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renoncer

renoncer [ r(ə)nɔ̃se ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1264; lat. jurid. renuntiare « annoncer en réponse »
I V. tr. ind. RENONCER À.
1Cesser, par une décision volontaire, de prétendre (à qqch.) et d'agir pour l'obtenir; abandonner un droit (sur qqch.). Renoncer à un droit, à une succession ( renonciation) .
Abandonner l'idée de. Renoncer à un voyage. Renoncer à un projet. enterrer, laisser. Renoncer momentanément à... ( remettre) . (Suivi d'un inf.) Renoncer à comprendre, à chercher. « Laid comme je suis, et pauvre, je dus renoncer à me marier » (Balzac). Renoncer à agir, à poursuivre une action. reculer (cf. Baisser les bras; fam. laisser tomber). J'y renonce ! c'est impossible ! abandonner. Absolt « Avoir le courage de renoncer, d'accepter l'échec » (Maurois). Il a renoncé un peu vite. capituler.
2Abandonner volontairement (ce qu'on a). se défaire, se dépouiller, se dessaisir, laisser, se priver. Renoncer au pouvoir, à la couronne, au trône. abdiquer. Renoncer à une dignité, à une haute fonction. se démettre. Renoncer à un bien tangible pour une illusion (cf. Lâcher la proie pour l'ombre). Renoncer au bonheur. « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme » (Rousseau). Renoncer à une opinion, à une croyance ( abjurer) , à ses prétentions. Il ne veut pas renoncer à son idée. démordre (de).(Suivi d'un inf.) Cesser volontairement de. Renoncer à fréquenter qqn.
Cesser de pratiquer, d'exercer. Renoncer à un métier, à un travail. quitter. Sportif qui renonce à la compétition. Renoncer à la lutte, au combat : mettre bas les armes. Pour être indépendant, « il faudrait renoncer à la vie de société, et aux amitiés même » (R. Rolland).
Cesser d'avoir, d'employer. perdre. Renoncer à une habitude. Renoncer au tabac.
3Relig., mor., myst. Cesser d'être attaché (aux choses de ce monde). Renoncer au monde pour entrer en religion. Loc. Renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, au péché et aux occasions de pécher (allus. à la formule du baptême).
4Renoncer à qqn, cesser de rechercher sa compagnie, de le fréquenter. — Renoncer à celui, à celle qu'on aime, à un fiancé.
Fig. Renoncer à soi-même : répudier tout égoïsme.
II V. tr. dir.
1Vx Cesser, refuser de reconnaître. renier. « Je la déteste [...] Et la renonce pour ma fille » (Molière).
2Littér. Abandonner (matériellement [vx] ou moralement). « le cri de l'homme qui a connu le bonheur, et qui l'a renoncé » (F. Mauriac).
3(Belgique) Résilier (un bail); donner congé à (un locataire). renon.
⊗ CONTR. Attacher (s'); conserver , garder, persévérer, persister.

renoncer verbe transitif indirect (latin renuntiare, annoncer en retour) Se désister du droit qu'on a sur quelque chose, ne pas vouloir l'accepter : Renoncer à une succession. Abandonner quelque chose, s'en dessaisir : Il ne veut à aucun prix renoncer à son indépendance. Ne plus user de quelque chose, ne plus faire quelque chose : Sportif qui renonce à la compétition. Cesser d'envisager, de considérer quelque chose comme possible, ne plus vouloir faire quelque chose : Renoncer à un voyage. Abandonner l'idée de bénéficier de la compagnie de quelqu'un, de sa collaboration : Renoncer à celle qu'on aime.renoncer (citations) verbe transitif indirect (latin renuntiare, annoncer en retour) José Ortega y Gasset Madrid 1883-Madrid 1955 La vie prend un sens lorsqu'on en fait une aspiration à ne renoncer à rien. La vida cobra sentido cuando se hace de ella una aspiración a no renunciar a nada. El espectador, Irenoncer (difficultés) verbe transitif indirect (latin renuntiare, annoncer en retour) Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je renonce, nous renonçons ; il renonça. Construction 1. Renoncer à qqch : renoncer à une succession, au pouvoir. C'est la construction la plus courante. 2. Renoncer un bail, un contrat (= les résilier) n'est employé qu'en Belgique. 3. Renoncer, sans complément, est un terme de jeu (= mettre une carte d'une autre couleur que la couleur demandée). ● renoncer (synonymes) verbe transitif indirect (latin renuntiare, annoncer en retour) Se désister du droit qu'on a sur quelque chose, ne pas vouloir...
Synonymes :
- renier
Contraires :
- conserver
- garder
Abandonner quelque chose, s'en dessaisir
Synonymes :
- laisser
- quitter
- se départir
- se dépouiller
- se désister
- se dessaisir
- se priver
Contraires :
- goûter
- jouir
- profiter
- savourer
Ne plus user de quelque chose, ne plus faire quelque chose
Contraires :
- persévérer
Cesser d'envisager, de considérer quelque chose comme possible, ne plus vouloir...
Contraires :
- compter sur
- envisager
- espérer
Abandonner l'idée de bénéficier de la compagnie de quelqu'un, de...
Synonymes :
- se détourner
- s'écarter
Contraires :
- s'attacher
renoncer verbe transitif En Belgique, effectuer un renon. ● renoncer verbe intransitif Ne plus soutenir son effort, ne plus poursuivre ce qui a déjà été commencé. À un jeu de cartes, ne pas fournir de la couleur demandée.

renoncer
v. tr. indir. Renoncer à: abandonner (un bien, un pouvoir, une prétention, un droit). Renoncer à une succession.
Abandonner (une action entreprise, une habitude, une pratique). Il ne renonce pas à ce projet.
|| Absol. Trop difficile! Je renonce!
|| Renoncer aux biens de ce monde, s'en détacher volontairement.

⇒RENONCER, verbe trans.
I. — Empl. trans. indir.
A. — Qqn renonce (à qqc.)
1. a) Cesser de revendiquer, de faire valoir la possession ou la jouissance de, abandonner son droit sur. Renoncer à un don. Et la mère (...), après s'être déclarée respectueuse des volontés de son fils, avait simplement renoncé à la succession (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 329). Stanislas, évincé de Pologne, recevait la Lorraine qui, à sa mort, retournerait à la couronne de France, tandis que le duc François de Lorraine, pour épouser Marie-Thérèse, renonçait à ses droits sur le duché (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 280).
Absol. Se dessaisir d'un droit. V. renonciation ex. 2.
b) Accepter que quelque chose ne se fasse pas, n'ait pas lieu, n'existe plus. Il devait être fatigué et avoir renoncé à l'idée d'aller voir le clair de lune car il me demanda de dire au cocher de rentrer (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 565). Renoncer à l'amour me paraissait aussi insensé que se désintéresser de son salut quand on croit à l'éternité (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 144).
En partic. Se résigner à ne pas faire ce que l'on projetait ou espérait. Renonçant au théâtre, il s'inscrit à la Faculté de théologie de la petite Université d'Erfurt (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 22):
1. ...mais, lorsque les impressions de mon songe me revenaient en mémoire, il me semblait que renoncer à ce projet, c'était renoncer sans retour à tout ce qu'il y a de plus doux au monde, et je retrouvais tout mon courage.
TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 159.
c) Ne plus espérer, ne plus compter sur. Synon. abandonner. Les femmes (...) n'admettent pas qu'une conviction politique soit l'équivalent d'une religion. Elles ne renoncent jamais à l'espoir de nous convertir, fût-ce au dernier moment (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 183). Vial ne renonçait pas tout à fait à l'espoir de se conduire en énergumène (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 56).
d) Renoncer à + verbe à l'inf. Cesser de vouloir, de prétendre à. Renoncer à agir, à comprendre, à savoir. Le geste humain est tout à fait autre; en son plus beau mouvement, il renonce à prendre; il met la chose en place et la considère (ALAIN, Propos, 1921, p. 271). Et après? Ce n'est pas gênant d'être mort si on renonce à faire semblant de vivre (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 159).
2. a) Abandonner volontairement ce que l'on a. Synon. se défaire de, se départir de, se priver de, quitter. Notre mère m'écrit à la fin de me faire assavoir que tu penses encore renoncer à l'état de prêtrise. Cela lui cause beaucoup de chagrin (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 305). Par la force des choses, Hoffmann avait renoncé à sa carrière de fonctionnaire et le hasard avait résolu pour lui le problème en l'obligeant à faire de la musique son gagne-pain (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 306).
b) Ne plus se faire le défenseur de ce que l'on pense, de ce que l'on croit, de ce à quoi l'on tient. Synon. renier. Renoncer à une croyance, à ses prétentions, à une idée. Pour devenir écrivain, il a été forcé de renoncer à la méthode scientifique, comme tout le monde (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1190). Si elle [la révolution] ne renonce pas à ses principes faux pour retourner aux sources de la révolte, elle signifie seulement le maintien (...) d'une dictature totale sur des centaines de millions d'hommes (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 290).
c) Exclure de sa vie ce à quoi l'on est attaché. Renoncer à l'alcool, au café, à la drogue, au tabac. Et c'est une grave responsabilité que de fonder une famille. C'est renoncer à tous les plaisirs de la jeunesse, de la liberté... je dirais même de la solitude (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 45).
Domaine mor. ou relig. Cesser d'être attaché à. Renoncer au monde, aux biens de ce monde. Car, après avoir renoncé au monde, il me faut renoncer à une solitude qui m'était plus douce que le monde (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p. 98). En partic., vieilli. Renoncer au monde. Entrer dans la vie religieuse. Lors de l'invention du corps de saint Vulfran, les Bénédictins confièrent la garde de ses reliques à une dame qui avait renoncé au monde et revêtu un habit religieux (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 207).
d) Cesser volontairement de poursuivre un effort. Renoncer au combat, à la lutte. Renonçant au travail et me couchant de bonne heure pour m'assurer une bonne nuit, je ne parviens pas au sommeil, malgré plusieurs pastilles de sonéryl (GIDE, Journal, 1930, p. 979). Les autorités françaises qui (...) ont renoncé à la guerre et empêchent ceux qui dépendent d'elles d'y participer, sont dans l'erreur et hors du devoir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 674).
e) Cesser volontairement d'exercer, de pratiquer. Renoncer à ses fonctions, au métier des armes. Elle avait dû renoncer à son métier de doreuse, qui avait failli lui coûter la vie (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 29). Rimbaud, qui avait renoncé à la littérature, fut canonisé comme un saint de la littérature (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 160).
f) JEUX DE CARTES. Ne pas fournir la couleur qui est demandée. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Qqn renonce à qqn.
1. Cesser de fréquenter, exclure de sa vie. Je ne puis décidément renoncer à ma sœur (DELACROIX, Journal, 1822, p. 10).
En partic. Renoncer aux femmes. Ne plus rechercher la fréquentation, le commerce des femmes. Il pâlissait dès qu'il songeait à renverser sa vie, à renoncer à jamais aux femmes (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 167).
2. Au fig. Renoncer à soi-même
a) Sacrifier tout égoïsme, tout intérêt personnel:
2. Incapable de renoncer au Christ comme il [Gide] l'était de renoncer à lui-même, il lui restait de tirer à lui chaque parole du Seigneur: ce fut un jeu où il excella. Son Retour de l'Enfant prodigue est, de ce point de vue, un chef-d'œuvre de gauchissement.
MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 188.
b) Se désavouer, se renier. Aucune orthodoxie politique ne m'impose son carcan comme à Vercors. Ce serait à moi-même que je renoncerais, si je renonçais (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p. 11).
3. Loc. verb. Renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. V. œuvre I B 1 c.
C. — Qqn renonce (empl. abs. ou intrans.). Abandonner un projet, cesser une activité par impossibilité ou difficulté d'en venir à bout. Alors l'athlète renonce et trahit son cœur (ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 117). Dans ce domaine [la souveraineté française], je ne saurais le moins du monde renoncer, ni même transiger (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 321).
II. — Empl. trans. dir.
A. — Qqn renonce qqn.
1. Vx. Renoncer qqn pour + subst. exprimant une relation familiale ou personnelle. S'il fait telle chose, je le renonce pour mon parent (Ac.).
2. Ne plus reconnaître, exclure de la vie, de ses préoccupations, de son amour. Synon. désavouer, renier. Comment a-t-on pu renoncer le Fils de Dieu (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 141). La Prieure (d'une voix basse et rauque): Je viens de voir notre chapelle vide et profanée — (...) Oh! oh! Dieu nous délaisse, Dieu nous renonce! (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 2e tabl., 9, p. 1604).
B. — Qqn renonce qqc.
1. Littéraire
a) Abandonner ce que l'on désavoue, ce à quoi l'on répugne. Mais c'est qu'elle était comme les malades qui veulent la guérison par les moyens même qui entretiennent la maladie, qu'ils aiment et qu'ils cesseraient aussitôt d'aimer s'ils les renonçaient (PROUST, Fugit., 1922, p. 604). Ai-je plus ou moins souffert que les autres hommes? C'est ma bassesse qui m'a défendu... Que de fois ai-je renoncé la douleur! (MAURIAC, Écrits intimes, Journal homme trente ans, 1948, p. 135).
b) Abandonner, sacrifier ce à quoi l'on tient. Dans les choses de l'esprit et de l'histoire, il y a des héritages qu'on ne peut renoncer (CAMUS, Actuelles I, 1948, p. 190). V. mortifier ex. 2.
2. Région. (Belgique). ,,Résilier (un bail); donner congé (à un locataire)`` (PIRON Belgique 1978, p. 54).
III. — Empl. pronom., littér. Sacrifier tout égoïsme, tout intérêt personnel. À mesure que Lacordaire se renonce, nous le voyons s'accroître (MAURIAC, Essais psychol. relig., 1920, p. 15). Tel homme veut se renoncer, rester chaste, mener la vie chrétienne. La porte s'ouvre à deux battants: entre l'orgueil paré des dépouilles de toutes les vertus, l'humilité comprise (GREEN, Journal, 1955, p. 37).
REM. Renonciateur, -trice, subst., dr. Personne qui fait une renonciation en faveur d'un ou d'une renonciataire (infra dér. 1). La saisie (...) des immeubles du renonciateur (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 189).
Prononc. et Orth.:[], (il) renonce [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend une cédille devant a et o: renonçais, -çons. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. ca 1155 « annoncer, rapporter » (WACE, Roman de Brut, 440 ds T.-L.); 2. ca 1245 « abandonner l'usage de quelque chose » (PHILIPPE MOUSKET, Chroniques, 1164, ibid.); 3. ca 1320 « renier » (Précieux Sang, éd. O. Kajava, 224). B. Verbe trans. indir. 1. 1255 renoncer à « cesser, par une décision volontaire de prétendre à quelque chose » (Les Plus anciennes Chartes, éd. L. Carolus-Barré, p. 20); ca 1260 renoncer à + inf. (Menestrel de Reims, 362 ds T.-L.); 2. 1541 « abandonner volontairement ce qu'on a » (CALVIN, Institution Chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, chap. 3, § 8, p. 72: renoncer à nostre nature et à toute nostre volonté); id. renoncer à soy-mesme (ID., ibid., chap. 7, § 2, p. 167); id. renoncer au monde (ID., ibid., chap. 3, § 8, p. 73); 3. 1680 terme de jeu de carte (RICH. t. 2). C. 1541 verbe pronom. (CALVIN, op. cit., chap. 15, § 8, p. 272). Empr. au lat. renuntiare « annoncer en retour »; « renvoyer, renoncer à », comp. du préf. re- marquant le mouvement en retour et nuntiare « annoncer, faire savoir ». Fréq. abs. littér.:5 544. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 7 498, b) 6 206; XXe s.: a) 6 954, b) 9 673.
DÉR. 1. Renonciataire, subst., dr. Personne en faveur de qui on fait une renonciation. (Dict. XIXe et XXe s.). []. 1re attest. 1823 (BOISTE Add. et Corr.); dér. sav. de renoncer, suff. -ataire, v. -aire2. 2. Renonciatif, -ive, adj. Propre à la renonciation juridique. Clauses renonciatives. (Dict. XIXe et XXe s.). [], fém. [-i:v]. 1re attest. 1961 (Lar. encyclop., s.v. clause); dér. sav. de renoncer, suff. -atif, v. -if.
BBG. — QUEM. DDL t. 29.

renoncer [ʀ(ə)nɔ̃se] v. tr. ind. et dir. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. Déb. XIIIe, en dr.; sens mod., 1264; lat. renuntiare « annoncer en réponse », en emploi juridique.
———
I V. (tr. ind.). || Renoncer à.
1 Cesser, par une décision volontaire, de prétendre à qqch., de le vouloir et d'agir pour l'obtenir; abandonner un droit sur qqch. Délaisser, dépouiller, désister (se). || Renoncer à un droit (→ 3. Droit, cit. 5), à un don, à une succession… (→ Divertir, cit. 4; incontestable, cit. 2; indivis, cit. 1).Absolt. Se dessaisir d'un droit. Renonciation.Renoncer à une dignité, à la prélature (→ Évêché, cit. 1).Renoncer à qqch… : se résigner à ne pas faire (ce qu'on projetait ou qu'on désirait faire). || Renoncer à un projet, à un programme (→ Cours, cit. 18; idéologue, cit. 5). || Renoncer à un voyage (→ Mandat, cit. 7), à une enquête (→ Papier, cit. 19). || Renoncer momentanément à… ( Remettre). || Renoncer aux effets de persuasion facile (cit. 14). Abstenir (s').
1 (…) l'artiste qui renonce à une heure de travail pour une heure de causerie avec un ami sait qu'il sacrifie une réalité pour quelque chose qui n'existe pas (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 875.
2 Je renonce avec une facilité déconcertante. Je renonce à tout et à n'importe quoi : plaisirs, voyages, gourmandises, et sans efforts, sans regrets. J'ai eu mon suffisant.
Gide, Journal, 1er déc. 1946.
Ne plus espérer, ne plus compter sur… || Renoncer à une espérance (cit. 38), à un rêve. Laisser, enterrer. || Choisir, prendre un parti et renoncer aux autres (→ Artiste, cit. 11). || Il faudra y renoncer. fam. Brosser (se), ceinture (faire).
3 — Et tous tes beaux projets de réussite, que deviennent-ils ? Pierre murmura : — Il y a des jours où il faut savoir tout sacrifier, et renoncer aux meilleurs espoirs.
Maupassant, Pierre et Jean, VIII.
(XIIIe). || Renoncer à… (suivi d'un inf.) : cesser de prétendre à, ne plus compter sur, ne plus espérer… || Renoncer à comprendre (→ Désaffection, cit. 2), à chercher… || Renoncer à deviner (cf. Donner sa langue au chat). || Renoncer à faire qqch…, à passer un examen, à se marier (cit. 6) → Faire, cit. 68. || En renonçant à résister, à lutter (→ De guerre lasse). || Renoncer à agir, à poursuivre une action. Abandonner; reculer (→ Jeter le manche après la cognée; prendre son congé; baisser les bras; fam. laisser tomber). || J'y renonce !, c'est impossible.
Vx. || Renoncer de… (et infinitif).
4 L'homme n'emporte dans la mort que ce qu'il renonça de posséder dans la vie. En vérité, nous ne laissons ici qu'une écorce vide.
Villiers de L'Isle-Adam, Axël, IV, 2.
2 Abandonner volontairement ce qu'on a… Abandonner, adieu (dire), défaire (se), départir (se), dépouiller (se), dessaisir (se), laisser, quitter, priver (se); → Acquérir, cit. 13.REM. Dans certains emplois, il peut y avoir croisement entre le sens 1. et le sens 2. || Renoncer à une chose et la donner à qqn. || Renoncer à une grande fortune (→ Délivrer, cit. 12). || Renoncer à un bien tangible pour une illusion : lâcher la proie pour l'ombre.Renoncer à une dignité, à un état…, au pouvoir. Abdiquer (→ Amour, cit. 18).Renoncer à la prêtrise (→ Instituteur, cit. 4). || Renoncer à l'habit religieux, à ses vœux… Apostasier (cf. Jeter le froc aux orties).Renoncer aux habits simples (→ Avilissement, cit. 2), à un déguisement, à l'incognito (→ Ici, cit. 27).
5 — Il faut renoncer à ton pays et me suivre aux régions inconnues à travers le désert (…)
Th. Gautier, le Roman de la momie, XII.
Renoncer à une opinion, à une croyance, à ses idées… ( Abjurer), à ses prétentions ( Déposer), à un contrat ( Délier; et aussi détourner [se], écarter [s'], renier, répudier). || Il ne veut pas renoncer à son idée. Démordre (en).
6 On renonce plus aisément à son intérêt qu'à son goût.
La Rochefoucauld, Maximes, 390.
Renoncer à l'amitié (cit. 24), à l'amour de qqn…Renoncer à un agrément, à un plaisir, à une joie (cit. 11)… Passer (se). || Sans renoncer à notre indépendance (→ Épauler, cit. 3).Renoncer au bonheur, à la vie (→ Contraindre, cit. 9; et aussi apprêt, cit. 4; habituer, cit. 8; jour, cit. 12). || « Les uns ont voulu renoncer aux passions » (Pascal).Renoncer à tout pour… Immoler (à). || Il faut avoir renoncé au sens commun pour… (→ Expérience, cit. 29).
7 Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs.
Rousseau, Du contrat social, I, IV.
Cesser volontairement de pratiquer, d'exercer… || Renoncer à un métier, à un travail, à une occupation. Quitter (→ Fracas, cit. 6). || Renoncer à ses fonctions. Résigner; démettre (se).Cesser d'avoir, d'employer. || Renoncer à une manière d'agir (→ Inconvénient, cit. 10), aux manières frustes (cit. 5) et sauvages…, à un air, à un ton (→ Gourmander, cit. 3). Changer, perdre… || Renoncer à une habitude, à une existence (cit. 27)…Renoncer aux voyages, à l'habitude de voyager. || « Il renonce aux courses ingrates » (cit. 8). || Renoncer au tabac, au vin ( Désaccoutumer), aux plaisirs ( Dételer).|| « Quiconque aime vraiment renonce à la sincérité » (→ Façonner, cit. 17). || Renoncer au bien, au mal, au crime (→ Naturel, cit. 27).
8 Détournons nos regards de ces tristes exemples, qui feraient renoncer au bien et douter même de la vertu.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, Pétition aux deux chambres.
9 (…) il n'est point d'indépendant. Pour l'être, il faudrait renoncer à la vie de société, et aux amitiés mêmes.
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, I, p. 723.
Renoncer à la lutte, au combat : mettre bas les armes.
(Pronominalisé). || Désormais (cit. 2), j'y renonce.
(Dans un contexte moral ou religieux). Cesser d'être attaché (aux choses de ce monde). Renoncement. || Renoncer au monde pour entrer en religion (→ Moine, cit. 4). || Renoncer aux biens de ce monde, aux choses vaines (→ Abstenir, cit. 2), à tous les plaisirs (→ Consacrer, cit. 3). Détacher (se), divorcer (fig.), mourir (mourir à…). — ☑ Loc. Renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, au péché et aux occasions de pécher (allus. à la formule du baptême).
10 (…) il me fit naître, dès cette première visite, une forte envie de renoncer comme lui à tous les plaisirs du siècle pour entrer dans l'état ecclésiastique.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, I, p. 39.
11 Un de ces pieux solitaires
Qui, détachant leurs cœurs des choses d'ici-bas,
Font vœu de renoncer à des biens qu'ils n'ont pas (…)
Florian, Fables, III, 11.
12 Ils parlent bas; ils baissent les yeux; ils travaillent. Ils renoncent au monde, aux villes, aux sensualités, aux plaisirs, aux vanités, aux orgueils, aux intérêts.
Hugo, les Misérables, II, VII, IV.
(Suivi d'un inf.). Cesser volontairement de… || Renoncer à fréquenter (cit. 13) qqn.
13 Il est temps que les cœurs renoncent à douter (…)
Hugo, la Légende des siècles, VI, I, « Détroit de l'Euripe ».
3 (1663, Molière). || Renoncer à qqn, l'abandonner (→ Lier, cit. 32), cesser de fréquenter, de voir.Renoncer à celui, à celle qu'on aime, à un fiancé… (→ aussi Flotter, cit. 16; oui, cit. 7).
14 Si la naissance de monsieur de Frescas est obscure, je saurai, ma mère, renoncer à lui; mais de votre côté, soyez assez bonne pour ne plus insister sur mon mariage avec le marquis de Montsorel.
Balzac, Vautrin, IV, 1.
15 Je songeais combien elle était plus belle qu'Albertine et comme il était plus sage de renoncer à l'autre.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 851.
Cesser de fréquenter (un type, un genre de personnes).
16 C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien (…)
Molière, Tartuffe, V, 1.
(1541, Calvin). Fig. || Renoncer à soi-même, à son nom, à sa personnalité; à tout égoïsme.
4 Absolt. (ou intrans.). Abandonner un projet; cesser une activité…, par impossibilité ou difficulté de réussir. Abdiquer (cit. 4), céder, démissionner, quitter (la partie). || Les meilleurs renoncent et s'inclinent devant ce mythe (→ Fatalité, cit. 1). || Avoir le courage de renoncer, d'accepter l'échec (→ 1. Page, cit. 5).
17 Il ne m'est pas arrivé souvent de renoncer; un délai, c'est tout ce qu'obtient de moi la traverse (…)
Gide, Si le grain ne meurt, II, II.
18 — Si je renonce, si je renonce maintenant, disait le petit visage contracté d'obstination, j'aurai toujours le sentiment d'une défaite, d'un échec.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, XII.
Fig. || Où l'olivier (cit. 3) renonce, finit la Méditerranée.
5 (1680). Vx. (Aux jeux de cartes). Jouer dans une autre couleur que celle qui est jouée. || Renoncer à pique. Renonce.
———
II V. tr. dir. (V. 1320).
1 Vx. Cesser, refuser de reconnaître. Renier.Renoncer qqn pour (suivi d'un nom exprimant une relation personnelle). || Renoncer qqn pour son fils (→ Déshériter, cit. 1), pour son frère (→ Fraternité, cit. 1).
19 Je l'abandonne (…) Je la déteste (…) Et la renonce pour ma fille.
Molière, l'Amour médecin, I, 3.
(Sans compl. second). Littér. Renier.
20 (…) un grossier marinier du lac de Tibériade (…) un rustre et un couard, qui renonça son maître et sa foi (…)
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XVI, in Œ., t. VIII, p. 145.
Refuser de croire à…, d'admettre… || Renoncer un dieu, son dieu (abjurer, renier).
21 Que pouvaient faire les Juifs, ses ennemis ? S'ils le reçoivent, ils le prouvent par leur réception, car les dépositaires de l'attente du Messie le reçoivent; s'ils le renoncent, ils le prouvent par leur renonciation.
Pascal, Pensées, XII, 762.
2 Littér. Abandonner matériellement (vx) ou moralement. || « Ces lépreux qui, renoncés de leurs proches… » (→ Horreur, cit. 29, Chateaubriand).
Abandonner, laisser (ce qu'on désavoue). || « Je n'ai jamais rien su renoncer » (→ Écarteler, cit. 8, Gide).
22 C'est un des nombreux cas où ces humains veulent des profits contradictoires et n'admettent pas que s'ils choisissent l'un, ils doivent renoncer l'autre.
Julien Benda, le Rapport d'Uriel, p. 67.
23 Tout ce que j'ai renoncé pour mon compte, je le réclame à présent pour ces petits hommes (…)
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, p. 90.
24 Dominique, dans sa campagne perdue, doit étouffer chaque jour le cri de l'homme qui a connu le bonheur, et qui l'a renoncé : « C'est fini ! c'est à jamais fini ! »
F. Mauriac, la Province, p. 38.
3 (Belgique). Résilier (un bail); donner congé (à un locataire). Renon.
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se renoncer v. pron.
ÉTYM. (Fin XVIIe).
Se sacrifier, laisser tout intérêt personnel (→ Holocauste, cit. 8, Bossuet). || L'âme se donne et se renonce dans l'extase (cit. 2). || La personnalité s'affirme (cit. 11) en se renonçant.
25 — Marthe, j'ai essayé de me délivrer de moi-même — j'ai voulu me renoncer (…) Mais que peut un tel effort, sinon nous révéler notre impuissance ?
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, XVII.
26 Pour mettre en œuvre les vertus que la foi fait germer dans l'âme, l'homme doit se renoncer. Tout ce qui l'attache à la terre, aux servitudes de sa condition, doit être rompu.
Daniel-Rops, Jésus en son temps, VIII, p. 402.
CONTR. Aspirer, attacher (s'), attribuer (s'), disputer, efforcer (s'). — Conserver, continuer, garder, persévérer, persister, tenir (à). — Accepter, consentir, vouloir.
DÉR. Renonçant, renonce, renoncement, renonciataire, renonciateur.

Encyclopédie Universelle. 2012.