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prime

1. prime [ prim ] adj. et n. f.
prime lune 1119; lat. primus « premier »
I Adj.
1Vx ou littér. Premier. « Tu mérites la prime place en ce mien livre » (Verlaine). Littér. Prime jeunesse. (déb. XVIIe) De prime abord.
2(XIXe) Math. Se dit d'un symbole (lettre) qui est affecté d'un seul signe en forme d'accent. A, A prime (A'). f' (f prime) est la dérivée de f.
II N. f. (XIIe)
1Première heure canoniale (6 heures du matin). Chanter, dire prime.
2Escr. Première position de l'épée et de l'escrimeur. Garde de prime, ligne d'engagement de prime.
prime 2. prime [ prim ] n. f.
• 1620 « police d'assurance »; angl. premium; lat. præmium « prix, récompense »
1Somme que l'assuré doit payer à l'assureur. Il « s'épuisait à payer les primes » (Duhamel). Réduction, augmentation de la prime d'assurance. bonus , malus.
2Somme d'argent allouée à titre d'encouragement, d'aide ou de récompense. Donner, octroyer une prime à qqn. Chasseur de primes. Sommes allouées par l'État, les collectivités publiques (pour encourager une activité). subvention. Prime à l'exportation, à la construction. Prime d'aménagement du territoire.
Forme de rémunération destinée à couvrir des frais ou à récompenser le personnel (prime d'entreprise, etc.). Prime de transport. indemnité. Prime de rendement, de recherche. « ses deux mille huit cents francs de chauffeur, tant pour les primes que pour le fixe » (Zola).
3Objet remis à titre gratuit ou remise faite à un acheteur. Donner un objet publicitaire en prime à tout acheteur. cadeau.
4Fig. Ce qui est donné en plus. « Des primes d'encouragement à l'intolérance religieuse et à la fainéantise » (Balzac). En prime : en plus. Et en prime, il faudrait dire merci ! (cf. Par-dessus le marché).
5Bourse Somme payée par une partie en cas de résiliation d'un marché. premium. Marché à prime, à option.
Somme à payer en plus du capital nominal d'une action que l'on souscrit. Prime d'émission. Prime de remboursement : somme payée en plus du capital fourni (différence entre la valeur nominale et le prix d'émission).
Loc. Vieilli Faire prime : prendre l'avantage, l'emporter. ⇒ 1. primer. « c'est toujours le faux qui fait prime et prend le pas sur la vérité » ( A. Gide).
prime 3. prime [ prim ] n. f.
XVIIe; presme XIVe; var. de prisme
Minér. Cristal de roche coloré qui ressemble à une pierre précieuse. Prime d'émeraude (vert), de topaze (jaune), de rubis (rouge).

prime adjectif (ancien français prim ; du latin primus, le premier) Se dit d'une lettre portant, en haut et à droite, un petit accent (′). [On utilise cette notation pour distinguer plusieurs entités représentées par une même lettre ou pour désigner la dérivée d'une fonction.] Littéraire. Premier, uniquement dans les expressions de prime abord, la prime jeunesse. ● prime nom féminin Première des petites heures de l'office, qui devait être dite au lever du soleil. (Elle a été supprimée par Vatican II [1963].) Catégorie de laine dont la finesse est intermédiaire entre la laine mérinos et la laine croisée. ● prime nom féminin (anglais premium, du latin praemium, récompense) Somme payée par un assuré à un assureur et dont le montant est fonction du risque assuré. Somme versée à un salarié en plus de son salaire, à titre de gratification ou pour l'indemniser de certains frais, par opposition à fixe. : Prime de rendement. Prime pour frais kilométriques. Somme, objet, avantage alloués à titre d'encouragement, de récompense, d'incitation. Ce qui encourage à faire quelque chose : Une prime à l'agression. Bourse Somme abandonnée par l'acheteur au vendeur si, à la période où le marché doit être réalisé, l'acheteur préfère résilier celui-ci. ● prime (expressions) nom féminin (anglais premium, du latin praemium, récompense) En prime, en plus de ce qui est dû, donné, reçu, etc. (souvent ironique). Faire prime, être très prisé. Pied de prime, dans une opération à prime, cours d'achat du titre dont on déduit le montant de la prime. Prime d'émission, somme qu'un souscripteur d'action, lors d'une augmentation de capital, doit verser en supplément de la valeur nominale de cette dernière. Prime de remboursement, différence entre la valeur de souscription d'une obligation et sa valeur de remboursement. Prime à l'exportation, encouragement pécuniaire donné par l'État à des industriels pour leur permettre d'étendre leurs opérations sur le marché extérieur. Prime à la construction, subvention versée par l'État à la personne qui construit, étend ou remet en état un logement à usage d'habitation principale. Primes d'aménagement du territoire, primes versées par les personnes publiques dans le cadre de la politique d'aménagement du territoire (création d'emplois, d'entreprises…). Prime d'objectif, supplément de rémunération accordé aux salariés ou à la direction d'une entreprise, en fonction de certains résultats choisis comme objectifs (prime de rendement, de productivité, etc.). ● prime (synonymes) nom féminin (anglais premium, du latin praemium, récompense) Somme payée par un assuré à un assureur et dont...
Synonymes :
- cotisation
Somme versée à un salarié en plus de son salaire...
Synonymes :
- commission
- gratification
- guelte
Bourse. Somme abandonnée par l'acheteur au vendeur si, à la période...
Synonymes :
- premium

prime
n. f.
d1./d Cadeau offert à un acheteur.
|| Fig. En prime: en plus.
d2./d Somme accordée à titre d'encouragement ou d'indemnité.
|| Fig. Encouragement. Cette mesure fiscale est une prime à la spéculation.
d3./d Somme due par l'assuré à sa compagnie d'assurances. Prime d'assurance.
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prime
adj.
d1./d Loc. De prime abord: à première vue.
La prime jeunesse: le plus jeune âge.
d2./d Se dit d'une lettre affectée d'un signe en forme d'accent supérieur droit. A' (A prime).

I.
⇒PRIME1, adj. et subst. fém.
I.— Adjectif
A.— Vieilli ou littér. Premier. On reconnaît la différence du français appris et du français de prime source (AMIEL, Journal, 1866, p. 74). Cette prime aube du mariage parut délicieuse à Germain (THEURIET, Mais, deux barbeaux, 1879, p. 67). Le prime vent du soir qui s'éveille, lorsqu'il touche la lisière du bois, fait courir dans les feuilles de trembles un chuchotement qui rit et qui se moque (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 120).
En partic., vieilli et région. (Ouest). Précoce. Fruit, légume prime. Le printemps a été particulièrement prime cette année (RÉZ.-TUAILLON 1969).
B.— Loc. et expr.
1. Prime jeunesse, prime enfance. Début de la vie, premier âge. Je doute qu'aucun des préceptes de l'Évangile m'ait aussi profondément marqué, et depuis ma prime jeunesse, que le « mon royaume n'est pas de ce monde » (GIDE, Journal, 1942, p. 151). Il suffit de rappeler que, dès la prime enfance, élevé par le second mari de sa mère, l'acteur Geyer, Wagner a vécu dans le monde du théâtre (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 136).
2. De prime abord. Au premier abord, en premier lieu. [Caphisias] reprochait à la plupart des curieux qui venaient voir ses tableaux, de ressembler à ceux qui, de prime abord et sans distinction, saluent tout à la fois une assemblée nombreuse (DUSAULX, Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 3). Onimus (1867) fait état d'une expérience, assez embarrassante de prime abord, sur la prétendue génération spontanée des globules blancs (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 143) :
1. ... le Moniteur contenait une ordonnance royale de quatre lignes où ce licenciement est annoncé sans considérant, sans réflexions. La mesure a paru brutale, et chacun de son côté a cherché à en connaître le véritable motif, quoiqu'on ne se fit aucun scrupule d'en accuser de prime abord les ministres.
DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 447.
3. De prime face (vieilli). À première vue, au premier aspect. [Calvin] jugeait qu'en ne cédant pas de prime face, il se trouverait plus fort contre eux le jour qu'il en serait besoin (THARAUD, Chron. frères enn., 1929, p. 237).
4. De prime saut. V. prime(-)saut, primesaut.
C.— MATH. [En parlant d'un symb.] Qui est suivi d'un signe formé d'une seule apostrophe. A prime, A'. (Dict. XXe s.).
II.— Subst. fém.
A.— LITURG. Première heure de l'office du jour qui doit être dite au lever du jour vers six heures du matin. Il enjoignit à tous ceux qui, parmi les auditeurs, auraient obtenu quelque guérison ou faveur céleste par l'invocation de la duchesse, de se présenter avec leurs témoins le lendemain à l'heure de prime, devant l'archevêque de Mayence et les autres prélats (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 288) :
2. En négligeant les matines, les laudes, les petites heures (prime, tierce, sexte et none), qui du reste ont certains points communs avec les vêpres pour l'ordonnance générale, nous trouvons dans le cadre liturgique paroissial : la messe chantée (grand'messe); les vêpres et les complies...
POTIRON, Mus. église, 1945, p. 9.
B.— ESCR. Première position de l'escrimeur tenant son épée verticalement, la pointe en bas, la main à hauteur du visage. « Il y a neuf parades, monsieur Larcher », me disait-il [le professeur d'escrime]. Et il m'expliquait la prime, la seconde, les autres jusqu'à l'octave (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 343).
C.— TEXT. ,,Laine de première qualité, comme sont les primes de Ségovie, de Portugal`` (CHESN. t. 2 1858).
D.— JEUX. Ancien jeu de cartes où l'on ne donnait que quatre cartes et où il fallait réunir dans la même main les quatre couleurs. Avoir prime; grande, petite prime. [Nos ancêtres] jouaient à la prime (KOCK, Ficheclaque, 1867, p. 41).
REM. Primement, adv., rare et fam. Premièrement. En politique il faut primement jeter par-dessus bord les ingénus et les phraseurs, les hommes à principes et les hommes à pathos (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 180). Ç'ui qui vient m'confier n'un secret, c'est primement qu'i'n'a point su el' garder poùr lui seul (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, II, 5, p. 1205).
Prononc. et Orth. :[]. Homon. et homogr. prime2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 adj., fém. de l'a fr. prin, prim « premier » (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 2595); b) ca 1375 spéc. dans la loc. de prime face (ORESME, Livre du Ciel et du Monde, 124c 11-12 d'apr. A. D. Menut et A. J. Denomy ds Méd. St., t. 5, p. 314); 1532 prime au masc. (BOURDIGNÉ, Lég. de Pierre Faifeu, chap. XL, vers 80, éd. Fr. Valette, p. 107); av. 1622 de prime abord (St FR. DE SALES, Introduction à la vie dévote, Œuvres, Annecy 1892-1906, 305 ds P. KADEN, Die Sprache des St Fr. de Sales, Weida, 1908, p. 50); 2. a) 1121-34 subst. « première des heures canoniales » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 260 ds T.-L.); b) XIIIe s. a haute prime « heure de prime étant bien avancée » (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XVIII, 5); 1387-89 vén. de haute prime « assez longtemps après six heures » (Livre de chasse de Gaston Phébus, éd. G. Tilander, 55, 13, p. 237); 3. 1358 laine prime « laine très fine » (Ordonnance du Roi Jean, sept. 1358 ds ISAMBERT, Rec. des anc. lois fr., t. 5, p. 39); 1723 p. ell. de laine : prime subst. (SAVARY t. 2); 4. 1534 subst. « jeu où on l'emporte en présentant les quatre couleurs et dans lequel on ne distribue que quatre cartes » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XX, p. 135); 5. 1653 subst. escr. « première et principale des gardes » (BESNARD, Le Maistre d'Armes libéral ds PETIOT); 6. 1723 adj. « de la première pêche » (SAVARY t. 2). Forme fém. de l'a. fr. prim, prin issu de l'adj. lat. primus, -a, -um et qui a été concurrencé par les représentants de primarius (v. premier). Fréq. abs. littér. Prime1 adj. : 147.
II.
⇒PRIME2, subst. fém.
A.— Somme payée à échéance régulière par un assuré à son assureur dans le cadre d'un contrat, d'une police d'assurance et, p. ext., somme que l'assuré reçoit de son assureur pour le dédommagement d'un sinistre couvert par un contrat d'assurance. Synon. cotisation. Prime d'assurance vol; prime d'assurance automobile; versement de la prime. J'avais pris une assurance sur la tête de Berthe. N'est-ce pas vous, madame, qui, au quatrième versement, vous êtes servie de l'argent pour faire recouvrir le meuble du salon? Et, depuis, vous avez même négocié les primes versées (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 32). Le poste de travail prend d'abord la charge de ses propres frais : la valeur de son matériel sert à la fixation des amortissements, des intérêts du capital immobilisé, de la part de prime d'assurance-incendie (VILLEMER, Organ. industr., 1947, p. 230). Vous fumez! Désastreux si vous êtes américain car les actuaires vous feront payer très cher votre prime d'assurance sur la vie (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 149).
B.— Somme d'argent donnée à une personne, à une catégorie de personnes à titre de récompense, d'aide ou d'encouragement.
1. Somme d'argent payée à un salarié en plus de son salaire de base pour un motif particulier et sous certaines conditions, de manière régulière ou exceptionnelle. Synon. gratification, guelte. Si un pilote cassait un appareil, ce pilote perdait sa prime de non-casse (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 92). Le salaire à primes établi d'après le rendement. C'est ce salaire qui s'applique avec intérêt aux contremaîtres et au personnel d'entretien ou des services annexes si les primes sont judicieusement calculées et suffisamment progressives (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 129) :
1. L'attrait de la prime est un stimulant énergique qui (...) incite le travailleur à atteindre la production fixée. Mais les chances de surmenage sont éliminées, l'ouvrier ne pouvant avoir d'autre ambition que de s'en tenir à la productivité qui lui assure le paiement de la prime.
VILLEMER, Organ. industr., 1947 p. 150.
SYNT. Prime d'ancienneté, d'assiduité, d'atelier, d'exactitude, de fin d'année, d'intéressement, de panier [repas], de participation, de recherche, de rendement, de salissure, de transport, de vacances; prime aux pièces; prime horaire, trimestrielle; prime non hiérarchisée; prime de résidence.
2. Somme d'argent attribuée par l'État ou un organisme public dans le cadre d'une mesure sociale ou pour aider un secteur d'activité. Synon. subvention. La bourgeoisie financière, industrielle et censitaire (...) entreprend, à grand renfort de primes d'État, de subventions et de garanties d'intérêt, la construction des voies ferrées (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 232). L'amorce de la consommation constitue l'affectation des ressources à un emploi déterminé. Une illustration de cette modalité peut être trouvée dans le système de prime à la construction et d'allocation-logement (Univers écon. et soc., 1960, p. 46-14) :
2. L'État accordait des primes pour développer cette activité. Prime de 50 F par homme d'équipage, prime d'importation de 20 F par quintal de rogues de morue, prime d'exportation de 22 F par quintal de morue séchée exportée directement et prime de 16 F par quintal de morue exportée de France...
BOYER, Pêches mar., 1967, p. 11.
SYNT. Prime d'équipement, de production; prime à l'épargne, à l'investissement, à l'abattage, à l'arrachage; prime d'allaitement, de déménagement, de départ, de naissance.
Au fig. Encouragement quelconque donné le plus souvent mal à propos à une activité, une manière de vivre ou de penser. Mouler les lois sur les mœurs générales, ne serait-ce pas donner, en Espagne, des primes d'encouragement à l'intolérance religieuse et à la fainéantise (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 156). Le privilège des bouilleurs de cru, qui est une véritable prime à l'alcoolisme familial (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 271).
ARM. Indemnité, somme d'argent reçue par un militaire lors de son engagement, de sa démobilisation, ou en supplément de solde. Les soldats toucheraient leur habillement, leur linge et leurs chaussures au titre de la masse individuelle dont la première mise et la prime journalière seraient augmentée (DAVOUT, Réorg. milit., 1871, p. 39). Pour les militaires actuellement en service dont la durée légale du service était de trois ans, deux ans ou dix-huit mois, le droit à la haute paye, à la prime d'engagement ou de rengagement et, le cas échéant, à la solde mensuelle (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 79, p. 3822).
3. Somme d'argent attribuée à un participant dans le cadre d'une manifestation à caractère compétitif. Prime de sportivité. Ce fermier a obtenu plusieurs primes au comice agricole (Ac. 1935). Les « bonnes » primes vont au meilleur coureur, les « mauvaises » primes sont une consolation au vaincu (REY-CELLARD 1980).
4. En partic.
a) Somme d'argent, pourcentage accordé pour un service rendu ou pour une action exceptionnelle. Tous, les sauveurs et les sauvés, furent accueillis par des cris de joie, et Phileas Fogg distribua aux soldats la prime qu'il leur avait promise (VERNE, Tour monde, 1873, p. 182). Les maires des villages payaient des primes pour chaque tête de loup ou de louveteau qu'on leur apportait (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 11). Mais la désaffection pour le cinéma était telle qu'il fallait faire distribuer les billets gratuits à domicile, et même promettre aux distributeurs une prime par fauteuil effectivement occupé (SADOUL, Cin., 1949, p. 35).
b) Objet, cadeau, avantage pécuniaire accordé à un acheteur, le plus souvent dans un but publicitaire. Synon. ristourne, bonus. Prime de fidélité, timbre-prime. Tous les mois des patrons découpés (en papier) de grandeur naturelle déjà si appréciés que nous encartons dans le journal : prime faite pour alterner avec une surprise nouvelle réservée par la direction aux abonnées (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 809). Utilisée pour les promotions, la prime a souvent un effet déterminant pour le succès de celles-ci; mais une législation particulière est venue mettre un terme à une surenchère débridée : la valeur de l'objet offert en prime ne doit pas dépasser 5 % du prix du produit, et il doit être marqué spécialement (WELLHOFF Comm. 1977) :
3. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d'un fil, voyageant en l'air, promenaient par les rues une réclame vivante!
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 612.
En prime. En plus, en supplément. Voir WELLHOFF, loc. cit. Au fig. En plus, par-dessus le marché. Ce soir Un Cœur simple commence son apparition dans Le Moniteur. Le Bien public compose Saint Julien qui paraîtra sans doute lundi d'un seul coup, en prime (FLAUB., Corresp., 1877, p. 336). Certains en déliraient. Fallait les arracher à leurs catastrophes. On leur aurait donné la mort en prime pour vingt sous qu'ils se seraient précipités sur le truc (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 385). Il avait fait pire. Et l'épouse : pas commode; et la marmaille : en prime (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 118).
c) Vieilli. Somme d'argent qu'un directeur de théâtre versait à un auteur à succès en plus des droits d'auteur. [Zola] tombe dans un long silence, d'où il sort au bout de quelque temps par cette phrase : « S'ils me rendent un jour ma pièce, je demanderai au directeur qui la voudra dix mille francs de prime... Car ça vaudra ça alors, revenant de l'interdiction, ma pièce! » (GONCOURT, Journal, 1885, p. 499).
C.— BOURSE
1. ,,Dédit convenu à l'avance, que l'acheteur à terme d'une valeur de bourse paie au vendeur lorsque, au jour de la liquidation, il renonce à l'opération engagée`` (BERN.-COLLI 1981). Vente à prime; opération, contrat, ordre à prime. À peine m'était-il loisible de suivre de loin les fluctuations du 5 et du 3, d'acheter ou de vendre à prime, d'arranger mes reports (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 402). Avec un compte courant, tout se liquide sans difficulté; soit qu'on achète à marché ferme, soit qu'on spécule par marchés à primes ou sur report (BOYARD, Bourse et spécul., 1853, p. 156).
2. a) Prime d'émission. Différence entre le prix d'émission d'une action et sa valeur nominale. Le montant de la prime d'émission est très variable. Modeste, elle a simplement pour objet de rembourser la collectivité émettrice de ses frais d'émission (Banque 1963).
b) Prime de remboursement. Somme ajoutée à la valeur nominale d'une action lors de son remboursement. La prime de remboursement est d'autant plus forte que la date de remboursement est éloignée de la date de l'émission de l'emprunt (Gestion fin. 1982).
3. Faire prime. Augmenter de valeur pour un titre de bourse; au fig. ou p. métaph., être très recherché, tenir le premier rang. Synon. primer1. Cet homme qui venait de mettre en doute sa dépendance de la race accusait fortement le caractère ethnique : (...) un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 48). À cause de leur jupon et parce que certains rêves lacustres s'associent souvent à de tels désirs, les Écossais faisaient prime (PROUST, Temps retr., 1922, p. 823). Les prêts sur stocks (...) circulent facilement, le papier anglais fait prime sur toutes les places (MORAND, Londres, 1933, p. 42).
Prononc. et Orth. :[]. Homon. et homogr. prime1, 3. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1620 « somme payée à une compagnie d'assurance par l'assuré » (Réglement de 1620 d'apr. AUBIN 1736); 1669 (CLAIRAC, Us et Coutumes de la mer, 183, éd. 1669 ds DELB. Notes mss); 2. 1730 « somme à verser en cas de dédit dans une vente à terme de valeurs » (Arrêt du Conseil du 7 mars 1730 ds BRUNOT t. 6, p. 170); 3. 1751 « encouragement pécuniaire donné par l'État ou toute autre institution » (VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, t. 20, pp. 238-239 ds REY-GAGNON Anglic.); 4. 1752 « rémunération d'un service » (Trév.); 5. 1759 « somme que l'on gagne à une loterie » (RICH.); 6. 1765 « excédent de prix d'une valeur sur le chiffre de son émission » (Encyclop. t. 13); 1862 faire prime (HUGO, Corresp., p. 411); 7. 1801 « somme d'argent attribuée pour une action particulière » (ici, la destruction d'un animal nuisible) (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, p. 41); 8. 1839 « somme d'argent attribuée à l'auteur d'une pièce de théâtre avant qu'elle soit jouée et qu'il ne perçoive les droits d'auteur » (BALZAC, Corresp., p. 575); 9. 1852 « don, cadeau destiné à des acheteurs ou des souscripteurs pour les attirer » (GONCOURT, Journal, p. 49). Francisation de l'angl. premium [] « récompense, prix » (1601 ds NED) et « prime d'assurance » (1622 premio, 1661 premium, ibid.), du lat. praemium « avantage, faveur, prélèvement ».
STAT. — Prime1 (subst.) et prime2. Fréq. abs. littér. :367. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 433, b) 547; XXe s. : a) 572, b) 561.
BBG. — QUEM. DDL t. 16.
III.
⇒PRIME3, subst. fém.
JOAILL. Cristal de roche coloré qui prend le nom de la pierre précieuse dont il se rapproche le plus par sa couleur. Prime d'émeraude, de topaze, de rubis. Ce temple, d'une grandeur immense, est intérieurement revêtu de marbre jaune antique, coupé par des colonnes de prime d'améthyste (GENLIS, Chev. cygne, t.2, 1795, p.224).
Prononc. et Orth. V. prime2. Étymol. et Hist. 1re moit. XIIes. prasme (Lapidaire de Marbode, 1re version fr. 690, Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, p.56); 1360 presme d'esmeraude (Inventaire du duc d'Anjou, n° 781 ds LABORDE); 1400 proesme d'emerauldes (Pièces relat. au règne de Ch. VII, éd. Douët d'Arcq, t.2, p.296 ds GDF.); 1416 prasme d'esmeraude (Inventaire du duc de Berry ds LABORDE); 1634 prisme (Inventaire du Trés. de l'ab. de St Den., Arch. LL 1327 ds GDF.); [1673 prime d'émeraude d'apr. FEW t.9, p.329b] 1752 (Trév.); 1762 (Ac.: Prime. Terme de joaillier. Nom que l'on donne à une pierre demi-transparente de la nature du caillou ou du cristal, et qui sert de base ou de matrice aux cristaux). La forme prasme est issue du lat. prasinus, -a, -um empl. subst. au même sens que le lat. prasius «prase, variété de quartz agate» empr. au gr. dér., avec l'adj. «d'un vert tendre comme le poireau», de «poireau». L'hyp. d'une contamination de formes issues de prasius (v. prase) par le lat. plasma (BARB. Misc. 3, 38) n'est pas recevable compte tenu de l'apparition tardive du fr. plasme «émeraude» (FEW t.9, p.329b). Alors que l'altération de -n- en -m- a pu être facilitée par l'infl. de esmeraude, le passage de prasme à presme, prisme peut s'expliquer par un croisement avec l'a. fr. proisme, proesme, presme, prisme «prochain» (XIIes., cf. GDF. et T.-L., s.v. proisme), issu du lat. proximus, dans l'expr. prasme d'esmeraude (FEW, loc. cit.).

1. prime [pʀim] adj. et n. f.
ÉTYM. 1119, prime lune; a remplacé l'anc. adj. prin (→ Printemps); de primus « premier ».
———
I Adj.
1 (XIIIe). Vx ou littér. Premier.
1 Mortel, ange et démon, autant dire Rimbaud,
Tu mérites la prime place en ce mien livre.
Verlaine, Dédicaces, LVI.
2 (…) aussi maints jeunes hommes nés avec de vieux estomacs, répugnent aux nourritures nouvelles et préfèrent se désoler si les mots remâchés qu'ils recherchent n'ont plus de ces qualités nutritives qu'on leur trouvait au temps de leur prime verdeur.
Gide, Nouveaux prétextes, p. 56.
Loc. (1662). Littér. ou iron. La prime jeunesse, la prime enfance : le début de la vie. || Il n'est plus dans sa prime jeunesse. — ☑ (Déb. XVIIe). De prime abord (cit. 9; → aussi Instinct, cit. 34; intuitif, cit. 4). — ☑ Vx. De prime saut : du premier coup (→ Évolution, cit. 16). Prime-saut, primesautier.
2 (XIXe). Math. Se dit d'un symbole (lettre…) qui est affecté d'un seul signe (en forme d'accent). || A, A prime (A′)…
———
II N. f.
1 (Fin XIe). Première heure canoniale, qui commence à 6 heures du matin. || Chanter, dire prime.Astron. anc., astrol. Première apparition d'un astre.
2 (1690). Escr. Première position de l'épée et de l'escrimeur. || Garde de prime, ligne d'engagement de prime (l'épée la pointe en bas, la main à hauteur du visage).
3 Comm. Laine de première qualité.
4 (1545; du sens I., 1., « premier »). Jeux. (Vx). Ancien jeu de cartes où l'on ne distribuait que quatre cartes, et où le joueur qui obtenait quatre cartes de couleurs différentes avait gagné. — ☑ Loc. Avoir prime : avoir les quatre cartes.
Grande, petite prime (cf. Grand, petit chelem). — ☑ Loc. fig. Tirer sur jeu à petite prime (Mme de Sévigné), in Littré : attendre longtemps.
DÉR. 1. Primer, primeur.
COMP. Primerose, primesaut.
HOM. 2. Prime, 3. prime, formes des v. 1. primer, 2. primer.
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2. prime [pʀim] n. f.
ÉTYM. 1620; empr. angl. premium (prononcé [pʀimjəm]), lui-même du lat. præmium « prix, récompense ».
1 Somme que l'assuré doit payer à l'assureur (opposé à cotisation, terme employé dans les sociétés mutualistes). || Prime d'assurance. aussi Bonus, malus.
1 Il avait contracté trois ou quatre assurances sur le même objet et s'épuisait à payer les primes.
G. Duhamel, Salavin, III, III.
Dr. mar. || Prime de grosse (ou profit maritime) : intérêt payé par l'emprunteur dans le prêt à la grosse aventure.
2 (1751). Somme d'argent ou don alloué à titre d'encouragement, d'aide ou de récompense. || Donner, octroyer une prime, une forte prime à qqn (→ Jouissance, cit. 3). || Primes allouées dans un concours agricole, industriel.Sommes allouées par l'État, les collectivités publiques, pour encourager une activité. || Prime à l'exportation (cit. 3), à la construction. || Aide sous forme de primes, de subventions… || Prime à la navigation.
(1875). Forme de rémunération destinée à couvrir des frais (prime de transport, de déménagement…) ou à récompenser, à intéresser le personnel (prime d'entreprise, de rendement…). aussi Gratification, guelte. || Prime et salaire fixe. Gain, rémunération (→ Ouvrier, cit. 12; pécule, cit. 2). || Prime accordée à un commissionnaire ( Commission, ducroire), à un courtier ( Courtage).
2 (…) Roubaud calculait que, si Pecqueux, le mari, avait apporté ses deux mille huit cents francs de chauffeur, tant pour les primes que pour le fixe, au lieu de nocer aux deux bouts de la ligne, le ménage aurait réuni plus de quatre mille francs, le double de ce que lui, sous-chef de gare, gagnait au Havre.
Zola, la Bête humaine, I.
Fig. En prime : en plus, par surcroît (→ Place, cit. 25).
2.1 Alors, tu ne sais pas ton bonheur. Une vie de bagnard t'est évitée. Tu as ta place au ciel retenue d'avance et tu auras droit à la considération des hommes, en prime.
J. Anouilh, Ornifle, p. 168.
3 (1869). Objet remis à titre gratuit ou remise faite à un acheteur. || Les ventes avec primes ne sont autorisées que lorsque la prime consiste en menus objets publicitaires de faible valeur, ou en un escompte. || Prime à tout acheteur. || Timbre-prime.
3 (…) au mur (…) une grande photo d'école de Bébert, avec son tablier, un béret et la croix. C'était un « agrandissement » qu'elle avait eu en prime avec du café.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 315.
4 (1820). Fig. Encouragement (souvent à une chose considérée mauvaise). Récompense. || C'est une prime à la paresse.
4 Faire la charité, selon l'expression vulgaire, me parut souvent être une espèce de prime donnée au crime.
Balzac, Mme de La Chanterie, Pl., t. VII, p. 288.
5 (1730). Bourse. Somme payée par une partie en cas de résiliation d'un marché. || Action émise à prime.(1835). || Marché (infra cit. 17) à prime, à double prime. Stellage.
Somme à payer en plus du capital nominal d'une action que l'on souscrit. || Prime d'émission. || Action émise à prime. || Prime de remboursement : somme payée en plus du capital fourni (différence entre la valeur nominale et le prix d'émission).
Loc. (1798). Faire prime : augmenter de valeur (en parlant d'un titre en bourse).Fig. a Augmenter de valeur; apporter un avantage. || Le mensonge opportun (cit. 2) fait prime.
b Être très recherché. || Cet ouvrage fait prime sur le marché.
5 Le Vingtras est en hausse (…) Partout, je fais prime. Je suis devenu un grand homme chez Joly.
J. Vallès, le Bachelier, XXII.
6 (…) c'est toujours le faux qui fait prime et prend le pas sur la vérité, pour peu qu'on y prête la main, ou seulement qu'on abandonne.
Gide, Journal, 14 déc. 1933.
CONTR. Châtiment, punition.
DÉR. 1. Primage, 2. primer.
COMP. Surprime.
HOM. 1. Prime, 3. prime, formes des v. 1. primer, 2. primer.
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3. prime [pʀim] n. f.
ÉTYM. XVIIe, altér. de prisme; var. de presme, XIVe, du lat. prasinus « variété de quartz agate », de l'adj. prasinus « vert tendre comme le poireau ».
Minér. Cristal de roche coloré qui ressemble à une pierre précieuse. || Prime d'émeraude (vert), de topaze (jaune), de rubis (rouge)…
HOM. 1. Prime, 2. prime, formes des v. 1. primer, 2. primer.

Encyclopédie Universelle. 2012.