Akademik

exagérer

exagérer [ ɛgzaʒere ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1535; lat. exaggerare « entasser »
1Parler de (qqch.) en présentant comme plus grand, plus important que dans la réalité. agrandir, amplifier, développer, enfler, forcer, grossir. Exagérer l'étendue des dégâts, l'importance d'un fait, la difficulté d'une entreprise. « Elle exagérait démesurément mes bonnes qualités » (France). Exagérer ses exploits en les racontant. broder; bluffer, se vanter (cf. En rajouter). Il ne faut rien exagérer ! Absolt Grossir, déformer la réalité. « Parler des petites choses comme si elles étaient grandes, c'est, d'une manière générale, exagérer » (Bergson). Sans exagérer, j'ai bien attendu deux heures.
2Vieilli ou littér. Grossir, accentuer en donnant un caractère (taille, proportion, intensité, etc.) qui dépasse la normale. amplifier, grandir. « tout en chargeant et en exagérant les traits originaux, il [Daumier] est sincèrement resté dans la nature » (Baudelaire). « Pas besoin pour Brague, de poudrer mon nez, ni d'exagérer d'un trait bleu la longueur de mes paupières » (Colette). Exagérer une attitude. forcer, outrer. Il exagère son accent pour nous amuser. Pronom. « Il y a quelque complaisance qui fait que chaque sentiment que nous éprouvons s'exagère » (A. Gide).
♢ S'EXAGÉRER QQCH. : se représenter une chose comme plus importante qu'elle n'est, la grossir dans son imagination. S'exagérer la valeur de qqch. surestimer. Il s'exagère l'importance des détails, la gravité de la situation ( dramatiser; cf. Se faire un monde, une montagne de) . « Une imagination passionnée le portait à s'exagérer les bonheurs dont il ne pouvait jouir » (Stendhal). « D'abord je me suis exagéré le risque. On n'aurait pas fait d'esclandre » (Larbaud).
3Absolt Abuser de qqch. Vous pouvez pratiquer ce sport, mais sans exagérer. En prendre trop à son aise. fam. attiger, charrier, pousser (cf. Aller trop loin, dépasser les bornes). Vraiment il exagère ! Me déranger à cette heure-ci, il ne faut tout de même pas exagérer !
⊗ CONTR. Affaiblir; amoindrir, atténuer, minimiser, modérer.

exagérer verbe transitif (latin exaggerare, augmenter) Amplifier quelque chose, lui donner une importance excessive : Exagérer les difficultés d'une entreprise. Parler de quelque chose à quelqu'un en lui donnant des proportions plus grandes qu'il n'a réellement : Il nous a exagéré les mérites de son fils. Déformer quelque chose en dépassant les normes habituelles ; donner un caractère excessif à une action : Exagérer les précautions.exagérer (citations) verbe transitif (latin exaggerare, augmenter) André Gide Paris 1869-Paris 1951 L'œuvre d'art, c'est une idée qu'on exagère. Journal Gallimardexagérer (difficultés) verbe transitif (latin exaggerare, augmenter) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'exagère, nous exagérons ; il exagérera. ● exagérer (synonymes) verbe transitif (latin exaggerare, augmenter) Amplifier quelque chose, lui donner une importance excessive
Synonymes :
- gonfler
- grossir
- majorer
- surestimer
- surfaire
Contraires :
- minimiser
Parler de quelque chose à quelqu'un en lui donnant des proportions...
Synonymes :
- enjoliver
- magnifier
Déformer quelque chose en dépassant les normes habituelles ; donner un caractère...
Synonymes :
- accentuer
- accuser
- amplifier
- outrer
Contraires :
- amoindrir
- atténuer
- réduire
exagérer verbe intransitif Dépasser la mesure, en prendre à son aise : Vraiment, tu exagères.exagérer (synonymes) verbe intransitif Dépasser la mesure, en prendre à son aise
Synonymes :
- abuser
- charrier (populaire)
- forcer
- pousser (populaire)

exagérer
v. tr.
d1./d Présenter (qqch) comme plus grand, plus important qu'il n'est en réalité. Exagérer les proportions dans un dessin. Exagérer l'importance d'un événement.
|| v. Pron. Il s'exagère les embarras de sa situation.
d2./d (S. comp.) Aller au-delà de ce qui est convenable. Il exagère!

⇒EXAGÉRER, verbe trans.
A.— [Le compl. dir. désigne une réalité concr. ou abstr. sur laquelle la pers. désignée par le suj. émet une opinion ou un jugement]
1. [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter (à quelqu'un) un aspect de quelque chose comme plus important qu'il n'est réellement. Exagérer l'étendue des dégâts. (Quasi-)synon. amplifier, surestimer; anton. minimiser. Exagérer l'importance d'une action (Ac.). Avec une hardiesse abominable, il exagérait certains aspects de la nature (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 408).
Emploi pronom. réfl. indir. Il s'exagère l'importance de ce contrat. Leconte de Lisle s'exagère l'éminente dignité du rôle de la volonté dans l'art (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 132). Nul ne peut s'exagérer la valeur scientifique de telles considérations (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 4).
♦ [Le suj. désigne un attribut de la pers.] La sensibilité détruite par les distractions n'a le temps de s'exagérer le prix de rien (STENDHAL, Rossini, 1823, p. 258). Leur candeur s'exagère sans doute les mérites de plusieurs de leurs amis (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 279).
2. [Sans compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter (une chose) (à quelqu'un) en lui donnant une importance ou des proportions plus grandes qu'elles n'en a réellement. Exagérer une victoire; il exagère les vertus, le mérite de son ami (Ac.). (Quasi-)synon. amplifier, surestimer; anton. minimiser, sous-estimer. Tout le détail que l'on vient de lire, nous ne le connaissons que par M. Olier, qui, tout ensemble, l'exagère et l'atténue (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 441). Peut-être, pour se vanter, la doucheuse exagérait-elle le pourboire (PROUST, Fugit., 1922, p. 520) :
1. ... voici un fait... un fait réel... un fait horrible... un fait révélateur... celui-là, je ne l'invente pas... je ne l'exagère pas... je ne l'ai pas rêvé... il est bien tel qu'il est...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 180.
Emploi pronom. réfl. indir. Il s'exagère les torts de cet enfant. — Je veux croire, dit-elle, que vous vous exagérez le danger. Sinon, c'est en effet très fâcheux. Mais qu'y puis-je? (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 316). — Mais non, Auguste voyons, je t'assure!... tu te fais des idées! tu t'exagères les moindres mots! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 86) :
2. François soupçonnait peut-être mal la noblesse de sa mère. Aussi était-il porté, dans la vie qu'il menait, à s'exagérer son mérite personnel...
RADIGUET, Bal, 1923, p. 80.
Emploi abs. (Quasi-)synon. amplifier, charrier (fam.), pousser (fam.); anton. minimiser. Il lisait le « Daily Mail ». « Lisait » est une façon de parler, car il ne savait pas l'anglais. Allons, n'exagérons pas : il en savait quelques mots (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 768) :
3. — J'ai trente ans, Monsieur.
— Je vous en donnais vingt.
— Oh! Monsieur, vous exagérez. Je vous jure que j'en ai trente, et je m'étonne que vous me rajeunissiez, car, ce matin, je ne suis pas moi-même.
RENARD, Journal, 1898, p. 511.
B.— [Le compl. dir. désigne une réalité concr. sur laquelle le référent du suj. exerce une action; sans compl. datif]
1. [Le suj. désigne un animé agent du procès]
a) [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Rendre (un aspect de quelque chose) trop (ou très) grand, long, intense, etc. (par quelque chose). (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, modérer. Pas besoin pour Brague, de poudrer mon nez, ni d'exagérer, d'un trait bleu, la longueur de mes paupières (COLETTE, Vagab., 1910, p. 52) :
4. Nana, s'oubliant devant cette brusque attaque, allait se mettre les poings aux hanches et la traiter de salope. Elle se retint, elle exagéra le ton flûté de sa voix, avec un geste de marquise qui va marcher sur une pelure d'orange.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1345.
b) [Sans compl. spécifiant] Rendre quelque chose excessif (v. ce mot B 1) (par l'emploi de quelque chose). Il exagère son accent. Elle [ma sœur] avait vieilli avant le temps, et elle avait l'habitude d'exagérer encore son âge par son costume et ses manières (RENAN, Ma sœur, 1862, p. 39). Lorsqu'elle aperçut que Daniel les épiait, elle exagéra sa gaieté (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 854) :
5. Son âge — il était mon aîné de cinq ans — ses façons et son titre m'en imposaient plus que je ne voulais me l'avouer, et je m'en vengeais en exagérant, à l'occasion, une familiarité qu'il avait le bon goût de ne jamais rembarrer.
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 42.
Emploi abs. Aller au-delà de la mesure dans ses actions. Synon. abuser, charrier (fam.), pousser (fam.). Il exagère : il a pris la plus grosse part (DUB.).
Rem. La docum. atteste la constr. exagérer qqc. en qqc. Cependant il ne lui fallait pas exagérer le mépris en obsession pour pouvoir mépriser encore (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 114).
2. [Le suj. désigne le moyen]
a) [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Rendre (quelque chose) trop (ou très) grand, long, intense, etc. Son costume exagère l'ampleur de sa carrure. (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, modérer. La gorge ronde des mannequins gonflait l'étoffe, les hanches fortes exagéraient la finesse de la taille (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 392). Le bouffant des manches [de la dame du portrait] exagérait encore la minceur de son cou (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 73). Cf. atrophier ex. 1 :
6. Cette prétention d'aristocratie jurait singulièrement avec sa personne. Comme il était petit, sa grande redingote marron exagérait la longueur de son buste. Quand il ôtait sa casquette, on apercevait un visage presque féminin avec un nez extrêmement pointu...
FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 121.
b) [Sans compl. spécifiant] Donner (à quelque chose) des proportions excessives (v. excessif B 1). Cette veste exagère sa taille. (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, réduire. Qu'elle [la photographie] (...) exagère les animaux microscopiques (...), jusque-là rien de mieux (BAUDEL. Curios. esthét., 1859, p. 224). Voici le moment où flottent dans l'air Tous ces bruits confus que l'ombre exagère (HUGO, Art d'être gd-père, 1877, p. 51). La jupe, enflée encore sous les reins, déguisait les formes en les exagérant (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 51).
C.— [Le suj. désigne une réalité sur laquelle porte l'exagération]
1. [Avec un compl. dir. indiquant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter un aspect (taille, ligne, etc.) excessif (v. ce mot B 1). La rivière exagère sa sinuosité. (Quasi-)synon. accentuer. Sous l'influence des passions, le sourcil (...) exagère sa courbure (RICHER, Nouv. anat. artist., t. 2, 1920, p. 121). Devant lui [Gaston], une colline exagérait sa rondeur grâce aux talus qui la striaient (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 193) :
7. ... les Pyrénées écrasaient le village; les cimes espagnoles ou les cimes françaises étaient là, toutes également proches, comme plaquées les unes sur les autres, exagérant leurs bruns calcinés, leurs violets intenses et sombres.
LOTI, Ramuntcho, 1897, p. 261.
2. Emploi pronom. à sens passif. La surdité s'exagère avec l'âge; la peur s'exagère de plus en plus. Devenir excessif (v. ce mot B 1); prendre des proportions excessives. (Quasi-)synon. s'accentuer; anton. diminuer, régresser. Quand je lisais, accroupi sur mon tabouret, je sentais s'exagérer tout ce qu'il y a de défectueux dans mon attitude ordinaire (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 173). Les muscles s'exagèrent ou se rétrécissent, les doigts s'écartent en étranges masses osseuses (GILLES DE LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, p. 40) :
8. La santé ne réside-t-elle pas dans le pouvoir d'équilibre qui nous permet d'arrêter nos impressions avant qu'elles ne s'amplifient, qu'elles ne s'exagèrent, jusqu'à dépasser notre force?
BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 156.
Rem. 1. La docum. atteste a) Exagérant, ante, part. prés. en emploi adj. Qui exagère, qui est excessif. On peut dire (...) sans tomber dans les illusions exagérantes auxquelles on est sans cesse conduit lorsqu'il s'agit d'un homme tel que Mozart, que rien absolument ne peut être comparé à l'Idoménée (STENDHAL, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 265, 266). Et c'est le moment que choisit son autonomie pour affirmer avec une fermeté exagérante qu'il ne comprend pas le vilain mot, qu'il ne le comprendra jamais (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 17). b) Exagéreur, euse, subst. Personne qui exagère. Pour lui [fils de Dieu] le contradicteur est un ennemi, l'exagéreur et le lanceur est un ami (POULOT, Sublime, 1872, p. 111). 2. La plupart des dict. enregistrent exagératif, ive, adj., vx. Qui tient de l'exagération. Ordinairement les nouvellistes sont exagératifs; terme exagératif (Ac. 1798-1835). Expression exagérative (Ac. 1835).
Prononc. et Orth. :[] ou [e-], (j')exagère [], [e-]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Av. 1542 (G. DE SELVES, Pericl., p. 275, éd. 1547 ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. exaggerare « augmenter, amplifier, grossir (au propre et au fig.) ». Fréq. abs. littér. :1 303. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 539, b) 1 293; XXe s. : a) 2 141, b) 2 246. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. 1915-16, t. 29, p. 147.

exagérer [ɛgzaʒeʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1535; lat. exaggerare « entasser », de ex-, et aggerare « amonceler, accumuler », de agger « amoncellement, tas ».
1 Présenter (qqch.) en donnant des proportions excessives, plus grandes que dans la réalité. Agrandir, amplifier, développer, enfler, grossir. || Exagérer l'étendue des dégâts. || Exagérer le côté comique d'une situation. Forcer. || Exagérer ses exploits en les racontant. Ajouter (en), broder; bluffer, gonfler (se), hâbler, vanter (se). || Exagérer ses propres qualités, son mérite. → Avoir une haute idée de soi. || Exagérer sa tristesse, sa sympathie (→ Effusion, cit. 10). || Exagérer les mérites de qqn. Surestimer (→ Calcul, cit. 6). || Exagérer la perte que l'on fait (→ Attirail, cit. 9). || Exagérer ses difficultés, ses devoirs (→ Dévotion, cit. 5). || Exagérer la gravité d'une situation. Pousser (pousser au noir). || Exagérer la valeur d'une peccadille (cit. 1). || C'est un homme qui exagère toujours les choses, qui exagère tout. || Il ne faut rien exagérer. || Sans rien exagérer, il me faudra bien un mois.
1 Ces fortes expressions par lesquelles l'Écriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines (…)
Bossuet, Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans.
2 Dans un cœur passionné, l'amour est sujet à exagérer les nuances les plus légères, il en tire les conséquences les plus ridicules.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, t. II, p. 229.
3 Elle exagérait démesurément mes bonnes qualités, et laissait voir à tout propos cette exaltation qui m'était pénible, car, de tout temps, j'ai reçu comme une cruelle humiliation les témoignages d'une estime qui ne m'était pas due.
France, le Petit Pierre, I.
4 (…) les gredineries de l'épiscopat sont évidemment exagérées par une presse ignoble (…)
Huysmans, Là-bas, p. 196.
Vx. || Exagérer qqch. à qqn, présenter en exagérant. Valoir (faire).
5 Il ne m'entretenait que d'elle chaque jour; m'exagérait à tous moments sa beauté et sa grâce (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
Vx. || Exagérer qqn. Surestimer.
6 Certainement la France exagérait Franklin.
Michelet, Extraits historiques, p. 274.
Absolt. Grossir, déformer la réalité (→ Caricature, cit. 1; charger, cit. 1). || Il prétend avoir mis trois jours à faire ce petit travail, il exagère !REM. → ci-dessous, un autre emploi absolu, 3.
7 Parler des petites choses comme si elles étaient grandes, c'est, d'une manière générale, exagérer.
H. Bergson, le Rire, p. 95.
2 Grossir, accentuer en donnant réellement des proportions qui dépassent les normes habituelles. Amplifier, grandir. || Exagérer la couleur, le trait d'un dessin, les formes. Charger. || Exagérer un maquillage, un éclairage. || Exagérer un son ( Enfler), un ton, les intonations de sa voix (→ Canaille, cit. 14). || Exagérer une attitude. Outrer. || Exagérer un effort. Forcer. || Exagérer la minutie. → Regarder à la loupe. || Exagérer les précautions. || Exagérer ses prétentions. Augmenter. || Exagérer un compte. Danser (faire danser l'anse du panier).(Sujet n. de chose). Accentuer une particularité physique. || Robe ajustée qui exagère la finesse de la taille; veste qui exagère l'ampleur des épaules.
8 (…) Daumier entreprit une galerie satirique de portraits (…) L'artiste y révéla une intelligence merveilleuse du portrait; tout en chargeant et en exagérant les traits originaux, il est si sincèrement resté dans la nature, que ces morceaux peuvent servir de modèle à tous les portraitistes.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, VII, I.
9 Je retrouve Degas vieilli, mais toujours ressemblant; à peine un peu plus buté, plus enfoncé dans son opinion, exagérant sa hargne et grattant toujours le même endroit de son cerveau où le prurit se localise toujours plus.
Gide, Journal, 4 juil. 1909.
10 La guerre exagérait sa casse ! Elle ne se conformait pas aux prévisions des règlements !
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 118.
3 Absolt. En prendre trop à son aise. Abuser, aller (fort, trop loin), dépasser (les bornes), passer (la mesure); (fam.) attiger, chariboter, charrier, pousser (→ Cherrer dans les bégonias; envoyer, lancer, pousser le bouchon trop loin; chier dans la colle). || Vraiment il exagère ! || Me déranger à cette heure-ci, tout de même il ne faut pas exagérer !
Choses :
11 Le zèle de l'utilité publique était en lui une véritable passion et toutes les passions exagèrent.
Condorcet, Duhamel, in Littré.
——————
s'exagérer v. pron. (Du sens 2.).
(Sens passif). Devenir plus important. || Avec l'âge sa surdité s'exagère. Accentuer (s'), augmenter.
12 Sur mer on devient aisément insupportable les uns aux autres : les petits défauts s'exagèrent.
Sainte-Beuve, in P. Larousse.
13 Il y a quelque complaisance qui fait que chaque sentiment que nous éprouvons s'exagère; et souvent l'on ne souffre point tant que l'on ne s'imagine souffrir.
Gide, Feuillets, II, in Journal 1889-1939, p. 777.
S'exagérer qqch : se représenter une chose comme plus importante qu'elle n'est, la grossir dans son imagination. || S'exagérer la valeur de qqch. Monter (se monter la tête); → Optimisme, cit. 3. || Il s'exagère l'importance des détails. → Regarder par le petit bout de la lorgnette. || S'exagérer les défauts, les difficultés, les dangers de… Monde (se faire un monde de…), montagne (se faire une montagne de…), mouche (faire d'une mouche un éléphant). || S'exagérer le prix d'un don, d'un avantage obtenu (→ Dédaigner, cit. 6).
14 Pendant que son esprit entretient sa douleur,
S'exagère sa peine et grossit son malheur.
Brébeuf, Pharsale, III.
15 Du moment qu'il aime, l'homme le plus sage ne voit plus aucun objet tel qu'il est. Il s'exagère en moins ses propres avantages, et en plus les moindres faveurs de l'objet aimé.
Stendhal, De l'amour, XII.
16 Une imagination passionnée le portait à s'exagérer les bonheurs dont il ne pouvait jouir.
Stendhal, Armance, t. I, p. 554.
17 Il prétend que nous nous exagérons de beaucoup la corruption parlementaire.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XIV, p. 140.
18 D'abord je me suis exagéré le risque. On n'aurait pas fait d'esclandre; on m'aurait fait payer, simplement.
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, II, p. 191.
——————
exagéré, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XVIe).
1 Qui dépasse la mesure. Excessif; et les préf. hyper- et ultra-. || Traits exagérés dans un dessin. Chargé. || Développement exagéré d'un organe (→ Article, cit. 2). || Proportions exagérées. Colossal. || Luxe exagéré. Outrancier.
19 Terrassier, constata le docteur. Cela expliquait le développement exagéré des muscles de la jambe droite, qui enfonce la pelle.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 148.
(En parlant d'un défaut, d'une tendance, d'une faculté). || Ambition exagérée. Effréné.
Impers. || Il est, c'est exagéré de dire, de croire.
2 Qui amplifie la réalité. || Paroles, récit exagérés. Fabuleux. || Louanges, compliments exagérés. Hyperbolique, superlatif. || Plaisanterie, grossièreté un peu exagérée. Fort, salé. || Prix, chiffres exagérés. Astronomique, exorbitant. || Convictions, opinions exagérées. Extrême, outré. || Réputation exagérée. Surfait (→ Agacement, cit. 2).
20 S'il y a des peuples qui aiment les expressions exagérées, ce n'est pas parce qu'elles sont fausses, c'est parce qu'elles les remuent; mais rien n'empêche d'allier l'exactitude avec la force; le style est donc susceptible d'une beauté réelle.
Condillac, l'Art d'écrire, in Littré.
21 (…) il y a cent trente-cinq mille ans que nous en usons ainsi, et personne parmi nous n'y trouve à redire. Ah ! cent trente-cinq mille ans ! dit l'Indien, ce compte est un peu exagéré; il n'y en a que quatre-vingt mille que l'Inde est peuplée, et assurément nous sommes vos anciens (…)
Voltaire, Zadig, Le souper.
22 Tout ce qui est exagéré est insignifiant.
Talleyrand, in Louis Madelin, Talleyrand, II, IX, p. 101.
(En parlant du comportement des personnes). || Manières, attitudes exagérées. Affecté. || Rire exagéré. Contraint, forcé.(Vieilli). En parlant d'une personne qui manque de mesure :
23 Il ne faut jamais craindre d'être exagéré, tous les très grands l'ont été, Michel-Ange, Rabelais, Shakespeare, Molière (…)
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 247.
24 Tout à coup, M. Esseyte devint terrible; c'était dans l'habitude une nature enflammée, violente, exagérée, aimant les cris, la casse et les tonnerres (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 1.
N. m. || L'exagéré. Ce qui porte le caractère de l'exagération, de l'outrance.
25 Quelle différence mettez-vous donc entre le romanesque et l'exagéré ?
Diderot, Salon de 1767, in Littré.
26 Mlle Rachel a su charmer le public, parce que dans ce siècle de l'exagéré, elle a su marquer la passion sans l'outrer.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 313.
CONTR. Adoucir, affaiblir (cit. 11), amortir; amoindrir, atténuer, minimiser, mitiger, modérer, réduire, restreindre, tempérer.

Encyclopédie Universelle. 2012.