Akademik

mépriser

mépriser [ meprize ] v. tr. <conjug. : 1>
XII e; de mé- et 1. priser
1Estimer indigne d'attention ou d'intérêt, ne faire aucun cas de. dédaigner, négliger (cf. Faire fi de). « J'affectai de mépriser la politesse que je ne savais pas pratiquer » (Rousseau ). Mépriser les convenances. bafouer, piétiner (cf. Fouler aux pieds). Mépriser le danger, la mort. braver.
Vieilli (en amour) « Je feignais de la mépriser » (France),de ne pas m'intéresser à elle.
2Estimer indigne d'intérêt (un bien ordinairement prisé et convoité). se désintéresser. Mépriser l'argent. « Ils réclament l'honneur de mépriser les honneurs » (Duhamel ).
3Considérer (qqn) comme indigne d'estime, comme moralement condamnable. honnir. Je le méprise d'avoir accepté. « peut-être le méprisait-il trop pour vouloir lui ôter la vie » (Mérimée). « J'aime mieux te haïr que te mépriser » (R. Rolland). Pronom. (réfl.) Il se méprisait de n'avoir pas osé. « Le jour où l'homme se méprise, où il se voit méprisé [...] il se tue » (Balzac).
⊗ CONTR. Apprécier, considérer; convoiter, désirer; admirer, estimer, honorer.

mépriser verbe transitif (de priser) Considérer quelqu'un, sa conduite comme indignes d'estime, de considération, les condamner moralement : Je le méprise d'avoir été si lâche. Ne faire aucun cas de quelque chose, le négliger : Mépriser le danger. Mépriser l'argent.mépriser (citations) verbe transitif (de priser) Gérard Bauër Le Vésinet 1888-Paris 1967 J'admire et méprise les hommes pour tout ce qu'ils sont capables d'endurer. Carnets Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. La Peste Gallimard Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Le comble de l'orgueil, c'est de se mépriser soi-même. Carnets François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices, mais on méprise tous ceux qui n'ont aucune vertu. Maximes Maurice Martin du Gard 1896-1970 Il est des moments où il ne vous resterait plus aucun droit si l'on ne pouvait mépriser. Petite Suite de maximes et de caractères Flammarion Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau Le Bignon, aujourd'hui Le Bignon-Mirabeau, Loiret, 1749-Paris 1791 Nous ne devons jamais ni trop admirer ni trop mépriser. Lettre au major de Mauvillon Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 On finit toujours par mépriser ceux qui sont trop facilement de notre avis. Journal, 1er juin 1906 Gallimard Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Je le haïrais davantage si je le méprisais moins. Correspondance, à M. Moulton Commentaire Il s'agit de Voltaire. Alexis Clérel de Tocqueville Paris 1805-Cannes 1859 Il ne faut pas mépriser l'homme, si l'on veut obtenir des autres et de soi de grands efforts. Correspondance, à G. de Beaumont, 22 avril 1838 Heinrich von Kleist Francfort-sur-l'Oder 1777-Wannsee, près de Berlin, 1811 La vie a une grande valeur pour celui qui la méprise. Das Leben ist viel wert, wenn man's verachtet. La Famille Schroffenstein mépriser (synonymes) verbe transitif (de priser) Considérer quelqu'un, sa conduite comme indignes d'estime, de considération, les...
Synonymes :
- dépriser
- mésestimer
- ravaler
- vilipender
Contraires :
- admirer
- considérer
- estimer
Ne faire aucun cas de quelque chose, le négliger
Synonymes :
- braver
- dédaigner
- faire fi de (familier)
- faire litière de
- ignorer
- narguer
- se ficher de (familier)
- se jouer de
- se moquer de
- se rire de
- transgresser
- violer
Contraires :
- aimer
- apprécier
- convoiter
- goûter
- obéir
- observer
- priser
- rechercher
- suivre
- tenir compte

mépriser
v. tr.
d1./d Avoir du mépris pour (qqch, qqn). Mépriser les flatteurs.
d2./d Dédaigner (ce qui est généralement recherché, estimé). Mépriser les honneurs.
Ne faire aucun cas de (ce qui est habituellement craint). Mépriser la mort.

⇒MÉPRISER, verbe trans.
A. — Considérer quelqu'un comme indigne d'estime. Anton. priser, apprécier, considérer. Il ne faut mépriser personne (Ac.). Si vous vous lassez de suivre un pilote incertain de sa route, cherchez-en un meilleur, mais ne le méprisez pas pour n'avoir pas été un Dieu (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 340). Il faut s'instruire partout, ne pas mépriser les adversaires, mais les regarder, comprendre les raisons de leur succès (BARRÈS, Cahiers, t.9, 1911, p. 141):
1. J'avais des partisans, dont je jouissais d'être le chef, mais au fond je ne les méprisais pas moins que les bourgeois.
MAURIAC, Noeud vip., 1932, p. 37.
Emploi pronom.
réfl. En effet, n'est-ce pas se mépriser soi-même que de regarder des ouvrages pareils (BALZAC, Corresp., 1822, p. 155):
2. ... il n'aimait plus Madame de Chasteller. Penser à elle était ennuyeux. Cette dernière découverte acheva d'accabler Leuwen; il se méprisait soi-même...
STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 53.
réciproque. Nous nous haïssons, nous nous méprisons, c'est-à-dire, nous nous ignorons (MICHELET, Peuple, 1846, p. 174).
[Avec un compl. introd. par de exprimant la cause du mépris] Vous devez me mépriser de ne pas savoir accepter l'occasion que vous m'offrez depuis six mois (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 235). Plus sa raison était choquée des ridicules du prince, plus il se méprisait de ne pas les admirer (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 392):
3. Judith était définitivement déchue. Ouvertement, les Allemands allaient s'amuser chez elle. On l'en haïssait, on l'en méprisait, et pourtant on la craignait encore.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 378.
Emploi abs. Être méprisant. Encore que je n'aime guère le temps où je vis, je reconnais en moi plus d'un trait de son caractère, et notamment celui que je condamne le plus: je méprise (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. XV). Le moraliste s'arrête dans ses réflexions dès qu'il obtient de soi la jouissance physique de louer ou de condamner, de mépriser, de maudire, de se réconcilier, de juger (VALÉRY, Suite, 1934, p. 81).
B. — 1. Considérer quelque chose comme ne valant pas la peine qu'on lui porte attention ou intérêt parce qu'on la réprouve d'un point de vue moral. Synon. dédaigner; anton. faire cas de. Cette grande noblesse (...) sera toujours imparfaitement jugée jusqu'à ce qu'un poète l'ait montrée (...) méprisant la guillotine de 89 comme une sale vengeance (BALZAC, Langeais, 1834, p. 319). Monsieur l'abbé, dit le professeur, vous méprisez la science (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 76):
4. Autant les cheveux blonds à l'Argentine, les grandes mains fortes me semblaient dignes de nos caresses, autant je méprisais les cheveux noirs avec raie au milieu et les mains petites et souples.
GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 195.
P. plaisant. [Le suj. désigne un inanimé] J'ai toujours préféré les appartements perchés haut (...) que le chauffage central atteint à peine, que le téléphone méprise (ARNOUX, Paris, 1939, p.80).
2. Faire peu de cas de quelque chose qui est ordinairement convoité ou qui a une grande importance. Synon. dédaigner, faire fi de. Mépriser la célébrité, la gloire; il méprise la mort. Il méprise tous les conseils qu'on lui donne (Ac. 1835). Il affecte de mépriser l'argent, dit Claudie. Pourtant, on en a bien besoin au prix où est le beurre (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.392).
REM. Méprisoter, verbe trans., hapax. Le père Ducros aimait beaucoup mon grand-père, son médecin (...), mais il ne pouvait s'empêcher de méprisoter un peu la faiblesse de son caractère (STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p. 221).
Prononc. et Orth.: [], (il) méprise []. Ac. 1694: me- en vedette, mé- dans le texte; 1718: mes-; dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. Ca 1180 «mésestimer, dédaigner (personne ou chose)» (THOMAS, Tristan, 1473 ds T.-L.); 1552 «dédaigner ce qui est recherché ou redouté par les hommes» (RONSARD, Les Amours, éd. P.Laumonier, t. 4, p. 116). Dér. de priser; préf. -me(s). Fréq. abs. littér.:3 761. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 5 570, b) 3 333; XXes.: a) 5 766, b) 5 985.
DÉR. 1. Méprisamment, adv. D'une manière méprisante, avec mépris. Anton. admirativement, respectueusement. Son teint était celui d'un sang mêlé, que méprisamment vous appelez mulâtresse (BOREL, Champavert, 1833, p. 45). Les gens nés sous une heureuse étoile, regardent un peu méprisamment les malchanceux (GONCOURT, Journal, 1894, p. 521). Comme elle avait su éveiller en lui des voix inconnues! Voix dont il s'était méprisamment gardé jusqu'alors, mais qui lui semblaient, à présent, les seules importantes (ARLAND, Ordre, 1929, p. 468). []. 1re attest. 1671 (POMEY); de mépriser, suff. -(am)ment2. 2. Mépriseur, -euse, subst. Personne qui témoigne du mépris (envers quelqu'un ou quelque chose). Lorenzo: Tu ne veux voir en moi qu'un mépriseur d'hommes, c'est me faire injure (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 3, p.190). Ainsi nous faisons sans cesse, toujours en action et en réaction; nous nous chargeons volontiers d'être nos propres mépriseurs (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.7, 1864, p. 185). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1547 mespriseur «celui qui méprise» (AMYOT, Hist. Aethiop., L.VIII, 91r° ds HUG.); de mépriser, suff. -eur2.
BBG. — Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1933, t. 45, p. 173.

mépriser [mepʀize] v. tr.
ÉTYM. XIVe; mesprisier, v. 1180; de mé-, et priser.
1 (V. 1160). Estimer (qqn, qqch.) indigne d'attention, d'intérêt. Dédaigner, déprécier, négliger; cas (ne faire aucun cas de), fi (faire fi). || Ne mépriser aucun (cit. 6) fait d'expérience. || Mépriser les faits accessoires, secondaires (→ Enquête, cit. 3), les détails. || Cet avis n'est pas à mépriser.Loc. prov. Il ne faut pas mépriser les petites choses.
Plus cour. || Il ne méprise pas la bonne chère… Cracher (sur).
1 Moquons-nous de cela, méprisons les alarmes.
Molière, Sganarelle, XVII.
2 (…) ses mains ne méprisent point le travail.
Fénelon, Télémaque, XVII.
Braver, transgresser. || Mépriser les règles, les conventions, les lois. Fouler (aux pieds), jouer (se jouer de), litière (faire), narguer. || Mépriser la politesse (→ Cynique, cit. 4).Ceux qui méprisent la morale, la religion. Contempteur.
3 Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi (…)
Racine, Esther, I, 4.
2 (1564). Estimer indigne d'intérêt (un bien ordinairement prisé et convoité). || Mépriser les biens de ce monde, l'argent (cit. 44), la fortune… Désintéresser (se); dédaigner (cit. 7). || Mépriser la gloire (→ État, cit. 56), les honneurs (cit. 118).
4 (…) cependant, dans le temps que je faisais si peu de cas des biens du monde, je sentais que j'aurais eu besoin d'en avoir du moins une petite partie, pour mépriser encore plus souverainement tout le reste.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, p. 119.
5 (…) je n'ai plus qu'à m'asseoir sur des ruines et à mépriser cette vie que je dédaignais dans ma jeunesse.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 295.
(En parlant d'une chose déplaisante, ordinairement redoutée). || Mépriser la mort (→ Courage, cit. 7), le danger, les dangers… (→ Endurcir, cit. 2). Braver (cit. 8).Mépriser les offenses, les insultes (cit. 5), les insinuations (→ Repousser du pied).
6 Il voit les masses d'eau, les toise et les mesure,
Les méprise en sachant qu'il en est écrasé,
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La bouteille à la mer », III.
Vieilli. (En amour). Dédaigner, ignorer, négliger (→ Hérisser, cit. 8).Au p. p. || Amant méprisé (→ Insister, cit. 10).
7 J'ai méprisé tous ceux qui m'ont aimée, et j'aimerais le seul qui me méprise !
Molière, la Princesse d'Élide, IV, 6.
8 Je feignais de la mépriser. Mais elle était bien trop jolie pour que ce mépris fût véritable.
France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, Œ., t. VIII, IV, p. 29.
3 (XIIe). Considérer (qqn) comme indigne d'estime, comme moralement condamnable. Honnir (→ Abhorrer, cit. 4; haine, cit. 9; inégalité, cit. 5). || Mépriser les autres, les hommes, l'homme (→ Égaler, cit. 1; facilité, cit. 7; gain, cit. 9). || Homme orgueilleux, prétentieux qui méprise tout le monde. Méprisant. || « J'étais pauvre, on me méprisait » (→ Foule, cit. 23, Beaumarchais). || Mépriser les étrangers. || Tout le monde le méprise, on fait le vide autour de lui.(Au p. p.). || Homme méprisé de la foule, méprisé comme de la boue (cit. 6).
Absolt. || Haïr et mépriser avec esprit (→ Gros, cit. 23).
9 On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices, on méprise tous ceux qui n'ont aucune vertu.
La Rochefoucauld, Maximes, 186.
10 Il est encore assez ordinaire de mépriser qui nous méprise.
La Bruyère, les Caractères, XI, 131.
11 Nous méprisons beaucoup de choses pour ne pas nous mépriser nous-mêmes.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 196.
12 On demandait à un homme qui faisait profession d'estimer beaucoup les femmes, s'il en avait eu beaucoup. Il répondit : « Pas autant que si je les méprisais. »
Chamfort, Maximes et pensées, « Sur l'amour », XXI.
13 Mépriser sans connaître est un ridicule trop commun dans ma société pour que j'aie du mérite à l'éviter.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Armance ».
14 Il n'y a pas un homme qui ait le droit de mépriser les femmes.
A. de Vigny, Journal d'un poète, 1834.
15 (…) peut-être le méprisait-il trop pour vouloir lui ôter la vie.
Mérimée, Histoire du règne de Pierre le Grand, p. 212.
16 Si laid, si bas que tu sois, sois vrai ! J'aime mieux te haïr que te mépriser.
R. Rolland, l'Âme enchantée, t. III, I, p. 75.
17 Je n'ai point d'illusions sur les hommes, et, pour ne point les haïr, je les méprise.
France, les Opinions de J. Coignard, Œ., t. VIII, XV, p. 453.
18 Tant que je méprisais le roi,
Je recevais de lui volontiers ses cadeaux;
Mais s'il est bien celui que je commence à croire,
C'est moi que je vais mépriser maintenant d'en recevoir.
Gide, le Roi Candaule, I, 1.
19 Monsieur Fouché méprise les hommes, disait Talleyrand, cela tient à ce qu'il s'est beaucoup regardé.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, III.
Par ext. || Mépriser la paresse, la lâcheté, l'hypocrisie de quelqu'un.
20 (…) il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser.
Camus, la Peste, p. 331.
——————
se mépriser v. pron.
1 Réfl. || Se mépriser soi-même (→ Désaccord, cit. 4). || Douleur qu'on se méprise d'éprouver (→ Humiliant, cit. 6).
21 Et que me restera-t-il, répondit froidement Julien, si je me méprise moi-même ?… à vue de pays, je me ferais fort malheureux si je me livrais à quelque lâcheté.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XLIV.
2 Récipr. || Se mépriser mutuellement, les uns les autres (→ Esprit, cit. 43; goût, cit. 18).
CONTR. Apprécier, considérer, priser. — Observer. — Ambitionner, convoiter, désirer, envier. — Craindre, redouter. — Adorer, courtiser. — Engouer (s'), idolâtrer. — Admirer, considérer, estimer, exalter, honorer.
DÉR. Mépris, méprisable, méprisant.

Encyclopédie Universelle. 2012.