vanité [ vanite ] n. f.
• XIIe sens 2; lat. vanitas
1 ♦ (1580) Défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction. ⇒ autosatisfaction, complaisance, fatuité , infatuation, 1. jactance, orgueil, ostentation, prétention, suffisance. Flatter, ménager la vanité de qqn. « On peut faire faire tout, à la plupart des hommes, en les prenant par la vanité » (Montherlant). Un rôle « qu'on joue jusqu'à la mort, par vanité » (Romains). « Comme un renseigné qui tire vanité des secrets qu'il détient » (Proust),qui en tire un sujet de vanité. ⇒ se glorifier. « Les femmes modestes qui n'ont pas la vanité de vouloir être admirées » (Marivaux). — Ellipt Sans vanité : soit dit sans vanité, sans vouloir me vanter.
♢ Une, des vanités. Manifestation de ce défaut. « Ces légères vanités innocentes étaient son plus grand plaisir » (Maupassant).
2 ♦ Vieilli Caractère de ce qui est vain (2o), frivole, insignifiant; chose futile, illusoire. ⇒ fragilité, frivolité, futilité, inconsistance, insignifiance, néant, vide. « Vanité des vanités, et tout n'est que vanité » ( BIBLE ) . « Que je songeasse à la vanité des grandeurs humaines parmi ces tombeaux dévastés » (Chateaubriand). Un vaste monastère « où l'on appelait vanité ce que les autres hommes poursuivent » (Renan).
⊗ CONTR. Modestie, simplicité; utilité, valeur.
● vanité nom féminin (latin vanitas) Littéraire. Satisfaction de soi-même, sentiment d'orgueil : Satisfaire la vanité de quelqu'un. Défaut de quelqu'un qui étale sa satisfaction de soi-même : Il est d'une immense vanité. Littéraire. Caractère de ce qui est vain, futile, vide de sens : La vanité de sa conversation finissait par me lasser. Composition, nature morte le plus souvent, évoquant les fins dernières de l'homme. (Rappelant par l'association d'objets symboliques [crâne, sablier, bougie, fleurs et fruits, etc.] que la mort est inéluctable, la peinture de vanités se développa au XVIIe s. en Hollande [P. Claesz, W. C. Heda, J. D. De Heem, etc.], en France [Ph. de Champaigne, S. Stoskopff, J. Linard, etc.], en Espagne[allégories de Valdés Leal].) ● vanité (citations) nom féminin (latin vanitas) Jacques Bénigne Bossuet Dijon 1627-Paris 1704 Tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités. Oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans Sacha Guitry Saint-Pétersbourg 1885-Paris 1957 La vanité, c'est l'orgueil des autres. Jusqu'à nouvel ordre M. de Brunhoff François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On parle peu quand la vanité ne fait pas parler. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Quelque bien qu'on dise de nous, on ne nous apprend rien de nouveau. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La vertu n'irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie. Maximes André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Pourquoi la vanité est-elle aussi forte que la mort ? Antimémoires Gallimard Charles Nodier Besançon 1780-Paris 1844 Académie française, 1833 Il faut bien passer quelque vanité aux pauvres gens. C'est le seul dédommagement de leurs misères. La Fée aux miettes Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 La vanité fait plus d'heureux que l'orgueil. Discours sur l'homme intellectuel et moral Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 L'homme se pare de ses chances. Choses tues Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 La vanité, grande ennemie de l'égoïsme, peut engendrer tous les effets de l'amour du prochain. Suite Gallimard Bible Vanité des vanités et tout est vanité ! Ancien Testament, Ecclésiaste I, 2 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Ambrose Gwinnet Bierce Meigs County, Ohio, 1842-Mexico 1914 Vanité. Hommage d'un sot au premier imbécile venu. Vanity. The tribute of a fool to the worth of the nearest ass. The Devil's Dictionary ● vanité (expressions) nom féminin (latin vanitas) Sans vanité, sans vouloir se vanter. Tirer vanité de quelque chose, s'en glorifier. ● vanité (synonymes) nom féminin (latin vanitas) Défaut de quelqu'un qui étale sa satisfaction de soi-même
Synonymes :
- fatuité
- morgue
- orgueil
- outrecuidance (littéraire)
- prétention
Contraires :
- humilité
- modestie
- simplicité
Littéraire. Caractère de ce qui est vain, futile, vide de sens
Synonymes :
- fragilité
- frivolité
- futilité
- inanité
- inutilité
vanité
n. f.
d1./d Litt. état, caractère de ce qui est vain, frivole, futile. La vanité des plaisirs terrestres.
|| Chose vaine, futile. Les vanités du monde.
d2./d Caractère, défaut d'une personne vaine, qui a trop bonne opinion d'elle-même; manifestation de ce défaut, du désir de produire un certain effet sur son entourage. Flatter la vanité de qqn. Syn. fatuité.
|| Tirer vanité de qqch, s'en glorifier.
⇒VANITÉ, subst. fém.
A. — [À propos d'une chose]
1. Caractère de ce qui est vain, de ce dont la réalité ou la valeur est illusoire. Synon. futilité, insignifiance, néant, vide. Vanité de la gloire militaire; vanité du monde, du siècle, des choses humaines; universelle vanité. Vous n'êtes sensible qu'aux espérances dont vous auriez dû depuis longtemps reconnaître la vanité. À quoi sert de chercher le bonheur où il n'est pas? Vous vous raidissez contre l'ordre éternel (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1819, p. 58). La faute est pour une part de se lier par le rien; la vanité « qui s'est étendue sur toutes choses » est cette captivité dont nous sommes à la fois les geôliers et les détenus (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 94).
— [P. allus. biblique] Tout n'est que vanité. Pour un titre ils vendraient leur âme, en vérité! Vanité! vanité! tout n'est que vanité! (HUGO, Hernani, 1830, IV, 1, p. 99).
2. Caractère de ce qui est inutile, de ce qui ne peut rester que sans effet. Synon. inanité, inefficacité. Vanité des efforts, des prétentions. Je voudrais dans le cours insister sur une question qui les comprend toutes, la vanité des classifications, montrer que l'histoire du droit est impossible sans celle des religions, qui non seulement s'y enlace et s'y mêle comme cause, mais encore s'y engendre elle-même à son tour (MICHELET, Journal, 1842, p. 840).
— De vanité. Chacune de ses paroles était de vanité, et il me parut avoir, comme la plupart de ces hommes, un cerveau d'enfant dominé par des mots de spécialiste (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 78).
3. Gén. au plur. Choses vaines et futiles; en partic., propos vains. Synon. futilité. Dire des vanités. Je vous arrache, parures! Elle arrache ses parures et les jette à terre. Tout, tout! reprenez tout! je vous dépouille, vanités, et je sortirai d'ici toute nue! (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, 2e part., p. 254).
4. BEAUX-ARTS. Représentation picturale évoquant la précarité de la vie et l'inanité des occupations humaines. C'est (...) une « Vanité » [le tableau des Âges de la femme (1544) de Hans Baldung Green] comme l'étaient à la fin du Moyen Âge ces revers de tableaux opposant des trépassés, des « transis », à l'effigie d'un homme, d'une femme ou d'un couple en pleine jeunesse, comme l'étaient les danses des morts et comme le seront au XVIIe siècle ces innombrables natures mortes de « Vanités » (H. HAUG, L'Art en Alsace, Paris, Arthaud, 1962, p. 123).
B. — [À propos d'une pers.]
1. Caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et étalant complaisamment son plaisir de paraître. Synon. complaisance, fatuité, orgueil, suffisance. Basse, mesquine, petite, sotte vanité; flatter, ménager la vanité de qqn. Le frère de Pierre Gérard était un être d'une intelligence bornée, et très occupé de lui-même, des qualités qu'il pensait posséder. Il avait la secrète vanité d'être doué de tous les mérites et aurait voulu qu'on ne lui parlât que de lui, qu'on le régalât continuellement de son éloge (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 35).
♦ Sans vanité. Sans vouloir se vanter. C'est que, sans vanité, ou avec vanité, notre maison passe pour la première de Koenigsberg (STENDHAL, Nouv. inéd., 1842, p. 32).
♦ Faire vanité de (littér.)/tirer vanité de qqc. S'en glorifier, s'en enorgueillir. Mais il se tenait pour un chimpanzé méditatif. Et il en tirait vanité (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p. 161).
2. Littér. Parole, acte de vanité. [L'orgueil] consume les petitesses et simplifie la personne même. Il la détache des vanités, car l'orgueil est aux vanités ce que la foi est aux superstitions (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 172).
Prononc. et Orth.:[vanite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1re moit. XIIe s. « ce qui est vide, de vaine apparence » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, IV, 3: Purquei amez vus vanitet [...]? [Ut quid diligitis vanitatem]); cf. ca 1120-50 (Grant mal fist Adam, éd. H. Suchier, 119 c: Tot est vanité); b) 1170 plur. (Rois, I, XII, 21, éd. E. R. Curtius, p. 22: Laissez de cest siecle les vanitez); 2. 1re moit. XIIe s. « mensonge » humes de vanité [cum viris vanitatis]; parler vanité [vanitatem loqui] (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXV, 4; CXLIII, 8); 3. XIIIe s. [ms. XIVe s.] « caractère de ce qui est vain, vide, néant » (Ms. Bibl. nat. fr. 15392 [Bible Guiart des Moulins], fol. 197 ds TRÉNEL, p. 510: Vanité des vanitez). B. 1580 « caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et qui désire paraître » (MONTAIGNE, Essais, II, 10, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 419: narration pure [...] exempte de vanité parlant de soy). Empr. au lat. vanitas, -atis « état de vide, de non réalité; vaine apparence, mensonge; tromperie, fraude; frivolité, légèreté; vanité, jactance ». Les premiers ex. du sens A, sont exclusivement empr. à la lang. chrét. (cf. BLAISE Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.:3 472. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 7 176, b) 4 421; XXe s.: a) 3 781, b) 3 999.
vanité [vanite] n. f.
ÉTYM. V. 1120; lat. vanitas « vaine apparence; jactance ».
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1 Vieilli ou littér. Caractère de ce qui est vain (2., a et b). ⇒ Caducité, fragilité, frivolité, futilité (cit. 1), inconsistance, insignifiance, néant, vide (→ Bâiller, cit. 8; fantaisie, cit. 2). || La vanité des choses humaines (→ Éternité, cit. 2), de l'homme (→ Amour, cit. 10). — (Une, des vanités). Chose vaine. ⇒ Chimère, fumée, illusion; et aussi erreur, mensonge (→ Gloire, cit. 25). || Errants de vanités en vanités (→ Attirer, cit. 47). || « Quelle vanité que la peinture… ! » (→ 1. Original, cit. 4). — Mod. (avec infl. du sens 2). || Les vanités : les prestiges du monde. ⇒ 1. Pompe.
1 Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste; vanité des vanités, et tout n'est que vanité.
Bible (Sacy), l'Ecclésiaste, I, 2.
2 (…) je me promenais le soir dans la basilique (…) que je songeasse à la vanité des grandeurs humaines parmi ces tombeaux dévastés, cela va de suite : morale vulgaire qui sortait du spectacle même (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 331.
3 Tréguier, en peu d'années, redevint (…) un vaste monastère où nul bruit du dehors ne pénétrait, où l'on appelait vanité ce que les autres hommes poursuivent, et où ce que les laïques appellent chimère passait pour la seule réalité.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, I, Œ. compl., t. II, p. 727.
♦ (Fin XVIe). Caractère de ce qui est vain (2., c). ⇒ Inanité, inefficacité, inutilité. || La vanité de nos efforts. || Il mesurait la vanité de ses prétentions éducatrices (→ Cendre, cit. 6).
2 Défaut d'une personne, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction. ⇒ Autosatisfaction, complaisance, fatuité, gloriole, importance, infatuation, jactance, orgueil, ostentation, présomption, prétention, suffisance; bouffissure, boursouflure, enflure (cit. 6; → Admirateur, cit. 1; gloire, cit. 32; moi, cit. 57). || Fierté, orgueil sans vanité. || « La sotte vanité nous est particulière » (→ Orgueil, cit. 13). || Mesquine, basse et petite vanité (→ Détail, cit. 12; enthousiasme, cit. 20). || Vanité ridicule (→ Fumier, cit. 7). || « La sottise et la vanité sont compagnes inséparables » (cit. 4). || « La flatterie (cit. 1)… n'a de cours que par notre vanité ». || Sa vanité était blessée (cit. 13) pour peu de chose. || Caresser (cit. 22), flatter (→ Marâtre, cit. 3), ménager (cit. 12) la vanité de qqn. || Faire qqch. par vanité (→ But, cit. 17; confier, cit. 13; démordre, cit. 7; dépasser, cit. 15). || Plein, rempli de vanité (→ Glorieux, cit. 18; haut, cit. 98). || Avoir une attitude pleine de vanité. ⇒ Pavaner (se). — Vx. || Homme de vanité (→ Appareil, cit. 6). || « Amour (cit. 15) de vanité » (Stendhal). — Ellipt. || Sans vanité, soit dit sans vanité (→ Beauté, cit. 36), sans vouloir me vanter. || Sans vanité, j'ai bien réussi. — Faire vanité (vieilli), tirer vanité de… : tirer un sujet de vanité de… ⇒ Enorgueillir (s'), glorifier (se), vanter (se). → Détenir, cit. 2; émanation, cit. 7; figuré, cit. 14. || Avoir la vanité de…, suivi de l'inf. (→ Fidèle, cit. 6; imposer, cit. 3). || La vanité de briller, de plaire (→ Coquetterie, cit. 5), de paraître (→ Seyant, cit.). || Vanité de donner (cit. 7), de juger (→ 1. Faux, cit. 3), de se montrer savant (→ Étude, cit. 13), de penser (1. Penser, cit. 15) librement.
4 Quelle est la différence entre orgueil et vanité ? En ceci que le vaniteux se contente de signes menteurs, comme si on loue un auteur pour ce qu'il a copié d'un autre; au lieu que l'orgueilleux se réjouit d'une puissance réelle, qui a donné ses preuves ou qui a fait ses œuvres (…) un homme est vaniteux s'il porte avec plaisir les insignes du courage sans les avoir mérités; un homme est orgueilleux s'il s'établit dans son courage cent fois prouvé comme dans un bien, considérant toujours ses actions passées et voulant qu'elles suffisent.
Alain, Propos, 9 sept. 1921, Orgueil et vanité.
5 La vanité est la passion dominante de l'homme. Il est faux qu'on puisse faire faire tout ce qu'on veut aux hommes avec de l'argent. Mais on peut faire faire tout, à la plupart des hommes, en les prenant par la vanité.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 162.
♦ (Fin XIIe). Manifestation de la vanité, occasion où elle se manifeste (→ Aristocratie, cit. 4; enivrement, cit. 1; renoncer, cit. 12).
6 Il aurait ce nouveau petit triomphe auprès de ses paroissiens, lui, qu'on respectait surtout, parce qu'il était peut-être, malgré son âge, l'homme le mieux musclé du pays. Ces légères vanités innocentes étaient son plus grand plaisir.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », I.
3 Concret. (Une, des vanités). Image, le plus souvent picturale, évoquant la vanité (sens 1) des occupations humaines et la précarité de l'existence, très en vogue au XVIIe siècle. || Les vanités représentent en général un crâne humain entouré d'objets symbolisant les sens (un instrument de musique pour l'ouïe, une fleur pour l'odorat, etc.).
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CONTR. Efficacité, utilité, valeur. — Componction, humilité, modestie, pudeur, simplicité.
DÉR. Vaniteux.
Encyclopédie Universelle. 2012.