1. supporter [ sypɔrte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1398; sorporter « endurer, emporter, entraîner » 1190; lat. chrét. supportare, en lat. class. « porter »
I ♦
1 ♦ Recevoir le poids, la poussée de (qqch.) sur soi, en maintenant. ⇒ soutenir; 1. porter. « Seule, la lampe avait changé [...] une colonne d'albâtre supportait le réservoir de cristal » ( F. Mauriac).
♢ Fig. Constituer le support, le substrat de. Les cas « où notre idée implique de soi l'illusion, et ne supporte, pour ainsi dire, point d'autre contenu » (Paulhan).
2 ♦ Avoir (qqch.) comme charge, comme obligation; être assujetti à. Supporter une responsabilité (⇒ assumer) , des risques. Vous en supporterez les conséquences. ⇒ subir. Supporter une dépense, un impôt, des frais.
3 ♦ Inform. Permettre le fonctionnement de (un logiciel). Cette configuration de micro-ordinateur supporte la dernière version de ce progiciel.
II ♦ (XVe; sorporter XIIe)
1 ♦ Subir, éprouver les effets pénibles de (qqch.) sans faiblir. ⇒ souffrir; accepter, endurer. Supporter une épreuve, un malheur. « Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d'autrui » (La Rochefoucauld). « elle supporta avec un courage d'héroïne d'abominables tortures » (Maupassant). « Qu'il nous aide seulement à supporter la vie, et l'art mérite encore notre gratitude » (Duhamel). Difficile, impossible à supporter : insupportable.
♢ Éprouver avec plus ou moins de patience, de courage. « Plus l'existence est difficile, mieux on supporte les peines » (Alain). Comme un taureau « supporte avec impatience la piqûre du taon » (Chateaubriand). Supporter de (et inf.). Elle ne supporte pas de rester inactive.
2 ♦ Subir de la part d'autrui, sans réagir, sans se rebeller ou sans interdire. Supporter un affront, une injure, des grossièretés. ⇒fam. digérer, encaisser. Supporter par faiblesse, par indulgence. ⇒ passer, permettre, tolérer. Tout supporter de qqn, tout lui passer. « il le harcelait de taquineries stupides, que l'autre supportait avec son inaltérable tranquillité » (R. Rolland). — Supporter que (et subj.). « il ne supporterait pas plus longtemps qu'on se fichât de lui » (A. Gide).
3 ♦ Supporter qqn, admettre, tolérer sa présence, son comportement. Il ne peut plus le supporter, il l'a en aversion (cf. fam. Il ne peut plus le sentir, l'encadrer, l'encaisser, le voir en peinture). « Après les avoir adorés le premier jour, supportés le second, maudits le troisième » (Maurois). — Il ne supporte pas les chats. — Pronom. (Récipr.) Il faut se supporter quand on vit ensemble.
4 ♦ Subir sans dommage (une action physique). Hiver dur à supporter, rigoureux. Supporter le bruit. « Ce qui me manque, tu vois, c'est de pouvoir supporter la boisson » (Céline). ⇒ tenir. — (Sujet chose) Son estomac ne supporte aucune nourriture solide. Plat, verre qui supporte le feu, qui va au feu. ⇒ résister. Plante qui ne supporte pas le gel.
♢ Fig. Résister à une épreuve. Son livre ne supporte pas la comparaison avec le précédent. ⇒ soutenir. Cette règle ne supporte aucune exception. ⇒ admettre, souffrir.
5 ♦ Admettre, considérer comme acceptable. ⇒ tolérer. Il ne supporte pas la violence à la télévision. — Trouver mangeable, buvable (la nourriture, la boisson). « Aimez-vous les épinards ? — Avec des petits croûtons, je les supporte » (Queneau).
III ♦ (v. 1963; de 2. supporter, d'apr. l'angl. to support « soutenir ») Anglic. Sport Encourager, soutenir (un sportif, une équipe sportive). — Par ext. Donner son appui à. Supporter un parti politique, un candidat.
supporter 2. supporter [ sypɔrtɛr; sypɔrtɶr ] n. m.
• 1907; mot angl. « celui qui supporte »
♦ Anglic. (var. francisée SUPPORTEUR , [rare] TRICE ). Partisan (d'un sportif, d'une équipe), qui manifeste son appui. \@Les supporters d'un coureur, d'un champion. ⇒ aficionado, tifosi.
♢ Personne qui apporte son appui à qqn. Les supporters du candidat.
● supporter nom masculin ou supporteur, supportrice nom (anglais supporter, de to support, soutenir) Personne qui encourage une équipe, un concurrent. ● supporter (homonymes) nom masculin ou supporteur, supportrice nom (anglais supporter, de to support, soutenir) supporter verbe supportèrent forme conjuguée du verbe supporter ● supporter verbe transitif (latin supportare) Soutenir quelque chose, lui servir d'appui, d'assise : Des piliers qui supportent une voûte. Assumer une charge, une obligation : Supporter les conséquences de ses actes. En Afrique, subvenir aux besoins de quelqu'un, l'avoir à sa charge. Être soumis à redevance : Ce genre d'articles supporte des taxes élevées. Résister à l'effet de quelque chose, ne pas en être endommagé : Le bateau a bien supporté la tempête. Subir quelque chose en y résistant, en faisant face : Supporter son sort avec courage. Ne pas être gêné par quelque chose, n'en éprouver aucun inconvénient : Il ne supporte pas le bruit. Tolérer, accepter quelque chose : Il ne supporte pas qu'on le contredise. Accepter la présence de quelqu'un, tolérer ses manières, même si l'on en souffre : Personne ne peut plus le supporter. Résister à une épreuve : Ce livre ne supporte pas l'examen. ● supporter verbe transitif (de supporter) Familier. Apporter ses encouragements à un concurrent, à une équipe. ● supporter (citations) verbe transitif (latin supportare) Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Il n'est de supportable que ce et ceux qu'on n'est pas obligé de supporter. En vrac Éditions du Rocher Marc Aurèle, en latin Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, empereur romain Rome 121-Vindobona 180 Les hommes sont faits les uns pour les autres ; instruis-les donc ou supporte-les. Pensées, VIII, 59 (traduction Meunier) Bible Car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement. Épîtres de saint Pierre, Ire, II, 19 Alexander Pope Londres 1688-Twickenham 1744 Je n'ai jamais connu, de ma vie, aucun homme qui ne pût supporter les malheurs d'autrui comme un parfait chrétien. I never knew any man in my life who could not bear another's misfortunes perfectly like a Christian. Pensées sur divers sujets ● supporter (homonymes) verbe transitif (latin supportare) supporter nom masculin ● supporter (synonymes) verbe transitif (latin supportare) Soutenir quelque chose, lui servir d'appui, d'assise
Synonymes :
- porter
- soutenir
Assumer une charge, une obligation
Synonymes :
- endosser
- se charger de
Résister à l'effet de quelque chose, ne pas en être endommagé
Synonymes :
- résister
Subir quelque chose en y résistant, en faisant face
Synonymes :
- accepter
Ne pas être gêné par quelque chose, n'en éprouver aucun inconvénient
Synonymes :
- s'accommoder de
Tolérer, accepter quelque chose
Synonymes :
- admettre
Accepter la présence de quelqu'un, tolérer ses manières, même si...
Synonymes :
- subir
- tolérer
Résister à une épreuve
Synonymes :
- résister à
- soutenir
● supporter (homonymes)
verbe transitif
(de supporter)
supporteur ou (Anglicisme) supporter
n. m. Celui, celle qui encourage un concurrent, une équipe sportive, qui lui apporte son appui. Syn. (Québec) partisan, (oc. Indien) pipeur.
|| Par ext. Personne qui apporte son appui (à qqn, à une idée). Le supporteur fidèle d'un homme politique.
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supporter
v. tr.
rI./r
d1./d Servir de support à, soutenir. Les poutres qui supportent le toit.
d2./d Subir, endurer les effets de. Il supporte mal la douleur.
|| Subir, endurer sans faiblir. Supporter les privations.
d3./d Tolérer (un comportement désagréable, pénible) sans manifester d'impatience, d'irritation, de colère, etc. Supporter l'impertinence de qqn.
— Par ext. Je ne peux supporter cet individu.
|| v. Pron. (Récipr.) Ils se supportent mal.
d4./d Opposer la résistance voulue à (une action destructrice); être à l'épreuve de. Poterie qui supporte le feu.
|| Fig. Cette théorie ne supporte pas l'examen.
d5./d Avoir toute la charge, tous les inconvénients résultant de. J'ai eu à supporter de gros frais.
d6./d (Afr. subsah.) Subvenir aux besoins de (qqn), avoir (qqn) à sa charge. Supporter ses vieux parents. Syn. soutenir.
rII./r (Emploi critiqué.) être le supporter de (un sportif, une équipe sportive).
I.
⇒SUPPORTER1, verbe trans.
I. — [Le suj. désigne une chose ou une pers.; le compl. d'obj. désigne une chose] Avoir sur soi le poids, la charge de quelque chose.
A. — [Le suj. désigne une chose concr.]
1. Porter, soutenir une chose pesante, en recevant son poids, sa poussée. Synon. porter, soutenir. Colonne qui supporte un mur, une voûte; statue qui supporte un balcon. Des maisons rouges, supportées par des piliers de granit bleuâtre, la ferment de tous côtés [la place de Burgos] (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 34). Cette gouttière était si ruinée que je doute qu'elle eût supporté sans s'écrouler le poids d'un chat (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 235).
— P. ext. Constituer la surface sur laquelle est posée quelque chose. Colonne supportant un vase. Des planches brutes posées sur de simples tréteaux, supportant un bon nombre de livres épars (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 456). Dans une attitude méditative (...), un coude posé sur le bras du fauteuil, sa main supportant son menton (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 156).
2. En partic.
a) Tenir, faire tenir dans une position donnée; servir de support à. Elle avait pour pendants d'oreilles deux petites balances de saphir supportant une perle creuse, pleine d'un parfum liquide (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 40). Sous le manteau de la cheminée, deux landiers supportent les bûches (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 157).
b) Maintenir suspendu. Mur supportant des toiles. Tu me laisses te passer au cou cette petite corde (...) et (...) tu te laisses pendre gentiment à ce crochet qui supporte ton escopette (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 106). À côté du lit, une perche étendue horizontalement sert à supporter les vêtements quand on les quitte pour se coucher (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 159).
3. Constituer le support, la base, le fondement de quelque chose. Synon. sous-tendre. Cette hypothèse de la confusion du bien moral et du bonheur supporte pourtant une construction plus plausible que la précédente de la conduite humaine (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 163). Le plaisir ingénu de croire, qui engendre le plaisir ingénu de produire, et qui supporte toute lecture (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 60).
B. — Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.] Prendre en charge, assumer une obligation financière, juridique, morale; être assujetti à. Synon. se charger de, endosser. Supporter une dépense, une serviture; supporter les frais d'un procès, d'une campagne publicitaire; supporter un risque, une responsabilité. Lorsqu'il a été stipulé que l'époux ou ses héritiers n'auront qu'une certaine part dans la communauté, (...) [ceux-ci] ne supportent les dettes de la communauté que proportionnellement à la part qu'ils prennent dans l'actif (Code civil, 1804, art. 1521, p. 281). Jamais Nadine ne m'avait soufflé mot de ce désir de maternité (...). Pour un temps du moins, il faudra que ce soit ton père ou Henri qui supportent cette charge (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 502).
— En partic. Supporter les conséquences de qqc. Avoir tous les inconvénients, tout l'embarras de quelque chose. Supporter les conséquences d'une attitude maladroite:
• Eh! Il vous est facile de faire de l'obstruction, très cher ami! C'est moi qui en supporte les conséquences, voilà tout. Je vois déjà venir une engueulade, ah là là! Une engueulade maison
CAMUS, Cas intéress., 1955, 2e temps, 10e tabl., p. 706.
2. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Être l'objet d'une charge, d'une obligation. Budget qui supporte des dépenses énormes; produit qui supporte des taxes; maison qui supporte des charges. Tes biens ne sont peut-être pas assez considérables pour supporter une hypothèque de trois millions (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 64). Cette énorme inflation des dépenses (...) est supportée par une économie terriblement déficiente (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 117).
II. — [Le suj. désigne un animé ou une chose; le compl. d'obj. désigne une chose] Résister à, subir en résistant (l'effet de) quelque chose.
A. — [Le suj. désigne un animé ou une chose concr.]
1. Résister à l'action violente, à l'effet destructeur de quelqu'un ou de quelque chose. Synon. résister à. Matière qui supporte les acides; porcelaine qui supporte le feu; bateau qui supporte la tempête; voiture qui supporte une collision; armée qui supporte le choc de l'adversaire. Plutôt que de laisser mourir vos bêtes une à une, vous achetez une vingtaine de kilogrammes d'acide prussique que vous mettez en topettes, en calculant la dose que peuvent supporter vos animaux (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 317). Mon compagnon (...) referma la porte vitrée juste à temps pour supporter l'assaut de ceux qui nous poursuivaient (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 41).
2. Ne pas être altéré, endommagé par les effets d'une action ou d'une épreuve physique. Synon. endurer, tolérer. Supporter le froid; supporter de s'exposer au soleil; (bien) supporter un jeûne, le vin; hiver dur à supporter; mur qui ne supporterait pas un exhaussement; plante qui supporte la gelée; vin qui supporte le coupage. Dans le cas où Votre Altesse Royale n'aurait pu, pendant l'hiver, supporter le climat de Prague, elle serait retournée en Italie (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 467). Mais les expériences de Paul Becquerel ont montré que, même en état de vie latente, les micro-organismes sont incapables de supporter l'effet de telles radiations (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 191).
♦ Empl. pronom. passif. Dans ces climats-ci la chaleur se supporte beaucoup mieux que le froid (FLAUB., Corresp., 1850, p. 181).
— [P. méton. du suj.] Estomac qui ne supporte pas les aliments acides; peau qui supporte mal les tissus synthétiques. Ces teints délicats qui ne supportent pas le hâle (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 3, p. 1616).
B. — [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Résister à un examen, à une épreuve. Synon. admettre, résister à. En revenant au sol égyptien, il trouvait que (...) tous ces fameux débris tant vantés (...) ne sauraient néanmoins supporter la comparaison, ni donner l'idée de Paris (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 154). Ses nouveaux papiers pouvaient supporter toutes espèces de vérification (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 258).
III. — [Le suj. désigne une pers.; le compl. d'obj. désigne une chose ou un animé] Tolérer, s'accommoder de quelque chose ou de quelqu'un.
A. — [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Subir, endurer avec constance, en faisant face, une souffrance physique ou morale, les conséquences d'un état ou d'un événement pénible. Synon. s'accommoder de, encaisser (fam.), souffrir. Supporter la douleur, la faim, la fatigue; ne pas supporter la vue du sang; supporter un malheur, une épreuve, son sort, la vie; ne pas supporter l'absence (de qqn), l'attente (de qqc.). Mon oncle (...) ne sait pas supporter l'adversité! (GONCOURT, Journal, 1878, p. 1275). Pour supporter votre condition, la condition humaine, vous avez besoin, comme tout le monde, de beaucoup de courage (SARTRE, Nausée, 1938, p. 155).
♦ Empl. pronom. passif. De sorte que ce filou de père Saucisse, quand il serait enfin crevé, aurait les pieds sur le crâne du père Fouan. Est-ce que cette idée-là pouvait se supporter une minute? (ZOLA, Terre, 1887, p. 505). La souffrance physique se supporte aisément si elle accompagne le succès d'un long effort (CARREL, L'Homme, 1935, p. 375).
— P. anal. Éprouver sans défaillance un état ou un sentiment agréable et d'une grande intensité. Elle était une niaise de n'avoir pu supporter la douceur cuisante d'une caresse (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 168). Il ne distinguait pas ses yeux, mais sentait l'envelopper son regard. Comme s'il n'en pouvait supporter la douceur, cachant sa face dans ses mains:— Ah! pourquoi vous ai-je rencontrée si tard? (GIDE, Caves, 1914, p. 871).
B. — [Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou abstr.]
1. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] Ne pas être gêné, perturbé par une incommodité, n'en éprouver aucun inconvénient. Synon. s'accommoder, tolérer. Ne pas supporter les cris des enfants, les inconvénients d'une maison; ne pas supporter l'avion; ne plus supporter Paris. Le philosophe allait et venait (...) comme un homme agité (...) qui, sitôt en promenade, pense à rentrer, et, sitôt rentré, ne peut pas supporter sa chambre (BOURGET, Disciple, 1889, p. 209). Saveilhan, promotion 33. Bon orateur. Dissimulé sûrement et douteur. Ne supportera pas longtemps la discipline du Parti Communiste (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 150).
2. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] Considérer comme acceptable ou admissible. Synon. admettre, tolérer. Ne pas supporter tel genre de film, de livre, l'opéra; ne plus supporter telle sorte de conversation, de raisonnement. Ma fièvre de tout voir ne se peut plus guérir; Je ne supporte pas la demi-découverte, Il me faut maintenant deviner ou mourir (SULLY PRUDH., Justice, 1878, p. 70). Claire et moi, nous ne pouvons pas supporter l'acajou, surtout l'acajou plaqué (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 66).
3. En partic.
a) [Le compl. d'obj. désigne une boisson, un aliment] Trouver buvable, mangeable. — Aimez-vous les épinards? — Avec des petits croûtons je les supporte, mais je ne ferais pas des folies pour (QUENEAU, Zazie, 1986 [1959], p. 74).
b) [Le compl. d'obj. désigne un vêtement, un pansement] Endurer ou porter sans incommodité. On supporte un lainage; ne pas supporter les corsets, les vêtements serrés. Cela (...) me rendit (...) insensible au froid au point d'avoir peine à supporter les plus légers vêtements même en hiver (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 45). Il ne peut supporter les bandages herniaires (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 44).
C. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une manière d'agir, un comportement] Subir quelque chose de la part d'autrui, sans protester ou sans intervenir. Synon. souffrir, subir, tolérer. Supporter un affront, un mensonge, une punition; supporter l'autorité d'un tyran; supporter les incartades d'un enfant; ne pas supporter la critique. Mon goût pour Amélie m'a appris à esquiver la colère de Germaine ou à la supporter sans y céder à l'instant (CONSTANT, Journaux, 1803, p. 47). J'espérais un regard d'elle, un sourire, mais son visage restait impassible et plus impénétrable que jamais. Je sentis que je ne pourrais supporter son dédain et m'apprêtais à la haïr (GIDE, Geneviève, 1936, p. 1354).
— Supporter + adv. ou pron. de qqn. Accepter stoïquement la conduite de quelqu'un. Tout supporter de qqn. Chez moi, il n'y a que mon œuvre de fixée. Je supporterais mille fois plus d'un bâtard non reconnu que d'un enfant légitime, d'une maîtresse que d'une épouse, parce que c'est le caractère légal, obligatoire, du lien, qui me rend fou (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1235).
— Empl. abs. Accepter. Je ne pouvais plus vivre dans le marais, le chaos, la confusion. Je ne voulais plus supporter sans comprendre (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 107). Il s'humiliait. Il s'inclinait... — « Ertragung — Ergebung — Ergebung!... » — « Supporte, accepte, accepte! (...) » Ce consentement au destin... Imagine-t-on ce qu'à un Beethoven il a pu coûter! (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 57).
2. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] (Ne pas) supporter de + inf./que + subj. (Ne pas) admettre, tolérer de/que. Synon. tolérer. Il ne supporte pas qu'on se fiche de lui. Comme elle est souvent ridicule, je ne pourrais supporter d'aller avec elle dans le monde (CONSTANT, Journaux, 1803, p. 41). Pluvinage (...) ne pouvait simplement plus supporter que le commissaire remuât son crayon du même mouvement que Daniel la veille (NIZAN, Conspir., 1938, p. 210).
D. — [Le compl. d'obj. désigne un animé] Admettre, tolérer la présence, le comportement d'une personne ou d'un animal en dépit des inconvénients que cela peut comporter. Ne pas supporter les chats. Il ne pouvait supporter la présence et la figure du marquis de Cazolles (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 365). Il faut parfois une patience d'ange pour supporter Saniette (PROUST, Sodome, 1922, p. 973).
— Empl. pronom. réfl. S'accepter tel qu'on est. Je suis sorti pour faire des visites et promener mon ennui. Il faudrait dans ces états se supporter soi-même et ne pas se répandre au dehors (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 177). C'est à son insu que je viens vous dire que vous seul pouvez la rendre heureuse (...). Du reste, après cette démarche, je ne pourrai plus l'épouser, ni me supporter moi-même (CAMUS, Possédés, 1959, 2e part., 11e tabl., p. 1035).
— Empl. pronom. réciproque. S'accepter mutuellement. Synon. se souffrir, se tolérer. Il avait beaucoup du caractère de Rose, c'est pour cela qu'ils ne pouvaient pas se supporter (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 37). V. support I C ex. de Gide.
Prononc. et Orth.:[], (il) supporte [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1385 « prendre en charge, soulager » (EUSTACHE DESCHAMPS, Mir. de mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 210: Si les [les vieillards] devons en leur vieillesse Servir, supporter leur detresse); b) 1385 l'un l'autre supporter « s'aider mutuellement » (ID., ibid.); c) 1470 (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen, t. 4, p. 108: nostre dicte ville a esté supportée plus que nulle autre) — 1718 « favoriser, appuyer » (Ac.), encore ds BERN. DE ST-P., Ét. nat., t. 3, 1784, p. 405; 2. a) 1431 (CLEMENT DE FAUQUEMBERGE, Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 164: ne pourroit soubstenir ne supporter les charges de la prevosté; t. 3, p. 23: pour laquelle despense supporter; t. 3, p. 24: a supporté en grant pacience les estranges manieres et verbales responses faictes en ceste matiere); b) 1432 (RÉGNIER, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p. 105: Job (...) le bien et le mal supporta); c) ca 1485 « maintenir, porter par-dessous » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35627); d) 1607 (URFÉ, Astrée, t. 1, p. 228: ne me pouvant supporter courroucée); e) 1611 (BERTAUT, Œuvres poét., p. 31: supporter la clarté); f) 1623 (GARASSE, Doctrine curieuse, p. 544: ainsi les articles de nostre creance supportent et soustiennent toute l'oeconomie de la doctrine evangelique); g) 1671 (BOUHOURS, Entretiens, p. 35: elle [la vérité] ne peut supporter les metaphores trop hardies); h) 1699 ne plus pouvoir se supporter soi-même (FÉNELON, Aventures de Télémaque, p. 251); i) 1748 supporter le même examen (DIDEROT, Bijoux indiscrets, p. 142); j) 1751 (PRÉVOST, Lettres angloises, t. 5, p. 533: un habile homme (...) qui lui a prescrit un régime, aussitôt que son estomac sera capable de le supporter); 3. 1963 « encourager, soutenir (un sportif, une équipe) » (d'apr. REY-GAGNON), contesté en ce sens (cf. J. DARBELNET, Regards sur le fr. actuel, 1963, pp. 31-32, ibid.). Empr. au b. lat. supportare « soutenir » et « souffrir, tolérer, endurer » (IVe s. ds BLAISE Lat. chrét.), du lat. class. supportare (comp. de sub « sous » et portare « porter ») att. au sens de « porter, transporter ». En fr. l'ext. des sens de supporter s'explique prob. par l'infl. des nombreux comp. de porter, en partic. de l'a. fr. sorporter (sourporter, surporter) att. aux sens de « entraîner, emporter » (XIIe-XIIIe s., v. GDF.), « endurer » (fin XIIe s.), « favoriser, avantager » (XIVe s.) et l'a. m. fr. sousporter (sosporter) att. aux sens de « soulager » aux XIIIe-XIVe s. et « supporter le coût de » au XIVe s. (v. GDF., s.v. sourporter et sousporter; v. aussi FEW t. 9, p. 217); cf. aussi lat. médiév. supportare « aider, encourager » (1223) et « supporter le coût de » (1487, v. LATHAM). Le sens 3 est repris à l'angl. to support (lui-même empr. au XIVe s. au fr. avec les sens de « endurer, tolérer » et « encourager, donner aide, soutien à [quelqu'un, une cause] ») , att. dans le domaine du sport en 1952 (v. NED et NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 4 899. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 259, b) 5 444; XXe s.: a) 5 674, b) 8 393.
II.
⇒SUPPORTER2, verbe trans.
A. — [Le compl. d'obj. désigne une pers., un ensemble de pers. ou, p. méton., une action] Aider activement, donner son soutien moral ou matériel à. Supporter un candidat, un parti politique; supporter l'action courageuse de qqn. [L'Allemagne] a des agences de renseignements dans toutes contrées, des ligues de négociants qui supportent ces agences (VALÉRY, Conq. méthod., 1897, p. 23). « L'Aube » (quotidien) a disparu purement et simplement ainsi que le parti qui le supportait (Conférencier, 24 janv. 1968 ds GILB. 1971).
B. — SPORTS, fam. [Le compl. d'obj. désigne un sportif, une équipe sportive, un club] Encourager, soutenir. Supporter un champion, une équipe de rugby. Beaucoup de Transalpins qui auront franchi la frontière pour supporter leurs compatriotes (coureurs italiens du Tour de France) (La Croix, 9 juill. 1965 ds GILB. 1971).
Prononc. et Orth.:[], (il) supporte [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. supporter1. Bbg. BECKER 1970, p. 73, 268, 327. — BUIES (A.). Anglicismes et canadianismes. Montréal, 1979, p. 38.
III.
⇒SUPPORTER3, -TRICE, subst.
A. — Personne qui est favorable à quelqu'un ou à une cause et qui lui apporte son appui matériel ou moral, ses encouragements. Supporters d'un candidat aux élections présidentielles. Je crois bien que Mme Rachel, et bien d'autres, ont eu ainsi leurs « supporters » et leurs ennemis personnels (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 1). L'affaire est venue devant la Commission sociale des Nations Unies où la proposition polonaise dictée par un souci d'humanité a soulevé contre elle tous les supporters du régime de Franco (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 3, col. 5).
B. — SPORTS. Amateur de sport qui manifeste son soutien à un sportif, une équipe, un club qui a sa préférence. Supporters d'un coureur cycliste, d'un footballeur. Quelques jolies femmes — supportrices pour la plupart (Paris-Sport, 27 mai 1934 ds HÖFLER Anglic. 1982). Sans doute ne voulaient-ils pas tuer, ces supporters anglais qui se sont lancés à l'assaut d'une tribune italienne. Ils voulaient en découdre, bien sûr, sortir vainqueurs de cette conquête du terrain, mime grotesque de la conquête à venir du vrai terrain. Ils jouaient leur match (Le Monde aujourd'hui, 2-3 juin 1985, p. II, col. 6).
— [Dans certains n. comp., en appos. ou avec une valeur d'adj.] Le problème des supporters-casseurs préoccupe (Le Point, 3 oct. 1977, p. 107, col. 2). Au moment du coup de canon de départ [de la Route du rhum] (...). L'immense plan d'eau compris entre les remparts de Saint-Malo, le phare du Grand-Jardin et le cap Fréhel était blanc de voiles de bateaux-supporters, quadrillé de vedettes, de simples barques, de chalutiers (Le Point, 13 nov. 1978, p. 95, col. 3).
REM. Supporterisme, subst. masc., sports. Action de supporter. Le « supporterisme » est un comportement social qui engage l'individu, y compris dans son corps: lui aussi, il « fait le déplacement ». Il y a onze bons joueurs (face à onze méchants) sur le terrain, mais ils sont aussi des milliers dans les tribunes (Le Monde aujourd'hui, col. 4, 2-3 juin 1985, p. II, col. 6).
Prononc. et Orth.:[], [-]; fém. [-]. MARTINET-WALTER 1973 [-], [-] (13/4). Avec la forme fr. du suff., supporteur (Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 307). Étymol. et Hist. a) 1846 supporter « partisan (domaine pol.) » (LOUIS-PHILIPPE, Let. à Guizot, 25 juill., in R. rétrospective, 12, p. 185a ds QUEM. DDL à paraître); b) 1907 sports (L'Auto, 9 oct. dsPETIOT); 1934 supportrice (Paris-Sport, 27 mai, ibid.). Empr. à l'angl. supporter (dér. de to support, v. supporter1) « personne qui donne son appui à (une personne, une cause) », att. dep. 1432-50, en partic. dans le domaine milit. dep. la fin du XVIIIe s. au sens de « forces de seconde ligne » et dans le domaine du sport dep. 1922 (v. NED et NED Suppl.2); cf. lat. médiév. supportator « celui qui défend, qui aide » (XVe s. ds LATHAM). En fr. une attest. isolée de supporteur « celui qui apporte son appui, son soutien » (1553, GUILLAUME POSTEL, Les tres merveilleuses victoires des femmes du Nouveau Monde, p. 79), repris ds Lar. 19e, « personne qui supporte », Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, QUILLET 1965. Fréq. abs. littér.:20. Bbg. BECKER 1970, p. 267. — BLOCH.-RUNK. 1971, p. 290.
1. supporter [sypɔʀte] v. tr.
ÉTYM. V. 1360; sorporter, 1190, « endurer », et aussi « emporter, entraîner, dominer »; lat. chrét. supportare, en lat. class. « porter », de sub-, et portare.
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1 (Fin XVe). Sujet et compl. n. de chose. Recevoir le poids, la poussée de (qqch.) sur soi, en maintenant. ⇒ Soutenir; porter (→ Broc, cit. 1; corniche, cit. 3; essieu, cit. 3; kiosque, cit. 1; 1. palais, cit. 4). || Colonne, colonnettes (cit. 1), contrefort, pilier supportant un mur, une voûte (⇒ Appui, soutien). || Un toit que supportent des poteaux (→ Halle, cit. 6). || Faire supporter une charge, un poids par… ⇒ Appuyer, tenir. — Au p. p. || La tête supportée par des manteaux roulés (→ Ronfler, cit. 2).
1 Seule, la lampe avait changé (…) une colonne d'albâtre supportait le réservoir de cristal (…)
F. Mauriac, le Mystère Frontenac, I, I.
♦ Par métaphore ou fig. Didact. Constituer le support (5.), le substrat de… || Le vin supporte une mythologie (cit. 3) variée. || Le faux supporte le vrai (→ Quel, cit. 28).
2 — Que dire des cas où notre idée implique de soi l'illusion, et ne supporte, pour ainsi dire, point d'autre contenu ?
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 102.
2 (Déb. XVe). Sujet n. de personne; compl. n. de chose abstraite. Par métaphore, fig. || Supporter l'autorité d'un tyran. ⇒ Courber (courber sous…). || Faire la guerre au loin ou la supporter sur le territoire national (→ Guerre, cit. 30).
♦ Spécialt. Avoir comme charge, comme obligation; être assujetti à… || Supporter une responsabilité (⇒ Assumer), des risques. || Vous en supporterez les conséquences. ⇒ Pâtir. — Supporter une obligation juridique, une dépense, un impôt, des frais, une servitude. || La pension alimentaire est supportée par les héritiers (→ Hérédité, cit. 2). || La contribution que supporte une maison (→ Réclamer, cit. 7).
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II (XVe; sorporter, XIIe).
1 Sujet n. animé; compl. n. de chose abstraite. Subir, éprouver les conséquences pénibles de (un événement, un état, une action) sans faiblir, avec constance. ⇒ Souffrir (I., 1.), soutenir (II., 2., vx); accepter, accommoder (s'), endurer, résister (à). || Supporter une épreuve (→ Douter, cit. 34), un malheur, le malheur (→ Capable, cit. 11; joie, cit. 18), les coups du sort (→ Braver, cit. 7), les infortunes (→ Prévoir, cit. 1). || Supporter la fatigue, la misère (cit. 13). || Supporter ses maux avec patience (cf. Prendre son mal en patience). || « Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d'autrui » (cit. 5). — Supporter l'existence, la vie (→ Croire, cit. 69; dévotion, cit. 3; quitter, cit. 6). — Ce qu'on peut (⇒ Supportable), ce qu'on ne peut pas supporter (⇒ Insupportable, intolérable).
3 On supporte un état violent quand il passe. Six mois, un an, ne sont rien; on envisage un terme, et l'on prend courage. Mais, quand cet état doit durer toujours, qui est-ce qui le supporte ? Qui est-ce qui sait triompher de lui-même jusqu'à la mort ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, VI.
4 — (Le métier) vous fera une belle réputation, monsieur ! — Je la soutiendrai, monsieur. — Dites que vous la supporterez, monsieur.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, III, 5.
5 Pendant dix heures que dura la fausse couche elle supporta avec un courage d'héroïne d'abominables tortures.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Mouche ».
6 On était, en réalité, arrivé à ce moment fatal où un peuple ne peut plus, suivant la forte expression d'un auteur latin, supporter ni ses maux ni leurs remèdes.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascens. Bonaparte, XX.
7 Qu'il nous intéresse à la vie, et l'art est bien près de nous la faire aimer. Qu'il nous aide seulement à supporter la vie, et l'art mérite encore notre gratitude.
G. Duhamel, Défense des lettres, IV, V.
♦ Éprouver avec plus ou moins de constance, de patience, de courage. || Plus l'existence est difficile, mieux on supporte les peines (→ Prévision, cit. 1). || Supporter mieux ses maux (→ Équilibre, cit. 18). || « Comme un taureau supporte avec impatience (cit. 3) la piqûre du taon ». — L'incertitude (cit. 12) est de tous les tourments le plus difficile à supporter. || Événement bien difficile à supporter (cf. fam. Coup dur).
2 (XIVe). Compl. n. de chose (action, comportement). Subir de la part d'autrui, sans réagir, sans se rebeller ou sans interdire. || Supporter un affront, une injure, des grossièretés. ⇒ Avaler, boire, dévorer (C.), digérer (3.), encaisser. || Il a bien fallu qu'il supporte la punition, la corvée. Cf. fam. S'allonger, s'appuyer, déguster. || Supporter les insolences, les fredaines d'un enfant. ⇒ Tolérer; indulgence. || Supporter qqch. par faiblesse, par indulgence (⇒ Pardonner, passer [sur], permettre), par grandeur d'âme, par tolérance. ⇒ Condescendre (à). || Tout supporter de qqn, tout lui passer (→ Irritable, cit. 2).
8 (…) il le harcelait de taquineries stupides, que l'autre supportait avec son inaltérable tranquillité.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, III, p. 89.
♦ Absolt. Accepter, céder. || Refus de supporter. ⇒ Intolérance. || « Plutôt perdre (cit. 5) que supporter. »
♦ (1559). || Supporter que (suivi du subjonctif). || Il supporte qu'on se moque de lui. || Je n'étais pas d'humeur à supporter qu'il me raillât (cit. 5). || Elle n'eût point supporté qu'on la loue (→ Proprement, cit. 3). ⇒ Admettre.
9 (…) il ne supporterait pas plus longtemps qu'on se fichât de lui (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, VII, p. 163.
3 (Fin XIVe). Compl. n. de personne ou d'animal. || Supporter qqn, admettre, tolérer sa présence, son comportement. || Il ne peut plus le supporter : il l'a en aversion (cf. fam. Il ne peut plus le voir en peinture). || Aucune nurse ne la supportait plus (→ Hurleur, cit. 2). ⇒ Insupportable. || Je ne supporte plus ces chats.
♦ Compl. n. d'inanimé personnifié :
10 Après les avoir adorés le premier jour, supportés le second, maudits le troisième, la vieille servante éplorée vint décrire à Aurelle le sort injuste de ses cuivres (…)
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, I.
4 (Fin XVe). Subir sans dommage (une action physique). ⇒ Résister. || Hiver dur à supporter. ⇒ Rigoureux, rude. || Une puanteur impossible à supporter (→ Disséquer, cit. 1). — Supporter le vin, l'alcool. ⇒ Tenir. — Par ext. (Sujet n. de chose). || Son estomac ne supporte aucune nourriture (cit. 2) solide. || L'olivier (cit. 1) peut supporter de légères gelées. || Plat, verre qui supporte le feu, qui va au feu.
11 Ce qui me manque, tu vois, c'est de pouvoir supporter la boisson.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 273.
11.1 Cette vie lui profita, et, arrivé à l'âge de l'homme fait, il était capable de tout supporter, le froid, le chaud, la faim, la soif, la fatigue.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 36.
♦ Fig. Résister à une épreuve. || Cette thèse ne supporte pas l'examen. ⇒ Résister (à), soutenir. || Cette règle ne supporte aucune exception. ⇒ Admettre (5., b.).
5 (1538). Admettre, considérer comme acceptable. || Je ne supporte plus cette sorte de paradoxe (→ Exécuter, cit. 23). || Supporter un livre, un spectacle. || Il ne supporte pas, il ne peut pas supporter les mathématiques, la musique classique. (⇒ Allergique, imperméable, réfractaire). — Trouver mangeable, buvable (la nourriture, la boisson).
12 — Aimez-vous les épinards ?
— Avec des petits croûtons je les supporte, mais je ne ferais pas des folies pour.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 76.
♦ Pron. (Passif). Être supporté. || Un martyre se supporte plus aisément qu'une épine sous l'ongle (→ Endurance, cit. 3). — (Réfl.). || Se supporter soi-même. — (Récipr.). || Il faut se supporter les uns les autres.
13 Contrairement à ce que l'on peut croire, ce sont les situations extrêmes qui se supportent le mieux sans le génie et l'invention (…)
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, I, p. 16.
♦ P. p. adj. || Supporté. Voir à l'article. — Spécialt. Blason. || Chef supporté, soutenu.
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III (V. 1963; de 2. supporter, d'après l'angl. to support « soutenir »). Calque de l'angl., très critiqué.
1 (Sports). Encourager, soutenir (un sportif, une équipe sportive). — Par ext. Aider, donner son appui à… || Supporter un parti politique.
2 (Franç. d'Afrique). Subvenir aux besoins de (qqn). — Syn. : soutenir.
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DÉR. Support, supportable.
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2. supporter [sypɔʀtɛʀ; sypɔʀtœʀ] n. m. ou supporteur, trice [sypɔʀtœʀ, tʀis] n.
ÉTYM. 1907, supporter; empr. angl., « celui qui supporte »; supportrice, 1951, R. Fallet; supporteur, de supporter « encourager, soutenir (un sportif) », de l'angl. to support.
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♦ Anglicisme.
1 Partisan (d'un sportif, d'une équipe) qui manifeste son appui. || Les supporters d'un coureur, d'un champion. ⇒ Aficionado.
1 (…) il disputait une étape de montagne et, au sommet du col qu'il passait détaché avec cinq minutes d'avance sur le peloton lancé à ses trousses, des millions de supporters lui criaient : « Vas-y Gégène ! Allez Gégène ! »
J. Cau, la Pitié de Dieu, p. 54.
2 Les supporters du Racing redonnaient de la voix, attachés à galvaniser leur équipe.
René Fallet, le Triporteur, p. 396.
3 Le fotballe, ils ne sortent pas de la division Escaut. Appeler ça se déplacer… Ça n'empêche pas les gens d'y courir, quand nous autres il n'y avait jamais un chien, et encore moins maintenant. De quoi être honteux quand la télévision se dérange. Trois quatre pelés et un tondu de supporteurs qui crient fort pour faire nombre.
André Stil, Qui ?, p. 36.
2 (1948). Personne qui apporte son appui à qqn. || Les supporteurs et les supportrices d'un candidat aux élections.
4 (…) et les peintres qui ne pipaient mot de son vivant et le laissaient faire estomaqués, trop heureux d'être mis sous contrat par un tel supporter, ont eu le front de se plaindre de lui (Ambroise Vollard) après sa mort !
B. Cendrars, Bourlinguer, p. 429.
Encyclopédie Universelle. 2012.