Akademik

hurler

hurler [ 'yrle ] v. <conjug. : 1>
XIVe; usler XIIe; lat. ululare
I V. intr.
1(Animaux) Pousser des hurlements. Chien qui hurle à la lune, à la mort. Loc. fig. Hurler avec les loups : faire comme ceux avec qui l'on se trouve, se conformer à leurs opinions.
2(Personnes) Pousser des cris prolongés et violents. crier. Hurler de rage, de terreur, de douleur. « Elle hurla comme une bête qui ne peut rien faire d'autre pour exprimer sa douleur » (Aragon). Loc. fam. Hurler de rire : rire bruyamment. Par exagér. C'est d'une laideur à hurler !
3Parler, crier, chanter de toutes ses forces. vociférer; fam. beugler, brailler, gueuler. Ne hurle pas, je ne suis pas sourd. La télé hurle, baisse le son.
4Produire un son, un bruit semblable à un hurlement. Freins qui hurlent. « Dehors le vent hurle sans trêve » (Verlaine).
5Fig. (couleurs) Produire un effet violemment discordant. jurer.
II V. tr. Exprimer par des hurlements. Hurler sa douleur, son désespoir.
Dire avec emportement, fureur, en criant très fort. clamer. Hurler des injures, des menaces. « Ils hurlaient et chantaient à pleins poumons que leur club ne périrait pas » (Camus).

hurler
v. intr.
d1./d Pousser des hurlements. Les loups hurlent. Hurler de douleur.
|| Loc. fig. Hurler avec les loups.
d2./d Crier, parler, chanter très fort. Ne hurle pas, je ne suis pas sourd!
|| v. tr. Hurler des injures.
d3./d Produire un son semblable à un hurlement (choses). Sirène qui hurle.
d4./d Fig. Former un contraste violent, jurer. Couleurs qui hurlent ensemble.

⇒HURLER, verbe
I. — Emploi intrans.
A. — [Le suj. désigne un animal, notamment le loup, le chien] Pousser des cris aigus et prolongés. Hurler longuement, lugubrement. J'entends encore (...) hurler les chacals et les coups du vent qui secouait ma tente (FLAUB., Corresp., 1857, p. 242). Comme ils passaient devant une maison bâtie au bord de la route, un chien se mit à hurler d'une façon lamentable (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 184) :
1. ... il [un chien] se remit à hurler vers quelque chose d'invisible, d'inconnu, d'affreux sans doute (...). Et les deux femmes égarées se mirent, toutes les deux, à hurler avec le chien (...). Alors, pendant une heure, le chien hurla sans bouger; il hurla comme dans l'angoisse d'un rêve...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Peur, 1882, p. 802.
[En parlant du chien, du loup] Hurler à la lune, à la mort. Dès le coucher du soleil, plusieurs chiens hurlent à la mort... Informations prises, tout se clarifie. Ce serait tout simplement un honnête petit abattoir pour quelques boucheries humaines des grands quartiers (BLOY, Journal, 1907, p. 356).
B. — P. anal. [Le suj. désigne une pers.]
1. Pousser un ou des cri(s) prolongé(s), aigu(s) et violent(s). Hurler comme un forcené, un possédé; un fou, la foule hurle. Cette assemblée en délire hurla, siffla, chanta, cria, rugit, gronda (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 63). Le nourrisson qui sent la pointe d'une épingle hurle comme s'il était malade au plus profond; c'est qu'il n'a pas idée de la cause ni du remède (ALAIN, Propos, 1923, p. 529) :
2. ... tous se mirent à hurler sans discontinuer, d'un long cri collectif et incolore, sans respiration apparente, sans modulations, comme si les corps se nouaient tout entiers, muscles et nerfs, en une seule émission épuisante qui donnait enfin la parole en chacun d'eux à un être jusque-là absolument silencieux. Et sans que le cri cessât, les femmes, une à une, se mirent à tomber.
CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1674.
[Constr. avec un compl. causal désignant un affect, introd. par de] Je le meurtris si outrageusement d'un coup de mes souliers ferrés, qu'il hurla de douleur et me laissa tomber à terre (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 205). On entend hurler d'angoisse et d'épouvante la victime (SULLY PRUDH., Justice, 1878, p. 67).
Loc. fig. Hurler avec les loups, avec (un groupe de personnes). Agir, parler comme ceux avec qui on se trouve. La critique, reconnaissons-le, comprend mieux ses devoirs qui sont, non de hurler avec les loups et de flatter les goûts du public, mais de le ramener, ce public hostile ou indifférent, au véritable critérium en fait d'art et de poésie (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Baudel., 1865, p. 8). Des chefs et des gouverneurs timides et obligés de hurler avec la populace, de peur de la voir se déchaîner (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1868, p. 259). V. braire ex. 1 :
3. Jamais on ne vit, chez tant de représentants du droit, un si beau concert de silence. Je ne dis rien de ceux qui trouvèrent plus prudent de hurler avec les loups. Une curieuse catégorie encore, celle des gens qui n'ont rien lu, ne savent rien, et n'ont pas trouvé le moyen de se faire une opinion.
CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 260.
P. exagér. [Dans une tournure qualificative] C'est à hurler, à faire hurler. L'art me donne quelquefois des désespoirs à hurler, des fatigues à en mourir (FLAUB., Corresp., 1860, p. 264). C'est à hurler de rage quand on songe que ce peintre qui, dans la hiérarchie du médiocre, est maître, est chef d'école (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 26). Hier soir, vu une pièce absurde sur la défaite française : Candle in the wind. Le ton en est faux à faire hurler (GREEN, Journal, 1941, p. 152).
SYNT. Hurler de désespoir, de frayeur, de fureur, d'horreur, de joie, de peur, de terreur; hurler et gémir, gueuler, pleurer, vociférer; hurler et se débattre, gesticuler, trépigner.
2. P. ext.
a) Parler, crier, chanter de toutes ses forces. Synon. beugler (fam.), brailler (fam.), crier, gueuler (vulg.), vociférer. Hurler comme un sourd; hurler à se casser la voix. Avec une horrible voix du gosier, la fille soudain hurla en patois (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 394) :
4. Tous les officiers sont ici, d'une politesse exemplaire. Plus le grade est élevé, plus la voix est douce! Le sous-lieutenant est ou peut être rogue. Le sergent hurle, par habitude, par tradition. Je crois que dans l'armée américaine, je suis le seul sergent qui ne hurle pas.
GREEN, Journal, 1942, p. 281.
En partic. [Empl. pour qualifier de façon dépréc. l'émission vocale d'un acteur, d'un orateur, d'un chanteur] Dire, chanter en exagérant les effets de voix, d'une manière où on sent l'effort. Et les chanteurs [français] (...) et les cantatrices? (...) ils ne chantent pas, ils crient, ils hurlent du nez, du gosier (MELCHISSÉDEC, Pour chanter, 1913, p. 213).
b) P. exagér., péj. Parler avec véhémence (pour protester, réclamer). Tel qu'il est, ce mariage qu'on ne peut attaquer sans entendre hurler autour de soi les bégueules et les petits esprits, il peut devenir une source de bonheur et d'amour (ZOLA, Corresp. [avec Baille], 1860, p. 113). Plus que jamais les créanciers hurlaient. On voyait parfois errer des huissiers jusqu'aux portes de Bradenham. Quatre candidatures, une maîtresse dépensière, un dandysme coûteux, avaient triplé les dettes de Disraëli (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 103).
[Constr. avec un compl. prép. introd. par après, contre] Ce même siècle [le dix-huitième] ne cessa de hurler (...) contre tous les philosophes qui ont commencé par les principes abstraits, au lieu de les chercher dans l'expérience (J. DE MAISTRE, Pape, 1819, p. 257). Quand te verra-t-on tonner contre l'immoralité de la littérature moderne et hurler après ces bons et pacifiques républicains? (FLAUB., Corresp., 1844, p. 157).
Faire hurler (qqn). Provoquer chez (quelqu'un) une vive réaction d'indignation, de protestation. Je sais que je vais te faire hurler. Toi, tu es, malgré le désert, l'homme de la communauté (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 219) :
5. ... la marquise de Belbeuf, née Morny, et notre admirable Colette (Willy), se montrèrent sur la scène d'un music-hall, exactement le Moulin-Rouge, dans une tenue qui effaroucha et fit hurler les mauvais bourgeois.
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 180.
Hurler à (qqc.)
Hurler à la mort. Réclamer avec véhémence la mort, l'exécution de quelqu'un. Ses journaux [de la gauche] hurlent à la mort, réclamant à grands cris le sang des mauvais patriotes (AYMÉ, Confort, 1949, p. 155).
Accuser avec véhémence de (quelque chose). Les autres hurlent à l'anarchie et veulent faire croire qu'ils m'ont pris en flagrant délit d'indiscipline révolutionnaire (BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p. 94).
C. — P. anal. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Produire un son, un bruit aigu et prolongé. La tempête hurle; une sirène hurle; les freins, le moteur d'une voiture hurle(nt). Il monta dans son auto qui commença à s'enfoncer dans la foule, à contre-courant cette fois. Le klaxon hurlait en vain (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 241). Mais les pignons de la boîte de vitesse hurlent une fois de plus et les voitures entrent dans l'ouate à plein régime (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 48) :
6. ... il n'y eut plus que le tonnerre grondant de la tempête : la pluie entêtée battait les ardoises, le vent ébranlait les fenêtres, hurlait sous les portes...
ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 833.
D. — Au fig.
1. [Le suj. est un plur. ou un équivalent] Produire un effet (violemment) discordant. Synon. jurer, gueuler (vulg.). Des couleurs qui hurlent ensemble. Il s'est trouvé de par le monde un baron de l'Empesé qui a publié l'Art de mettre sa cravate! Art et cravate, voilà de ces mots qui hurlent de se voir accouplés (BALZAC, Œuvres div., 1830, p. 49) :
7. La vérité politique (si ces deux mots ne hurlent pas d'être assemblés!) est une synthèse vivante, jamais accomplie une fois pour toutes : l'histoire va vite et tout bouge sans cesse.
MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 378.
[Constr. avec un compl. prép. introd. par avec, à côté de, auprès] [Dans les toiles académiques] des toges rouges hurlent auprès de robes bleues, sur des fonds saumâtres (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 69).
2. Littér. [Le suj. désigne l'obj. d'une représentation] Être exprimé avec violence. Ce sont tes passions qui hurlent sur tes toiles (DIERX, Poèmes, 1864, p. 21). Tout ce qui relève chez lui de l'intoxication imaginative, de l'hallucination, du caprice, est débridé, et crie et hurle (L. DAUDET, Idées esthét., 1939, p. 256).
II. — Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.]
A. — [Le compl. d'obj. désigne un affect] Exprimer par des hurlements ou des paroles incohérentes, violentes. Hurler sa colère, son désespoir, sa douleur. La porte battue d'une poutre de charron céda devant l'émeute reconstituée qui hurla son plaisir fou d'entrer par la brèche (HAMP, Champagne, 1909, p. 169). Je regarde innocemment Fouillard déchaîné qui hurle sa fureur impuissante. Tas de vaches!... Puis après tout, j'm'en colle (DORGELÈS, Croix bois, 1919, p. 64).
Au fig., littér. [Le suj. désigne un objet] Exprimer de façon très manifeste, tapageuse. Nous passons devant des affiches rouges (...) qui hurlent son nom, augmentant l'autorité de ses paroles : Londres 25 miles, Dentifrices Moss, dents éclatantes (MORAND, Rococo, 1933, p. 108). Le style « Pomone » éclatait, avec ses commodes et ses meubles d'appui en loupe de cèdre (...). Les sièges mêmes (...) hurlaient le goût de cette époque (VIALAR, Tournez, 1956, p. 47).
B. — [Le compl. d'obj. désigne (le contenu d')un message] Prononcer, proférer en criant de toutes ses forces et/ou avec véhémence. Synon. beugler (fam.), brailler (fam.), crier, gueuler (vulg.), vociférer. Hurler qqc. à tue-tête. Elle (...) se mit à rugir ce cri de rage folle Que hurle avec horreur la femme qu'on viole (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 57). Retté rentrait de la brasserie, saoul, et se mettait à hurler ses vers en se promenant furibondement d'un bout de la chambre à l'autre (GONCOURT, Journal, 1893, p. 488) :
8. ... le professeur de mathématiques dans la salle voisine, hurla quelque indication pédagogique, suivie d'un juron de sous-officier. Il était célèbre pour son débraillé, son sans-façons, ses coups de gueuloir, qu'aucune cloison n'arrêtait ni aucune circonstance.
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 103.
[Constr. avec un compl. prép. désignant le destinataire, introd. par à] « Te lèveras-tu, charogne! » (...) son défunt les lui hurlait dans l'oreille, ces quatre mots qu'elle connaissait bien (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Noyé, 1888, p. 1155).
[Introd. un discours rapporté ou en incise] — À mort! criait la foule (...). — À mort! répétait le cavalier (...). — À mort! hurlaient les moines qui, crucifix au poing, attisaient la populace. À mort! Mettons le feu! (BOREL, Champavert, 1833, p. 65). Je dis à mon matelot qui ramait doucement de s'arrêter devant la petite porte de mon ami Pol. Et je hurlai de tous mes poumons : « Pol, Pol, Pol! » (MAUPASS., Contes et nouv., Blanc et bleu, 1885, p. 1308).
[Introd. une complétive] Il a recommencé à hurler que je l'écorchais vif, et ma mère aussi, que j'étais tout son déshonneur (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 370). Sitôt qu'elle fut libre, (...) elle hurla qu'elle se confesserait quand même (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 183).
P. exagér., au fig. Tous les moujiks de la presse officieuse hurlaient que les bons patriotes ne devaient point s'inquiéter de choses dont s'accommodait la Russie (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 182).
Hurler de + inf. Hurler à un couvreur de s'attacher (CAPUT 1969).
Prononc. et Orth. : [] init. asp., (il) hurle []. Att. ds Ac. dep. 1694. Vx heurler encore ds FÉR. 1768 comme variante. Étymol. et Hist. Ca 1385 (E. DESCHAMPS, Miroir de Mariage, 10614 ds éd. G. Raynaud, IX, 342 : Il faut hurler avec les leux). Du b. lat. (dissimilation du class. « hurler [chiens, loups; personnes], vociférer; appeler par des hurlements ») avec changement de tonique en peut-être pour maintenir le caractère onomat. du mot, v. MEYER-LÜBKE ds Z. rom. Philol. t. 22, p. 6; le h- expiratoire est également d'orig. expressive. De , l'a. fr. (h)ul(l)er (1178 [ms. de Cangé, fin XIIIe s.] Renart, éd. M. Roques, 3487, 3696); étant donné qu'une dissimilation l - l > s - l serait inhabituelle, la forme a.fr. usler (ca 1175 B. DE STE-MAURE, Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 18342) se rattache prob. à uller, s étant purement graphique. Cf. FEW t. 14, p. 15a. Fréq. abs. littér. : 1 671. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 926, b) 2 540; XXe s. : a) 3 717, b) 2 718.

hurler ['yʀle] v.
ÉTYM. V. 1385; usler, uller, XIIe; du lat. ululare (→ Hululer), devenu en bas lat. urulare par dissimilation, le h est d'origine expressive.
———
I V. intr.
1 (Animaux). Pousser des cris aigus et prolongés (en parlant du chien, du loup…). Aboyer; → Chien, cit. 9; foyer, cit. 1. || Loup, chien qui hurle à la lune. || Chien blessé qui se sauve en hurlant (→ Griffon, cit. 3). || Hurler à la mort.
1 Les maigres chiens, vaguant par la nuit en tourmente,
Qui flairent tous les seuils de la cité dormante
Et hurlent, comme ils font à la piste des morts.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Les deux glaives ».
2 Les chiens hurlent à la lune d'une façon lamentable (…)
Loti, Aziyadé, « Eyoub à deux », XXVI.
3 Pyrame (le chien) hurle à plat ventre, le nez bas, par peur des coups, et on dirait que, rageur, la gueule heurtant le paillasson, il casse sa voix en éclats.
J. Renard, Poil de Carotte, p. 8.
(Fin XIVe). Loc. fig. Hurler avec les loups : faire comme ceux avec qui l'on se trouve, se conformer à leurs opinions, à leurs attitudes. || « On apprend à hurler, dit l'autre (cit. 74), avec les loups » (Racine).
4 On dit qu'avec les loups, Bourdin, il faut hurler,
Et se former aux mœurs des hommes que l'on hante (…)
Ronsard, Pièces retranchées, « À Monsieur Bourdin ».
5 Comme on apprend à hurler avec les loups, malgré la terrible vie que ces bandits menaient, je ne laissai pas de m'accoutumer à vivre avec eux.
A. R. Lesage, Guzman d'Alfarache, IV, 9.
6 On sentait qu'il encourageait notre amour, en tant que divertissement, mais qu'il hurlerait avec les loups le jour d'un scandale.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 152.
7 Je n'ai aucunement l'idolâtrie du succès. Au contraire. Hurler avec les loups ? Voler au secours de la victoire ? Rien qui me ressemble moins. J'aurais plutôt l'esprit de contradiction. Je descends d'ancêtres non conformistes.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 24.
2 (Sujet n. de personne). Pousser des cris prolongés et violents (sous l'effet de la douleur, de la colère). Crier. || Hurler de rage, de colère. || Hurler de douleur, de peur, de terreur, d'effroi (→ Ensanglanté, cit. 2; épouvante, cit. 5). || Enfant qui hurle (→ Gifle, cit. 2).Voix qui hurle (→ Essaim, cit. 7).
8 Parfois, l'aiguillon des désirs charnels les déchirait (les ascètes) si cruellement qu'ils en hurlaient de douleur et que leurs lamentations répondaient sous le ciel plein d'étoiles, aux miaulements des hyènes affamées.
France, Thaïs, Le lotus.
9 Elle hurla comme une bête qui ne peut rien faire d'autre pour exprimer sa douleur.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 240.
10 On a d'abord entendu une voix aiguë de femme (…) Quelques bruits sourds et la femme a hurlé, mais de si terrible façon qu'immédiatement le palier s'est empli de monde.
Camus, l'Étranger, p. 56.
Hurler (d'indignation) : protester violemment. — ☑ Loc. À hurler : qui incite à hurler d'indignation. || C'est d'une laideur à hurler ! || Quelle horreur, cette musique : c'est à hurler ! Horrible.
Loc. fam. Hurler de rire : rire bruyamment, intensément. || C'était à hurler de rire.
3 (Mil. XVIIe). Parler, crier, chanter de toutes ses forces. Crier (cit. 7); beugler, brailler, gueuler (fam.), vociférer. || Hurler et gesticuler (cit. 2). || Guide (cit. 3) qui hurle dans un porte-voix. || Il ne peut pas parler sans hurler. || Ce n'est pas la peine de hurler, j'entends. || Arrête de hurler ! || Hurler comme un sourd. || Foule qui hurle (→ Coudoyer, cit. 5).
11 Ce fiacre, devenu démesuré par son chargement, a un air de conquête (…) On y vocifère, on y vocalise, on y hurle, on y éclate, on s'y tord de bonheur (…)
Hugo, les Misérables, V, VI, I.
4 (1672). Choses. Produire un son, un bruit semblable à un hurlement. || Machines, freins (cit. 12) qui hurlent. || Sirène, avertisseur qui hurle. || Le vent qui hurle dans la cheminée. || L'ouragan, la tempête hurle.
12 (…) l'eau s'engage
Et déferle en hurlant le long du bastingage (…)
Hugo, la Légende des siècles, LVIII, « Vingtième siècle », I.
13 Dehors le vent hurle sans trêve (…)
Verlaine, Parallèlement, « Mains ».
14 Novembre hurle, ainsi qu'un loup.
Verhaeren, les Campagnes hallucinées, « Les plaines », p. 19.
15 (…) voici Tchataldja où, l'hiver dernier, la mort hurlait, furieuse, dans le vent glacé et les rafales de neige.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 193.
16 Bientôt une agitation inaccoutumée emplit tout le bateau. La sirène se met à hurler longuement, avec insistance, comme pour appeler à l'aide ou signaler un danger invisible.
Louis Bertrand, le Livre de la Méditerranée, p. 168.
5 (1778, Voltaire). Fig. (Sujet n. de chose). || Hurler de se trouver ensemble (→ Accoupler, cit. 3; façon, cit. 33), et, absolt, hurler : produire un effet violemment discordant, en parlant de deux ou plusieurs choses incompatibles. Jurer; discordant, disparate. || Couleurs qui hurlent.
———
II V. tr.
1 Exprimer par des hurlements. Crier (II.). || Hurler sa douleur, sa colère.
17 (…) un petit monde de souffrants qui hurlaient leur douleur (Zola, Dr Pascal, 123).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 312.
2 (Mil. XVIe, Du Bellay). Dire, prononcer avec emportement, fureur…, en criant très fort. Clamer; beugler (cit. 4). || Hurler des injures ( Injurier), des menaces à qqn. || Forain qui hurle son boniment. || Cocher qui hurle : « Hue ! » (→ Fouailler, cit. 3). || Acteur qui hurle son rôle. || Hurler une chanson, un refrain (→ Frigo, cit. 1). || Hurler un mot, une phrase.Dire en hurlant. || Viens ! hurla-t-il. || Il lui hurla qu'il ne voulait plus le voir chez lui.
18 Mme de Roquelaure (…) dès la porte se met à hurler les reproches les plus amers.
Saint-Simon, Mémoires, II, LXII.
19 Il le hurla, ce « jamais », les doigts allongés dans le vide, avec l'ample geste tragique d'un conspirateur d'opéra qui jure la mort du tyran.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, III, III.
20 Les tramways suivants ont ramené les joueurs que j'ai reconnus à leurs petites valises. Ils hurlaient et chantaient à pleins poumons que leur club ne périrait pas.
Camus, l'Étranger, II, p. 37.
DÉR. Hurlade, hurlant, hurlée, hurlement, hurleur.

Encyclopédie Universelle. 2012.