1. adresse [ adrɛs ] n. f.
• 1547; adrece « droit chemin, direction » XIIIe; d'où « voie, moyen » et « indication, renseignement » XVe; de adresser
1 ♦ Indication du domicile d'une personne. Écrivez lisiblement votre adresse. Nom, adresse, numéro de téléphone. J'ai oublié de mettre l'adresse sur l'enveloppe. ⇒ suscription. Un carnet d'adresses. Changer d'adresse, de lieu de résidence. Il m'a donné une bonne adresse, le nom de l'endroit où il y a un bon restaurant, un bon fournisseur. « La dame est partie, et sans même laisser d'adresse » (Duhamel).
2 ♦ Action d'adresser, de s'adresser à qqn. À l'adresse de qqn : à l'endroit de, à l'intention de qqn. « Tous les mensonges qu'un monde indulgent multiplie à mon adresse » (Zola). Loc. Se tromper d'adresse : s'adresser à une personne indifférente ou hostile.
3 ♦ (1798; « requête au roi d'Angleterre » 1687; angl. address, du fr.) Expression des vœux et des sentiments d'une assemblée politique, adressée au souverain. L'adresse des 221 en réponse au discours du trône de Charles X.
4 ♦ Signe (mot, formule) sous lequel est classée une information. Les mots de la nomenclature d'un dictionnaire sont des adresses. ⇒ entrée.
♢ Inform. Expression numérique ou littérale représentant un emplacement de mémoire dans un ordinateur et permettant d'y retrouver une information. Relations entre adresses. ⇒ instruction. Définition de l'adresse d'une donnée. ⇒ adressage; chaînage. — Adresse électronique : code alphanumérique permettant l'identification du correspondant et l'échange de messages sur un réseau télématique. ⇒ e-mail.
adresse 2. adresse [ adrɛs ] n. f.
• 1547; de l'a. fr. adrece « bonne direction » (→ 1. adresse), avec infl. de adroit
1 ♦ Qualité physique d'une personne qui fait les mouvements les mieux adaptés à la réussite de l'opération (jeu, travail, exercice). ⇒ dextérité, habileté. L'adresse d'un jongleur, d'un joueur de basket. « une adresse de singe à se rattraper des mains, des pieds » (Zola). Jeux d'adresse. Tours d'adresse. ⇒ escamotage, jonglerie, prestidigitation.
2 ♦ Qualité d'une personne qui sait s'y prendre, manœuvrer comme il faut pour obtenir un résultat. ⇒ art, diplomatie, doigté, finesse, habileté, ruse. « elle est d'une adresse à désespérer un diplomate » (Balzac).
⊗ CONTR. Gaucherie, maladresse.
● adresse nom féminin (ancien français adrece, bonne direction, de adresser) Ensemble d'indications (rue, numéro, localité, département, pays, etc.) qui situent précisément le domicile de quelqu'un ou le siège d'une collectivité : Il est parti sans laisser d'adresse. Carnet d'adresses. ● adresse (expressions) nom féminin (ancien français adrece, bonne direction, de adresser) À l'adresse de quelqu'un, à son intention. Familier. Se tromper d'adresse, ne pas s'adresser à la personne qui convient, notamment en formulant un reproche. ● adresse nom féminin (de adresse, avec influence de adroit) Qualité d'une personne adroite physiquement ou intellectuellement, ou de sa conduite : L'adresse d'un équilibriste. Esquiver avec adresse une question délicate. ● adresse nom féminin (anglais address, de l'ancien français adrece, bonne direction) Discours dans lequel un corps constitué exprime au souverain ses sentiments et ses vœux. Réponse que, dans les monarchies constitutionnelles, les députés font au discours du trône à l'ouverture de la session annuelle. ● adresse nom féminin (anglais address) Symbole, nombre, ou chaîne de caractères, qui permet d'identifier un emplacement en mémoire ou une unité dans un système informatique en vue de l'enregistrement ou de la restitution d'une information. En lexicographie, synonyme de entrée. ● adresse (citations) nom féminin (de adresse, avec influence de adroit) Sophocle Colone, près d'Athènes, entre 496 et 494 avant J.-C.-Athènes 406 avant J.-C. L'honnêteté ici vaut bien mieux que l'adresse. Philoctète, 1246 (traduction Mazon) ● adresse (synonymes) nom féminin (de adresse, avec influence de adroit) Qualité d'une personne adroite physiquement ou intellectuellement, ou de sa...
Synonymes :
- agilité
- aisance
- art
- dextérité
- doigté
- finesse
- habileté
- ingéniosité
- maestria
- maîtrise
- ruse
- subtilité
- tact
- talent
- virtuosité
Contraires :
- inhabileté
- lourdeur
● adresse (expressions)
nom féminin
(anglais address)
Adresse électronique, identification conventionnelle qui identifie un utilisateur de courrier électronique et permet d'acheminer les messages qui lui sont destinés. (On emploie aussi les abréviations e-mail, mél.)
● adresse (synonymes)
nom féminin
(anglais address)
Synonymes :
- entrée
adresse
n. f.
d1./d Habileté dans les gestes. Jongler avec adresse. Syn. dextérité. Ant. gaucherie, maladresse.
d2./d Habileté à obtenir un résultat. Traiter une affaire avec adresse.
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adresse
n. f.
d1./d Indication du nom et du domicile d'une personne. Inscrire une adresse sur une enveloppe.
|| Adresse de courrier électronique ou, ellipt., adresse électronique: ensemble d'indications permettant d'adresser des messages à une personne sur un réseau informatique. (V. Mél.).
d2./d Lieu du domicile. Je n'habite plus à cette adresse.
d3./d à l'adresse de: destiné à, à l'intention de. Cette allusion était à mon adresse.
d4./d Didac. Dans un classement, mot ou formule sous lesquels se trouve une information.
d5./d INFORM Numéro d'ordre dans une mémoire, permettant d'identifier une information ou une donnée, et d'y accéder.
I.
⇒ADRESSE1, subst. fém.
I.— Point d'acheminement ou indications sur le point d'acheminement d'un objet ou d'une personne.
A.— Phraséologie. (Dans certaines loc. figées ou arch.). Point d'acheminement d'un objet, d'un acte; destination, destinataire.
1. [Adresse est suivi du syntagme de + subst. ou accompagné d'un adj. poss.]
a) Arch. [En parlant d'un projectile, d'une parole, d'un écrit] Aller, arriver à son adresse. Atteindre sa destination :
• 1. — Mon cher Spilett, et vous, Pencroff, reprit Cyrus Smith, raisonnons froidement. Si les convicts étaient gîtés dans un endroit de l'île, si cet endroit nous était connu, et s'il ne s'agissait que de les en débusquer, je comprendrais une attaque directe. Mais n'y a-t-il pas lieu de craindre, au contraire, qu'ils ne soient assurés de tirer le premier coup de feu?
— Celle qui a frappé Harbert ne s'est pas égarée, Pencroff, répondit l'ingénieur.
J. VERNE, L'Île mystérieure, 1874, p. 494.
b) (Être) à l'adresse de + n. du destinataire
— [En parlant d'une lettre] Porter l'indication (écrite) du destinataire :
• 2. ... Léon Rolland brisa la volumineuse enveloppe que lui avait remise le comte. Elle renfermait deux lettres. L'une, dont la suscription était de la main de Jeanne, était à l'adresse de Cerise. L'autre, écrite par le comte, était pour Léon Rolland.
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 157.
— Au fig. [En parlant d'un propos, ou de qq. autre moy. d'expr. : geste, mimique, etc.] Être destiné à (une pers.) :
• 3. Encore un mot. Vous êtes-vous douté que six lignes de parenthèse à l'adresse des puissants négateurs étaient pour vous?
V. HUGO, Correspondance, 1862, p. 398.
Rem. De + n. du destinataire peut être remplacé par un adj. poss. non réfl. : une lettre, des paroles, etc. à votre adresse, etc.
2. [Adresse est compl. verbal] Se tromper d'adresse. Se tromper de destination ou de destinataire.
— [En parlant d'une pers. considérée dans un de ses actes] :
• 4. CLAUDIO. — Cela vous est (...) arrivé, puisque ma femme a enjoint à ses gens de vous fermer la porte au nez à la première occasion.
OCTAVE. — Tes lunettes sont myopes, juge plein de grâce : tu te trompes d'adresse dans ton compliment.
A. DE MUSSET, Comédies et proverbes, Les Caprices de Marianne, 1834, II, 1, p. 153.
• 5. ... tu ne t'es pas regardée, ma pauvre fille. Tu seras ridicule. Au bout d'une heure, on te renverra avec un coup de pied dans le derrière. Mannequin? Tu t'es trompée d'adresse. Tu aurais dû t'engager comme épouvantail.
J. COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, p. 101.
— [En parlant d'un geste, des paroles, etc., d'une pers.] :
• 6. Un soir de voyage, au carrefour où les chemins de Delphes et de Daulie se croisent, il rencontre une escorte. Un cheval le bouscule; une dispute éclate; un domestique le menace; il riposte par un coup de bâton. Le coup se trompe d'adresse et assomme le maître. Ce vieillard mort est Laïus, roi de Thèbes. Et voici le parricide.
J. COCTEAU, La Machine infernale, 1934, p. 25.
B.— Lang. cour. Indications permettant d'atteindre le point d'acheminement.
1. [Le point d'acheminement est le lieu où doivent être envoyés ou portés des obj. (colis, lettres, etc.) destinés à une pers.; plus rarement, où doit se rendre une pers. pour en rencontrer une autre]
a) [Le nom du destinataire connu est indiqué ou bien par un compl. de nom ou un adj. poss., ou bien par le suj. de la prop.] Indication du lieu où peut être atteinte cette personne :
• 7. Si vous croyez que mon adresse à Paris ne soit pas sûre, écrivez-moi sous celle de M. Gautier de Tournes à Genève. Il faut mettre sur l'adresse par la France ou par Ostende. Suivant les temps la route de France est plus courte; l'autre, je n'en sais rien. Vous savez qu'il faut affranchir.
G. DE STAËL, Correspondance générale, lettres inédites à Louis de Narbonne, 1792, p. 20.
• 8. Mon adresse est changée. Je demeure maintenant rue de Mézières, n° 10 (faubourg Saint-Germain).
V. HUGO, Correspondance, 1821, p. 320.
• 9. Sir Williams donnait un faux nom et une fausse adresse dans l'unique but de dépister la police...
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 468.
• 10. ... que savaient-ils l'un de l'autre? Tout au plus une adresse, parce qu'elle figurait à l'annuaire. Encore Michon n'avait-il jamais vu la maison de M. Baslèvre et M. Baslèvre pouvait-il se demander si Michon logeait en garni ou en appartement.
É. ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, p. 22.
• 11. Cette image chérie se faisait toujours plus lointaine et insaisissable, se fondait là-bas à l'horizon, en une brume de sang, parmi la foule des victimes. Une seule carte de la Croix-rouge, et puis plus de nouvelles. Aucune adresse, aucun renseignement. Par voie officielle, par voie occulte, M. Feuillebois avait tenté d'entrer en relations avec son fils, il avait échoué.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 216.
• 12. Tout abonnement téléphonique principal ordinaire donne droit à une inscription gratuite dans la liste alphabétique. Cette inscription comporte exclusivement : le nom suivi de l'initiale du prénom (...); la profession (...); l'adresse et le numéro d'appel.
Annuaire officiel des abonnés au téléphone, 1968, p. III.
Rem. Syntagmes fréq. : connaître l'adresse de qqn; donner son adresse; il a une nouvelle adresse; donner, laisser, savoir, trouver l'adresse de qqn; l'ancienne, la nouvelle adresse de qqn; c'est la bonne adresse; fausse adresse; partir sans laisser d'adresse.
— P. méton. Le lieu lui-même. Se rendre, aller à l'adresse indiquée. Spéc. (comm., gastr., etc.). Avoir, connaître de bonnes adresses : des endroits où l'on achète, mange, s'amuse bien.
b) [Le nom du lieu est mentionné dans un compl. de nom accompagnant adresse] Indications précisant ce lieu. Donner l'adresse d'un lieu :
• 13. Un soir de l'été dernier, une lettre, écrite d'une grosse écriture, qui portait l'adresse d'un village lointain, avait appris à Louisa que son frère était mort, ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 537.
• 14. ... je me précipitai dans l'escalier, hors de la maison, dans le taxi. Je criai au chauffeur l'adresse de la rue Saint-Guillaume. Je tremblais que Mme Ortègue, revenue à elle, ne me suivît (...). Une fois arrivé à la clinique et tandis que je payais le chauffeur, je constatai que la rue Saint-Guillaume restait déserte. Mme Ortègue ne m'avait pas suivi, ...
P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, pp. 252-253.
• 15. ... quand il arriva, son père était déjà en bière. On remit seulement à Pascal une liasse de papiers et l'adresse de la chambre où avait habité Simon. C'était rue de Flandre, au sixième d'un petit hôtel.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 441.
c) [Ni le lieu, ni la pers. ne sont encore mentionnés] Mention du nom d'une personne, suivie de l'indication du lieu où elle peut être atteinte. Écrire l'adresse sur une enveloppe :
• 16. Armand dormit sous le Pont-Neuf, (...). Ses rêves agités par la réalité toujours présente le firent retrouver le forgeron Avril qui faisait des adresses qui faisait des adresses sans fin, et toujours la même adresse. Mme Sarah Bernhardt, villa Pain-Béni, aux îles-d'Or...
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 388.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : écrire, envoyer à l'adresse suivante, à l'adresse indiquée; carnet, livre d'adresses; adresse télégraphique (adresse réduite pour l'envoi des télégrammes). 2. Les indications d'une adresse portent au minimum un nom de lieu auprès d'un nom de pers.; l'adresse est d'ordin. complétée par des indications précisant le lieu (nom d'une résidence, rue et n° de la rue, localité voisine, département, pays, parfois l'itinéraire, cf. ex. 7) ou le nom (prénom(s), nom complémentaire, titres divers, etc.), le but étant d'éviter des erreurs d'acheminement, et de remise au destinataire par la multiplication des indications d'identité; certaines indications de politesse (titres honorifiques, etc.) ne font pas partie de l'adresse proprement dite, quoique pouvant figurer sur la suscription d'une lettre.
d) Par restriction
— DIPLOM. [L'indication du lieu étant donnée avant ou après] Formule comportant les nom, titre et qualité du destinataire, employée en tête d'un acte rédigé en forme de lettre (d'apr. Lar. encyclop.).
Rem. Sous les emplois mentionnés sous 1 se devine une spécification du sens class. « renseignement (sur une affaire, une pers.) », qui survit dans l'expr. très vieillie bureau d'adresse « lieu, établissement où l'on s'adressait pour obtenir certains renseignements. Fig. et fam. C'est un vrai bureau d'adresse, se dit d'une maison (ou d'une pers., Ac. 1798-1878) où l'on débite ordinairement beaucoup de nouvelles. » (Ac. t. 1 1932) (cf. infra étymol.) :
• 17. Après son expédition du 17 mai à Port-Royal des Champs, l'archevêque fit dire à M. Arnauld qu'il voulût bien quitter pendant quelque temps son faubourg Saint-Jacques; que les assemblées qui s'y tenaient déplaisaient au roi; qu'on l'accusait d'être le bureau d'adresse de tous les ecclésiastiques mécontents.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 136.
2. P. anal., INFORMAT. Partie d'une instruction, indiquant, sous forme numérique ou littérale, le fragment de mémoire d'ordinateur dans lequel ou à partir duquel un nombre doit être écrit ou lu au cours de l'exécution de cette instruction. (Le fragment de mémoire peut être une page, un mot, un demi-mot, un octet, un bit...) :
• 18. L'entier associé à un élément est appelé son adresse. Ainsi une adresse définit-elle un élément et un seul de la mémoire. La donnée de cette adresse permet l'accès direct à l'élément qu'elle désigne, grâce au système technologique d'adressage.
J. ARSAC, Les Systèmes de conduite des ordinateurs, Paris, Dunod, 1968, p. 27.
• 19. Chaque mot dans une mémoire à tores, à tambour ou à disques a une adresse et vous pouvez donner à l'ordinateur des instructions lui commandant de copier le contenu d'une certaine cellule dans le totalisateur, ou bien d'additionner le contenu d'une certaine cellule à celui du totalisateur, etc.
T.-G. SCOTT, Ordinateurs électroniques, techniques de programmation, trad. par J. Charbonneau-Kohiyama, Paris, Gamma, 1968, p. 283 A.
Rem. Dans cet emploi technol., l'obj. à adresser est remplacé par un nombre; le destinataire est la machine assimilée à une pers. pensante.
II.— Vieilli. Déclaration formulée à l'intention d'un destinataire. En partic., dans le domaine de la pol. Déclaration le plus souvent écrite dans laquelle des particuliers, le plus souvent appartenant à un même groupe (corps constitués, villes, provinces, colonies, etc.), communiquent à une personne investie de tout ou partie du pouvoir (le plus souvent un chef d'État) ou à plusieurs personnes appartenant à un même corps politique (gén. représentatif, p. ex. l'Assemblée nationale), leur opinion ou leurs vœux concernant une affaire importante :
• 20. ... c'est en vain que la Garde nationale avignonoise a présenté à l'Assemblée nationale une adresse, où elle manifeste la résolution de combattre jusqu'à la mort pour la défense des frontières de l'Empire françois; ...
M. DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la pétition du peuple avignonois, t. 6, 1790, p. 592.
• 21. L'adresse en réponse fut rédigée par Mme Étienne et Guizot. Elle disait :« Sire, la charte consacre comme un droit l'intervention du pays dans la délibération des intérêts publics. Cette intervention fait du concours permanent des vues de votre gouvernement avec les vœux du peuple la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement, nous condamnent à vous dire que ce concours n'existe pas. » L'adresse fut votée à la majorité de deux cent vingt et une voix contre cent quatre-vingt-une.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 580.
• 22. Je vous serais obligé de bien vouloir inviter M. le commissaire de la République de la région de Lyon à faire connaître aux comités expéditeurs de l'« adresse » que j'ai noté avec intérêt leur vœu de voir définir clairement le rôle des comités départementaux de libération...
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959, p. 319.
— P. ext. (hors du domaine pol.), rare. Adresse au lecteur, à une personne illustre.
— P. iron., néol. d'aut. Message sous forme de soufflet :
• 23. ... ce qui lui attira un jour sur chacune de ses joues un soufflet bien appliqué. Il s'en vengea en faisant bâtonner de nuit celui qui avait osé imprimer son adresse sur ses joues.
RABAN, M. SAINT-HILAIRE, Mémoires d'un forçat ou Vidocq dévoilé, t. 2, 1828-1829, p. 258.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : rédiger, voter une adresse; envoyer, expédier, lire, présenter, prononcer, recevoir une adresse. 2. Le subst. désignant la pers. (ou le groupe) qui reçoit l'adresse peut être introd. par la prép. à et celui qui désigne la pers. (ou le groupe) qui l'envoie par la prép. de; le terme exprimant les sentiments, opinions ou vœux obj. de l'adresse peut déterminer directement le mot adresse et est alors introd. par la prép. de : adresse de félicitations, de protestation. 3. Sous la monarchie constitutionnelle, l'adresse (ou le projet d'adresse) était une réponse faite au discours du roi, d'où l'expr. adresse en réponse (au discours de la couronne ou du trône, ex. 20). Le décret du 31 janv. 1867 a remplacé l'adresse par le droit d'interpellation.
II.
⇒ADRESSE2, ADRESSÉE, subst. fém.
Région. Sentier, raccourci :
• 1. ... peu de paysans descendent l'avenue. Ils viennent par petits groupes, des bois, des terres, par les échaliers et les adresses, évitant les espaces découverts, qu'il faudrait parcourir sous le feu de tant de regards. La cour est pleine comme une place un jour de marché.
R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 350.
• 2. Adresse (...), s. f. — Sentier, raccourci.
VERR.-ON. t. 1 1908, p. 16.
• 3. Adressée (...), s. f. — Même sens que Adresse. Elle permet de couper au plus court : « Passe-donc, par l'adressée. » — « Vous prendrez le routin, pour couper à l'adressée. »
VERR.-ON. t. 1 1908, p. 16.
III.
⇒ADRESSE3, subst. fém.
(Se rattache pour le sens à adroit).
I.— Qualité d'une personne (ou, p. méton., d'une partie du corps ou d'une entité abstraite) ou d'un animal parvenant aisément à atteindre un but ou à obtenir un résultat.
A.— [Le but visé est la réussite dans des actions nécessitant l'utilisation du corps et en partic. des mains] Synon. habileté, dextérité :
• 1. ... ce qu'ils [les prêtres orientaux] durent à la possession exclusive des facultés intellectuelles, les tyrans grossiers de nos faibles ancêtres l'obtinrent par leurs institutions et par leurs habitudes guerrières. Couverts d'armes impénétrables, ne combattant que sur des chevaux invulnérables, comme eux, ne pouvant acquérir la force et l'adresse nécessaires pour dresser et conduire leurs chevaux, pour supporter et manier leurs armes, que par un long et pénible apprentissage, ils pouvaient opprimer avec impunité, ...
A. DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1794, p. 97.
• 2. ... l'industrie se compose de la théorie, de l'application, de l'exécution. Ce n'est qu'autant qu'une nation excelle dans ces trois genres d'opérations, qu'elle est parfaitement industrieuse. Si elle est inhabile dans l'une ou dans l'autre, elle ne peut se procurer des produits qui sont tous les résultats de toutes les trois. (...). Les nègres de la côte d'Afrique ont beaucoup d'adresse :ils réussissent dans tous les exercices du corps et dans le travail des mains; mais ils paraissent peu capables des deux premières opérations de l'industrie.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 80.
• 3. Il osait jadis offrir sa poitrine à qui voulait y poser les doigts, le jeunet, et maintenant il la dérobait constamment à l'étreinte. Adroit, sans doute, il l'était devenu; mais l'adresse ne vaut pas la force, et l'on ne le verrait peut-être plus se planter au milieu de l'arène et, là, résister inflexible comme une barre de fer aux ceintureurs les plus hardis.
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, pp. 199-200.
• 4. L'on chasse pour chasser. C'est le jeu des forts, la lutte de l'homme contre la bête, de l'adresse contre la brutalité. En dangers fertile, la chasse prépare à la guerre. Prouve qui peut son habileté, son courage, sa vigueur, son endurance. Œil sûr, pied agile, allure souple, soutenue, inlassable, sans s'essouffler, sans s'arrêter, sans haleter, il faut pouvoir courir longtemps après la bête que l'on a blessée.
R. MARAN, Batouala, 1921, pp. 156-157.
• 5. Je connais un certain biologiste de salon qui réussit dans les congrès, dans les banquets et les palabres, mais qui n'est peut-être pas capable de faire un repiquage sans gâter ses cultures. — Je me permets de te dire, au vol, que rien n'est plus injuste qu'une insinuation telle : l'adresse de M. Chalgrin fait notre admiration, et, dans l'ordre technique, c'est l'homme le plus habile que j'aie rencontré jusqu'ici. Que cette question d'habileté ne te déroute point trop : un biologiste doit être ingénieux opérateur, à peine de tout gâter. On fait de la biologie avec son cerveau et avec ses mains.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, pp. 187-188.
• 6. Pour l'augure, la droite et la gauche sont les sources d'où viennent le faste et le néfaste, comme pour moi ma main droite et ma main gauche sont l'incarnation de mon adresse et de ma maladresse.
M. MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 330.
Rem. 1. Adresse peut être suivi des prép. à ou dans, qui introduisent un n. de chose ou d'action (traduisant l'activité dans laquelle s'exerce l'adresse); la prép. à peut également introd. un inf. d'action. 2. Syntagmes fréq. : adresse manuelle; acquérir de l'adresse; essayer, exercer son adresse; exercice, jeu d'adresse. Le tour avec adresse est très fréq., notamment avec le verbe manier, avec éventuellement des déterminations intensives (merveilleux, remarquable, etc.). 3. Adresse s'emploie fréquemment en oppos. avec force, ou autres termes anton. (ex. 3 et infra ex. 7, 8); les 2 qualités peuvent aussi être présentées comme compl. (cf. les expr. force et adresse ou force ni adresse).
B.— [Le but visé est la réussite dans des actions nécessitant l'utilisation des fac. d'intelligence ou d'intuition, notamment dans l'action, la conduite des affaires hum., les relations soc., etc.]
1. [L'adresse est envisagée du point de vue de la pers. agissante dont elle manifeste les qualités] :
• 7. L'oppression et le mépris furent donc, et durent être généralement, le partage des femmes dans les sociétés naissantes. Cet état dura dans toute sa force jusqu'à ce que l'expérience d'une longue suite de siècles leur eût appris à substituer l'adresse à la force. Elles sentirent enfin que, puisqu'elles étaient plus faibles, leur unique ressource était de séduire; ...
P.-A.-F. DE LACLOS, De l'Éducation des femmes, 1803, p. 459.
• 8. Jusqu'à lui [Louis XI] le gouvernement n'avoit guère procédé que par la force, par les moyens matériels. La persuasion, l'adresse, le soin de manier les esprits, de les amener à ses vues, en un mot, la politique proprement dite, politique de mensonge et de fourberie sans doute, mais aussi de ménagement et de prudence, avaient tenu jusque là peu de place. Louis XI a substitué dans le gouvernement les moyens intellectuels aux moyens matériels, la ruse à la force, la politique italienne à la politique féodale.
F. GUIZOT, Hist. générale de la civilisation en Europe, 1828, p. 13.
• 9. ... mettez un individu gauche, maladroit, un individu dont le caractère est de n'en avoir point, absolument dénué de cette adresse si commune qui sait se frayer le chemin et se créer une existence; (...) il fera mieux de se retirer à l'écart que d'aller s'embarquer dans un monde où la fortune ne favorise que les audacieux, ...
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1829, pp. 29-30.
• 10. Les jeux d'adresse et de combinaison sont tolérés. Si l'on entend ici par jeux d'adresse et de combinaison ceux pour lesquels il faut employer l'adresse-ruse et certaines combinaisons-calculs qui aident à prévenir ou à corriger les chances.
C. MOREAU, Les Français peints par eux-mêmes, Les Détenus, t. 4, 1841, p. 85.
• 11. Dans la sphère des calculs spéculatifs, le banquier déploie (...) autant d'esprit, d'adresse, de finesse, de qualités qu'un habile diplomate dans celle des intérêts nationaux.
H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 236.
— P. méton. [L'adresse est envisagée du point de vue d'une chose abstr. manifestant les qualités de celui qui l'a conçue] :
• 12. Les Grecs, disputeurs subtils, comme tous les esprits foibles, commencèrent ces controverses épineuses, qui durent encore, où l'on met l'adresse de la dialectique à la place de la force des raisons; ...
L.-G.-A. DE BONALD, Législation primitive, t. 1, 1802, p. 18.
Rem. Syntagmes fréq. : déployer beaucoup d'adresse, une grande adresse; avoir l'- de faire qqc., employer son - (mettre de l'-) à faire qqc.; un coup d'-, un tour d'-. Vieilli : avoir de l'esprit d'-.
2. [L'adresse est envisagée comme condition du but visé exprimé par le suj.] :
• 13. La poursuite de la richesse, des jouissances et des honneurs publics qui s'y attachent, développe le caractère, l'audace, l'adresse, la fourberie de l'homme qui la veut.
É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 24.
Rem. Syntagmes fréq. : demander, exiger de l'adresse.
— En partic., dans le domaine des arts plast., musicaux ou littér. (en tant qu'ils mettent en œuvre des qualités d'intelligence et l'expérience artisanale du « métier ») :
• 14. Il faut beaucoup d'adresse et beaucoup d'attention pour parvenir à vaincre toutes les difficultés qui résultent d'un ensemble aussi nombreux [six chœurs], mais on vient à bout de tout par le travail et avec une organisation flexible.
CHERUBINI, Cours de contrepoint et de fugue, 1835, p. 61.
• 15. Quelque niais dira : M. Coppée nous montre, par un exemple charmant et déplorable, que l'habileté sans l'inspiration ne saurait s'élever à ces hauteurs où... (laissons-le finir sa phrase). On dirait plus justement : l'admirable chose que le « métier », le « sens artiste », la science des procédés du style, l'adresse à arranger les mots, l'art de la composition! (...). Il n'est guère de poète plus détaché de son œuvre, plus purement orfèvre que M. François Coppée : ...
J. LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 91.
• 16. J'ai de la peine à m'habituer à ne voir dans l'art dramatique qu'un métier comme un autre. Ce n'est pourtant qu'un métier. Il ne s'agit pas de savoir si M. Berr est un homme de talent, mais si sa pièce est bien fabriquée. Elle ne l'est pas trop mal. Il y a de l'adresse, des mots d'esprit, des scènes qui n'ennuient pas.
J. RENARD, Journal, 1904, p. 926.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : (croquis) exécuté avec une grande adresse; (un peintre) sans adresse; adresse du pinceau. 2. Ces expr. ne sont dépréc. que si l'habileté manuelle l'emporte sur le talent ou l'inspiration proprement artistiques :
• 17. ... que dire du portrait de M. Grévy posé comme un manche à balai, sur le fond sombre et encore éclairé, d'en haut, sans doute, par un châssis qui laisse s'égoutter des lueurs bleuâtres sur le front, sur les mains brossées avec mille simagrées de retouches, avec mille préciosités de détails. C'est le portrait le plus illettré et la rubrique la plus absolue, c'est de l'adresse manuelle, du travail soigné de contre-maître, et voilà tout.
J.-K. HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, p. 159.
II.— Gén., au plur. [Le but visé est le plus souvent la réussite dans des actions nécessitant l'utilisation des fac. intellectuelles] Moyen ou ensemble de moyens mis en œuvre par une personne pour atteindre un but. Synon. diplomatie, doigté, finesse, manœuvre, procédé, ruse :
• 18. ... la diplomatie byzantine n'avait pas voulu porter le coup de grâce aux Turcs, de peur d'accroître la puissance des Francs. Elle entendait fonder son hégémonie sur le maintien de l'équilibre entre les premiers et les seconds. Politique trop adroite, adresses qui allaient bientôt se retourner contre leurs auteurs.
R. GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 189.
— En partic., dans le domaine des arts :
• 19. Lui, le spirituel croqueur, l'habile aquafortiste, le maître au cochon, affecte doctoralement de n'admirer, de n'estimer que les maîtres primitifs, de répudier toutes les habiletés, toutes les adresses, tous les procédés, tout ce dont est fait son petit, mais réel talent.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, juill. 1853, p. 112.
Rem. Adresse dans ces emplois est souvent dépréc. (ex. 18).
Prononc. :[]. Enq. :/2s/.
Étymol. ET HIST.
I.— 1177-1179 « chemin de traverse [chemin droit] » (CHRÉT. DE TROYES, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 1501 : Une forest aprés le plaing truevent et vont par une adresce) [cf. fin XIIe s. : nule sente ne quierent ne nule adrece (nulla viae compendia captet), St Bernard, éd. Förster, 157, 33 ds T.-L.]. — COTGR. 1611, d'où : 1. ca 1280 « bon chemin » emploi fig. (Escanor, éd. Michelant 3244 ds T.-L. : Il en fust si bien en l'adrece C'aillours aler n'en covenist) et p. ext. : 1370-71 « conseil, renseignement, information » (FROISSART, Chron., I, 227, ms. Amiens, fol. 3 ds GDF. : En yaux vous trouveres toutte adrece de bon conseil); 1630, fondation par Théophraste Renaudot du Bureau d'adresse et de rencontre qui publie en 1633 la Feuille... du Bureau d'adresse (d'apr. HATIN, Bibl. hist. de la presse périodique fr., 1866, pp. 17-18); 2. 2e moitié XVe s. « action de s'adresser à, d'avoir recours à qqn » (OLIVIER DE LA MARCHE, Mém., I, 460 ds LACURNE : le Seigneur de Crouy et les siens faisoient plus grande adrèce à Monsieur le Dauphin qu'il ne sembloit bon) empr. par l'angl. adress, voir infra II, et spécialisé comme terme de chancellerie 1690 « action d'adresser un acte diplomatique à un destinataire » (FUR. s.v. :l'adresse des Édits et des Déclarations est toujours aux Cours Souveraines), sens qualifié de vieilli par DG; 3. 1559 « habileté » [= art d'aller droit au but] (AMYOT, Fab., 15 ds LITTRÉ : Quand ce vint à combattre à coups d'espée, où il n'est moins besoing d'adresse et d'art que de force); 4. 1690 « indications sur le lieu où se trouve un destinataire » (FUR. : Adresse, se dit aussi de la suscription des lettres ordinaires, qui marque le lieu, ou la personne, où on les veut faire tenir. Il a fait tenir ce paquet à son adresse).
II.— 1. 1656 pol. « requête, vœu présenté au roi d'Angleterre (en réf. au cont. pol. angl.) » (DU GARD, Nouv. ord. de Londres, 1196 ds MACK. t. 1 1939, p. 75); 1687 « id. » (MIÈGE ds Barbier ds Modern Language Notes, XVI, 139 : On appelle aussi addresse [en terme anglois] les requêtes par écrit que le parlement lorsqu'il est assemblé présente de tems en tems au roi et en general toutes ces soumissions formelles qu'une société fait au roi par des deputez en des occasions extraordinaires. Du tems des derniers parlemens, on appeloit addresses les instructions que les électeurs donnoient par ecrit aux membres qu'ils avoient eleus); 2. 1789 pol. « déclaration, généralement exprimée par écrit, présentée au roi (cont. révolutionnaire) » (MIRABEAU, Discours et opinions, 1, p. 170, 10 mai ds MACK. t. 1 1939, p. 113 et M. FREY, Les Transformations du vocab. fr. à l'époque de la Révolution, 1925, p. 65 : Je demande qu'il soit fait à S. M. une très humble adresse pour lui exprimer l'attachement inviolable de ses fidèles); 1789 « pétition présentée au roi ou à un corps constitué (même cont.) » (DUVERGIER, Lois..., t. 1er, 2e éd., p. 67 : Les citoyens actifs ont le droit de se réunir... pour rédiger des adresses et pétitions, soit au corps municipal, soit aux administrations de département et de district, soit au corps législatif, soit au Roi...).
I déverbal de adresser; 3 a été, par étymol. seconde, rapproché de adroit « habile ». II empr. à l'angl. address, attesté comme terme pol. au sens de « a discourse specially directed to anyone, a formal speech of congratulation, respect, thanks, petition... » (dans le cont. de la vie parlementaire angl.) seulement dep. 1751 (CHAMBERS, Cyclopaedia ds NED :a discourse presented to the King in the name of a considerable body of his people); constitue une spécial. du sens « the act of addressing or betaking oneself to anyone » dep. 1611 (COTGR. : acheminement, an addresse, introduction, entrie, ingression) empr. au fr. adresse « action d'avoir recours à qqn » dep. XVe s. (voir supra). 1 en référence au cont. pol. angl., 2 transposition au cont. pol. fr. — BRUNOT t. 9, p. 783; NYROP, p. 340; BOULAN 1934, p. 98; BONN. 1920, p. 1.
STAT. — Fréq. abs. litt. :3 647. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 6 169, b) 6 096; XXe s. : a) 4 191, b) 4 458.
BBG. — AC. CAN.-FR. 1968. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARB. Infl. 1919, p. 7. — BAUDHUIN 1968. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BLANCHE 1857. — BOISS.8. . — BONNAIRE 1835. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — BRUN 1968. — Canada 1930. — CAP. 1936. — Comm. t. 1 1837. — COMTE-PERN. 1963. — DAIRE 1759. — DHEILLY 1964. — DUP. 1961. — Éd. 1913. — Électron. 1959. — FÉR. 1768. — GIR. 1834. — Gramm. t. 1 1789. — GUILH. 1969. — GUIZOT 1864. — JAL 1848. — KOLD. 1902. — LABORDE 1872. — LACR. 1963. — LAF. 1878. — Lar. comm. 1930. — LAV. Diffic. 1846. — LE CLÈRE 1960. — LEP. 1948. — LE ROUX 1752. — PIL. 1969. — PISSOT 1803. — Pol. 1868. — PRÉV. 1755. — SARDOU 1877. — SOMMER 1882. — SPR. 1967. — Synon. 1818.
1. adresse [adʀɛs] n. f.
ÉTYM. 1547; adrece « droit chemin, direction », XIIIe; d'où « voie, moyen » et « indication, renseignement », XVe; le sens 1. se dégage au XVIIe; de 1. adresser.
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1 (Av. 1690). Indication de la personne à qui il faut s'adresser ou du lieu où il faut aller, envoyer (⇒ Destination); description plus ou moins codifiée du lieu de résidence (de qqn). || Adresse postale. || L'adresse comporte le pays, la ville ou l'agglomération, la voie (rue, boulevard…), un numéro, un code postal, etc. || Mettre l'adresse du destinataire sur une lettre, une enveloppe. || Cette adresse est mal libellée. ⇒ Suscription. || Changer d'adresse, de lieu de résidence. || Il est parti, mais il a laissé sa nouvelle adresse. || Parti sans laisser d'adresse. || Je ne connais pas sa nouvelle adresse. || C'est la bonne adresse, une fausse adresse. || Cahier, livre d'adresses. || Adresse télégraphique, réduite, pour l'envoi des télégrammes. — Fichier d'adresses informatisé.
0.1 Dès que cette nouvelle résolution fut arrêtée, elle donna au cocher son adresse, et rentra chez elle (…)
Maupassant, Fort comme la mort, I, I, p. 41.
0.2 — Madame, j'ai justement une affaire magnifique à proposer à Vladimir Féodorovitch et je vous serais fort reconnaissant si vous pouviez me donner son adresse !
— Son adresse ? Eh ! Monsieur ! c'est ici, son adresse, et dans tous les bars chics du quartier ! c'est là qu'il se fait envoyer sa correspondance…
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 61.
1 La dame est partie. Et sans même laisser d'adresse (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, 26.
1.1 Ses rêves agités par la réalité toujours présente le firent retrouver le forgeron Avril qui faisait des adresses, qui faisait des adresses sans fin, et toujours la même adresse. Mme Sarah Bernhardt, villa Pain-Béni, aux Îles-d'Or (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 388.
♦ Le lieu lui-même. || Il s'est rendu, il est allé à l'adresse indiquée. || Il m'a donné une bonne adresse, l'adresse d'un bon restaurant, d'un bon fournisseur, etc.
♦ Une bonne adresse, où la rue, le quartier sont considérés comme bons, dans une hiérarchie de valeurs sociales.
2 (Sens plus général, plus ancien, mais senti aujourd'hui comme une extension du sens 1.). ☑ Loc. Se tromper d'adresse, de destination ou de destinataire.
1.2 Tes lunettes sont myopes, juge plein de grâce : tu te trompes d'adresse dans ton compliment.
A. de Musset, les Caprices de Marianne, II, 1.
♦ ☑ Aller, arriver à son adresse : atteindre sa destination. || Ces critiques sont bien arrivées à leur adresse.
1.3 Si les convicts étaient gîtés dans un endroit de l'île, si cet endroit nous était connu, et s'il ne s'agissait que de les en débusquer, je comprendrais une attaque directe. Mais n'y a-t-il pas lieu de craindre, au contraire, qu'ils ne soient assurés de tirer le premier coup de feu ?
— Eh, Monsieur Cyrus, s'écria Pencroff, une balle ne va pas toujours à son adresse !
J. Verne, l'Île mystérieuse, p. 494.
♦ ☑ Fig. et fam. À l'adresse de : à l'endroit de, à l'intention de. || C'est un compliment à votre adresse. — ☑ Vx. Pour l'adresse de…
2 Voici pour votre adresse une assez rude touche.
Corneille, le Menteur, V, 3.
3 (1633, Th. Renaudot). Anciennt. || Bureau d'adresses, qui fournissait des renseignements. — Fig. et vieilli. || Cet homme est un vrai bureau d'adresses, il est renseigné sur tout ce qui se passe.
4 (1687, « requête au roi d'Angleterre »; angl. address, du franç., employé pour la vie politique française en 1789 : adresse au roi, à la nation). Expression des vœux et des sentiments d'une assemblée politique, adressée au souverain. || L'adresse des 221 en réponse au discours du trône de Charles X. || Le Parlement anglais répond par une adresse au discours de la couronne. → Résolution, cit. 5. || Une adresse de félicitations. ⇒ Manifeste.
3 (…) c'est en vain que la Garde nationale avignonoise (sic) a présenté à l'Assemblée nationale une adresse, où elle manifeste la résolution de combattre jusqu'à la mort pour la défense des frontières de l'Empire françois (…)
Robespierre, Discours, Sur la pétition du peuple avignonois, t. VI, p. 592.
4 De la part d'X-Collectiviste, nous allâmes, Beaurepaire et moi, rue Victor-Massé, au siège du Populaire, apporter à Paul Faure une adresse de sympathie.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 116.
5 (Mil. XXe; repris à l'angl. address). a Techn. Signe (mot, formule) sous lequel est classée une information. || Mettre en adresse une information, la classer sous un signe tel qu'on puisse la retrouver. — Les mots, expressions, abréviations, signes classés dans un ordre convenu et donnant lieu à un article, dans un dictionnaire, sont des adresses (syn. : entrée).
b Imprim. Partie inférieure d'un titre comprenant le nom et l'adresse de l'éditeur, la date et le lieu de publication.
c Inform. Expression numérique ou littérale représentant un emplacement de mémoire dans un ordinateur et permettant d'y retrouver une information. || Relations entre adresses. ⇒ Instruction. || Définition de l'adresse d'une donnée. ⇒ Adressage. — Mettre une donnée, une information en adresse (adresser). || Mise en adresse.
d Code alphanumérique qui permet d'identifier un correspondant et d'échanger des messages sur un réseau télématique.
6 Didact. Fait de s'adresser à qqn (dans la loc. termes d'adresse); spécialt (ethnol.), termes utilisés entre parents.
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DÉR. 2. Adresser, adressier.
COMP. Sous-adresse.
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2. adresse [adʀɛs] n. f.
ÉTYM. 1547; de l'anc. franç. adrece « bonne direction » (→ 1. Adresse et 3. Adresse), avec infl. de adroit.
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♦ Qualité d'une personne adroite. ⇒ Art (I., 1.), dextérité, habileté, industrie, savoir-faire, souplesse; et aussi main (main sûre, main de maître, tour de main).
1 Adresse et dextérité expriment de la facilité dans l'exécution, une certaine habileté de main. La ressemblance est très grande entre ces deux mots. L'adresse et la dextérité emploient les moyens fournis par l'industrie ou le savoir-faire, et agissent conformément aux vues, aux idées de l'habileté et aux règles de l'art. Elles consistent à bien opérer, soit au propre, soit au figuré. C'est un talent tout relatif à l'action, et non pas à la théorie, à des règles, à l'invention des moyens. Un prestidigitateur, un archer, un praticien, un négociateur doivent montrer de l'adresse ou de la dextérité (…)
L'idée propre de l'adresse, c'est la justesse, c'est de faire comme, où et quand il faut, c'est de n'employer que la quantité de force et de mouvement nécessaire.
Lafaye, Dict. des synonymes, Habileté…
1 Qualité physique d'une personne qui fait les mouvements les mieux adaptés à la réussite d'une opération (jeu, travail, exercice). ⇒ Agilité, dextérité, habileté. || L'adresse d'un jongleur, d'un joueur de basket. || Il utilise ces outils, ces instruments avec une adresse remarquable. || Acquérir de l'adresse. || Son adresse aux billes, au ballon. || Son adresse à faire qqch. — Absolt. || Avoir de l'adresse. || Manquer d'adresse.
2 (Il) éprouvait son adresse et sa force à jeter
Ces morceaux de métal (…)
La Fontaine, Fables, XII, 3.
3 (…) des exercices qui leur donnaient de l'adresse, laquelle n'est autre chose qu'une juste dispensation des forces que l'on a.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, II.
4 (…) il ne dépensait plus maladroitement ses forces, une adresse lui était venue (…)
Zola, Germinal, t. I, p. 56.
5 (…) une adresse de singe à se rattraper des mains, des pieds (…)
Zola, Germinal, t. I, p. 304.
♦ Jeux d'adresse : jeux exigeant de l'adresse. — Tour d'adresse : exercice exigeant l'habileté, la souplesse des mains, et produisant un effet remarquable (illusion, etc.). ⇒ Escamotage, jonglerie, passe-passe, prestidigitation, truc.
6 (…) je me signalais déjà par cent tours d'adresse jolis.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
♦ Spécialt. Mise en œuvre de qualités propres à une activité artistique. || Adresse du pinceau, touches adroites. || Adresse à (qqch., faire qqch.). || Ce croquis est exécuté avec une grande adresse.
6.1 (…) l'admirable chose que le « métier », le « sens artiste », la science des procédés du style, l'adresse à arranger les mots, l'art de la composition ! (…) Il n'est guère de poète plus détaché de son œuvre, plus purement orfèvre que M. François Coppée (…)
Jules Lemaitre, les Contemporains, 1885, p. 91, in T. L. F.
2 Qualité d'une personne qui sait s'y prendre, manœuvrer comme il faut pour obtenir un résultat. ⇒ Art, diplomatie, doigté, finesse, habileté, industrie, ingéniosité, ruse, subtilité, talent. || Il a eu l'adresse de refuser la polémique. || Il emploie toute son adresse pour le convaincre. || Avoir, acquérir de l'adresse. || Réussir par adresse, par son adresse. — ☑ Loc. (Vieilli). User d'adresse.
7 Si votre esprit plein de souplesse,
Par éloquence et par adresse,
Peut adoucir les cœurs et détourner ce coup.
La Fontaine, Fables, VIII, 4.
8 Adresse, force et ruse, et tromperie
Tout est permis en matière d'amour.
La Fontaine, Contes, I, 2.
9 Que ne sait point ourdir une langue traîtresse
Par sa pernicieuse adresse ?
La Fontaine, Contes, III, 6.
10 (…) et nous avons ici des gens d'une adresse !
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 9.
11 Sa grande adresse est de paraître me ménager en me diffamant et de donner encore à sa perfidie l'air de la générosité.
Rousseau, les Confessions, X.
11.1 C'est (…) l'effet d'un peu d'adresse et de beaucoup de patience, une affaire de métier, comme dit M. de Lévis.
Stendhal, Journal (1813), Pl., p. 1253.
12 (…) elle est d'une adresse à désespérer un diplomate.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 101.
♦ (En parlant d'un animal) :
13 Le voyant (le petit chien) habile à tromper, ingénieux à dérober, fécond en friponneries, et forcé que l'on était d'admirer l'esprit et l'adresse avec lesquels il jouait ces mauvais tours (…)
France, le Petit Pierre, XXXVI.
♦ (Choses). || L'adresse de sa démarche, de ses procédés, de sa dialectique. || Ce discours est d'une remarquable adresse politique.
3 (Souvent au plur.). Vieilli ou littér. Ensemble de moyens mis en œuvre pour obtenir un résultat. ⇒ Doigté, manœuvre, ruse. || Toutes ses adresses ont échoué.
❖
CONTR. Gaucherie, inaptitude, inhabileté, maladresse.
————————
3. adresse [adʀɛs] n. f.
ÉTYM. V. 1175, Chrétien de Troyes; déverbal de adresser « diriger », même mot que 1. adresse.
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♦ Vx. (anc. franç.) ou régional. Raccourci; sentier formant raccourci.
Encyclopédie Universelle. 2012.