potentiel, ielle [ pɔtɑ̃sjɛl ] adj. et n. m. I ♦ Adj.
1 ♦ Philos. ou didact. Qui existe en puissance (opposé à actuel).⇒ virtuel. — Cour. Ressources potentielles. Capacités potentielles de production. Concurrent, client, marché potentiel.
2 ♦ Gramm. Qui exprime une possibilité. — Mode potentiel, ou n. m. le potentiel, qui exprime ce qui est possible, ce qui peut arriver sous certaines conditions (ex. s'il me payait, je m'en irais). — Ling. Qui est possible et conforme au système, bien que non réalisé. ⇒ virtuel. Forme féminine potentielle.
3 ♦ Phys. Énergie potentielle, que possède un système du fait de sa position dans l'espace. Énergie potentielle élastique (d'un ressort comprimé), gravitationnelle (d'un corps situé à une certaine altitude).
II ♦ N. m. (1869)
1 ♦ Math., phys. Potentiel d'un champ de vecteurs : fonction dont le gradient est égal à l'opposé de ce champ. Champ de forces dérivant d'un potentiel. — Électr. Potentiel électrique : grandeur, exprimée en volts, caractérisant l'état électrique en un point d'un circuit. Différence de potentiel (d. d. p.) entre deux points d'un circuit. ⇒ tension. Chute de potentiel. Barrière de potentiel : effet de répulsion de charges électriques dû aux champs électrostatiques qu'elles créent.
♢ Potentiel nucléaire : énergie potentielle d'une particule, fonction de sa position dans le champ du noyau.
♢ Potentiel chimique : dérivée partielle de l'énergie interne d'un système chimique par rapport à sa masse.
2 ♦ Biol. Potentiel de membrane ou potentiel de repos : différence de potentiel existant entre les faces internes et externes de la membrane cellulaire. Potentiel d'action : inversion faible et de forte amplitude du potentiel de repos, due à des mouvements ioniques rapides.
3 ♦ (1931) Cour. Capacité d'action, de production. ⇒ puissance. « Les nations sont séparées, aujourd'hui, par des différences de potentiel économique et militaire » (Sartre). Potentiel de croissance, de développement. Potentiel de guerre. Potentiel industriel d'une région, d'un pays. — Cadres à haut, à fort potentiel, de haut niveau.
● potentiel nom masculin Ensemble des ressources dont quelqu'un, une collectivité, un pays peut disposer : Le potentiel militaire. Linguistique Forme verbale qui exprime, dans les phrases hypothétiques, l'action qui se réaliserait dans l'avenir si la condition était réalisée (par exemple Si tu me remplaçais, je pourrais partir). Neurologie Différence de potentiel électrique de part et d'autre d'une membrane cellulaire nerveuse ou musculaire ou entre deux points de la surface du corps et générée par le tissu nerveux ou musculaire. Pyrotechnie Travail maximal, rapporté à l'unité de masse, que peut fournir l'explosion d'une matière explosive donnée. ● potentiel (expressions) nom masculin Déperditeur de potentiel, dispositif constitué de fils métalliques, chargé d'évacuer l'électricité statique qui s'accumule sur le fuselage d'un avion en vol. Différence de potentiel (d.d.p.), valeur de la tension électrique UAB entre deux points A et B d'un champ électrique irrotationnel. (On a UAB = VA − VB, VA et VB étant les potentiels des points A et B.) Potentiel électrique, potentiel scalaire du champ électrique. Potentiel d'un champ de vecteurs f, fonction numérique U, si elle existe, telle que f = − grad U. Potentiel zêta, différence de potentiel électrique existant entre le nuage cationique entourant le globule rouge et le milieu ambiant. (Il joue un grand rôle dans l'agglutination des hématies et dans les méthodes d'identification des anticorps sériques.) Potentiel thermodynamique, fonction d'état d'un système thermodynamique. (Les plus courantes sont l'énergie interne, l'énergie libre, l'enthalpie et l'enthalpie libre.) ● potentiel (synonymes) nom masculin Ensemble des ressources dont quelqu'un, une collectivité, un pays peut...
Synonymes :
- force
- possibilités
● potentiel, potentielle
adjectif
(latin médiéval potentialis)
Qui existe virtuellement, en puissance : Qualité potentielle.
● potentiel, potentielle (expressions)
adjectif
(latin médiéval potentialis)
Énergie potentielle, énergie d'un système due à la position d'une partie du système par rapport à l'autre.
● potentiel, potentielle (synonymes)
adjectif
(latin médiéval potentialis)
Qui existe virtuellement, en puissance
Synonymes :
- virtuel
potentiel, elle
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d PHILO Qui existe en puissance (par oppos. à actuel).
d2./d GRAM Qui indique, exprime la possibilité.
|| Le mode potentiel ou, n. m., le potentiel: l'expression de l'éventualité d'un fait futur considéré comme hypothétique.
d3./d PHYS énergie potentielle: énergie d'un système matériel susceptible de fournir de l'énergie cinétique ou du travail.
rII./r n. m.
d1./d Ensemble des ressources dont dispose une collectivité; capacité de travail, de production, d'action. Potentiel industriel d'une nation.
d2./d PHYS, ELECTR Potentiel électrique en un point: énergie mise en jeu pour transporter dans le vide une charge unitaire de l'infini à ce point.
|| Différence de potentiel entre deux points d'un circuit (abrév.: d.d.p.): quotient de la puissance absorbée entre ces points et de l'intensité du courant. L'unité de d.d.p. est le volt.
⇒POTENTIEL, -ELLE, adj. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —Qui existe en puissance, virtuellement. Synon. virtuel. Ressources potentielles; capacités potentielles de production; client, marché potentiel; zones potentielles d'accueil. Les partisans inconditionnels de la thèse faisant du groupe la base exclusive de la vie politique tenteront d'expliquer de telles situations par la notion de groupe de pression virtuel ou potentiel (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p.282). Renseignements précis sur la situation des concurrents effectifs et potentiels (Univers écon. et soc., 1960, p.12-1):
• 1. ... diverses organisations (...) continuellement sollicitées de développer le contact entre les producteurs de l'Ouest et les consommateurs présents ou potentiels de la Russie et de ses satellites.
PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.287.
— PHILOS. Qui existe en puissance et non en acte. Anton. actuel. Le naturaliste (...) ne s'apercevait pas que le continu ou infini plein est une notion toute potentielle, dont la réalisation actuelle est incompatible avec les faits et avec la nature même de l'observation (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.131). La question des rapports du fini et de l'infini, de l'être potentiel à l'être absolu avait été mal résolue (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.1206). Un moyen d'exciter la vitalité imaginative, de transformer une énergie potentielle en actuelle (VALÉRY, Variété [I], 1924, p.244).
♦PSYCHOL. Il semble souvent qu'il y ait un désaccord entre l'état réel des comportements du malade et l'état potentiel décelé par les tests (DELAY, Psychol. méd., 1953, p.203).
B. —MATH., MÉCAN. Énergie potentielle. ,,Énergie qu'un système peut éventuellement libérer en modifiant les positions relatives de ses éléments`` (SARM. Phys. 1978, s.v. énergie). L'énergie potentielle de la gravitation a été la forme originaire de toute l'énergie de l'univers (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p.391):
• 2. ... en admettant (...) que l'énergie potentielle soit proportionnelle au carré de la distance à la position d'équilibre (élongation), et d'autre part que la somme des énergies potentielle et cinétique se conserve, on aperçoit la loi du mouvement...
Gds cour. pensée math., 1948, p.413.
C. —MÉD., vx. [En parlant d'un remède] Qui n'agit que quelque temps après son application (d'apr. LITTRÉ-ROBIN 1858). La pierre infernale est un cautère potentiel, et le bouton de fer rouge est un cautère actuel (Ac. 1835, 1878).
D. —LING., GRAMM.
1. Vx. Particule potentielle. ,,Particule qui indique une condition`` (Ac. 1835-1935).
2. Mode potentiel ou, absol., potentiel, subst. masc. ,,Forme modale qui convient à l'expression d'une possibilité (...) ou virtualité, par opposition à l'irréel, qui répond à l'idée d'une hypothèse irréalisable`` (MAR. Lex. 1951). Le mode potentiel, c'est-à-dire qui exprime l'hypothèse du possible, emprunte (...) tantôt la forme du conditionnel présent, tantôt celle du subjonctif présent (qu'il vienne encore du soleil, le linge sèchera), ou celle du subjonctif imparfait (G. et R. LE BIDOIS, Synt. du fr. mod., Paris, Picard, 1935, § 831). On appelle aussi le potentiel le conditionnel futur, ou le futur du conditionnel (DAGN. 1965). Le potentiel exprime, dans les phrases hypothétiques, l'action qui se réaliserait dans l'avenir si la condition était réalisée. Le potentiel s'oppose à l'irréel (Ling. 1972).
3. Énoncé potentiel, phrase potentielle. ,,Tout énoncé, toute phrase qui peut être formé à partir des règles de grammaire d'une langue et qui peut être interprété au moyen des règles sémantiques de cette langue, mais qui n'a pu être relevé dans un corpus`` (Ling. 1972).
II. —Subst. masc.
A. —SCIENCES
1. MATH. Théorie du potentiel. Théorie qui concerne les fonctions satisfaisant l'équation de Laplace. Voir Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.75.
2. Fonction scalaire ou vectorielle d'une ou plusieurs variables, permettant de décrire un champ.
a) MÉCAN., PHYS.
♦Potentiel(-)vecteur. Fonction à plusieurs composantes. Synon. potentiel vectoriel (d'apr. GDEL). L'électron se déplace dans un champ électromagnétique défini par un potentiel scalaire V et un potentiel vecteur A (L. DE BROGLIE, Théorie quanta, 1959, p.253). Dans un moteur électrique le rotor —partie mobile —se déplace sous l'effet des enroulements fixes du stator, en fournissant de l'énergie mécanique. Ces derniers produisent un potentiel-vecteur tel que le mouvement du rotor est générateur d'énergie mécanique (ARNAUD 1966). V. infra ex. 4:
• 3. ... le flux d'induction magnétique qui traverse une surface limitée par un certain contour peut s'exprimer sans ambiguïté en fonction des valeurs du potentiel vecteur aux divers points de ce contour.
Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.236.
♦Potentiel scalaire. Fonction à une seule composante. Le potentiel scalaire prend (...) une forme fermée et s'exprime à l'aide d'une série finie dont chaque terme est le produit d'un polynome (J. phys. et Radium, 1935, p.26D).
♦Potentiel de gravitation. Potentiel dont dérive la force de gravitation. Les potentiels de gravitation mis en jeu (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.174).
♦Barrière de potentiel. ,,Énergie de répulsion exercée entre deux corpuscules`` (MUSSET-LLORET 1964). Les modèles ondulatoires permettent de comprendre l'effet-tunnel, car les ondes de probabilité —de présence de la particule —peuvent contourner ou traverser une barrière de potentiel (RUYER, Cybern., 1954, p.180).
b) ÉLECTR., ÉLECTROMAGN., ÉLECTROST. Potentiel électrostatique, négatif, positif:
• 4. ... une antenne, qui transforme les vibrations électromagnétiques en un potentiel alternatif. Ce potentiel alternatif se propage le long d'un conducteur coaxial. Ce potentiel arrive dans (...) un mélangeur...
SCHATZMAN, Astrophys., 1963, p.47.
♦Potentiel coulombien, de Coulomb. ,,Énergie d'attraction ou de répulsion de porteurs électrisés obéissant à la loi de Coulomb`` (PIR. Atom. 1959). Ces potentiels sont à variation beaucoup plus rapide en fonction de r que le potentiel de Coulomb (J.-L. DELCROIX, Phys. des plasmas, t.1, 1963, p.96).
♦Potentiel électrique. ,,Potentiel dû à un champ électrique`` (UV.-CHAPMAN 1956). Variation du potentiel électrique. V. électrique A ex. de Fontaine:
• 5. Les électrons gardent leur énergie cinétique tout en glissant vers les régions à fort potentiel électrique: c'est alors l'énergie potentielle des électrons qui est convertie en énergie électromagnétique et l'on peut montrer que ce mécanisme possède un très bon rendement énergétique.
Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.279.
♦Chute de potentiel. Chute du potentiel entre deux points (v. chute I A 3). Énergie cinétique calculée d'après la chute de potentiel entre l'anode et la cathode (Mme P. CURIE, Isotopie, 1924, p.93). [Dans l'art électrique] il existe au voisinage de la cathode une forte chute de potentiel et (..) là (...) se produit l'ionisation de l'air (J. MERCIER, Radio-électr., 1937, p.46).
♦Potentiel retardé. Potentiel évalué en tenant compte du temps de propagation entre le point d'émission et le point de réception des ondes électromagnétiques. Problèmes dont la solution a exigé l'intervention de branches élevées de l'analyse mathématique; la théorie des potentiels retardés, celle de la propagation des perturbations électriques le long des conducteurs (Gds cour. pensée math., 1948, p.402). Lorenz ne semble pas se douter que les équations de propagation auxquelles satisfont ses potentiels retardés sont mathématiquement équivalentes à celles que proposait Maxwell (Hist.gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.229).
♦Différence de potentiel. Variation de potentiel entre deux points. Différence de potentiel magnétique. C'est en vertu de la différence des potentiels de deux points que l'électricité se transmet de l'un à l'autre (H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p.3). Si l'on admet la loi de Planck, Oon mesure les longueurs d'onde en mesurant une différence de potentiel ou un champ magnétique (M. DE BROGLIE, Rayons X, 1922, p.37). Entre deux points d'un métal, on établit une différence de potentiel, il en résulte un champ électrique (J. MERCIER, op.cit., p.94). V. différence B 2 b ex. de Breton.
— P. métaph. L'inconnu, mais aussi l'action. Cette idée, chargée de potentiel, l'avait aussitôt redressé (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.592). Un jour de rogne, feuilletant une revue littéraire, elle eut le régal d'un très bel article sur les différences de potentiel amoureux qui résultent de certaines distances sociales (AYMÉ, Confort, 1949, p.116).
3. a) PHYS. NUCL.
♦Potentiel nucléaire. ,,Énergie potentielle d'un nucléon en fonction de sa position et de son état quantique dans le champ d'un nucléon ou d'un noyau`` (Nucl. 1975). La sphère de cristal a un indice de réfraction complexe. Cet indice correspond à un potentiel nucléaire complexe dont la partie réelle rend compte de la réfraction, c'est-à-dire de la diffusion élastique (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.366).
♦Potentiel d'excitation. ,,Voltage nécessaire pour exciter l'atome, c'est-à-dire pour transporter (ou rejeter) un électron satellite sur une orbite plus éloignée du noyau`` (CHARLES 1960). L'intensité du spectre continu s'annule pour une radiation de fréquence maxima (...) très exactement reliée au potentiel d'excitation par la relation des quanta (M. DE BROGLIE, op.cit., p.74).
♦Potentiel d'extraction. Potentiel électrique minimal nécessaire pour extraire un électron d'une substance (d'apr. Nucl. 1975).
♦Potentiel d'ionisation. Énergie, évaluée en électron-volts, nécessaire pour ioniser un atome en lui arrachant un électron. Potentiels d'ionisation et de résonance (M. DE BROGLIE, op.cit., p.23). [Dans l'arc électrique] la chute cathodique (...) ne peut pas être inférieure au potentiel d'ionisation de l'atmosphère (J. MERCIER, op.cit., p.46). Les gaz rares de l'air nécessitent les potentiels d'ionisation les plus élevés; au contraire, les métaux alcalins, les potentiels les plus bas (CHARLES 1960).
♦Potentiel de radiation. ,,Énergie (exprimée en électron-volts) nécessaire pour transférer un électron d'un atome de son orbite normale à une autre orbite stable, c'est-à-dire à un niveau d'énergie supérieur`` (UV.-CHAPMAN 1956).
♦Puits de potentiel. ,,Région d'attraction. Les protons et les neutrons d'un noyau se trouvent dans le puits de potentiel nucléaire`` (MUSSET-LLORET 1964).
b) GÉOPHYS. Potentiel capillaire. ,,Puissance de rétention de l'eau dans le sol par suite des forces de capillarité`` (Agric. 1977).
c) BIOL., NEUROPHYSIOL. Potentiel de repos.
♦Potentiel d'action. ,,Variation de potentiel, généralement en forme d'onde brève asymétrique à prédominance négative, qui se manifeste isolément ou le plus souvent en se répétant à la surface d'un système excitable (...) en activité fonctionnelle spontanée ou provoquée`` (PIÉRON 1973). Dans le nerf total, on peut cependant recueillir des potentiels d'action suivant régulièrement la fréquence d'un son par excitation jusqu'aux environs de 4000 (PIÉRON, Sensation, 1945, p.172). L'onde de dépolarisation, ou potentiel d'action, phénomène électrique qui caractérise le passage de l'influx, avait été très étudiée au milieu du XIXe siècle (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.656).
4. CHIM., THERMODYN. Potentiel thermique. [En électrolyse] les différences de potentiel entre les métaux ou métalloïdes, et les solutions en contenant un ion gr. par litre, ont reçu le nom de potentiels électrolytiques (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p.220). La valeur du potentiel thermodynamique de chaque constituant dans une phase est une fonction de T, P, et de la composition de la phase (NIGGLI, Loi phases minér. et pétrogr., t.1, 1938, p.16).
♦Potentiel chimique. Enthalpie libre d'un système par rapport aux fractions massiques des espèces qui le composent. Le potentiel chimique d'un composant a même valeur dans toutes les phases d'un système en équilibre (R. KLING, Cours de thermodyn., 1966, p.168). L'enthalpie libre totale du système est la somme des potentiels chimiques de tous ses constituants (Méd. Flamm. 1975).
B. —Ensemble des ressources que possède en puissance un individu ou un groupe humain ou un système industriel; capacité d'action ou de production. Potentiel humain, industriel, matériel, militaire; potentiel d'accroissement, d'expansion; clientèle à haut potentiel; marché à fort potentiel. Il serait injuste de méconnaître la contribution que les dépenses publiques ont pu apporter à l'amélioration du potentiel économique du pays (Univers écon. et soc., 1960, p.50-10). Les peuples pourvus du meilleur potentiel éducatif sont ceux dont les progrès seront les plus rapides (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p.8):
• 6. Dans le premier plan les «hydrauliciens» l'emportaient sur les «thermiciens»; la mise en valeur du potentiel hydraulique était entreprise à grands frais sur l'ensemble du territoire, des Alpes aux Pyrénées, du Massif Central au Rhône et au Rhin.
CHENOT, Entr. national., 1956, p.52.
— Potentiel énergétique (d'un pays ou d'une région). Quantité d'énergie susceptible d'être produite à partir de la mobilisation des ressources (de ce pays ou de cette région) (d'apr. LAV.-POLLET 1982).
— BIOL., EMBRYOL. Potentiel morphogénétique. ,,À la phase de début du développement embryonnaire, état d'une partie du germe, résultant d'interactions quantitatives qui précèdent et conditionnent la différenciation qualitative`` (Méd. Flamm. 1975). La fonction endocrine du testicule est en rapport avec les cellules interstitielles qui contiennent tout le potentiel génital (QUILLET Méd. 1965, p.481).
— PÉTROL. ,,Capacité de production d'un puits, calculée d'après les essais`` (Pétrol. 1964).
— PSYCHOL. Freud (...) a souligné l'opposition du rêve, qui entraîne le potentiel affectif loin de la réalité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.392). C'est là [dans les cinq premières années de l'enfant] que se joue le sort du potentiel dynamique de l'existant (CHOISY, Psychanal., 1950, p.72).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep.1762. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. XVes. méd. «dont l'effet n'est pas immédiat» li cauteres potenciaus (Trad. Chirurgie Bruno de Longoburgo, ms. de Salis, f° 91b ds GDF. Compl.); 1534 cautères actuelz ou potentielz (Le Guidon en francoys, éd. 1534, 133d d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t.32, 131); 2. a) 1505 potential «contenu en puissance dans» (J. LEMAIRE DE BELGES, Couronne Margaritique, OEuvres, IV, 63, 79 et 121 ds HUG.); 1836 potentiel «en puissance, virtuel» (CHATEAUBR., Paradis perdu, p.329); b) 1869 mécan. énergie potentielle (LITTRÉ); c) 1869 gramm. particule potentielle «particule qui indique une condition» (ibid.). B. Subst. 1. 1835 gramm. (Ac.); 2. a) 1869 mécan. et phys. (LITTRÉ); b) 1885 électr. (H. FONTAINE, v. électrique A). Empr. au lat. potentialis, dér. de potentia «puissance» att. dep.le IVes. (BLAISE); pour 2 b cf. angl. potential energy introd. en 1853 et l'expr. vis potentialis en lat. en 1744 (NED). Fréq. abs. littér.:153.
DÉR. 1. Potentialisation, subst. fém. ,,Phénomène par lequel un médicament augmente l'action d'un autre en permettant à celui-ci de développer le maximum de son efficacité`` (VERCH.-BUD. 1981). Certaines associations médicamenteuses inhibent ou annulent l'action de l'un ou de plusieurs des produits absorbés. D'autres, au contraire, ont un effet de potentialisation réciproque (Le Monde, 2 déc. 1981, p.13). — []. — 1res attest. [1903 (Rev. gén. des sc. d'apr. ROB. 1985)], 1963 (PIÉRON); dér. sav. de potentiel (suff. -isation, v. -iser et -tion), cf. aussi angl. potentialization (1865 ds NED). 2. Potentiellement, adv. D'une manière potentielle, en puissance. Le chien a enrichi la vie primitive, effectivement et potentiellement, de nombreuses manières: il rend la chasse plus facile et fournit l'appoint alimentaire de sa chair (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.55). Nous apercevions tous les soirs, depuis une semaine, des feux de campement mystérieux qui tantôt s'éloignaient et tantôt se rapprochaient des nôtres. Or toute bande inconnue est potentiellement hostile (LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p.186). Chaque blastomère contient tout ce qui est nécessaire, potentiellement, pour le développement complet de l'embryon (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.532). — []. — 1res attest. 1488 potenciellement (Aiguill. d'amour div., f° 27 r°, éd. 1488 ds GDF. Compl.), 1574 potentiellement (AMYOT, OEuvres meslees de Plutarque, De la couppe des corps, t.2, f° 219, v°, éd. 1574, ibid.); de potentiel, suff. -(e)ment2.
potentiel, elle [pɔtɑ̃sjɛl] adj. et n. m.
ÉTYM. XVe-XVIe, écrit potencial; XIVe, cautère potentiel « qui agit après coup »; du lat. scolast. potentialis, de potens « puissant ».
❖
———
I Adj.
1 Anc. méd. || Cautère potentiel, qui n'agit qu'après un certain temps (par oppos. à actuel). || Les caustiques sont des cautères potentiels.
2 (XVe-XVIe). Philos. ou didact. Qui existe en puissance (⇒ Virtuel), n'a pas d'effet actuel. — Contr. : actuel.
3 Gramm. Vx. || Particule potentielle, indiquant une condition. ⇒ Conditionnel. — Mod. Qui exprime une possibilité.
1 Le sens de ces adjectifs (en able, ible, et uble) est le plus souvent potentiel : Une maison vendable ne signifie pas : qui est vendue, mais qui peut l'être. D'autre part, payable signifie qui doit être payé, et non qui est payé.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 364.
♦ Mode potentiel, et, n. m., le potentiel, mode exprimant ce qui est possible, ce qui peut encore arriver dans certaines circonstances, sous certaines conditions. || Le potentiel et l'irréel (⇒ aussi Conditionnel). || Potentiel du présent; de l'avenir, « s'il est chez lui en ce moment, il nous attend; s'il me payait, je m'en irais » (Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §1615).
2 Le mode potentiel, c'est-à-dire qui exprime l'hypothèse du possible, emprunte (…) tantôt la forme du conditionnel présent, tantôt celle du subjonctif présent (qu'il vienne encore du soleil, le linge séchera), ou celle du subjonctif imparfait.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §831.
4 (Av. 1869, Littré; lat. vis potentialis, Bernouilli, Euler, av. 1750). Sc. || Énergie potentielle, celle d'un corps capable de fournir un travail. || L'énergie potentielle peut se transformer en énergie cinétique (→ Machine, cit. 7).
♦ Barrière potentielle. a (Mécan.). Énergie qui empêche une configuration de points matériels, reliés par des forces déterminées, de passer à une autre configuration.
b (Électr.). Région contenant un maximum de potentiel empêchant une particule de passer d'un côté à l'autre de cette région.
c (Chim.). Énergie cinétique minimum qu'un réactif doit posséder pour qu'une réaction puisse se produire.
♦ (Angl. potential function, Green, 1828). Math. || Fonction potentielle : fonction scalaire satisfaisant à l'équation de Laplace. || La fonction potentielle de Newton se rencontre en facteurs, dans les expressions mathématiques des potentiels de gravitation, électrique et magnétique. → ci-dessous (II., 2.).
———
II Potentiel, n. m.
1 Gramm. || Le potentiel : le mode potentiel (→ ci-dessus, I., 3.).
2 Sc. (Vers 1830, Gauss [en all.], Green [en angl.]).
♦ Math. Fonction des coordonnées d'un point dont les dérivés partielles sont, au signe près, les composantes d'un champ. || Le champ est le gradient du potentiel changé de signe.
♦ Phys. || Potentiel d'un point dans un champ de gravitation : travail qu'il faudrait appliquer à ce point (de masse égale à l'unité) pour le transporter à l'infini. || Différence de potentiel entre deux points, correspondant au travail nécessaire au transport d'une masse potentielle égale à l'unité de l'un de ces points à l'autre. || Potentiel d'un champ de forces. || La force de la pesanteur (cit. 2) dérive d'un potentiel.
♦ Potentiel électrique, électrostatique (d'un conducteur,…) : énergie potentielle définie de la même manière que celle d'une masse ponctuelle, les forces de gravitation étant remplacées par des forces électriques (qui facilitent ou gênent le mouvement de cette charge dans l'espace). || Une charge unitaire, partant d'une certaine région pour aller à une autre où il n'existe aucune charge électrique, fournira un certain travail dit potentiel électrique absolu de la région considérée. || Le zéro absolu des potentiels se trouvant à une distance infinie, on adopte un zéro arbitraire, fourni par la surface de la terre. || L'unité pratique de potentiel est le volt. ⇒ Voltage. || Différence de potentiel entre deux points : perte d'énergie potentielle en allant de l'un à l'autre, et, spécialt, différence de potentiel entre les bornes, les pôles d'un générateur. ⇒ Charge, tension (→ Grandeur, cit. 41). || Chute de potentiel. || Potentiel critique : quantité d'énergie nécessaire pour faire passer un électron d'un niveau inférieur à un niveau supérieur; sa mesure (potentiel d'ionisation : travail nécessaire pour arracher un électron, dans certaines conditions bien définies, à un atome; potentiel de résonance : travail nécessaire pour amener un électron du niveau le plus bas à un autre). || Barrière de potentiel : effet de répulsion de charges électriques dû aux champs électrostatiques qu'elles créent.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Potentiel magnétique : énergie nécessaire pour amener l'unité de champ magnétique de l'infini au point considéré.
♦ Potentiel nucléaire : énergie potentielle d'une particule, fonction de sa position dans le champ du noyau (ou d'une autre particule). — Potentiel thermodynamique : énergie nécessaire pour porter l'unité de masse d'une substance d'un état « initial » (défini comme tel) à l'état considéré; quand il est nul, le système est en équilibre. || Potentiel de température (notion de thermodynamique qui équivaut, en fait, à une mesure de la température).
♦ Chim. || Potentiel chimique (notion fondamentale de la thermodynamique chimique) : dérivée partielle de l'énergie interne d'un système chimique par rapport à sa masse.
♦ ☑ Loc. métaphorique et fig. Différence, chute de potentiel (→ Image, cit. 47).
3 Comme si elle eût voulu récupérer un potentiel nécessaire d'énergie, laisser s'accumuler en elle une réserve suffisante de force, elle s'accroupit sur elle-même (…)
Louis Pergaud, De Goupil à Margot, p. 91.
3 (XXe). Capacité d'action, de production, de travail. ⇒ Puissance. || Potentiel de fabrication (in Académie, 8e éd.). || Potentiel industriel d'un pays (capacité totale de production). || Potentiel de guerre (force militaire pouvant être mise en œuvre). || Potentiel humain (force de travail de la population. ⇒ Main-d'œuvre).
4 (…) l'Allemagne a vu détruire, en quelques années, par son propre gouvernement, presque tout son « potentiel » de création et de régénération intellectuelles.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 287.
5 Plus sûrement que par des mers ou des montagnes, les nations sont séparées, aujourd'hui, par des différences de potentiel économique et militaire.
Sartre, Situations II, p. 268.
❖
DÉR. Potentiellement.
COMP. Équipotentiel. — V. Potentiomètre.
Encyclopédie Universelle. 2012.