surprise [ syrpriz ] n. f.
1 ♦ Vx Action par laquelle on prend ou l'on est pris à l'improviste. « La Surprise de l'amour », comédie de Marivaux.
2 ♦ Vx Action d'attaquer à l'improviste.
♢ (1549) Mod. PAR SURPRISE : par une attaque brusque, à l'improviste. « ne jamais nous laisser arracher une décision par surprise » (Maurois).
3 ♦ (v. 1650) Cour. État d'une personne surprise (⇒ surprendre, 6o ), émotion provoquée par qqch. d'inattendu. ⇒ étonnement; ébahissement, stupéfaction, stupeur. « Cette surprise qui avertit d'un bonheur auquel on ne croyait pas, ou qu'on n'attendait pas » (Senancour). « Il me regarda d'un air de surprise et de reproche qui me fendit le cœur » (France). Rester muet de surprise. Un effet de surprise. Quelle n'a pas été sa surprise de constater que (et indic.). Surprise agréable, désagréable. Cri, exclamation de surprise (oh !, par exemple !, pas possible !, ça alors !, non ?, sans blague !...). Elle « avait eu la surprise de découvrir une bible » (Martin du Gard). À ma grande surprise... « À la surprise de tout Limoges, madame Graslin refusa » (Balzac). Ne pas revenir de sa surprise.
4 ♦ Ce qui surprend; chose inattendue. Ces régions inexplorées « pleines de dangers neufs, de surprises » (A. Gide). Une mauvaise surprise l'attend. Un voyage sans surprise(s), qui se passe normalement, sans rien d'insolite. — (1842) Boîte à surprise(s), qui projette, quand on l'ouvre, une figure grotesque, un objet inattendu. Pochette-surprise.
♢ La surprise du chef : plat spécial dont le chef cuisinier a le secret. Loc. C'est la surprise du chef : on ne saura ce que c'est qu'au dernier moment. « Le cœur battant d'impatience, je dois attendre pour savoir qui monte mes trois étages et sonne à ma porte. C'est la surprise du chef » (Tournier).
♢ (Deuxième élément de subst. comp., avec une valeur d'adj.) Inattendu, soudain, brusque. Attaque-surprise, visite-surprise. — Grève-surprise.
5 ♦ (1782) Plaisir ou cadeau fait à qqn de manière à le surprendre agréablement. Apporter une petite surprise à qqn. Ne regardez pas encore, c'est une surprise.
● surprise nom féminin (de surprendre) État de quelqu'un qui est frappé par quelque chose d'inattendu : Cette révélation causa une surprise générale. Événement inattendu : Tout s'est déroulé sans surprise. Cadeau ou plaisir inattendu fait à quelqu'un : Faire une surprise à un enfant. En apposition, indique qu'une action se fait de manière inattendue : Une attaque surprise ; ou qu'un objet contient quelque chose d'inattendu : Un cadeau surprise. Engagement inopiné d'une troupe (surprise tactique) ou d'une armée entière (surprise stratégique). ● surprise (citations) nom féminin (de surprendre) Paul, dit Tristan Bernard Besançon 1866-Paris 1947 Au théâtre les spectateurs veulent être surpris. Mais avec ce qu'ils attendent. Contes, Répliques et Bons Mots Livre-Club du Libraire Roger Caillois Reims 1913-Paris 1978 Académie française, 1971 L'artiste qui abdique le privilège de la création délibérée pour favoriser et capter de divines surprises ne parvient qu'à produire de l'accidentel. Cases d'un échiquier Gallimard ● surprise (difficultés) nom féminin (de surprendre) Orthographe Surprise, en emploi adjectif, n'est pas lié par un trait d'union au mot auquel il se rapporte : une attaque surprise, une visite surprise, un cadeau surprise. On écrit en revanche avec un trait d'union pochette-surprise (substantif passé dans l'usage) et surprise-partie (calque de l'anglais surprise-party). ● surprise (expressions) nom féminin (de surprendre) Divine surprise, événement d'autant plus heureux qu'il est plus inattendu. Par surprise, à l'improviste, en prenant au dépourvu. ● surprise (synonymes) nom féminin (de surprendre) État de quelqu'un qui est frappé par quelque chose d'inattendu
Synonymes :
- ébahissement
- étonnement
- stupéfaction
- stupeur
surprise
n. f.
d1./d état d'une personne étonnée par qqch d'inattendu. à la surprise générale.
d2./d Chose qui surprend. Quelle bonne surprise!
d3./d Loc. adv. Par surprise: en prenant au dépourvu. Il m'a attaqué par surprise.
|| (En appos.) Grève surprise: grève sans préavis.
d4./d Cadeau, plaisir inattendu. Faire une surprise à qqn pour sa fête.
|| Pochette-surprise: V. pochette.
⇒SURPRISE, subst. fém.
I. A. — Action de prendre quelqu'un; fait d'être pris.
1. [Corresp. à surprendre A 1 et B 1]
a) [À l'improviste, en flagrant délit de]
) Vieilli. Action de prendre. La Révolution de 1789 fut l'œuvre d'une majorité immense et consciente. De même, et plus certainement encore, ce n'est pas par l'effort ou la surprise d'une minorité audacieuse, c'est par la volonté claire et concordante de l'immense majorité des citoyens, que s'accomplira la Révolution socialiste (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 51).
) Vieilli. Fait d'être pris. Ce ne sont que potins et cancans concernant les égéries de l'Académie et les démêlés de Mme Aubernon avec Dumas, à propos de la surprise par le mari du jeune Deschanel aux pieds de Colette (GONCOURT, Journal, 1884, p. 309).
b) Au fig. Fait de gagner artificieusement la confiance de quelqu'un, d'abuser de sa bonne foi. Sixte, qui ne répondait jamais aux critiques, avait voulu répondre à celle-là. Tout en avouant la surprise de sa bonne foi, il avait établi sans peine que ce point de détail n'intéressait pas l'ensemble de sa thèse (BOURGET, Disciple, 1889, p. 48).
c) Loc. prép. Par surprise
) À l'improviste, avec soudaineté. Attaquer par surprise; (imposer) un baiser par surprise:
• 1. L'enfant se rend bientôt compte que la partie cachée de son corps est relativement imperméable à son expérience sensori-motrice; il découvre en autrui des intentions invisibles qu'il faut deviner à un assombrissement du visage (Baldwin), des propriétés qui jaillissent par surprise d'objets apparemment connus...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 75.
) En cachette, en catimini. Il est apparu que la révolution technique apportait elle-même de nouveaux ferments de déséquilibre et de discorde entre les nations et les hommes; par exemple (...) en fournissant aux gouvernements les moyens pratiques d'édifier en quelques années, et presque par surprise, d'énormes puissances d'agression (FOURASTIÉ, Gd espoir du XXe s., 1969, p. 340).
2. [Corresp. à surprendre A 1 b ; notamment dans le domaine milit.]
a) Fait de prendre, de s'emparer de l'adversaire par une attaque (armée); l'attaque elle-même. La guerre, qui s'exerce sur les champs de bataille, au milieu de l'imprévu, du danger; qui exploite la surprise et toutes les propriétés de la force, la violence, la brutalité, pour créer la terreur (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 1). À cette heure favorable aux surprises et aux coups de mains, je pris trois ânes que je chargeai d'outres où j'avais mêlé un extrait soporifique de pavot (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 87).
b) En partic.
) [À propos de l'introduction dans la bataille, sans mise en garde préalable de toute une armée ou d'une troupe seulement] La surprise tactique, c'est l'atteinte portée à la sûreté tactique, la perte de la liberté d'agir (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 131). Voilà bien une surprise stratégique au sens le plus complet du mot (...) impossibilité pour la IIe armée de se rassembler (...) ce qui devait aboutir pour elle à un désastre (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 233).
) P. anal. [Dans le domaine sportif, comme tactique de jeu pour désarçonner l'adversaire] Le Sigognac est enfermé dans sa garde comme dans une tour d'airain. J'ai employé contre lui toutes les ressources de l'escrime: feintes, surprises, dégagements, retraites, coups inusités, il a parade et riposte à chaque attaque (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 350).
3. a) [Corresp. à surprendre A 2] Fait d'être surpris, pris au dépourvu; état de trouble, émotion qui en découle. Avoir la surprise de; être à la merci d'une (trop) (forte) surprise; être une cause de surprise. — Vous avez vu? Le cri jaillit simultanément de vingt bouches arrondies par la surprise et attira une centaine de passagers (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 148):
• 2. La surprise [it. ds le texte] est l'attitude émotive la plus simple et pourtant elle contient déjà toute la richesse de ce qu'on peut appeler le phénomène circulaire entre la pensée et le corps. Dans la surprise le vivant est saisi par l'événement subit et nouveau, par l'autre; ceci est plus fondamental, plus primitif que l'amour et la haine, que le désir, que la joie et la tristesse...
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 238.
— SPORTS. [À propos d'un résultat non conforme aux prévisions] La victoire de cette équipe est la surprise de la journée. Le cheval a causé une surprise (PEARSON 1872). La course a été gagnée par surprise (PEARSON 1872).
— Loc. prép. À la (grande) surprise de. Au grand étonnement de. Habituellement creusé jusqu'au plein de l'été par de profondes ornières, où dort une eau chargée de sel, le chemin n'est guère suivi que par les pêcheurs et les bouviers. À la grande surprise de l'abbé Donissan, le sol lui en parut uni et ferme (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 163).
— En empl. adj. Subst. + de surprise. Cri, exclamation de surprise. Le vote à mains levées ou par assis et levés a l'avantage de la simplicité et de la rapidité. (...) il ne permet que le vote des présents, ce qui permet des succès de surprise pour une minorité disciplinée en présence d'une majorité absentéiste (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 420). Contourner l'adversaire, passer rapidement la balle d'un côté de l'adversaire et le déborder du côté opposé (...). Le double effet de surprise basé sur la vitesse de course et d'exécution permet de reprendre la balle dans le dos de l'adversaire devancé dans son action (J. MERCIER, Footb., 1966, p. 40).
b) P. méton. Toute émotion perceptible à la suite de cet état. Synon. étonnement. Ne montrer aucune surprise. La face encore puissante du vieux maître n'exprimait toujours ni surprise ni colère (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 919). La surprise de ces importants personnages devant un tel sans-gêne se peignit sur leurs visages — et aussi la considération pour un homme si manifestement familier avec le ministre (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 206).
— [Corresp. à surprendre A 3 b ]:
• 3. Tels cris, flèches d'argent de telle âme bandée,
Soudain devenaient mots et atteignaient l'idée;
D'autres, en hésitant, se nuançaient
De mille teintes imprécises;
D'autres ployaient, tombaient, se redressaient,
Et tout à coup,
Fermes et nets, ils s'imposaient debout,
Chantant la franche et divine surprise
Des oreilles, des mains, des narines, des yeux
VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p. 20.
SYNT. (Éprouver) une légère, merveilleuse, profonde surprise; une surprise indicible, inépuisable, inexprimable, infinie, passagère; (répondre) avec une surprise mêlée de crainte/de joie/de peine; être en proie à une véritable, vive surprise; aller de surprise en surprise; à la surprise générale; au comble de la surprise; dominer sa surprise; revenir de sa (première) surprise; laisser qqn tout à sa surprise; la surprise passée, vaincue; réagir par la surprise; en feignant la surprise (pour cacher son trouble); simuler une extrême surprise; (rester) glacé, hébété, muet, pétrifié de surprise; plein d'interrogation et de surprise; exciter la surprise; sans témoigner la moindre surprise; ne manifester aucune surprise; ne marquer ni surprise ni hésitation; constater non sans surprise (que); méditer une surprise.
B. — [Corresp. à surprendre A 1 b ] Action de prendre quelque chose par des procédés frauduleux, par des voies indues. La perpétuelle surveillance à laquelle je me sentais soumis, la crainte des surprises indiscrètes, me retenaient de rien consigner par écrit qui pût, par la suite, servir à l'on ne sait quelles fins perfides (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1211).
C. — Vx. [Corresp. à surprendre A 4] Action d'un feu vif qui saisit un mets et le cuit rapidement à l'extérieur.
II. — Chose qui surprend; ce qui provoque l'étonnement.
A. — 1. a) [À propos d'un objet, d'un événement, de qqc. d'inattendu de nature à provoquer l'étonnement] Un jeune homme à lunettes (...) accourait vers lui les deux mains tendues:— « Bonjour, docteur! la bonne surprise! C'est votre frère qui va être ravi! (...) » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 683). Je demande l'ouverture d'une vaste enquête collective sur les sentiments fondamentaux des hommes et leurs modalités. Que de surprises à prévoir! (L. FEBVRE, La Sensibilité et l'hist., [1941] ds Combats, 1953, p. 236).
— En empl. attribut. Il traînait son indolence quotidienne sur la terrasse, après le bain de cinq heures, bain fouetté de vent, et si froid sous un soleil redoutable, — car tout est surprise en Méditerranée — que nous ne cherchions pas l'abri de la salle rose, mais la tiède et vivante terre battue (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 30). L'Homme est surprises et je suis... ratures... Comprends si tu peux (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1932, p. 515).
— Surprise de + subst. désignant la cause de la surprise. J'entendis des chaises remuer, des placards s'ouvrir et se refermer, puis, l'eau ruisseler dans le tub des « Ah! », des « Oh! », des « Fuuii! » des « Brr! » que la surprise de l'eau froide arrachait à Monsieur... (MIRBEAU, Journal femme, 1900, p. 107). Vingt-cinq milliards de dollars (...) dépensés depuis douze ans à la suite du coup de fouet résultant de la surprise de la première bombe atomique soviétique (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 174).
— Surprise + adj. désignant la cause de la surprise. Je voudrais que nous analysions la « surprise écologique » des élections. Quels éléments ont transformé un mouvement marginal en mouvement socialement légitimé? Ceux qui s'occupent d'analyses électorales ne savent pas au juste qui a voté « écologie » (Le Sauvage, 1er juill. 1977, p. 15, col. 2).
b) Loc. prép.
) ART CULIN. En surprise. Mode de présentation inattendu. Entremets de pommes, salade en surprise. Les plats « en surprise » ont leur caractère fondamental dissimulé sous une apparence visuelle et gustative inattendue. L'omelette norvégienne en est le modèle classique, plus amusant peut-être que véritablement exquis (Ac. Gastr. 1962).
) Sans surprise(s). [En parlant de ce qui n'a rien d'extraordinaire, rien d'insolite] Un voyage sans surprise. Je m'en allais au hasard des rues, et la journée était devant moi comme un désert calciné, sans horizon et sans surprises. Ceux qui disent que la vie est courte, ils me font rire, entendez-vous, rire, rire! Ce sont les années qui sont courtes, mais les minutes sont longues et ma vie, à moi, n'est faite que de minutes (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 86). Paysage sans attraits ni surprises, mais beau par son étendue et par la lumière profuse (GIDE, Journal, 1944, p. 262).
c) Loc. verb. Faire une surprise à qqn. Étonner quelqu'un, lui procurer une joie inattendue, lui ménager une surprise agréable. À peine avions-nous tourné le coin de la rue, il me poussa chez le coiffeur en me disant: « Nous allons faire une surprise à ta mère. » J'adorais les surprises. Il y en avait tout le temps chez nous (SARTRE, Mots, 1964, p. 84).
SYNT. (C'est) une charmante surprise; une surprise agréable/désagréable; une cruelle, douloureuse, fâcheuse surprise; tomber de surprise; être anxieux des surprises (de l'avenir, du destin, du sort); parer aux surprises (de l'existence, de la vie); des surprises toujours nouvelles; éviter de mauvaises surprises, des surprises malencontreuses; (une mer) plein(e) de danger et de surprises; (contrée) propice aux pièges et aux surprises; voyage fertile en surprises, riche en surprises; les surprises des sens, de la passion.
2. En partic.
a) À surprise. Pourvu d'un dispositif à ressort, qui fait apparaître une figure grotesque ou quelque transformation inattendue. Tabatière à surprise:
• 4. N'avez-vous pas ri d'une femme dont tous les mouvements de bras, de tête, de pied ou de corps, produisent des angles aigus? Des femmes qui vous tendent la main comme si quelque ressort faisait partir leur coude? qui s'asseyent tout d'une pièce, ou qui se lèvent comme le soldat d'un joujou à surprise?
BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 631.
— Boîte à surprises. Série de boîtes emboîtées de forme croissante et qui ménagent un effet de surprise prolongé à celui qui doit les ouvrir toutes, les unes après les autres, avant de découvrir l'objet déposé dans la dernière. Un journal de Paris s'ouvre peu à peu comme une boîte à surprises; on fouille une case après l'autre; on soulève un fond après l'autre (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 157).
♦ P. anal. [Pour désigner les boîtes de livres des bouquinistes sur les Quais de la Seine] On apercevait, comme d'habitude, Notre-Dame et ses jardins (...) au long du parapet, les boîtes à surprises étaient cadenassées (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 493).
♦ P. métaph. L'inattendu jaillit du syllogisme. C'est beau. Il est encore ici-bas des humains qui savent joyeusement ouvrir et fermer la boîte à surprises du paradoxe (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 178).
— P. anal. Robe à surprises. Robe transformable au moyen d'un accessoire susceptible d'en changer l'aspect. Josette portait une robe à surprises: elle enleva un boléro et découvrit des épaules rondes et mûres qui contrastaient avec son visage enfantin (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 275).
— Au fig. Imprévisible. Tu connais Gilberte, ou plutôt tu crois la connaître; mais connaît-on jamais les femmes? Toutes leurs opinions, leurs croyances, leurs idées sont à surprises. Tout cela est plein de détours, de retours, d'imprévu (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Rel., 1882, p. 838).
b) Cornet, paquet renfermant friandises et autres menus objets inattendus que les enfants ont la surprise de découvrir; p. méton., son contenu. Mes surprises comestibles viennent de chez le confiseur (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 195):
• 5. Un partage des « surprises ». Les enfants, en quittant la table, emportaient chacun une des grandes papillotes dorées, dont ils se hâtaient de déchirer l'enveloppe; et ils sortaient de là des joujoux, des coiffures grotesques en papier mince, des oiseaux et des papillons. Mais la grande joie, c'étaient les pétards. Chaque « surprise » contenait un pétard que les garçons tiraient bravement...
ZOLA, Page amour, 1878, p. 898.
— P. anal. Enveloppe/pochette paquet-surprise (infra B 1 a), parfois abrégé en surprise. (Ds ROB. 1985).
c) Cadeau, plaisir inattendu (qu'on fait à quelqu'un). Quelle belle, délicate surprise! rentrer chargé de surprises. Il y a vraiment chez la princesse une grande préoccupation de faire plaisir aux gens. Elle aime les petites surprises, les petits cadeaux, où elle peut vous donner un peu de son souvenir (GONCOURT, Journal, 1865, p. 203). Il n'était guère de semaine où Brunet ne fît ainsi une « surprise », un petit cadeau à son père, glissant dans une de ses poches des bonbons, un paquet de cigarettes, etc. (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 993).
d) TECHNOL., HORLOG. Pièce montée sur le limaçon des quarts d'une montre à répétition. La sonnerie (...) a lieu à l'aide d'un petit écart qui lui est donné par la pression de l'étoile du sauteur. Cette pression fait avancer la surprise sur le limaçon lorsqu'il ne doit entendre sonner aucun quart (CHESN. t. 2 1858).
B. — En appos. ou en compos. avec valeur d'adj. Qui surprend, qui n'est nullement prévu ni attendu; brusque, soudain.
1. a) [Le subst. déterminé ou le 1er élém. désigne une enveloppe, pochette ou paquet clos contenant un objet, un cadeau dont la nature n'est pas indiquée extérieurement] Paquet-surprise, enveloppe/pochette-surprise. 2 livres gratuits accompagnés, en plus, d'un cadeau-surprise, voilà les cadeaux de bienvenue que vous réserve le Club Pour Vous-Hachette! (Le Point, 5 avr. 1976, p. 4, col. 1).
b) [Le subst. déterminé ou le 1er élém. désigne un vêtement surprenant, insolite par sa forme, sa conception] Chapeau-surprise. Le moins encombrant des couvre-chefs de plage. Pliant, il se range dans un tout petit sac aumônière assorti (Elle, 27 juill. 1981, p. 60).
2. ART CULIN. [Le subst. déterminé ou le 1er élém. désigne un plat qui réserve une surprise] Poulet en gelée-surprise. Ma rage se démenait à la surface et pendant un moment, j'eus l'impression pénible d'être un bloc de glace enveloppé de feu, une omelette-surprise (SARTRE, Nausée, 1938, p. 148).
3. [Le subst. déterminé ou le 1er élém. désigne une action, une activité, une réunion, un lieu] Carrefour-surprise, virage-surprise; échappée-surprise (dans un marathon); réveillon-surprise, voyage-surprise, raid-surprise, attaque(-)surprise; dévaluation-surprise, hausse-surprise (des tarifs); grève-surprise; réforme-surprise (du recrutement des professeurs); visite-surprise (d'un ministre); victoire-surprise. C'était une continuelle surprise-party, avec des rencontres-surprises et le poulet en gelée-surprise, sans limite d'heure, dans la demi-griserie de l'alcool, de la fatigue, de la musique qui m'a toujours émue plus que l'alcool ou un homme (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 318):
• 6. Par orgueil, il préfère commettre une bêtise, peut-être irréparable, sans y mêler personne, à se l'épargner en prenant conseil de quelqu'un de sûr. Ce mariage n'est possible que sous une forme: le mariage-surprise. D'un coup, comme on avale une purge.
MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1279.
4. [Le subst. déterminé ou le 1er élém. désigne une pers. dont la participation à une élection, un concours n'était pas prévue] Le lauréat-surprise (...) est un jeune Britannique de 39 ans, Ridley Scott, dont le film « Duellistes » a reçu le prix du Jury pour une première œuvre (Le Point, 5 sept. 1977, p. 88, col. 1). Deux candidats surprise — Marie-France Garaud et Coluche — incarnent, fût-ce dans des discussions opposées, l'imprécation et la dérision (Le Point, 24 nov. 1980, p. 44.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Ca 1175 « impôt extraordinaire » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. des ducs de Normandie, 28904 ds T.-L.). II. A. 1. « action de surprendre, de prendre au dépourvu dans le but de nuire » a) 1549 dans une action judiciaire appoinctement extorqué par surprinse (EST.); 1559 dans une action militaire (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Camille, 47, éd. G. Walter, 1959, t. 1, p. 312: elles [les oies sacrées] sentirent incontinent la surprise des Gaulois ); b) 1642 (CORNEILLE, Polyeucte, I, 3: ces surprises des sens que la raison surmonte); 2. 1662 « trouble, émotion provoqués par quelque chose d'inattendu » (CORNEILLE, Sertorius, IV, 1). B. Chose qui surprend 1. a) 1549 scavoir toutes les surprinses qui se font en procez (EST.); b) 1690 (FUR.: la surprise du dénouement d'une pièce est ce qui cause du plaisir); 1782 « cadeau, plaisir inattendu que l'on fait à quelqu'un » (GENLIS, Adèle, II, 178 d'apr. BRUNOT t. 6, p. 1099, note 8); 3. a) 1842 « cornet de friandises contenant un petit cadeau inattendu » (MOZIN-BIBER); b) 1847 synon. de boîte à surprise (BALZAC, Cous. Pons, p. 181). I prob., et malgré l'écart chronol., dér. de prise terme de fin. au Moy. Âge (1209 lat. médiév. prisia « maltota » ds DU CANGE, s.v.; 1273 « droit de saisir » Établissements de St Louis, éd. P. Viollet, II, 31, t. 2, p. 440); préf. sur-. II Subst. du part. passé fém. de surprendre. Fréq. abs. littér.:2 677. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 900, b) 3 627; XXe s.: a) 4 565, b) 4 224. — Bbg. QUEM. DDL t. 37.
surprise [syʀpʀiz] n. f.
ÉTYM. 1294, « impôt extraordinaire »; sorprise, v. 1160; de surprendre.
❖
1 (V. 1559). Vx. Action par laquelle on prend ou l'on est pris à l'improviste. || La Surprise de l'amour, comédie de Marivaux.
REM. Le compl. en de indique la cause; dans les autres cas, et lorsque le mot est sans compl., il serait compris au sens 4.
1 Ah ! que je crains vos nuits, et la surprise de l'air de Grignan !
Mme de Sévigné, 1079, 1er nov. 1688.
♦ (1826). Cuis. Vx. Action de saisir, d'être saisi. || Le mérite d'une bonne friture (cit. 1) provient de la surprise.
♦ Mod. Engagement militaire imprévu.
1.1 De graves événements venaient de s'y produire : le guet-apens contre M. Jonnart à Figuig, puis, coup sur coup, le siège de Taghit par des hordes d'insoumis algériens et de Marocains, et la surprise de Moungar où tout un détachement de la Légion avait succombé.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 35.
♦ Fig. || « Ces surprises des sens que la raison surmonte » (Corneille, → Assaut, cit. 5).
♦ ☑ (V. 1549). Mod. Par surprise : par une attaque brusque, à l'improviste. || Attaquer (cit. 24) qqn par surprise. || On ne fait pas marcher (cit. 33) un peuple par surprise. || Se laisser arracher (cit. 36) une décision par surprise (→ Au pied levé, impromptu).
2 Bonne journée journée qui commença mélancolique
Noire sous les arbres verts
Mais qui soudain trempée d'aurore
M'entra dans le cœur par surprise.
Éluard, À Pablo Picasso, I, in Poètes d'aujourd'hui, p. 104.
3 Vx. Artifice par lequel on obtient qqch. en s'adressant à qqn à l'improviste. ⇒ Embûche, guet-apens.
4 (V. 1649). Cour. État de celui qui est surpris (6.), émotion provoquée par quelque chose d'inattendu. ⇒ Étonnement; ébahissement, éblouissement, épatement, stupéfaction, stupeur. || La surprise de qqn, sa surprise : celle qu'il éprouve. — Absolt. || La surprise. || La principale cause de la peur (cit. 2) est la surprise. || Écouter (→ Déplacer, cit. 13), regarder avec surprise (→ Finir, cit. 27). || Mouvement de surprise (⇒ Sourciller, sursauter, tressauter…). || Cri, exclamation de surprise : ciel ! diable ! ah ! ha ! oh ! par exemple ! pas possible ? eh bien, vrai ! ça alors… ! non ? tiens ! (fam.) sans blague !, merde ! etc. || Marques de surprise (→ Approbation, cit. 11; face, cit. 8). || Rester muet, pétrifié de surprise (→ Articuler, cit. 12). || Cacher (1. Bien, cit. 113), déguiser (cit. 5) sa surprise. || Un effet de surprise (→ Parallèle, cit. 5). — Une, des surprises. || Surprise agréable (→ Disparaître, cit. 18), douloureuse (→ Gambade, cit. 1).
3 Puisque vous la devez voir (la comédie), je me garderai, pour l'amour de vous, de toucher au détail, et je ne veux point lui ôter la grâce de la nouveauté, et à vous le plaisir de la surprise (…)
Molière, le Grand Divertissement royal, Appendice à George Dandin, Œ. compl., t. VI, p. 601.
4 Cette disposition de l'âme, qui la porte toujours vers différents objets, fait qu'elle goûte tous les plaisirs qui viennent de la surprise : sentiment qui plaît à l'âme par le spectacle et par la promptitude de l'action : car elle aperçoit ou sent une chose qu'elle n'attend pas, ou d'une manière qu'elle n'attendait pas.
Montesquieu, Essai sur le goût, Des plaisirs de notre âme.
5 (…) il est bien difficile que des plaisirs tant répétés, le soient toujours sans mélange et sans satiété. Ainsi altérés ou seulement affaiblis par l'habitude qui dissipe les illusions, ils ne donnent plus cette surprise qui avertit d'un bonheur auquel on ne croyait pas, ou qu'on n'attendait pas (…)
É. de Senancour, Oberman, L.
6 Il me regarda d'un air de surprise et de reproche qui me fendit le cœur (…)
France, le Petit Pierre, XXXII.
6.1 Durant le trajet de l'hôpital à la maison, qu'il fit avec son père, il ne posa pas de question, ne voulant point par délicatesse, gâter à ses parents le plaisir de lui faire la surprise.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 217.
♦ (1830). || À la surprise de qqn (→ Proposer, cit. 8). || À sa grande surprise (→ Ignorance, cit. 18; lanterne, cit. 12; moins, cit. 41).
♦ (Avec un compl. de cause). || Avoir la surprise de découvrir… (→ Bible, cit. 9). || La surprise des choses nouvelles (→ Chute, cit. 8; coutume, cit. 15). → Faire sensation.
5 (1549). (Une, des surprises). Ce qui surprend; chose inattendue. || Des régions inexplorées (cit. 3) pleines de dangers et de surprises. || Un système fertile en surprises (→ Plot, cit. 1). || Une mauvaise surprise l'attend (→ Fermer, cit. 20). || Un voyage sans surprise, qui se passe normalement, sans rien d'insolite. || Le monde est médiocre et sans surprises (→ Facilité, cit. 18).
♦ (1842). Vieilli. || Boîte à surprise(s), qui projette, quand on l'ouvre, une figure grotesque, un objet inattendu (→ 1. Ressort, cit. 2). — Ellipt. || Une surprise : une boîte à surprise.
7 La portière exécuta sur sa chaise un bond qui la fit ressembler à la poupée de ce joujou nommé une surprise.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 675.
♦ (1842). || Pochette surprise ou surprise : cornet de friandises contenant un petit cadeau inattendu.
♦ -surprise (deuxième élément de substantifs composés, avec une valeur d'adjectif) : inattendu, soudain, brusque. || Attaque-surprise, visite-surprise. — Grève-surprise. || Augmentation-surprise du prix de l'essence. || « Les Français ont été décontenancés par la dévaluation-surprise de l'été » (l'Express, 1er sept. 1969).
6 (1782). Plaisir ou cadeau fait à qqn de manière à le surprendre agréablement. || Faire, ménager, préparer une surprise (→ Œuf, cit. 14). || Ne regardez pas encore, c'est une surprise !
8 Ma chère, les deux amants, Felipe et Louise, veulent envoyer un présent à l'accouchée. Nous voudrions faire quelque chose qui te plût. Ainsi dis-moi franchement ce que tu désires, car nous ne donnons pas dans les surprises, à la façon des bourgeois.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 245.
Encyclopédie Universelle. 2012.