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proie

proie [ prwa ] n. f.
preie 1120; lat. præda
1Être vivant dont un prédateur s'empare pour le dévorer. Attendre, épier, guetter la proie, être à l'affût d'une proie. Chasser, poursuivre, saisir sa proie. « Alors soudain la bête a bondi sur sa proie » (Samain). Fondre sur sa proie. Manger, dévorer, déchirer une proie. — DE PROIE : qui se nourrit surtout de proies vivantes. ⇒ prédateur. Oiseau de proie. rapace. L'aigle, l'épervier, l'autour sont des oiseaux de proie. « il y a des insectes de proie, des reptiles de proie, des oiseaux de proie et des quadrupèdes de proie » (J. de Maistre).
Lâcher la proie pour l'ombre.
2(1380) Tout ce dont on s'empare par force, avec violence et avidité. Sa fortune fut la proie des créanciers. Proie du vainqueur. butin, prise.
Personne dont on s'est emparé, ou que l'on persécute pour s'en emparer. victime. Être une proie facile, tentante pour qqn. « Ils furent la proie des hommes de loi et des hommes d'affaires » (France).
Par métaph. « C'est Vénus tout entière à sa proie attachée » (Racine). « C'est le destin. Il faut une proie au trépas » (Hugo).
3 ♦ ÊTRE LA PROIE... (Personnes) Être absorbé, pris par (un sentiment, une force hostile). Être la proie des remords. « elle était la proie de n'importe quelles pensées, de n'importe quels rêves » (Green).
(Choses) Être livré, exposé à, détruit par. La forêt fut en un instant la proie des flammes.
4 ♦ EN PROIE (À)... Tourmenté par (un mal, un sentiment, une pensée). Être en proie à la maladie. Être en proie à l'incertitude, à de vives inquiétudes, à une obsession. « En proie à ses idées fixes, Rousseau, à cette date, ne s'appartenait plus » (Sainte-Beuve). Être en proie au désespoir. « Madame de Rênal était en proie à toutes les horreurs de la jalousie » (Stendhal). (Choses) Maison en proie aux flammes.

proie nom féminin (latin praeda) Individu animal vivant, en tant que victime et nourriture d'un animal d'une autre espèce : L'aigle lâcha sa proie. Personne sur laquelle on peut exercer ou on exerce sa domination, sa violence, sa malhonnêteté : Ce vieillard était une proie facile pour le voleur.proie (citations) nom féminin (latin praeda) Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 L'homme est en proie à l'homme, un loup à son pareil. Les Tragiques proie (expressions) nom féminin (latin praeda) Être la proie de quelque chose, être en proie à quelque chose, être absorbé par un sentiment violent, être sous l'empire de quelque chose : Être en proie au remords ; être détruit, dévasté par quelque chose : Maison qui est la proie des flammes. Lâcher la proie pour l'ombre, abandonner un avantage, dans l'espoir, qui risque de se révéler vain, d'autre chose. ● proie (synonymes) nom féminin (latin praeda) Individu animal vivant, en tant que victime et nourriture d'un...
Synonymes :

proie
n. f.
d1./d être vivant dont un animal s'empare pour en faire sa nourriture.
Oiseau de proie, qui se nourrit d'animaux vivants.
d2./d Fig. Personne, chose dont on s'empare ou dont on cause la perte, la ruine. Ces trésors furent la proie du vainqueur.
d3./d Fig., litt. être en proie à, tourmenté par.

⇒PROIE, subst. fém.
A. —1. Être vivant qu'un animal (carnassier) capture pour en faire sa nourriture. Proies d'une araignée, d'un insecte; proie convoitée; proie fraîche, morte, vivante; attendre, épier, guetter la/sa proie; chasser, poursuivre, emporter, déchirer, dépecer, dévorer, manger sa proie; bondir, fondre, se jeter, s'acharner sur sa proie; être la proie des vautours. Il fallait passer les canaux du fleuve (...), payer un salaire au nocher; sans quoi, le corps privé de sépulture eût été la proie des bêtes féroces (VOLNEY, Ruines, 1791, p.264). L'ours effrayé lâche sa proie, se débat, et Michaël tombe au fond de l'abîme (DUSAULX, Voy. Barège, t.2, 1796, p.189).
Oiseau (ou un mot du même parad.) de proie. Oiseau qui se nourrit principalement d'animaux vivants. Oiseau de proie diurne, nocturne. J'ai devancé à la course les navires, les plus fins voiliers et les grandes hirondelles de proie (SAND, Lélia, 1833, p.129).
P. anal. Personne avide et cruelle:
1. Mes ailes et ma voix auraient frémi de joie.
Et les noirs ennemis, les deux oiseaux de proie,
Ces gardiens envieux qui te suivent toujours,
Auraient connu soudain que tu fais mes amours.
CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p.147.
Loc. fig. Lâcher, laisser, abandonner la proie pour l'ombre.
2. CHASSE, vieilli ou littér. (fréq. dans des cont. métaph.). Animal pris à la chasse. Il faut que le gibier paye le vieux chasseur Qui se morfond longtemps à l'affût de la proie (BAUDEL., Fl. du Mal, 1863, p.283). Cette transfiguration de la chasseuse, je ne risque pas chasseresse, trop noble, de la chasseuse qui rabat une proie succulente, patiemment guettée (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p.68).
Aller à la proie. Aller à la chasse en traquant le gibier vivant (à l'aide d'un oiseau de proie). Sous la féodalité, lorsque les nobles allaient à la proie, il [le paysan] était chassé, traqué, emporté dans le butin (ZOLA, Terre, 1887, p.79).
(Oiseau, faucon) âpre à la proie. V. âpre B 1.
B.P. anal.
1. [En parlant de choses] Objet, bien, pris de force, avec violence ou avec avidité. Synon. butin, prise. Le matin même, il avait signé la vente de sa concession de Vandame à la Compagnie de Montsou. Acculé, égorgé, il s'était soumis aux exigences des régisseurs, leur lâchant enfin cette proie guettée si longtemps (ZOLA, Germinal, 1885, p.1523):
2. La pervenche, grand Dieu! la pervenche! Soudain
Il la couvre des yeux; il porte la main,
Saisit sa douce proie: avec moins de tendresse
L'amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse.
DELILLE, Homme des champs, 1800, p.115.
SYNT. Bonne, riche proie; se disputer, se partager la proie; proie des créanciers, des voleurs, du vainqueur; constituer une proie facile, désignée.
2. Littér. [En parlant de pers.] Personne dont quelqu'un s'empare ou à qui il fait violence. Synon. victime. Être une proie facile, tentante pour qqn; s'acharner sur, jouer avec sa proie; être la proie d'une femme; proie convoitée, désirée. Mais cette fois, la Belcredi tenait sa proie; elle avait tout loisir de combiner et d'arranger ses trames (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.74).
[P. allus. littér. à Racine, Phèdre I, 3] Chez eux [les Anciens] on trouve, pour ainsi dire, des fragmens de sentimens, mais rarement un sentiment complet; ici, c'est tout le coeur; c'est Vénus toute entière à sa proie attachée! (CHATEAUBR., Génie, t.1, 1803, p.380).
C.Littér., loc. verb.
1. Être la proie de
a) Qqn est la proie de qqn
) Être la victime de. Quand je pense qu'avant de me connaître tu étais la proie de ta famille! (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, II, 5, p.166). Vous connaissez cette petite Madame de Noailles? On pourrait songer à elle, mais elle doit être la proie de poétaillons, de plaisantins (BLANCHE, Modèles, 1928, p.52).
) Au fig. Qqn est la proie de qqc. (subst. abstr. exprimant une force hostile). Être exposé à, livré à; subir la force irrésistible de. Être la proie de l'adversité, du malheur. Oui, je n'avais pas du tout le sentiment d'être la proie d'une tentation horrible; il s'agissait d'une curiosité un peu dangereuse à satisfaire (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.239).
b) Qqc. est la proie de qqc. (subst. concr. désignant une force naturelle nuisible). Maison qui est la proie d'un incendie. Le Palais épiscopal et le sanctuaire de la cathédrale d'Oviedo sont la proie des flammes —le sanctuaire a été arrosé de pétrole et d'essence avant d'être incendié (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, II, 3, p.417).
Au fig. Cette lettre [un pneumatique] deviendrait la proie du hasard. Elle tomberait soit au milieu du groupe soit chez Agathe seule, et agirait selon le cas (COCTEAU, Enfants, 1929, p.143).
2. En proie à
a) ) Qqn (est) en proie (à qqn). Être assailli par, livré à l'action violente de. Synon. être en pâture. Elle se mit à lui faire des plaisanteries sur son retard, qui l'aurait livrée en proie aux commis voyageurs, sans la ressource du petit apothicaire (STENDHAL, Lamiel, 1842, p.159).
) Au fig. Qqn (est) en proie à qqc. (subst. désignant un mal physique ou moral, un sentiment, une émotion). Synon. de être malmené, tourmenté par. Je pensai avec un vif chagrin, que Maria, partie depuis près de deux mois, devoit être en proie aux plus cruelles inquiétudes (GENLIS, Chev. Cygne, t.2, 1795, p.69). Il se roule sur le parquet, en proie à une véritable crise nerveuse (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p.586).
SYNT. Être en proie au délire, à la fièvre, à la maladie, au remords, à de vives inquiétudes, à l'avidité, à la cupidité, à la rapacité de qqn, à l'angoisse, à une anxiété, aux affres de la douleur, à des convulsions.
b) Vieilli. Qqc. (est) en proie à qqc. (subst. concr. désignant une force hostile). Maison en proie aux flammes; pays en proie à la disette, à la famine, à des calamités, à des fléaux, à des horreurs. Vous figurez-vous ce que peut être une nuit, dans une ville en proie à la peste? (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p.118).
Prononc. et Orth.:[], [-a]. LITTRÉ, PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 []; Pt ROB. [a], []; WARN. 1968 [], [a]; Lar. Lang. fr. []; MARTINET-WALTER 1973 16/17 []. Voir G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.19 n° 1 1981, p.218. Ac. 1694, 1718: proye; dep. 1740: proie. Étymol. et Hist. 1. 1119 preie «être vivant dont un animal s'empare pour le dévorer» (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 1648); 1275 oiseaus de praie (JEAN DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20115); 2. ca 1150 «ce dont on se rend maître dans la guerre» (Le Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 2875); 3. déb. XIIIes. «personne dont on s'empare; qu'on cherche à posséder» (ANDEFROI LE BASTARD, Chansons, éd. A. Cullmann, p.114); 4. ca 1380 «tout ce dont on s'empare» (ROQUES t.2, n° 13032, 9577); 5. 1587 fig. en proye du vice (LA NOUE, Disc., p.116 ds GDF. Compl.). Du lat. praeda «butin, dépouilles»; «prise faite à la chasse ou la pêche»; «pâture des animaux»; «gain, profit». Fréq. abs. littér.:3049. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 5092, b) 4866; XXes.: a) 3555, b) 3875.

proie [pʀwɑ; pʀwa] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; preie, 1119; du lat. præda.
1 Être vivant dont un animal (mammifère, oiseau…) s'empare pour le dévorer. || Les mammifères carnivores vivent de proies. Carnassier (→ Fauve, cit. 3; instinct, cit. 8). || Attendre (cit. 15), épier la proie (→ Doux, cit. 31), être à l'affût d'une proie. || Chasser, poursuivre sa proie. Chasse. || La « fuyante (cit. 1) proie ». || Rapace qui fond sur sa proie. || Manger, dévorer, déchirer une proie, s'acharner sur sa proie. || Proie qui sert d'appât dans un piège (cit. 2).Les proies d'une araignée, d'un insecte…
1 Alors soudain la bête a bondi sur sa proie,
Et debout, et terrible, et rugissant de joie,
De ses griffes de fer elle fouille, elle mord.
Albert Samain, le Chariot d'or, II, Évocations, « La chimère ».
(XIIIe). || … de proie : qui se nourrit surtout de proies vivantes. || Oiseau (cit. 4 et 7) de proie. Rapace (→ Émerillon, cit.). || L'aigle, l'épervier, le vautour sont des oiseaux de proie.
2 Dans chaque grande division de l'espèce animale, elle (la nature) a choisi un certain nombre d'animaux qu'elle a chargés de dévorer les autres : ainsi il y a des insectes de proie, des reptiles de proie, des oiseaux de proie et des quadrupèdes de proie.
J. de Maistre, les Soirées de St-Pétersbourg, 7e entretien.
Figuré :
3 (…) c'est l'intelligence et l'amitié qui me donnèrent la sorte de courage qu'il faut à un être très jeune et très faible pour s'accoutumer à l'idée qu'il vivra dans un monde peuplé d'animaux de proie.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV.
Par ext. || L'aigle et le lion « nés pour le combat et la proie » (→ Fier, cit. 1).
Allus. littér. Laisser, lâcher la proie pour l'ombre (→ 1. Ombre, cit. 44).
2 (1155). Vx. Butin de guerre; prise de guerre. || « Les nations sont ma proie » (→ Avare, cit. 8).
4 Oui, Seigneur, lorsqu'au pied des murs fumants de Troie
Les vainqueurs tout sanglants partagèrent leur proie,
Le sort, dont les arrêts furent alors suivis,
Fit tomber en mes mains Andromaque et son fils.
Racine, Andromaque, I, 2.
3 (1380). Ce qui est ravi, pris par la force, avec violence et avidité. || Sa fortune fut la proie des créanciers, des voleurs.Allus. littér. (→ Laisser, cit. 3, La Fontaine).
Personne dont on s'est emparé ou que l'on persécute pour s'en emparer… Victime (→ Incarcérer, cit. 1). || N'être qu'une proie, un objet de convoitise (→ Déshabiller, cit. 2). || Être la proie, le jouet d'une femme : être asservi par elle.
5 Ils furent la proie des hommes de loi et des hommes d'affaires.
France, le Petit Pierre, XX.
6 Elle goûtait, les paupières mi-closes, l'humiliation superbe d'être une belle proie.
France, le Lys rouge, XXI.
Par métaphore (poét.). || « C'est Vénus tout entière à sa proie attachée » || « C'est le destin. Il faut une proie au trépas » (→ Fille, cit. 24).
7 On ne voit point deux fois le rivage des morts,
Seigneur. Puisque Thésée a vu les sombres bords,
En vain vous espérez qu'un Dieu vous le renvoie;
Et l'avare Achéron ne lâche point sa proie.
Racine, Phèdre, II, V.
4 (Personnes). || Être la proie de… : être entièrement absorbé, pris par (un sentiment, une force hostile). || Être la proie du génie (→ Asservir, cit. 19); de l'adversité, du malheur (→ Élever, cit. 24). || Elle était la proie de n'importe quelles pensées, de n'importe quels rêves (→ Fatiguer, cit. 25).
8 Mais que vos yeux sur moi se sont bien exercés !
Qu'ils m'ont vendu bien cher les pleurs qu'ils ont versés !
De combien de remords m'ont-ils rendu la proie.
Racine, Andromaque, I, 4.
9 Il (Berlioz) ne commande pas à son démon; il est vraiment sa proie (…) il était terrassé, ravagé, dévasté par l'émotion musicale.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 25.
(Choses). Être livré à, exposé à. || La forêt fut un instant la proie des flammes. Destruction, ravage.
5 (XVIe). Littér. || En proie (à)… || Être en proie aux bêtes, livré en proie, comme une proie. || Tomber en proie à l'adversaire (→ Combativité, cit. 2). || Offert en proie à la malignité publique. Pâture.
10 L'apôtre et le fidèle, en ce siècle de fer,
M'abandonnent en proie aux bêtes de l'Enfer.
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Hiéronymus ».
Fig. Tourmenté par (un mal, un sentiment, une passion, une pensée…). || Être en proie à l'anxiété (cit. 2), à l'incertitude (cit. 13), aux inquiétudes (→ Poindre, cit. 2), à une obsession. || En proie à la colère (→ Assombrir, cit. 12), à l'irritation (cit. 4). || En proie à une émotion (→ Battre, cit. 61), aux passions (→ Fixer, cit. 18), à un sentiment (→ Obscurité, cit. 1), au désespoir (cit. 16); à des fantaisies (cit. 23)…En proie à la maladie.
11 Assise sur une chaise dans l'antichambre de cet appartement, madame de Rênal était en proie à toutes les horreurs de la jalousie.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IX.
12 Ma vie est en proie aux gens, aux choses, à tous les souffles, n'étant pas protégée.
Sainte-Beuve, Correspondance, 1229 bis, 16 août 1841.
13 Elle (Mme de la Tour) eut peu de succès; il (Rousseau) lui donna son congé par lettre, et lui signifia que c'était assez de cette troisième visite. En proie à ses idées fixes, Rousseau, à cette date, ne s'appartenait plus.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 29 avr. 1850.
(Choses). || Arbre « en proie à la cognée » (cit. 2). || Maison en proie aux flammes.
14 Tout sur terre est en proie, ainsi que nous le sommes,
Au souffle, à la tempête, au funeste aquilon.
Hugo, la Légende des siècles, XVII, « L'aigle du casque ».

Encyclopédie Universelle. 2012.