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quoi

quoi [ kwa ] pron. rel. et interrog.
XIIe; quei 1080; lat. quid
I Pron. rel. (désignant une chose) A(Dans une relative à un mode pers.)
1(Avec un antécédent) « Les louvoiements sournois à quoi cette fausse situation l'obligeait » (A. Gide),auxquels... « Il n'était pas de sacrifice à quoi tu n'aurais consenti » (F. Mauriac). « Ce pour quoi l'on a été créé » (Renan). « Voilà donc à quoi me sert la médecine » (Duhamel),à quel usage.
2(Se rapportant à l'idée précédemment exprimée) cela. « Il fallut d'abord payer cette amende; après quoi il fut permis à Zadig de plaider » (Voltaire). « Obligées de travailler beaucoup, sans quoi elles manqueraient de tout » (Montesquieu). autrement, sinon. Faute de quoi, moyennant quoi. Sur quoi (cf. Là-dessus). Comme quoi.
B(Dans une relative à l'inf.) Les autres « ne trouvant rien à quoi s'accrocher » (Genevoix),à quoi ils pussent s'accrocher. Elle « trouvait mille sujets sur quoi interroger son beau-père » (F. Mauriac). DE QUOI (et l'inf.) :qqch. qui fournit un moyen ou une raison de... « Il fallait bien qu'elle gardât de quoi vivre » (F. Mauriac). « Vous avez de quoi vous amuser » (Proust). « Voici de quoi souper pour trois » (Hugo). Il n'y a pas de quoi rire. matière, motif, raison, 3. sujet. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Ellipt « Je vous remercie beaucoup. — Il n'y a pas de quoi » (cf. De rien). Avoir de quoi vivre. Ellipt Fam. Avoir de quoi : avoir une certaine aisance matérielle. Ils ont de quoi. II Pron. interrog. (désignant une chose) A(Interrog. ind.) « Mais sait-on jamais à quoi rêvent les jeunes filles ? » (A. Daudet). « Je ne sais plus que dire, je ne sais quoi penser » (Martin du Gard). « Je saurai à quoi m'en tenir » (Stendhal). Il a quitté son métier. — Pour faire quoi ? (Style de la presse) Des élections, pour quoi faire ? est-ce utile, nécessaire ? Ellipt N'importe quoi. 2. importer (3o). B(Interrog. dir.) Quoi faire ? À quoi pensez-vous ? « De quoi demain sera-t-il fait ? » (Hugo). Ellipt À quoi bon ? QUOI DE. Quoi de neuf ? « Quoi de plus fatigant que cette manie » (A. Gide). C(Emplois elliptiques)
1(Pour demander un complément d'information) « Qu'est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi rien ? — Peu de chose » (La Fontaine). comment. « — Louise ? Mme Roland entr'ouvrit la porte et répondit : — Quoi ? mon ami » (Maupassant). « Bah ! ce n'est pas la première fois. — Que quoi ? — Que je suis en retard » (R. Rolland). Fam. Alors quoi, ça vient ? Cet article, ça dit quoi ? Pop. De quoi ? expression de menace, de défi. « Tu ferais mieux de dormir à cette heure-ci. — De quoi ? » (Nerval). (Répété) De quoi de quoi ? Fam. Ou quoi ? ou non ? ou est-ce autre chose ? Il est naïf ou quoi ?
Fam. C'est quoi ? qu'est-ce que c'est ? (Interrogation sur une chose, le sens d'un mot) Le sabayon, c'est quoi ? Un entremets. (Dans les médias) Qu'est-ce que cela représente ? La liberté, pour vous, c'est quoi ?
2(Employé comme interj.) comment. « Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ? » (Lamartine). Fam. (achevant une explication, une énumération) « Je sers au régiment étranger. — Au régiment ? [...] — À la Légion, quoi ! » (Bernanos). « Tout ce qu'ils possédaient [...] leurs champs, les arbres et même les vaches, un chien avec sa chaîne, tout, quoi » (Céline).
D ♦ QUOI QUE loc. concessive. Quoi qu'il arrive : quelque chose qu'il arrive. Quoi qu'il en soit : en tout état de cause, de toute façon, n'importe comment. « Quoi que je dise ou fasse » (A. Gide). — QUOI QUE CE SOIT (nominal indéf. d'indétermination absolue)(cf. N'importe quoi). Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le. S'il manquait quoi que ce soit, il le voyait tout de suite. (Accordé au passé, littér.) « Je ne parvins plus à faire quoi que ce fût de mon programme » (Duhamel). REM. Ne pas confondre avec quoique . ⊗ HOM. Coi.

quoi pronom interrogatif ou pronom exclamatif (latin quid, forme neutre de quis, quel) Après une préposition, sert à poser une question impliquant comme réponse un nom de chose ou une phrase (souvent accompagné dans la langue courante de est-ce que) : À quoi est-ce que vous pensez ? Par quoi allez-vous commencer ? ; sans préposition, seulement dans les phrases sans verbe ou avec un infinitif : Quoi de plus facile ? Quoi dire ? Populaire. Seul, incite à répéter une question qu'on a mal entendue ou comprise. Familier. Seul, marque l'étonnement : Quoi ! vous partez déjà ? Familier. Marque un mouvement d'humeur (souvent après alors, eh bien, encore) : Alors quoi ! il faudrait se décider. À quoi bon !, exprime le découragement, l'abandon. Populaire. De quoi ?, formule de menace, de défi. Populaire. Ou quoi ?, marque l'impatience après l'expression d'une question, d'un ordre. Quoi !, indique une conclusion, un résumé péremptoire : Il est menteur, paresseux, voleur, tous les défauts, quoi !quoi pronom relatif (de quoi) Après une préposition dans une relative à un mode personnel ou à l'infinitif, a pour antécédent ce, rien, quelque chose : Il n'y a rien sur quoi il ne donne son avis. Sans antécédent, représente un énoncé déjà formulé et équivaut à ça, cela : Il prétend le contraire, en quoi il a tort. Familier. Avoir de quoi, avoir de l'argent, de la fortune ; avoir ce qu'il faut pour : Il n'y a pas de quoi rire. Il n'y a pas de quoi, se dit pour se défendre d'un remerciement excessif. ● quoi (difficultés) pronom relatif (de quoi) Emploi Qu'il soit pronom relatif ou pronom interrogatif, quoi ne représente jamais une personne. I. Quoi, pronom relatif 1. Quoi, pronom relatif, se rapporte le plus souvent à un pronom neutre (ce, rien, quelque chose, etc.) ou à une proposition : ce à quoi je pense ; il n'y a rien à quoi je ne m'attende ; voilà quelque chose sur quoi on peut compter ; lisez d'abord le livre, après quoi vous pourrez le critiquer. Remarque Dans la langue classique, quoi pouvait représenter un nom de chose de sens déterminé, et on employait à quoi, sur quoi…, là où nous dirions aujourd'hui auquel, à laquelle, sur lequel, sur laquelle… : « Ce n'est pas le bonheur après quoi je soupire »(Molière). Certains écrivains contemporains usent encore parfois de ce tour littéraire : « Une de ces bornes à quoi l'on amarre les bateaux »(F. Mauriac). 2. De quoi. Quoi s'emploie sans antécédent dans la tournure de quoi + infinitif (= ce qu'il faut pour) : heureusement, il avait de quoi payer son billet de retour ; il a de quoi vivre. De quoi s'emploie aussi absolument : il a de quoi, c'est un homme qui a de quoi (= qui a ce qu'il faut pour vivre dans l'aisance). Registre familier. II. Quoi, pronom interrogatif (= quelle chose ?) s'emploie dans l'interrogation directe et indirecte : à quoi veux-tu en venir ? ; je me demandais à quoi tu voulais en venir. 1. Quoi / que. Dans l'expression orale, quoi s'emploie couramment à la place de que, comme complément d'un infinitif ou après un verbe à un mode personnel : il ne sait quoi faire ; quoi répondre ? ; tu en penses quoi ? Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer que : il ne sait que faire ; que répondre ? ; qu'en penses-tu ? 2. Quoi est également fréquent dans les interrogations sans verbe : quoi de neuf, aujourd'hui ? Recommandation Pour faire répéter à son interlocuteur ce qu'il vient de dire, préférer pardon ou comment dites-vous : « Cette maladie est causée par une bactérie Gram positif. - Pardon ? » (et non : Quoi ?). Construction 1. Quoi que (+ subjonctif) : quoi qu'il fasse, il réussit. Ne pas confondre quoi que et quoique. → quoique 2. Quoi qu'il en ait. L'expression quoi qu'il en ait, qui signifie « malgré le dépit qu'il en a », résulte de la contamination de la locution malgré qu'il en ait (= quelque mauvais gré qu'il en ait) par quoi que. Longtemps critiquée, elle est aujourd'hui admise, mais elle reste d'un emploi peu courant. Orthographe et sens Ne pas confondre pour quoi et pourquoi. → pourquoiquoi (homonymes) pronom relatif (de quoi) coi adjectif

quoi
Pron.
aA./a Pron. relatif.
rI./r
d1./d (Avec antécédent.) Ce à quoi je pense. "Le bonheur après quoi [après lequel] je soupire" (Molière).
d2./d (Sans antécédent.) De quoi (+ inf.): ce qui est nécessaire ou suffisant pour. Il a de quoi vivre.
|| Il n'y a pas de quoi: il n'y a pas de raison pour. Il n'y a pas de quoi en faire un drame.
Ellipt. Merci beaucoup!
Il n'y a pas de quoi.
|| (Québec) Fam. De quoi: quelque chose. J'ai de quoi de drôle à te raconter.
d3./d (Reprenant ce qui vient d'être dit.) Venez très vite, sans quoi il sera trop tard, sans cela...
rII./r Pron. indéfini.
|| Loc. concessive. Quoi que: quelque chose que. Quoi qu'il arrive. Quoi qu'il en soit.
|| Quoi que ce soit: une chose quelconque. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites-le-moi.
aB./a Pron. interrog.
rI./r (Dans l'interrog. dir.) Quelle chose? Quoi donc? à quoi penses-tu?
rII./r Emplois elliptiques. (Servant à demander un complément d'information.) Qu'est-ce que tu veux dire?
Rien.
Quoi, rien?
|| Ou quoi?: ou est-ce autre chose? Il est stupide ou quoi?
rIII/r (Dans l'interrog. indir.) Je sais de quoi il s'agit. Je ne comprends pas à quoi vous faites allusion.
rIV./r (Employé comme Interj., marquant la surprise, l'impatience ou l'indignation.) "Quoi! vous la soutenez?" (Molière).
|| Fam. (Marquant la fin d'une phrase, soulignant une conclusion, etc.) Décide-toi, quoi, choisis!V. Enfin.

⇒QUOI, pron. interr. et rel.
I. — Pron. interr. ou exclam., porteur du genre inanimé
A. — [En interr. dir.]
1. [Régime prép.] De quoi parlez-vous? De quoi se mêle-t-il? De quoi donc avez-vous peur? (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 673). À quoi s'amuse cet homme? (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 214).
Pop. Quoi que. Puisqu'il n'souffre pu, c't'homme, à quoi qu'ça sert de l'laisser dans l'lit? (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Réveillon, 1882, p. 54). Ce pain? Qu'est-ce que c'est, le pain? Avec quoi que c'est-i fait, le pain? (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, 3e part., p. 262).
2. [Régime dir. ou attribut]
a) [De l'inf. ou du gérondif] Pour aller où, pour quoi faire? (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 369). Et en quoi f'sant qu'y a du bon? (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 6, p. 66). Le pouls est tellement faible... Quoi lui faire? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 34).
[Peut se trouver rejeté en fin de phrase] Adèle: Attendre quoi? Monsieur et Madame viennent de sortir (BECQUE, Parisienne, 1885, II, 3, p. 289).
b) Pop. [En tête de phrase avec un verbe pers.] Qu'est-ce que. Quoi tu viens foutre? (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 517).
Pop. Quoi que. Et si vous n'avez pas vu, quoi donc que vous avez cru entendre? (BERNANOS, Crime, 1935, p. 740).
[En fin de phrase, après un verbe pers., empl. sous l'accent en tant que forme tonique de que] Recueillies par le Christ, elles seraient devenues quoi, ces malheureuses? (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 98).
3. [Suj.] Quelque chose ne te plaît pas? Quoi?
[Peut figurer dans une prop. à verbe explicite, pour peu qu'il soit séparé de celui-ci par un mot ou une prop. en incise] Quoi donc t'étonne? (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 228). Quoi, dans la vie, lui donnait le droit de parler ainsi? (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 372).
B. — [En interr. indir.]
1. [Régime prép.] Seule, la religieuse savait à quoi s'en tenir: elle avait l'habitude (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1158). Gilbert devrait comprendre à quoi il s'expose (ARLAND, Ordre, 1929, p. 244).
[Après le présentatif voici ou voilà] Voici en quoi ses parents l'avaient contrarié dans ses goûts (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Boitelle, 1889, p. 271).
2. [Régime dir. d'un inf.] Quand on les interroge sur des questions capitales... c'est une vraie pitié... Ils ne savent jamais quoi répondre (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 217).
3. Fam. [Régime dir. d'un verbe pers.] Ce que. Je n'ai pas besoin de te dire Quoi me font faire tes... (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 104).
C. — [Dans des empl. ell. surtout dans la lang. parlée]
1. [Invite à expliquer les raisons d'une interpellation] César: Quoi? Panisse: Depuis l'âge des chaussettes, tu m'empoisonnes, tu me tyrannises, tu me tortures, tu me supprimes! (PAGNOL, Fanny, 1932, II, 7, p. 149).
[Permet d'interroger sur un élément mal compris ou insuffisamment déterminé dans l'énoncé de l'interlocuteur]
♦ [Sur un mot ou une phrase échappée à l'attention de celui qui interroge] — Elle est à l'Olympia. — Quoi? — Elle est à l'Olympia... et moi j'ai filé (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 32).
♦ [Sur un élément qui ne renvoie pour le locuteur à rien de précis] « On vous jouera un sketch. » Lecouvreur arrondit les yeux: « Un quoi? » (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 171). Amédée: Ce sera l'autre? L'autre quoi? Le capitaine: L'autre femme, à la fin! Ne faites pas l'innocent (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1er tabl., p. 16):
1. Il indique ses sources: — L'adjudant commandant le détachement de territoriaux qui fait les corvées au Q.G. du C.A. — Au quoi? — Au quartier général du corps d'armée...
BARBUSSE, Feu, 1916, p. 46.
♦ [Sur un compl. qui reste inexprimé] Je ne dirai pas que j'étais malheureuse. J'attendais. Quoi? Est-ce qu'on sait? (MARAN, Batouala, 1921, p. 44):
2. — Mon cher, je n'ai pas pu, j'ai été empêchée. — Par quoi? — Par des... occupations.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épingle, 1885, p. 1091.
♦ [Sur une prop. qui reste implicite] — Bah! Ce n'est pas la première fois. — Que quoi?... — Que je suis restée (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 331).
2. [En début de phrase pour marquer l'étonnement] Quoi! Quoi! qu'est-ce que c'est? Y a-t-il eu délit, oui ou non? (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 45). Quoi, cette note presque gaie dans le plus grand drame de l'histoire? (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 211).
3. [Pour réfuter une objection possible ou pour motiver ce qu'on fait] Augustin se sentait ridicule. Mais quoi?... ce ne serait pas pour bien longtemps (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 57).
[En fin de phrase ou en incise, pour établir une connivence avec l'interlocuteur à propos de l'identification de ce dont il s'agit] Oui, un remède pour guérir cette chose du chat. Un bibelot quoi, je ne sais pas au juste (GIONO, Colline, 1929, p. 66).
4. Fam. [Pour manifester la menace, le défi] De quoi? — À propos, Demachy, c'est ton tour de corvée. Tu prendras un sac et tu iras aux distributions... — De quoi? (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 24). Alors je suis descendu et je lui ai dit: « Assez, ça vaut mieux, ou je vais te mûrir. » Il m'a répondu: « De quoi? » (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1143).
5. Fam. [Dans une interr. alternative] Ou quoi? Synon. oui ou non? Ça m'a l'air d'un garçon pas ordinaire. Arrivé à pied, ou quoi? (BERNANOS, Crime, 1935, p. 746).
6. Fam. [En fin de phrase résumant une énumération] Tout ce qu'ils possédaient, leur campagne, les charrettes, brancards en l'air, leurs enclos, la route, les arbres et même les vaches, un chien avec sa chaîne, tout quoi (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 17).
7. Quoi de + adj. Qu'y a-t-il de, qu'est-il de + adj. Quoi de neuf? Quoi de plus drôle, par exemple, que ce mariage (RADIGUET, Bal, 1923, p. 18). Quoi d'étonnant qu'elle ait envie de tout briser? (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 155).
8. À quoi bon. Que sert-il de? À quoi bon se mêler de leurs affaires? (ZOLA, Nana, 1880, p. 1281). À quoi bon? Qui pourrait entrer? Papa! Ah bien oui! (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 38).
Empl. subst. Au fond, un vide secret, un « à quoi bon », caché; peut-être le sentiment du bonheur qu'il n'avait pas su saisir (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1255). Sans cesse m'arrête un « à quoi bon? » qui me fait, depuis quelque temps, reculer devant l'effort (GIDE, Journal, 1933, p. 1165).
9. Je ne sais quoi. Quelque chose que je ne suis pas en mesure de préciser. Il y a une dissertation sur l'amour, une dissertation amenée par je ne sais quoi dans son esprit (GONCOURT, Journal, 1894, p. 597). Ah! Cette tare de l'instruction! Je ne sais quoi me trahissait (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 4). Elle trouvait à me représenter que je ne sais qui ou quoi attendait cependant après moi (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 889):
3. J'ai reçu de vous, le 23, douze lignes d'une écriture plutôt atroce et signées illisiblement, qui paraissent avoir été écrites au café, dans un mouvement soudain, sous l'empire de je ne sais quoi.
BLOY, Journal, 1900, p. 313.
Je ne sais quoi de + adj. Il ne me déplaît pas... dans sa vulgarité même, il dégage je ne sais quoi de puissant (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 31).
[Prend la place d'un élément qu'on ne saurait préciser] Dans les rues pavoisées, des oisifs badaudent, car c'est demain la saint je ne sais quoi (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 180).
Empl. subst. Judith: Quel je ne sais quoi? Merckens, à mi-voix: Le diable au corps (BECQUE, Corbeaux, 1882, I, 6, p. 84). Toutefois, ce je-ne-sais-quoi par lequel nous devinons que l'être est, ce je-ne-sais-quoi est de tous le plus indéterminé et le plus suprêmement laconique (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 16).
II. — Pron. rel. prép.
A. — [L'antécédent est un mot neutre ou indéf.] Tout ce à quoi elle tenait, elle le connaissait par cœur (RADIGUET,Bal, 1923, p. 57).
B. — [P. arch., l'antécédent est un nom de chose] André Gide, pour qui l'art est la seule contrainte acceptable et devant quoi toute morale doit fléchir (MASSIS, Jugements, 1924, p. 12):
4. Toile blanche des longs dimanches de l'automne
Dont la blancheur fait voir que le cœur est en sang,
Contraste grâce à quoi la plaie est évidente
Et saigne en rouges flots parmi le linge blanc.
RODENBACH, Règne sil., 1891, p. 114.
C. — [Après la loc. prép. faute de ou le part. prép. moyennant; l'antécédent est une prop.] Il s'était engagé à ne pas se servir de ces pièces moyennant quoi, d'ailleurs, le gouvernement en a fait usage tout de même (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 276).
Rem. Dans l'ex. suivant, quoi est, par exception, rel. non prép.; suivi de d'autre, il se substitue à que dans ce que: La prochaine fois, tu me parleras encore de Hérold, de Quillard, ou de ce quoi d'autre que tu auras sous la main (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1898, p. 311).
III. — Pronom. indéf.
A. — [Dans les loc. concess. quoi que et quoi qui]
1. Quoi que. Quelle que soit la chose que. Je sentais, quoi qu'on fît pour nous égayer, la solitude et la sauvagerie de ce recoin de la terre (LOTI, Mariage, 1882, p. 127). Quoi qu'il fasse, il se sent goujat, et il est inconsolable de ne traîner derrière lui qu'une goujate multitude (BLOY, Journal, 1900, p. 226). Quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, tu te mens dans le mensonge (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 11).
Quoi qu'il en soit. En tout état de cause. Quoi qu'il en soit, voici, grâce à M. Pierre-Quint, une question bien posée (BREMOND, Poés. pure, 1926, p. 106).
2. Rare, littér. Quoi qui. Quoi qui arrive, rien ne pourra m'enlever cela (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 640).
B. — [Dans la loc. quoi que ce soit; en cont. « forclusif »] Synon. quelque chose (qui est vieilli ou littér. dans cet usage).
1. [En prop. interr. ou en prop. hyp.] S'il venait à manquer quoi que ce soit dans la maison, elle n'avait qu'à le dire (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 101).
[En dehors du cadre strict de la prop. hyp.] Croire que l'on peut arriver à la perfection en quoi que ce soit, en n'ayant plus de regards que pour cela c'est le fait d'une petite intelligence (GIDE, Journal, 1889, p. 822):
5. Méphistophélès déjoue l'esprit lui-même, comme le plus grand des ridicules, quand il fait prendre un intérêt sérieux à quoi que ce soit au monde, et surtout quand il nous donne de la confiance en nos propres forces.
STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 72.
[Dans une alternative] Dis-moi, comment est-ce qu'il faut faire et par où commencer? Mais que tu nommes le bonheur de l'homme bien-être ou quoi que ce soit d'autre, j'ai dit qu'il n'était pas une fin en soi (CLAUDEL, Ville, 1901, III, p. 487).
[Dans une phrase injonctive] Allons: dites quoi que ce soit! Nous ferez-vous attendre longtemps? (CLAUDEL, Ville, 1893, II, p. 360).
2. [Après une princ. nég. ou une situation équivalente]
[Après une princ. nég.] Notre romancier ne voit pas « en quoi le fait d'habiter Sarcelles » a quoi que ce soit de déprimant (Le Monde, 4 juill. 1964, p. 9, col. 3).
[Après non, non que, non pas que] Non point sollicité de briguer d'eux quoi que ce soit (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 626).
[Après trop... pour] Mais je suis un trop vieux routier pour me scandaliser de quoi que ce soit (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1914, p. 220).
[Après un adj., un subst. ou un verbe de sens nég.] Le prince d'Agrigente était (...) entièrement dépourvu de quoi que ce fût de princier (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 433). Vouloir détruire ou abolir quoi que ce soit, c'est folie (MASSIS, Jugements, 1923, p. 99).
3. [Après avant de ou avant que] Avant de faire quoi que ce soit, Madame, pensez à vos voisins (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 231).
4. [Après sans ou sans que]:
6. Nous avons vécu quelque temps heureux. Nous avons eu un fils le 24 juillet 1925. Puis brusquement, sans la moindre explication, et sans que j'ai [sic] à me reprocher quoi que ce soit, mon mari m'a laissée alors que l'enfant était âgé de quinze mois.
L'Astrologie à l'œuvre ds Horoscope, avr. 1964, n ° 169, p. 47.
C. — Fam. [Dans la tournure comme quoi]
1. [Introduisant une interr. indir.] Synon. de comment. Germain raconta comme quoi il avait été forcé de ramener la petite Marie (SAND, La Mare au diable, XV ds GREV. 1969, § 995).
2. [Introduisant une rel.] Synon. de selon lequel, suivant lequel. Le colonel Renaud a fait un rapport comme quoi la visite du général Bübrer a peut-être contribué (X. E.P., 10 août 1938 ds DAM.-PICH. t. 7 1940, § 3107).
[L'antécédent peut être toute une prop.] Synon. de ce qui prouve que, ce qui permet de dire que, à la suite de quoi je puis dire que. Et Démophon grandit, vécut, souffrit, mourut en effet comme un homme. Comme quoi il faut laisser faire les dieux (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 113):
7. Avec la musique en plus, un haut-parleur qui bramait « ô mon amour, à toi toujours », il y avait vraiment de quoi laisser courir le long de son échine le frisson de la douce existence; et comme quoi il est prouvé qu'on peut très bien ne pas penser à la mort de Louis XVI, et tout de même continuer à exister avec au moins une apparence humaine, et du plaisir dans le cœur.
QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 23.
D. — [Dans la loc. pronom. indéf. n'importe quoi] J'avais envie d'embrasser quelque chose, n'importe quoi: c'était l'amour qui préparait son piège (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Print., 1881, p. 387). On ne devrait jamais acheter rien qu'avec de l'amour. N'importe qui, n'importe quoi devrait toujours être à celui qui l'aime le mieux (GIDE, Journal, 1896, p. 89).
E. — [Dans la tournure de quoi]
1. De quoi + inf. Ce qu'il faut, ce qui est nécessaire pour + inf. A-t-il de quoi vivre? J'ai de quoi rêver, de quoi m'émouvoir (COLETTE, Sido, 1929, p. 121). V. supra ex. 7.
2. Il n'y a pas de quoi + inf. Il n'y a pas lieu de. Laissez-moi tranquille, il n'y a vraiment pas de quoi mousser parce que j'ai déchiffré quelque chose (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 29). Il n'y a pas de quoi, vraiment, être si fière d'une maison (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 24).
[En réponse à des remerciements ou à des excuses dont on dit, par politesse, qu'ils n'ont pas de raison d'être] Le gamin haussa les épaules, disant: « Il n'y a pas de quoi! » Je lui aurais flanqué une gifle avec satisfaction (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 60).
3. Fam. Avoir de quoi. Avoir les moyens. Il est honnête, il a donc de quoi (AUGIER, Effrontés, 1861, III, 8 ds LE BIDOIS 1967, § 536).
Rare, en empl. subst. Vous avez bien le temps et le de quoi, marmonnait le vieux (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 205).
Prononc. et Orth.:[kwa], homon. coi. Ac. 1694, 1718: quoy; dep. 1740: quoi. Étymol. et Hist. A. Pron. interr. 1. a) ca 1050 en syntagme prép., dans le style dir. (Alexis, éd. Chr. Storey, 131); b) ca 1170 id., dans le style indir. (BEROUL, Tristan, éd. E. Muret, 3412); 2. a) ca 1170 sans prép. (= pron. interr. que) (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 13); b) ca 1180 ell., interj. (MARIE DE FRANCE, Fables, II, 18 ds T.-L.). B. Pron. rel. en syntagme prép. 1. 1174-76 avec un antécédent désignant une chose ou, en a. fr., une pers. (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2991); 2. a) ca 1165 se rapportant à ce qui vient d'être dit, à la situation, etc. ici spéc. i ot de quei « il y avait de quoi, il y avait une bonne raison pour cela » (Troie, éd. L. Constans, 11946, t. 2, p. 207); 1773 il n'y a pas de quoi (D'ALEMBERT, Lettre à Voltaire, 9 janv. ds LITTRÉ); b) 1176-81 de coi « ce qu'il faut pour cela » avoir de coi « avoir les moyens pour faire cela » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4834); 1260 avoir de coi « avoir les moyens, être assez riche » (E. BOILEAU, Métiers, XXIV, I, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, p. 53). C. Rel. indéf. 1179 loc. quei que « quelle que soit la chose que » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 3315, ibid.); fin XIVe s-déb. XVe s. quoy que ce soit (Quinze joies de mariage, éd. J. Rychner, XI, 113); 1580 quoy qu'il en soit (MONTAIGNE, Essais, I, 17, éd. P. Villey, p. 74). Du lat. quid « quoi, quelle chose » neutre du pron. interr. quis « qui ». Fréq. abs. littér.:30 603. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 33 039, b) 37 993; XXe s.: a) 45 624, b) 54 166. Bbg. BONNARD (H.). Le Système des pron. qui, que, quoi en fr. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 168-182, 241-251. — BREAZEALE (E.). Some observations on a modern colloquial use of quoi. Mod. Lang. J. 1939, t. 23, pp. 608-609. — GOUGENHEIM (G.). L'Emploi des pron. interr. que et quoi devant l'inf. In: [Mél. Iordan (I.)]. Bucarest, 1958, pp. 351-355; les Pron. interr. que et quoi. Fr. mod. 1949, t. 17, pp. 85-90. — HENKEL (W.), MULLER (Ch.). Ce dont-de quoi. Praxis. 1972, t. 19, pp. 220-221. — HERIAU (M.). Le Verbe impersonnel en fr. mod. Lille-Paris, 1980, t. 1, p. 334, 486; t. 2, pp. 922, 923. — HIRSCHBÜHLER (P.). La Synt. des rel. indépendantes. In: [Mél. Pohl (J.)]. Bruxelles, 1980, pp. 115-130. — JOKINEN (U.). Les Rel. en m. fr. Helsinki, 1978, pp. 23-24, 44-46, 98-119. — KOOPMAN (H.). Qq. probl. concernant que/quoi... In: LEFEBVRE (Cl.). La Synt. comparée du fr. standard et pop. S.l., 1982, t. 1, pp. 135-166. — MARTIN (R.). Le Mot rien et ses concurrents en fr. Paris, 1966, pp. 75-81; Qq. réflexions sur le système rel.-interr. qui/cui//que-coi en anc. fr. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1967, t. 5, pp. 97-122. — MOIGNET (G.). Le Système du parad. qui/que/quoi. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1967, t. 5, n ° 1, pp. 75-95. — MOREL (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, pp. 270-271, 425-433, 456-457. — OBENAUER (H.-G.). Ét. de synt. interr. du fr.: quoi, combien et le complémenteur. Tübingen, 1976, pp. 82-132. — QUEM. DDL t. 19. — SANDFELD (Kr.). Synt. du fr. contemp. 1. Les Pron. Paris, 1965, pp. 320-327; p. 353, 375, 377, 379. — SCHALK (F.). Nochmals zum je ne sais quoi. Rom. Forsch. 1974, t. 86, pp. 131-138.

quoi [kwa] pron. rel. et interrog.
ÉTYM. XIIe; quei, 1080; forme tonique issue du lat. quid. → 1. Que.
———
I Pronom relatif des deux nombres (désigne presque toujours une chose).
A Régi par une préposition et suivi d'un verbe à un mode personnel.
1 Vieilli ou littér. Quoi (avec un antécédent exactement déterminé).
REM. Cet usage était courant dans la langue classique, surtout après un nom abstrait. || « Ce n'est pas le bonheur après (cit. 50) quoi je soupire » (Molière); l'antécédent pouvait même être un pluriel ou un féminin. || « Une lettre qui est plus plate que la feuille (cit. 6) de papier sur quoi elle est écrite » (Mme de Sévigné). Cette liberté a été reprise par la langue littéraire pour éviter lequel, jugé trop lourd :
1 Il préférait, lui si franc, si ouvert, les louvoiements sournois à quoi cette fausse situation l'obligeait.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, in Souvenirs, Pl., p. 511.
2 (…) la bouteille d'amer qu'on avait débouchée pour nous la veille et à quoi nous avions à peine touché, était à moitié vide (…)
Gide, Voyage au Congo, 10 déc. 1925.
3 (…) prêt aussi à démonter pièce à pièce les piteux mécanismes grâce à quoi gloire et succès s'obtiennent le plus souvent (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XII, p. 145.
2 (Avec pour antécédent un mot de sens vague, tel que chose, point, rien, etc. ou un mot de sens précis mais dans une phrase à la forme négative). || L'éducation des enfants est une chose à quoi il faut s'attacher (cit. 71, Molière) fortement. || Il n'y a rien de quoi il s'étonne. Dont (supra cit. 25).
4 — N'y a-t-il rien à quoi nous puissions nous occuper ensemble ?
Gide, la Porte étroite, VII.
5 (…) il n'était pas de sacrifice à quoi tu n'aurais consenti (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, VII.
3 (Avec pour antécédent un mot déterminé, mais auquel on veut conférer une certaine indétermination). || « La mort seule, à quoi les athées veulent tout réduire, a besoin qu'on écrive en faveur de ses droits; car elle a peu de réalité pour l'homme » : la mort, chose à laquelle (Chateaubriand, le Génie du christianisme, t. I, V, 1).
4 (Avec ce pour antécédent). || L'impossibilité de réussir à autre chose que ce pour quoi l'on a été créé (→ Forfaire, cit. 2). || Ainsi l'on m'avait appris à réciter à peu près décemment les vers, ce à quoi déjà m'invitait (cit. 14) un goût naturel.REM. Après voici, voilà, c'est, le démonstratif ce est généralement omis. « Voilà exactement en quoi la définition de Littré ne me semble pas exacte » (→ Observation, cit. 5). || C'est de quoi je ne doute pas (→ Immatériel, cit. 3).
6 (…) comme un peintre qui ne peut obtenir que de courtes séances de pose, prépare sa palette, et a fait d'avance de souvenir, d'après ses notes, tout ce pour quoi il pouvait à la rigueur se passer de la présence du modèle.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 43.
7 Ce pour quoi l'on se sent vocation paraît beau.
Gide, Journal, 4 févr. 1902.
8 Voilà donc à quoi me sert la médecine.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, V, I.
5 (Introduit par une préposition et se rapportant à l'idée contenue dans une proposition antérieure). || À quoi (→ 1. Frais, cit. 34). || Après quoi (→ Liasse, cit. 2; libelle, cit. 1). || Au lieu de quoi (→ Filière, cit. 2). || Devant quoi (→ Perdre, cit. 63). || En quoi (→ Noce, cit. 3). || Faute de quoi. || Moyennant (cit. 1) quoi. || Sans quoi. Autrement, sinon (→ 1. Manger, cit. 12; nord, cit. 3; peinture, cit. 9). || Sur quoi (→ Pièce, cit. 13).REM. Ce genre de relative peut facilement se détacher de la phrase qui précède et en être séparée par un point ou un point-virgule.
9 Il fallut d'abord payer cette amende; après quoi il fut permis à Zadig de plaider sa cause (…)
Voltaire, Zadig, III.
10 — Son oncle a dix ou douze ans de service dans ce salon, sans quoi je le ferais chasser à l'instant.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XXXII.
11 Sa merveilleuse intelligence (de Valéry), sans rien d'inhumain toutefois, se doit des rigueurs exclusives. Auprès de quoi, je me parais patauger dans l'à-peu-près.
Gide, Journal, 5 mai 1942.
12 Faute de quoi, je me laisse attirer par la spécieuse aristocratie du silence.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XII, p. 157.
Comme quoi. a Vx. Comment.
b Fam. Ce qui prouve bien que… || Il a été vite enlevé, comme quoi nous sommes peu de chose sur la terre.
c Comme quoi (simple outil de subordination). || On lui a fait un certificat comme quoi… aussi Comme (infra cit. 33).
13 La locution comme quoi, signalée en 1647 par Vaugelas comme nouvelle et « ayant souvent bonne grâce », a le sens de comment : « Elle décrivait dans l'espace comme quoi c'était impossible que l'on m'emmenât » (Boyl., Enf. balustr., I, 3). Elle peut d'ailleurs n'être qu'un simple outil de subordination : « Dieu voulut qu'il y vît comme quoi le sultan Envoyait tous les jours une sultane en terre » (Muss., Namouna).
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1749.
6 Vx. (Avec pour antécédent un nom de personne). || « La femme de quoi l'on fait des contes par la ville ».
REM. Cet usage, abandonné à partir du premier tiers du XVIIe siècle, a été repris parfois dans la langue littéraire moderne. || « Un extraordinaire gentilhomme provincial auprès de quoi ceux de Barbey d'Aurevilly n'étaient rien » (Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 200).
B Relatif, suivi d'un infinitif, généralement pour exprimer la possibilité ou la conséquence (après des verbes comme avoir, trouver, chercher…). || Il ne trouvait rien sur quoi s'appuyer, aucune chose telle qu'il pût s'y appuyer.
14 Les autres, soulevés de terre, ne trouvant rien à quoi s'accrocher, lançaient des coups de pieds furieux (…)
M. Genevoix, Raboliot, III, VI.
15 (…) elle, qui parlait si peu avec son mari, trouvait mille sujets sur quoi interroger son beau-père.
F. Mauriac, Destins, III.
De quoi (après voici, voilà, il y a, etc., signifiant « ce qui est nécessaire ou suffisant pour… »). || Voilà de quoi vous attirer beaucoup de lecteurs (cit. 4) et beaucoup d'ennemis. || Cinquante francs d'amende par exemplaire (→ 2. Exemplaire, cit. 4) saisi, c'est de quoi faire reculer les plus intrépides. || Il n'y a pas de quoi fouetter un chat (cit. 14). || Il n'y avait vraiment pas de quoi rire. Matière, motif, raison, sujet (→ Nature, cit. 21).
16 — Elle est morte (…) Ris bien, grand nigaud; il y a, en effet, de quoi rire (…)
Diderot, Jacques le Fataliste, Pl., p. 589.
17 — Calmons-nous, les momignards. Voici de quoi souper pour trois. Et il tira d'une de ses poches un sou.
Hugo, les Misérables, IV, VI, II.
Ellipt (dans une formule de politesse). || Je vous remercie beaucoup. — ☑ Il n'y a pas de quoi; fam. pas de quoi.
(Après un verbe personnel). || Ils demandaient aux passants de quoi pouvoir soulager leur misère (cit. 9). || Il fallait bien qu'elle gardât (cit. 30) de quoi vivre. || Elle n'a pas de quoi s'occuper (→ Fainéantise, cit. 1). || Avoir de quoi vivre.
18 Tout à coup la mère Plutarque tomba malade. Il est une chose plus triste que de n'avoir pas de quoi acheter du pain chez le boulanger, c'est de n'avoir pas de quoi acheter des drogues chez l'apothicaire.
Hugo, les Misérables, IV, IX, III.
19 (…) vous savez, vous avez de quoi vous amuser si vous voulez regarder cela (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 280.
Ellipt, fam. Avoir de quoi : avoir de l'argent, de la fortune. || Il a de quoi : il peut se le permettre.
20 Il est honnête (…) il a donc de quoi ?
Émile Augier, les Effrontés, III, 8.
C Associé avec que et marquant une concession indéterminée. || Quoi qu'il advînt (→ Aussitôt, cit. 7). || Quoi qu'il arrive : quelque chose qu'il arrive. Cas (en tout cas); → Indifférence, cit. 2.
REM. Il ne faut pas confondre ce quoi que, pron. relatif indéfini, avec la conjonction quoique, qui en est issue.
Loc. Quoi qu'il en soit (→ En tout état de cause, de toute façon, n'importe comment; et aussi caractère, cit. 13; morigéner, cit. 5; 2. parer, cit. 2), « formule d'indétermination très usitée; elle énonce une concession provisoire, ou plus exactement, elle marque, chez le sujet parlant, une indifférence (réelle ou simulée) quant à la vérité de quelque chose qui vient d'être dit » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §603).
Quoi que ce soit, locution exprimant l'indétermination au plus haut degré. 2. Importer (2.; n'importe quoi), rien. REM. Cette locution, comme un nom véritable, peut dépendre d'une préposition (|| « Au delà de tout ce qui ressemble À la forme de quoi que ce soit », Hugo, la Légende des siècles, « Trompette du Jugement ») ou recevoir un complément qui la détermine (|| « Cacher à M. de Rênal quoi que ce soit de relatif à mon argent », Stendhal, le Rouge et le Noir, VII); dans ce dernier cas elle peut même servir d'antécédent à un relatif (Il n'a jamais fait un livre ou quoi que ce fût qui y ressemblât; → Pion, cit. 2). — Quoi que ce soit que…
21 Quoi que ce soit que l'on fasse, ne point se demander si l'on a eu raison ou non de le faire (…)
Gide, Journal, 24 janv. 1929.
22 (…) je ne parvins plus à faire correctement quoi que ce fût de mon programme.
G. Duhamel, Salavin, I, VII.
Quoi que (employé en fonction de complément direct). → Auteur, cit. 31; maître, cit. 36. || « Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse, / Ne saurait passer (cit. 78) pour galant » (La Fontaine). Beau (supra cit. 79 : avoir beau faire).Quoi qu'on dise, ou, vx, quoi qu'on die. 1. Dire (cit. 78 et 79).
23 Quel que soit le dédain du koran pour le psaume,
Et quoi que Jéhovah tente après Jupiter,
Quoi que fasse Jean Huss accouchant de Luther,
Quoi qu'affirme l'autel, quoi que chante le prêtre,
Jamais le dernier mot, le grand mot, ne veut être
Dit, dans cette ombre énorme où le ciel se défend,
Par la religion, toujours en mal d'enfant.
Hugo, la Légende des siècles, XLII.
24 Quoi que je dise ou fasse, toujours une partie de moi reste en arrière, qui regarde l'autre se compromettre (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XVI.
REM. Quoi que s'est employé dans la langue classique en parlant d'une personne. || « On vous obéira, quoi qu'il vous plaise élire » (Corneille, Dom Sanche, I, 2.)
Vx. || Quoi que… de… : quelque quantité de… que… || « Et, quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir, / Je ne consulte point pour suivre mon devoir » (Corneille, le Cid, III, 3).
Littér. Quoi que j'en aie, qu'il en ait… (croisement de malgré que j'en aie avec des tours tels que quoi que j'en dise, quoi que je fasse, etc.).
REM. Cette expression, condamnée par les puristes, est employée par beaucoup d'écrivains (cf. Grevisse, le Bon Usage, §978, N. B. 2, b, qui cite Barrès, Colette, É. Henriot, M. Bedel, E. Jaloux, Genevoix, etc.).
25 Mais il y a (pour les esprits trop perçants) une autre manière bien autrement vraie de saisir les gens et les personnages en scène, de les fouiller et de les sonder quoi qu'ils en aient (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 13 janv. 1851.
26 Jallez, quoi qu'il en eût, avait été flatté par les attentions de Paul Fort.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXII, p. 241.
Quoi que (employé avec une préposition). || Sur quoi que l'on se fonde (→ Fuir, cit. 29). || « À quoi que sa vertu puisse le disposer, / Il est puissant, il m'aime, il vient pour m'épouser » (Corneille, Polyeucte, II, 3).
———
II Pronom interrogatif (ne s'emploie qu'en parlant des choses).
A Dans l'interrogation indirecte.
1 (Précédé d'une préposition et introduisant une proposition interrogative à un mode personnel). || Je me demande en quoi la « destinée » de l'homme m'intéresse (→ 1. Penser, cit. 64).
27 (…) mais sait-on jamais à quoi rêvent les jeunes filles ?
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, VI.
2 (Précédé ou non d'une préposition et introduisant une proposition interrogative à l'infinitif).
a (En fonction de complément direct). || Il ne sait quoi faire. aussi 2. Que (supra cit. 30, rem. 1 et 2).
28 Mais, aujourd'hui, je ne sais plus que dire, et, ce qui est plus grave, je ne sais quoi penser.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 140.
b (En fonction de complément indirect). || Je saurai à quoi m'en tenir (→ Peut-être, cit. 13). || Ils ne savaient à quoi employer leur vie (→ Désœuvré, cit. 1).
3 Ellipt. Je ne sais quoi. Savoir.
4 N'importe quoi. 2. Importer (cit. 27 et infra).
B Dans une interrogation directe.
1 (Avec une préposition). || À quoi pensez-vous ? (→ Formuler, cit. 10). || De quoi parliez-vous ? (→ 2. Marche, cit. 11). || À quoi sert-il d'être libre de parler et d'écrire si l'on n'a rien de vrai et de neuf (→ 2. Neuf, cit. 7) à dire ? || Pour quoi. aussi Pourquoi. || Vers quoi s'achemine la musique ? (cit. 17).Fam. || Et dans quoi est-ce que cet argent (cit. 21) était ? || Dans quoi qu'il est ? || Ça sert à quoi ?
29 Oh ! demain c'est la grande chose !
De quoi demain sera-t-il fait ?
Hugo, les Chants du crépuscule, V, II.
(Employé à la fin d'une phrase). || Il y voit un Jacques éteint, soumis, apathique, brisé (cit. 33), mais par quoi ? || Et tu le juges, ce pauvre monde pourri, du haut (cit. 68) de quoi ?
Ellipt. À quoi bon. 1. Bon (cit. 99 à 101.2; et supra).
2 (En fonction de sujet).
REM. Quoi n'est guère employé comme sujet, dans une proposition complète, que lorsqu'il est séparé du verbe (surtout par donc) ou lorsqu'il est coordonné à qui. || « Quoi donc était hier ce qu'il sera demain ? » (Lamartine, Jocelyn, 2e époque, v. 242). || « Quoi, dans la vie, lui donnait le droit de parler ainsi ? » (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire ?, II, 2, 4, p. 372).
3 Quoi de… (suivi d'un adjectif, avec ellipse du verbe). || Quoi de neuf ? (→ 2. Neuf, cit. 18) : qu'y a-t-il de neuf ? || Quoi de plus limpide (cit. 7) que les préceptes de La Fontaine ? || Se libérer (cit. 6) d'une souffrance, quoi de plus naturel ?(En emploi exclamatif). || Quoi de plus lugubre que le masque ? (→ 1. Masque, cit. 5).
30 Quoi de plus fatigant que cette manie de certains littérateurs, qui ne peuvent voir un objet sans penser aussitôt à un autre.
Gide, Journal, 20 août 1926.
4 (En fonction de complément direct). Dans une phrase elliptique, surtout après un infinitif. || Devinez quoi ?Fam. || En quoi faisant ?
31 Quoi faire ? Car il fallait périr de misère, ou faire quelque chose.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 498.
32 Regretter quoi ?… Je vous le demande ? La jeunesse ?… On n'en a pas eu nous autres de jeunesse !
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 343.
Fam. (Antéposé). || Quoi c'est que…, quoi que… || « Quoi c'est qu'on bouffe ? » (Benjamin, Gaspard, I, p. 15). || « Quoi que vous voulez qu'on fasse avec ça ? » (Vercel, la Clandestine, p. 209).
C Emplois elliptiques.
1 (Employé dans un dialogue pour demander à l'interlocuteur d'achever une phrase qu'on juge incomplète). || « Quelle saleté !… — Quoi ? — Ça ! dit-elle en désignant sa tasse de café » (→ Infect, cit. 5). || « Et autrement, vous savez la nouvelle, au moins ? — Et autrement, quoi donc ? » (→ Moins, cit. 16).Fam. Quoi, servant à faire répéter une phrase ou un mot qu'on a mal compris. Comment (infra cit. 1).REM. Cet emploi au sens de pardon ? ou plaît-il ? est considéré comme peu poli. « Tu viens ? — Quoi ? — Je te demande si tu viens ».
33 Qu'est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi rien ? — Peu de chose.
La Fontaine, Fables, I, 5.
34 — Louise ? Mme Roland entr'ouvrit la porte et répondit : — Quoi ? mon ami.
Maupassant, Pierre et Jean, VIII.
35 — Bah ! ce n'est pas la première fois. — Que quoi ? — Que je suis en retard, dit-elle, vexée de la question.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, III, p. 331.
Pop. De quoi ?, formule interrogative (souvent répétée), s'emploie avec une nuance de menace, de défi, etc.
36 — Tu ferais mieux de dormir à cette heure-ci. — De quoi ? — observa le jeune homme avec cet accent des voyous parisiens qui semble un râle (…)
Nerval, les Nuits d'octobre, X.
Fam., ellipt. || Quoi (formant le deuxième membre d'une interrogation double). || Tu l'as vu, ou quoi ? || Alors il se décide, ou quoi ? (cf. Oui ou non).
36.1 Non mais sans blague, elle est devenue dingue, ou quoi ? Je vais quand même pas canoter en plein jour. Elle est folle à lier.
É. Ajar (R. Gary), l'Angoisse du roi Salomon, p. 273.
2 (Employé comme interjection pour marquer l'étonnement, l'indignation, etc.). Comment, et (supra cit. 32). || « Quoi ! mortes ! quoi déjà, sous la pierre couchées ! Quoi ! tant d'êtres charmants sans regards et sans voix ! » (→ Fleur, cit. 17, Hugo). || « Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ? » (cit. 62, Lamartine).
REM. Dans cet emploi, quoi était généralement suivi autrefois d'un point d'interrogation : || « Quoi ? vous avez le front (cit. 22) de trouver cela beau ? » (Molière). « Quoi ? Madame, un barbare osera m'insulter ? » (cit. 1, Racine).
37 — Quelle duperie ! répondit-il. Quoi ! faire des cadeaux à un homme dont nous sommes parfaitement contents, et qui nous sert bien ?
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VII.
38 L'Europe en rougissant dit : — « Quoi ! j'avais des rois ! »
Et l'Amérique dit : — « Quoi ! j'avais des esclaves ! »
Hugo, les Châtiments, « Lux », II.
Renforcé. || Eh quoi ! (→ Canaille, cit. 9), mais quoi ! (→ Malheur, cit. 2), quoi donc ! (→ Plus, cit. 27).(1804, in D. D. L.). Fam. (Accompagnant une explication, avec une nuance d'impatience). || « Je sers au régiment étranger. Au régiment ?… — À la Légion (cit. 7), quoi ! » (→ aussi Poulet, cit. 6).
38.1 — Vous avez … — Oui : rompu mes fiançailles. Ma sœur… — Vos… — Oui, quoi ! Rompu, cassé : fini, quoi. Comprenez pas ?
Claude Simon, le Vent, p. 154.
Fam. (Accompagnant un mot qui résume une idée, une énumération). → Indulgent, cit. 9. || « Un peuple de candidats à la bourgeoisie, un peuple d'aspirants à la bedaine. Les pantoufles (cit. 6), quoi ! » (Larbaud).
39 (…) tout ce qu'ils possédaient, leur campagne, les charrettes, brancards en l'air, leurs champs, leurs enclos, la route, les arbres et même les vaches, un chien avec sa chaîne, tout, quoi.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 18.
39.1 Oh ! avant de les conduire au Palais de Justice, on rend les victimes présentables (…) Un rien de toilette, quoi !
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 152.
tableau Principales interjections.
———
III N. Vx, fam. || Ni quoi ni qu'est-ce, qui ni quoi : rien. || « Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi… » (La Fontaine, Fables, V, 18).
40 À ces mots, il ne dit ni que ni quoi.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 224.
COMP. Pourquoi, quoique.
HOM. Kwa.

Encyclopédie Universelle. 2012.