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valoir

valoir [ valwar ] v. <conjug. : 29>
• 1080; var. valeir XIe; lat. valere
I V. intr.
1Correspondre à (une certaine valeur); avoir un rapport d'égalité, etc., avec (autre chose) selon l'estimation qui en est faite. coûter. « Les gros brillants d'oreilles valent vingt mille francs » (Maupassant). fam. 1. faire. Cela ne vaut pas (bien) cher. Cela ne vaut pas un sou. C'est tout ce que ça vaut. C'est trop cher pour ce que ça vaut. Valoir cher. Cela vaut beaucoup d'argent, de l'argent : c'est une chose de prix. Valoir son prix : avoir une certaine valeur, n'être ni surestimé ni sous-estimé. Valoir de l'or, son pesant d'or. Fig. et plaisant Cela vaut son pesant d'or ! (fam.) son pesant de cacahouètes, de moutarde ! (d'une chose étonnante, ridicule).
2Correspondre, dans le jugement des hommes, à (telle qualité, tel mérite, telle utilité). « Ne pas chercher à paraître plus qu'on ne vaut » (A. Gide). « Pesez ce que vaut, parmi nous, cette expression » (Vigny),la valeur, l'importance que nous lui accordons. Prendre une chose pour ce qu'elle vaut, ne pas se faire d'illusions à son sujet.
3 Absolt Avoir de la valeur, de l'intérêt, de l'utilité. « L'homme vaut en proportion de sa faculté d'admirer » (Renan). Ce raisonnement ne vaut que si... « La science est universelle [...] Ses démonstrations valent pour tous les peuples » (Jaurès). Dr. Donner et retenir ne vaut, n'est pas valable.
Loc. Rien qui vaille : rien de bon, rien qui soit important. « Je n'y écris rien qui vaille » (A. Gide). Ne faire rien qui vaille. — VAILLE QUE VAILLE : vx que la chose vaille peu ou beaucoup; mod. tant bien que mal. — À VALOIR : en constituant une somme dont la valeur est à déduire d'un tout. Verser un acompte, une avance à valoir sur telle somme. à-valoir.
FAIRE VALOIR. Faire apprécier plus (souvent en exagérant). « Un personnage qui sert à faire valoir les autres » (Voltaire),à les mettre en vedette ( faire-valoir ) . Se faire valoir : se montrer à son avantage, faire étalage de ses mérites, de ses connaissances (cf. Se faire mousser). « Elle ne cherchait jamais à paraître et à se faire valoir » (A. Gide). « Une redingote gris perle, qui faisait valoir sa haute taille » (Proust). souligner (cf. Faire ressortir). « Hélène me faisait valoir que sa mère lui laissait un petit crédit » (Romains),me soulignait l'intérêt du fait que sa mère... — Rendre plus actif, plus efficace. Faire valoir ses droits, les exercer, les défendre. Avoir des titres à faire valoir, dont on peut se prévaloir. — Rendre productif (un bien). exploiter (cf. Mettre en valeur). Faire valoir son domaine ( faire-valoir) , ses capitaux.
4Être égal en valeur, en utilité, équivalent à (autre chose). « Le jour qui va finir vaut le jour qui commence » (Hugo). « Il n'est pas de discours qui vaille un dessin » (A. Gide ). égaler, équivaloir (à). Rien ne vaut un bon bordeaux ! Cette façon de faire, qui en vaut bien une autre, qui n'est pas inférieure à une autre. — SE VALOIR (récipr.) :avoir même valeur, être équivalent. « Tous les métiers se valent pourvu qu'on arrive à manger » (Ch.-L. Philippe). Fam. Ça se vaut : ce n'est ni meilleur ni pire.
(Personnes) Avoir les mêmes qualités, le même mérite que (qqn). « Il y en a d'autres. Et qui te valent bien ! » (Aragon). Un homme averti en vaut deux.
(En tour négatif, le second terme étant une simple référence) Il (elle) ne vaut pas la corde pour le (la) pendre. Fam. Tout ça ne vaut pas un clou, pas un pet de lapin, pas tripette : ça ne vaut rien. « Tout ça ne vaut pas l'amour » (chans.).
♢ NE RIEN VALOIR : être sans valeur, médiocre. Votre argument ne vaut rien. Elles ne valent rien, ces poires ! L'inaction ne lui vaut rien, lui est nuisible. — Tant vaut...
5Valoir mieux que (suivi d'un nom).Avoir plus de valeur, être plus estimable, plus utile. « L'honneur vaut mieux que la gloire » (Chamfort). « Un bon mot vaut mieux qu'un mauvais livre » (Renard).
Impers. Il vaut mieux, mieux vaut : il est préférable, meilleur de. PROV. Il vaut mieux tenir que courir. « Il vaut mieux mourir que de traîner [...] une vieillesse insipide » (Voltaire). « Il vaut mieux qu'elle écrive dix phrases inutiles que d'en omettre une intéressante » (Laclos).
Fam. Ça vaut mieux : c'est préférable. « Il ne regardait pas en face. Et ça valait mieux » (Aragon). Ça vaut mieux que de se casser une jambe !
6Être comparable en intérêt à (autre chose), mériter (tel effort, tel sacrifice). Paris vaut bien une messe. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Cela vaut le dérangement, le voyage. « Cela valait-il de tant s'agiter ? » (A. Daudet). « Ce discours ne vaut pas qu'on l'écoute » (Alain).
(déb. XVIIe) VALOIR LA PEINE : mériter qu'on prenne la peine de... « Je n'ai jamais abandonné une affaire quand elle a valu la peine d'être achevée » (Chateaubriand). Ça ne vaut pas la peine d'en parler, qu'on en parle : c'est insignifiant, négligeable. « Ne vous tourmentez plus pour ce qui n'en vaut pas la peine » (France). Cela vaut la peine qu'on écrive. — VALOIR LE COUP : être digne d'être fait, tenté, vu, etc. (cf. Valoir la peine). Allez-y, ça vaut le coup.
II V. tr. Faire obtenir, avoir pour conséquence. attirer, procurer. « La liberté que lui valait ma maladie » ( A. Gide). « Après cinq ans d'exil que lui avait valus sa condamnation » (Giraudoux). Qu'est-ce qui nous vaut cet honneur ?

valoir verbe intransitif (latin valere) Avoir telle valeur vénale : Une étoffe qui vaut dix euros le mètre. Familier. Avoir une fortune ou des revenus estimés à telle somme ; mériter tel salaire sur le marché du travail : Un homme d'affaires qui vaut un million de dollars. Mériter telles conditions d'existence, tel sort, par ses qualités propres : Vous valez mieux que cela.valoir (citations) verbe intransitif (latin valere) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je sais ce que je vaux, et crois ce qu'on m'en dit. Poésies diverses, Excuse à Ariste André Gide Paris 1869-Paris 1951 Tout coup vaille. Thésée Gallimard Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Mon Dieu, que les hommes ont de talents pour ne rien valoir ! La Vie de Marianne valoir (expressions) verbe intransitif (latin valere) Valoir quelque chose, ne valoir rien, pas grand-chose, avoir une certaine valeur ou, au contraire, être médiocre, dépourvu d'intérêt, de qualité : Que vaut ce jeune poète ? Valoir pour quelqu'un, quelque chose, lui être applicable, le concerner : Ma remarque vaut pour tout le monde. À valoir sur quelque chose, se dit d'une somme versée qui sera déduite d'une dette lors du règlement définitif. Faire valoir, produire un argument dans une discussion ; exploiter un bien pour lui faire produire des revenus ; user d'un droit, l'exercer ; mettre en valeur, présenter quelqu'un, quelque chose sous un jour favorable. Il vaut mieux, mieux vaut, il est préférable de, que : Il vaut mieux se taire que de dire des sottises. Rien qui vaille, rien de bon, d'utile : Tout ça ne me dit rien qui vaille. Se faire valoir, faire ressortir ses qualités ou ses droits, se faire apprécier ; s'attribuer des qualités que l'on n'a pas, se mettre en avant. Vaille que vaille, tant bien que mal. ● valoir (homonymes) verbe intransitif (latin valere)valoir (synonymes) verbe intransitif (latin valere) Avoir telle valeur vénale
Synonymes :
- coûter
Valoir pour quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- intéresser
valoir verbe transitif Être équivalent à une autre chose, l'égaler, ou pouvoir lui être comparé : En musique, une blanche vaut deux noires. Après tout, son film en vaut bien un autre. Présenter un intérêt qui justifie l'effort fait pour l'obtenir : Un spectacle qui vaut le déplacement. Être la cause qui permet à quelqu'un de recevoir quelque chose : Cette série d'articles nous a valu un important courrier.valoir (citations) verbe transitif André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 J'ai appris qu'une vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut une vie. Les Conquérants Gallimardvaloir (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention au subjonctif présent : que je vaille (et non que je vale) ; mais : que nous valions, que vous valiez, qu'ils vaillent. Accord Lorsque valoir est employé transitivement (= procurer), le participe passé s'accorde : les soucis que cette démarche lui a valus (accord avec le complément d'objet direct placé avant avoir). Lorsque valoir est employé intransitivement (=avoir telle valeur), le participe passé reste invariable : les cent francs que ce livre a valu. → coÛter. Emploi Valoir / falloir. Ne pas confondre les formes impersonnelles il vaut mieux et il faut. 1. Il vaut mieux = il est préférable de. Il vaut mieux tenir que courir. 2. Il faut = il est nécessaire de. Il faut manger pour vivre. Recommandation Éviter le solécisme il faut mieux. Construction 1. Il vaut mieux que (+subjonctif) : il vaut mieux que nous en riions. Il vaut mieux (+ infinitif) : il vaut mieux en rire. 2. Mieux vaut… que de... / mieux vaut... que(mieux vaut entendre cela que d'être sourd ou mieux vaut entendre cela qu'être sourd). → de, → mieuxvaloir (expressions) verbe transitif Ne rien valoir, être préjudiciable, nuisible à quelqu'un, contraire à quelque chose : La vie qu'il mène ne lui vaut rien. Rien ne vaut quelque chose, il n'y a rien de mieux que. Valoir le coup, valoir la peine, présenter un certain intérêt. ● valoir (homonymes) verbe transitifvaloir (synonymes) verbe transitif Être la cause qui permet à quelqu'un de recevoir quelque chose
Synonymes :
- coûter

valoir
v.
aA./a v. intr.
rI./r
d1./d (Personnes) Avoir certaines qualités, certains mérites généralement reconnus. "Je sais ce que je vaux et crois ce qu'on m'en dit" (Corneille). Comme poète, il ne vaut rien.
d2./d (Choses) Avoir une certaine qualité, une certaine utilité, un certain intérêt. Cet habit ne vaut plus rien. Ces vers ne valent pas grand-chose.
Ne rien valoir pour qqn, lui être néfaste. L'alcool ne vous vaut rien.
Rien qui vaille: rien de bon.
d3./d Avoir (un certain prix); être estimé à (un certain prix). Cette étoffe vaut mille francs le mètre. Tableau qui vaut très cher. Syn. coûter.
d4./d être égal en valeur ou en utilité à. Cent centimes valent un franc.
(Prov.) Un homme averti en vaut deux.
|| v. Pron. Ces deux oeuvres se valent.
Tenir lieu, avoir la signification de. En chiffres romains, M vaut mille. Syn. équivaloir.
d5./d Mériter, avoir assez d'importance pour. Valoir la peine.
Fam. ça vaut le coup.
d6./d être valable. Ce que je lui dis vaut également pour vous.
rII./r Loc. verbale. à valoir, se dit d'une somme que l'on verse en acompte. Mille francs à valoir sur le montant d'une facture.
rIII/r Faire valoir.
d1./d Donner du prix à, faire paraître meilleur, plus beau. Cet acteur fait valoir le texte.
|| v. Pron. Se mettre en vedette. Il cherche toujours à se faire valoir.
d2./d Faire valoir: faire fructifier, exploiter. Faire valoir une terre.
d3./d Exposer, donner à considérer. Faire valoir ses droits.
rIV./r Loc. adv. Vaille que vaille: tant bien que mal. Il poursuivit sa route vaille que vaille.V. Valoir mieux: être meilleur, préférable. (Prov.) Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.
v. impers. Il vaut mieux tenir que courir.
aB./a v. tr. Valoir (qqch) à qqn, lui procurer, lui amener comme conséquences. Syn. attirer. Cette affaire ne lui a valu que des ennuis.

⇒VALOIR, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — 1. Être estimé un certain prix, correspondre à une certaine valeur. Synon. coûter. Valoir beaucoup, cher, peu, plus ou moins; valoir cent francs; combien ça vaut; (c'est) trop cher pour ce que ça vaut; c'est tout ce que cela/ça vaut; c'est plus que cela ne vaut. J'avais grand'soif, et surtout de vin blanc, bien amer, celui qui réveille un peu. J'veux bien payer...Y en a plus que du très bon. Y vaut cinq francs la bouteille... consentit alors la mère.C'est bien! Et j'ai sorti mes cinq francs de ma poche, une grosse pièce (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 50):
1. Vous dites qu'une chose pèse tant, eh?
Tant de livres; et que vous avez tant (...) de gallons de pétrole;
Et combien tout cela vaut de dollars.
Car comme tout
A
Un poids et une mesure, tout vaut
Tant.
Toute chose qui peut être possédée et cédée à un autre prix.
Tant de dollars.
CLAUDEL, Échange, 1954, I, p. 748.
Loc. Valoir de l'or. V. ce mot I C 1. Valoir son pesant d'or. V. pesant III A. Savoir ce qu'en vaut l'aune. V. ce mot D. Valoir la peau des fesses. V. fesse A 2 a .
En partic. Avoir un rapport d'égalité ou d'équivalence avec autre chose selon l'estimation qui en est faite. Pour l'entretien, un yacht vaut un château (Dict. XXe s.).
2. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Avoir une fortune, des revenus, un salaire estimé à une certaine somme. Synon. peser. Je croyais valoir mille francs, dit-il sèchement.Tu vaux cent mille francs, reprit Vauvinet, quelquefois même tu es impayable... mais je suis à sec (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 332). Wolff qui « valait 10 millions », expression horrible, mais courante, a disparu au cours d'une promenade en montagne (GREEN, Journal, 1943, p. 36).
3. Rapporter un certain revenu. Exploitation agricole qui vaut tant par an. Monsieur le président était âgé de trente-trois ans, possédait le domaine de Bonfons Boni Fontis, valant sept mille livres de rente (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 21).
— [Constr. avec faire] Faire valoir ses capitaux, un domaine, une forêt. Il y avait cent moyens fort commodes, même pour une dame, de faire valoir son argent (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 156). Chazal n'aimait que la campagne; issu de gros propriétaires, il se destinait à faire valoir les biens de sa famille (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 397).
B. — 1. Correspondre à une qualité, une utilité, une vérité; être estimé comme ayant une qualité, une utilité, un mérite. Une partie de la prudence est de croire que les gens ne valent pas toujours ce qu'on les prise (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 191):
2. Une chose ne vaut que par l'importance qu'on lui donne. Prendre son parti d'une chose, c'est en détacher une à une toutes ses pensées, de sorte qu'enfin elle ait lieu sans plus rien agiter dans notre âme.
GIDE, Journal, 1892, p. 32.
Ça vaut ce que ça vaut. Paraître devant la postérité avec une œuvre qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui est (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1915, p. 142).
2. a) [Le suj. désigne une pers.] Faire preuve de certaines qualités intellectuelles, morales ou physiques. Ne pas valoir cher, grand-chose. Mon bon vieux, tu vaux mille fois mieux que moi, et tu sais infiniment plus de choses (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1544). Je sais si mal m'exprimer que je déçois aussitôt que j'ouvre la bouche. Tout ce qui me tient à cœur et m'importe reste loin en deçà de mes lèvres, comme hors d'atteinte, et je ne sors que des banalités, que des fadaises. Je ne vaux que devant le papier blanc (GIDE, Journal, 1943, p. 182).
b) [Le suj. désigne une chose] Avoir de l'intérêt, de l'utilité, de la valeur. Une œuvre d'art vaut par elle-même et non par les confrontations qu'on en peut faire avec la réalité (JACOB, Cornet dés, Préf., 1916, p. 17). Dix ans de l'amour de cette femme valent autrement qu'un siècle de la liberté de ces hommes (CAMUS, État de siège, 1948, 3e part., p. 289).
En partic. [Le suj. désigne un raisonnement, une argumentation] Être applicable, efficace, valable. Argument qui ne vaut pas grand-chose, qui ne vaut rien; ce raisonnement ne vaut pas. Aucun argument ne vaut pour détruire l'empire de dix années de rêveries agréables (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 439). La religion, c'est savoir et aimer la vérité des choses. Une proposition ne vaut qu'en tant qu'elle est comprise et sentie. Que signifie cette formule scellée, en langue inconnue, cet a + b théologique, que vous présentez à l'humanité en lui disant: « Ceci gardera ton âme pour la vie éternelle: mange et tu seras guéri » (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 474).
DR. Avoir une validité. (Dict. XIXe et XXe s.).
Loc. Donner et retenir ne vaut. V. donner I A 1 a. Valoir ce que de raison. V. raison I B 2.
DR. COMM. À valoir sur. En constituant une somme dont le montant, la valeur est à déduire d'un prix donné. Verser un acompte, une avance à valoir sur; somme à valoir sur une créance. (Dict. XXe s.).
3. Loc., pop. ou fam. Valoir le jus. V. ce mot B 3 b. Valoir l'os. V. ce mot D 2. Ça ne vaut pas un pet de lapin. V. pet A. Ne pas valoir un clou. V. ce mot B 5 b. Ne pas valoir chipette. V. ce mot B. Ne pas valoir tripette. V. ce mot B 1.
a) Tout ça ne vaut pas. Cela vaut moins que. L' mieux c'est de s'en foute!D'autant que tout ça vaut point l'amour (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 8).
b) Ne rien valoir
[Le suj. désigne une chose] Être inutile, néfaste, nuisible, médiocre. Ce pauvre M. Parent file un mauvais coton, ça ne vaut rien de ne jamais quitter Paris (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 616). À son âge, des amitiés de fillette, ça ne vaut rien (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 69).
♦ [Le suj. désigne une pers.] Être incapable, dangereux, nuisible. Le pauvre continua de penser: « Il n'y a personne qui prenne garde à moi, excepté monsieur Michel, qui m'embauche le plus qu'il peut; et encore, c'est un noble, et ils disent que les nobles ne valent rien » (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 42). Clouard se montrait fort perspicace en intitulant un article:Gide ou la peur d'avoir raison. (...) ce qui fait qu'en politique je ne vaux rien: je comprends trop bien l'adversaire (du moins aussi longtemps qu'il reste sincère et ne cherche pas à m'en imposer) (GIDE, Journal, 1946, p. 297).
Rien qui vaille. Rien de bon. Je suis dans un état déplorable, mes clous reprennent de plus belle, je me suis encore purgé aujourd'hui et je ne fais rien qui vaille (FLAUB., Corresp., 1863, p. 323).
Ne dire rien qui vaille à qqn. Le pays touffu au ras de l'eau, là-bas, sorte de dessous de bras écrasé ne me disait rien qui vaille (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 187). Voulez-vous qu'on fasse quelques pas, ce type derrière moi ne me dit rien qui vaille (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 230).
c) Vaille que vaille. À peu près, tant bien que mal. À la clarté des bougies tombaient vaille que vaille Des faux cols sur des flots de jupes mal brossées (APOLL., Alcools, 1913, p. 129). Rien n'était perdu cependant. Du moins aurais-je pu retourner avec lui jusqu'à la ville, vaille que vaille (BERNANOS, Crime, 1935, p. 735).
d) Valoir mieux, mieux valoir. Être plus estimable, plus utile; être préférable. Depuis que ton frère est ici, tout va de mal en pis... D'ailleurs, non, je ne veux rien dire, ça vaudra mieux (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 760). D'abord il songea à écrire une belle lettre pleine de respect et de tendresse (...). Puis il pensa qu'un court billet valait mieux (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 71).
Valoir mieux que + subst. Les femmes valent mieux que les hommes (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 859).
Proverbe. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. V. ceinture I A 1. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. V. tenir 1re Section I A 4 a.
Valoir mieux que de + inf. V. mieux I A 2 b ex. de Amiel et de Alain. Mieux vaut + inf. V. mieux I A 1 a ex. de Mauriac.
Ça vaut mieux que de se casser une/la jambe. [Formule fam. utilisée pour consoler d'un malheur, d'un désagrément] Isabelle: Vous avez vraiment tout perdu? Cristina: Oh! Presque tout. Isabelle: Charmant! (Un temps). Enfin ça vaut mieux que de se casser la jambe, dit-on (...). Ce n'est pas si sûr que ça parce qu'une jambe ça se répare, tandis qu'une fortune perdue, ça ne se répare pas! (BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 467).
Empl. impers.
[Constr. avec l'inf.] — Concrètement, combien vous reste-t-il d'avions? (...)Mieux vaut ne pas en parler. Comme aviation régulière, nous avons cessé d'exister (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 561). Karsky: Il n'y a pas de quoi être fier: ils sont venus à dix contre un. Hoederer: Quand on veut gagner, il vaut mieux se mettre à dix contre un, c'est plus sûr (SARTRE, Mains sales, 1948, 4e tabl., 4, p. 147). Mieux vaut tenir que courir. Je ne me faisais pas d'illusions sur la possibilité de faire payer intégralement aux Allemands tous les dégâts qu'ils nous avaient causés. Selon l'expression populaire, mieux valait tenir que courir (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 375).
Ça vaut mieux. V. mieux I A 1 a ex. de Zola.
♦ [Constr. avec que + subj.] Si la conversation s'envenime, il vaut mieux qu'Aïescha ne puisse pas s'y mêler (LENORMAND, Simoun, 1921, 5e tabl., p. 49). Antigone, continue: J'ai peur... Elle s'arrête. Elle se dresse soudain. Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que jamais personne ne sache (ANOUILH, Antigone, 1946, p. 207).
4. [Constr. avec faire]
a) Mettre en valeur, faire apprécier plus. Les parois blanches des façades faisaient valoir les encadrements peints des fenêtres (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 240). Les couleurs vives dont elles sont vêtues, le costume qui fait valoir la taille mince et met en valeur, en les séparant nettement, les hanches et les bustes, nous disposent à la rencontre d'une belle fille (LARBAUD, Journal, 1932, p. 273).
Empl. pronom. Désapprobation des virtuoses qui jouent de manière à se faire valoir eux-mêmes aux dépens du maître qu'ils interprètent (GIDE, Journal, 1943, p. 195).
En partic. Montrer par un raisonnement, par un discours, l'importance, la valeur, l'utilité de quelque chose. Faire valoir une excuse. Le comte avait rapporté des fume-cigarette, des porte-mines d'Autriche et d'Allemagne. « Grâce au change, je les ai payés un sou! » Cette façon de faire valoir ses cadeaux eût assez étonné Paul (RADIGUET, Bal, 1923, p. 159).
Faire valoir que. La nécessité s'imposait de mettre en place notre dispositif de couverture. Je fis valoir au ministre que la sécurité du pays nous imposait de prendre cette mesure sans retard (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 213).
b) Loc. Faire valoir ses droits. Demander (pour soi) à une administration, à une hiérarchie, l'application d'une norme, d'un règlement. J'ai fait valoir mes droits (...). J'ai demandé à rejoindre une division en campagne. Cette faveur m'a été enfin accordée (VERCORS, Sil. mer, 1942, p. 77).
C. — 1. [Le suj. désigne une chose] Être équivalent, égaler en valeur, en utilité, en qualité. Rien ne vaut la montagne pour les poumons. Il renvoya même les truffes, et le précepteur, qui s'en délectait, dit par bassesse:« Cela ne vaut pas les œufs à la neige de madame votre grand'mère! » (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 24). La moindre feuille, pour lui, a plus de sens que toute parole; et presque à son dernier jour il dit encore à Eckermann qu'il n'est pas de discours qui vaille un dessin, même tracé au hasard par la main (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 109).
DR. En fait de meubles, possession vaut titre. Quatre-vingt mille francs comptant, et vous me laisserez les diamants, ajouta-t-il (...) En fait de meubles, la possession vaut titre (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 414).
2. [Le suj. désigne une pers.] Avoir les mêmes qualités, le même mérite que. Chaque femme vaut toute femme. Rappelez-vous qu'un brave soldat peut, sans déchoir, être un brave homme. L'un vaut l'autre après tout (COURTELINE, Gend. sans pitié, 1899, 1, p. 151). Tu as faim? Le beau malheur. Tu n'es pas le seul, tu sais, en ce bas monde. Il y en a d'autres. Et qui te valent bien! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 371).
Loc. proverbiale. Un homme averti en vaut deux. V. averti II A.
3. Autant vaut. Est équivalent, est aussi avantageux, représente la même chose.
a) [Suivi d'un subst.] Autant vaut la mort. Un savant qui promènerait sans cesse son esprit de science en science, de livre en livre, serait le moins savant des hommes: autant vaudrait la plus complète ignorance (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 165).
b) [Suivi d'un inf. ou d'une prop. inf.] Qu'est-ce qu'un amour qui fait bâiller? Autant vaudrait être dévote (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 310). Quand les hommes se mettent à prendre des congés de dix et quinze jours en plein milieu de l'hiver, autant vaudrait casser le chantier de suite (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 138).
c) [Suivi d'une prop. introd. par que] C'est du jus de queue de cerises, Tes « Pully » comme tes « Cully ». Autant vaut qu'on se gargarise Avec l'air de Funiculi (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 104).
D. — Être suffisamment utile, intéressant pour légitimer quelque chose, pour mériter un effort, un sacrifice. Il n'y a pas de conquête scientifique qui vaille le sacrifice d'un sentiment moral (L. MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 211). Petypon! avant de rentrer, je crève de soif; nous venons de passer deux heures à faire une opération des plus compliquées...! Quand on vient d'ouvrir un ventre... ça vaut bien un bock! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 2, p. 6).
Valoir le coup. V. ce mot C 2 synt., expr. d. Valoir le déplacement (v. ce mot A 3), le dérangement (v. ce mot ex. 5), le voyage. Valoir la peine. V. ce mot III B 2. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. V. ce mot B 4. Paris vaut bien une messe. V. ce mot A 1.
— [Constr. avec un inf. introd. par de] Mériter. Valoir d'être vu. La « solidarité républicaine » suppose que la République vaut d'être défendue par les démocrates des deux classes, de la classe ouvrière et de la classe bourgeoise (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 26). Je ne cherche pas à diminuer ma faute à vos yeux... mais, tout de même, ça ne vaut pas d'être (...) traitée comme ça! (GUITRY, Veilleur, 1911, II, p. 18).
— [Constr. avec une complét. au subj.] Mériter que, être digne que. Cela ne vaut pas qu'on en parle ; pensée qui ne vaut guère qu'on s'y attarde. Folly, qui valait qu'on l'aimât, parce qu'elle était effectivement la plus gentille des petites robes grises de Greenock (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 111). La vérité vaut bien qu'on passe quelques années sans la trouver (RENARD, Journal, 1901, p. 633).
II. — Empl. trans. Valoir qqc. à qqn. Entraîner pour quelqu'un telle ou telle conséquence (bonne ou mauvaise). Valoir un avantage à qqn; la campagne ne me vaut rien ; cela m'a valu bien des désagréments; qu'est-ce qui me vaut votre visite? Quelle disgrâce physique ou morale me valait la froideur de ma mère? (BALZAC, Lys, 1836, p. 5). Ce qui m'importait, ce jour-là, c'était d'avoir mis le doigt sur le seul sujet qui pût te jeter hors des gonds, sur ce qui t'obligeait à sortir de ton indifférence, et qui me valait ton attention, fût-elle haineuse (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 104).
Valoir à qqn de + inf. Quelle aventure heureuse ou grave Me vaut de te voir aujourd'hui? (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 163). Mon épaule fracturée, mon énorme gouttière me valaient de figurer au premier rang des héros (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 245).
III. — Empl. pronom. Être équivalent, avoir la même valeur. Tout s'équilibre, tout se vaut. Au fond, le concubinage et le mariage se valent, puisqu'ils nous ont, l'un et l'autre, débarrassés des préoccupations artistiques et des tristesses charnelles (LEMAÎTRE, Contemp., 1885, p. 321). On croirait à t'entendre que toutes les opinions se valent et qu'on les attrape comme des maladies (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 2, p. 190).
Péj. Être également mauvais, sans valeur, sans intérêt. Ça se vaut. Le Gil Blas me reprend. Autant cet argent-là qu'un autre, et tous les journaux se valent (BLOY, Journal, 1892, p. 57). Le visage d'Honoré s'éclaira d'un demi-sourire.Ah, il boitait... Tu as bien fait de te défendre. Ces gens-là, il ne faut jamais les manquer, ils se valent tous (AYMÉ, Jument, 1933, p. 79).
Prononc. et Orth.:[], (il) vaut [vo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je vaux, tu vaux, il vaut, nous valons, vous valez, ils valent; imp.: je valais ...; passé simple: je valus ...; fut.: je vaudrai ...; passé comp.: j'ai valu ...; p.-q.-parf.: j'avais valu ...; passé ant.: j'eus valu ...; fut. ant.: j'aurai valu ...; cond. prés.: je vaudrais ..., passé: j'aurais valu ...; subj. prés.: que je vaille ..., (XVIe et XVIIe s.: que je vale ..., encore vivant dans l'us. pop. et qu'on retrouve dans la conjug. de prévaloir) que nous valions, que vous valiez (refaits d'apr. le prés. de l'ind., les formes anc. étant: que nous vallions, que vous valliez encore us. parfois auj. v. GREV. 1964,697, p. 628); subj. imp.: que je valusse ..., passé: que j'aie valu ..., p.-q.-parf.: que j'eusse valu ...; impér. (peu us.) prés.: vaux, valons, valez, passé: aie valu, ayons valu, ayez valu; part. prés.: valant, passé: valu, -ue. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 valeir « être d'un certain prix » (Alexis, éd. Chr. Storey, 502); 1534 tu vaulse trop! formule d'éloge « être plaisant, agréable (en parlant d'une personne, de ce qu'elle dit) » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech et V.-L. Saulnier, chap. 39, p. 236); 1685 valoir trop d'argent « être d'un prix considérable » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre à Mme De Grignan du 29 janvier ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 175); 1690 valoir beaucoup d'argent (FUR., s.v. argent); 1694 valoir de l'argent (Ac., s.v. argent); 1666 valoir son prix « avoir une certaine valeur » (MOLIÈRE, Misanthrope, III, 1); 2. a) ca 1100 valeir « être estimé à l'égal de quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 921); ca 1625 valoir la peine de « être assez important pour que » (D'AUBIGNÉ, Lettre ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 263); fin XIVe s. ne faire cose qui vaille (FROISSART, Chroniques, II, § 420, éd. G. Raynaud, t. 11, p. 183); 1549 ne faire rien qui vaille (EST.); b) ) 1160-74 valeir « rapporter, donner tel profit » (Rou, III, éd. A. J. Holden, 111); 1538 faire valoir qqc. « (en) tirer le profit qu'elle peut rapporter » (EST.); 1690 faire valoir par ses mains une terre (FUR.); 1835 faire valoir « exploiter soi-même sa terre » (Ac.); ) XVe s. [éd. 1528] se faire valoir « se faire apprécier à sa juste valeur » (Perceforest, t. 6, f° 108 v° ds LITTRÉ); 1718 « s'attribuer des qualités qu'on n'a pas » (Ac.). ) 1559 faire valoir qqc. « donner du prix à, faire paraître meilleur » (RONSARD, Hymne de Charles, cardinal de Lorraine ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 9, p. 58, 531); 1664 [éd. holl.] faire valoir qqn « fournir (à quelqu'un) des occasions de paraître à son avantage » (LA ROCHEFOUCAULD, Sentences et maximes morales, 55 ds Maximes, éd. J. Truchet, p. 448); ) 1588 faire valoir « faire ressortir en guise d'extase » (MONTAIGNE, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 979); 1611 faire valoir une chose « vanter le mérite, l'importance de » (COTGR.); c) ) ca 1100 valeir à qqn « être utile à, aider » (Roland, 1840); fin du XIIIe s. [date du ms.] valoir « faire du bien (en parlant d'une médecine) » (Le medicinal des oiseus, ms. Digby, 86, f° 56 v° ds TILANDER, Glanures lexicogr., p. 268); ) 1289 valoir « rapporter un certain profit à quelqu'un » (Trésor des chartes du Comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 1, p. 398); av. 1675 « procurer, faire obtenir quelque chose à quelqu'un » (LA ROCHEFOUCAULD, Œuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t. 3, p. 217); ) 1690 cela ne vaut rien « c'est de mauvais augure » (FUR.); 1740 cela ne vaut rien à qqn « cela est mauvais (pour quelqu'un) » (Ac.); ) 1718 à valoir « se dit de ce qui est fourni à compte d'une plus forte somme » (Ac.); d) XIIIe s. vaille que vaille « à tout hasard, quoi qu'il en soit » (Ysopet de Lyon, éd. W. Foerster, 666); XIIIe s. si vaut si vaille (Loi du conseil, éd. A. Barth, 735). Du lat. valere « être fort, vigoureux », d'où « avoir de la valeur, du mérite, un prix ». Fréq. abs. littér.:13 087. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 18 063, b) 17 607; XXe s.: a) 19 365, b) 19 151. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes français ... Paris, 1977, pp. 168-170. — QUEM. DDL t. 33 (s.v. faisant-valoir), 38. — SCHUCHARD (B.). Valor ... Bonn, 1970, pp. 103-109.

valoir [valwaʀ] v.
CONJUG. je vaux, tu vaux, il vaut, nous valons, vous valez, ils valent; je valais, nous valions; je valus, nous valûmes; je vaudrai; je vaudrais; vaux, valons, valez; que je vaille, qu'il vaille, que nous valions, que vous valiez, qu'ils vaillent; que je valusse; valant (→ Vaillant); valu. REM. On trouve chez les classiques les formes : que je vale…, qu'il vale, et encore de nos jours les formes vaillions, vailliez (Colette, in Grevisse).
ÉTYM. 1080; var. valeir, XIe, Vie de Alexis; lat. valere « être bien portant », d'où « avoir de la valeur, du mérite; un prix ».
———
I V. intr.
1 Correspondre à (une certaine valeur); avoir un rapport d'égalité, etc., avec (autre chose) selon l'estimation qui en est faite. Coûter, faire. || Valoir tant, tel prix, cent francs (→ Mousseline, cit. 3; parure, cit. 4; perle, cit. 2; rabaisser, cit. 5; rabattre, cit. 1). || Cela vaut mille francs comme un sou, bien plus de mille francs. || Qu'est-ce que valent les veaux actuellement ? (→ Faire, cit. 118). || C'est plus que ça ne vaut. || C'est tout ce que ça vaut.Valoir cher, plus, moins cher (→ Architecture, cit. 8); Cher.C'est trop cher pour ce que ça vaut.Cela vaut beaucoup d'argent, cela vaut de l'argent : c'est une chose de prix.Valoir son prix (→ Monde, cit. 5) : avoir une certaine valeur, n'être ni surestimé, ni sous-estimé.(Avec un adv.). || Combien ça vaut ? || Valoir beaucoup, peu… || Les choses valent plus ou moins suivant l'offre (cit. 6) et la demande. || Valoir plus ( Gagner), moins ( Perdre).
1 On dit couramment aux États-Unis qu'un homme vaut tant de dollars (…) Mais la valeur ainsi figurée se situe aux abords immédiats du rendement et de la fonction.
G. Marcel, les Hommes contre l'humain, 130, in Foulquié.
Fam. (Personnes). || Valoir tant : avoir une fortune, des revenus estimés à…Avoir un salaire, une rémunération normale de…
Loc. Savoir ce qu'en vaut l'aune (d'un drap).Valoir de l'or, son pesant d'or (au fig. → ci-dessous, 4.).
2 Ce petit cheval était une jument nommée Bichette, elle mangeait peu, elle avait du feu, elle était infatigable, elle valait son pesant d'or.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 606.
Rapporter, produire (des revenus). || Cette terre vaut tant par an. || Faire, valoir un domaine (→ Exploitation, cit. 4). Exploiter; valeur (mettre en); faire-valoir. || Faire valoir son argent, des capitaux : faire produire un intérêt (cit. 2).Absolument :
2.1 Il cultive les lettres par délassement, mais il mène la vie heureuse et paresseuse du propriétaire faisant valoir.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 1056.
2 (1080). Correspondre, dans l'estimation ou le jugement des hommes, à (telle qualité, tel mérite, telle utilité…). Valeur. || Valoir exactement ce qu'on paraît : ne pas chercher à paraître plus qu'on ne vaut (→ Authentique, cit. 17). || Les peuples valent ce que valent leurs élites (cit. 4). || « Je sais ce que je vaux, et crois ce qu'on m'en dit » (Corneille, Poésies diverses, XXII, Excuse à Ariste).Ce que vaut qqch. : l'importance, la considération qu'on lui accorde généralement (→ Alchimiste, cit. 1; parole, cit. 14). || Apprécier (cit. 1) les choses au-dessous de ce qu'elles valent.Prendre une chose pour ce qu'elle vaut, ne pas se faire d'illusions à son sujet. || Aimer les choses pour ce qu'elles valent et non pour les apparences (→ Mentir, cit. 18). || Un service vaut ce qu'il coûte (cit. 12). || La vie vaut-elle plus que l'honneur ? (cit. 12). — ☑ Loc. Chaque chose, chacun vaut son prix, doit être justement estimé.
3 Absolt. Avoir du prix (fig.), de l'intérêt, de l'utilité ( Valeur). || Ces événements valent moins par eux-mêmes que comme vérification (→ Catégorie, cit. 5). || Une démocratie ne vaut que si… (→ Refondre, cit.). || Une chose ne vaut que par l'importance (cit. 9) qu'on lui donne.
3 Il répétait souvent que l'homme vaut en proportion de sa faculté d'admirer.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, Œ. compl., t. II, p. 811.
Être applicable, produire son effet dans telles conditions ( Valable). || Ce raisonnement ne vaut que si… || Les constatations (cit. 1) de la science valent pour tous les peuples (→ aussi Évolution, cit. 13; rationalité, cit. 1; séparer, cit. 13).
Dr. Avoir une validité ( Valable, valide). — ☑ Loc. prov. Donner (cit. 15) et retenir ne vaut. — ☑ Valoir ce que de raison : être valable sous certaines conditions; pouvoir servir éventuellement.
Loc. Rien qui vaille : rien qui ait quelque valeur, qui soit important (→ Plat, cit. 27). || Rien à montrer qui vaille (→ 1. Gens, cit. 20).« Ce bloc (cit. 2) enfariné ne me dit rien qui vaille », rien de bon. || Ne faire, n'écrire rien qui vaille (→ Dépêcher, cit. 6; tarder, cit. 3). N. m. Vx. || Un rien qui vaille : une personne sans aucun mérite.
4 Humble comme je suis qui ne suis rien qui vaille
Apollinaire, Alcools, « La porte ».
Loc. Vaille que vaille (d'abord « que la chose vaille peu ou beaucoup ») : ni bien ni mal, à peu près. 1. Bien (tant bien que mal), passablement. Rare, au plur. || « Vaillent que vaillent la syntaxe (…) et le mot » (Ed. et J. de Goncourt, Journal, Préface).
5 Ce n'est pas que j'eusse la moindre foi à la cérémonie (du sacre); mais, comme tout manquait à la légitimité, il fallait pour la soutenir user de tout, vaille que vaille.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 221.
À valoir : en constituant une somme dont la valeur est à déduire d'un tout. || Prix à valoir sur une créance. Compte (à). || Verser un acompte, une avance à valoir sur telle somme.
Faire valoir a Faire apprécier plus (souvent en exagérant). || Faire valoir un nom médiocre (→ Acquérir, cit. 12). || Faire valoir un rôle, le mettre en vedette par une habile mise en œuvre. || Une personne qui sert à faire valoir les autres (→ Sacrifier, cit. 15). Briller.Se faire valoir : se montrer à son avantage. Étalage (faire étalage de…), mousser (se faire), paraître (→ Argumenter, cit. 2; humilier, cit. 28; modestie, cit. 7). || Se faire valoir aux dépens de qqn, en lui nuisant.(Sujet n. de chose). Mettre en évidence, faire ressortir la valeur de… Exalter, relever, souligner. || Un ton est toujours destiné à en faire valoir un autre (→ Tableau, cit. 2; et aussi liquide, cit. 3). || Rapprochements (cit. 4) de citations qui s'expliquent et se font valoir (mutuellement).
6 — (…) à quels comédiens la donnerez-vous ? (la comédie). — (…) Aux grands comédiens. Il n'y a qu'eux qui soient capables de faire valoir les choses (…) — En effet, il y a manière de faire sentir aux auditeurs les beautés d'un ouvrage, et les choses ne valent que ce qu'on les fait valoir.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
7 Serré dans une redingote gris perle, qui faisait valoir sa haute taille (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 238.
Spécialt. Montrer la valeur, l'intérêt, l'importance de… par le raisonnement, la parole. Évidence (mettre en), 1. ressortir (faire; → Chanter les louanges de…). || Faire valoir sa marchandise. Vanter. || Faire valoir que… : souligner l'intérêt du fait que… (→ Laisser, cit. 56; reste, cit. 12). || Rendre des services et les faire valoir (→ Insinuer, cit. 7).
8 — Je lui ai fait valoir comme il faut la richesse de ce présent et la grandeur de votre amour.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 6.
b (1580, faire valoir un argument). Rendre plus actif, plus efficace. || Faire valoir ses droits, les exercer, les défendre. Soutenir. || Avoir des titres à faire valoir, dont on peut se prévaloir (→ Relater, cit.). || Faire valoir une excuse; une occasion (en tirer parti, profit).Vieilli. Employer.
9 Elle savait persuader et convaincre aussi bien que commander, et faire valoir la raison non moins que l'autorité (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
4 (Fin XIIe). Être égal en valeur, en utilité, équivalent à (autre chose). || La toile d'ortie (cit.) vaut la toile de chanvre. || Un second regard qui valait le premier (→ Daigner, cit. 6). — ☑ Prov. Un lion (cit. 5) mort ne vaut pas un moucheron qui respire.
10 Le jour qui va finir vaut le jour qui commence.
Hugo, Quatre vents de l'esprit, III, XLVIII, III.
Pouvoir remplacer, avoir la même utilité que… Lieu (tenir lieu de…). → Expérience, cit. 40; geler, cit. 18; 2. moulage cit. 1. || Mille intentions (cit. 9) ne valent pas un geste. || Il n'est pas de discours qui vaille un dessin (→ Dépriser, cit. 2). || « Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème » (→ Phénix, cit. 2). || Un jardin (cit. 3) à la mode française qui en vaut bien une autre, qui n'est pas inférieure à une autre.
11 (…) il faut vivre tous les jours, et les plus beaux vers alexandrins ne valent pas sous la dent un morceau de fromage de Brie.
Hugo, Notre-Dame de Paris, VII, II.
12 Entends battre mon cœur d'amant.
Ce cœur en vaut bien plus de mille
Puisque je t'aime éperdument.
Apollinaire, Ombre de mon amour, XII.
Dr. || En fait de meubles, possession (cit. 2) vaut titre, a la même valeur juridique qu'un titre.
Se valoir. → ci-dessous.
(Personnes). Avoir les mêmes qualités, le même mérite que (qqn). || La femme vaut un homme et souvent mieux (→ Pousser, cit. 51). || D'autres, et qui te valent bien (→ Faim, cit. 7). || Le héros ne vaut pas un homme de bien. Peser (vx).Péj. || L'un vaut l'autre, n'est pas meilleur que l'autre (→ ci-dessous pron. Ils se valent). — ☑ Loc. Un bon averti, un homme averti en vaut deux.
13 « Ne le valons-nous pas ? » Vous valez cent fois mieux;
Mais que vous sert votre mérite ?
La Fontaine, Fables, VII, 12.
Souvent en phrase négative (le second terme ne servant que de référence). || Valoir, ne pas valoir qqch. || « De bien des gens, il n'y a que le nom qui vale (sic) quelque chose » (→ Imposer, cit. 38, La Bruyère).Cela vaut son pesant d'or : c'est inestimable, remarquable, et, par antiphr., plais., c'est étonnamment ridicule.Var. Ça vaut son pesant de cacahuètes. — ☑ Loc. fam. Ça vaut mille, ça vaut le jus : c'est remarquable. — ☑ Fam. Ça ne vaut pas un clou, pas un pet (cit. 4), pas un pet (cit. 5) de lapin, pas chipette, pas tripette : ça ne vaut rien. — ☑ Loc. (Vx). Ne pas valoir la gale, le diable (cit. 10) : être très mauvais. — ☑ Loc. Il, elle ne vaut pas la corde pour le (la) pendre (→ Salope, cit. 3). || « Tout ça ne vaut pas l'amour » (Refrain). — ☑ Loc. prov. Ça ne vaut pas les quatre fers d'un chien.
14 (…) elle ne vaut pas la gale, elle m'aurait fait couper le cou comme un poulet, sans dire : Il est innocent ! (…)
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 1108.
15 (…) je reconnais que tu es sage, laborieuse et que tu vaux ton pesant d'or.
G. Sand, François le Champi, II.
Rien ne vaut cela : cela vaut plus que tout le reste. || « Rien ne vaudra jamais deux beaux chevaux… » (→ Dresser, cit. 20).REM. On emploie dans le même sens tout ça ne vaut pas…Rien ne me vaut : rien ne vaut pour moi (→ Rayonnant, cit. 1).
Ne rien valoir : être inutile ou néfaste. || Ne valoir rien pour… (→ Poète, cit. 2; recommander, cit. 3). || La fierté (cit. 6) ne vaut rien. || Ne valoir rien pour, à qqn. || L'inaction ne lui vaut rien, lui est inutile et même nuisible.(Personnes). Être méchant, dangereux, nuisible ( Vaurien).Être nul, et, par exagér., médiocre. || Ces articles ne valent rien (→ Feuilleton, cit. 2). Mauvais, nul. || Votre excuse ne vaut rien, est sans poids, sans valeur. || Cela ne vaut plus rien, se dit de ce qui est devenu inutilisable ( Usé).Allus. littér. || « C'est proprement ne valoir rien que de n'être utile (cit. 5) à personne » (Descartes). — ☑ Prov. (Vx). Trop ne vaut rien.
16 Tout le monde me prend pour un homme de bien;
Mais la vérité pure est que je ne vaux rien.
Molière, Tartuffe, III, 6.
Vx. (Sujet n. de personne). || Valoir beaucoup (Corneille, Andromède, v. 483), trop (Corneille, la Veuve ou le traître trahi, III, 4), peu, assez… — ☑ Loc. Tant (cit. 20 et 21) vaut…, tant vaut…
17 — Et vous pensez qu'il est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens; que païens, nous n'en vaudrions pas moins; et que chrétiens, nous n'en valons pas mieux.
Diderot, Entretien d'un philosophe avec la Maréchale de .
Autant vaut, vaudrait… Autant (cit. 32, 33, 35).
5 (V. 1265, mieux vaut…). Avec mieux. || Valoir mieux que… (suivi d'un nom) : avoir plus de valeur, être plus estimable, plus utile… Meilleur, supérieur (→ Laine, cit. 3). || En amour, un silence vaut mieux qu'un langage (→ Éloquence, cit. 18; et aussi considération, cit. 6; espérance, cit. 40; fumée, cit. 16; humilité, cit. 13; inégalité, cit. 4; prière, cit. 1). || Un autre qui ne valait pas mieux, qui était aussi mauvais (→ Impudent, cit. 5). — ☑ Prov. Bonhomie (cit. 2) vaut mieux que raillerie.Bonne renommée (cit. 5) vaut mieux que ceinture dorée.La façon de donner (cit. 6) vaut mieux que ce qu'on donne.« Un Tiens vaut mieux que deux Tu l'auras ».
18 Un bon mot vaut mieux qu'un mauvais livre.
J. Renard, Journal, 18 janv. 1895.
Mieux vaut telle chose que telle autre (avec omission de il) → Chien, cit. 41; éteindre, cit. 40.
Impers. || Il vaut mieux, mieux vaut… (suivi de l'inf.) : il est mieux, meilleur de… Préférable. || Dans certains cas, lorsque…, quand…, il vaut mieux faire telle chose (→ Demi, cit. 24)Il vaut mieux… que… || « Scélérat pour scélérat (cit. 1), il vaut mieux être un loup qu'un homme ». || Mieux vaut être assis que debout (→ Distique, cit.). — ☑ Prov. Il vaut mieux tenir que courir.Il vaut mieux… que de… (et l'inf.). → Arbre, cit. 15; oisiveté, cit. 2. || Mieux vaudrait n'avoir pas commencé plutôt que de… (→ 2. Frais, cit. 13).Cela vaut mieux que de…
(Sans que). || Ça valait (→ Face, cit. 51), ça vaudrait, ça vaut mieux. || « Mieux vaudrait un sage ennemi » (→ Ami, cit. 5). || Lequel vaut mieux : faire ceci ou cela (→ Gagner, cit. 46).Vx. || Il vaut mieux, mieux vaut de… que de… (et l'infinitif).
19 (…) il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui (…)
Molière, Dom Juan, I, 1.
Il vaut mieux, mieux vaut que… (suivi du subj.), que de… (et l'inf.). || Il vaut mieux qu'il dure et soit malheureux que de s'éteindre (cit. 36) au sein des plaisirs. || Il vaut mieux qu'elle écrive dix phrases inutiles que d'en omettre une intéressante (→ Indifférent, cit. 36).
REM. Pour éviter la rencontre du que de comparaison (→ 1. Que), et de que introduisant la complétive (il vaudrait mieux qu'il meure que qu'il souffre tant), on a employé un démonstratif interposé (il vaut mieux que… que ce que…), puis la négation non pas (Il vaut mieux tuer le diable que non pas que le diable vous tue [Littré, art. Diable, 23o]), ou si, remplaçant le second que (il vaut mieux tuer le diable que si le diable nous tue [Stendhal, la Chartreuse de Parme, VI, in Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §1197]), et enfin plutôt que.
6 Être comparable en intérêt à (autre chose), mériter (tel effort, tel sacrifice). || « Cette leçon (cit. 10) vaut bien un fromage sans doute ».Le jeu (cit. 49) n'en vaut pas la chandelle. || Cela vaut, cela ne vaut pas le dérangement, le voyage (→ Sterlet, cit.).Fam. Ça vaut le coup, la peine. || Ça ne vaut vraiment pas le coup. — ☑ Allus. hist. Paris vaut bien une messe (infra cit. 5).
20 Les amis de ce pays-là
Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.
La Fontaine, Fables, VIII, 11.
21 Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d'alarmes (…)
Racine, Bérénice, V, 7.
Vx. || Valoir faire quelque chose (Corneille, Cinna, IV, 2) : mériter qu'on fasse qqch. (tour loué par Littré).
(Fin XIXe). Méd. || Valoir de… Mériter. || Une scène ne vaut d'être représentée que dans la mesure où… (→ Monde, cit. 26; et aussi ranger, cit. 2).Valoir que… (et le subj.). || Le discours ne vaut pas qu'on l'écoute (→ Jurer, cit. 11; et aussi soin, cit. 4). Digne (être digne que…). || Cela ne vaut pas qu'on en parle.REM. Ce tour est littéraire, le langage courant emploie valoir la peine(de…, que…).
22 (…) même avec l'assurance de réussir, cela valait-il de tant s'agiter ?
Alphonse Daudet, l'Immortel, IV.
23 (…) la propriété est l'unique bien de ce monde, et rien ne vaut de vivre que de posséder la terre.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, VI.
Littér. || Il vaut de…, s'emploie dans le même sens (impersonnellement).
23.1 Il vaut d'ailleurs d'en faire la remarque : si la Rose de sable marque un progrès de l'objectivité (…)
P.-H. Simon, in le Monde, 16 mars 1968.
(V. 1600). Valoir la peine : mériter qu'on prenne la peine de… Mériter. || Quelque chose qui vaille la peine d'être communiqué ( Important, I.). → 1. Dire, cit. 111. || Ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante (cit. 16; → aussi Abandonner, cit. 4; détail, cit. 12).Ça ne vaut pas la peine d'en parler : c'est insignifiant, négligeable.Ellipt. (avec en). Mériter d'être vu, considéré, apprécié, envisagé… || « Tu montreras (cit. 1) ma tête au peuple; elle en vaut la peine ». || Une personne qui en valût la peine (→ Malheureux, cit. 10).Valoir la peine que… (et le subj.) → Missive, cit. 3.
24 Aussi la folle comtesse aimait-elle son mari à l'excès; rien n'était beau pour elle que lui, et, quand elle lui donnait le bras, rien ne valait la peine qu'elle tournât la tête.
A. de Musset, Nouvelles, « Emmeline », II.
25 — (…) Ne vous tourmentez plus pour ce qui n'en vaut pas la peine.
France, le Lys rouge, XXXI.
26 Une fois cuvée la première griserie du triomphe, rien plus ne paraissait valoir la peine de vivre.
Gide, Ainsi soit-il, in Souvenirs, Pl., p. 1235.
Impers. || Il vaut la peine de…
26.1 Mon cher Louis,
Il vaut la peine de vivre vieux, si l'on retrouve, au bout de la route, l'ami perdu.
R. Rolland, Lettre à Louis Gillet, 7 août 1942, in Correspondance entre L. Gillet et R. Rolland, p. 321.
26.2 Mais il vaudrait la peine de dissiper ici un préjugé (…)
M. Raymond, Génies de France, in les Cahiers du Rhône, no 4, p. 133.
26.3 La Suisse a si peu de communistes qu'il ne vaut presque pas la peine de les mentionner.
André Siegfried et Pierre Béguin, la Suisse, démocratie-témoin, p. 180.
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II V. tr. (V. 1155). Faire obtenir. || Valoir (qqch.) à (qqn), lui faire obtenir, avoir pour (qqn) tel effet.REM. Dans ce sens, le participe passé s'accorde : les honneurs que lui a valus cette action (Littré), les réprimandes qu'il nous a values (Académie). || Valoir à qqn un avantage (→ Considération, cit. 9), une réputation (→ Plume, cit. 4). Attirer, concilier, procurer. || Les regards que lui vaut sa mâle tournure (→ Farandole, cit. 2).Leurs larmes, qui leur valent tant, ne leur coûtent rien (→ Muscade, cit. 3).Valoir un sobriquet (→ Pressier, cit.), un surnom (→ Illustre, cit. 5) à qqn. || Cinq ans d'exil (cit. 6) que lui avait valus sa condamnation.Qu'est-ce qui nous vaut cet honneur ?Vx. || Qui me vaut, nous vaut… Qui (II., REM. ; et cit. 71 et 73).
27 Les nombreuses réflexions que m'ont values la lecture et la méditation des œuvres de Paul Claudel.
G. Duhamel, Paul Claudel, p. 13, in Grevisse.
28 La liberté que lui valait ma maladie lui permettait de longues courses dont elle revenait éblouie (…)
Gide, l'Immoraliste, I, IV.
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se valoir v. pron.
(Récipr.). Correspondant au sens I, 4. Avoir même valeur; être équivalent, égal. || Tous les coins de terre se valent (→ Exil, cit. 5; et aussi métier, cit. 13).Péj. || Ils se valent : ils sont aussi mauvais l'un que l'autre.Fam. || Ça se vaut : ce n'est ni meilleur, ni pire.
DÉR. Vaillant, valable, value.
COMP. À-valoir, faire-valoir, revaloir, vaurien, value (cf. Évaluer, moins-value, plus-value).

Encyclopédie Universelle. 2012.