HOQUET
HOQUE
Contraction spasmodique et rythmique du diaphragme associée à celle des muscles constricteurs de la glotte, le hoquet constitue un réflexe qu’on peut inhiber, lorsque sa cause est bénigne, en faisant faire au patient une déglutition très lente en apnée. Mais le hoquet est, dans certains cas, un signe révélateur qui traduit des lésions diverses. Ce sont parfois des atteintes neurologiques (syndrome de compression intracrânienne, encéphalite) ou toxiques (urémie, alcoolémie). Mais il peut s’agir aussi de troubles médiastinaux (cancer œsophagien, adénopathies, cardiopathies) ou de troubles abdominaux, souvent bénins, parfois graves (réaction abdominopéritonéale dans certaines maladies infectieuses — la typhoïde, par exemple — ou dans certaines interventions chirurgicales). L’atropine peut calmer les hoquets rebelles, mais les cas graves exigent le recours aux neuroplégiques, ainsi que des manœuvres visant à inhiber le réflexe (compression du phrénique, stimulation pharyngée).
hoquet [ 'ɔkɛ ] n. m.
• déb. XIVe; de hok onomat. exprimant un bruit de coup
1 ♦ Vx Choc, heurt.
♢ Fig. Empêchement, difficulté soudaine.
2 ♦ Mus. anc. Alternance de deux voix se répondant, dans la polyphonie médiévale.
3 ♦ (XVe) Cour. Contraction spasmodique du diaphragme produisant un appel d'air assez fort pour faire vibrer les cordes vocales; fait d'éprouver ces contractions; bruit qui en résulte. Avoir le hoquet. « À la fin de chaque phrase, elle avait comme un hoquet, un hoquet de dégoût, de fatigue » (Bernanos).
⊗ HOM. Hockey, O. K.
hoquet
n. m. Contraction spasmodique du diaphragme qui s'accompagne d'un bruit caractéristique lors de la fermeture de la glotte.
|| Avoir le hoquet, une suite de hoquets.
⇒HOQUET, subst. masc.
A. — 1. Contraction spasmodique du diaphragme entraînant une secousse brusque du thorax et de l'abdomen, accompagné d'un bruit caractéristique causé par le resserrement subit de la glotte et la vibration des cordes vocales; bruit ainsi produit; répétition de ces contractions. Être secoué de hoquets, par un/des hoquet(s); pousser un/des hoquet(s). Elle baissait la tête, elle avait de petits hoquets qui secouaient l'énorme paquet de cheveux blonds dont elle chargeait sa nuque (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 252). La chorée du diaphragme se traduit par un hoquet incessant et douloureux (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 130).
♦ Loc. verb. Avoir, donner, faire passer le hoquet; (se) guérir du hoquet. Perdre le hoquet (Ac.). Toutefois, il faut convenir que dès qu'il a le hoquet, rien qu'en surgissant, elle le lui fait passer (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 316). Vous vous guérirez du hoquet si vous arrivez à bâiller. Mais comment bâiller? On y arrive très bien en mimant d'abord la chose, par étirements et bâillements simulés; l'animal caché, le même qui vous donne le hoquet sans votre permission, sera mis ainsi dans la position de bâiller, et il bâillera (ALAIN, Propos, 1922, p. 378).
♦ En partic. Hoquet(s) de la mort, de l'agonie; dernier(s) hoquet(s). Hoquet(s) survenant parfois au moment de la mort. Le 3 mai, Napoléon se fit administrer l'extrême-onction et reçut le saint viatique. Le silence de la chambre n'était interrompu que par le hoquet de la mort mêlé au bruit régulier du balancier d'une pendule (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 666). Dès le seuil de la chambre, elle aperçut Virginie étalée sur le dos (...) Mme Aubain, au pied de la couche (...) poussait des hoquets d'agonie (FLAUB., Cœur simple, 1877, p. 43). Ce que je redoute d'elle [la mort], est-ce l'angoisse physique, l'angoisse du dernier hoquet? (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 96). V. agonique ex. 3.
♦ Hoquet épidémique. Hoquet très tenace, pouvant durer plusieurs jours, constituant en particulier le signe de maladies des centres nerveux (cf. MAY ds Nouv. Traité Méd., fasc. 4, 1925, p. 54). Une forme [d'atteinte encéphalitique] particulièrement curieuse est celle qui se caractérise uniquement par un hoquet incoercible . C'est ainsi que des crises de hoquets épidémiques ont été observées à Vienne et à Paris vers 1919-1920 (QUILLET Méd. 1965, p. 346).
2. P. anal.
a) Bruit rauque provoqué par une gêne brusque de la respiration, accompagnant souvent une forte émotion. Avoir des hoquets de rire; une voix coupée de hoquets. Elle releva la tête, rassérénée (...). Elle était encore secouée par ces hoquets qui suivent les pleurs, et sa gorge battait la soie de son corsage (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 120). Il entendait Mélanie pleurer, son tablier sur la tête, avec des hoquets de larmes, comme un lointain aboiement (CHARDONNE, Dest. sent., I, 1934, p. 119). Les efforts que faisait M. de Froberville pour qu'on n'entendît pas son rire l'avaient fait devenir rouge comme un coq, et malgré cela c'est en entrecoupant ses mots de hoquets de joie qu'il s'écria d'un ton miséricordieux : « Oh! pauvre tante Saint-Euverte, elle va en faire une maladie! (...) » (PROUST, Sodome, 1922, p. 684).
b) Synon. de haut-le-cœur. Hoquet de dégoût :
• 1. Elle avait fermé les yeux, elle était blanche et son front s'était couvert de sueur. « Mal au cœur », balbutia-t-elle en étouffant un hoquet dans son mouchoir. Au bout d'un instant, elle rouvrit les yeux. « Ça passe, c'est ce vin rouge... »
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 229.
c) Phénomène, secousse spasmodique accompagnée ou non de bruit. Le train (...) se remettait en marche, avec des hoquets sourds et profonds (ZOLA, M. Ferat, 1868, p. 7). Le hoquet des sources nouvelles qui crevaient au milieu des pâtures, les ruisseaux qui léchaient les herbes à gros lappements de langue (GIONO, Chant monde, 1934, p. 106). À travers le torchis de la masure, crevé depuis longtemps par la gelée, la bise soufflait si fort que la grêle flamme du foyer se couchait chaque fois sur les cendres avec un hoquet de fumée (BERNANOS, Crime, 1935, p. 777).
B. — MUS. MÉDIÉV. ,,Type de composition où deux (ou plusieurs) voix sont parsemées de silences, de telle sorte que l'une se tait lorsque l'autre se fait entendre et vice versa`` (Mus. 1976; dict. XIXe et XXe s.). Machaut (...) écrit en « double hoquet », c'est-à-dire en contrepoint entremêlé de silences alternés, une pièce d'« organum pur » (GASTOUÉ, Prim. mus. fr., 1922, p. 63). Chez les modernes, les souvenirs du H[oquet] se retrouvent dans les pauses suspensives, les syncopes, les rythmes à contre-temps, qui sont devenus un moyen d'expression chez les musiciens dramatiques (BRENET, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p. 197) :
• 2. ... le « hoquet », regardé par les didacticiens comme une des parties essentielles de la musique mesurée (...) était une phrase harmonique dans laquelle une ou plusieurs parties étaient entrecoupées ou interrompues par des silences.
E. DE COUSSEMAKER, L'Art harmonique aux XIIe et XIIIe siècles, Paris, A. Durand et V. Didron, 1865, p. 83.
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. hockey, O.K. Étymol. et Hist. 1. 1310 mus. anc. (G. DU BUS, Fauvel, 1347 ds T.-L. : Hoquès, motès et chançonnetes); 1er quart XIVe s. (Estampies, éd. W.O. Streng-Renkonen, VI, 47, cf. n. p. 53); 2. 1385 « coup » (doc. ds DU CANGE, s.v. hoquetus 2); 3. [1464 icquet « mouvement convulsif du diaphragme » (J. LAGADEUC, Cathol. ds GDF. Compl.)] XVe s. hoquet (d'apr. FEW t. 4, p. 451a); 1608 aux derniers hoquets (CAYET, Chron. nov., p. 294 ds GDF. Compl.). Dér. de l'onomat. hok- exprimant le bruit d'un coup, d'un choc donné, précédé d'une aspiration; cf. les var. apophoniques en i, a, e, ü (FEW, loc. cit., pp. 451b-452a). Fréq. abs. littér. : 287. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 79, b) 476; XXe s. : a) 742, b) 450. Bbg. BAMBECK (M.). Galloromanische lexikalia... In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 64. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 17; t. 3 1972 [1930], p. 175.
hoquet ['ɔkɛ] n. m.
ÉTYM. Déb. XIVe en mus. (sens 2); « choc, coup », 1835; d'une onomatopée hok- exprimant un bruit de choc.
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1 (XIVe). Vx. Choc, heurt (→ Clopin-clopant, cit. 1, La Fontaine). || À hoquets : par à-coups. — Fig. Empêchement, difficulté soudaine.
1 (Monsieur de Metz) se disposa à se faire recevoir au Parlement. Il y trouva un hoquet auquel il n'avait pas lieu de s'attendre (…)
Saint-Simon, Mémoires, III, XXX.
2 (1310). Mus. anc. Alternance de deux voix se répondant, dans la polyphonie médiévale.
3 (1464, ioquet). Cour. Contraction spasmodique du diaphragme produisant un appel d'air assez fort pour faire vibrer les cordes vocales; bruit qui en résulte. || Le hoquet, comme le sanglot, consiste en une contraction du diaphragme. || Le hoquet est accompagné d'une secousse spasmodique du thorax et de l'abdomen. || Hoquets déterminés par un état de réplétion de l'estomac; hoquets d'origine nerveuse. || Avoir, faire, émettre un hoquet. || Les hoquets d'un ivrogne (→ Balbutiement, cit. 3).
2 (Il) fait entendre de sales hoquets (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'impudent…
3 (Ces galants) À qui beaucoup de vin fait sortir la tendresse,
Qui vont en cet état aux pieds de leur maîtresse
Exhaler les transports de leurs brûlants désirs,
Et pousser des hoquets en guise de soupirs (…)
J.-F. Regnard, Démocrite, IV, 7.
4 (…) le repas fini, on se rince la bouche, on se lave les mains, on s'asperge la barbe d'eau de fleur d'oranger, on promène sous ses vêtements la fumée du brûle-parfum, et l'on émet (…) ces hoquets incongrus, qui sont, dans tout l'Orient, la politesse de l'estomac et le remerciement des convives.
Jérôme et Jean Tharaud, Fez, V.
♦ (1844). Bruit qui accompagne une respiration brutalement contrariée; sanglot spasmodique. || Les hoquets d'une personne qui suffoque. || Un hoquet d'émotion. || Être secoué de hoquets (→ Épaule, cit. 9).
5 La pauvre créature, au plaisir essoufflée,
A de rauques hoquets la poitrine gonflée,
Et je devine, au bruit de son souffle brutal,
Qu'elle a souvent mordu le pain de l'hôpital.
Baudelaire, Premiers Poèmes, XXIV.
6 (Le boxeur) laissa échapper le hoquet de suffocation qui indique que le coup a touché juste, et tomba sur les genoux (…)
Louis Hémon, Battling Malone, V.
7 Tout à coup, le silence fut rompu par une sorte de hoquet atroce (…) C'était Mme de Villerupt qui venait d'éclater en sanglots. Elle s'était contenue trop longtemps.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 297.
8 Les mots sifflaient dans sa bouche, et à la fin de chaque phrase, elle avait comme un hoquet, un hoquet de dégoût, de fatigue, je ne sais.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 152.
♦ ☑ Loc. Le hoquet de la mort; (1608, au plur.) le dernier hoquet : le hoquet qui accompagne parfois le râle des mourants (→ Agonie, cit. 9).
9 Un vague moribond tardif
Crachant sa douleur et sa haine
Dans un hoquet définitif (…)
Verlaine, Jadis et Naguère, « Les loups ».
10 Souvent les pauvres mourants, avant de rendre leur dernier cri, leur dernier hoquet d'agonie, sont restés des jours et des nuits trempés, salis, couverts d'une couche boueuse de sueur froide et de sel, d'un enduit de mort.
Loti, Mon frère Yves, XXVII.
♦ Par ext. État caractérisé par des hoquets répétés, chroniques. — (1866). || Avoir le hoquet. ⇒ Hoqueter.
4 (Fin XIXe). Par anal. Bruit semblable à un hoquet (→ Cours, cit. 2).
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DÉR. Hoqueter.
HOM. Hockey.
Encyclopédie Universelle. 2012.