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MANCHE
MANCHE

La Manche est une mer épicontinentale et intracontinentale, qui forme un couloir entre le sud de la Grande-Bretagne et la France du Nord-Ouest. Sa profondeur ne dépasse généralement pas cent mètres, et se tient le plus souvent entre trente et quatre-vingts mètres; les courants de marée y sont vigoureux, les marnages importants, et les eaux brassées sur toute leur épaisseur. Enfin, la Manche est une voie de circulation maritime de première importance.

1. Limites et nomenclature

La Manche est bornée à l’est par le pas de Calais, et s’étend à l’ouest jusqu’à une limite arbitraire avec la mer Celtique, tracée entre l’île Vierge et le cap Lizard. Elle est longue de cinq cents kilomètres et sa largeur varie, de trente-deux kilomètres au pas de Calais à cent soixante-dix kilomètres au droit de la baie de Seine (entre le pays de Caux et le Cotentin), à moins de cent kilomètres au droit du cap de la Hague, pour atteindre deux cent cinquante kilomètres entre le Mont-Saint-Michel et le Devon, et revenir à cent cinquante kilomètres seulement à l’entrée occidentale.

De Start Point au cap de la Hague, l’isobathe de soixante mètres sépare la Manche occidentale de la Manche orientale (fig. 1): à l’est, les profondeurs dépassent ce chiffre seulement au centre, alors que l’isobathe de trente mètres est généralement peu éloigné de la côte; le fond est peu accidenté, sauf à proximité du pas de Calais. À l’ouest, le plancher sous-marin s’abaisse progressivement jusqu’à cent mètres, avec un escarpement prélittoral de plus en plus marqué; la platitude générale est rompue par un chapelet de fosses axiales encaissées parfois d’une centaine de mètres: la fosse Centrale atteint localement cent quatre-vingts mètres de profondeur. Près des côtes, surtout dans le golfe normand-breton, des îles et des écueils témoignent d’aplanissements incomplets.

2. Géologie

La Manche est le résultat d’une subsidence née, sans doute fort anciennement, de la distension du bloc continental européen: un «bâillement océanique», analogue à celui qui a ouvert le golfe de Gascogne, semble s’être manifesté ici par la montée d’une sorte de dorsale constituée de roches basiques, dont la trace se suit, grâce aux levés aéromagnétiques, depuis la Sole jusqu’aux volcans d’Auvergne, en passant par l’île de Wight (fig. 2). Mais le mouvement a avorté, et il n’en est resté qu’une dépression allongée qui, dès le Permo-Trias, a commencé à se combler tout en gardant une certaine tendance à la subsidence.

La Manche orientale est le prolongement géologique des bassins de Paris et de Londres: les dépôts crétacés, masqués au centre des bassins les plus subsidents par des dépôts tertiaires, forment une cuvette bordée, autour de Boulogne-sur-Mer et le long de la limite de la Manche occidentale, par du Jurassique. Certains des mouvements tectoniques «récents» affectant ces dépôts sédimentaires ne sont que le prolongement de ceux des terres émergées voisines: l’anticlinal du Weald et du Boulonnais traverse le pas de Calais (bordé toutefois sur son flanc méridional par une flexure vigoureuse qui n’a guère d’équivalent à terre), et la flexure médiane de l’île de Wight peut être suivie en mer de part et d’autre. De même la faille de Fécamp se prolonge en mer, en prenant bientôt une orientation est-ouest, et va former, au large du Cotentin, le flanc sud des affleurements du Jurassique. D’autres accidents, au contraire, sont propres aux régions submergées: c’est le cas de la grande flexure parallèle aux côtes de Haute-Normandie et de Picardie, flexure qui a déterminé le tracé du littoral, et qui paraît relativement récente, puisqu’elle a affecté le Tertiaire inférieur.

La Manche occidentale, par contre, est un entonnoir synclinal ouvert vers l’ouest. Bordée sur ses deux flancs par des massifs hercyniens, elle a eu une histoire complexe, dont témoigne la disposition des dépôts sédimentaires: tout se passe comme si l’axe synclinal avait été initialement orienté est-ouest, et tout proche des côtes britanniques, devant lesquelles on trouve d’importants affleurements de Permo-Trias qui n’ont pas leur équivalent du côté breton. Plus tard, la Manche occidentale semble avoir été exondée pendant tout le Jurassique, qui n’est connu qu’à l’est et comme un golfe de la mer anglo-parisienne. Le Crétacé marque, au contraire, l’ouverture définitive vers l’Océan, et, à partir du Sénonien, la Manche, plus étendue qu’à aucune autre époque, déborde même au-delà des rivages actuels. Quant au Tertiaire, il est surtout abondant au sud, où il vient buter, à des profondeurs plus grandes à l’ouest qu’à l’est, contre le massif hercynien dont les roches les plus résistantes, telles celles des Minquiers ou des Roches-Douvres, dominent d’assez haut les régions environnantes (alors que les îles Anglo-Normandes semblent plutôt dénivelées par des failles récentes). Enfin, sans doute assez récemment, un anticlinal axial, qui rappelle l’anticlinal du Bray et qui est bordé par des failles conformes, s’est développé du large de la Hague au large d’Ouessant (et au-delà). Plus récemment encore, un aplanissement (peut-être miocène) a tronqué les dépôts sédimentaires ainsi soulevés et disjoint les affleurements du Crétacé supérieur et de l’Éocène, faisant apparaître dans l’axe soit du Crétacé inférieur, soit un Jurassique analogue à celui du Bray et, peut-être, façonné comme lui en boutonnières.

Totalement exondé à plusieurs reprises au cours du Quaternaire, le fond de la Manche a été alors soumis à un climat périglaciaire responsable d’une active cryoclase qui a fortement attaqué les reliefs, de sorte que toute la partie méridionale de la Manche occidentale est tapissée de cailloux anguleux issus du socle hercynien armoricain, tandis qu’en Manche orientale l’altération de la craie a laissé un voile de débris de silex. Le remplacement de la mer du Nord, lors des grandes glaciations scandinaves, par un lac proglaciaire qui ne pouvait s’écouler que vers le sud, a obligé la majeure partie des eaux de ruissellement de l’Europe du Nord-Ouest et des eaux de fonte de la calotte glaciaire à s’écouler par la Manche: on ne doit donc pas s’étonner de retrouver des traces spectaculaires de vallées fluviales à chenaux anastomosés.

3. Hydrologie

Les marées de la Manche sont fortes et originales. L’onde lunaire principale semi-diurne aborde de front l’entrée de la Manche, et y pénètre lentement, tout en renforçant très sensiblement son marnage du fait des faibles profondeurs. Un grand nombre de phénomènes de résonance, dus à la forme et à la topographie du bassin, compliquent la marée. D’une part, à l’onde progressive venue de l’Océan se superpose une onde stationnaire, dont la ligne nodale joint le Cotentin à l’île de Wight: le bassin occidental est à pleine mer quand le bassin oriental est à basse mer, et d’importants échanges d’eau entre les deux bassins s’opèrent à chaque marée. D’autre part, des seiches transversales, à périodes quart-diurnes, propres à chacun des deux bassins, se combinent avec les ondes semi-diurnes de telle sorte que le marnage est renforcé sur la côte sud et atténué sur la côte nord. Ces combinaisons très particulières, qui seraient sans doute complètement modifiées par des changements modérés dans le niveau moyen de la mer, aboutissent à des marnages localement très importants (16 m à Granville lors des vives-eaux les plus fortes) et à des courants d’une extrême violence, surtout là où passent obligatoirement les eaux qui se rendent du sud du bassin oriental vers le sud du bassin occidental. Le long du cap de la Hague, au raz Blanchart, le courant atteint huit nœuds (4 m/s) en vive-eau, et on a observé plus de dix nœuds en vive-eau exceptionnelle. Même au large, des courants de deux nœuds et demi se font sentir à chaque mi-marée.

Les houles dominantes sont celles qui viennent de l’Atlantique nord et ont déjà été réfractées en traversant la mer Celtique; fortement freinées sur le fond, ces houles longues engendrent des déplacements d’eau. Les houles d’été, qui viennent du nord-ouest, affectent surtout la moitié sud de la Manche occidentale, et la dérive des eaux s’effectue vers l’est en longeant la côte sud; à hauteur du Cotentin, ce courant se divise, une faible partie des eaux traversant la Manche orientale pour aboutir en mer du Nord, le reste revenant vers l’ouest en longeant la côte anglaise. Les houles d’hiver, engendrées par des perturbations à trajet plus méridional, viennent plus souvent du sud-ouest et affectent préférentiellement le nord de la Manche occidentale: c’est donc le long des côtes anglaises que se place alors le courant portant vers l’est, et le retour partiel s’effectue le long des côtes bretonnes; ce régime hivernal, qui ne s’établit guère avant décembre, dure jusqu’au milieu du printemps (il a été responsable, en avril-mai 1967, de l’échouage sur les côtes trégoroises du pétrole libéré par le naufrage, aux Sorlingues, du Torrey-Canyon ).

Le courant général portant à l’est, lié aux houles longues et donc aux grandes tempêtes de l’Atlantique nord, est plus vif en hiver qu’en été: aussi les entrées d’eau océanique en Manche sont-elles plus importantes en hiver, et les salinités généralement plus élevées; ce n’est que près des côtes que la salinité descend en hiver au-dessous de 35 000, alors qu’en été celle de presque toute la Manche orientale est au-dessous de cette valeur. Quant à la température de l’eau, elle n’atteint en été 17 0C que près des côtes, et descend en hiver au-dessous de 10 0C dès l’entrée de la Manche, avec un gradient bien marqué jusqu’au pas de Calais, où elle est, en février, de 6 0C. L’une des particularités de la Manche est son homothermie habituelle, qui est due au brassage de l’eau par les courants de marée et à la topographie irrégulière du fond, là où les courants sont les plus vifs. Ce n’est qu’à l’ouest du 3e degré ouest qu’une thermocline parvient, de façon inconstante, à s’établir en été.

Le réchauffement de la Manche en fin de printemps et en été est très supérieur à ce que les échanges de chaleur entre air et eau feraient attendre: c’est parce que le courant de surface fait entrer en Manche des eaux superficielles qui ont été échauffées en mer Celtique, et qui sont emmagasinées ici par le brassage jusqu’au fond. Selon les endroits, la température maximale est atteinte entre le 15 août et le 15 septembre.

4. Géomorphologie

Les courants de marée sont responsables de la grossièreté des sédiments du fond: à part quelques petites vasières situées à faible profondeur dans des régions de faible courant, il n’existe au fond de la Manche que des sables, des graviers et des cailloutis, avec bon nombre d’affleurements de roche en place. Par contre, les vases qui ne peuvent se maintenir au fond sont rejetées vers le littoral, où les forts marnages ont favorisé la formation de vastes marais maritimes (Bas-Champs picards, marais de Dol). Le plus souvent, pourtant, la proximité de fonds assez importants a favorisé l’érosion sur les côtes, surtout celles dont la localisation est due à des failles ou à des flexures: les falaises normandes, les fausses falaises bretonnes et leurs homologues britanniques témoignent de la vigueur que conservent les houles jusqu’à la côte [cf. FALAISE].

Le principal problème morphologique de la Manche est celui de ses fosses: alors qu’en dehors des régions prélittorales le plancher sous-marin est peu accidenté et en pente régulière vers l’ouest, il est profondément incisé, en Manche centrale et occidentale, par une série de «fosses» dont la plupart sont alignées le long de l’anticlinal médian. La fosse Centrale, ou Hurd Deep, est longue d’une centaine de kilomètres, large de trois à six kilomètres, encaissée localement d’une centaine de mètres. Entre elle et le Cotentin se trouvent deux autres petites fosses: la fosse du Pluteus semble un diverticule de la fosse Centrale, alors que la fosse de la Hague, très proche de ce cap, est arquée selon l’itinéraire des courants de marée. Ces derniers, comme pour la fosse d’Ouessant, située en mer Celtique, semblent maintenir l’excavation, et peut-être l’approfondir.

Les courants ne sont cependant pas responsables du creusement initial de ces fosses dans la roche en place, car celle-ci n’affleure qu’exceptionnellement dans les fosses. Les prospections sismiques ont montré, au contraire, que les diverses fosses existantes n’étaient que les segments restés creusés d’un système fluviatile complexe façonné lors des périodes de régression marine du Quaternaire. Les autres segments, obliques par rapport aux courants dominants, ont été colmatés depuis la dernière transgression, alors que les fosses conservées sont parallèles aux courants, et donc fortement balayées par eux.

Il semble que le même processus de creusement fluviatile lors des régressions, et de colmatage lors des transgressions, se soit produit plusieurs fois au cours du Quaternaire, de sorte que chaque fleuve a pu prendre, à chaque régression, un itinéraire différent, ce qui explique la complexité du plan actuel des vallées fossiles. Le colmatage s’est, à chaque fois, opéré avec des cailloutis libérés sur les interfluves par la cryoclastie, ou, dans certaines régions, avec des sables venus de la côte ou repris de formations tertiaires.

Les sables sont surtout abondants devant les côtes occidentales de la Grande-Bretagne, où le jusant les modèle en des rides qui annoncent déjà celles de la mer Celtique. Ils le sont aussi au débouché du pas de Calais, où de grands bancs allongés dans le sens du courant sont séparés par des chenaux surcreusés, à la sortie desquels les sables s’accumulent en barres de débouchés (cf. BARRE [océanographie]). Dans les régions à sables abondants, il ne reste rien dans la topographie du fond qui rappelle les fleuves quaternaires.

5. Zones économiques exclusives

La Manche est entièrement incluse dans la zone des 200 milles nautiques qui détermine les zones économiques exclusives des pays riverains; aussi est-elle partagée, à ce point de vue, entre la France et la Grande-Bretagne, selon les limites qui résultent de l’arbitrage international du 18 juillet 1977. Une limite axiale suit les règles de la plus proche terre, en incluant dans le calcul les îlots les plus avancés tels qu’Eddystone, les Roches-Douvres ou les Triagoz, mais les îles Anglo-Normandes n’ont pas été prises en compte pour la détermination de la zone médiane, et sont entourées d’une zone économique propre, enclavée dans la zone française et limitée vers le large à 12 milles nautiques de leurs côtes (fig. 1).

6. Biologie et pêches

Les sels nutritifs, phosphates et nitrates, sont généralement plus abondants en hiver qu’en été, mais en toute saison leur teneur est relativement faible, et, au large, elle a baissé sensiblement depuis 1930. De ce fait, la Manche est moins riche en poisson que la mer Celtique, malgré l’abondance des espèces, où se côtoient les poissons d’eaux assez froides (tel le hareng) et ceux d’eaux tièdes (tel le maquereau). La grande sardine de la Manche, ou pilchard, qui avait supplanté le hareng depuis 1930, tend à se raréfier à son tour. Près des côtes, au contraire, la surabondance récente des sels nutritifs provenant de l’abus des engrais dans l’agriculture moderne provoque la prolifération incontrôlable de certaines algues créatrices de pollution («marées vertes»). Les côtes bretonnes ont, de plus, été fréquemment affectées par les «marées noires» provenant des naufrages de pétroliers (Torrey-Canyon , 1967; Amoco-Cadiz , 1978; Tanio , 1980) et la biologie des régions littorales en a été profondément affectée (pour lutter contre les pollutions accidentelles, la France élabore en 1978 un plan, dit Polmar, d’intervention rapide). Malgré cela, Morlaix, Paimpol et Cancale restent des centres actifs d’ostréiculture, tandis que se créent, çà et là, des centres d’aquaculture en développement rapide. Pour la pêche proprement dite, les principaux revenus proviennent des Crustacés.

7. Circulation maritime

De toutes les mers du globe, la Manche est l’une des plus fréquentées: la circulation la plus importante se fait longitudinalement, et des sens uniques ont été institués pour éviter les collisions, autrefois fréquentes dans le pas de Calais et aux abords d’Ouessant. Le rail d’Ouessant est la plus connue de ces zones obligatoires de séparation du trafic maritime : une zone de navigation côtière est réservée près de la côte, tandis que le trafic au long cours utilise, selon sa direction, l’un ou l’autre des deux couloirs séparés par une zone interdite. Ce «rail» est situé assez loin de la côte pour que la dérive d’un navire en panne jusqu’aux dangers côtiers dure assez longtemps pour permettre l’intervention efficace des sauveteurs.

Le trafic transversal, entre la France et l’Angleterre, a beaucoup décru pendant le demi-siècle qui précéda l’entrée du Royaume-Uni dans la C.E.E., en 1973; il a repris depuis lors, mais doit compter avec la mise en service du tunnel sous la Manche, en 1994. Les principaux ports de la Manche sont, du côté français, Le Havre pour le trafic lointain, Dieppe pour le trafic avec l’Angleterre, Boulogne pour la pêche hauturière, Cherbourg pour la marine de guerre. Il existe des ports naturels très remarquables, comme Lézardrieux, qui sont à peu près inutilisés, mais contribueront peut-être à la solution de quelques-uns des problèmes portuaires nouveaux de notre époque. Du côté anglais, Southampton est le principal port commercial, et Plymouth le premier port de guerre et de pêche.

Les difficultés de la navigation dans la Manche pour de très grosses unités et les risques considérables de pollution de côtes très touristiques font souhaiter que l’on interdise cette mer aux pétroliers géants.

1. manche [ mɑ̃ʃ ] n. f.
• v. 1150; lat. manica, de manus « main »
I
1Partie du vêtement qui recouvre le bras jusqu'au poignet (manches longues) ou jusqu'au coude (manches courtes). « les manches sont trop longues, elles lui tombent sur les ongles » (Sartre). Ouverture où s'adapte la manche. emmanchure, entournure. Parties de la manche. coude, 1. mancheron, parement, poignet, revers. Manche montée, raglan, kimono. Manches ballon, bouffantes, gigot, pagode. Vêtement, robe sans manches. Il jeta sa veste « sur les épaules sans passer les manches » (Aragon).
Loc. Être, se mettre en manches (ou en bras) de chemise. Relever, retrousser ses manches, pour être plus à l'aise, pour travailler; fig. se mettre au travail avec ardeur. — Tirer qqn par la manche, l'amener, le retenir auprès de soi; Fig. attirer son attention. « Quiconque découvre une évidence tire chacun par la manche pour la lui montrer » (Saint-Exupéry). Tirer la manche à (de) qqn, le solliciter. — Vieilli Avoir qqn dans sa manche, en disposer à son gré pour en obtenir qqch. — Fam. C'est une autre paire de manches : c'est tout à fait différent, et spécialt plus difficile (que ce dont on vient de parler).
2(XVIe; par anal. de forme) Techn. Large tuyau souple qui sert à conduire un fluide. Mar. MANCHE À VENT : conduit installé sur le pont pour aérer l'entrepont et la cale. MANCHE À AIR : conduit en tôlerie, à pied et pavillon orientable, destiné au même usage; tube en toile placé en haut d'un mât pour indiquer la direction du vent. ⇒ biroute. Les manches à air d'un aérodrome.
IIFig.
1(1690) Vx Bras de mer. détroit. « La manche de Bristol, la manche de Danemark » ( ENCYCLOPÉDIE ). Absolt, Mod. La Manche : bras de mer qui sépare la France de l'Angleterre.
2(1803) Partie (d'un jeu) liée à une autre (comme deux manches). La première, la seconde manche ( revanche) et la belle. Manches d'un match de tennis. set.
manche 2. manche [ mɑ̃ʃ ] n. m.
menche XIIe; lat. pop. manicus, de manus « main »
1Partie longue et étroite d'un outil, d'un instrument par laquelle on le tient quand on l'utilise ( manicle). Manche de pioche, de hache. Enlever, mettre un manche. démancher, emmancher. Manche de cuillère, de fourchette. Couteau à manche de corne, d'ébène. Manche de casserole. 1. queue. Manche de pinceau. ente. Manche de balai, à balai. Manche de parapluie. Manches de charrue. 2. mancheron. Aviat. Manche à balai, manche : commande manuelle des gouvernails d'un avion. Tirer sur le manche. « On pilote manche sur le ventre » (Saint-Exupéry).
2Loc. fig. Branler dans le manche. Jeter le manche après la cognée. Fam. Être, se mettre du côté du manche, du bon côté, du côté du plus fort ou de ses intérêts.
3(1690) Partie par laquelle on tient un gigot, une épaule pour les découper; os (de gigot, côtelette). Côtelette à manche. Le manche du gigot.
Manche à gigot : pince réglable munie d'un manche, qu'on adapte à l'os et qui sert à maintenir le gigot pour le découper.
4(1611) Mus. Partie d'un instrument, le long de laquelle sont tendues les cordes. Manche de violon, de guitare.
manche 3. manche [ mɑ̃ʃ ] n. f.
• 1790; « gratification » 1532, par l'it. máncia « pourboire »
Loc. verb. Fam. FAIRE LA MANCHE : faire la quête (après une prestation), mendier. Chanteur qui fait la manche dans le métro. manche 4. manche [ mɑ̃ʃ ] n. m. et adj.
• 1901; de 2. manche « membre viril » ou de manchot (I, 2o)
Fam. Maladroit, incapable. Il s'est débrouillé comme un manche. Quel manche ! couillon, idiot. Adj. Ce qu'il, elle est manche !

manche nom masculin (latin populaire manicus, poignée, du latin classique manus, main) Partie d'un instrument, d'un outil, par laquelle on le tient : Le manche d'une fourchette. Populaire. Personne maladroite, stupide, incapable (terme d'injure) : Il s'est débrouillé comme un manche. Os apparent des côtelettes et des gigots. Partie des instruments à cordes qui prolonge la caisse et sous-tend les cordes. (Il se termine par le chevillier.) ● manche nom féminin (latin manica, de manus, main) Partie d'un vêtement qui recouvre le bras en partie ou jusqu'au poignet. Bras de mer resserré entre deux terres et reliant deux mers l'une à l'autre. ● manche nom féminin (de manche) Chacune des deux parties d'un jeu que l'on est convenu de jouer ainsi. Moment, étape d'une lutte, d'un combat, d'une âpre discussion, etc. Au tennis, au tennis de table, au volley-ball, synonyme vieilli de set. ● manche nom féminin (italien mancia, gratification) Populaire Vieux. Monde des saltimbanques, des mendiants. Quête, mendicité : Faire la manche.manche (expressions) nom féminin (latin manica, de manus, main) Familier. Avoir quelqu'un dans sa manche, pouvoir disposer de lui, l'avoir pour protecteur. Familier. C'est une autre paire de manches, c'est une tout autre chose, c'est beaucoup plus difficile que ça. Manche à air, tube en toile suspendu en haut d'un mât et qui indique au pilote se préparant à atterrir, par son orientation, la direction du vent au sol ; conduit en métal servant à aérer les cales, entreponts et citernes des navires. Manche (à) gigot, manche bouffante très ajustée sur l'avant-bras. Familier. Retrousser ses manches, se mettre résolument au travail. ● manche (homonymes) nom féminin (latin manica, de manus, main) manche nom masculinmanche (homonymes) nom féminin (de manche) manche nom masculinmanche (synonymes) nom féminin (de manche)
Synonymes :
- set
manche (homonymes) nom féminin (italien mancia, gratification) Populaire manche nom masculinmanche (expressions) nom masculin (latin populaire manicus, poignée, du latin classique manus, main) Familier. Être du côté du manche, être du côté de celui qui dirige, du côté où l'on a tous les avantages. Manche à gigot, instrument qui, emboîtant l'os du gigot, permet de le découper. ● manche (homonymes) nom masculin (latin populaire manicus, poignée, du latin classique manus, main) manche nom féminin

manche
dép. français; 5 947 km²; 479 636 hab.; ch.-l. Saint-Lô (22 819 hab.). V. Normandie (Basse-) [Région].
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manche
n. f.
d1./d Partie du vêtement qui recouvre le bras.
|| être en manches de chemise, sans veston.
|| Fam. C'est une autre paire de manches ou (Québec) ce n'est pas la même paire de manches: c'est plus difficile.
|| (Belgique) être dans la bonne, mauvaise manche de qqn: être bien, mal considéré par qqn.
Avoir qqn dans sa manche, être bien disposé à son égard.
Frotter la manche à qqn, le flatter pour en obtenir une faveur.
d2./d (Par anal. de forme.) MAR Manche à air: tube coudé qui sert de prise d'air, sur le pont d'un navire.
AVIAT Tronc de cône en toile qui indique la direction du vent, sur un terrain d'aviation.
|| Manche à incendie: tuyau d'incendie souple.
d3./d Chacune des parties liées d'un jeu, d'une compétition. Gagner la première manche.
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manche
n. m.
d1./d Partie d'un instrument, d'un outil, par laquelle on le tient pour en faire usage. Le manche d'un couteau, d'une pelle.
|| (France rég.) Fam. Personne malhabile.
S'y prendre comme un manche: manquer de méthode.
|| AVIAT Manche à balai ou manche: levier qui commande les gouvernes de profondeur et les ailerons d'un avion.
d2./d Partie découverte de l'os d'un gigot, d'une côtelette.
d3./d MUS Partie allongée d'un instrument, sur laquelle les cordes sont tendues. Manche de guitare.
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manche
(la) (en angl. the Channel) mer bordière de l'Atlantique entre la France et la Cornouailles (Grande-Bretagne); le détroit du pas de Calais la fait communiquer avec la mer du Nord; 75 000 km². Cette mer poissonneuse et peu profonde (55 m en moyenne) constitue l'un des axes maritimes les plus fréquentés du monde.
Tunnel sous la Manche: triple tunnel ferroviaire qui, depuis 1994, relie la Grande-Bretagne (Cheriton) et la France (Frethun, près de Calais).
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manche
(la) (en esp. la Mancha) région naturelle d'Espagne (S.-E. de Castille-la Manche). Plateaux arides.

I.
⇒MANCHE1, subst. masc.
A. — Partie d'un outil, d'un instrument, généralement de forme allongée et plus ou moins droite, par laquelle on le tient lorsqu'on l'utilise. Manche d'un couteau, d'une raquette, d'un battoir (Ac.). Il enfonça le poignard jusqu'au manche dans la gorge de Fanny, qui mourut sur le coup (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 301). À force de travailler il a la peau aussi dure et aussi tannée que le manche de ses outils (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 180). La lame est montée sur un manche de châtaignier (PESQUIDOU., Chez nous, 1923, p. 76):
1. J'eusse voulu des variations précises: le bruit de la machine qui patine en côte (...) le coup de marteau, de ce marteau à long manche dont on ausculte les boggies...
SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 19.
SYNT. Poêle, casserole à long manche; manche d'ivoire, de nacre, de bois; manche à balai; manche de fouet, de hachette, de cachet, de parapluie, de pinceau; manche pliant, démontable.
Au fig., pop. Manche à balai. Personne grande et maigre. À Saint-Marcel-la-Pitié, un grand manche à balai, sexagénaire fébrile (...) se jeta presque sous le capot de l'autobus (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 209).
1. Spécialement
a) AGRIC. Manche de charrue. Synon. de mancheron. Le laboureur, en haletant sur le manche de sa charrue, les priait de fortifier ses bras (FLAUB., Tentation, 1874, p. 161).
b) MUS. Partie allongée sur laquelle sont tendues les cordes et par laquelle on tient les instruments à archet et à corde pincée. Manche de contre-basse. Léandre, ne lâchant pas le manche de la guitare, se mit à tirer de ça, de là, avec brusques saccades, le pauvre Matamore (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 121). En examinant un violon on y remarque: (...) le manche, fixé par son talon dans le haut de la caisse, et dont l'extrémité forme la tête, ornée d'une volute et contenant les chevilles (GRILLET, Ancêtres viol., t. 2, 1901, p. 4).
c) ART CULIN. .Os dépassant d'une pièce de viande (gigot, côtelette) par lequel on peut la saisir. Ranger les navets autour, mettez une papillote au manche du gigot (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffré, 1877, p. 184).
Manche à gigot, à côtelette. Pince emmanchée réglable, servant à maintenir un gigot (des côtelettes) lorsqu'on le (les) découpe. Coutellerie acier inoxydable. Manche à gigot (Catal. jouets [Louvre], 1936).
d) ZOOL. Manche de couteau. Coquillage bivalve ayant l'aspect d'un manche (LITTRÉ).
e) AÉRON. Manche (à balai). Le levier qui commande la montée, la descente et l'équilibre latéral d'un avion. Le débattement angulaire du manche à balai pour la profondeur doit être légèrement multiplié par rapport à celui du gouvernail, (...) pour un avion acrobatique (GUILLEMIN, Constr. calcul et essais avions, 1929, p. 152):
2. L'avion revint, prit son terrain un peu court; le pilote tira sur le manche; l'appareil bondit comme une pierre ricoche, et retomba de tout son poids, brisé.
MALRAUX, Espoir, 1937, P. 494.
f) IMPR. Manche de pointe. ,,Petit morceau de bois où se trouve placée une pointe à corriger`` (CARABELLI, [Lang. impr.], s.d.).
g) SPORT. Manche d'aviron. Partie de l'aviron qui prolonge la pelle (d'apr. WILL. 1831; dict. XIXe s.).
2. Locutions
Branler dans le manche, au manche.
Jeter le manche après la cognée.
Être du côté du manche (fam.). Être du côté de ceux qui détiennent un pouvoir, du côté du plus fort et en retirer un avantage. Ah! C'est bien regrettable, que la noblesse ne s'occupe pas davantage de mieux se connaître et de faire front commun. C'est pourtant quelque chose, sapristi, d'avoir été pendant quatre cents ans du côté du manche! (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 890):
3. Il [le pape] n'a pas voulu se mettre contre les empires centraux, parce que, au début, il a cru que ces empires centraux allaient à une victoire sûre, et il est toujours bon, même pour un pape, de se trouver du côté du manche.
LE DANTEC, Savoir! 1920, p. 56.
S'endormir sur le manche (pop.). Ne pas travailler beaucoup, ne rien faire, s'arrêter dans son effort. (Dict. XXe s.).
Tomber sur un manche (pop.). Tomber sur un obstacle, une difficulté imprévue. Synon. tomber sur un os. Tu pourrais pas gagner ta vie dans l'état où tu te trouves!... C'est pas à ton âge voyons qu'on se détruit comme ça la santé, parce qu'on est tombé sur un manche!... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 690).
B.Arg. et pop.
1. Membre viril. (Ds SANDRY-CARR. 1963, CAR. Argot 1977). Avoir le manche. Être en érection (Ds SANDRY-CARR. 1963, CAR. Argot 1977).
2. Imbécile, maladroit. Être manche. Le plus fort, c'est que Mathieu l'engueulait, après ça, lui disait: «C'est complètement idiot, vous raisonnez comme un manche» (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 143). Avec le marché noir, je me suis démerdé comme un manche (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 50).
3. Vx. Patron, contremaîre. Sentant son patron s'amener, L'arpett' crie, en cessant d'flâner: «V'là l'manche!» (FRANCE, 1907).
REM. Manche-à-balle(s),(Manche-à-balle, Manche-à-balles) subst. masc., région. (arg. étudiants de Belgique). Étudiant qui se signale par son zèle à travailler. Synon. arg. fayot (d'apr. BAET. 1971, p. 386).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 «partie d'un outil ou d'un instrument par laquelle on peut le tenir» (MARIE DE FRANCE, Fables, 49, 10 ds T.-L.); p. ext. a) 1611 terme de mus. (COTGR.); b) 1690 «os par lequel on peut saisir un morceau de viande» (FUR.); c) 1916, 8 mai aéronaut. (Journal ds ESN. Poilu); 2. p. plaisant. 1842 manche à balai «personne maigre» (REYBAUD, J. Paturot, p. 156); 3. pop. 1914, août tomber sur un manche «rencontrer un gros obstacle» (d'apr. ESN. Poilu). Du lat. tardif manicus, att. seulement dans une glose au sens de «manche, poignée» (FEW t. 6, p. 218).
DÉR. Mancheron, subst. masc., agric., gén. au plur., vieilli. L'une des pièces de bois ou de fer munies de poignées et placées à l'arrière d'une charrue ou d'une machine agricole, qui servent à la diriger. Synon. manche1. Tenir les mancherons. Ils ne peuvent pas se défaire du balancement pris aux mancherons de la charrue (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 260). La conduite des semoirs peut être faite de trois façons différentes: soit par une chaîne de traction et mancherons à l'arrière (BALLU, Mach. agric., 1933, p. 22). Je baissai la tête en avant pour appuyer de tout mon poids sur les deux mancherons de chêne, et l'énorme attelage s'ébranla (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 298). []. 1re attest. XIVe s. [ms.] (JEAN DE MEUNG, Rose, ms. Corsini, f° 130c ds GDF.); de manche1, suff. -eron (v. -on). On rencontre la forme manchereau (1275, Rose, éd. F. Lecoy, 19680).
II.
⇒MANCHE2, subst. fém.
I. A.— Partie du vêtement, de forme et de dimension variable, dans laquelle on passe le bras et qui le recouvre en totalité ou en partie. La manche d'une robe, d'une soutane, d'un habit, d'une chemise; coudre, monter les manches d'un habit; manche droite; retrousser, déboutonner ses manches; prendre, retenir qqn par la manche; relever ses manches; tirer, sortir qqc. de sa manche. Gilet à manches, sans manches (Ac. 1835-1935). Un officier mutilé, la manche vide et relevée dans la boutonnière (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 467). On le tire par la manche : « Debout! On déménage » (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 232) :
1. ... je m'étais toujours figuré être équipé sur pied de guerre (...) et un bon couteau à cran dans ma manche, le jour où je me risquerais de tenter cette folle aventure!
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 228.
MODE et INDUSTR. VESTIMENTAIRE
Manche courte. Manche qui s'arrête au dessus du coude. Sa robe de mousseline peinte, à manches courtes, lui permettait de montrer plusieurs bracelets étagés sur ses beaux bras blancs (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 85).
Manche longue. Manche qui s'arrête au poignet. Les trois demoiselles Barrel, même au gros de l'été, portaient des robes montantes et des manches longues (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 84).
Manche d'ange. Manche qui descend jusqu'au coude. (Ds LITTRÉ, DG).
Manche plate. Manche qui n'est ni plissée ni bouffante. Son costume consistait en une robe de chambre, à manches plates, qui ne disait rien du sexe de l'individu qui le portait (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 13).
Manche crevée, à crevés. Manche présentant des fentes horizontales en plusieurs endroits par lesquelles passe la doublure. Un col d'homme rabattu (...) s'étalait sur une robe de velours vert à manches crevées (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 25). Je pense également au portrait du marchand juif (dans ce portrait, la manche grise à crevés noirs est la plus belle manche que je connaisse en peinture...) (GREEN, Journal, 1936, p. 74).
Manche pagode. Manche évasée à partir du coude jusqu'à la hauteur du poignet. Les manches pagodes auront une grande vogue; avec des bouillons en tulle ou en mousseline brodée dessous, cette mode a de l'élégance (Journal des femmes, mars 1950, p. 92).
Manche ballon. Manche bouffante à l'épaule. Mais Mademoiselle Burguy (...) avait fait tout bonnement des petites manches ballon, sur lesquelles elle avait cousu un nœud tout fait (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 314).
Manche à gigot, manche gigot.
Manche à l'imbécile, à la folle. Manche très ample dans laquelle on mettait du plomb près du coude pour la faire prendre. (Ds Cost. 1899, LITTRÉ, DG).
Fausse manche. Manche amovible que l'on met par dessus une autre manche. Synon. manchon, manchette. Il avait reçu de l'instruction et passait ses jours sur cette même chaise, en fausses manches noires, grattant son papier (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 165).
Manche raglan.
♦ [Manche + subst. désignant un type de vêtement] Manche caractéristique du type de vêtement désigné. Manche chemisier, kimono, tailleur.
Tour de manche (vieilli). Garniture de dentelles, de fourrure qu'on adapte à l'extrémité de la manche. (Dict. XIXe s.).
Boutons de manche (vx). Synon. boutons de manchette. On m'a reconnu à mes boutons de manche pour un étranger riche (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 43).
Loc., souvent au fig.
(Être) en manches de chemise.
Avoir/mettre/tenir qqn dans sa manche. Avoir (obtenir) la protection ou l'accord de quelqu'un ayant d'importants pouvoirs pour entreprendre une affaire. Synon. avoir qqn dans sa poche. Puis elle murmura en se grattant lentement le menton : « Si seulement on avait un député dans sa manche?... » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 344) :
2. À quoi bon raconter que sa sœur, la comtesse Guy de Saint-Prix, tient le cardinal André dans sa manche et, partant, les quinze immortels qui toujours votent avec lui?
GIDE, Caves, 1914, p. 695.
Avoir la manche large (vieilli). Être très ou trop accommodant (avec quelqu'un). Les commissions ont la manche large pour les députés du Centre, et nous ne pourrions pas nous opposer ostensiblement à la bonne volonté que l'on aurait pour ce cher ami (BALZAC, Employés, 1837, p. 48). Elle avait à sa dévotion un confesseur capucin, confesseur à très-large manche, pour la commodité de ses amis qui en auraient eu besoin (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1850, p. 328).
Tirer qqn par la manche. Solliciter quelqu'un pour obtenir quelque chose. Ton Jaurès, qu'est-ce qu'il a fait? Il s'en va tous les matins, comme un pleutre, tirer Viviani par la manche, en adjurant son « cher ministre » de faire la grosse voix pour effrayer la Russie!... (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 510).
Se faire tirer la manche. Se faire prier. ,,Il ne se fera pas tirer la manche, par la manche. Il fera volontiers telle chose`` (Ac. 1798-1935).
C'est une autre paire de manches. [S'emploie pour dire que qqc. est une affaire toute différente et gén. plus difficile que celle dont on vient de parler] Notre conception moderne peut être juste quand on regarde l'histoire humaine du point de vue de Sirius (...); mais quand il s'agit de savoir si, en ce moment même, le tsar Nicolas donne ou ne donne pas au roi de Serbie le conseil de marcher contre l'Autriche, c'est une autre paire de manches (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 112) :
3. ... les Guermantes sont à moitié allemands. — Pour les Guermantes de la rue de Varenne, vous pouvez dire tout à fait, dit Cancan. Mais Saint-Loup, c'est une autre paire de manches; il a beau avoir toute une parenté allemande, son père revendiquait avant tout son titre de grand seigneur français...
PROUST, Sodome, 1922, p. 1094.
Retrousser ses manches.
HISTOIRE
Gentilhommes de la manche.
Gardes de la manche. ,,Gardes du corps accompagnant le roi en certaines occasions`` (Ac. 1798-1878).
B.— P. anal., spéc.
1. TECHNOL. Tuyau de cuir ou d'étoffe imperméable servant à conduire un liquide ou un gaz d'un point à un autre. Manche d'incendie (Lar. 19e); manche à incendie (LE CLÈRE 1960).
2. MARINE
Manche à eau, à charbon. Tube (de cuir, de toile) servant à envoyer dans la cale l'eau, le charbon dont on fait provision. Les embarcations du bord portent l'eau dans les barriques d'armement, qu'on vide au-dessus de la grande écoutille, dans l'entonnoir de la manche à l'eau : celles-ci ont un peu plus de diamètre que celles en cuir (WILL. 1831).
Manche à vent, à air. Conduit orientable de tôle (anciennement de toile) dont une extrémité sort sur le pont, qui descend dans l'intérieur d'un navire et sert à l'aérer. Il s'élança sous la « manche à air », long conduit de toile où l'air extérieur tombe (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 116). Les manches à vent [d'un navire] sont des conduits en tôle débouchant plus haut que les pavois sur le pont supérieur ou sur les roufles (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 280).
3. AÉRON. (aérostats). Manche (d'appendice). Tube de toile situé sous un ballon par lequel on le gonfle. La manche d'appendice sert à gonfler le ballon; elle joue ensuite le rôle de soupape de sûreté (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., 1899, p. 332). La manche complètement ouverte permet la libre dilatation et au besoin la sortie du gaz du ballon (MARCHIS, Nav. aér., 1904, p. 78).
4. MÉTÉOROL., AÉRON. Manche à vent, manche à air. Tube de toile à stries blanches et rouges, de forme tronconique, attaché à un mat et destiné à indiquer la direction du vent par l'orientation qu'il prend. Magnin regarda la manche à vent, au-dessus des oliviers : le vent, en ce moment, venait de l'ouest (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 809).
5. TECHNOL. Filtre de toile utilisé pour passer des liquides. Après cela vous passez la liqueur à la manche et le mesurez (VIARD, Cuisin. roy., 1831, p. 420) :
4. [Les filtres à tissus] peuvent être classés en deux sections : les filtres-presse (...) les filtres à manches (...). Les filtres à manches sont constitués par un récipient dans lequel on verse le liquide et qui contient une manche de filtration.
BRUNET, Matér. vinic., 1925, p. 426.
En partic., vx. Manche d'Hippocrate. Synon. Chausse d'Hippocrate.
6. PÊCHE MAR. Filet long d'une dizaine de mètres et fermé à une extrémité. (Dict. XIXe et XXe s.).
7. GÉOGR. Espace marin assez étroit renfermé entre deux côtes. La manche de Bristol (Ac. 1835-1935). Cette pointe, que j'ai nommée cap Grillon (...) termine cette île, une des plus étendues du Nord au Sud qui soient sur le globe, séparée de la Tartarie par une manche qui finit au Nord par des bancs (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 83).
8. ORNITH., vx. Manche de velours. Oiseau marin palmipède de couleur blanche ayant le bout des ailes noir. Synon. fou2. Le bel oiseau appelé manche de velours semblait à peine porter sur les flots, moins souples, moins élastiques que lui (SAND, Melchior, 1853, p. 245).
9. HÉRALD. Manche mal taillée. Meuble d'écu représentant une manche d'habit bizarrement taillée. Levemont de Moufflaines — fascé d'argent et d'azur, à la manche mal taillée de gueules, brochant. Normandie (GRANDM. 1852).
II. A.— JEUX, SPORTS. Partie liée à une ou plusieurs autre(s) dans certains jeux. La première, la seconde manche; jouer en deux manches; gagner, perdre, jouer une manche; manche mal engagée; épreuve, jeu, partie en trois manches. Ce grand match [de cyclisme] comportera trois matches à deux, une manche à trois et une manche sur le kilomètre, départ arrêté (L'Œuvre, 2 nov. 1941).
Expr. (Être) manche à manche. Avoir gagné un nombre égal de manche(s). Nous sommes manche à manche, jouons la belle. Veux-tu jouer la belle, voyons? Au plus fin! (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 187).
B.— P. métaph. [Pour référer à des situations comportant un enjeu] Gagner la première manche des élections. Ah! fit le vieillard (...) nous avons perdu une belle manche! Dix minutes de plus, j'enlevais la petite (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 114). Le mois d'Août 1914 avait donné aux Allemands la première manche de la partie (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 425) :
5. Certain que cet ensemble était prêt à me soutenir, j'entrepris de jouer la manche suivante.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 113.
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « partie du vêtement dans laquelle on passe les bras » (Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 4091); 1628, 16 févr. fausses manches (cité par H. ROY, La Vie, la mode et le costume au XVIIe s., p. 226); d'où fig. a) 1480 avoir qqn en sa manche (GUILLAUME COQUILLART, Les Nouveaulx droitz, 918, éd. M. J. Freeman); b) 1611 c'est bien un autre paire de manches (COTGR.); c) 1673, 1er déc. être dans la manche (de qqn) (MME DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. La Pléiade, I, p. 630); d) 1769, 7 août se faire tirer la manche (D'ALEMBERT, Lettre au Roi de Prusse ds LITTRÉ); 2. p. anal. de forme a) technol. 1575 « large tuyau de toile servant de filtre » (A. PARÉ, Œuvre, XXI, 17, éd. J.-Fr. Malgaigne, II, 231); 1704 manche d'Hippocras (Trév.); 1690 mar. (FUR. : se dit dans les Vaisseaux, d'un tuyau de cuir qui sert à vuider les liqueurs d'un tonneau dans un autre); 1831 id. manche à vent (WILL.); 1904 aéronaut. manche à air (MARCHIS, Nav. aér., p. 351); b) 1611 géogr. La Manche d'Angleterre (COTGR.); 1671 La Manche (POMEY); c) 1690 hérald. (FUR.); 3. 1617 « tour de cartes » (D'AUBIGNÉ, Avantures du Baron de Faeneste, ch. III, éd. E. Réaume et F. de Caussade, II, p. 396); 1803 terme de jeu (BOISTE); d'où 1834 être manche à manche (BALZAC, E. Grandet, p. 23); 1844 gagner la première manche (ID., Splend. et mis., p. 171). Du lat. manicà (dér. de manus « main ») « longue manche de tunique couvrant la main », « gant ».
DÉR. Mancheron, subst. masc., mode et industr. vestimentaire, vieilli. a) Garniture située sur le haut de la manche d'une robe de femme. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Petite manche couvrant le haut du bras. Robe à petits mancherons kimono (Jardins des modes, mars 1951, p. 50). Elle a supprimé les mancherons pour dégager les bras (Elle, 23 juill. 1951, p. 17) Notre préféré. Un ensemble, robe et manteau, éblouissant d'élégance stricte et de couleur. À noter : les mancherons très courts du manteau en lainage (Écho de la mode, 16 févr. 1967, p. 47). — []. — 1res attest. a) XIIIe s. « manche courte » manceron (Chevalier au Barisel, éd. F. Lecoy, 561), b) 1551 « ornement de robes de femmes garnissant le haut des manches » (Blason des couleurs en armes, f° 39 r° ds GDF.), de manche2, suff. -eron, v. -on1.
BBG. — GREIMAS Mode 1948, p. 93. — PEZARD (A.). Manche et mancia. In :[Mél. Monteverdi (A.)]. Modène, 1959, t. 2, pp. 571-593.
QUEM. DDL t. 16.
III.
⇒MANCHE3, subst. fém.
A.Arg. Faire une manche. Faire une collecte dans le milieu pour aider un des siens dans le besoin. [Sa femme et lui sont sans le sou] i' s'en tireront pas de cette mélasse sans qu'on leur fasse une manche! (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 55). Aussitôt connu le malheur de Nénesse, Gégène (...) avait organisé une manche dans Montmartre pour casquer son débarbot (Pt Simonin ill., 1957, p. 241).
B. —Quête que l'on fait après s'être produit, avoir chanté, joué d'un instrument dans un cirque en plein air ou dans la rue. Michel Polnareff est devenu un champion du microsillon. Cela ne l'empêche pas de chanter encore à la terrasse des cafés. Et de faire «la manche». Quand on lui jette des sous, il dit oui (L'Express, 27 juin 1966, p. 63, col. 3). Jadis, dans la chanson, tout le monde faisait la manche. La plupart de ceux qu'on n'appelait pas encore «des artistes de variétés» chantaient dans les rues et dans les cours et devaient, pour vivre, mendier la charité qui tombait parfois des fenêtres des braves gens (Le Matin, 27 avr. 1981, p. 44).
Travailler à la manche (lang. du cirque). N'être payé que par le produit de la quête après une représentation en plein air. (Ds H. HOTIER, v. bbg. infra p. 116).
P. méton. Somme collectée au cours de cette quête. Les premiers six mois tu seras [dans ma troupe] bien nourri, bien vêtu; au bout de ce temps tu auras un sixième de la manche (VIDOCQ, Mém., t. 1, 1828-29, p. 16).
C.P. ext., pop. Faire la manche. Demander l'aumône. Terminer leurs jours [eux, nos persécuteurs] en faisant la manche à la porte des églises,comme des paumés qu'ils étaient! (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953,p. 118).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1. 1552 «gratification» (RABELAIS, Quart Livre, chap. 9, éd. R. Marichal, p. 66), seulement au XVIe s., v. HUG.; 2. 1790 «quête» (saltimbanques d'apr. ESN.); 1828-29 faire la manche (VIDOCQ, op. cit., p. 22). Empr. à l'ital. mancia, attesté aux sens de «don, gratification» dep. la 1re moitié du XIIIe s. (UGIERI APUGLIESE ds BATT.) et de «pourboire, aumône» dep. début XIVe s. (C. ANGIOLIERI, ibid.), empr. au fr. manche2, prob. en raison de la coutume médiévale qui consistait, pour les dames, à donner une manche de leur vêtement aux chevaliers qui joutaient en leur nom (v. DEI et FEW t. 6, 1, p. 212).
STAT. — Manche1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.:2 302. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 1 794, b) 4 532; XXe s.: a) 4 049, b) 3 394.
BBG. — HOTIER (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 59, 116, 135, 143. — WIND 1928, p. 17.

1. manche [mɑ̃ʃ] n. f.
ÉTYM. V. 1150; lat. manica, de manus « main ».
1 Partie du vêtement qui entoure le bras. || Manches longues, qui s'arrêtent au poignet (→ Fuseau, cit. 3); manches courtes, qui s'arrêtent au coude ou au-dessus du coude (→ Liquide, cit. 8). || Manches au coude, manches trois-quarts… || Ouverture où s'adapte la manche. Emmanchure, entournure. || Manche montée, raglan. || Parties de la manche. Botte, coude, mancheron, parement, poignet, rebras, revers. || Manches étroites, collantes; manches larges ( Manicle), évasées (→ 1. Faste, cit. 6). || Grandes manches (→ Calotte, cit. 3), manches plates, froncées, bouffantes, bouillonnées, tailladées. || Manches à crevés, à sabots. || Manches chemisier, tailleur; manches ballon, gigot, pagode (→ Bras, cit. 1)… || Manche en amadis (vx). || Manche kimono (cit. 3). || Manches d'habit (→ Épousseter, cit. 2), de veste, de capote, de robe. || Gilet à manches. || Vêtement sans manches (→ 1. Cape, cit. 1; culotte, cit. 1). || Robe sans manches. || Manches fermées des camisoles de force. || Chevrons, insignes portés sur la manche d'un uniforme. || Bras nu entre la manche et le gant. || Bras maigres qui sortent des manches (→ Cotillon, cit. 2). || Manches trop longues où les mains disparaissent (→ Fringuer, cit. 2). || Passer, enfiler les manches d'un vêtement. || Se moucher dans sa manche.Fausses manches : demi-manches portées sur les manches d'un vêtement pour les protéger du coude au poignet. Garde-manche, manchette. || Des manches de lustrine.
1 Ses bras, à la fois mignons et potelés, sortaient de manches à sabots fourrées de dentelles.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 289.
2 Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois (…) et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses.
Flaubert, Mme Bovary, II, 8.
3 Leur veste, d'une couleur éclatante et couverte de broderies en style ancien, a des manches qui s'arrêtent au-dessus du coude; c'est pour laisser échapper les très longues manches pagodes, taillées en pointe à la façon de notre quinzième siècle, de la robe d'en dessous (…)
Loti, Jérusalem, IV.
4 Élise portait une robe de lingerie garnie de rose… La manche courte, au-dessus du coude, se complétait d'un petit volant de même dentelle.
Aragon, les Beaux Quartiers, III, IV.
5 Il (…) se la jeta (sa veste) sur les épaules sans passer les manches.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVI.
Loc. En manches de chemise (en parlant d'un homme) : en chemise, sans veste. Bras (en bras de chemise). || Être, se mettre en manches de chemise.
6 Il faisait très chaud. Les hommes retirèrent leurs redingotes et continuèrent à manger en manches de chemise.
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 108.
Relever, retrousser ses manches (pour être plus à l'aise, pour travailler). → Belluaire, cit. 1; 2. leur, cit. 2. || Manches relevées, retroussées jusqu'au coude (→ Exhibition, cit. 3; incomparable, cit. 5; 1. pique, cit. 2). — ☑ Fig. Retroussons nos manches : mettons-nous au travail. Mêlée, cit. 4.
7 Alors le temps des palabres sera passé ! Et nous retrousserons nos manches, parce que l'heure de l'action sera venue, parce que nous l'aurons enfin, la prise sur les choses !
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 97.
8 Le type prend le chandail d'un air craintif, il l'enfile docilement et reste immobile, les bras écartés. Les manches sont trop longues, elles lui tombent sur les ongles. Brunet rit : « Retrousse-les ».
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 215.
Tirer qqn par la manche, l'amener, le retenir auprès de soi.(1834). Fig. Attirer son attention, le solliciter. — ☑ (1769). Se faire tirer la manche, par la manche : se faire prier.
9 (…) je suis si aise de les voir partir que je n'ai garde de les tirer par la manche pour les retenir (…)
Voltaire, Correspondance avec d'Alembert, 133, 2 mars 1764.
10 On assure que le pape cordelier se fait beaucoup tirer la manche pour abolir les jésuites.
d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 7 août 1769.
11 Quiconque découvre une évidence tire chacun par la manche pour la lui montrer.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXIV.
(1673). Fig. (Vieilli). Être dans la manche de qqn, être à sa disposition pour servir ses intérêts. — ☑ (1690, mod.; tenir qqn dans sa manche, 1601). Avoir qqn dans sa manche, en disposer à son gré.REM. L'expression vient de ce qu'on mettait autrefois dans sa manche, comme dans une poche, sa bourse et divers objets (→ Poche).
12 (…) deux ou trois personnes soupçonnées d'avoir assassiné son père (…) avaient été recherchées en justice pour ce fait, mais s'étaient trouvées blanches comme neige attendu qu'elles avaient dans leur manche, juges, avocats, préfets et gendarmes.
Mérimée, Colomba, III.
Loc. fig. (XXe). Garder qqn dans sa manche : garder en réserve comme moyen d'action, comme atout décisif.
(1611). Fig. et fam. C'est une autre paire de manches : c'est tout à fait différent, et, spécialt, beaucoup plus difficile.
13 On fait l'amour, et quand l'amour est fait, c'est une autre paire de manches… Ce proverbe rappelle un usage pratiqué au douzième siècle par des individus de sexe différent qui voulaient former ensemble un tendre engagement. Ils échangeaient une paire de manches comme gage du don mutuel qu'ils se faisaient de leur cœur (…) ainsi qu'on le voit dans une nouvelle du troubadour Vidal de Besaudun, où il est parlé de deux amants qui se jurèrent de porter manches et anneaux l'un de l'autre. Ces enseignes ou livrées d'amour, destinées à être le signe de la fidélité, devinrent presque en même temps celui de l'infidélité; car toutes les fois qu'on changeait d'amour on changeait aussi de manches (…) et, en définitive, c'était toujours une autre paire de manches.
P.-M. Quitard, Proverbes sur les femmes, p. 252.
14 Me voilà donc excusé de ce côté-là. Mais il fallait aborder l'autre, et ce que j'avais à lui dire était une autre paire de manches.
Diderot, le Neveu de Rameau.
15 Notre conception moderne peut être juste quand on regarde l'histoire humaine du point de vue de Sirius, ou sur une phase de dix siècles; autrement dit quand la distance écrase les détails; mais quand il s'agit de savoir si, en ce moment même, le tsar Nicolas donne ou ne donne pas au roi de Serbie le conseil de marcher contre l'Autriche, c'est une autre paire de manches.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, X, p. 112.
2 (1803). Jeux, sports (les deux parties liées que l'on joue étant comparées à des manches; on lit dans P. Larousse, 1873, « Vous avez gagné deux manches, vous avez l'habit complet »). Partie liée à une autre, qui constitue un jeu. || Première manche, seconde manche ( Revanche) et belle. || Partie de bridge en deux ou trois manches. — ☑ (1840). Être manche à manche, à égalité (→ Jouer, cit. 21).Finale en deux ou trois manches. — ☑ Fig. Il a gagné la première manche, mais ce n'est pas fini.
16 Il a gagné la première manche, moi la seconde. Je sais que c'est lui qui gagnera la belle, son jeu est truqué : il a tous les as.
J. Anouilh, Ornifle, IV, p. 234.
3 (1771). Large tuyau, généralement d'une matière souple, servant à conduire un fluide.Mar. || Manche à lavage. || Manche à incendie. || Manche à vent : conduit installé sur le pont pour aérer l'entrepont et la cale. || Manche à air : conduit en tôlerie monté sur pied, à pavillon orientable, destiné au même usage; tube en toile placé en haut d'un mât pour indiquer la direction du vent (sur un aérodrome, au bord d'une route). (argot) Biroute, boudin.
17 Il demandait de l'air, de l'air; mais il n'y en avait nulle part les manches à vent n'en donnaient plus (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, III, II.
Aérostation. || Manche d'un ballon, d'un aérostat, par où s'échappe le gaz.
Techn. || Manche d'appendice.
4 (1611, « la Manche d'Angleterre »). Vx. Bras de mer. Détroit. || « La manche de Bristol, la manche de Danemark » (Encyclopédie, art. Manche).
Absolt. Mod. || La Manche : le bras de mer qui sépare la France de l'Angleterre (→ Golfe, cit. 1).
DÉR. Manchette, manchon. — 1. Mancheron.
COMP. Emmanchure, sous-manche.
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2. manche [mɑ̃ʃ] n. m.
ÉTYM. XIIe, menche; du lat. pop. manicus, de manus « main », proprt « ce qu'on saisit avec la main ».
1 Partie (d'un outil, d'un instrument) qui sert à tenir. || Manche long, court ( Manicle), droit, courbe. || Manche de bois, de métal, de corne… (cit. 4). || Douille, virole d'un manche. || Manche d'outil (→ Copeau, cit.), de fourche, de pioche, de pelle, de hache (cit. 7). || Fléau (cit. 1) à long manche. || Manche de couteau (cit. 4). || Lame qui rentre dans le manche (→ Eustache, cit. 1). || Manche de cuiller, de fourchette (cit. 2). || Manche de casserole. Queue. || Manche de pinceau. Ente. || Manche de fouet (cit. 2). Perpignan. || Le manche d'un balai.Loc. Manche à balai.Manche de manivelle, de raquette… || Manche d'un cachet. || Bougeoirs à manches et bougeoirs à poignées. || Manche d'un drapeau, d'une bannière, d'une lance… Hampe; bâton. || Manche orné, manche à embout d'un parapluie.
1 (…) un énorme couteau dans le manche duquel il y avait un tire-bouchon.
Balzac, Z. Marcas, Pl., t. VII, p. 743.
2 Elle mit un canotier de paille blanche… et prit son ombrelle foncée à long manche.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 105.
Aviat. Absolt. || Manche : manche à balai.
3 On pilote manche sur le ventre… On porte dans les mains l'avion en équilibre comme un bol trop plein.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, III, VI.
Loc. fig. Branler (cit. 3) dans le manche. — ☑ Jeter le manche après la cognée. — ☑ (1854). Fam. Être, se mettre du côté du manche, du bon côté, du côté du plus fort ou de ses intérêts (proprt : du côté de celui qui expulse les autres d'un coup de balai. → Balai, cit. 5).
4 Il n'avait aucune chance, les électeurs des campagnes le traitaient en ennemi public, du moment où il n'était pas du côté du manche.
Zola, la Terre, II, V.
Loc. vieillie. Dormir, s'endormir sur le manche (de l'outil) : ne rien faire (cit. 71). || Manche de charrue. Mancheron.
(1611). Mus. Dans les instruments à archet et dans certains instruments à cordes pincées, Partie allongée le long de laquelle sont tendues les cordes. || Touches, clefs d'un manche d'instrument. || Manche de violon, de guitare (cit. 5). || Faire un barré à la cinquième case du manche.
2 (1690). Partie par laquelle on tient un gigot, une épaule pour les découper; os (de gigot, de côtelette). || Côtelette à manche et côtelette découverte.
5 Chez les Grésandage on mettait aux manches des côtelettes les petits étuis de papier qu'on leur voit dans certains restaurants.
Aragon, les Beaux Quartiers, III, IV.
(1834). || Manche à gigot : pince réglable munie d'un manche, que l'on adapte à l'os et que l'on tient pour découper la viande.
3 (XVIe). Vulg. Membre viril (cf. Rabelais, IV, 9).
(1914). Fig. Pop. Tomber sur un manche : rencontrer une difficulté imprévue (cf. Tomber sur un bec).
DÉR. et COMP. 2. Mancheron. — Démancher, emmancher.
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3. manche [mɑ̃ʃ] n. m. et adj.
ÉTYM. XXe; 1920, in Wartburg; croisement de 2. manche (3., vulg.) et des dér. du lat. mancus (manchot, manchet, régional), souvent employés au fig. « maladroit, bon à rien ».
Fam. Maladroit, lourdaud. Couillon (fam.), idiot, imbécile. || Quel manche !Il s'est débrouillé, il s'y est pris comme un manche.
1 J'ai commencé à m'marrer quand un d'ces manches a dit : « Faut fermer les volets, c'est plus prudent. » Mon vieux, on était à une pièce de deux cents kilomètres de la ligne de feu, mais c'vérolé-là, i' voulait faire croire qu'y aurait danger d'bombardement d'aéro (…)
H. Barbusse, le Feu, t. I, p. 52.
2 On ne lui avait jamais dit qu'il était intelligent. On lui avait plutôt répété qu'il se conduisait comme un manche ou qu'il avait des analogies avec la lune.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 19.
3 Avec le marché noir, je me suis démerdé comme un manche.
R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 38.
Adj. || Il, elle est un peu manche.
CONTR. Habile, malin.
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4. manche [mɑ̃ʃ] n. f.
ÉTYM. 1790; « gratification », 1532; du provençal mancho « quête », ital. mancia « offrande ».
Argot. Quête.Faire la manche : mendier. || « (…) il joue de la guitare électrique (…) J'ai eu le temps d'apprendre (…) qu'il navigue entre sa ferme de Marrakech et la France, où il fait la manche plus ou moins régulièrement » (le Monde de la musique, juin 1978, p. 45).

Encyclopédie Universelle. 2012.