inspirer [ ɛ̃spire ] v. <conjug. : 1>
• espirer 1150; lat. inspirare, de spirare « souffler »
I ♦ V. tr.
1 ♦ Animer d'un souffle, d'un élan divin. Apollon inspirait la Pythie.
2 ♦ Donner l'inspiration, le souffle créateur à (dans l'art, les activités intellectuelles). « quelques lueurs, qui sont les moments où l'artiste a été inspiré » (E. Delacroix).
♢ Être cause et sujet d'inspiration pour. Les paysages de Provence ont beaucoup inspiré Cézanne. « Inspirez-nous des vers, mais ne les jugez pas » (Ed. Rostand).
♢ Fam. Plaire, tenter. Cette promenade ne m'inspire pas, ne me dit rien.
3 ♦ Faire naître en suscitant (un sentiment, une idée, un dessein). ⇒ donner, imprimer, insuffler, suggérer. Inspirer à qqn l'horreur de qqch. Les intentions qui inspirent un acte. ⇒ commander, déterminer, dicter, provoquer. — Par ext. Inspirer qqn, déterminer son comportement par des conseils. ⇒ conduire, 1. conseiller, diriger.
4 ♦ Littér. Être l'instigateur de (qqch.). Un premier attentat « fut inspiré par Henri de Guise » (Bainville).
5 ♦ Être la cause et l'objet (de sentiments, pour qqn). ⇒ donner. Inspirer de l'amour à une personne. Je me méfie de lui, il ne m'inspire pas confiance. « L'état du patient inspirait les plus pressantes inquiétudes » (Duhamel). Ça ne m'inspire rien de bon, je me méfie.
II ♦ S'INSPIRER v. pron. (1829) S'inspirer de : prendre, emprunter des idées, des éléments à. Le romancier s'est inspiré d'une légende populaire. « leurs petites robes très courtes, inspirées des modes européennes » (Mac Orlan). ⇒ imiter.
III ♦
1 ♦ V. tr. Souffler dans. ⇒ insuffler.
2 ♦ V. intr. Faire entrer l'air dans ses poumons. La respiration consiste à inspirer et à expirer. Inspirez ! soufflez. ⇒ aspirer.
● inspirer verbe transitif (latin inspirare) Créer chez quelqu'un, en particulier chez un artiste, un état privilégié qui lui favorise la création, l'imagination, l'invention : Paris inspire de nombreux poètes. Intéresser et donner l'occasion à quelqu'un, à son imagination, à ses capacités intellectuelles de s'exercer facilement : Le sujet de l'examen ne m'inspirait pas. Influencer, guider, dicter l'action de quelqu'un, être à son origine : C'est la peur qui m'a inspiré cette démarche. Susciter, provoquer, faire naître chez quelqu'un un sentiment : Inspirer à ses enfants le goût de la lecture. Inspirer le respect. Familier. Tenter : Ce rendez-vous n'a pas l'air de l'inspirer. ● inspirer (citations) verbe transitif (latin inspirare) Eugène Grindel, dit Paul Eluard Saint-Denis 1895-Charenton-le-Pont 1952 Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Ralentir Travaux, Préface Éditions surréalistes Commentaire En collaboration avec André Breton et René Char. ● inspirer (synonymes) verbe transitif (latin inspirare) Influencer, guider, dicter l'action de quelqu'un, être à son origine
Synonymes :
- agir sur
- infléchir
- infuser
- souffler
- susciter
Susciter, provoquer, faire naître chez quelqu'un un sentiment
Synonymes :
- allumer
- faire naître
- forcer
- imposer
● inspirer
verbe transitif
(de inspirer)
Faire pénétrer l'air ou un gaz dans les poumons.
● inspirer (synonymes)
verbe transitif
(de inspirer)
Faire pénétrer l'air ou un gaz dans les poumons.
Synonymes :
- aspirer
- respirer
Contraires :
- expirer
inspirer
v.
rI./r v. tr. ou intr. Faire entrer (l'air) dans ses poumons.
rII./r v. tr.
d1./d Faire naître (une pensée, un sentiment, un comportement) chez qqn. Inspirer de l'amour.
d2./d éveiller, stimuler les facultés créatrices de (qqn). La nature inspire les poètes.
d3./d Communiquer l'inspiration (sens II, 4) à. Dieu a inspiré les prophètes.
rIII/r v. Pron. Prendre comme modèle. Auteur qui s'est inspiré de la littérature orale.
⇒INSPIRER, verbe trans.
I. A. — Domaine relig.
1. [Le suj. désigne Dieu ou une divinité] Animer, éclairer, conduire par une action surnaturelle sur l'intelligence et la volonté. Écrivez lentement; parlez à Dieu que vous savez présent; écrivez ce que vous lui dites; priez-le de vous inspirer, de vous dicter ses volontés; de vous mouvoir de ces mouvements intérieurs, purs, délicats et simples, qui sont sa touche, qui sont sa voix (DUPANLOUP, Journal, 1851, p. 138). Les écrivains du temps sont des légistes que l'esprit des dieux inspire quand ils psalmodient, en prose rythmée, les versets de la sainte loi (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 22).
2. P. anal. et fam. Être bien/mal inspiré (de). Avoir la bonne/mauvaise idée (de). Déjà je faisais comprendre par un signe à mon ami que nous serions bien inspirés de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait évidemment à entrer dans cette auberge, se glissa sous l'épaule de l'homme et fut dans la salle (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 48) :
• 1. Si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans votre erreur pour lui imposer une république de parti et un pavillon de terreur, le gouvernement, je le sais, est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant.
Recueils textes hist., 1848-49, p. 282.
B. — Domaine littér. ou artist.
1. Inspirer qqn. Donner, communiquer à un poète, à un artiste, l'inspiration, l'impulsion créatrice. Je finis maintenant le siège de Carthage et je vais arriver à la grillade des moutards. Ô Bandolle, toi qui les noyais dans l'étang, inspire-moi! (FLAUB., Corresp., 1861, p. 273). Je demeure anxieux devant la page blanche, (...) Et le cœur tout rempli d'un singulier émoi, Je dis : « Du haut du ciel, ma tante, inspire-moi! » (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 274) :
• 2. ... Hamann rend au mot génie toute sa portée : le démon socratique, le génie qui inspire Homère ou Shakespeare, c'est en vain qu'on a voulu le définir par telle ou telle combinaison de facultés : il est indéfinissable, rebelle à toute explication rationnelle.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 53.
2. Inspirer qqc. à qqn. Conduire à une œuvre, à un thème en éveillant l'inspiration. Vous avez, à ce qu'il paraît, la plus jolie Marguerite qu'il y ait, elle vous inspire une poésie exquise et vraie qui remplit vos lettres (HUGO, Corresp., 1862, p. 426). Sa grâce ironique, sa franchise d'expression devraient lui inspirer des sujets nouveaux (Arts et litt., 1936, p. 34-7). On m'a cité le cas d'un couple qui n'eût pas manqué d'inspirer à Maupassant une de ces nouvelles courtes et sombres dont il avait le secret (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 213).
3. Emploi pronom. [Le suj. désigne un artiste, une œuvre] Tirer son inspiration de, emprunter des idées, des thèmes à. S'inspirer des anciens. Mais nous insistons sur la composition littéraire, dont le musicien a le devoir de s'inspirer (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 115) :
• 3. L'ensemble de la composition se plie aux mêmes directives : en bas, elle se dispose sur le sol et y range la foule des personnages terrestres; en haut, elle s'inspire de l'arc de la bordure, qui semble se concentrer dans le demi-cercle enveloppant le Christ, la Vierge et saint Jean.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 224.
C. — Domaine psychol.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne la pers. ou le comportement de la pers. concernée]
a) [Le compl d'obj. dir. désigne la pers. concernée]
) [Le suj. désigne une pers.] Exercer une action, une influence sur quelqu'un. La mort du jeune duc de Bourgogne avait dispersé un petit groupe, qu'inspiraient Fénelon, Saint-Simon, Boulainvilliers (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 261).
♦ Emploi pronom. Pour comprendre l'esprit et le rôle du Kronprinz, il faut savoir de quelles gens il s'entoure et s'inspire (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 244).
) [Le suj. désigne un mobile] Faire agir, diriger quelqu'un. J'écouterai mon zèle, il saura m'inspirer (LEGOUVÉ, Mort Henri IV, 1806, III, 4, p. 383). La ruse délicate de la femme l'inspirait donc mieux que n'eût pu le faire un habile conseil (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 90).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne le comportement de la pers. concernée] Suggérer l'attitude, le comportement, les décisions de quelqu'un. Ne cherchez pas à ruser, à biaiser avec ce sentiment humiliant de la supériorité d'autrui. Regardez-le sans rougir. Convenez même qu'il inspire votre conduite (BERNANOS, Joie, 1929, p. 640). Malgré des siècles d'enseignement économique, nos représentations courantes qui inspirent nos décisions d'action sont grossières et inadéquates (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 132).
2. [Le compl. second. désigne ou peut désigner la pers. concernée]
a) [Le suj. désigne un être vivant]
) [L'obj. dir. désigne un acte, un sentiment] Susciter, faire naître. S'il pouvait inspirer l'amour de ces cultures à quelques naturels du pays, (...) il remplirait (...) le but de bienfaisance que l'on espère de sa mission (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 210). Irez-vous (...) lui inspirer le désir d'égorger son semblable? Le rabaisserez-vous au-dessous de la brute? (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 340).
♦ Vieilli. Inspirer de + inf. Donner l'idée, le goût de. C'est moi qui t'inspirai d'aimer ces vieux piliers (HUGO, Odes et ball., 1828, p. 405).
) [L'obj. dir. désigne un sentiment qui concerne le suj.] Éveiller chez quelqu'un des sentiments dont on est l'objet. Soupçonner qu'un rival est aimé est déjà bien cruel, mais se voir avouer en détail l'amour qu'il inspire par la femme qu'on adore est sans doute le comble des douleurs (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 350). Malgré leur misère et l'espèce d'aversion qu'ils inspirent les bohémiens jouissent cependant d'une certaine considération parmi les gens peu éclairés, et ils en sont très vains (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 79). L'oncle Adolphe m'inspire cette admiration qu'il inspire en général à tout le monde (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 161).
♦ Emploi pronom. réciproque. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu'auront su s'inspirer réciproquement les colosses (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 205).
b) [Le suj. désigne la cause, le mobile d'un acte, d'un sentiment] Provoquer, susciter. Mathilde ne pense point que l'amour inspirera un tel dessein au prince (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 305). Une inquiétude d'anciens peuples migrateurs leur inspirait [aux Bédouins] chaque année la nostalgie du désert et les poussait hors des murs des villes pour des razzias profitables (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 170) :
• 4. ... je me garderai bien d'insinuer que l'attachement des femmes allemandes à leurs amants français ne leur fût dicté que par l'intérêt. Il fallait qu'il y eût un élan supérieur chez quelques-unes, je le dis tout net, pour leur inspirer la hardiesse inconcevable dont elles témoignèrent.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 206.
♦ Inspirer de + inf. Pousser quelqu'un à. Bel obstacle que l'ignorance, lorsqu'un sang généreux, à chaque battement du cœur, inspire de tout sacrifier à ce qu'on ne connaît pas! (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 68) :
• 5. Notre régulateur entre ces deux passions opposées est dans notre propre cœur : c'est le sentiment combiné de l'humanité et de la divinité; c'est lui qui nous inspire de faire à autrui ce que nous voudrions qu'on nous fît.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 313.
♦ Emploi pronom. Une curiosité aussi gratuite n'est sans doute que dérèglement d'esprit. La vôtre s'inspire de mobiles surnaturels (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1466).
II. — PHYSIOLOGIE
A. — Insuffler, faire pénétrer de l'air dans les poumons de quelqu'un. (Dict. XIXe et XXe s.). Inspirer de l'air dans les poumons d'un noyé, d'un enfant nouveau-né (Ac.).
B. — Faire entrer de l'air dans ses poumons. Le professeur Gréhaut a trouvé que, dans l'air expiré, l'air qui avait été préalablement inspiré par sa bouche, n'avait qu'une température de 33o9 (BARATOUX, La Voix, 1912, p. 15).
— Absol. Pour inspirer facilement (...) abaissez le diaphragme sans secousse et soulevez la poitrine par un mouvement lent et régulier (GARCIA, Art chant, 1840, p. 10).
REM. 1. Inspirant, -ante, adj. [Correspond à I B (supra)] Qui inspire. Créature inspirante. Éveille-toi, ma harpe! et que ta mélodie Descende avec la paix dans mon ame engourdie. Ne me refuse pas tes accords inspirants (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 179). Se résigner au terre à terre, au petit trantran quotidien, se réduire, se diminuer sans fin et sans terme : comme c'est gai et inspirant! (AMIEL, Journal, 1866, p. 280). 2. Inspiratif, -ive, adj., synon. de inspirant. L'image n'est plus descriptive, elle est résolument inspirative (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 63).
Prononc. et Orth. : [], (il) inspire []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin XIIe s. enspirer « animer (l'homme en lui conférant une âme par son souffle, en parlant de Dieu) » (Sermons St Bernard, 63, 31 ds T.-L.); b) 1530 estre inspiré du Sainct Esprit (PALSGR., p. 591); 1756 subst. l'inspirée « personne qui agit sous l'influence d'une inspiration mystique, etc. » (VOLTAIRE, Mœurs, Proph. ds LITTRÉ); c) 1690 estre bien inspiré (FUR.); 2. a) fin du XIVe s. inspirer « insuffler, suggérer » (J. CUVELIER, Chronique de Bertrand Du Guesclin, éd. E. Charrière, 21337); b) 1536 inspirer qqn de « pousser à faire quelque chose » (ROGER DE COLLERYE, Œuvres, 168 ds IGLF); c) 1636 inspirer qqc. à qqn « suggérer une pensée, une action » (MONET); 3. 1553 « faire naître (dans le poète, dans l'artiste) l'enthousiasme créateur » (O. DE MAGNY, Amours, éd. E. Courbet, p. 47); 4. 1604 « faire naître dans l'esprit un sentiment » (A. DE MONTCHRESTIEN, Les Lacenes ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 166). B. Physiol. a) XVe s. [date du ms.] « aspirer, faire entrer l'air dans les poumons » (EVRART DE CONTY, Probl. d'Arist., BN 210, f° 166d ds GDF.); b) 1798 inspirer de l'air dans les poumons d'un noyé (Ac.). Du lat. inspirare « souffler dans, communiquer, insuffler, inspirer », cf. l'a. fr. espirer empr. du lat. spirare avec évolution phonét. normale. La forme enspirer est peut-être issue de espirer avec substitution de préf. (FEW t. 4, p. 720). Fréq. abs. littér. : 4 273. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 10 176, b) 4 580; XXe s. : a) 3 852, b) 4 718.
inspirer [ɛ̃spiʀe] v.
ÉTYM. 1150, espirer; lat. inspirare, de in-, et spirare « souffler ».
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I V. tr.
1 Animer d'un souffle, d'un élan divin. || Dieu, Yahweh inspira les prophètes. || Apollon inspirait la Pythie. — (Passif et p. p.). || Le philosophe ne se dit point inspiré des dieux (→ Enthousiaste, cit. 1).
♦ Absolument :
1 L'Église enseigne et Dieu inspire, l'un et l'autre infailliblement. L'opération de l'Église ne sert qu'à préparer à la grâce ou à la condamnation; ce qu'elle fait suffit pour condamner, non pour inspirer.
Pascal, Pensées, XIV, 881.
2 (Mil. XVIIe). Donner l'inspiration, le souffle créateur à (qqn), dans l'art, les activités intellectuelles (⇒ Inspiration, I., 3.). || Les poètes disent qu'Apollon, que les Muses les inspirent (Académie). || Le génie qui l'inspirait (→ Enfler, cit. 1).
2 Il faut, dans les arts, se contenter, dans les ouvrages même les meilleurs, de quelques lueurs, qui sont les moments où l'artiste a été inspiré.
E. Delacroix, Journal, 21 avr. 1853.
3 (…) cette flamme divine, ce souffle indéfinissable qui inspire la science, la littérature et l'art, nous l'avons trouvé en vous, Monsieur, c'est le génie.
Renan, Disc. de réception de Pasteur à l'Acad., 27 avr. 1882, Œuvres, t. I, p. 760.
♦ (Sujet n. de personne ou de chose). Être cause et sujet d'inspiration. || Inspirer un poète. — Absolt. || « Inspirez mais n'écrivez (cit. 35) pas » (Écouchard-Lebrun). || Les paysages de Provence ont beaucoup inspiré ce peintre. — (Avec un compl. d'objet désignant ce que produit l'inspiration). || « Inspirez-nous des vers, mais ne les jugez pas » (Rostand; → Échanson, cit. 4). || L'amitié a inspiré très peu de belles pages (→ Engagement, cit. 10).
4 Il paraît que tu ne comprends
Pas les vers que je te soupire,
Soit ! et cette fois je me rends !
Tu les inspires, c'est bien pire.
Verlaine, Dans les limbes, XI.
♦ Fam. Plaire. || Cette promenade ne m'inspire pas, ne me dit rien. || Aller au cinéma, ça ne m'inspire pas aujourd'hui.
3 (1636). Produire chez quelqu'un (un élément psychique). — (Au sens actif). Faire naître en suscitant (un sentiment, une idée, un dessein…). ⇒ Donner, imprimer, insuffler, suggérer. || Inspirer à qqn l'horreur de qqch., une sorte de crainte pour qqch. (→ Assonance, cit. 2; inceste, cit. 2); lui inspirer le respect des devoirs (→ 1. Grave, cit. 11), le goût de la poésie (→ Huile, cit. 32). || Inspirer la méfiance (cit. 3). || Inspirer du courage à qqn. ⇒ Encourager. — Vx. || Inspirer à qqn de faire une chose. ⇒ Persuader. — Inspirer aux autres ce qui nous plaît (→ Éloquence, cit. 4). — (Sujet n. de chose). ⇒ Commander, déterminer, dicter, imposer, provoquer. || Les intentions qui inspirent un acte (→ Incliner, cit. 26). || Les précautions que doit inspirer la prudence (→ Faute, cit. 26). || La haine (cit. 4) inspire la vengeance. — (Passif et p. p.). || Propos inspirés par la mode (→ Coquetterie, cit. 2); considérations inspirées par l'idéalisme (cit. 6).
5 (…) il est sage d'éclairer un convalescent sur les dangers qu'il a courus, pour lui inspirer la prudence dont il a besoin (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXXVI.
6 Si l'amour vous dominait au point de vous inspirer ces fureurs, malgré leur déraison, je les excuserais (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 16.
♦ Par ext. || Inspirer qqn, déterminer son comportement par des conseils. ⇒ Conduire, conseiller, diriger. || C'est son ministre des finances qui l'inspire. — (Sujet n. de chose). ⇒ Animer. || C'est la pitié qui l'inspire.
7 Le voici. Vous verrez si c'est moi qui l'inspire.
Racine, Britannicus, V, 5.
8 Il est vraisemblable qu'un premier attentat dirigé contre Coligny, qui fut seulement blessé, fut inspiré par Henri de Guise en représailles du meurtre de son père.
J. Bainville, Hist. de France, IX, p. 167.
5 (1604). Être la cause et l'objet (des sentiments de qqn). ⇒ Donner. — (Sujet n. de personne). || Inspirer un sentiment, inspirer de l'amour à qqn (→ Assiduité, cit. 6; déraisonnable, cit. 3; énergie, cit. 6; épousailles, cit. 2; éprouver, cit. 25). || Inspirer une passion à qqn (→ Élastique, cit. 4; imprescriptible, cit. 2). || Personne qui inspire l'admiration (→ Basoche, cit. 1), le respect (→ Affection, cit. 9), le désir, la crainte, la terreur, de la curiosité (→ Centre, cit. 13; héroïque, cit. 2). || Il, elle inspire de la compassion, de la jalousie (→ Haut, cit. 60), de la haine (cit. 21). — ☑ Loc. Inspirer confiance. || Je me méfie de lui, il ne m'inspire pas confiance. — (Sujet n. de chose). → Bourrelet, cit. 3; efficacité, cit. 1; exclusif, cit. 10; goût, cit. 48. || Une bouche qui inspire des désirs (→ Attrayant, cit. 2). || Sa santé m'inspire de sérieuses inquiétudes. — (Passif et p. p.). || L'horreur inspirée par un meurtre (→ Forteresse, cit. 2).
9 Sait-il toute l'horreur que ce Juif vous inspire ?
Racine, Esther, III, 1.
10 (…) ils échangèrent l'aveu de la grande pitié que leur inspirait le monde où ils vivaient.
France, l'Orme du mail, VII, Œuvres, t. XI, p. 70.
11 (…) l'état du patient inspirait les plus pressantes inquiétudes.
G. Duhamel, Salavin, VI, XXX.
12 Si les gars, après enquête, m'inspirent confiance, je dois me montrer beau joueur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VII, p. 63.
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II
1 V. tr. (XVe). Souffler dans. ⇒ Insuffler. || Inspirer de l'air dans les poumons d'un noyé. ⇒ Introduire.
2 V. intr. (1798). Faire entrer l'air dans ses poumons. || L'acte de la respiration consiste à inspirer et à expirer. ⇒ Aspirer.
——————
s'inspirer v. pron.
ÉTYM. (1829).
1 S'inspirer de… : prendre, emprunter des idées, des éléments à… || Écrivain qui s'inspire des auteurs anciens. ⇒ Imiter. || Chorégraphe (cit.) qui s'inspire d'une œuvre littéraire. (Choses). || Mode qui s'inspire de l'étranger.
13 (…) ses peintres, au lieu d'aller copier des modèles d'Italie, voudront regarder autour d'eux et s'inspirer de la nature et des types si variés et si caractéristiques de cet immense empire (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, p. 313.
14 Une ceinture marocaine de cuir jaune (…) serrait à la taille leurs petites robes très courtes, inspirées des modes européennes.
P. Mac Orlan, la Bandera, VII.
2 Rare. (Réfl.). || S'inspirer (un sentiment) à soi-même :
14.1 Cette envie de vivre à l'hôtel n'avait rien à voir avec les sentiments que Sara avait pour Jacques, mais seulement avec ceux que personnellement elle s'inspirait, elle et la vie, depuis quelques années.
M. Duras, les Petits Chevaux de Tarquinia, p. 65.
——————
inspiré, ée p. p. adj.
1 Animé par l'inspiration, souffle divin ou créateur. || Prophète inspiré. || L'Église est divinement inspirée (→ Cantonner, cit. 4). || Livres inspirés. || Rêverie, causerie inspirée (→ Fanatique, cit. 1; illuminer, cit. 24).
15 Livres inspirés suivant la foi chrétienne, c'est-à-dire dont les auteurs ont reçu une impulsion surnaturelle et ont été assistés pendant qu'ils écrivaient, « de telle sorte qu'ils concevaient exactement, voulaient rapporter fidèlement et exprimaient avec une vérité infaillible tout ce que Dieu leur ordonnait et seulement ce qu'il leur ordonnait d'écrire ».
Daniel-Rops, Jésus en son temps, Introd., p. 37.
♦ N. || Un, une inspirée. ⇒ Illuminé, mystique (→ Enfant, cit. 5).
16 Abraham, Jacob, ces inspirés, ne sont-ils pas exactement des mystiques ?
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 57.
♦ (Dans l'ordre artistique, intellectuel). || Écrivain, artiste, génie inspiré (→ Élever, cit. 18). — (Choses). Qui indique l'état d'un artiste inspiré. || Air inspiré (souvent iron.). || Regards inspirés. — Œuvre inspirée, mouvement inspiré (→ Épithalame, cit. 2).
17 Poète, sans chercher l'effet poétique, mais qui le trouve toujours direct et le plus simple, par la nervosité du trait, la pulsation de son débit, inspiré, exaltant, lyrique.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 400.
2 ☑ (1690). Bien inspiré, mal inspiré : qui a une bonne, une mauvaise idée (pour agir). ⇒ Avisé. || Il a été bien inspiré de vendre ses actions.
3 Passif et p. p. || Inspiré de… || Mode inspirée de l'étranger. → ci-dessus, S'inspirer, cit. 14.
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CONTR. (Du sens II) Expirer.
DÉR. Inspirant.
COMP. (Du sens II) Inspiromètre.
Encyclopédie Universelle. 2012.