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soupir

soupir [ supir ] n. m.
XIIIe; sospir XIIe; de soupirer
1Inspiration ou respiration plus ou moins bruyante, qui exprime ou manifeste une émotion. « Elle poussait des soupirs, implorait le ciel » (Zola). Un grand, un profond soupir. Soupir de résignation, de soulagement ( ouf ) . Dire qqch. dans un soupir, avec un soupir. Le dernier soupir, celui du mourant. Loc. Rendre le dernier soupir : mourir. ⇒ expirer.
Vieilli ou littér. Plainte, expression douloureuse de l'amour. « Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs » (Racine). Expression poétique de la souffrance, plainte lyrique. « sur le ton consacré aux soupirs » (Chateaubriand).
2Fig. et littér. Chant ou son mélancolique. « Des soupirs étouffés de cor » (Zola).
3(1546) Silence de la durée d'une noire, en musique; signe indiquant ce silence. Un quart de soupir.

soupir nom masculin (de soupirer) Expiration forte et prolongée occasionnée par une sensation, une forte émotion : Pousser un soupir de soulagement. Expression du chagrin, de la peine, de la passion amoureuse : Elle est l'objet de mes soupirs. Littéraire. Souffle léger : Les soupirs de la brise. En musique, signe de silence de la durée d'une noire. ● soupir (citations) nom masculin (de soupirer) Jean Antoine de Baïf Venise 1532-Paris 1589 Si d'un vent elle entend quelque sifflante haleine, Par le feuillage épais des chênes se ployant, Qu'il lui semble écouter les soupirs de ma peine. Les Amours de Francine Pierre Alexis, vicomte Ponson du Terrail Montmaur, près de Gap, 1829-Bordeaux 1871 Et il poussa un de ces soupirs qui n'appartiennent qu'à ceux dont le génie se heurte aux âpres nécessités de la vie. Rocambole, les Drames de Paris Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Je tremble toujours de n'avoir écrit qu'un soupir, quand je crois avoir noté une vérité. De l'amour William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Un roi soupire-t-il, c'est tout un peuple aussitôt qui gémit. Never alone Did the King sigh, but with a general groan. Hamlet, III, 3, Rosencrantzsoupir (expressions) nom masculin (de soupirer) Dernier soupir, dernier moment de la vie d'un mourant. Rendre le dernier soupir, expirer, mourir.

soupir
n. m.
d1./d Expiration ou respiration plus ou moins forte qui accompagne certains états émotionnels. Pousser un soupir de soulagement.
|| Litt., vieilli Soupir amoureux.
d2./d Loc. Rendre le dernier soupir: mourir.
d3./d MUS Silence d'une durée égale à celle d'une noire; signe qui l'indique.

⇒SOUPIR, subst. masc.
A. — 1. Expiration ou inspiration plus ou moins forte et prolongée qui rétablit un équilibre respiratoire perturbé le plus souvent par une vive émotion. Soupir de contentement, de délivrance, de douleur, de gratitude, de regret, de soulagement; exhaler, pousser un soupir; énormes, longs, profonds soupirs. J'abandonne au lecteur le soin de se représenter ma douloureuse surprise. Pour peu qu'il ait l'âme sensible, ce lui sera sans doute chose des plus aisées; car les soupirs auxquels je donnai cours en cette occasion ressemblent de tout point aux plaintes qu'il n'eût pas manqué d'exhaler lui-même en une occurrence analogue (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 25):
Après un assez long moment, il m'a renseigné sans me regarder: « Elle était très liée avec madame votre mère. Elle dit que c'était sa seule amie ici et que maintenant elle n'a plus personne. » Nous sommes restés un long moment ainsi. Les soupirs et les sanglots de la femme se faisaient plus rares. Elle reniflait beaucoup. Elle s'est tue enfin.
CAMUS, Étranger, 1942, p. 1130.
En partic. Le dernier soupir, les derniers soupirs. Celui, ceux du mourant. Rendre (soi-même) le dernier soupir; recueillir, recevoir le dernier soupir (de qqn). L'indigent de l'évangile, en exhalant son dernier soupir, devient soudain (chose sublime) un être auguste et sacré (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 325). Aussitôt que quelqu'un a poussé le dernier soupir, on l'emmène très vite, en Packard, chez l'embaumeur qui le farde et l'arrange. De sorte que si vous voyez enfin un visage très reposé et très rose, à New-York, c'est un mort (MORAND, New-York, 1930, p. 275).
[À propos d'un animal] Le soupir long et grave des bœufs qu'atteint le coup de masse du boucher (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 196).
P. anal. [À propos d'un objet] Je l'avais soulevé sans le plus petit bruit, sans le moindre grincement de pène, le moindre soupir de la boiserie, ce loquet criard! (FABRE, Oncle Célestin, 1881, p. 407). La voiture se plaint doucement de la fatigue de la route, les vis et les écrous, la roue et le brancard poussent chacun leur petit soupir aigu ou grave (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 157).
2. Au fig., littér.
a) Expression généralement douloureuse d'un amour le plus souvent insatisfait. Nous aimions l'amour, et quelques-unes d'entre nous l'ont pratiqué avec une sombre sauvagerie. Les soupirs de la pauvre Lespinasse font encore trembler sur la terre les mains qui tournent les pages de son livre (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 60). Rodrigue et Prouhèze, en dépit des océans qui s'étendent entre eux, ne poussent pas un soupir qui n'ait son écho dans l'âme bien-aimée: d'une rive de l'Atlantique à l'autre, écoutez-les qui se parlent à voix basse (MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 358).
P. méton. L'amour lui-même. Saqueville: (...) mais un amour et une candidature sur les bras tout à la fois (...) comment fais-tu pour mener tout cela de front? Louis: L'intrigue électorale le matin (...) les soupirs le soir (MÉRIMÉE, Deux hérit., 1853, p. 53).
b) Chant ou son plaintif, mélancolique, lyrique. On croit entendre les soupirs du vent dans la tige du jeune olivier (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 556). Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte! Plaisirs ne tentez plus un cœur sombre et boudeur! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1859, p. 120).
B. — MUS. Silence qui a valeur d'une noire; le signe qui, sur la portée traduit ce silence. Demi-soupir (v. demi- I A 1), quart de soupir, huitième, seizième de soupir. Le quart de pause ou soupir a la forme d'un sept retourné (...) et s'écrit sur la portée entre la troisième et la quatrième ligne (KASTNER, Gramm. mus., 1837, p. 58). Le soupir, suivant J. de Garlande, était une pause plus apparente que réelle (COUSSEMAKER, Hist. harm. Moy. Âge, 1852, p. 202).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1er quart XIIe s. « hoquet, rot » (Lapidaire de Marbode, 320 ds STUDER-EVANS, p. 40: sospir et rut); 1640 souspir d'Alleman (OUDIN Curiositez); 2. ca 1150 « respiration profonde qu'on laisse échapper sous le coup d'une émotion, de la douleur » (WACE, St Nicolas, 1026 ds T.-L.); 1470-75 jusques au derrenier soupir (Perceforest, éd. G. Roussineau, 3e partie, t. I, p. 252, 432); 1671 rendre le dernier soûpir (POMEY); 3. fig. a) ca 1160 « expression douloureuse de l'amour » (Eneas, 1813 ds T.-L.: Onc nel porent [Enée] flechier mes lermes [de Didon] Ne mi sospir; 7963: Granz lëece vient de sospir [en amour]); b) 1640 « regret, douleur causés par une déception » (CORNEILLE, Cinna, IV, 5: Mon cœur est sans soupirs, mes yeux n'ont point de larmes); c) 1823 « plainte lyrique, expression de la mélancolie » (LAMARTINE, Nouv. Méditations, XIII ds Œuvres poét., éd. M.-Fr. Guyard, p. 147: l'ardent soupir qui vers le ciel s'élance, L'extase de la lyre; XXVI, p. 190: De Philomèle et du poète Les plus doux chants sont des soupirs). B. En parlant d'un animal ou d'un inanimé 1. 1560 « exhalaison, émanation » (PARÉ, Œuvres, XXIV, 3, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 357b: exhailaisons, fumées et souspirs des vapeurs pourries et infectées); 2. 1616 « souffle » froids souspirs de bize (D'AUBIGNÉ, Tragiques, II ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 4, p. 102); 3. a) 1803 « son, bruit mélancolique » soupirs à l'airain [des cloches] (CHATEAUBR., Génie, t. 2, p. 4); 1830 soupir [de la mer] (LAMART., Harm., p. 327); b) 1846 « chant plaintif » soupirs du rossignol (CHATEAUBR., Mém., t. 1, p. 128). C. 1611 mus. souspir; demy-souspir (COTGR.). Déverbal de soupirer. Fréq. abs. littér.:2 997. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 436, b) 5 128; XXe s.: a) 4 042, b) 2 926.

soupir [supiʀ] n. m.
ÉTYM. XIIIe; sospir, v. 1130; souspir, encore in Trévoux, 1740; de soupirer.
A
1 Inspiration ou respiration plus ou moins bruyante ( Bruit, gémissement, plainte, souffle), qui vient rétablir l'équilibre respiratoire perturbé par certains états affectifs et émotionnels généralement pénibles (douleur, secret, gêne, inquiétude, lassitude, etc.). || Les soupirs et les plaintes des femmes en gésine (cit. 2). || Soupirs et sanglots (→ Renifler, cit. 2). || « La perte d'un époux (cit. 2) ne va point sans soupirs » (→ aussi Plainte, cit. 3). || « Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs » (cit. 1). || Pousser (→ Blanc, cit. 7; geignard, cit.), faire (→ Élancement, cit. 2), exhaler (→ Passer, cit. 23) un soupir. Hélas. || Soupir qui gonfle (cit. 2 et 4) la poitrine et s'en exhale (cit. 24). || De profonds soupirs entrecoupaient (cit. 1) toutes mes paroles. || Avec un soupir (→ Ceci, cit. 2; front, cit. 9), dans un soupir (→ Malheureux, cit. 26). || Grand, gros, profond soupir (→ Mordre, cit. 22; mouler, cit. 1; mourant, cit. 9). || Soupir de résignation (→ Manifester, cit. 3), de satisfaction (→ Retenir, cit. 14), de soulagement (cit. 2), de plaisir. || Le Pont des soupirs : célèbre pont de Venise, qui menait aux prisons.
1 Bon Dieu ! quelle douleur pour vous, et que je l'aurais bien partagée ! comme je fais le soupir que je crois vous entendre faire.
Mme de Sévigné, 787, 5 mars 1680.
2 Le plus grand nombre (des courtisans), c'est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et, avec des yeux égarés et secs, louaient Monseigneur (…) et plaignaient le Roi de la perte d'un si bon fils.
Saint-Simon, Mémoires, III, XLIX.
3 Chacun en proie à la terreur écoutait dans le plus profond silence les aspirations de la mourante, qui déjà s'étaient ralenties. Puis, par intervalles, un soupir profond annonçait encore la vie en trahissant tout un débat intérieur. Enfin, la mère ne respira plus.
Balzac, la Grenadière, Pl., t. II, p. 204.
Spécialt.Le dernier soupir, du mourant (→ Plaisir, cit. 15). || Rendre le dernier soupir : mourir. Expirer (→ Éventrer, cit. 1; faiseur, cit. 2). || Recueillir le dernier soupir de qqn : assister à sa mort.
2 (XIIe). Vieilli, poét. Soupir qui témoigne d'un amour ardent et insatisfait; expression douloureuse de l'amour (→ Arme, cit. 34; attraper, cit. 7; inexorable, cit. 8; insidieux, cit. 1; prouver, cit. 8).L'objet de ses soupirs : la personne qu'il (elle) aime. || « Je ne vous nierai (cit. 14) point, Seigneur, que ses soupirs M'ont daigné quelquefois expliquer ses désirs ». Iron. || « Pour moi, je crois qu'au Ciel tendent tous vos soupirs… » (→ Arrêter, cit. 19).
(1640). Par ext., littér. Expression poétique de la souffrance, de la mélancolie, du regret…, plainte lyrique. || Le ton consacré aux soupirs (→ Corde, cit. 17). || Les « Méditations » (cit. 8) de Lamartine ne sont que des soupirs de l'âme (→ aussi Effusion, cit. 7).
3 Fig., littér. Chant ou son plaintif, mélancolique. Plainte (supra cit. 8). || Les soupirs du rossignol (→ Fraîcheur, cit. 2). || Des soupirs étouffés de cor (→ Musicien, cit. 7). || Soupir du vent (→ Bruit, cit. 20), de la mer (→ Grève, cit. 3). || « Les soupirs sortant des choses » (→ Printemps, cit. 2, Hugo).
4 Je suis seul ! (…) Si les Dieux, les échos et les ondes
Et si tant de soupirs permettent qu'on le soit !
Valéry, Poésies, « Charmes », in Œ., t. I, Pl., p. 123.
B (1611). Mus. Silence correspondant à la noire; signe indiquant ce silence. Silence (supra cit. 8). → Note, cit. 1. || Un demi-soupir. || Un quart de soupir, correspondant à une double croche.
COMP. Demi-soupir.

Encyclopédie Universelle. 2012.