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séjour

séjour [ seʒur ] n. m.
XVe; sujurn 1080; séjur « arrêt, retard » 1138; de séjourner
1Le fait de séjourner, de demeurer un certain temps en un lieu. résidence. « Le Roi accorde passage aux Autrichiens [...] Le passage ? ou le séjour ? [...] Qui sait s'ils ne resteront pas » (Michelet). Séjour forcé. Interdiction de séjour. Carte de séjour. Taxe de séjour.
2Temps où l'on séjourne. Bref séjour. arrêt, pause. « Un séjour en prison de près de quatre mois vous fait oublier un peu les usages » (Aymé). Séjour à l'hôtel, à l'hôpital. Séjour d'été à la campagne. villégiature. Un séjour à l'étranger. Faire un séjour à la montagne, chez des amis. Prolonger son séjour. Pendant notre séjour. Par ext. et vieilli (Choses) Le long séjour des eaux sur la terre. « Ces souffrances ne pouvaient avoir pour cause que le séjour d'un corps étranger qui était resté dans les chairs » (Diderot).
3(1955; trad. de l'angl. living-room) SALLE DE SÉJOUR ou ellipt (1960) SÉJOUR : pièce où l'on se tient habituellement. ⇒ living-room, vivoir. Un trois pièces : séjour, deux chambres.
4Littér. Le lieu où l'on séjourne, où l'on demeure pendant un certain temps. demeure, habitation. Séjour solitaire. Séjour enchanteur. Vx Construction où l'on vit; demeure. « Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux » (du Bellay). Poét. Vx Le séjour éternel. ciel, paradis. Le séjour des dieux, des morts.

séjour nom masculin (de séjourner) Fait de séjourner quelque part pendant un certain temps : Votre séjour à la mer s'est bien passé ? Faire un séjour à l'hôpital. Lieu où l'on séjourne : Ce village est un agréable séjour d'été. Pièce d'un appartement servant à la fois de salle à manger et de salon. (On dit aussi salle de séjour ; ) ● séjour (synonymes) nom masculin (de séjourner) Fait de séjourner quelque part pendant un certain temps
Synonymes :
- passage
Pièce d'un appartement servant à la fois de salle à...
Synonymes :
- living
- living room

séjour
n. m.
d1./d Fait de séjourner, de résider plus ou moins longtemps dans un lieu.
Permis de séjour: autorisation écrite officielle donnée à un étranger de séjourner dans un pays pour une période déterminée.
|| Temps pendant lequel on séjourne dans un lieu. Un long séjour en brousse.
d2./d Salle de séjour: V. salle.
d3./d Lieu où l'on séjourne. Séjour champêtre.

SÉJOUR, subst. masc.
A. — 1. Fait de demeurer un certain temps dans un lieu, un endroit. Séjour forcé; le séjour à la montagne est très sain; le séjour dans les villes est fatigant. La vie de Paris et son séjour dans un magasin sombre avaient fini par éteindre la vivacité de son teint de paysan (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 41). Il allait avoir un revenu sans doute médiocre, mais qu'il n'était pas impossible d'augmenter par des travaux de linguistique ou de traduction qui n'exigeraient sûrement pas le séjour constant à Paris (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 121).
Vieilli. Le séjour de + compl. circ. de lieu. Le séjour de la Bretagne est favorable à la santé; le séjour de Paris, des petites villes; redouter le séjour de la campagne. Il est difficile qu'un homme de vingt ans gagne au séjour des casernes (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 264). « Je ne suis pas certain que le séjour de Berck convienne tout à fait à Huguette ». Et il se lança dans des explications climatologiques (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 478).
DR. Carte/permis de séjour. V. carte III C 2 a. Interdiction, interdit de séjour. V. interdiction B.
2. Salle de séjour ou, p. ell., séjour. Salle d'une habitation où l'on se tient habituellement. L'espace séjour est con-struit autour de la pièce maîtresse: une boiserie Louis XV « patine antiquaire vieillie » (L'Express, 7 oct. 1978, p. 31, col. 3).
En compos. Séjour-salle à manger-cuisine. Un séjour-duplex orné d'une superbe cheminée de pierre (Elle, 5 déc. 1977, p. 20, col. 2). Maisons-Laffitte propriété (...). Rez-de-chaussée: somptueuse réception, rotonde, vaste salon, séjour-bibliothèque (L'Express, 1er oct. 1982, p. 80, col. 1).
B. — 1. Durée pendant laquelle quelqu'un demeure dans un lieu. Faire un long séjour, un séjour trop bref chez des amis; écourter son séjour; faire des séjours irréguliers à Paris; deux mois de séjour à l'étranger; séjour à l'hôtel, à l'hôpital, en prison. Portal revient de sa Lorraine, où il a fait son séjour annuel (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 404):
1. Mais le ciel m'ayant refusé le talent littéraire, j'ai uniquement pensé à décrire avec toute la maussaderie de la science, mais aussi avec toute son exactitude, certains faits dont un séjour prolongé dans la patrie de l'oranger m'a rendu l'involontaire témoin.
STENDHAL, Amour, 1822, p. 57.
TOUR. Prestation comprenant l'hébergement dans un même lieu ou dans des lieux différents pendant plusieurs jours consécutifs. Séjour libre; séjour à la ferme. Les prix s'entendent en argent suisse pour un séjour minimum d'une semaine... (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 451). Au menu circuit qui vous fait avaler un maximum de choses en un minimum de temps on préfère choisir un séjour à la carte et le panacher de balades en liberté, pour mieux déguster l'Amérique (L'Express, 14 mars 1981, p. 54, col. 1).
En compos. De Lyon: circuit-séjour « plage et désert » en Land-Rover, 8 jours pension complète, 1 820 F (Télérama, 18 mars 1981, p. 114, col. 1). Séjour-concert: musique de chambre, récitals, à Roussillon, L'Isle-sur-la-Sorgue, abbaye de Silvacane (Le Nouvel Observateur, 1er juin 1981, p. 19, col. 2).
2. Vieilli. Durée pendant laquelle une chose reste dans un milieu. Séjour des aliments dans l'intestin, d'un corps étranger dans une plaie; le fer rouille après un séjour dans la terre; séjour des eaux, des neiges dans un fond. La plus forte preuve du long séjour de la mer sur toute cette surface (...) est une élévation estimée avoir 70 pieds de hauteur et 7 à 8 milles de largeur (...) entièrement formée d'écailles d'huîtres (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 246). Je songe aux têtes des statues grecques mordues par un long séjour dans la mer (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 592).
MAR., vieilli. Temps qu'un bâtiment de guerre passe en relâche (d'apr. WILL. 1831).
C. — Lieu où l'on demeure pendant un certain temps. Séjour charmant, enchanteur, paradisiaque; séjour abominable, bruyant; séjour populeux, solitaire; cette propriété est un agréable séjour d'été. Les charmes du lieu, le monde élégant qui l'habite pendant la belle saison (...) tout contribue à faire de la vallée de Montmorency le séjour le plus agréable des environs de Paris (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 15). Laure Malaussene était donc venue vivre à Barterand; séjour assez dépourvu de gaieté. (...), ce château a l'air de se retirer à l'écart, de se cacher (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 8).
Littér. Lieu où se manifeste un phénomène. Ces districts, séjour de la paix, de l'heureuse industrie et de l'abondance, ne présentèrent bientôt plus que l'image de la désolation, de la misère et des ruines (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 80):
2. ... la chambre des dix-huit lits demeurait encore le séjour de l'élégance et du bon ton: hors deux détenus qu'on y avait mis, récemment transférés du Luxembourg à la Conciergerie, (...) il ne s'y trouvait que d'honnêtes gens, qui se témoignaient une confiance réciproque.
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 242.
Poét. [P. allus. à la myth. gr. ou à la trad. cath.]
Le Céleste séjour, le séjour des Dieux. L'Olympe. Un orage ravit Œdipe au séjour des dieux (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 274). Le séjour céleste ne fut jamais regardé que comme la récompense de quelques grands hommes et des bienfaiteurs de l'humanité (FUSTEL DE COUL. Cité antique, 1864, p. 8).
L'humide séjour, le séjour humide. La mer. Thétis retourne au séjour humide de Nérée (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 207).
Le séjour éternel, des anges, des bienheureux, des saints, etc. Le ciel, le paradis. S'ils avaient laissé sur la terre un souvenir de leur vertu (...) nous les suivrions de nos regards dans le séjour des élus, nous les contemplerions dans ces demeures de gloire et de félicité (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 294). L'empereur mérite de s'élever jusqu'au séjour bienheureux (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 308).
Le séjour infernal, des morts, des ténèbres, etc... L'enfer. L'auteur, sans s'expliquer davantage, dissout par cette mort le bonheur passager de Faust, et Hélène mourante à son tour est rappelée par son fils au séjour des ombres (NERVAL, Faust, 1840, introd., p. 19). Ah çà! dit le docteur (...), nous allons donc descendre jusqu'au centre de la terre? La chaleur augmente tellement que nous ne devons pas être bien loin du séjour des damnés (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 166).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: sejour; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « action de s'arrêter, de séjourner » prendre sujurn (Roland, éd. J. Bédier, 3696); 1176 estre a sejor [dans un lieu] « être à demeure » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 297); 1552 faire long sejour (RABELAIS, Quart livre, XI, éd. R. Marichal, p. 76, 85); 2. ca 1150 estre en sejor « être oisif » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5242); ca 1170 estre a sejor « être de repos dans un lieu agréable » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 2260); 3. ca 1200 « lieu (agréable) où on s'arrête, où on séjourne » (Ire Continuation de ,,Perceval``, éd. W. Roach, mss TVD, 12703). Déverbal de séjourner. Fréq. abs. littér.:3 163. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 011, b) 4 461; XXe s.: a) 3 152, b) 3 182.

séjour [seʒuʀ] n. m.
ÉTYM. XVe; sujurn, 1080; séjur « repos, attente, arrêt, durée », (1138), en anc. franç., dans de nombreuses loc. : prendre, avoir séjour, être à séjour; encore « arrêt, retard » au XVIIe (Corneille, Racine), et « repos » au XVIIIe (Buffon); dér. de séjourner.
1 Fait de séjourner, de demeurer un certain temps en un lieu. Habitation, résidence (→ 1. Bien, cit. 8). || Le séjour de Luther à la Wartburg (→ Minnesinger, cit.). || Le séjour de qqn dans une région, quelque part, chez qqn. || Séjour forcé. || L'ennui du séjour à bord (cit. 4)…Vx. || Être de séjour : séjourner.Vieilli. || Le séjour de (et compl. de lieu), dans…, à… || Le séjour de la campagne (cit. 13), des petites villes (→ République, cit. 4). || Interdire à qqn le séjour d'une ville, d'un pays : bannir qqn de (ce lieu). Bannissement, exil (cit. 4).(Sans compl.; dans : de séjour). Mod. || Interdit de séjour (→ Interdire, p. p., 2.).Carte de séjour. || Taxe de séjour.
1 La nouvelle éclate en juillet que le Roi accorde passage aux Autrichiens qui vont étouffer la révolution des Pays-Bas. Le passage ? ou le séjour ? (…) Qui sait s'ils ne resteront pas, si le beau-frère Léopold ne logera pas fraternellement à Mézières ou à Givet ?
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, III.
2 Temps où l'on séjourne (→ Borner, cit. 16; 1. droit, cit. 16). || Long (→ Grippe, cit. 5), court (→ Habitation, cit. 1), bref séjour (→ Parloir, cit. 4). Arrêt, pause. || De longs séjours. || Des séjours irréguliers dans, à… || Dix mois de séjour (→ Exigu, cit.). || Un séjour en prison (cit. 5). || Séjour d'apprentissage. Stage. || Séjour d'été à la campagne. Villégiature. || Pendant votre séjour dans la région, chez nous… || Séjour à l'hôtel, à l'hôpital.
2 Un long séjour, beaucoup de patience, surtout un jugement droit et sain, qualité plus utile que l'imagination chez un voyageur (…)
Mérimée, Hist. de Pierre le Grand, Appendice, Études sur la Russie.
Par ext., vieilli. (Sujet n. de chose). || Le long séjour des eaux sur la terre (cf. Buffon, in Littré). || Le séjour des neiges (→ Denteler, cit. 1).Mar. Temps de relâche (vieilli).
3 Il vint en tête au chirurgien du château (…) que ces souffrances dont le retour était si opiniâtre, ne pouvaient avoir pour cause que le séjour d'un corps étranger qui était resté dans les chairs, après l'extraction de la balle.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 732.
3 Salle de séjour, et, ellipt, séjour : salle où l'on se tient habituellement (pour traduire l'angl. living-room). Living. || Un trois pièces : séjour, deux chambres.
4 (Déb. XIIIe). Littér. Lieu où qqn séjourne, demeure pendant un certain temps. Endroit; habitation. → Arrêter, cit. 73; furtif, cit. 3. || Un séjour solitaire (→ 1. Penser, cit. 66). || Heureux (cit. 55), plaisant séjour. || Séjour enchanteur, paradisiaque (→ Paradis terrestre). || Un séjour de délices (→ Hôtel, cit. 7).Vx. Construction où l'on vit. Demeure. || « Plus me plaît le séjour qu'ont bâti (cit. 1) mes aïeux. »
4 Si nous quittions notre séjour ?
La Fontaine, Fables, VII, 12 (→ Ailleurs, cit. 1).
5 (…) il faut que la terre soit un séjour bien étranger pour la vertu, car elle ne fait qu'y souffrir.
Marivaux, la Vie de Marianne, I.
Poét., vx. || Le terrestre séjour : la terre (→ 1. Idéal cit. 5, Lamartine). || L'humide séjour : la mer. || Le séjour éternel. || Le séjour des anges, des bienheureux, des élus, des saints. Ciel, paradis. || Le céleste séjour. || Le séjour des dieux de la Grèce. Olympe. || Le séjour des morts. Élysée (1.), enfer (→ aussi Égyptien, cit. 1; gorger, cit. 1).

Encyclopédie Universelle. 2012.