dessiller [ desije ] v. tr. <conjug. : 1>
• décillerXIIIe; de ciller, a. fr. « coudre les paupières d'un oiseau de proie pour le dresser »
♦ Séparer les paupières qui étaient jointes. DESSILLER LES YEUX, les ouvrir. — Fig. Dessiller les yeux de qqn, à qqn, l'amener à voir, à connaître ce qu'il ignorait ou voulait ignorer (cf. Ouvrir les yeux). ⇒ désabuser, détromper, éclairer. « L'on commence à dessiller les yeux du peuple sur les superstitions » (Voltaire). — Pronom. S'ouvrir. « Alors mes yeux se dessillèrent; je sentis mon malheur » (Rousseau). — On écrirait mieux déciller (cf. étym. ).
● dessiller verbe transitif (ancien français ciller) Littéraire. Dessiller les yeux à (ou de) quelqu'un, lui ouvrir les yeux, le détromper. ● dessiller (difficultés) verbe transitif (ancien français ciller) Prononciation [&ph88;&ph89;&ph103;&ph93;&ph94;&ph89;], finale comme dans piller. Orthographe Avec deux s, bien que l'on écrive cil et ciller. Construction Dessiller les yeux de qqn, à qqn = l'amener à voir ce qu'il ignorait ou voulait ignorer. On dit aussi : mes (tes, ses, etc.) yeux se dessillent. Remarque Dessiller signifiait à l'origine « découdre après dressage les paupières d'un oiseau de volerie ». ● dessiller (expressions) verbe transitif (ancien français ciller) Littéraire. Dessiller les yeux à (ou de) quelqu'un, lui ouvrir les yeux, le détromper.
dessiller
v. tr. Dessiller les yeux à qqn, de qqn, lui faire voir les choses sous leur vrai jour.
⇒DESSILLER, verbe trans.
A.— VÉN., vieilli [Correspond à ciller B 2] Découdre les paupières d'un faucon, d'un oiseau (de proie). Je te croyais faucon décillé et prêt à prendre ton vol vers le néant (BOREL, Champavert, 1833, p. 227).
— P. ext. [En parlant d'un animé humain] Séparer les paupières jointes. Elle crut que ce qu'elle voyait était un rêve de la nuit et elle frotta ses yeux pour les dessiller (FRANCE, Balthazar, 1889, p. 199).
B.— Au fig., cour. [L'obj. est un animé humain en ce qui lui est propre] Faire prendre conscience à quelqu'un de la réalité, de la vérité. Dessiller les paupières, le regard de qqn; dessiller la vue, les yeux à qqn. Maximilien lui [Gamelin] avait ouvert l'esprit et dessillé les yeux (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 170).
— Rare. Dessiller qqn (cf. DRUON, Loi mâles, 1957, p. 215).
— P. méton. Cette leçon, aux pieds de Notre-Dame, Mouilla mes yeux et dessilla mon âme (DESB.-VALM., Elégies, 1833, p. 71).
— Emploi pronom. réfl. Les prunelles, les yeux se dessillent :
• En un éclair, je compris que j'avais eu tort de le [Maurice] contraindre à se dessiller les yeux. Il voulait ce mensonge intérieur, ce leurre à demi conscient.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 315.
Prononc. et Orth. :[desije], (je) dessille [desij]. Var. [-] ds BESCH. 1845, LITTRÉ et comme 1re var. à côté de [des-] ds DUB. Cf. dés-, dé-. D'apr. FÉR. Crit. t. 1 1787 il faut prononcer [desile] en harmon. avec cil et pour la même raison préférer l'orth. déciller. C'est aussi l'avis de LITTRÉ, de DG et de QUILLET 1965. La graph. avec c est admise en plus de celle avec ss ds Ac. 1835 et 1878 alors que le reste des éd. de 1694 à 1932 n'enregistre que dessiller. On relève également les 2 formes ds BESCH. 1845, GUÉRIN 1892, Lar. 19e-Lar. encyclop. Ce dernier dict., comme ROB., juge la forme en c vieillie. On la rencontre, cependant, dans la docum. (cf. BOREL, loc. cit.), mais le mot a, dans cet ex., son sens vieilli de vén. auquel l'orth. archaïsante peut convenir. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. fauconn. descilijer « découdre les paupières » (Trad. du Traité de Fauconnerie de l'empereur Frédéric II, ms. Paris 12400, 134 d'apr. G. Tilander ds Z. rom. Philol., t. 46, p. 256); 1552 au fig. Desillez moy l'ame (RONSARD, Odes, livre V, VIII, 515, éd. P. Laumonier, III, 147); av. 1560 se dessiller les yeux (DU BELLAY, Œuvres, éd. H. Chamard, II, 198 ds IGLF). Dér. de ciller; préf. dé-. Fréq. abs. littér. : 69. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 140. — ROG. 1965, p. 97.
dessiller [desije] v. tr.
ÉTYM. XIIIe, déciller; de 1. dé-, et ciller, anc. franç. « coudre les paupières d'un oiseau de proie pour le dresser ». REM. On rencontre aussi la graphie déciller (→ ci-dessous, cit. 4).
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1 Vx. Découdre les paupières de (un oiseau de proie), après le dressage.
♦ Par ext. Séparer les paupières qui étaient jointes. || Dessiller les yeux, les ouvrir.
2 Fig. || Dessiller les yeux de qqn, à qqn, l'amener à voir, à connaître ce qu'il ignorait ou voulait ignorer. ⇒ Débrider (les yeux), œil (ouvrir les yeux); désabuser, détromper, éclairer. || Son aveuglement (cit. 6) est tel qu'on ne peut lui dessiller les yeux. || Ses yeux furent dessillés par son ami (→ Les écailles lui tombèrent des yeux).
1 L'on commence à dessiller les yeux du peuple sur les superstitions (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 25.
♦ Rare. || Dessiller qqn sur, à propos de qqch., lui dessiller les yeux.
1.1 Je n'ai pas oublié le visage qu'il eut quand je le dessillai sur la fin de son frère.
M. Druon, la Loi des Mâles, p. 215.
♦ Pron. || Ses yeux se dessillent.
2 (…) ce ne fut qu'après son départ que, voulant penser à Julie, je fus frappé de ne pouvoir plus penser qu'à Mme d'Houdetot. Alors mes yeux se dessillèrent; je sentis mon malheur, j'en gémis, mais je n'en prévis pas les suites.
Rousseau, les Confessions, IX.
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dessillant, ante p. prés. et adj.
♦ Rare.
3 (…) les excès dans le ridicule doivent être utilisés pour leur valeur dessillante, car, pour ouvrir les yeux sur l'absurdité d'une théorie, ils les ramèneront sur des dangers qui n'ont rien de théorique.
J. Lacan, Écrits, p. 263.
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dessillé, ée p. p. adj.
♦ || Yeux dessillés (propre et fig.).
4 Penses-tu que rien désormais puisse revêtir, à mes yeux décillés, sa première innocente apparence ?
Gide, Œdipe, III, p. 20.
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DÉR. Dessillement.
Encyclopédie Universelle. 2012.