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défaire

défaire [ defɛr ] v. tr. <conjug. : 60>
desfaire 1080; de dé- et faire
I V. tr.
1Réduire (ce qui était construit, assemblé) à l'état d'éléments. Défaire une installation. démonter. Défaire un mur, une cloison. abattre, démolir, renverser. Défaire ce qui était assemblé, cloué, vissé. déclouer, dévisser. Défaire un nœud ( dénouer) , un paquet ( ouvrir) . Défaire une couture, un ourlet. découdre. Défaire son tricot. Défaire et refaire. « Femmes, éternelles Pénélopes, qui défont le jour ce qu'elles ont tissé la nuit » (Montherlant). (Abstrait) « Tout ce que l'un a fait, l'autre le peut défaire » (P. Corneille).
2Supprimer l'ordre, l'arrangement de (qqch.). déranger. Défaire sa valise, ses bagages, en sortir le contenu. ⇒ déballer. Défaire son lit. ouvrir. Défaire son chignon.
3Détacher, dénouer (les pièces d'un vêtement, d'un ajustement). Défaire sa cravate, sa ceinture. « défaire les boutons, les agrafes, les rubans » (Romains). déboutonner, dégrafer.
4Vx ou littér. Défaire (qqn) de : délivrer de ce qui gêne. ⇒ débarrasser, délivrer. « Cette bataille qui défit Rome d'un tyran » (Bossuet).
5Littér. Mettre en déroute. battre. Défaire une armée, un ennemi. vaincre . « Il défit, en champ clos, tous ceux qui se proposèrent » (Flaubert).
IISE DÉFAIREv. pron.
1Cesser d'être fait, arrangé, élaboré. Attention, tes lacets se défont. Couture qui se défait. Ma coiffure s'est défaite. Fig. Les destinées, les carrières se font et se défont.
2Se débarrasser (de). Se défaire de qqn. se dégager, se délivrer. Se défaire d'un importun, d'un fâcheux, l'écarter, le renvoyer. Se défaire d'un employé. congédier, licencier, renvoyer.
Se défaire de qqch. abandonner, se débarrasser. Se défaire d'objets inutiles. jeter. Défaites-vous : ôtez votre manteau; enlevez vos vêtements (médecin). — Fig. « défaites-vous d'une détestable habitude » (Balzac). se corriger, perdre.
Spécialt Se débarrasser (de qqch.) en vendant. céder, se dessaisir, se séparer, vendre. Se défaire d'un bijou. Je ne veux pas m'en défaire, il me vient de ma mère.
⊗ CONTR. 1. Faire; assembler, construire, fabriquer, monter; établir; consolider. Attacher. — Tenir; conserver, garder. ⊗ HOM. Défis :défie (défier).

défaire verbe transitif Remettre quelque chose à l'état premier, réaliser à l'inverse les opérations précédentes : Défaire une couture. Mettre quelque chose en désordre, le démolir, désorganiser ses éléments, déranger son agencement, etc. : Les enfants ont défait le lit. Sortir quelque chose d'un emballage, en enlever le contenu : Défaire ses bagages. Faire que quelque chose n'existe plus, qu'il soit rompu : Défaire un mariage. Desserrer les fermetures d'un vêtement, en détacher, en dénouer les pièces : Défaire sa cravate. Mettre un groupe en déroute, le vaincre : Nos troupes auraient défait l'armée ennemie. Faire perdre l'habitude de quelque chose à quelqu'un : Sa maladie l'a défait de son envie de fumer.défaire (citations) verbe transitif Alberto Giacometti Stampa, Grisons, 1901-Coire 1966 Je n'avance qu'en tournant le dos au but, je ne fais qu'en défaisant. Notes sur les copies, L'Éphémère N° 1 Maeghtdéfaire (difficultés) verbe transitif Conjugaison Comme faire. ● défaire (homonymes) verbe transitif défère forme conjuguée du verbe déférer défèrent forme conjuguée du verbe déférer défères forme conjuguée du verbe déférer déferre forme conjuguée du verbe déferrer déferrent forme conjuguée du verbe déferrer déferres forme conjuguée du verbe déferrerdéfaire (synonymes) verbe transitif Remettre quelque chose à l'état premier, réaliser à l'inverse les opérations...
Synonymes :
- débâtir
- découdre
- démolir
- démonter
- dénouer
- déplisser
- détortiller
Contraires :
- assembler
- faire
Mettre quelque chose en désordre, le démolir, désorganiser ses éléments, déranger...
Synonymes :
- déranger
Contraires :
- arranger
- ordonner
Sortir quelque chose d'un emballage, en enlever le contenu
Synonymes :
- déballer
Desserrer les fermetures d'un vêtement, en détacher, en dénouer les...
Synonymes :
- dégrafer
- enlever
- ôter
Contraires :
- agrafer
- attacher
- mettre
Faire perdre l'habitude de quelque chose à quelqu'un
Synonymes :
- corriger
- débarrasser
- délivrer
- libérer

défaire
v.
rI./r v. tr.
d1./d Changer l'état d'une chose, de manière qu'elle ne soit plus ce qu'elle était. Ce que l'un fait, l'autre le défait.
d2./d Détacher, dénouer. Défaire son pagne.
d3./d Litt. Battre, vaincre, mettre en déroute. Alexandre défit Darius.
rII./r v. Pron.
d1./d Cesser d'être fait, construit, formé. Le noeud s'est défait.
d2./d Se délivrer, se débarrasser. Se défaire d'un importun.
|| Se défaire d'un objet, le vendre ou le donner.

⇒DÉFAIRE, verbe trans.
I.— Défaire qqc. ou qqn.
A.— Défaire qqc. Détruire ce qui a été fait pour lui rendre sa forme primitive. Une maille de moins défait tout le tricot (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 144). Un nœud qu'il ne pouvait défaire (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1092) :
1. Elle s'appelait Charlotte et défaisait pour se vieillir l'ourlet de ses robes qu'elle jugeait trop courtes.
GREEN, Journal, 1928-34, p. 284.
Au fig. Défaire une affaire, un contrat, un mariage. Les rompre. As-tu défait cette affaire? (...) Mais pourquoi la défaire? Elle me semble admirable (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 419).
Emploi pronom. Cesser d'être fait, construit, ordonné. Une épingle se défit, les cheveux coulèrent dans son cou, l'ensevelirent de leurs ténèbres (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 593). Puis les conversations se défirent (GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 203) :
2. Nous devons faire au moins un million de nœuds à l'heure, et ces nœuds ont ceci de bon qu'une fois faits ils ne se défont pas.
JARRY, Ubu Roi, 1895, V, 4, p. 91.
En partic. Dénouer, enlever un vêtement, un bijou. La femme défait lentement les nœuds de rubans multicolores qu'elle a sur la poitrine (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 23) :
3. Son ombrelle et ses gants posés sur le lit, elle défit sa robe, et, songeant à sa jolie toilette, elle marchait dans la chambre, un peu rêveuse, prenant au passage une lime à ongles, un peigne, allant de sa glace à la fenêtre ouverte, où un souffle tiède frôlait ses épaules nues.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 236.
Vieilli, emploi pronom. Ôter un vêtement, un bijou, se dévêtir. Tu ne te défais pas? (A. FRANCE, Hist. comique, 1903, p. 46) :
4. Toi qui cherches une belle fille, sans la trouver! ... Elle va se défaire. Défais-toi, ma chérie, défais-toi un peu, pour qu'il voie.
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 114.
B.— Défaire qqn.
1. Modifier l'apparence physique, le comportement, l'état d'esprit de quelqu'un (par une grande fatigue, une émotion violente, etc.). Rien ne défait le prêtre comme d'aimer une femme (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 433).
Emploi pronom. Se transformer physiquement ou moralement. Maintenant que je me défais peu à peu et que dans le miroir peu à peu je lui ressemble (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 6).
P. méton. [En parlant de la physionomie, de la voix d'une personne] Le visage qui fut si beau s'est défait (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 24).
2. Vx. Modifier le rang social de quelqu'un (en le destituant de sa charge). Le despotisme qui faisoit et défaisoit les évêques presque à son gré (LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 213). La grandeur de son pouvoir, (...) qui aurait pu, s'il eût voulu, faire des rois, et les défaire (ROLLAND, J. Chr., Amies, 1910, p. 1091).
3. Défaire un ennemi, une armée, un pays en guerre. Les mettre en déroute, les vaincre. Le maréchal Jean de Villiers de L'Isle-Adam défit les Anglais entre Épinay et Saint-Denis (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1875, p. 202). Même chez Zévaco jamais preux ne défit plus de vingt truands à la fois (SARTRE, Mots, 1964, p. 122) :
5. ... Sighebert revint victorieux de sa campagne d'outre-Rhin, reprit ses villes une à une, et, poursuivant son frère jusque sous les murs de Soissons, le défit dans une bataille, et entra de force dans la capitale de la Neustrie.
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 1, 1840, p. 324.
Vieux
♦ ,,Faire mourir`` (Ac. 1798-1878).,,Cette malheureuse a défait son fruit, son enfant`` (Ac. 1798-1878).
Emploi pronom. Se donner la mort :
6. L'an passé, Jean Choinart, fermier de la commune de Toucigny, (...) trouve sa récolte trop belle (il avait spéculé sur la hausse des grains), rentre chez lui et se défait. (...) On aime mieux maintenant être mort que ruiné.
COURIER, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 182.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Défaisable, adj. Que l'on peut défaire. Un filet aux mailles faisables et défaisables à volonté (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 203). b) Défaiseur, euse, subst. Celui, celle qui défait. « La grande défaiseuse de miracles » (GONCOURT, Journal, 1869, p. 523).
II.— Défaire qqn de qqc., de qqn. Débarrasser quelqu'un d'une chose ou d'une personne gênantes, importunes. Vous voyez, mes amis, toujours ce maudit égoïsme qui perce (...) mais vous me déferez de cela, vous autres (O. FEUILLET, Scènes et comédies, 1854, p. 47). Bonté du ciel! s'écria Michu... je ne pourrai donc jamais vous défaire tranquillement de Malin? (BALZAC, Une Ténébreuse affaire, 1841, p. 171).
Emploi pronom. Se défaire de. Se séparer, se débarrasser de quelque chose, de quelqu'un. Et quant à ma maison, je ne puis m'en défaire (FLORIAN, Fables, 1792, p. 48). Il parlait un peu plus haut qu'il n'était nécessaire, ne pouvant se défaire du ton d'orateur qu'il avait pris l'après-midi (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 61) :
7. ... hier matin vous m'aviez (...) convoqué. N'était-ce que pour me parler de la petite Clément? et de votre obligation de vous défaire de moi?
COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 52.
Prononc. et Orth. :[], (je) défais []. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. deffaire; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. (cf. dé-). Conjug. cf. faire. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « abattre, détruire » (Roland, éd. J. Bédier, 934 : En Rencesvals irai l'orgoill desfaire); 2. ca 1170 part. passé adj. « touché, altéré par la maladie, malade » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 3716); 3. ca 1165 « tuer » ([CHRÉTIEN DE TROYES], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1841); 4. 1651 « décontenancer » (SCARRON, Roman comique, I, 11 ds DUB.-LAG.). B. 1. 1484 pronom. « se séparer de quelqu'un » (Ordonnance royale ds LITTRÉ : se deffait de son maistre); 2. 1532 « se débarrasser de quelque chose » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, IV, 24); 3. 1534 « se débarrasser de vêtements » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, XL, 76). Dér. de faire; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :1 172. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 494, b) 1 484; XXe s. : a) 1 611, b) 1 943. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 53 (s.v. défaisable).

défaire [defɛʀ] v. tr. [CONJUG. faire.]
ÉTYM. 1080, desfaire; de 1. dé-, et faire.
1 Changer (une chose) de manière qu'elle cesse d'être faite, construite, élaborée, sans en détruire les éléments. || Défaire un mur pierre par pierre. Déconstruire, démolir, renverser. || Défaire ce qui était assemblé, cloué, monté, rivé, vissé… Déclouer, démonter, dériver, dévisser. || Défaire une corde ( Décorder, détortiller), une natte ( Dénatter), une tresse ( Détresser), une pelote ( Dépelotonner), un nœud ( Dénouer), un paquet ( Ouvrir). || Défaire une toile, un tissu. Détisser, effiler, parfiler. || Défaire une couture ( Débâtir, découdre, défaufiler, dépiquer), une fronce ( Défroncer). || Défaire ce que l'on avait fait pour le refaire, le changer…
(Abstrait). || Défaire une réputation. Miner, saper. || Dieu fait et défait les destins. || La révolution défait successivement les empires.
Défaire un contrat, un mariage. Rompre.
1 Ce qui naît d'un moyen périt par son contraire;
Tout ce que l'un a fait, l'autre le peut défaire (…)
Corneille, le Menteur, V, 3.
2 Ils ne songent pas, les bonnes gens qui veulent maintenir toutes choses intactes, qu'à Dieu seul appartient de créer; qu'on ne fait point sans défaire; que ne jamais détruire c'est ne jamais renouveler (…)
P.-L. Courier, Lettre, V, in Littré.
3 Ce que Charlemagne avait fait, le « successeur de Charlemagne » avait « le droit » de le défaire.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, XII, p. 153.
4 Femmes, éternelles Pénélopes, qui défont le jour ce qu'elles ont tissé la nuit.
Montherlant, le Démon du bien, p. 226.
2 Supprimer l'ordre, l'arrangement de (qqch.). Déclasser, déranger, modifier. || Défaire sa valise, ses bagages, en défaire le contenu. Déballer. || Défaire la table, le couvert, par oppos. à mettre la table, etc. || Défaire son lit. || Défaire ce qui présente une certaine forme. || Défaire un pli. Détordre, redresser; déplier, déplisser. || Défaire sa coiffure. Décoiffer. || Défaire ses cheveux. Dénouer.
Fig. || Défaire l'ordre des mots dans une phrase. || Ce romancier a défait puis refait sa conclusion.
5 Cent et cent fois j'avais fait, défait et refait la même page.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 8.
3 Détacher, dénouer (ce qui maintient assemblées les pièces d'un vêtement, d'un ajustement). Détacher. || Défaire les agrafes ( Dégrafer), les boutons ( Déboutonner) d'un vêtement. || Défaire sa cravate, en défaire le nœud ( Dénouer); défaire ses souliers. Délacer. || Défaire une courroie, un harnais, un licou ( Délicoter), une sangle ( Dessangler). || Défaire une boucle. Déboucler.Par ext. || Défaire ses vêtements. Enlever, ôter, quitter; déshabiller (se).
6 Un homme a le droit (…) de glisser la main dans leur corsage, de défaire les boutons, les agrafes, les rubans.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 151.
Fig. Casser, rompre. || Défaire un contrat, un marché. || Défaire un mariage. || Défaire une union, une alliance.
4 Vx ou littér. || Défaire qqn de qqch. : délivrer (qqn) de ce qui gêne. Affranchir, débarrasser, dégager, délivrer, dépêtrer (fam.). || Défaites-moi de cet importun. || Défaire qqn de ses chaînes, de ses entraves. || Défaire qqn d'une mauvaise habitude. || Défaire qqn de ses préjugés, de ses opinions.
7 Ce lion fut pris dans des rets
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
La Fontaine, Fables, II, 11.
8 Ne voulez-vous pas me défaire de votre marquis extravagant ?
Molière, Critique, 1, in Littré.
9 Elle est ravie que, tout en riant, je la défasse d'un tel embarras.
Mme de Sévigné, Lettres, 837, 31 juil. 1680.
Spécialt. Débarrasser par la mort ou le meurtre.
10 Le lendemain Constantin gagna cette célèbre bataille qui défit Rome d'un tyran, et l'Église d'un persécuteur.
Bossuet, Hist., I, 11, in Littré.
5 Littér. Infliger une défaite à, mettre en déroute. Battre, culbuter, enfoncer, vaincre; tailler (en pièces). || Défaire une armée. || Défaire l'ennemi.
11 Il y a moins de grandeur et de véritable gloire à défaire cent mille hommes qu'à en mettre vingt millions à leur aise et en sûreté.
Voltaire, Apologue de Richelieu.
12 Il défit, en champ clos, tous ceux qui se proposèrent.
Flaubert, la Légende de saint Julien l'Hospitalier, II (cf. Champ, cit. 6).
——————
se défaire v. pron.
1 Cesser d'être fait, élaboré, arrangé. || Nœud lâche, desserré qui se défait. || Liens qui ne peuvent se défaire. || Couture qui se défait. || Sa cravate se défait. || Ma coiffure s'est défaite.
13 (…) ces nœuds ont ceci de bon qu'une fois faits ils ne se défont pas.
A. Jarry, Ubu Roi, V, 4.
Fig. || Les destinées se font et se défont.
14 La race, comme nous l'entendons, nous autres, historiens, est donc quelque chose qui se fait et se défait.
Renan, Disc. et conférences, Œ. compl., t. I, p. 898.
Par ext. Perdre son ancienne apparence. Décomposer (se)… || Il s'est défait avec l'âge (→ ci-dessous, Défait, 2.).
15 Maintenant que je me défais peu à peu et que dans le miroir peu à peu je lui ressemble, je doute que, revenant, elle me reconnaisse pour sa fille (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 8.
2 Régional. Défaire ses vêtements. Déshabiller (se). || Défaites-vous, et prenez place.
3 Se débarrasser de qqn. Affranchir (s'), débarrasser (se), dégager (se), délivrer (se), dépêtrer (se), écarter, éliminer. || Se défaire d'un importun, d'un fâcheux. || Avoir de la peine à se défaire d'un gêneur. || Se défaire d'un mauvais employé. Congédier, renvoyer. || Se défaire d'un assaillant, d'un ennemi, en le mettant en fuite, en le tuant. || Se défaire de qqn par la violence, par la ruse, par le fer, par le poison.
16 — Ne voulez-vous point vous défaire de vos pensées extravagantes ? — Non, Madame; mais je voudrais bien me défaire d'une femme qui me déshonore.
Molière, George Dandin, II, 7.
17 Jenny n'aimait pas que l'on s'imposât; elle eut un sentiment d'impatience à ne pouvoir se défaire de son compagnon au moment qu'elle le souhaitait.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 214.
Se défaire de qqch. Abandonner, balancer (fam.), bazarder (fam.), débarrasser (se), délaisser, écarter, jeter, rejeter, renoncer (à); rancart (mettre au). || Se défaire d'un objet inutilisable.Se défaire d'une mauvaise habitude, d'une mauvaise prononciation, d'un défaut, d'une passion, d'un vice. Corriger (se), perdre. || Se défaire d'une mauvaise pensée, d'une croyance, d'une opinion, d'un préjugé, d'un sentiment. Dépouiller (se).
18 Il est plus facile de prendre de l'amour quand on n'en a pas, que de s'en défaire, quand on en a.
La Rochefoucauld, Maximes supprimées, 634.
19 C'est une maison de famille, et qu'il a héritée de son père; mais (…) il veut s'en défaire (…) parce qu'elle est trop petite.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'ostentation.
20 De grâce, défaites-vous d'une détestable habitude; n'imitez pas les veuves qui parlent toujours de leur premier mari, qui jettent toujours à la face du second les vertus du défunt.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1029.
21 L'ironie n'est pas médiocre de voir les grands esprits rejeter la religion, sans pouvoir se défaire de la morale.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IX, p. 179.
Par anal. || Se défaire du pouvoir, d'une charge, d'une fonction. Démettre (se).
22 Pour le cardinal de Retz, vous savez qu'il a voulu se démettre de son chapeau de cardinal. Le pape ne l'a pas voulu, et (…) s'est trouvé offensé qu'on veuille se défaire de cette dignité (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 695, 27 juin 1678.
Spécialt. Se débarrasser (de qqch.) en vendant. Aliéner, donner, échanger, séparer (se), vendre. || Se défaire d'un cheval, d'un domaine. || Je ne veux pas m'en défaire. || Se défaire à tout prix de sa marchandise.
23 (…) votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire de sa marchandise.
Molière, l'Amour médecin, I, 1.
——————
défait, aite p. p. adj.
1 Qui n'est plus fait, arrangé. || Nœud défait. || Cheveux défaits. || Lit défait. Désordre (en).Fam. || Il est défait : ses vêtements sont en désordre. Dépenaillé.
2 Qui semble épuisé. Abattu, affaibli, amaigri, exténué. || Défait par la maladie, les chagrins, les veilles. || Visage défait, pâle, décomposé. || Mine défaite. Triste (triste mine; triste figure). cf. Mine de papier mâché, de déterré.
24 (…) plus défait et plus blême
Que n'est un pénitent sur la fin d'un carême.
Boileau, Satires, 1.
25 Un homme agité ou défait, toujours en frisson, ou en sueur, toujours en peine.
Suarès, Trois hommes, Dostoïevski, II, p. 209.
Fig. Qui a perdu sa contenance, sa fierté. Décontenancé. || Visage défait et honteux.
26 Vous rougissiez, vous pleuriez, votre visage était défait… il l'est encore.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 19.
3 Vaincu, mis en déroute. || Débris d'une armée défaite.
CONTR. Faire. — Assembler, attacher, construire, fabriquer, monter. — Conserver, garder, maintenir. — Établir, consolider (une réputation, etc.). — Classer, ranger, mettre (la table). — Agrafer, boutonner, lacer… — Endosser, mettre (des vêtements). — Contracter (une union), unir.
(Du v. pron.) Se faire. — S'habiller. — S'affubler, s'encombrer. — Garder. — Acheter, acquérir, adopter.
(Du p. p.) Arrangé, fait, ordre (en). — Fort. — Florissant, forci, gaillard, grossi, reposé, solide. — Coloré (visage). — Vainqueur, victorieux.
DÉR. Défaite.
COMP. Redéfaire.

Encyclopédie Universelle. 2012.