1. repartir [ repartir; r(ə)partir ] ou répartir [ repartir ] v. tr. <conjug. : 16; auxil. avoir > ♦ Vx ou littér. Répliquer, répondre. — (En incise) Littér. « Vous adorez un bœuf ! est-il possible ? [...] Il n'y a rien de si possible, repartit l'autre » (Voltaire). ⇒ rétorquer. ⊗ HOM. Répartir. 2. repartir [ r(ə)partir ] v. intr. <conjug. : 16; auxil. être >
1 ♦ Partir de nouveau (après un temps d'arrêt). Le train va repartir. ⇒ redémarrer. « Arrivés à Thysville à six heures et demie du soir. Nous repartons vers sept heures du matin » (A. Gide).
♢ Fig. Recommencer (une carrière, une affaire). ⇒ redémarrer. Repartir à zéro. — Fam. Allez, c'est reparti ! (cf. On remet ça). C'est reparti comme en quatorze. — Reprendre. L'affaire repart bien.
2 ♦ Partir pour l'endroit d'où l'on vient (cf. S'en retourner). « s'ils étaient libres de venir, ils ne le seraient pas de repartir » (Camus).
⊗ CONTR. Arrêter (s').
● repartir verbe intransitif (de partir) Se remettre à marcher, à rouler, à avancer : La voiture est réparée, nous pouvons repartir. Se remettre à fonctionner, à se dérouler, à progresser, etc. : Le moteur est reparti. S'en retourner à l'endroit d'où l'on vient, quitter l'endroit où l'on est arrivé : Vous venez d'arriver et déjà vous repartez ? ● repartir (difficultés) verbe intransitif (de partir) Conjugaison Avec l'auxiliaire être au sens de « partir de nouveau, retourner ». ● repartir (homonymes) verbe intransitif (de partir) répartir verbe ● repartir verbe transitif et verbe intransitif (de repartir) Littéraire. Répondre promptement et avec à-propos. ● repartir (homonymes) verbe transitif et verbe intransitif (de repartir) répartir verbe
v. intr.
d1./d Partir de nouveau.
d2./d Retourner à l'endroit d'où l'on vient. Il repart pour Hanoi.
I.
⇒REPARTIR1, verbe trans.
Vieilli ou littér.
A. — Dans la conversation, répondre aussitôt à un propos. La foule, railleuse, lui cria: — Voyons, sois franc, Nosor, comment trouves-tu ce bouillon? — Nosor, n'ayant garde de repartir, expectorait (...) des chicots saignants (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 292).
— [Le compl. est un propos rapporté au style dir., le verbe est souvent placé en incise] Il dit, avec un rictus sardonique: — « (...) La société, c'est un estomac qui digère et pas plus de courants d'idées que de courants d'air. » — « Cela te fait rire, Martial, » repartit Marie-Jeanne (..), « moi pas (...) » (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 57).
♦ [Gén. avec un adv., un compl. prép., parfois un adj. en appos. pour préciser l'attitude du locuteur, le ton de la réponse] — Ainsi, (...) votre intention n'a jamais été de vous rallier? — Je n'y ai jamais songé, repartit tranquillement Gaston (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 41). — Enfin, Juliette se marie! C'est inattendu! C'est un peu inespéré! — Non, repartait « Sido » belliqueuse, c'est désespéré (COLETTE, Sido, 1929, p. 171).
SYNT. Repartir brusquement, énergiquement, fièrement, froidement, ironiquement, modestement, poliment, simplement, spirituellement; repartir avec acrimonie, enthousiasme, ironie, mépris; repartir d'un air furieux, d'une manière brutale, d'un ton emporté, méprisant, résolu, vif, d'une voix aigre, amère, ferme, irritée.
— [Le compl. est une sub. introd. par que] L'abbesse la pria d'ouvrir; la prieure répondit que la règle ne le permettait pas (...). L'abbesse repartit que les règles n'étaient point pour l'abbesse de Port-Royal (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 563).
— [Le compl. est un subst., parfois introd. par par] Il repartit de mauvaises raisons (LITTRÉ). Il ne lui a reparti que des impertinences. Il ne lui a reparti que par injures, que par des injures (Ac.).
— Repartir + compl. second. désignant l'interlocuteur. — Je suis bien petit pour ces grandeurs (...). — Si vous le pensez réellement, me repartit vivement la comtesse, vous n'en êtes que plus digne d'estime (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 54).
— [P. méton. du suj.] Paraît sur l'écran un vaste bâtiment, anguleux et dur: « Munich: la maison du parti », annonce dévotieusement Agethen. « Quel parti? » repart aussitôt une voix dans la salle, sur le ton de la plus innocente curiosité (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 115).
Rem. Repartir est surtout empl. lorsqu'on rapporte une suite de propos; il est une var. des verbes, en nombre limité, qui permettent de désigner le locuteur. — Qu'est-ce que c'est que ça, les Minquiers? continua l'Américain. Le Malouin répondit: — C'est des cailloux très mauvais. (...) — Et les Moines, observa le Guernesiais. — Et le Canard, s'écria le Malouin. — Monsieur, repartit le Guernesiais poliment, vous avez réponse à tout (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 197).
B. — Rare. Faire entendre quelque chose immédiatement après autre chose. Repartir par. Davenant récita l'idylle du Ruisseau; Milton lui repartit par le vif Allegro (CHATEAUBR., Mél. et poés., Milton et Davenant, 1828, p. 334).
Prononc. et Orth.:[], (il) repart [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1588 (MONTAIGNE, Essais, III, 8, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, t. 2, p. 938). Dér. de partir2; préf. re-.
II.
⇒REPARTIR2, verbe intrans.
A. — 1. [Le suj. désigne un animé]
a) Quitter un lieu où l'on est arrivé quelque temps auparavant; se remettre en route après un arrêt. Synon. redémarrer. Je dormis quelques heures dans un fossé et je repartis reposé, fortifié par ce somme (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Souv., 1884, p. 534). Un petit coup de fouet, bien cinglant, pour faire repartir la bête butée (COLETTE, Vagab., 1910, p. 14).
[P. méton. du suj.] Le sergent s'approchait avec ses hommes, les cris réglementaires furent échangés. (...) Et l'on entendit les pas lourds repartir (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1466).
— Repartir + compl. prép. désignant un lieu
♦ [Le lieu d'arrêt, origine du nouveau départ] Repartir de. Repartis de Lara vers quatre heures du matin. Arrivés à Domourou avant la grande chaleur (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 947).
♦ [La destination] Repartir pour, vers. On repartit au pas vers Gorna Baina dont on apercevait les tuiles dans les arbres (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 186). Il courut à Antioche et de là, à franc étrier, jusqu'à Jérusalem. (...) il repartit à marches forcées pour Kharpout (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 124).
♦ En partic. Repartir à, pour. S'en retourner, rentrer. Repartir à l'école, chez soi. Ces devoirs (...) qu'il faudrait bâcler avec fièvre demain matin dans ma chambre (...) avant l'heure odieuse de repartir pour le collège (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 211). Bon nombre de mercenaires étaient repartis en France (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 666).
— Repartir + compl. prép., loc. adv., adv. indiquant les modalités de l'action
♦ [Le moyen utilisé] Repartir par le train, en voiture. Oui, elle était venue (...) et était repartie, à pied cette fois, sans bagage, avec la bonne (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 150). Il était reparti dans son cabriolet en fouaillant rageusement l'alezan (AYMÉ, Jument, 1933, p. 75).
♦ [L'allure] Repartir à grands pas, à petits pas, à marches forcées, à franc étrier, à fond de train, à toute vitesse, au galop, aussi vite qu'on est venu, doucement, lentement. Le cheval de Curzon s'arrêta, je respirai; mais en entendant le galop du mien, il repartit de plus belle (ABOUT, Grèce, 1854, p. 145). [Il] allumait sa petite pipe et repartait d'un bon pas (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 207).
— Repartir + compl. indiquant le but de l'action
♦ Repartir pour + inf. Ces Vikings descendus à la fin du neuvième siècle des fjords de Norvège pour s'installer en Normandie et qui, de là, une fois baptisés et francisés, sont repartis à l'aventure pour conquérir les rivages bénis de Naples et de Sicile (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 20). Repartir pour + subst. Repartir pour les vêpres. Cinq ou six journaliers en blouse, coiffés du chapeau de paille, allaient repartir pour l'ouvrage (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 219). Prêt à repartir pour la guerre, il disait en voyant se bousculer les embusqués retenant leurs tables: « On ne dirait pas que c'est la guerre ici » (PROUST, Temps retr., 1922, p. 735).
♦ [Dans d'autres constr., l'idée de mouvement passe au second plan, c'est l'idée de recommencement d'une activité qui prévaut]
Repartir + inf. Marie-Louise et Philippe-Auguste étaient repartis vagabonder dans l'avenue (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 359).
Repartir à, en + subst. Repartir à l'attaque, à l'assaut, à la chasse, en chasse, en vadrouille, en voyage. Que de choses dans cette chambre! Il ne les connaît pas toutes. Chaque jour, il repart en exploration dans cet univers qui est à lui (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 13). Plus rien ne troublait la forêt et Guerriot repartit de nouveau à sa récolte (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 146).
b) P. ext. [Sans idée d'arrêt] Continuer sa route en changeant de direction. Elles essayaient de tenir leur chemin droit vers le couchant; et sans cesse (...) quelque fourré les contraignait à un détour. (...) elles arrivaient à un endroit gris où elles enfonçaient, une narse, une tourbière. Elles la longeaient, repartaient droit (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 241).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) [Un moyen de locomotion, une chose douée de mouvement] Le train allait lentement (...). Il s'arrêtait à tout moment, aux petites gares, devant quelques maisons blanches, puis repartait de son allure calme (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Idylle, 1884, p. 1285). La houle tout à coup recule, puis, massée, repart, grossit, s'emballe et crève l'horizon (ROMAINS, Vie unan., 1908, p. 206).
b) Être réexpédié. Cette cave, où l'or venait en pièces monnayées, d'où il partait en lingots, pour revenir en pièces et repartir en lingots (ZOLA, Argent, 1891, p. 114). On dévêtait ces morts, on les incinérait, et les vêtements repartaient pour Tourcoing (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 390).
c) P. anal. [Le suj. désigne un mécanisme (ou ce qui le contient), un organe] Se remettre à fonctionner, après un temps d'arrêt. Montre, moteur qui repart. Au loin, une bande de mitrailleuse part, s'arrête, repart, perdue comme un bruit de machine à coudre dans l'immensité nocturne (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 628). Le long d'une pente verticale, sur laquelle je progressais (...) voilà que mon cœur tombe en panne. Ça hésite, ça repart. Ça bat de travers (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 166).
♦ P. métaph. On tombe dans un morne abattement (...). Dont on sort aux premiers sons charmants de la voix aimée. On se remonte, on repart (A. FRANCE, Pt bonh., 1898, 3, p. 502).
d) P. ext. Continuer en changeant de direction. La fine jupe évasée dont tout pli se concentre à la taille par de subtiles obliques; et de là repartent d'autres obliques d'une direction opposée (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 237). Dans le fond, un escalier débouche, venant du rez-de-chaussée, et repart vers le second étage (MONTHERL., Celles qu'on prend, 1950, I, p. 767).
B. — Au fig. Recommencer.
1. a) [Le suj. désigne une pers.] Se remettre à faire quelque chose, reprendre une occupation, un état, après une interruption.
— Repartir + compl. précisant l'acte
♦ Repartir à + inf. Repartir à rire, à pleurer, à rêver. À des moments, Julia s'arrête de manger, les mains à plat au bord de la table (...). Puis elle repart à s'emplir de nourriture, vite (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 155).
♦ Repartir + prép. + subst.
Repartir à. Il repartait à des récits postillonneurs (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 70).
Repartir de. Elle repartit d'un fou rire (ZOLA, Nana, 1880, p. 1436).
Repartir en, dans. Repartir dans des explications, des jérémiades, des mensonges, dans ses rêves. Il repartit dans sa colère, entrecoupée cette fois de cris de désespoir (BILLY, Introïbo, 1939, p. 161). Joseph sentait parfois monter, des profondeurs, quelque chaude bouffée de colère. Puis il repartait en confuses rêveries (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 211).
Rare. [Avec d'autres prép.] Il était déjà reparti pour une de ces songeries où les idées ne prennent pas corps (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 185). Ma mère soufflait, déjà repartie parmi ses pensées (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 42).
— Absol. Et l'orchestre de repartir gaiement (BERLIOZ, Grotesques mus., 1869, p. 43). Et toujours ces rires (...) coupés de: « Ah! mon Dieu! Ah! mon Dieu! » des gens qui ne reprennent haleine que pour repartir de plus belle (COURTELINE, Conv. Alceste, Margot, 1888, p. 72).
Expr. Repartir comme en quatorze.
♦ En partic. Se remettre à parler, reprendre le fil de son discours. Mme Deberle (...) causait pendant des heures, se contentant des approbations muettes d'Hélène, repartant de plus belle au moindre hochement de tête (ZOLA, Page amour, 1878, p. 880). [P. méton. du suj.] — Azarius, c'est-y (...) que tu vas partir? Pas de réponse. Alors, rauque, presque sifflante, la voix repartit: — Azarius, allume que je te voie! (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 459).
Repartir + compl. prép. indiquant le thème du discours. Elmire repartait sur son innocence. Gaspard (...) saurait dissiper les noirs nuages de calomnie dont on cherchait à offusquer sa réputation (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 248). Et le voilà reparti sur le thème de la mer où vont se jeter tous les cours d'eau nés d'elle (BILLY, Introïbo, 1939, p. 184).
b) [Le suj. désigne ou évoque une action] Recommencer. Conversation, chant, rire, hilarité, musique qui repart. Après dix minutes, Buteau jeta un léger cri. Les fléaux s'arrêtèrent, et il retourna la gerbe. Puis, les fléaux repartirent (ZOLA, Terre, 1887, p. 281). Rose-Anna, les lèvres pincées, examinait une couture de près; puis elle pressait la pédale et la voix du travail repartait (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 197).
2. Se lancer de nouveau dans une entreprise, une expérience, une étude, recommencer une évolution après une remise en question, un échec. Il n'hésitait jamais à remettre ses idées en question; chaque fois, il repartait à l'aventure. Mais cette fois-ci le revirement était radical (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 469).
— Repartir vers + subst. indiquant la nouvelle direction. Repartir vers de nouveaux horizons. Dès qu'Antoine croyait être parvenu à une constatation psychologique culminante, une nouvelle déclaration de Jacques venait généralement renverser l'échafaudage de ses réflexions: il fallait repartir à neuf, et, le plus souvent, vers des conclusions opposées (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 821).
— Repartir + subst. indiquant le point de départ
♦ Repartir de. Repartir du début. Me replacer dans une situation simple et commune d'où je puisse repartir ensuite pour exercer des facultés redevenues libres (CONSTANT, Journaux, 1803, p. 42).
Repartir de rien, de zéro ou, le plus souvent, à zéro (fam.). Recommencer comme si l'expérience passée n'avait pas eu lieu, sans aucun acquis. L'amour est comme une carrière: quand on est arrivé,faut-il encore refaire des stages, repartir de rien? (NIZAN, Conspir., 1938, p. 99). D'ici là, j'aurai eu dix fois le temps d'être ruiné. Et il me faudra repartir de zéro (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 161). Il imaginait la ville se reprenant à vivre de nouveau, effaçant son passé pour repartir à zéro (CAMUS, Peste, 1947, p. 1447).
♦ Repartir sur. Repartir sur de nouvelles bases. Elle ne commencerait à se relever [l'Allemagne] (...) qu'à partir du jour où la valeur du mark serait réduite à zéro, et où elle serait forcée de repartir à neuf, sur des bases non conventionnelles mais réelles (GIDE, Journal, Feuillets, 1921, p. 713). Je ne reverrais plus ma femme (...). Les choses en resteraient éternellement au point où je les avais laissées en quittant Calèse. Nous ne pourrions pas recommencer, repartir sur nouveaux frais (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 241).
— Repartir à neuf. Recommencer d'une manière nouvelle ou comme si c'était la première fois. Il est bon d'avoir remis tout en doute et de ne prendre appui que sur un sol bien nettoyé. Mais c'est pour repartir à neuf (GIDE, Journal, 1934, p. 1211).
— Repartir du bon pied, sur un bon pied. Recommencer en s'y prenant mieux. Dans une situation difficile, rien ne vaut une bonne grève pour assainir l'atmosphère et repartir sur un bon pied (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p. 150). Si nous voulons, comme on dit, repartir du bon pied, il faut d'abord comprendre le monde nouveau qui se bâtit autour de nous (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 8).
3. Prendre un nouvel essor, reprendre son activité, son développement après un palier ou une régression. Synon. fam. redémarrer. Une affaire, une entreprise qui repart. Un des deux hommes se retourna, ramassa entre ses mains ce qui restait de bourrée, le jeta au feu. Les flammes repartirent (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 240). Mettre à nu tout le tissu malade, car la maladie gagne sous la corne et un seul recoin non traité suffit à faire repartir la lésion (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 170).
— [Le suj. désigne une pousse, une plante] L'hiver s'écoula. Il fut long et rude. Puis le premier printemps fit repartir les germes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 226). De bonnes pluies venaient amollir régulièrement la terre lorsque le soleil risquait de la dessécher; et tout repartait, arbres, plantes, broussailles, comme si chaque quinzaine fût un printemps nouveau (LACRETELLE, Hts ponts, t. 1, 1932, p. 226). P. anal. [La descendance] peut être brisée dans une ligne qui comptait cinq mâles et se continuer miraculeusement dans une branche qui repart avec un fils posthume (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 733).
— [Le suj. désigne un sentiment] Elle ramena du casino Weissberger, (...) força la Weissberger à l'embrasser publiquement, et nous avons su depuis que de cette fausse accolade était reparti l'amour (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 232). À la pensée d'Anne-Marie pourchassée par ces hommes-là (...) sa colère repartait sur le feu et n'était pas longue à bouillir (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 241).
— Repartir en flèche. Se développer très rapidement. Elle a lancé la maison Amaryllis (...). Ça commençait à lui rapporter gros quand il y a eu la guerre. Maintenant, ça repart en flèche, mais elle en a bavé (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 184). Pour financer un tel programme, le budget de la commission atomique allait repartir en flèche: un milliard de dollars pour 1951, deux milliards pour 1952, quatre milliards pour 1953 (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 93).
Prononc. et Orth.:[], (il) repart [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1611 « échapper de la main (en parlant d'un cheval) » (COTGR.); b) 1669 « partir de nouveau » (WIDERHOLD d'apr. FEW t. 7, p. 688a). Dér. de partir2; préf. re-.
STAT. — Repartir1 et 2. Fréq. abs. littér.:2 999. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 739, b) 3 666; XXe s.: a) 4 501, b) 5 743.
1. repartir [ʀ(ə)paʀtiʀ] v. tr. et intr.
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♦ Vieilli ou littéraire.
1 V. intr. Répliquer, répondre (⇒ Repartie); → 1. Maroufle, cit.; raison, cit. 73. — (En incise). → Possible, cit. 3.
1 Je ne t'ai jamais fait de mal.
L'oiseleur repartit : « Ce petit animal
T'en avait-il fait davantage ? »
La Fontaine, Fables, VI, 15.
2 À ce discours plein de sagesse,
Le hérisson repart qu'il sera trop heureux
De passer ses jours avec eux.
Florian, Fables, V, 16.
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DÉR. Repartie.
————————
2. repartir [ʀ(ə)paʀtiʀ] v. intr.
CONJUG. 1. partir, avec l'auxiliaire être : je repars, nous sommes repartis, etc.
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1 Partir de nouveau (après un temps d'arrêt). || Automobiliste qui repart après une halte. ⇒ Redémarrer.
1 Partis le 12, à six heures du matin — arrivés à Thysville à six heures et demie du soir. Nous repartons vers sept heures du matin pour n'arriver à Kinchassa qu'à la nuit close (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 690.
2 Recommencer. || Au loin, une bande de mitrailleuse (cit. 2) part, s'arrête, repart. || Repartir à zéro (→ Effacer, cit. 12). || Au mois de mars, la végétation est prête à repartir. — Reprendre. || L'affaire repart bien. — ☑ Loc. Repartir sur nouveaux frais.
♦ ☑ Loc. fam. Repartir comme en quatorze.
3 Partir pour l'endroit d'où l'on vient; s'en aller, s'en retourner. || Repartir pour… || Vous repartirez chez vous, dans votre patelin (→ Bourrer, cit. 2). || Je tournai bride et repartis (→ Dissuasion, cit. 1).
2 (La préfecture) précisa que les rapatriés ne pourraient, en aucun cas, ressortir de la ville et que, s'ils étaient libres de venir, ils ne le seraient pas de repartir.
Camus, la Peste, p. 84.
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Encyclopédie Universelle. 2012.