1833, in D. D. L., II, 7.
0.2 Le lendemain, à l'heure où tous les autres jouaient dans la cour, Jean dans la classe faisait tout seul du mot à mot. Le pion même n'était pas resté, disant : « À dix heures je viendrai chercher vos deux cents vers. »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 254.
1 Arriva ensuite une lettre provenant d'un lycée des environs de Paris. On demandait des surveillants pour la rentrée : logé, nourri, blanchi, et deux cents francs par mois (trois ou quatre fois moins qu'un valet de chambre, pour les hommes à qui on confie la jeunesse française). M. de Coantré, qui eût accepté avec joie d'être aide-emballeur, frémit de honte en pensant qu'il pourrait être pion.
Montherlant, les Célibataires, II, VI.
♦ Péj. Homme de lettres, intellectuel, autoritaire et pédant.
2 Beauclerc n'est ni poète, ni romancier, ni même critique. Il n'est pas davantage historien ou philosophe, et n'a jamais fait un livre ou quoi que ce fût qui y ressemblât. Il est le Pion, sans épithète, le Pion du siècle, le moniteur et le répétiteur de la conquérante médiocrité.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 209.
♦ Adj. || Il a l'air pion. || Son ancien titre de surveillant général (1. Général, cit. 23) lui avait paru trop pion.
3 (…) ce colonel un peu pion, qui (…) n'évoque absolument pas le hussard chargeant au galop ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XV, p. 201.
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II (Déb. XIIIe). Aux échecs, chacun des huit éléments autres que les pièces ou figures (roi, reine, cavaliers, fous, tours). || Les pions blancs. — Chacune des pièces au jeu de dames ainsi qu'à divers autres jeux. || Position des pions sur un échiquier (cit. 1). || Avancer un pion. || Pion qui va à dame (1. Dame, cit. 20). || Damer un pion. || Pion du jeu de go. ⇒ Pierre. — ☑ Fig. Damer (cit. 1) le pion à qqn.
♦ Par métaphore. → Jeu, cit. 44. — ☑ N'être qu'un pion sur l'échiquier : être manœuvré, ne jouer dans une affaire qu'un rôle secondaire et passif.
4 Gilieth remettait ainsi, chaque soir, avant de s'endormir, de l'ordre dans son passé. C'était un peu comme une partie d'échecs : il poussait un pion, déplaçait un cavalier, une dame, un événement.
P. Mac Orlan, la Bandera, V.
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DÉR. et COMP. Pionnage, pionne, pionner, pionnicat, pionnier. — Morpion.
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2. pion [pjɔ̃] n. m.
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♦ Phys. Méson π (pi) ionisé. ⇒ Méson. || « Le pion a été découvert en 1947 dans des émulsions nucléaires soumises au bombardement des rayonnements cosmiques » (la Recherche, mars 1980, p. 253).
Encyclopédie Universelle. 2012.