voyageur, euse [ vwajaʒɶr, øz ] n.
1 ♦ Personne qui est en voyage. « Il n'existe pas encore un hôtel où tout voyageur riche puisse retrouver son chez soi » (Balzac).
♢ Personne qui use d'un véhicule de transport public. ⇒ passager. Les voyageurs d'un autobus, d'un train. « devant la gare, [...] elle regarde les voyageurs qui montent et qui descendent » (Le Clézio). Les voyageurs pour Paris, en voiture ! — Voyageur-kilomètre : unité correspondant au déplacement d'une personne sur un kilomètre (trafic ferroviaire, aérien, routier).
2 ♦ (XVIe) Personne qui voyage pour voir de nouveaux pays (dans un but de découverte, d'étude). ⇒ explorateur. « Les récits de Marco Polo, [...] comme de quelques autres voyageurs anciens » (Baudelaire). — L'arbre du voyageur : le ravenala. — Touriste. « La Sicile devrait attirer les voyageurs » (Maupassant).
3 ♦ (1830) Voyageur (de commerce) : représentant de commerce qui voyage pour visiter la clientèle. ⇒ commis (voyageur). « “Vous êtes voyageur ? demanda l'homme. — Bracelets-montres”, acquiesça Mathias » (Robbe-Grillet). Voyageurs, représentants, placiers (V. R. P.).
4 ♦ Adj. (1764) Vx Qui voyage, aime à voyager. — Mod. Pigeon voyageur. — Par ext. (choses) Mouvant. « La vie voyageuse des bergers [...] du Midi » (Michelet).
● Voyageur représentant qui a le statut de V.R.P., chargé de prospecter la clientèle et de prendre les commandes, en effectuant des voyages pour l'entreprise qui l'emploie.
voyageur, euse
n. et adj.
rI./r n.
d1./d Personne qui est en voyage ou qui voyage beaucoup. Un grand voyageur.
— Train de voyageurs, qui transporte des personnes (par oppos. à train de marchandises).
|| Voyageur de commerce: celui qui se déplace pour le compte d'une maison de commerce dans le but de placer des marchandises.
d2./d n. m. (Québec) HIST Celui qui avait reçu mandat (contrairement au coureur de bois) de conduire une expédition afin de se livrer à la traite des fourrures avec les Amérindiens dans des postes de traite désignés. Les chansons de voyageurs. Les voyageurs des Pays-d'en-Haut.
— Par ext. Aventurier rompu à la vie dans les bois et qui peut y accomplir des travaux divers pour le compte d'une compagnie forestière.
rII./r adj. Pigeon voyageur, dressé à porter des messages.
⇒VOYAGEUR, -EUSE, subst. et adj.
I. — Substantif
A. — [À propos d'une pers.]
1. Celui, celle qui se déplace, sur un parcours généralement préétabli, en empruntant un moyen de transport particulier (généralement les transports en commun). Synon. passager1. Deux lourdes voitures [s'approchent] (...); ce sont les diligences avec lesquelles le bateau à vapeur doit être en correspondance. (...) lentement elles arrivent; les voyageurs en descendent (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 218). C'était midi. Les voyageurs montaient dans l'autobus. On était serré (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 61).
SYNT. Voyageurs de l'air, de l'avion, de l'autobus, de la diligence, du métro, de la voiture; voyageurs pour/à destination de...; voyageur muni d'un billet, sans billet, en transit; faire descendre, monter les voyageurs; prendre, déposer des voyageurs; trafic, transport, foule des voyageurs; voyageur de première, de seconde classe; voyageur de banlieue.
— CH. DE FER. [Gén. p. oppos. à marchandise] Usager des services des chemins de fer. Train, voiture, wagon de voyageurs; salle, service des voyageurs. Les hausses de tarifs voyageurs entraînent, pendant une période plus ou moins longue, l'abstention d'une partie des usagers (PINEAU, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 14).
♦ Voyageur-kilomètre. ,,Indicateur de trafic correspondant à la somme des longueurs des parcours effectués par tous les voyageurs, sur une ligne ou un ensemble de lignes données`` (Industries 1986). En 1930 (...) les chemins de fer français avaient transporté (...) 2 milliards de voyageurs-kilomètres (CHENOT, Entr. national., 1956, p. 56).
2. Celui, celle qui fait un ou des voyage(s) dans un but d'étude, de découverte, de détente.
a) Savant, explorateur qui passe une partie de sa vie à visiter, étudier de nouvelles contrées et qui consigne par écrit le fruit de ses observations pour le transmettre à ses contemporains et aux générations futures. Voyageurs anciens, célèbres, illustres; voyageur scientifique; voyageur de mer (marin) (synon. navigateur); récits des voyageurs; les voyageurs notent, observent, décrivent. Les grands voyageurs, Wallace, Hudson, Bates, Belt, observent, au cours de leurs expéditions, le comportement d'animaux peu connus et en donnent des descriptions (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 419):
• Ce navigateur ne connaissait pas les nouvelles méthodes de déterminer les longitudes, et il n'avait jamais lu aucune des relations des voyageurs modernes; il naviguait d'après les anciennes cartes françaises de Bélin...
Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 245.
— En appos. ou en compos. [Avec un subst. précisant la spécialité du voyageur] En 1828 il fut attaché au Jardin-des-Plantes en qualité de voyageur naturaliste (MÉRIMÉE, Portraits hist. et littér., 1870, p. 93). Les botanistes-voyageurs ont noté depuis longtemps qu'il y avait une relation entre la taille des feuilles et le climat (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 776).
b) Personne voyageant seule ou en groupe par goût de l'aventure, du dépaysement et dans un but de détente et de loisir. Synon. aventurier, touriste, visiteur. C'est un voyageur (...) un touriste qui aura été séduit par la beauté et le grandiose de ce site sauvage (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 431). Une des causes de la crise hôtelière provient de l'erreur dans laquelle on maintient toute une classe de voyageurs étrangers, en leur racontant que les prix pratiqués en France sont ridiculement bas (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 241).
SYNT. Voyageur à pied (synon. promeneur, marcheur), à cheval; voyageur curieux, égaré, épuisé, errant, fatigué, imprudent, infatigable, intrépide, isolé, lointain, perdu, pressé, solitaire, vagabond; voyageur allemand, anglais, français; voyageur de passage, sans bagages, sans but; la malle, les effets, le costume du voyageur; guider, recevoir les voyageurs; groupe de voyageurs; visiter un pays en voyageur; voyageur autour du monde (synon. globe-trotter).
c) En partic. Personne se déplaçant dans un but religieux. Synon. pèlerin. Voyageur chrétien, pieux; bâton de voyageur. Prie en marchant, ma voyageuse, Va sanctifiant ton chemin. Défile dans ta main pieuse Le chapelet du pélerin (M. DE GUÉRIN, Poés., 1839, p. 81).
d) AÉROSPAT. Voyageur de l'espace (ou spatial), du cosmos (ou cosmique). Occupant d'un engin spatial. Synon. astronaute, cosmonaute, spationaute. Au retour, on a recueilli ses impressions [de Gagarine] de premier voyageur du cosmos avec des sentiments où dominaient surtout la curiosité et l'admiration (L'Express, 13 avr. 1961, p. 11, col. 1).
3. Empl. fréq.
a) Personne qui voyage beaucoup, qui a une expérience approfondie des pays et des peuples visités. Les voyageurs ont une supériorité nette sur les autres hommes aux yeux des êtres sédentaires et nerveux comme les femmes (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p. 76). On me dit un grand voyageur, et c'est peut-être vrai, non par le nombre et l'étendue des pays que j'ai pu voir (...) mais par la manière dont je les ai vus (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 12).
b) Voyageur (de commerce). Représentant qui visite la clientèle pour son compte ou celui d'un employeur. Synon. démarcheur, représentant, V.R.P. Voyageur au fixe, à la commission. Oui, mesdames et messieurs, je suis un voyageur de commerce et même un commis-voyageur, comme on disait du temps de Balzac (BLOY, Journal, 1896, p. 228). Elle a eu l'autre jour une drôle de visite. Une voyageuse est venue pour lui vendre un aspirateur (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 134). Commis voyageur.
— En appos. Deux voyageurs commerçants de Lausanne (MICHELET, Journal, 1830, p. 71).
c) Arg. Mondain. Vieilli. Homme, femme se déplaçant de salon en salon pour parader ou faire le pique-assiette. Synon. écornifleur, parasite. Il y a une anthologie à composer avec les stratagèmes employés par quelques voyageurs pour vivre gratis dans les conditions les meilleures du monde (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 196).
B. — P. anal.
1. Personne ou groupe de personnes sans domicile fixe, se déplaçant au gré de sa/leur fantaisie ou sous l'effet de certaines contraintes (sociales, politiques etc.). Synon. migrant, nomade. La vie des voyageurs arabes est dure, et la tente est moins confortable que poétique (LAMART., Corresp., 1832, p. 319).
2. Animal se déplaçant dans son milieu naturel (air, mer, terre); en partic., oiseau migrateur. Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes, Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes, Vont au pays natal à travers les déserts (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 183). C'est le nom [palombe] que nous donnons, dans notre Midi pyrénéen, aux pigeons ramiers, oiseaux migrateurs (...). Il n'est point possible de les confondre avec les autres voyageurs de l'air (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 23).
3. [À propos d'une chose]
a) Littér. ou poét. Chose ou matière se déplaçant dans son environnement. [Le soldat] sut tressaillir (...) en voyant les nuages se confondre, — voyageurs changeants et colorés! (BALZAC, Passion ds désert, 1836, p. 400).
♦ La voyageuse des nuits. [Périphrase pour désigner la lune] Ainsi la voyageuse des nuits, la lune, semble garder dans les plaines du ciel les nuages qu'elle mène avec elle (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 246).
C. — P. anal. [À propos d'une pers.]
1. [Par substitution du temps à l'espace] L'homme, en tant que mortel dont on peut comparer la vie à un voyage. L'humanité, ce voyageur pressé, choisit de plus en plus dans son bagage, et rejette ce qui lui serait trop embarrassant (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1852, p. 89). La liberté ne veut pas être une lèpre, mais l'accomplissement même de la nature, autant qu'il se peut en ce siècle où nous passons en voyageurs (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 419).
— En partic. [Dans un cont. relig.] L'homme, en tant qu'il effectue sur terre un court voyage. Le chrétien se regarde toujours comme un voyageur qui passe ici-bas dans une vallée de larmes, et qui ne se repose qu'au tombeau (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 413). Nous simples voyageurs, pauvres voyageurs, fragiles voyageurs, voyageurs précaires, chemineaux éternels, qui entrons dans la vie et aussitôt qui sortons (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 230).
2. [P. réf. à une situation (soc., morale...) instable et précaire] Vieux voyageur sans asile, je vois le soir chacun rentrer chez soi, fermer la porte (...) et moi, assis sur la borne, je compte les étoiles (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 795).
3. Personne qui fait une expérience comparable à un voyage.
a) Personne qui aime se cultiver, s'instruire, découvrir des choses nouvelles. C'était un grand voyageur intellectuel que M. Cousin; il n'était jamais au repos (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 10, 1867, p. 454).
b) Personne qui fait ou a fait l'expérience de la drogue, notamment du L.S.D. [Le médecin] laisse le voyageur affronter seul ses problèmes avec l'aide du retour intérieur provoqué par le L.S.D. (Arts et loisirs, 27 avr. 1966, p. 7, col. 3).
II. — Adj. ou en appos. avec valeur d'adj.
A. — 1. [En parlant d'une pers.] Qui est actuellement en voyage, qui voyage souvent, qui a un goût prononcé pour les voyages. On voit des familles voyageuses qui, contentes d'un repas frugal, l'aiguisent cependant par quelques mets qui leur étaient inconnus, et paraissent jouir avec plaisir d'un spectacle tout à fait nouveau pour elles (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 285).
— [P. méton. du déterminé] Qui se déplace d'un endroit à l'autre. J'ai mon étoile limpide Qui guide Mon pied leste et voyageur (M. DE GUÉRIN, Poés., 1839, p. 111). Il vient à moi (...) les deux mains dans les poches (...) le regard voyageur (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 73).
2. [En parlant d'un animal] Qui se déplace à l'intérieur d'un territoire délimité; qui effectue une migration. Synon. migrateur. Le guillemot est un oiseau voyageur fort rare, dont les habitudes sont étranges (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Roche, 1885, p. 1314). Le sanglier est le plus voyageur de nos grands animaux (VIDRON, Chasse, 1945, p. 102).
♦ Pigeon voyageur.
B. — [En parlant d'un inanimé concr.]
1. Qui se déplace de son propre fait ou par la volonté des hommes. Quand Jeannie (...) avait vu s'égarer au loin (...) la lumière errante du bateau voyageur qui portait son mari et les espérances d'une pêche heureuse, elle regardait encore du seuil de la maison, puis rentrait en soupirant (NODIER, Trilby, 1822, p. 117). Une maison roulante, voyageuse, transparente à toutes les faveurs du midi (GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 223).
2. Qui se déplace (ou semble se déplacer) dans l'espace. On voit, au commencement de la lune voyageuse, des corneilles se réunir en bataillons dans quelque vallée (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 243).
C. — [En parlant d'un inanimé abstr.]
1. Relatif au voyage; rempli de voyages et de déplacements. Synon. errant. Je fais des efforts inouïs pour réhabituer mon corps (...) à rester à une table, à écrire dix ou douze heures, après cette vie errante et animée, oisive et curieuse, voyageuse et amoureuse que je viens de mener pendant quatre mois (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1848, p. 75).
2. Qui pousse, incite au départ, au voyage. Instinct voyageur; imagination voyageuse. L'heureux Adrien est sans doute en ce moment en pleine satisfaction de son humeur voyageuse (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 321). V. différer2 ex. 2.
3. Qui vagabonde dans les sphères de l'irréel, de l'imaginaire. Synon. errant, fluctuant, mouvant. Ma pensée se fait voyageuse; mon corps seul fait semblant d'être ici (GIDE, Porte étr., 1909, p. 548).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. V. voyage. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1415 subst. grant voyageur « homme qui fait de grands voyages » (ALAIN CHARTIER, Débat du Herault, du Vassault et du Villain, I, 2 ds Œuvres poét., éd. J. C. Laidlaw, p. 421); b) 1830 voyageur de commerce (BALZAC, Œuvres div., t. 1, p. 651); 2. a) 1741 adj. « qui est en voyage (en parlant d'une personne) » (A.-C. DE CAYLUS, Feeries nouvelles, p. 553); b) 2e moit. XVIIIe s. oie voyageuse (BUFFON, Ois., t. XVIII, p. 96 ds LITTRÉ); c) 1792 commis-voyageur, v. commis. Dér. de voyager1; suff. -eur2. Fréq. abs. littér.:4 277. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 591, b) 8 525; XXe s.: a) 4 601, b) 3 522. Bbg. QUEM. DDL t. 13, 25.
voyageur, euse [vwajaʒœʀ, øz] n. et adj.
ÉTYM. XVe; a remplacé voyagier, fin XIVe (→ 2. Voyager); de voyage (3.); fém., 1675, Mme de Sévigné.
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I N.
1 a Personne qui est en voyage; personne qui se déplace à pied pour se rendre assez loin. ⇒ Pérégrin (vx). || Bâton de voyageur. || Voyageur attardé (cit. 6), égaré (cit. 22). || Voyageur qui s'est muni contre le mauvais temps (→ Bonheur, cit. 8). || Voyageurs en troupe dans le désert. ⇒ Caravane. || Voyageur attaqué par un brigand, un loup (cit. 2).
b Personne qui use d'un véhicule de transport public (N. B. On dit passager pour les navires et les avions). || Les voyageurs d'une diligence, d'un train, d'un autobus, du métro (→ Bouche, cit. 26). — Ch. de fer (le mot, au pluriel, est souvent opposé à marchandises). || Train de voyageurs. || Wagon de voyageurs (impropre, mais usuel). ⇒ Voiture. || Gare de voyageurs. || Voyageurs dans une salle d'attente. || Voyageurs qui s'entassent dans les compartiments (cit. 2). || Voyageurs assis, debout. || Les voyageurs pour Paris, en voiture ! || Messieurs les voyageurs… (style administratif).
1 — Vous savez, à cause des fêtes du Havre, la foule était énorme (…) Nous avons été obligés de défendre notre compartiment contre des voyageurs de deuxième et même de troisième classe (…)
Zola, la Bête humaine, III.
2 (Le tramway) mettait une bonne heure pour accomplir son trajet. Ses voyageurs se soumettaient sans impatience à un rite compliqué de paiement par une sorte de moulin à café à monnaie placé tout à l'entrée du wagon.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 188.
2.1 Il y a aussi quelque chose que Lalla aime bien faire : elle va s'asseoir sur les marches des grands escaliers, devant la gare, et elle regarde les voyageurs qui montent et qui descendent. Il y a ceux qui arrivent tout essoufflés, avec des yeux fatigués, des cheveux décoiffés, et qui descendent les escaliers en titubant dans la lumière. Il y a ceux qui s'en vont, qui se hâtent, parce qu'ils ont peur de rater leur train; ils montent les marches deux par deux, et leurs valises et leurs sacs cognent leurs jambes, et leurs yeux sont fixes, ils regardent droit vers l'entrée de la gare.
J.-M. G. Le Clézio, le Désert, p. 254.
c Par métaphore. (Relig., poét., etc.). Se dit de l'homme, dont la vie est comparée à un voyage. || L'homme est un voyageur qui finit avec sa route (→ Provision, cit. 4). || Étrangers (1. Étranger, cit. 32) et voyageurs sur la terre.
2 (XVIe). Personne qui voyage pour voir de nouveaux pays (dans un but de découverte, d'étude). ⇒ Explorateur. || Les voyageurs anciens (→ Créance, cit. 6), modernes (→ 2. Once, cit.). || Le voyageur Marco Polo (→ Monnaie, cit. 7; et aussi misérable, cit. 11). || Les récits des grands voyageurs.
3 L'étude des mathématiques, qui suppose une vie sédentaire, a rempli le temps de ses jeunes années (de Bougainville); et voilà qu'il passe subitement d'une condition méditative et retirée au métier actif, pénible, errant et dissipé de voyageur.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville.
♦ Touriste. || La Sicile attire les voyageurs (→ 1. Point, cit. 26). || Voyageur qui parcourt le monde. ⇒ Aventurier, bourlingueur, globe-trotter, vagabond (II., 1.). — Personne qui voyage beaucoup (→ Voir, cit. 35, Prévert).
3 (1830, Balzac). || Voyageur de commerce, et, absolt, voyageur (→ Prise, cit. 5) : représentant de commerce qui voyage pour visiter la clientèle. ⇒ Commis-voyageur, représentant. || Voyageur en tournée. || Voyageur qui fait un pays, une région. || Marmotte de voyageur. || Voyageur représentant placier (abrév. : V. R. P.).
4 Code du commis-voyageur. Cet ouvrage pèche d'abord par le titre, car il nous semble que c'est Code des Voyageurs du commerce qu'il aurait fallu appeler le livre pour complaire à messieurs les commis (…)
Balzac, Feuilleton, XL, in Œ. diverses, t. I, L, p. 651.
5 « Vous êtes voyageur ? demanda l'homme. — Bracelets-montres », acquiesça Mathias, en donnant une tape légère à sa mallette. « Ha ! Ha ! Vous placez des montres, répéta l'autre. »
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 48.
➪ tableau Noms de métiers.
4 (V. 1966). Personne qui fait un voyage (5.) sous l'effet d'hallucinogènes. || « Ancienne petite trafiquante et grande “voyageuse” au L. S. D. » (l'Express, 17 juil. 1974, p. 67).
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II Adj. (1764).
1 Qui voyage. || Oiseaux voyageurs (vx). ⇒ Migrateur. || Pigeon voyageur (1846; on disait auparavant pigeon messager), qu'on dresse à porter des messages d'un lieu à un autre.
5.1 La plupart (des papillons) sont sédentaires. Mais il existe de grandes espèces migratrices (nous ferions mieux de dire voyageuses, puisqu'elles ne reviennent pas à leur point de départ) qui couvrent tout à coup les bateaux, ou se posent sur l'Océan.
Malraux, Antimémoires, p. 473.
2 (Personnes). Qui voyage sans cesse. || Il est très voyageur. — Vx. || Commis (cit. 4) voyageur (→ Marchand, cit. 3).
3 Qui change de place, se déplace (⇒ aussi Baladeur). || Un banc voyageur (de poissons). → 2. Pêcher, cit. 4.
6 (…) ses yeux verts à demi fermés, ses regards voyageurs comme des rayons et qui venaient poser sur elle un peu de chaude lumière vivante.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 50.
4 (1873). Qui a rapport aux voyages. || Vie voyageuse (rare). ⇒ Nomade. || Humeur voyageuse : disposition à voyager.
7 La vie voyageuse des bergers est un des caractères pittoresques du Midi. Vous les rencontrez montant des plaines du Languedoc aux Cévennes, aux Pyrénées, et de la Crau provençale aux montagnes de Gap et de Barcelonnette.
Michelet, Hist. de France, III.
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COMP. Commis-voyageur. — Voyageur-kilomètre.
Encyclopédie Universelle. 2012.