méchanceté [ meʃɑ̃ste ] n. f.
• 1380; de l'a. fr. mescheance
I ♦ Vx Caractère de ce qui est méchant (I), médiocre.
II ♦ (1596; de méchant, II) Mod.
1 ♦ Caractère, comportement d'une personne méchante. ⇒ cruauté, dureté, malignité, malveillance. C'est de la pure méchanceté. Agir avec, par, sans méchanceté. La nature a laissé « dans les meilleurs d'entre les hommes un petit fonds de méchanceté » (Bergson). « La méchanceté humaine, qui est grande, se compose, pour une large part, de jalousie et de crainte » (Maurois). — Par ext. Méchanceté d'un regard. La méchanceté d'un procédé. ⇒ indignité, noirceur. Méchanceté d'une allusion, d'une repartie.
2 ♦ Une méchanceté : parole ou action par laquelle s'exerce la méchanceté. ⇒ rosserie, fam. vacherie, vilenie (cf. aussi Un mauvais, vilain, sale tour). Une méchanceté gratuite. Dire des méchancetés. Faire une méchanceté à qqn. ⇒ 2. crasse, fam. saloperie.
⊗ CONTR. Bienveillance, bonté, gentillesse, humanité.
● méchanceté nom féminin (ancien français mescheance) Caractère de quelqu'un de méchant, volonté de nuire, de faire du mal : Agir par pure méchanceté. Caractère méchant, malveillant d'un acte, d'un propos : J'ai été surpris par la méchanceté de sa remarque. Action, parole méchante : Faire des méchancetés. ● méchanceté (citations) nom féminin (ancien français mescheance) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Je hais sottise encore plus que méchanceté ; mais réellement je ne crois ni à l'une ni à l'autre. Propos de littérature Gallimard Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La méchanceté combinée avec l'intérêt personnel équivaut à beaucoup d'esprit. Les Employés Henry Becque Paris 1837-Paris 1899 La morale est peut-être la forme la plus cruelle de la méchanceté. Notes d'album G. Crès Léon Bloy Périgueux 1846-Bourg-la-Reine 1917 Je me suis demandé souvent quelle pouvait être la différence entre la charité de tant de chrétiens et la méchanceté des démons. Le Sang du pauvre Stock Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Un sot sera plus souvent un méchant qu'un homme d'esprit. Le Neveu de Rameau Joseph Arthur, comte de Gobineau Ville-d'Avray 1816-Turin 1882 Gloire à Dieu qui a voulu, pour des raisons que nous ne connaissons pas, que la méchanceté et la bêtise conduisent l'univers ! Nouvelles asiatiques Jean Grenier Paris 1898-Dreux 1971 La méchanceté ne consiste pas à faire le mal mais à mal faire. L'Existence malheureuse Gallimard François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Nul ne mérite d'être loué de bonté s'il n'a pas la force d'être méchant. Maximes Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Moi, si cela avait pu dépendre de ma volonté, j'aurais voulu être plutôt le fils de la femelle du requin, dont la faim est amie des tempêtes, et du tigre, à la cruauté reconnue : je ne serais pas si méchant. Chants de Maldoror Henri René Lenormand Paris 1882-Paris 1951 Vous autres les femmes, vous cherchez toujours des causes à la méchanceté. C'est une façon détournée de la justifier. À l'ombre du mal Crès Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Un grand seigneur méchant homme est une terrible chose. Dom Juan, I, 1, Sganarelle Henri de Régnier Honfleur 1864-Paris 1936 Académie française, 1911 La perfidie est la forme de méchanceté des délicats. « Donc… » Kra Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Toute méchanceté vient de faiblesse. Émile ou De l'éducation Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Il n'y a d'autre enfer pour l'homme que la bêtise ou la méchanceté de ses semblables. Juliette Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. La méchanceté boit elle-même la plus grande partie de son venin. Malitia ipsa maximam partem veneni sui bibit. Lettres à Lucilius, LXXXI Commentaire Mot attribué par Sénèque au stoïcien Attale, son maître (Attalus noster). ● méchanceté (synonymes) nom féminin (ancien français mescheance) Caractère de quelqu'un de méchant, volonté de nuire, de faire...
Synonymes :
- cruauté
- dureté
- noirceur
- scélératesse (littéraire)
Contraires :
- bonté
Caractère méchant, malveillant d'un acte, d'un propos
Synonymes :
- malignité
- perversité
Contraires :
- amabilité
Action, parole méchante
Synonymes :
- crasse (familier)
- entourloupe (familier)
- entourloupette (familier)
- misère (familier)
- rosserie (familier)
- saleté (familier)
- vacherie (populaire)
- vilenie
méchanceté
n. f.
d1./d Penchant à faire du mal.
d2./d Action, parole méchante. Syn. (Réunion) malice.
⇒MÉCHANCETÉ, subst. fém.
[Correspond à méchant B]
A. — Caractère, comportement d'une personne méchante, encline à faire du mal à autrui. Synon. cruauté, malveillance, mauvaiseté (rare); anton. bonté, débonnaireté (rare), gentillesse. Dans les hommes du midi, la méchanceté s'évapore en paroles et en pensées. Moins subtile et plus grave chez ceux du nord, elle ne peut se contenter que par des actes (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.386). C'était une grosse femme, d'un âge assez mûr, sans méchanceté et sans bonté, grandement insignifiante (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p.39):
• 1. Pour se venger, car elle avait la méchanceté chevillée dans le corps, tout ce que Dorothée put imaginer, ce fut de faire choix et élection à certaines fins du devant de porte de Barthélémy.
POURRAT, Gaspard, 1922, p.184.
SYNT. Agir avec, par, sans méchanceté; méchanceté cachée, diabolique, froide, habituelle, profonde, raffinée; la méchanceté des hommes, du monde.
♦Par personnification. Je découvris dans l'humanité, en nageant vers les bas-fonds, en face de l'écueil de la haine, la méchanceté noire et hideuse, qui croupissait au milieu de miasmes délétères, en s'admirant le nombril (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.194).
— P. méton. [en parlant de l'attitude physique, intellectuelle ou morale d'une pers.] Caractère de ce qui manifeste une attitude méchante. Synon. dureté, malignité. La méchanceté d'un regard, d'un visage; la méchanceté d'un écrit, d'une parole, d'une réponse. Les critiques étrangers ont remarqué qu'il y a toujours un fond de méchanceté dans les plaisanteries les plus gaies de Candide et de Zadig (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t.1, 1823, p.32). Un sourire d'une méchanceté diabolique crispait les coins de sa bouche, il rayonnait de férocité satisfaite (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.419):
• 2. Ses yeux gris indiquaient la méchanceté, une méchanceté froide, réfléchie et vicieuse. À la façon tranquille et cruelle dont elle vous regardait, vous fouillait l'âme et la chair, elle vous faisait presque rougir.
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.17.
B. —P. méton., au sing. ou au plur. Paroles ou actions méchantes. Synon. crasse(s) (pop.), entourloupette(s) (fam.), rosserie(s), vacherie(s) (pop.); anton. gentillesse(s). Méchanceté(s) fine(s), gratuite(s), plate(s), personnelle(s); dire, commettre, faire des (petites) méchancetés. Je n'avais vu dans sa basse envie, dans ses lâches méchancetés que la singularité incommode d'un naturel atrabilaire (HUGO, Lettres fiancée, 1821, 72). Oh! fit Musette, pourquoi me dites-vous cela? Ce n'est pas aimable; au lieu de me dire des méchancetés, offrez-moi donc ce joli pot de fleurs (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.82):
• 3. Elle avait inscrit en épigraphe deux phrases de Nietzsche (...): Homme sublime, je te sais capable de toutes les méchancetés, c'est pourquoi j'exige de toi le bien, puis encore: Maintenant que m'importent les dieux?
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.326.
REM. Méchance, subst. fém., synon., hapax. Ici je suis, un pauvre coeur Sans importance En un monde de méchance; Objet de la grosse moquerie, Gibier de quelque prison, Et jusqu'en lui-même rongé Par une triste manie (JOUVE, Trag., 1922, p.27).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694 et 1718: meschan-; dep. 1740: méchan-. Étymol. et Hist. 1. a) Début du XVe s. [date du ms.] meschanceté «action, parole méchante» (CUVELIER, Du Guesclin, éd. E. Charrière, 20783 var.); b) fin XVe s. «malheur» (Internele Consolacion, éd. L. Moland et Ch. D'Hericault, II, XX, p.105); 2. 1596 «penchant à faire du mal» (HULSIUS); 3. 1621 «caractère de ce qui est médiocre» (R. FRANÇOIS, Merveilles de nature, p.206). Dér., à l'aide du suff. -(i)té, de l'a. fr. mescheance «fâcheux accident, mésaventure, malheur» (ca 1165, BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 8470 ds T.-L. — XVIe s.), puis «faute, chute» (ca 1200, Poème moral, éd. A. Bayot, 895), lui-même dér., à l'aide du suff. -ance, de mescheant (méchant). La formation de meschanceté a été favorisée par l'existence de mots tels que boneürté, maleürté, fausseté, mauvaiseté et par le besoin de distinguer le subst. abstr. mescheance tiré de mescheant «malchanceux» du subst. correspondant à mescheant «malfaisant», v. aussi mauvaiseté. Fréq. abs. littér.:974. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 896, b) 1436; XXe s.: a) 1794, b) 1526. Bbg. THOMAS (A.). Nouv. variétés étymol. Romania. 1915/17, t.44, pp. 349-350.
méchanceté [meʃɑ̃ste] n. f.
ÉTYM. 1596; meschanceté, XIVe; dér. de l'anc. franç. mescheance, pour servir de subst. à méchant.
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II Mod. (1596; de méchant, II.).
1 (1596). Caractère, comportement d'une personne méchante. ⇒ Cruauté, dureté, malice (cit. 7), malignité (cit. 3), malveillance, mauvaiseté; fam. vacherie. || Méchanceté diabolique (→ Hyper, cit. 1), infernale; raffinée; agressive, brutale… envieuse (→ Flèche, cit. 11). || Méchanceté noire. ⇒ Scélératesse. || Méchanceté poussée jusqu'au sadisme (→ Guerre, cit. 12). || Agir avec, par méchanceté. ⇒ Méchamment. || Préjudice causé à autrui par méchanceté (→ Faute, cit. 26). || Il y a en lui plus de bêtise (cit. 5) que de méchanceté (→ Plus bête que méchant). || C'est de la pure méchanceté. || Les meilleurs d'entre les hommes ont un petit fonds de méchanceté (→ Humilier, cit. 22). || La méchanceté des hommes, du monde (→ Abattement, cit. 8; anodin, cit. 6; 1. insigne, cit. 3). || La méchanceté humaine est faite de jalousie (cit. 6) et de crainte. || Méchanceté de l'homme civilisé opposé au « bon sauvage » (→ État, cit. 99, Rousseau). — (Par personnification). || La méchanceté gratifie (cit. 8) de noms injurieux les objets de sa haine.
1 L'Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient uniquement vers le mal.
Bible (Segond), Genèse, VI, 5.
2 Toute méchanceté vient de faiblesse; l'enfant n'est méchant que parce qu'il est faible; rendez-le fort, il sera bon : celui qui pourrait tout ne ferait jamais de mal.
Rousseau, Émile, I.
3 La parole humaine pour lui, c'était toujours une raillerie ou une malédiction. En grandissant, il n'avait trouvé que la haine autour de lui. Il l'avait prise. Il avait gagné la méchanceté générale. Il avait ramassé l'arme dont on l'avait blessé.
Hugo, Notre-Dame de Paris, VIII, IV, III.
4 (…) Augustine, hargneuse, d'une méchanceté sournoise de monstre et de souffre-douleur, cracha par derrière sur sa robe, sans qu'on la vît, pour se venger.
Zola, l'Assommoir, t. I, V, p. 177.
4.1 (…) ce n'est jamais par leur puissance d'être que les hommes sont méchants, mais plutôt par les blessures de rencontre; ainsi leur méchanceté n'est point d'eux; c'est comme un malheur qu'ils ont rencontré.
Alain, Propos, p. 692.
4.2 (…) à l'inverse de son temps, il (Sade) codifie la méchanceté naturelle de l'homme. Il construit méticuleusement la cité de la puissance et de la haine, en précurseur qu'il est, jusqu'à mettre en chiffres la liberté qu'il a conquise.
Camus, l'Homme révolté, Pl., p. 454.
♦ Par ext. (En parlant de l'expression, de l'air). || Méchanceté de l'expression (cit. 38) du visage. || Un rire incoercible (cit. 2), sans méchanceté.
♦ (En parlant des actions, des pensées, des paroles, des écrits…). || La méchanceté d'un procédé. ⇒ Indignité, noirceur. || Méchanceté d'une allusion, d'une répartie, d'un écrit satirique. || Idée reçue où la bêtise coudoie (cit. 4) la méchanceté.
2 (XIVe). || Une, des méchancetés. Parole ou action par laquelle s'exerce la méchanceté. ⇒ Rosserie, tour (mauvais, vilain, sale…), vacherie (fam.), vilenie. || Faire des méchancetés. ⇒ Misère; crasse, mistoufle, saloperie. || Dire une méchanceté (⇒ Médisance), de petites méchancetés. ⇒ Épingle (coup d'), pique. || Une plate méchanceté (→ Calomnie, cit. 5). || Une méchanceté gratuite.
5 — En conséquence de cette calomnie ou médisance du portier, on se crut autorisé à faire mille diableries, mille méchancetés à ce pauvre père Ange dont la tête parut se déranger.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 540.
6 Le Marquis de XXX, qui ne perd pas l'occasion de dire une méchanceté, disait hier, en parlant d'elle, que sa maladie l'avait retournée, et qu'à présent son âme était sur sa figure.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CLXXV.
7 Rulhière disait un jour à C… : « Je n'ai jamais fait qu'une méchanceté dans ma vie. — Quand finira-t-elle ? demanda C… »
Chamfort, Caractères et Anecdotes, « Réponse de Rulhière ».
8 (…) quand une méchanceté est exploitée par les femmes, elle va vite et loin.
G. Sand, la Petite Fadette, XXVIII.
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CONTR. Bénignité, bienveillance, bonté, débonnaireté, gentillesse, grâce, humanité.
Encyclopédie Universelle. 2012.