raconter [ rakɔ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Exposer par un récit (des faits vrais ou présentés comme tels). ⇒ conter, narrer, rapporter, relater, retracer. Raconter ce qui s'est passé. « Je raconte une histoire dont rien n'est inventé » (Maurois). Raconter qqch. en détail, par le menu. « Ce que Sainte-Beuve raconte de ces solitaires » (Renan). « Il a entendu raconter qu'ils vivent des femmes » (Romains). ⇒ 1. dire.
♢ Loc. fam. Raconter sa vie à qqn : donner de longues explications inutiles. — Je te raconte pas, s'emploie pour donner un caractère emphatique à ce qu'on dit (cf. Je te dis pas, tu ne peux pas savoir).
2 ♦ Décrire, dépeindre. « Il faut raconter barbarement un âge barbare » (Michelet).
♢ Littér. (compl. personne) « Il est fort rare qu'on ne désoblige pas ceux qu'on raconte » (Cocteau),dont on raconte la vie, dont on fait le portrait. — Pronom. « Je ne me suis pas raconté dans ce roman » (Chardonne).
3 ♦ Dire, débiter à la légère ou de mauvaise foi. « Vous êtes trop au courant pour que j'essaie de vous raconter des histoires » (F. Mauriac). Je sais ce qu'on raconte sur nous. Qu'est-ce que tu me racontes là ? ⇒ chanter. C'est du moins ce qu'elle raconte, ce qu'elle prétend. — Il se raconte des histoires : il se fait des illusions, il se leurre.
● raconter verbe transitif (ancien français aconter, conter) Faire oralement ou par écrit le récit d'événements, d'aventures, réels ou imaginaires : À la veillée, il nous racontait les vieilles légendes du pays. Dire, rapporter que : Tous racontent avoir vu une lumière étrange. Tenir des propos peu crédibles ou mensongers : Raconter des balivernes. ● raconter (citations) verbe transitif (ancien français aconter, conter) Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Je raconte ma vie comme on fait les rêves au réveil. Blanche ou l'Oubli Gallimard Quintilien, en latin Marcus Fabius Quintilianus Calagurris Nassica, aujourd'hui Calahorra, Espagne, vers 30-vers 100 après J.-C. On écrit pour raconter, non pour prouver. Scribitur ad narrandum, non ad probandum. Institution oratoire, I, 31 Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Je frémis en le racontant. Horresco referens. L'Énéide, II, 204 ● raconter (expressions) verbe transitif (ancien français aconter, conter) On raconte que, on colporte des bruits en jasant : On raconte qu'il a eu plusieurs épouses. ● raconter (synonymes) verbe transitif (ancien français aconter, conter) Faire oralement ou par écrit le récit d'événements, d'aventures, réels...
Synonymes :
- conter
- dire
- exposer
- narrer
- rendre compte
Dire, rapporter que
Synonymes :
- décrire
- dépeindre
- exprimer
- montrer
- peindre
- relater
- représenter
- révéler
Tenir des propos peu crédibles ou mensongers
Synonymes :
- chanter (familier)
- débiter
raconter
v. tr.
d1./d Faire le récit de (choses vraies ou imaginaires). Raconter une histoire. Syn. rapporter.
d2./d Litt. Dépeindre. Ces monuments qui racontent la gloire de l'Empire.
|| v. Pron. Raconter sa propre vie, sa propre histoire.
d3./d Dire à la légère ou avec mauvaise foi. Qu'est-ce que tu racontes?
d4./d v. Pron. (Djibouti) Garder un souvenir cuisant de qqch. Si tu continues de m'embêter, tu vas recevoir une fessée dont tu vas te raconter.
⇒RACONTER, verbe trans.
A. — Faire (de vive voix ou par écrit) le récit de faits vrais ou faux.
1. Raconter qqc. à qqn. Synon. conter, dire, narrer, relater.
a) [Introd. un discours dir.] Jacques raconta: — « J'ai dormi comme un voleur sur le quai, sous une bâche! Et toi ? » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 644).
— [Situé en incise avec invers. du suj.] Je me faisais l'effet de quelqu'un, racontait-il, qui, penché sur la margelle d'un puits profond et noir, agiterait désespérément une corde dans l'espoir qu'enfin une main la saisisse (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 887).
b) [Introd. un discours indir.]
♦ Raconter que. En chemin, il nous raconte que sa famille est d'origine anglaise (GONCOURT, Journal, 1860, p. 787).
♦ Raconter comment. Il me raconta comment la fille du roi était tombée en son pouvoir (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 277).
c) [Le compl. est un subst., un pron. ou une sub. entière] Il m'a raconté en détail ses malheurs (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1683). Georges racontait tout; il était d'une franchise désarmante (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1535):
• 1. Rouletabille, dominant son émotion par un effort visible, engagea M. Darzac à essayer de se calmer et à nous raconter par le menu tout ce qui s'était passé depuis son départ de Paris.
G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 28.
SYNT. Raconter une anecdote, une aventure, une bataille, une histoire, un incident, un voyage; raconter longuement, en détail(s).
— P. plaisant. Raconter sa vie. [Pour ironiser sur les confessions prolixes et sans retenue d'une pers.] Ces vieilles édentées roucoulantes et combien, combien emmerdantes me racontent leur vie (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 202).
d) Absol. C'est le principal personnage lui-même qui décrit et raconte (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 325). « Oui », interrompit Antoine, « M. Chasle m'a raconté » (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 720).
— [Empl. à l'impér.] « Et alors? » fit-il. « Raconte donc! » (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922p. 710). Raconte, raconte vite (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 146).
2. Empl. pronom.
a) réfl. dir. Raconter sa vie, faire son autobiographie. Frémizon n'en finissait pas de se raconter (CÉLINE, Voyage, 1936, p. 155). Ce fut surtout Annie qui parla. Marat l'encourageait à se raconter. Les femmes comme les hommes aiment parler de soi-même (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 238).
b) indir. Se faire le récit de quelque chose. La rêverie, justement, n'est pas le rêve: l'homme qui s'y laisse aller se raconte des histoires auxquelles il ne croit point (SARTRE, Imagination, 1936, p. 136). Il se racontait sans fin l'histoire de cet amour misérable (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 283).
c) réciproque. Se faire mutuellement le récit de quelque chose. En s'interrompant cent fois l'un l'autre, ils parvinrent à grand'peine à se raconter ce qu'ils ignoraient (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 491).
d) passif. Se dire, être dit. Peu de goût pour les histoires qu'on lit, la plus grande curiosité pour celles qui se racontent (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 44).
B. — Littér. ou vieilli. Faire (de vive voix ou par écrit) la description, l'exposé de quelque chose. Synon. décrire, dépeindre.
1. Raconter qqc. Dire le détail de quelque chose. Je lui racontai les résultats de mon voyage (A. DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 224). M. Zola raconte les vastes drames de la vie animale (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 324):
• 2. ... ces dames s'étaient rapprochées (...). Elles causaient toilette, Madame de Boves racontait une robe de bal. — D'abord, un transparent de soie mauve, et puis, là-dessus, des volants de vieil alençon...
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 458.
— [Suivi d'un nom propre de lieu] Il me raconte Compiègne, ses élèves, et tout... (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 713). Jean-Jean le Wolfram raconte Lisbonne (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 204).
2. Raconter qqn. Faire le portrait de quelqu'un. Il raconte son grand-père, son père, parle de la Bresse et de mille choses de la médecine existante (MICHELET, Journal, 1858, p. 401).
3. Au fig. [Le suj. désigne une chose] Qqc. raconte qqn, qqc. Être le témoignage, la manifestation de quelqu'un ou de quelque chose. L'hiver, le gaz dans le brouillard raconte tous les délires du soir: le thé, le vin chaud dans les familles, la bière et les nuages de tabac dans les cafés (CROS, Coffret santal, 1873, p. 130):
• 3. Un corso bordé d'hôtels jadis somptueux raconte l'opulence du passé [à Raguse]. À côté, de petites ruelles aussi étroites, aussi raides, aussi impossibles que dans les Kasbahs arabes.
LOTI, Journal, t. 1, 1878-81, p. 191.
♦ RELIG. [P. allus. au Psaume XIX: « Les cieux racontent la gloire de Dieu »] C'est pendant la nuit que les cieux peuvent raconter la gloire de Dieu, et c'est aussi pendant la nuit que les anges de Noël annoncèrent la plus étonnante de ses œuvres (BLOY, Désesp., 1886, p. 105).
C. — Présenter comme vrais des faits douteux (avec ou sans malveillance). Raconter des histoires, des sornettes; raconter n'importe quoi. Non, n'est-ce pas? On m'a raconté une blague (BLOY, Journal, 1892, p. 56). Est-ce que l'oncle Adolphe m'aurait raconté une craque? (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 201).
♦ [Précédé de la loc. interr. qu'est-ce que empl. avec une valeur dépréc.] En tout cas, tu ne me laisseras pas dans l'embarras, je suis sûre. — Qu'est-ce que tu racontes là? fit-il (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 102):
• 4. ... à Paris, pendant le siège (...): — (...) des bavardages toujours! Qu'est-ce que vous leur racontez encore aux Parisiens? Vrai, il faut qu'ils aient bon caractère. Leur en faites-vous assez gober de ces blagues! Voyons voir la nouvelle tartine?
H. CÉARD, Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 158.
♦ Raconter qqc. sur qqn. Calomnier quelqu'un, dire sur lui des médisances. Moi qui sais ce qu'on raconte sur lui et sur sa femme: — Oui, dis-je. Nous avons chacun notre petit paquet (RENARD, Journal, 1901, p. 668).
♦ En raconter (de belles). Dire des choses étonnantes, qui semblent incroyables ou exagérées. Tu le vois? Au fond, près du comptoir. Il en raconte, va! (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 180). J'étais sûre qu'elle m'en aurait raconté de belles, si je l'avais couchée sur mon divan (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 207).
REM. Racontance, subst. fém., vx, rare. Récit, exposé. Je leur racontai en peu de mots mes voyages de tour de France. « Mon Dieu! Que le monde est grand! » disaient-elles à mes racontances (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 537).
Prononc. et Orth.: [], (il) raconte [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 « faire un récit détaillé » raconter que (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 122, ms. A); 1160-74 (ID., Rou, éd. A. J. Holden, II, 1313: l'epitaphe... Qui raconte sez fez et comment il vesqui); 1798 fam. en raconter (Ac.); 2. 1169-78 « expliquer, dépeindre » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5738: Se tu veuz que je t'en raconte [de l'amour], Quels est le defenissemenz...); a) 1679 avec un compl. désignant une pers. (LA FONTAINE, Fables, IX, 18: Je vous raconterai Térée et son envie); b) av. 1757 avec un suj. désignant un inanimé (FONTENELLE, Cassini ds LITTRÉ: Les cieux qui racontent la gloire de leur créateur); 3. 1746 réfl. dir. « s'analyser, parler de soi » se raconter naïvement (VAUVENARGUES, Réflexions sur quelques sujets, 23 ds Œuvres, éd. H. Bonnier, t. 1, p. 309); 4. 1877 « dire à la légère ou de mauvaise foi » (ZOLA, Assommoir, VI ds Œuvres, éd. H. Mitterand, t. 3, p. 551). Dér., à l'aide du préf. re-, de l'a. fr. aconter « décrire, raconter » (Roland, éd. J. Bédier, 534; 1038), dér. de conter, préf. a-1. Cf. l'a. fr. reconter « conter » (1119 PH. DE THAON, Comput, 2001 ds T.-L.), dér. de conter. Fréq. abs. littér.: 12 191. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 12 452, b) 19 884; XXe s.: a) 22 227, b) 17 194.
DÉR. 1. Racontable, adj. Qui peut être raconté. J'ai tout raconté au marquis (...). Tout ce qui était racontable (AUGIER, Mariage Olympe, 1855, p. 247). — []. — 1re attest. ca 1200 « qui peut être, qui mérite d'être raconté » (Li Dialoge Gregoire, 211, 21 ds T.-L.: chose [...] racontable [factum [...] memorabile]); de raconter, suff. -able; cf. l'a. fr. recontable (ca 1175, ibid.), dér. de reconter, v. raconter. 2. Racontage, subst. masc., région., vieilli. Bavardage, racontar. Tous ces racontages, sujets de conversation qui occupent dans le premier moment les petites villes et les petites gens (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 9). — []. — 1re attest. 1807 (MICHEL (J.-F.) Expr. vic., p. 13), terme des dial. du Nord et de l'Est (FEW t. 2, p. 995a); de raconter, suff. -age.
raconter [ʀakɔ̃te] v. tr.
ÉTYM. XIIe; de re-, et anc. franç. aconter, de conter.
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1 Exposer par un récit (des faits vrais ou présentés comme tels). ⇒ Conter, narrer, rapporter, relater, retracer. || Raconter des faits (→ Amas, cit. 11; bris, cit. 3), des événements, des actions (→ Miséricorde, cit. 1; mobile, cit. 3), ce qui s'est passé (cit. 138), des aventures (→ Attention, cit. 12; dramatique, cit. 3; entracte, cit. 4; 2. geste, cit. 2), des guerres (→ Engager, cit. 50), une victoire (→ Esprit, cit. 31), une bataille (→ Histoire, cit. 39), ses malheurs, ses maux (→ On, cit. 40), sa vie (→ Prendre, cit. 61)… || Raconter des anecdotes (cit. 2 et 3), une histoire (→ Aborder, cit. 6; bouleverser, cit. 8; descendre, cit. 39; fuir, cit. 32). || Raconter des histoires (→ Fade, cit. 14; fictif, cit. 2; flot, cit. 7; intégrant, cit. 3). ⇒ Narrer (cit. 1). || Ce qu'il raconte m'intéresse moins que sa façon de le raconter (→ Livrer, cit. 23; et aussi manière, cit. 6). || Raconter qqch. en détail, par le menu. ⇒ Détailler, historier (vx). — Ce qu'on raconte de qqn (→ Monsieur, cit. 2), d'un événement (→ Menterie, cit. 2). ⇒ Dire. — À ce qu'on raconte (→ Habitude, cit. 22); raconte-t-on (→ Obstacle, cit. 3), comme on le raconte… ⇒ Dire (dit-on). || Contrairement à ce que l'on raconte (→ Incorporel, cit. 2).
1 (…) sa mémoire était une source inépuisable de faits divers, qu'on n'entendait pas toujours avec autant de plaisir qu'il les racontait.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, I.
2 Raconter maintenant la vie d'un artiste, ce n'est autre chose qu'analyser ses idées, marquer sa place intellectuelle parmi ses contemporains et donner le catalogue de son œuvre; l'individu disparaît, l'idée seule se dégage.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Simart.
3 Le bon critique est celui qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d'œuvre.
France, la Vie littéraire, I, Préface.
4 Mais on goûte un plaisir d'une qualité exceptionnelle quand par hasard on peut raconter quelque chose d'entièrement vrai qui vous fasse autant d'honneur qu'un mensonge.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XXIII, p. 273.
♦ Absolt. || Raconter bien, mal, parfaitement. (→ Histoire, cit. 14). || Un témoin qui raconte (→ Nouvelle, cit. 20). — ☑ En raconter : raconter bien des choses, souvent peu exactes.
4.1 Ce serait intéressant, après tout, que l'auteur de ce beau coup nous le raconte lui-même. « Alors, raconte ! », comme chante Gilbert Bécaud.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 328.
♦ (Avec une proposition complément). || Raconter que… (→ Cesse, cit. 6; effarer, cit. 7; grignoter, cit. 5). || On raconte de cet empereur qu'il… (→ Apparition, cit. 11). || Raconter comment… (→ Drôlement, cit. 1; 1. goûter, cit. 9), comme quoi… (→ Garder, cit. 10), quel sort les avait assemblés (cit. 17), quels applaudissements a eus (→ 1. Avoir, cit. 50) un discours…
2 Décrire, dépeindre. || Madame de Sévigné a raconté tout un siècle (→ Agile, cit. 7). || Raconter barbarement (cit. 3) un âge barbare. || Raconter les mœurs d'un pays (→ 1. Goutte, cit. 9). || Analyser et raconter chaque œuvre (→ Exposition, cit. 3). || Raconter des sentiments (→ Froisser, cit. 21). || « Je vais te raconter les diverses beautés qui parent ta jeunesse » (cit. 15, Baudelaire).
5 Les récits infinis du général eurent un succès rapide dans la société de Kœnigsberg. Tout le monde voulait l'entendre raconter Paris.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Le rose et le vert », I.
♦ Littér. Faire le récit de la vie, le portrait de (qqn). || Raconter qqn (→ Perspective, cit. 11). || « L'auteur, en racontant le genre (cit. 4, Hugo) humain… » || Vieilles épopées (cit. 3) qui racontent les hommes-chevaux.
6 Écoutez plutôt ma chanson;
Je vous raconterai Térée et son envie.
La Fontaine, Fables, IX, 18.
♦ Fig. (Sujet n. de chose). || « Les cieux (cit. 4, Bible) racontent la gloire de Dieu ». || Constructions en ruines qui racontent l'effondrement (cit. 2) des civilisations.
7 La fièvre flambante de l'œil, le luisant malsain du teint, le décharnement du faciès et du cou, enfin la macération canaille de tout l'être harassé, vous racontaient les misères, les souffrances, les fringales, les refroidissements, les coups de soleil, les courbatures de la femme, avec un passé de jeune fille où l'eau-de-vie avait bien souvent remplacé le pain manquant.
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, II.
8 C'est samedi, et les pierres, et le plancher, fraîchement lavés, racontent tout un petit poème rustique et intime, auquel, je le sais, tu n'es point indifférent.
Loti, Aziyadé, II, IV.
9 On fait la guerre à la loi de Luther, on en brise la contrainte; mais on reste luthérien dans sa cravate; la redingote raconte le bourgeois et sa manie d'être considérable (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
3 (1877). Dire, débiter à la légère ou de mauvaise foi. || Raconter des histoires (cit. 48), des blagues. || Je sais ce qu'on raconte sur nous (→ Inexact, cit. 3). || Qu'est-ce que tu me racontes là ? ⇒ Chanter (→ Parterre, cit. 2). || C'est du moins ce qu'elle raconte, ce qu'elle prétend (→ Pourrir, cit. 9).
10 (…) elle se laissa gronder d'un air sournois, en racontant qu'on ne pouvait pas marcher, à cause du verglas.
Zola, l'Assommoir, VI, t. I, p. 241.
♦ Péj. Dire. || Qu'est-ce qu'il raconte, le prof ? → Exercice, cit. 12.
——————
se raconter v. pron.
ÉTYM. (XVIIIe).
♦ (Réfl. dir.). Se décrire, s'analyser, parler de soi (→ Faire, cit. 50; gémeller, cit.).
♦ (Réfl. indir.). || Se raconter des histoires, se raconter que… (→ Malfaisant, cit. 3).
♦ (Récipr.). || Ils se racontaient leurs histoires de collège.
11 L'histoire manque d'ailleurs au dix-huitième siècle; la France, après le cruel effort des guerres de Louis XIV, souffre trop pour se raconter. Plus de Mémoires : personne n'a le courage d'écrire sa vie individuelle (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., II, II.
12 Je ne me suis pas raconté dans ce roman. Les aveux en littérature sont rares : il faut prendre trop de peine pour dire ce que l'on ressent.
J. Chardonne, Éva, p. 11.
13 Ce qu'on peut à vingt ans se raconter d'histoires
Aragon, le Roman inachevé, Beauté du diable.
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DÉR. Racontable, racontage, racontar, raconteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.