poison [ pwazɔ̃ ] n. m.
• XVIIe; 1155 n. f.; lat. potio, onis (→ potion)
1 ♦ Substance capable de troubler gravement ou d'interrompre les fonctions vitales d'un organisme, utilisée pour donner la mort. Poison mêlé aux aliments, à un breuvage (cf. Bouillon d'onze heures). Boire du poison. Poison mortel, violent, foudroyant. Fiole de poison. Tuer qqn, l'assassiner par le poison. ⇒ empoisonnement; empoisonner. « dans tous les temps les soupçons de poison sont plus communs que le poison même » (Voltaire). L'affaire des Poisons. — Par ext. Substance dangereuse pour l'organisme ou une de ses parties. ⇒ toxique, vireux. Poisons minéraux (ex. arsenic, cyanure de potassium, acide sulfurique, mort-aux-rats). Poisons végétaux (ex. belladone, ciguë, opium). Poisons organiques (ex. nicotine, strychnine; venins de serpents, de scorpions, d'abeilles). Poisons microbiens. ⇒ toxine; et aussi microbe, virus. — Effets des poisons. ⇒ empoisonnement, intoxication. Immunité à l'égard des poisons (⇒ mithridatisation) . Neutralisation des poisons. ⇒ antidote, contrepoison. Poisons qui créent une accoutumance. ⇒ stupéfiant. « sous l'empire du poison, mon homme se fait bientôt centre de l'univers » (Baudelaire). — Collect. Ne mange pas ça, c'est du poison. — Par métaph. Aliment, boisson nuisible. « Qu'on aime ou qu'on déteste le poison qu'on boit, rien n'en change l'effet » ( Flaubert).
♢ Chim. Poison d'un catalyseur : substance qui abaisse l'action d'un catalyseur. L'arsenic, poison du platine.
2 ♦ Fig. et littér. Ce qui est pernicieux, dangereux. « je sentis le poison qui corrompt mes sens et ma raison » (Rousseau). « Quand on sait se préserver du poison mortel de l'ennui » (Voltaire). « Qui dit pamphlet, dit un écrit tout plein de poison » (P.-L. Courier). ⇒ venin.
3 ♦ (1830) Fam. Un, une poison : personne acariâtre ou insupportable. Cet enfant est un petit poison. ⇒ peste.
♢ N. m. Chose ennuyeuse. Quel poison d'y aller !
● poison nom masculin (latin potio, -onis, potion) Substance qui, introduite dans l'organisme à dose suffisante, détruit ou altère les fonctions vitales. Littéraire. Ce qui est capable d'exercer une influence malfaisante, pernicieuse. Familier. Tâche, action très ennuyeuse : Écrire cette lettre, c'est un vrai poison. Élément susceptible, par sa présence, de nuire ou d'empêcher les échanges normaux au cours d'un traitement chimique (catalyse, par exemple) ou d'une opération comme la flottation. (Le poison d'un catalyseur solide agit par altération mécanique ou chimique de sa surface.) ● poison (citations) nom masculin (latin potio, -onis, potion) Léon Blum Paris 1872-Jouy-en-Josas 1950 Les poisons sont quelquefois des remèdes, mais certains poisons ne sont pourtant que des poisons. À l'échelle humaine Gallimard Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Vivre tranquille en sa maison, Vertueux, ayant bien raison, Vaut autant boire du poison. Le Collier de griffes, Insoumission Alfred Jarry Laval 1873-Paris 1907 Les antialcooliques sont des malades en proie à ce poison, l'eau, si dissolvant et corrosif qu'on l'a choisi entre autres substances pour les ablutions et lessives, et qu'une goutte versée dans un liquide pur, l'absinthe, par exemple, le trouble. Spéculations Fasquelle François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes. Maximes ● poison (expressions) nom masculin (latin potio, -onis, potion) Poison du fuseau, substance médicamenteuse utilisée dans le traitement du cancer et qui empêche les cellules, notamment les cellules cancéreuses, de se diviser en gênant la formation et le fonctionnement normal du fuseau. Poison nucléaire, substance qui absorbe fortement les neutrons, et qui, dans un réacteur nucléaire, tend à arrêter la réaction en chaîne. ● poison (synonymes) nom masculin (latin potio, -onis, potion) Substance qui, introduite dans l'organisme à dose suffisante, détruit ou...
Synonymes :
- toxique
- venin
- virus
● poison
nom
Familier
Personne difficile à vivre, méchante.
Enfant insupportable, capricieux.
poison
n. m.
d1./d Toute substance qui, introduite dans un organisme vivant, peut le tuer ou altérer ses fonctions vitales. Syn. (Nouv.-Cal.) boucan.
— (Afr. subsah.) Poison d'épreuve, utilisé pour les ordalies.
d2./d Fig. Substance préjudiciable à la santé. L'alcool est un poison.
|| Litt. Ce qui corrompt ou exerce une influence pernicieuse.
d3./d n. Fam. Personne méchante, acariâtre. Quelle poison!
|| Personne très agaçante.
d4./d Fig. Activité, tâche ennuyeuse. Quel poison ces paperasses!
⇒POISON, subst. masc.
A. —Toute substance qui est susceptible, après introduction dans l'organisme et selon la dose, le mode de pénétration, l'état du sujet, de perturber certaines fonctions vitales, de léser gravement des structures organiques ou d'entraîner la mort. Absorber, avaler, boire, ingurgiter du poison; administrer, préparer, prendre un/du poison; accoutumance au poison; coupe, fiole, flacon de poison; trace de poison; poison chimique, microbien, minéral, organique, végétal; poison lent, violent; périr par le fer ou le poison. Les effets de ce poison se manifestent rapidement, et un signe très caractéristique de son inoculation, c'est la tendance qu'a tout de suite l'empoisonné à perdre sa propre individualité pour revêtir celle d'un autre (PONSON DU TERR., Rocambole, t.5, 1859, p.356). Regarde, poursuivit-il en lui montrant le gros chaton de sa bague. J'ai là dedans un poison foudroyant (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.122). V. empoisonnement ex. 1:
• 1. Oh! les effroyables tortures que vous m'avez fait subir, quand je voyais verser dans votre verre le poison mortel, quand je tremblais que vous n'eussiez le temps de le boire avant que j'eusse celui de le répandre dans la cheminée! —Vous dites, monsieur, reprit Valentine, au comble de la terreur, que vous avez subi mille tortures en voyant verser dans mon verre le poison mortel? Mais si vous avez vu verser le poison dans mon verre, vous avez dû voir la personne qui le versait?
DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.560.
♦P. méton., vx. Crime d'empoisonnement. 12 janvier. À l'Odéon pour voir l'Affaire des Poisons (GREEN, Journal, 1933, p.121).
— P. ext. Breuvage, drogue, nourriture pouvant par une consommation excessive ou trop répétée, devenir nuisibles. Parmi les différens médicamens que fournit le règne végétal, il n'en est peut-être aucun plus avantageux que l'opium, qui calme les plus vives douleurs, et soulage les malheureux malades, en suspendant les tourmens qu'ils éprouvent. Mais ce même remède, pris à une dose trop forte, est un véritable poison (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p.506). Elle le sentait absent, tourmenté d'un besoin qu'il n'avouait pas, comme un toxicomane privé de son poison (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p.93).
— P. anal.
♦CHIM. Poison (de catalyseur). ,,Substance qui s'oppose à l'efficacité d'un catalyseur. Ex.: l'arsenic sur le platine`` (DUVAL 1959).
♦TECHN. NUCL. Poison de fission. ,,Élément produit dans un réacteur et gênant son fonctionnement par l'absorption d'un grand nombre de neutrons`` (MUSSET-LLORET 1984).
B. —Au fig. Ce qui corrompt le coeur ou l'esprit, ce qui trouble la raison. Poison d'amour, du coeur, de haine. D'ailleurs le Critical Review n'a-t-il pas chanté la palinodie? Le public avait donc à la fois le poison et le contre-poison (CHATEAUBR., Corresp., 1797, p.9). Il faut savoir être seul. Oh! seul et boire tous les poisons de l'esprit (BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p.239):
• 2. Ce geste si simple de glisser sous des bûches qui flambent quelques papiers. Geste impossible à faire, semble-t-il, mais une fois que c'est fini, on s'aperçoit que ce n'était rien (...). Beaucoup de ces papiers seraient jugés inoffensifs par la plupart des gens, mais je suis fait de telle sorte qu'à certains jours, tout m'est poison.
GREEN, Journal, 1956, p.161.
C. —Pop. et fam., au masc. ou au fém.
1. ,,Femme désagréable ou de mauvaises moeurs`` (DELVAU 1883). Préparez-vous un bon coin tiède, pour vous réchauffer à la sortie de la flotte et d'la gadoue. (...) en commençant à laisser tomber c'te vieille poison (...) et qui vous fera des misères aussi longtemps que vous resterez dans son gourbi (GENEVOIX, Seuil guitounes, 1918, p.122).
2. Celui, celle qui ennuie, dérange. Et puis, là, franchement, il n'est pas regrettable, le père Nerféray! (...) entre nous, c'est un vieux poison! (GYP, Docteurs, 1892, p.60). Nous avons la belle Marie-Laure et sa poison d'enfant! (COLETTE, Chéri, 1920, p.9).
3. Chose déplaisante ou corvée ennuyeuse. Vingt fois le jour, à propos de tout et de tous: «Quel poison!» Et, à propos des événements de la guerre: «Ah! c'est bien compliqué, tout ça!» (GIDE, Journal, 1942, p.142).
REM. Poisonneux, -euse, adj. Qui évoque le poison. Décidément j'ai le palais et le nez poisonneux, ce matin (...). Qu'est-ce qu'il y a donc? (COLETTE, J. de Carneilhan, 1941, p.75). Au fig. Pernicieux. Elle m'a rapporté des cancans bien moches. Poisonneux à ce degré-là, ce pouvait être que la Mireille... Je me suis pas trompé... pures calomnies bien entendu (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.34).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIes. judéo-fr. poison «boisson» (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 834); désigne le plus souvent une boisson suspecte ou empoisonnée 1155 (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8271: E cil li ad puisun dunee De venim tute destempree); ca 1160 mortal poison (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 811); 1225-50 fig. boire dolerouse puison «souffrir intensément» (Venus, 118b ds T.-L.); 2. a) 1155 «breuvage empoisonné» ocire par poisun; murdrir par puisun; murir par puisun (WACE, op. cit., 1475; 8955; 7572); fig. ) ca 1200 doner a boire tel puison «faire disparaître, supprimer, tuer» (Chevalier au cygne, 41 ds T.-L.); ) 1554 p.antiphr. (en parlant d'une femme aimée) (TAHUREAU, Sonnets, 12 ds HUG.: la douce mignardise De ces beaux yeux, l'apast de ma poison); b) 1342 «substance mortelle» (Renart le Contrefait, II, 207b ds T.-L.); ca 1485 (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 15915: Il le faudroit empouesonner Et luy donner en traïson En son menger quelque poueson); 1544 fig. «ce qui est pernicieux» (CALVIN, Contre les Libertins, ch. 12 [VII, 182] ds HUG.: C'est une dangereuse poison que le peché); 1572 la froide poison d'une aspre jalousie (DESPORTES, Roland furieux, p.328, ibid.); c) 1558 «empoisonnement» (DU BELLAY, Regrets, 127, ibid.: Icy ne se punit l'homicide ou poison); 3. ca 1165 «potion, breuvage salutaire, remède» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 10251 ds T.-L.); ca 1240 fig. (en parlant d'une personne) estre puisons encontre [aucune rien] (St François, 3058, ibid.: Ceste [la Vierge] est puisons encontre amer); 4. ca 1165 «breuvage magique, philtre» (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 28780, ibid.); av. 1560 fig. «philtre inspirant l'amour» (DU BELLAY, Sonn. de l'honneste amour, 4 ds HUG.) ; 5. av. 1646 «puanteur» (Fr. MAYNARD, Epigramme, Tu loges mal ton amour... ds OEuvres, éd. G. Garrisson, t.3, p.77: Quand tu humes le poison D'une halaine si mauvaise). B. 1789 fém. terme d'injure désignant une femme (RESTIF DE LA BRETONNE, Ingénue Saxancour, 10-18, p.281 ds QUEM. DDL t.19, s.v. salope). Du lat. potio, -onis, fém. «action de boire; boisson, breuvage; breuvage médicinal, potion, drogue; breuvage empoisonné; philtre, breuvage magique». Le genre fém., encore largement relevé au XVIes. (HUG.) et dans la 1re moit. du XVIIes. (BRUNOT t.3, pp.443-444), demeure empl. dans la plupart des dial. (FEW t.9, pp.255b, sqq.); au XVIes., genre masc., prob. d'apr. venenum > venin. Fréq. abs. littér.:1583. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2860, b) 2397; XXes.: a) 2056, b) 1769. Bbg. QUEM. DDL t.16, 17. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p.252
poison [pwazɔ̃] n. m.
ÉTYM. XVIIe, n. m.; v. 1130, n. f.; du lat. potionem, accusatif de potio (→ Potion) « breuvage magique, médicinal », le mot avait au moyen âge le sens de « potion, breuvage médicinal ».
❖
1 Substance capable de troubler gravement ou d'interrompre les fonctions vitales d'un organisme; spécialt, substance liquide ou solide, minérale ou organique, préparée, administrée pour donner la mort. — Poison mêlé aux aliments, à un breuvage. ⇒ Bouillon (d'onze heures). || Arme blanche (flèche, dague…) trempée dans un poison (antiar, curare…). || Boulette de poison (donnée à un animal). ⇒ Gobbe. || Apprêter (cit. 3), préparer un poison. || Poison mortel, violent. || Un funeste (cit. 2) poison. || Poison lent, subtil; foudroyant. || Poison administré à doses massives; progressivement. ⇒ Empoisonnement, empoisonner. || Fiole de poison (→ Dénaturer, cit. 4). || Boire du poison. || Une gorgée (cit. 2) de poison. || Tuer qqn, l'assassiner par le poison… (→ Assassinat, cit. 1; mourir, cit. 39; perdre, cit. 4). || « Le poison est tout prêt… » (→ Officieux, cit. 2, Racine). || Les poisons de Locuste, des Borgia, de la Toffana (⇒ Aqua-toffana). — (1651). Par ext. Littér. ou vx. Crime d'empoisonnement; empoisonnement, crime par le poison. || Le fer ou le poison (→ Assurance, cit. 4; libre, cit. 9). || L'Affaire des Poisons (1670-1680) : cf. Michelet, Histoire de France, t. XV, ch. XVI.
1 J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines
Un poison que Médée apporta dans Athènes.
Racine, Phèdre, V, 7.
2 Ce même empereur Conrad IV avait été accusé d'avoir empoisonné son frère Henri : vous verrez que dans tous les temps les soupçons de poison sont plus communs que le poison même.
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXI.
2.1 (…) alors je fis voir le paquet de poison; il était difficile de fournir une meilleure preuve; la Marquise voulut en faire des essais; nous en fîmes avaler une légère dose à un chien que nous enfermâmes, et qui mourut au bout de deux heures dans des convulsions épouvantables (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 92.
3 Ah ! jette loin de toi ce philtre ! — Ma raison
S'égare. Arrête ! Hélas ! mon don Juan, ce poison
Est vivant ! ce poison dans le cœur fait éclore
Une hydre à mille dents qui ronge et qui dévore !
Hugo, Hernani, V, 6.
4 Le médecin l'examina, secoua la tête, et donna des ordres. Les symptômes n'étaient pas douteux; la pauvre fille avait pris du poison; mais quel poison ? Le médecin l'ignorait, et cherchait en vain à le deviner.
A. de Musset, Nouvelles, « Frédéric et Bernerette », VIII.
5 Lorsque nous voyons un homme un peu faible de constitution, mais d'apparence saine et d'habitudes paisibles, boire avidement d'une liqueur nouvelle, puis tout d'un coup, tomber à terre, l'écume à la bouche, délirer et se débattre dans les convulsions, nous devinons aisément que dans le breuvage agréable il y avait une substance dangereuse; mais nous avons besoin d'une analyse délicate pour isoler et décomposer le poison.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 266.
♦ Par ext. Substance dangereuse pour l'organisme ou une de ses parties. ⇒ Toxique, vireux. || Étude des poisons. ⇒ Toxicologie. || Poisons minéraux : arsenic, arséniate (de plomb, de sodium), acide arsénieux (et aussi mort-aux-rats), sels de cuivre, acide cyanhydrique et cyanure de potassium, mercure, phosphore, sels de plomb, acide sulfurique… || Poisons organiques (alcaloïdes : brucine, nicotine, strychnine; barbituriques). || Poisons végétaux : belladone, ciguë, curare, noix vomique, opium, upas. ⇒ Vénéneux (plantes vénéneuses : champignons, colchique, digitale, euphorbe, strychnos…). || Plante qui distille (cit. 1) un poison. || Le mancenillier, « arbre de poison ». || Le venin de certains reptiles est un poison violent. || Poisons microbiens. ⇒ Toxine (→ Fièvre, cit. 5); et aussi microbe, virus. — Effets des poisons. ⇒ Intoxication; virulence. || Sensibilité, réaction (de l'organisme) à un poison. || Immunité à l'égard des poisons (⇒ aussi Mithridatisation). || Poisons hématiques, agissant sur les globules rouges ou l'hémoglobine; poisons leucocytaires, agissant sur les leucocytes; poisons plasmatiques (correspondant aux « impuretés » du sang, aux « humeurs peccantes » de l'ancienne médecine). — Poison hypnotique (→ Excitant, cit. 9), stupéfiant… ⇒ Narcotique. || La morphine est un poison. || Accoutumance à un poison (dans les toxicomanies). || L'empire (cit. 9) du poison (le haschisch). || L'opium, ce « séduisant poison » (→ Hallucination, cit. 4). — Poisons qui entrent dans la composition (cit. 1) de remèdes. || Remèdes contre les poisons. ⇒ Alexitère, antidote, contrepoison; alexipharmaque. — Réglementation de la vente des poisons (substances vénéneuses, toxiques, signalées par une étiquette rouge orangé et le mot poison).
6 Oui, messieurs (…) il est empoisonné; il n'y a qu'à tâter sa peau, pour voir que les exhalaisons d'un poison froid se sont insinuées par les pores; et je maintiens que ce poison est pire qu'un mélange de ciguë, d'ellébore noire, d'opium, de solanum, et de jusquiame.
Voltaire, Facéties, Relation maladie jésuite Bertier.
7 Impossible de vivre sans poison. L'homme est un animal qui ne peut pas ne pas s'empoisonner. Même les sauvages, tu m'entends bien. Les Chinois, c'est l'opium; les Arabes, le haschisch; les autres, en Amérique, la coca, la kola, toutes sortes de saloperies. Nous, les blancs, c'est l'alcool et le tabac. Et voilà ! ceux qui ne prennent rien, c'est qu'ils s'enivrent de leur salive, comme disait Vallès, c'est qu'ils se saoulent de leur propre venin (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XIII.
♦ (V. 1695). Aliment (cit. 1), boisson nuisible (quoique non toxique à dose normale). Spécialt. (En parlant de l'alcool). || Les poisons du tripot (→ 1. Émousser, cit. 7).
8 Qu'on aime ou qu'on déteste le poison qu'on boit, rien n'en change l'effet; ceux qui se tuent avec de l'eau-de-vie aiment l'eau-de-vie (…)
Flaubert, Correspondance, 187, 17 févr. 1847.
♦ (1665). Vieilli. Nourriture très mauvaise. — Puanteur (→ Empoisonner).
♦ (XXe). Chim. || Poison d'un catalyseur : substance qui, parfois à l'état de traces, abaisse considérablement l'action d'un catalyseur. || L'arsenic, poison du platine (employé comme catalyseur dans la synthèse industrielle de l'anhydride sulfurique).
♦ Phys. || Poison de fission : élément chimique engendré dans un réacteur nucléaire, qui a pour propriété de gêner le fonctionnement du réacteur par suite d'une absorption excessive de neutrons.
2 (V. 1130, n. f.). Fig., littér. Ce qui est pernicieux, dangereux, nuisible (sur le plan moral, intellectuel, affectif…). || Poison qui corrompt (cit. 8) les sens et la raison (→ Anodin, cit. 7; attentif, cit. 15; 1. chagrin, cit. 6). || La haine (cit. 8) est un poison plus cher que celui des Borgia. || Le poison du doute (cit. 23), du mépris (→ Indifférence, cit. 1). || Les poisons de l'Envie (cit. 8 et 9). || Un subtil poison d'incertitude (cit. 14). || Le poison mortel de l'ennui (→ Château, cit. 3). || La vérité est un poison pour certains esprits (→ Diluer, cit. 4). — Écrit plein de poison (→ Pamphlet, cit. 1). || Le poison de la calomnie. ⇒ Venin. || Le poison flatteur des louanges (cit. 6). — Le Poison, poème de Baudelaire (→ Découler, cit. 2).
9 Quelle fatalité a changé en poison les remèdes que je t'offrais ? Pourquoi, moi qui aurais donné tout mon sang pour te donner une nuit de repos et de calme, suis-je devenue pour toi un tourment, un fléau, un spectre ?
G. Sand, Lettres à Musset, III, 15 avr. 1834.
REM. La langue classique désignait souvent par poison les effets de l'amour; il se prenait alors « en bonne part » (Richelet, 1680).
10 Et qui l'aurait pensé (…)
(…) Que l'on pût sitôt vaincre un poison si charmant ?
Racine, Andromaque, II, 5 (var.).
11 Tarissez, s'il se peut, la source du poison qui me nourrit et me tue : je ne veux que guérir ou mourir; j'implore vos rigueurs comme un amant implorerait vos bontés.
Rousseau, Julie, I, I.
3 (Déb. XXe; 1789, Restif, n. f.). Fam. || Un poison, une poison : personne (en général femme) acariâtre, méchante, insupportable. || C'est un vrai poison, une vraie poison. ⇒ Détestable. || Cet enfant, ce garçon est un poison, un petit poison (⇒ aussi Empoisonner; empoisonnant)
12 — Viens ici, ma petite poison chérie ! supplia Peloux. — Veux-tu venir ici, vice incarné ! gronde Bastienne. Pas de réponse.
Colette, l'Envers du music-hall, L'enfant de Bastienne.
♦ Corvée, chose très ennuyeuse. || Quel poison de retourner là-bas !
❖
COMP. Contre-poison, empoisonner (et dér.).
Encyclopédie Universelle. 2012.