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fait

1. fait, faite [ fɛ, fɛt ] adj.
• 1690; de 1. faire
1Qui est constitué, a tel aspect.
Quant au physique. Être bien fait, mal fait. 1. bâti, fam. foutu. Il est bien fait de sa personne. Une femme bien faite. girond (cf. fam. Bien balancée, bien roulée). « jeune et faite à ravir » (Musset).
Vieilli Comme vous voilà fait ! accoutré, habillé , vêtu.
Quant à l'esprit, au caractère. « un conducteur [précepteur] qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine » (Montaigne). Les gens sont ainsi faits.
2 Qui est arrivé à son plein développement. Un homme fait. mûr.
Arrivé à un certain point de maturation nécessaire à la consommation. Un fromage fait, bien fait (cf. À point), fait à cœur.
3Fabriqué, composé, exécuté. Un travail bien fait. Loc. adv. Vite fait bien fait, aisément (cf. D'un seul coup d'un seul). « Sa cote de popularité retomba vite fait bien fait de 12 points » (Libération, 1990). Loc. Ce n'est ni fait ni à faire. — TOUT FAIT : fait à l'avance, tout prêt. Traiteur qui vend des plats tout faits. cuisiné. Acheter un costume tout fait (opposé à sur mesure) . Subst. Acheter du tout fait. confection, prêt-à-porter. Fig. Phrase, expression toute faite. cliché. Idées toutes faites : préjugés ou lieux communs. — Vite fait.
Qui est fardé. Des yeux faits. Verni. Ongles faits.
4(Personnes) Fam. Être fait : être pris par la police (cf. Refait). Être fait comme un rat, comme un voleur. « Ils avaient refermé la porte en douce derrière nous les civils. On était faits, comme des rats » (Céline).
⊗ HOM. Faix; faîte, fête. fait 2. fait [ fɛ ] n. m.
XIIe; lat. factum, de facere « faire »
IVx en emploi libre
1 ♦ ( LE) FAIT DE : action de faire. ⇒ 1. acte, 1. action. Le fait de parler, de rire; le fait de s'en aller. Être condamné pour fait d'insoumission. Par son fait : par sa faute. — Il est coutumier du fait. Prendre qqn SUR LE FAIT (prononc. fam. [ fɛt ]),le surprendre au moment où il agit (cf. En flagrant délit, la main dans le sac). — Plur. Les faits et gestes de qqn, ses activités.
2Spécialt (dans des expr.) Action mémorable, remarquable. exploit, prouesse. Fait d'armes, de guerre. Hauts faits.
3Dr. Événement susceptible de produire un effet juridique, et spécialt Action fautive positive (opposé à l'abstention ou à l'omission). Fait qualifié crime par la loi. Fait qui comporte une peine. Fait du prince. Responsabilité du fait de l'homme, du fait des choses. Faits justificatifs.
Voie de fait : coup, violence.
Prendre fait et cause pour qqn, prendre sa défense, son parti.
4 ♦ ( ÊTRE) LE FAIT DE : (constituer) la manière d'être de qqn. La générosité n'est pas son fait (cf. N'est pas son fort). « La manie de confondre la religion dans la morale n'est pas le fait d'un esprit bien libre » (Suarès). Vx Convenir à. « Le mariage n'est guère votre fait » (Molière).
5Dire son fait (à qqn),lui dire sans ménagement ce qu'on pense de lui (cf. Dire ses quatre vérités).
II
1Ce qui est arrivé, ce qui a eu lieu. affaire, aventure, 1. cas, chose, épisode, événement, 1. incident. Fait rare, singulier, unique; fait courant, habituel. Un fait gros de conséquences. Enchaînement des faits. Succession, déroulement des faits. Dire, rapporter un fait, des faits. Donner un résumé des faits. Fait rapporté par un chroniqueur. anecdote, 1. trait. Rétablir les faits, la réalité des faits. « Je hais les petits faits » (Voltaire). La politique « c'est l'art de créer des faits, de dominer, en se jouant, les événements et les hommes » (Beaumarchais).
Le fait accompli.
♢ LE FAIT QUE (et indic. ou subj., selon le degré de réalité). Le fait que Napoléon est mort en exil. Le fait que vous soyez mon ami ne vous autorise pas à...
♢ DU FAIT DE; littér. PAR LE FAIT DE : par suite de.
♢ DU FAIT QUE. puisque. Du seul fait que : pour cette seule raison que. « Du seul fait que j'admettais la possibilité de le faire naître artificiellement, j'en avais implicitement reconnu l'illusion » (Proust).
Information (dans un journal). Lire un fait important. Fait divers.
2Ce qui existe réellement; ce qui est du domaine du réel (opposé à idée, à rêve, à imagination). 1. pratique, réalité, réel. Le domaine des faits ( factuel) . S'incliner devant les faits. Laisser parler les faits. Juger sur les faits, d'après les faits. « Au fait il [le livre] ajoute l'idée » (Hugo). Une question de fait, et non de principe. Erreur de fait, matérielle. — C'est un fait : c'est certain, sûr, vrai. — Le fait est que vous avez raison : il est vrai que vous avez raison, je dois l'admettre, le reconnaître. — Dr. Pouvoir de fait; gouvernement de fait, qui n'est pas reconnu. ⇒ de facto.
Loc. adv. PAR LE FAIT; DE FAIT; EN FAIT (fam. [ fɛt ]) :en réalité. ⇒ effectivement, effet (en effet), réellement, véritablement. « Il est de fait que l'homme jouit du soleil » (La Bruyère). Loc. adv. TOUT À FAIT [ tutafɛ ]. 1. complètement, entièrement. Il est tout à fait guéri. Ce n'est pas tout à fait fini. Vous avez tout à fait raison. (En réponse) Vous êtes satisfait ? — Tout à fait. absolument. Par ext. Fam. (critiqué) oui. Pouvez-vous venir demain ? — Tout à fait.
Dr. Tout événement matériel. Énonciation, articulation des faits. Interrogatoire sur faits et articles. Fait nouveau, non encore soumis à la procédure du tribunal; révélé après une condamnation. — Point de fait : question qui met en jeu l'existence d'un fait à prouver par opposition au point de droit. Juger en fait, et non en droit.
Sc. Ce qui est reconnu, constaté par l'observation. phénomène. Faits zoologiques, faits sociaux.
3Cas, sujet particulier dont il est question. Il n'a encore rien dit du fait. 3. sujet. (Après au) Aller au fait, venir au fait, à l'essentiel. Venons-en au fait. Aller droit au fait. Ellipt Au fait ! allons au fait. Être au fait de, au courant de. « Un brave de province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour » (Voltaire). (En tête de phrase) AU FAIT : à propos, à ce sujet. Au fait, ne devait-il pas venir nous voir ?
Être sûr de son fait, de ce qu'on pense, de ce qu'on avance ou du succès de ce qu'on entreprend. — De ce fait : à cause de ce qui précède; par suite de.
♢ EN FAIT DE : en ce qui concerne (qqn, qqch.), en matière de. « L'autre était passé maître en fait de tromperie » (La Fontaine). En fait de cadeaux, il n'a pas été gâté !
⊗ CONTR. Abstraction, idée, théorie.

fait Participe passé de faire. ● fait nom masculin (latin factum, de facere, faire) Acte, phénomène, action : Les faits valent mieux que les discours. Chose, événement qui se produit, cas : On a observé un fait curieux. Ce qui est reconnu comme certain, incontestable : Le fait est là, il faut s'incliner. Tout événement susceptible de produire des effets de droit, d'avoir des conséquences juridiques. ● fait (citations) nom masculin (latin factum, de facere, faire) Claude Bernard Saint-Julien, Rhône, 1813-Paris 1878 Un fait n'est rien par lui-même, il ne vaut que par l'idée qui s'y rattache ou par la preuve qu'il fournit. Introduction à l'étude de la médecine expérimentale Georges Louis Leclerc, comte de Buffon Montbard 1707-Paris 1788 Rassemblons des faits pour nous donner des idées. Histoire naturelle, De l'homme François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Tout arrive par les idées ; elles produisent les faits, qui ne leur servent que d'enveloppe. Histoire de France Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause. Histoire des oracles Pierre Dumarchais, dit Pierre Mac Orlan Péronne 1882-Saint-Cyr-sur-Morin 1970 Les mots sont plus mystérieux que les faits. La Petite Cloche de Sorbonne Gallimard Henri Poincaré Nancy 1854-Paris 1912 Académie française, 1908 Une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. La Science et l'hypothèse Flammarion Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] Un même fait porte des rameaux opposés et le malheur qu'il engendre annule le bonheur qu'il avait causé […]. À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances […]. À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann Gallimard Raymond Queneau Le Havre 1903-Paris 1976 Il serait bien affreux que tout fait imbécile méritât commentaire, exégèse subtile. Le Chien à la mandoline Gallimard Jacques Rivière Bordeaux 1886-Paris 1925 Le seul remède à la folie, c'est l'innocence des faits. Correspondance, à Antonin Artaud, 25 mars 1924 Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Les petits faits inexpliqués contiennent toujours de quoi renverser toutes les explications des grands faits. Choses tues Gallimard Aldous Huxley Godalming, Surrey, 1894-Los Angeles 1963 Les faits ne cessent pas d'exister parce qu'on les ignore. Facts do not cease to exist because they are ignored. A Note on Dogma William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Plus de faits et moins d'art. More matter with less art. Hamlet, II, 2, la reinefait (difficultés) nom masculin (latin factum, de facere, faire) Prononciation Au singulier, le mot se prononce le plus souvent [&ph90;ɛ&ph104;], en faisant entendre le t, surtout quand il est en position finale et accentuée : en fait, au fait, par le fait, prendre sur le fait, etc. Le t n'est pas prononcé au pluriel, ni dans les locutions fait d'armes, fait divers, en fait de et tout à fait. Emploi De fait / en fait. Ne pas confondre. 1. De fait = effectivement (pour confirmer ce qui précède). Il m'avait promis de venir très vite, et de fait il était là deux heures après. 2. En fait = en réalité (pour marquer une opposition, une restriction). Il m'avait promis de venir très vite, en fait il n'est venu que le surlendemain. Construction Le fait que (+ subjonctif, indicatif ou conditionnel, en fonction du sens) : le fait qu'il soit un homme célèbre ne le met pas au-dessus des lois (hypothèse) ; le fait qu'il a longtemps vécu à la campagne l'a rapproché des populations rurales (réalité) ; le fait qu'il aurait fréquenté ce milieu ne jouerait pas en sa faveur (éventualité). ● fait (expressions) nom masculin (latin factum, de facere, faire) Le fait de, le fait que, l'action, l'état, la situation consistant à ou en ce que : J'insiste sur le fait que rien n'est encore sûr. Aller, arriver, en venir au fait, aller à l'essentiel, à la question importante. Au fait, sert à attirer l'attention, en tête de phrase ; à propos, tout bien considéré. C'est un fait que, c'est incontestable que. De ce fait, pour cette raison, en conséquence. De fait, qui existe réellement sans être juridiquement reconnu : Le pouvoir de fait ; matériel, réel : Une erreur de fait. Dire son fait à quelqu'un, lui dire nettement ce qu'on pense de sa conduite. Du fait de, que, par le (seul) fait de, que, en raison de, pour la (seule) raison que. En fait, de fait, par le fait, en réalité, effectivement. En fait de, quant à, sous le rapport de, en ce qui concerne : En fait de projet, ce n'est qu'un vague brouillon. État de fait, réalité, situation qu'on ne peut que constater. Être au fait de quelque chose, être informé de façon précise pour pouvoir comprendre ou faire une chose. Être le fait de quelqu'un, constituer ce qui lui appartient en propre. Être sûr de son fait, être sûr de ce qu'on avance. Fait justificatif, infraction qui résulte d'un ordre de la loi et du commandement de l'autorité légitime (soldat tuant un ennemi en temps de guerre) ou d'une permission de la loi (légitime défense) et qui exonère son auteur de toute responsabilité. Haut(s) fait(s), action militaire héroïque et prestigieuse ; action méritoire ou, ironique, action blâmable. Le fait est là, les faits sont là, la situation est ce qu'elle est et on ne peut pas la changer. Le fait est que, il est de fait que, il est certain, indiscutable que. Par le fait même, en conséquence de quoi. Prendre fait et cause pour quelqu'un, s'en déclarer ouvertement partisan. Prendre quelqu'un sur le fait, en flagrant délit. ● fait (homonymes) nom masculin (latin factum, de facere, faire) fais forme conjuguée du verbe faire fait forme conjuguée du verbe faire fait adjectif faîte nom masculin faites forme conjuguée du verbe faire faix nom masculin faix nom masculin invariable fée nom féminin fête nom féminin fête forme conjuguée du verbe fêter fêtent forme conjuguée du verbe fêter fêtes forme conjuguée du verbe fêterfait (synonymes) nom masculin (latin factum, de facere, faire) Chose, événement qui se produit, cas
Synonymes :
- événement
- phénomène
Ce qui est reconnu comme certain, incontestable
Synonymes :
- réalité
- vérité
Contraires :
- hypothèse
- idée
- théorie

fait, faite
adj.
d1./d Fabriqué. Des vêtements faits sur mesure.
|| Phrase toute faite: locution banale, aphorisme.
être fait pour: être propre, destiné à. Les lois sont faites pour protéger les citoyens.
d2./d Conformé (de telle ou telle manière). Cette femme est faite à ravir.
Fig. Une tête bien faite.
d3./d Réalisé, exécuté. Aussitôt dit, aussitôt fait.
|| Fam. C'est bien fait: c'est mérité.
d4./d Accompli. Ce qui est fait est fait.
C'en est fait: c'est irrévocable.
d5./d Fait à: habitué, endurci à. Fait à la fatigue.
d6./d Qui est à maturité. Un homme fait.
(Choses) à point pour être consommé. Ce fromage est fait.
d7./d Fam. Sur le point d'être découvert, arrêté. Il m'a vu, je suis fait (comme un rat).
————————
fait
n. m.
rI./r
d1./d Action de faire. Le fait de pleurer n'y changera rien. L'intention vaut le fait. Prendre qqn sur le fait.
|| DR Action qui produit un effet juridique.
d2./d Ce que l'on fait, ce que l'on a fait. Surveiller les faits et gestes de qqn.
Exploit. Haut fait. Faits d'armes.
rII./r
d1./d Ce qui existe réellement. S'appuyer sur des faits et non sur des suppositions. C'est un fait. Le fait est que vous avez raison. Poser en fait.
|| Loc. adv. De fait, en fait, par le fait: véritablement, effectivement. Il n'était roi que de nom, le maire du palais l'était de fait. Je vous avais prédit un échec, et, de fait, vous n'avez pas réussi.
Tout à fait: entièrement, complètement. L'ouvrage est tout à fait terminé.
d2./d Ce qui arrive, est arrivé. C'est un fait unique dans l'histoire. Rapporter des faits. Syn. événement.
d3./d Essentiel d'un sujet. En venir au fait.
Mettre au fait: mettre au courant, instruire (qqn).
|| Loc. adv. Au fait: à propos. Au fait, que vouliez-vous?
d4./d Ce qui revient à qqn, ce qui le concerne. Dans cette succession, chacun a eu son fait.
Dire son fait à qqn, lui dire ses vérités.
être sûr de son fait, de ce que l'on avance.
|| Loc. adv. En fait de: en matière de. En fait de métaphysique...
d5./d PHILO Donnée de l'expérience. Fait brut, qui s'impose comme un fait immédiat dû à la perception sensible. Fait scientifique: résultat de l'élaboration critique du fait brut.

I.
⇒FAIT, FAITE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de faire. Cf. notamment faire1 III D.
II.— Emploi adj.
A.— [Correspond à faire1 I et II]
1. Fabriqué, confectionné, construit, réalisé.
a) Expr. Ce n'est ni fait ni à faire. C'est du travail bâclé (cf. MARTIN DU G., Gonfle, 1928, II, 5, p. 1203). Tout compte fait. C'est un grand pas de fait. Un grand progrès est accompli. Marché fait (vx). Marché conclu. Marché fait qu'à votre retour nous ne parlerons point politique! (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 237).
b) [Avec un adv. ou une loc. adv. de manière, ou un compl. de comparaison] Du travail bien fait, une besogne mal faite.
Vite fait, bien fait (pour indiquer une exécution rapide).
(Aus)sitôt dit, (aus)sitôt fait. L'exécution suit immédiatement le projet, la parole, la promesse, l'ordre exprimé.
C'est très bien fait à vous de + inf. (vx). C'est très-bien fait à vous de faire des excursions sur des terres étrangères (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 21).
Fait à plaisir. Inventé de toutes pièces. Conte fait à plaisir.
c) Loc. adj. Tout fait
) Tout prêt, préparé d'avance. Travail tout fait. La métaphysique ou la critique que le philosophe se réserve de faire, il va les recevoir toutes faites de la science positive, déjà contenues dans les descriptions et les analyses dont il a abandonné au savant tout le souci (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 196) :
1. Ses enfants, bien entendu, il vaut mieux se les faire soi-même; mais quand on attrape la cinquantaine, qu'on n'est pas bien sûr de réussir, et qu'on en trouve un tout fait, eh bien, on se le prend sans avertir les populations.
PAGNOL, Fanny, 1932, II, 6, p. 138.
Spéc., domaine de l'habillement. Costume tout fait. Anton. sur mesure(s); synon. prêt à porter. En veston et en pantalon de fantaisie, achetés tout faits chez Lambourdieur (ZOLA, Terre, 1887, p. 299). Enfin, Joseph consentit à essayer un costume tout fait, pourvu qu'il fût noir (GREEN, Moïra, 1950, p. 71).
) Au fig. Adopté sans examen; banal, sans originalité. Idée toute faite. Idée reçue, lieu commun. Elle laisse ses amis penser pour elle; elle reçoit leurs idées toutes faites (FRANCE, Vie littér., 1888, p. 342). Expression, locution, formule toute faite. Expression figée de la langue, consacrée par l'usage et devenue banale. Phrase toute faite. Formule de politesse conventionnelle et froide. Synon. cliché. N'en pas parler du tout plutôt que d'en parler avec des phrases toutes faites (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1119).
2. [En parlant d'une pers.; gén. modifié par un adv. de manière ou un compl. de comparaison]
a) [En parlant du physique] Conformé, constitué.
Bien fait. Beau, de bel aspect. Bien fait de sa personne; femme bien faite. Jeune homme on ne peut pas mieux fait et on ne peut pas plus agréable (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 50). Je n'étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit (CAMUS, Chute, 1956, p. 1487). Fait au moule, à ravir. C'est un joli garçon, bien tourné, fait à peindre, bel homme en uniforme (COURIER, Pamphlets pol., Lettres partic. 2, 1820, p. 69). Des Cupidons, fraîche couvée, Me montraient son pied fait au tour (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 109). Jambe bien faite; taille bien faite. Belle bouche, un nez très bien fait (GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, p. 69).
Homme mal fait. Mal bâti, disgracieux.
b) Vx. [En parlant de l'allure, de l'habillement] Habillé, accoutré, arrangé (d'une manière étrange). Dans des expr. : comme le voilà fait! Il est fait d'étrange manière. Madame Lerat (...) l'aperçut [Nana] à cette heure, faite comme une souillon (ZOLA, Nana, 1880, p. 1321).
c) Au fig. [En parlant du jugement, du caractère] Avoir l'esprit bien fait. Avoir l'esprit juste, qui raisonne bien. [P. allus. littér. à Montaigne, Essais I 25] Tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine. Mieux vaut un esprit juste qu'un esprit pédant, bourré de connaissances livresques non assimilées. Être ainsi fait. Avoir tel caractère, tel comportement. Synon. mod. être ainsi, être comme cela (sans y pouvoir changer). Et le monde est ainsi fait que l'on oubliera Falleix (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 337). Mon esprit fut toujours ainsi fait que je ne mettais pas ma perspective devant moi, mais derrière (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1899-1901, p. 217) :
2. Ce Demangeat ne me plaisait guère. Je lui trouvais la voix pâteuse et le débit monotone; j'avais raison, mais, avec un esprit mieux fait, j'aurais compris que les étudiants appréciaient justement l'ordre et la clarté de ses exposés.
FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 433.
3. Fait pour + subst. déterminé ou inf.; fait pour que + subordonnée au subj.
a) [En parlant d'une pers.] Particulièrement apte à, prédisposé à. L'homme n'est pas fait pour vivre seul. Il faut du merveilleux, un avenir, des espérances à l'homme, parce qu'il se sent fait pour vivre au-delà de notre univers (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 170). Mal fait pour l'action, plus à l'aise dans l'éternité que dans le temps, son bonheur était de se perdre à loisir dans ses rêves (GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950 p. 22).
b) [En parlant d'une chose] Destiné à, qui convient à. Non, non, Victor, cesse de t'abuser; ce bonheur n'est pas fait pour toi (GUILBERT DE PIXÉR., Victor, 1798, I, 1, p. 4). Le rêve conté hier est bien fait pour tuer à jamais le sommeil (MICHELET, Journal, 1848, p. 617). Un piano est fait pour qu'on y joue de la musique (ALAIN, Propos, 1913, p. 171) :
3. ... la poursuite inlassable dont il n'avait cessé de fatiguer Mlle Stangerson, (...) la vie désordonnée qu'il menait sous prétexte de « noyer ses chagrins », tout cela n'était point fait pour rendre Arthur Rance sympathique à Rouletabille, et ainsi s'explique la froideur avec laquelle il l'accueillit dans la salle des témoins.
G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 154.
P. iron. (pour recommander l'usage d'une chose). Le savon est fait pour qu'on s'en serve. Je passais mon chemin, un chemin est fait pour qu'on y passe (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 48).
Fam. Cela n'est pas fait pour les chiens.
Très fam., p. ell. C'est fait pour! C'est destiné à, prévu pour un usage précis.
B.— [Correspond à faire1 III A] Domaine des soins de beauté. Yeux faits. Yeux maquillés, fardés. Ongles faits. Ongles limés (et vernis).
C.— [Correspond à se faire2 III A]
1. Qui a atteint son complet développement, qui est parvenu à maturité.
a) [En parlant d'une pers., de son corps, de son esprit] Arrivé à l'état pleinement adulte, qui a atteint la maturité d'âge, d'esprit ou de corps.
Homme fait. Homme pleinement adulte, d'âge mûr. — C'est vrai, disait un jeune à un homme fait. Tu es père de famille (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 427). Je vis que le burnous n'était plus un burnous d'enfant, mais un ample et solide vêtement d'homme fait (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 177) :
4. Mais maintenant, il lui fallait s'avouer qu'il était un homme fait : les jeunes gens le traitaient en aîné, les adultes comme un des leurs, et certains lui témoignaient même de la considération. Fait, limité, fini, lui et pas un autre.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 137.
Femme faite. Femme pleinement formée, développée. Ces deux bambines qui avaient des gaietés et des regards étranges de femmes faites (ZOLA, Contes Ninon, 1874, p. 95).
b) Parvenu à un certain degré de maturation. Vin fait. Viande faite. Viande mûrie. Fromage fait. Fromage (à pâte molle) qui a atteint un degré de maturation où le cœur est amolli. Fromage pas trop fait, fait à cœur. Pour finir la fête, une armée entière De fruits, de parfaits, de fromages faits (MONSELET, Poés., 1880, p. 225). Fromage trop fait. Qui n'est plus propre à la consommation. Un autobus (...) où grouillaient les clients comme asticots dans un fromage trop fait (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 172).
2. Fait à + subst. déterminé ou inf. Accoutumé, entraîné, exercé à. Fait au climat, aux habitudes, à un genre de vie. Son grand esprit positif et rigoureux, si peu fait à se payer d'abstractions (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 313). — Donnez-moi qui vous voudrez, Monsieur le Directeur, mais un homme fait à ce travail et qu'il ne me soit pas nécessaire de reprendre à l'A.B.C. (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 18).
D.— Loc. adv.
1. Tout à fait
a) Entièrement, complètement. Oublier tout à fait. Isabelle, tout à fait remise de son évanouissement, se tenait debout (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 425). Je sais bien que ce sont des idées folles, que je ne puis même pas prendre tout à fait au sérieux, des rêves... (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1032).
[Suivi d'un adj.] Synon. de très. « Vous allez être tout à fait chou, vous allez dédicacer quelques livres... » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954 p. 266).
b) Exactement. Ce n'est pas tout à fait ça. Non, il n'y a pas moyen de s'y tromper et c'est bien tout à fait comme nous quand nous avons tant de chagrin (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 789) :
5. Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 63.
2. Rare, littér. Si fait! [Loc. interjective, servant à renforcer une réponse ou tenant lieu de réponse à une phrase négative ou interrogative] Mais si! Bien sûr que si!
Prononc. et Orth. :[], fém. []. GRAMMONT Prononc. 1958, p. 38 admet que dans faite l'[] ,,peut être long, mais un peu moins [que la durée dite longue]``. Ds Ac. dep. 1694 (écarté de Ac. 1932 par une décision de caractère général affectant les part. passés). Fréq. abs. littér. :94 120. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 142 160, b) 135 828; XXe s. : a) 131 967, b) 126 830. Bbg. HENRY (A.). À propos de fait, adj. en anc. fr. Romania. 1953, t. 74, pp. 376-378; 1957, t. 78, p. 97. — QUEM. DDL t. 9, 10.
II.
⇒FAIT, subst. masc.
A.— Réalisation d'une chose; manière de faire, façon d'agir.
1. Mod. (dans des expr. ou loc.). Action.
a) Spéc., au plur., avec une nuance fam., parfois iron. ou péj. Les faits et gestes de qqn. Tout ce que fait quelqu'un, le détail de ses activités (actes, déplacements, rencontres...) observé par une ou plusieurs personnes. Paris (...) ne présente par lui-même à peu près rien de saillant à l'annotateur de ses faits et gestes (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 785). Notre onirisme animalisé (...) n'a pas enregistré les faits et gestes des animaux minuscules (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 153).
b) Au sing., expr. et loc.
Être coutumier du fait (cf. coutumier B 1).
Par son fait. Par son action; par sa faute. Sur la 2e, relative aux exempl(aires) de Leber que la maison Baudouin frères garde en ses magasins, elle se trouve résolue par mon fait en sa faveur (BALZAC, Corresp., 1826, p. 292).
Prendre qqn sur le fait. Le surprendre en train de faire une (mauvaise) action. Synon. prendre qqn en flagrant délit.
Le fait de + inf. L'action de, l'acte ou le phénomène qui consiste à; p. méton. l'état qui en résulte. Le fait de parler, de vivre, de savoir, etc. Définir le vrai par le fait d'être vérifiable (MARCEL, Journal, 1914, p. 28). L'idée est l'essentiel, non le fait de jouer physiquement cette idée (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 251). Le seul fait de prendre contact avec ces fractions multiples et dispersées comportait, pour moi, de grandes difficultés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 74).
2. En partic. (vieilli en emploi abs., mod. dans certains syntagmes; souvent au plur.). Action remarquable (à la guerre). Faits d'armes. Ensuite un peu de patriotisme, le drapeau de l'Empire, de beaux faits dans la garde nationale (FLAUB., Corresp., 1852, p. 424).
a) Fait de guerre. Action militaire remarquable et méritoire. Le duc de Berri rappela inutilement la valeur qu'ils avaient montrée dans les derniers troubles, et leurs beaux faits de guerre (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 64).
b) Haut(s)(-)fait(s). Exploit(s) glorieux, prouesse(s) à la guerre. Une teinte kaki était répandue sur les nouvelles de la guerre et (...) on nous laissait ignorer les hauts faits (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 130).
Au fig., fam. Action mémorable, méritoire, prouesse (sans contexte guerrier, dans la vie). On avait pourtant commencé par une belle manœuvre qui reste un des hauts faits de notre Sorbonne (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 424).
Par iron. Mauvaise action notoire, acte blâmable. Des photographies de « héros », des découpures de journaux relatant les hauts faits du fascisme (GIDE, Journal, 1934, p. 1194) :
1. Les juges refusèrent de l'écouter, et je fus remis en liberté sans qu'on eût pris connaissance des explications que j'aurais pu avoir à donner ni des révélations que j'aurais pu être disposé à faire. C'est là ce qu'un ministre a appelé « faire sentir l'action gouvernementale ». Tels sont les hauts faits de nos magistrats.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 267.
3. DROIT
a) Tout acte matériel d'une personne, tout événement extérieur pouvant avoir un effet juridique. Fait juridique; fait qualifié crime par la loi. J'ai parcouru tout le canton pour recueillir un seul fait qui pût parler en sa faveur (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, IV, 1, p. 42). Grouper les faits et les témoignages de manière à porter (...) le doute et l'hésitation dans la conscience des jurés (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 426).
Expressions
Par le fait de (qqn) (rare), du fait de (qqn, qqc.) (usuel). Par l'action de. Responsabilité du fait de l'homme, du fait des choses. Tout tort causé par le fait de l'homme, donne lieu à des dommages-intérêts ou à une action en réparation du tort causé (BOYARD, Bourse et spécul., 1853, p. 181).
Voie(s) de fait (souvent au plur.). Actes de violences, sévices corporels (contre quelqu'un). Si les actes prévus dans l'article précédent ont été accompagnés de violence, voies de fait, attroupements, les auteurs et complices seront punis des peines portées au code de police correctionnelle ou au code pénal (Doc. hist. contemp., 1803, p. 115). Le fonctionnaire qui se livre à des voies de fait sur un usager du service est coupable d'une faute personnelle qui entraîne la compétence de la juridiction civile (Encyclop. éduc., 1960, p. 289).
b) Spéc. Infraction, délit, crime résultant d'un acte effectif positif (p. oppos. à ce qui résulte d'une ommission ou d'une abstention). L'appréciation de la probabilité du fait, affirmé par l'accusation, nié par la défense (COURNOT, Fond. connaiss., 1851 p. 423). Cela, c'est un fait de police de la rue qui me regarde, et je retiens la femme Fantine (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 244).
Fait de charge. Action ou omission commise par le titulaire d'une charge dans l'exercice de ses fonctions et pouvant causer du tort à quelqu'un. Je n'ai pas de quittance, il y a des faits de charge qui vont absorber charge et cautionnement (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 232).
c) Cour., loc. verbale. Prendre fait et cause pour qqn (cf. cause1 II B locutions).
4. Être le fait de (qqn)
a) Constituer la manière d'agir, la conduite de (quelqu'un) (habituelle ou dans une circonstance donnée). Synon. être le propre de. À cette époque elle [l'activité missionnaire] aussi se trouve être le fait de l'homme blanc (Philos., Relig., 1957, p. 4602). Les performances de valeur internationale sont le fait de nageurs qui s'entraînent jusqu'à cinq et six heures par jour (Jeux et sp., 1968, p. 1572). Le fait du prince. Cf. prince.
b) Vx ou littér., surtout à la forme négative. Convenir à (quelqu'un), faire l'affaire de (quelqu'un). Plutôt que de se battre sur un sujet qui n'était point son fait et divisait ses militants (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 269) :
2. ... une diffusion plus large assurée, d'emblée, à des entreprises coûteuses et dont l'État, en France, n'a jamais songé à assumer la charge : Diderot, par avance lui avait annoncé que ce n'était point son fait...
Civilis. écr., 1939, p. 2408.
5. Loc. Dire son fait à qqn. Dire franchement et sans ménagement à quelqu'un ce qu'on pense de lui, de sa conduite (répréhensible). Synon. dire ses quatre vérités à qqn.
B.— Ce qui est arrivé, ce qui existe.
1. Ce qui est effectivement arrivé, ce qui existe réellement, événement ou état de choses. La civilisation est un fait qui peut être décrit, raconté, qui a son histoire (GUIZOT, Hist. civilisation, Leçon 1, 1828, p. 8). Pour ceux-là, la venue du Messie était un fait d'une nouveauté et d'une originalité absolue (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 783). Or, ces faits se sont passés en 1902 (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1396) :
3. Les autres avaient beau lui crier qu'il était ridicule avec leurs porte-voix et leurs drapeaux blancs, la reddition de la France était un fait qui ne le concernait en rien.
ANOUILH, Répét., 1950, I, p. 21.
SYNT. a) [Souvent au plur.] Exposer, raconter clairement les faits, tels qu'ils se sont passés; succession, déroulement, résumé des faits; faits économiques, historiques. b) [Au sing.] Fait banal, biologique, quotidien, isolé, rare, singulier, unique, courant, constaté, certain; fait divers, fait exprès.
Locutions
a) Loc. verb. Mettre, placer qqn devant le fait accompli. Obliger quelqu'un à accepter une chose sans que celui-ci puisse s'y opposer, le placer dans une situation irrévocable, irréversible. Le minoritaire Monmousseau impose la bataille pour la nationalisation contre le secrétaire général des cheminots, Bidegaray. La CGT, mise devant le fait accompli, n'engage les autres corporations que « par paliers » (REYNAUD, Syndic. Fr., 1963, p. 70). Une intervention extérieure importante ne doit pas résulter d'un coup de tête d'un gouvernement qui place le pays devant le fait accompli (Service milit. et réf. armée, 1963, p. 72).
b) Loc. adv. Par le fait (même), de ce fait, du fait. À cause de cela, en conséquence. La classe des « mammifères » une fois constituée, ne peut plus donner naissance, (...) à la classe « oiseaux », et marque de ce fait un pouvoir d'évolution inférieur à celui du « poisson » (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 235). Méga-synthèse dans le tangentiel. Et donc, par le fait même, bond en avant des énergies radiales (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 271).
c) Loc. prép.
Du (seul) fait de + subst. En raison de, à cause de. La meilleure Gilberte ne pouvant alors, du fait de son absence momentanée, constater cette déchéance (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 566).
Par le fait de + subst. Par suite de, pour la raison de. Dans cette petite ville, ils étaient (...) toujours, — par le fait de la différence de leur race, (...) les esprits les plus avancés, les plus sensibles au ridicule des institutions vermoulues et des pensées décrépites (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 417).
d) Loc. conj.
Le (seul) fait que + ind. (pour insister sur la réalité du fait) ou + subj. Le fait consistant en ce que. Il n'en par le jamais, tant le seul fait qu'on y fasse allusion lui cause de malaise (DU BOS, Journal, 1928, p. 176). La mise au point d'un tel système en pleine guerre et le fait qu'il faudrait l'organiser sous toutes les latitudes entraîneraient d'inextricables difficultés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 316) :
4. ... il se peut que sur l'affaire Dreyfus nous soyons irrémédiablement divisés, mais tous nous nous accordons à sentir quelque chose ce profondément offensant dans le fait que l'on fera défiler l'armée devant le cercueil de Zola.
BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 284.
Ce fait que. Et nous voici tous d'accord sur ce fait que rien ne peut nous empêcher d'appliquer librement et justement la loi française dans toute l'étendue de la République (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 458) :
5. La Provence n'a pas de musique (si j'en juge par ce fait qu'on a dû mettre les paroles de la Coupo Santo sur l'air d'une romance parisienne)...
MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 608.
Du (seul) fait que, du fait même que + ind. Pour la (seule) raison que, puisque. Tout cela, brusquement, ne compterait plus pour rien, du seul fait que l'éclairage aurait été modifié par le grand prêtre... (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1365). Le monde objectif tout entier (...) tel justement qu'il existe pour moi, c'est-à-dire vaut pour moi, du fait même que j'en fais l'expérience (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 9).
Par le (seul) fait que, par le fait même que + ind. Parce que précisément. C'est tout de même curieux, cet éreintement de tout ce que j'écris, (...) et cela par ce seul fait que je mets de la vérité dans ce que j'écris (GONCOURT, Journal, 1894, p. 607). Les articles qui, souvent par le fait même qu'ils faisaient d'importantes réserves sur telle ou telle de mes intentions, m'ont aidé à mieux saisir (...) ce que j'avais voulu faire (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. VI).
2. Ce qui existe réellement, la chose réelle (p. oppos. à la fiction, au rêve, à l'idée, au principe, au souhait, etc.; souvent au plur.); tout ce qui peut être constaté de façon certaine. C'est un fait acquis.
a) En emploi abs. Le domaine des faits; s'incliner devant les faits; les faits parleront d'eux-mêmes; juger sur/d'après les faits; (au sing.) fait dûment constaté, vérifié. Tout cela est beau et grand dans la pensée; mais dans le fait il faut en rabattre presque tout le grandiose (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 343). Il n'aimait guère donner, le fait paraissait malheureusement certain (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 119) :
6. M. Godeau se trouvait seul devant son foyer sans feu. L'idée de suicide s'était présentée à lui. Il avait suffi qu'il l'admît comme possible. Il avait presque atteint cette extrémité. L'intervalle qui séparait la possibilité du fait et le fait accompli, l'intervalle qui était réservé aux moyens ne comptait pas : M. Godeau s'était tué.
JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, pp. 89-90.
b) [En compl. déterminatif, dans des expr.] Constatation de fait; question de fait. Car c'est d'une impossibilité de fait qu'il faudrait se prévaloir, pour nier la simple possibilité logique du surnaturel (BLONDEL, Action, 1893, p. 391) :
7. Pour n'avoir pas voulu intervenir, dès le début, dans les questions de fait, il se trouve réduit, dans les questions de principe, à formuler purement et simplement en termes plus précis la métaphysique et la critique inconscientes...
BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 196.
Erreur, assertion de fait. Erreur matérielle qui porte sur un fait (p. oppos. à erreur de jugement). Selon lui, une assertion de fait pourrait être fausse, en tant qu'historique et vraie en tant que théologique (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 335).
c) [Dans des loc.]
Un fait est un fait. La chose est indiscutable. Un fait est un fait. Les dogmes sont vrais, ou bien ils ne sont rien (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 242). Je sais que j'ai un tempérament d'interprétante. Mais un fait est un fait (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 414).
C'est un fait. C'est une chose réelle, certaine, incontestable. Cela est certainement fâcheux, mais c'est un fait qu'il faut bien reconnaître (DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 309).
Il est de fait que..., c'est un fait que..., le fait est que... + ind. Il est vrai, indéniable que, il faut admettre que. Je suis belle, j'ai cet avantage pour lequel Mme de Staël eût tout sacrifié, et pourtant il est de fait que je meurs d'ennui (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 289). Le fait est qu'elle s'y prenait mal : elle mouillait trop le papier, elle ne le comprimait pas assez (BEAUVOIR, Mandarins, 1954 p. 58) :
8. La théorie aristotélicienne du choix, conçu comme une décision du vouloir consécutive à une délibération rationnelle, était remarquablement élaborée, mais c'est un fait qu'Aristote n'y parle ni de liberté, ni de libre arbitre.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 102.
Rem. Le fait est que peut avoir une nuance oppositive = en réalité (p. oppos. à l'apparence). Synon. de en fait. Jean Valjean, dans la nuée épaisse du combat, n'avait pas l'air de voir Marius; le fait est qu'il ne le quittait pas des yeux (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 502). Je suis devenu un ami avéré du peuple. C'est un axiome. Le fait est que je méprise souverainement la politique (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 107).
Poser en fait que. Admettre comme chose certaine que.
De fait, en fait, par le fait (loc. adv.). En réalité, effectivement, véritablement. Ainsi Ronsard sent que son alexandrin n'a pas encore le juste poids qui le rendrait apte à fournir un ordre consécutif de pages parfaites. Et de fait c'est chez Corneille que paraissent ces premières pages (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 24) :
9. ... la décision finale ne pouvait faire aucun doute. De fait, trois jours après l'incident du porte-feuille, notre père, brusquement et, comme toujours, aussitôt après le bénédicité, lisse ses moustaches et déclare :
— Mes enfants, je suis obligé de vous mettre au collège.
H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 270.
Rem. De fait et par le fait introduisent une explication, une conséquence, en fait introduit parfois une oppos. (en théorieen fait, « dans les faits », dans la réalité). Il n'y a que par l'entrée dans le transcendant, le surnaturel, le spirituel authentique que l'homme devient supérieur au social. Jusque-là, en fait et quoi qu'il fasse, le social est transcendant par rapport à l'homme (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 162).
3. Spéc. Ce qui existe, ce qui constitue la réalité (p. oppos. au droit, à ce qui est voulu ou reconnu par la loi). En fait et non en droit. Cf. droit3 IC 2 b et d.
a) [Dans des expr.]
De fait. Sur le plan de la réalité (sans référence à la loi). Anton. de droit. Cf. droit3 ex. 9.
Point, question de fait. Discussion pour établir l'existence, la véracité d'un fait. Anton. point de droit. Les questions de fait ne sont pleinement résolues que par l'expérience (DESTUTT DE TR., Idéol., 1, 1801, p. 309).
Gouvernement, pouvoir, autorité de fait. Autorité, pouvoir, gouvernement qui n'est pas reconnu par la loi. La République a donc été un gouvernement de fait et de droit (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 61).
État, situation de fait
♦ Situation telle qu'elle existe (sans référence juridique, sans fondement légal) :
10. — C'est ainsi, par le détour des idées et dans le tourbillon de leur mouvement, que le désordre et l'état de fait doivent reparaître et renaître aux dépens de l'ordre. Ce retour à l'état de fait peut s'opérer quelquefois par une voie que l'on n'eût point prévue, et l'homme redevenir un barbare de nouvelle espèce par conséquence inattendue de ses plus fortes pensées.
VALÉRY, Variété II, 1929, pp. 59-60.
P. ext., cour. État de chose, situation. La ruse des gouvernés : notre situation de citoyen est une situation de fait, que nous n'avons pas choisie (ALAIN, Propos, 1928, p. 797) :
11. Tout ce que nous sommes, nous le sommes sur la base d'une situation de fait que nous faisons nôtre et que nous transformons sans cesse par une sorte d'échappement qui n'est jamais une liberté inconditionnée.
MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 199.
Fait social. Réalité sociale. L'histoire de l'Église, de Constantin à Léon XIII, traversait les programmes d'un grand courant charrieur de faits sociaux et de passions humaines (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 92). Distinguer plus nettement entre l'institution en tant que fait social et l'institution en tant que pratique vécue (Traité sociol., 1968, p. 400).
b) Spéc., DR. Tout événement matériel qui nécessite un jugement. Énonciation, articulation des faits; interrogatoire sur les faits; reconnaître les faits.
Expr. Faits et articles. Faits articulés par le demandeur et sur lesquels la partie adverse est ensuite interrogée. Articuler un fait. Sur-le-champ, il mit Jean-Jacques en demeure d'articuler un seul fait et de lui nommer son accusateur (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 208). Fait nouveau. Fait non encore soumis à la procédure; fait découvert après un jugement ou une condamnation. P. métaph. Un fait nouveau incite, sinon à en entreprendre la révision, du moins à en atténuer légèrement la rigueur (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 596). Faits admissibles. Événements qui peuvent être reconnus comme preuves. Faits pertinents. Événements sur lesquels porte le procès.
4. Spéc. [En parlant d'obj. étudiés par une science] Toute donnée de l'expérience, observée ou observable, directement ou indirectement (p. oppos. aux hypothèses, aux théories) :
12. Ce quelque chose, qui constitue l'essence même de la recherche expérimentale, c'est le fait. Établir une expérience, c'est déterminer un ou plusieurs faits, rien de plus. La science a été sur la voie de sa prospérité du jour où les savants ont eu le culte, la passion exclusive du fait et rien que du fait.
BOURGET, Essais psychol. contemp., 1883, p. 169.
Fait brut. Fait qui relève de l'observation directe, immédiate. Fait scientifique. Phénomène objectivé (car apparaissant régulièrement dans certaines conditions), interprété par l'esprit et rapporté à une loi générale :
13. Peut-être, dit-il [M. le Roy] (je crois bien que c'était là une concession), n'est-ce pas le savant qui crée le fait brut; c'est du moins lui qui crée le fait scientifique. Cette distinction du fait brut et du fait scientifique ne me paraît pas illégitime par elle-même.
POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 221.
C.— Ce dont il est question ou ce dont on parle (chose, sujet, cas, affaire particulière). Se taire sur le fait, ne rien dire du fait. Hermine demeurait convaincre d'un fait qui paraissait dominer tous les autres : Fernand était chez une femme (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 239).
[Employé surtout dans certaines expr. et loc., (notamment avec au)]
1. (En) venir, revenir, aller au fait. Aborder l'essentiel du sujet, du débat :
14. Après quelques premiers compliments à tour de bras (...) sur le cardinal de Retz, son cousin-germain, le bon archevêque en vint au fait capital, procéda à l'interrogatoire des religieuses...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 120.
♦ P. ell. Au fait! Allons au fait.
Aller droit au fait(de). Aborder le cœur, le vif du sujet, sans préambule.
2. Mettre qqn au fait. Informer quelqu'un, le mettre au courant (de). Mis au fait de ce qui se passait, il alluma une lanterne, et tous trois se dirigèrent vers la charrette embourbée (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 22).
Être au fait (de la question). Être au courant, informé, renseigné. Il lui échappait (...) quelquefois des mots qui rappelaient ses anciennes amours; mais il fallait être au fait comme moi pour y faire attention (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1787) :
15. Il me charge, M. Fauris, de recommander à votre souvenir un sien ouvrage de L'Art de traduire; apparemment vous êtes au fait, et vous saurez ce que cela veut dire.
COURIER, Lettres Fr. et It., 1812, p. 851.
Au fait de. Au courant de, expert en. Toute personne au fait de l'histoire des cartes géographiques sait (...) que les noms, titres, dates (...) sont plus longs à découvrir sur les cartes anciennes (JOMARD, Consid. sur coll. cartes géogr., 1831, p. 58).
3. Être sûr de son fait. Être sûr à l'avance de ce qu'on affirme, être sûr d'avoir raison, ou de réussir dans son entreprise.
4. Au fait (!), loc. adv. ou interj. [En début de phrase, surtout dans la lang. parlée] À propos (de ce qui vient d'être dit), mais j'y pense. Hein! Qu'est-ce que nous allons manger? Qu'est-ce qui va nous rassasier? Les femmes? au fait nous les méprisons; elles nous y ont d'ailleurs joliment aidés (ARLAND, Ordre, 1929, p. 156) :
16. « Ton père a une infinité de spéculations, de grands desseins, qu'il ne peut mettre à exécution faute de ressources. Son influence dans le département se trouve brusquement arrêtée dans sa marche... Mais au fait je te parle là de choses qui ne t'intéressent peut-être pas beaucoup. »
DURANTY, Malh. d'H. Gérard, 1860, p. 296.
5. En fait de, loc. prép. En ce qui concerne, en matière de. C'était encore un barbu, mais jeune, (...) tout ce qu'on fait de mieux en fait de col de celluloïd, avec des vêtements miteux et bien tenus (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 326).
Prononc. et Orth. :[], []. MART. Comment prononce 1913, p. 327, note ,,une tendance très marquée à faire sentir le t du substantif fait, au singulier, surtout quand il est final ou accentué : en fait, au fait, par le fait, voie de fait, voici le fait, il est de fait, (...) je l'ai pris sur le fait, c'est un fait, et même c'est un fait constant, c'est le fait d'un honnête homme, le fait de mentir, le fait du prince; mais on ne doit jamais faire sentir le t au pluriel, ni dans fait divers, singulier identique au pluriel, ni dans en fait de ou tout à fait``. V. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 405 : ,,Suivi d'un silence, fait se prononce [] dans un fait, c'est un fait, voie de fait, voici le fait, prendre sur le fait, tout à fait, etc. Mais il se prononce [] dans au fait!, en fait, de fait``. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « ce qui est arrivé, action » (Enéas, éd. S. de Grave, 2102); spéc. 1284 sour le fait trouver (G. D'AMIENS, Escanor, 23667 ds T.-L.); 2. ca 1170 « action mémorable, exploit, prouesse, » (BENOIT, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 25025); 1306 fait de guerre (G. GUIART, Branche des Royaus Lignages, éd. Wailly et Delisle, 16793); 3. 1er tiers XIIIe s. « manière d'agir propre à quelqu'un » (Lancelot, éd. H. O. Sommer, II 83 : les oevres de son fait); 4. 1283 terme de dr. (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. Am. Salmon, VIII, 269). B. 1. Ca 1160 « ce qui existe réellement, réalité » (Enéas, éd. Salverda de Grave, 3984); 2. 1268 « sujet particulier dont il est question, événement » (BRUNET LATIN, Tresor, éd. F. J. Carmody, III, 15, 3 : Devisemens est lors quant on conte le fait). C. Loc. adv. a) XIIe s. tot affait (Sermons St Bernard, 34, 1 ds T.-L.); ca 1200 tot a fait (Chevalier au Cygne, 198, ibid.); b) 1268 en fait (BRUNET LATIN, op. cit., II, 10, 15); c) 1283 de fait (PH. DE BEAUMANOIR, op. cit., LVI, 1616). Du lat. factum « fait, action » part. passé neutre substantivé de facere « faire ». Fréq. abs. littér. :22 108. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 32 192, b) 30 722; XXe s. : a) 30 731, b) 31 609. Bbg. ALLAIRE (S.). Le Syntagme le fait que. Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 308-337. — EBNETER (T.), GESSNER (M. P.). La Causalité du fr. parlé. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1974, t. 12, n° 1, pp. 325-345. — QUEM. DDL t. 6.

fait [fɛ] n. m. REM. La tendance à faire sentir le t de fait, au singulier, « surtout quand il est final ou accentué », est déjà signalée dans Martinon (Comment on prononce le français, 1913, p. 327) : C'est un fait [sɛtœ̃fɛt] et même C'est un fait constant [sɛtœ̃fɛtkɔ̃stɑ̃]
ÉTYM. XIIe; lat. factum, p. p. de facere « faire ».
———
I (Vx en emploi libre).
1 (Le) fait de : action de faire qqch. Acte, action. || Le fait de parler, de rire; le fait de s'en aller. || Être condamné pour fait d'insoumission, de rébellion. || Cette action ne peut être que le fait d'un égoïste, d'un lâche. || Répondre d'un fait. || Ce n'est pas de mon fait. || Convenir de ses faits (vx) : s'entendre sur ce qu'on fera.Par son fait : par sa faute. Faute. — ☑ Il est coutumier du fait.Prendre qqn sur le fait, le surprendre au moment où il agit. Délit (flagrant délit); → Prendre la main dans le sac. || Voleur pris sur le fait (→ Cafard, cit. 2).
1 (…) il n'est jamais pris sur le fait (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 50.
2 (…) il y a là de la contradiction, elle est du fait de la nature et non pas du mien (…)
Rousseau, les Confessions, XII.
3 J'étais à l'hôpital, lequel ? Vraiment, le sais-je,
Étant si coutumier et du fait et du lieu !
Verlaine, Invectives, XVI.
4 Là où le nom manque, une périphrase très usuelle le remplace, c'est le fait de : le fait d'être bouffi, d'être dévot… C'est une sorte de passe-partout qu'on substitue aux noms d'action ou d'états absents, ou qui entre en concurrence avec ceux qui existent, pour exprimer les nuances de la pensée. Le fait d'être ivre une fois ne constitue pas l'ivrognerie.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 207.
5 (…) ce que je dois obtenir, c'est qu'elle ne souffre pas par mon fait.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 212.
Allusion littéraire :
6 Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Boileau, l'Art poétique, III.
Plur.Les faits et gestes de qqn, ses activités.
2 (Dans des expressions). Action mémorable, remarquable. Exploit, prouesse; bravoure (vx), geste. || Fait d'armes (→ fig. Coquette, cit. 6). || Fait de guerre : action militaire qui mérite une récompense (→ Bataille, cit. 6).Vieilli. || Les beaux faits de l'histoire (→ Évanouir, cit. 19). || Les hauts faits de ses aïeux (cit. 5). || Les hauts faits d'un héros de légende, d'Hercule, actions héroïques ( Travail).
7 L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan.
Corneille, le Cid, I, 3.
8 Quelques faits d'armes furent sérieux; la prise du Trocadéro, entre autres, fut une belle action militaire (…)
Hugo, les Misérables, II, II, III.
Ironiquement :
9 Ah ! (…) voilà de vos beaux faits; vous me venez faire des affronts devant tout le monde (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 2.
3 Dr. Action qui a un effet juridique. Spécialt. Action fautive positive (opposé à abstention ou à omission). Faute, responsabilité. || Responsabilité du fait de l'homme, du fait des animaux, du fait des choses. || Responsabilité du fait d'autrui. || Fait de charge : action dommageable accomplie par le titulaire d'une charge dans l'exercice de ses fonctions.
10 Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence.
Code civil, art. 1382 et 1383.
Dr. pén. || Fait qualifié crime (cit. 11) par la loi. || Fait qui comporte une peine (→ Arrêt, cit. 6). || Les faits dont il est accusé. || Les faits qui lui sont reprochés. || Fait délictueux.
Loc. Le fait du prince. — ☑ Fait de guerre.
Voie de fait : coup, violence. Voie (→ Bannir, cit. 3).
Prendre fait et cause pour qqn, sa défense, son parti.
4 (Être) le fait de : (constituer) la manière d'agir, la façon d'être propre (à qqn). Attitude, conduite. || La générosité n'est pas son fait. || L'étude (cit. 7) était naturellement son fait. Vieilli. || Il y a un peu de folie, de malice dans son fait (Littré). Cas.
11 Il y avait plus d'ambition que de religion dans son fait.
Bossuet, Hist. des variations…, X.
12 La manie de confondre la religion dans la morale n'est pas le fait d'un esprit bien libre.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IX.
(XVe). Vx ou littér. Ce qui convient spécialement (à qqn). Affaire. || Cet emploi n'est pas son fait. || Trouver son fait (→ Bénir, cit. 19).
13 (…) le mariage n'est guère votre fait.
Molière, le Mariage forcé, 1.
14 J'ai peur qu'il ne soit difficile à remplacer; il était tout votre fait.
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 214, in Littré.
(1283). Vx. Ce qui revient (à qqn), ce qu'il reçoit ou a reçu en partage. Bien, fortune, part, patrimoine.
15 (…) bienheureux qui a tout son fait bien placé (…)
Molière, l'Avare, I, 4.
16 L'homme du fait (les Normands appellent leur bien leur fait; expression profonde !), le possesseur, le terrien, avaient en lui promptement redressé l'homme d'idée !
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
Loc. Vx. À force de faire le fanfaron, il a eu son fait, son châtiment, sa part de malheur. — ☑ Mod. Dire son fait à qqn, lui dire sans ménagement ce qu'on pense de lui ( Vérité : dire ses vérités).
17 Il me donna un soufflet, mais je lui dis bien son fait.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 4.
17.1 Gavard était un homme d'opposition. Il venait de dépasser la cinquantaine, et se vantait d'avoir déjà dit leur fait à quatre gouvernements. Charles X, les prêtres, les nobles, toute cette racaille qu'il avait flanquée à la porte, lui faisaient encore hausser les épaules (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 94 (1875).
———
II
1 Ce qui est arrivé, ce qui a eu lieu. Affaire, aventure, cas, chose, épisode, événement (cit. 8), incident. || Fait rare, singulier, unique; fait courant, habituel, normal. || L'importance d'un fait. || Un fait gros de conséquences (cit. 6). || Faits contingents (cit. 3); faits significatifs (→ Accident, cit. 4). || Fait authentique, certain, constant, exact, indubitable. || Enchaînement, interdépendance des faits (→ Changer, cit. 6). || Multiplicité des faits (→ Débrouiller, cit. 9). || La succession, le déroulement (cit. 3), le calendrier des faits (→ Coïncider, cit. 1). || Fait antérieur, postérieur à un événement. || Chacun (cit. 6) des faits, pris à part. || Saisir le caractère (cit. 70) d'une nation par un fait, un simple fait. || Ignorer, apprendre (cit. 56), connaître (cit. 12) un fait. || La mémoire me représentait les faits anciens (→ Examen, cit. 12). || Admettre (cit. 12), constater, enregistrer (cit. 8), vérifier un fait. || Limiter une enquête (cit. 3) aux faits immédiats. || Attestation, preuve d'un fait ( Certificat). || Attester la vérité, la réalité d'un fait. || Matérialité d'un fait. || Dire, exposer, raconter, rapporter un fait, des faits (→ Borner, cit. 13; conscience, cit. 21; correctement, cit. 2). || Donner un aperçu (cit. 1), un résumé des faits. || Citer (cit. 8) un fait. || Fait rapporté par un chroniqueur. Anecdote, trait. || Chronique des faits. || Fait historique. Page (une page d'histoire). || Faits conservés, déposés dans des archives (cit. 5). || Appuyer ses assertions (cit. 3) sur de nombreux faits. || Donner un fait en exemple. || Éloquence alimentée (cit. 3), nourrie de faits. || Une foule de faits (→ Esquisser, cit. 4). || Arranger (cit. 5), déformer, dénaturer les faits. || Faits artificieusement (cit. 1) rapportés. || Fait mal interprété. || Contester un fait. || Fait incontestable. || Rétablir les faits, la réalité des faits.
18 Je hais les petits faits; assez d'autres en ont chargé leurs énormes compilations.
Voltaire, Lettre à Hénault, 1049, 8 janv. 1752.
19 (La politique) c'est l'art de créer des faits, de dominer, en se jouant, les événements et les hommes (…)
Beaumarchais, la Mère coupable, IV, 5.
20 Pour le prouver, nous nous bornerons à constater ici et à indiquer brièvement un fait réel et incontestable (…)
Hugo, les Misérables, II, VI, V.
20.1 « Quelqu'un de bien informé prétend que le général de Boisdeffre viendrait en personne à la barre et se déclarerait prêt à se solidariser avec les autres généraux. Alors je ne sais pas où nous allons ! C'est la Révolution. » Car ceux qui attachent tant d'importance aux faits, se trouvent ne plus tenir compte des lois. Le monde leur apparaît d'une manière romanesque.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 630.
Le fait que… (suivi de l'indicatif ou du subjonctif selon le degré de réalité qui caractérise la proposition introduite par que). || Le fait que Napoléon est mort en exil explique que…; le fait que vous soyez mon ami ne vous autorise pas à…REM. La proposition complétive introduite par que peut servir de sujet, d'objet direct, etc.
21 Qu'on aimât la musique en France étonnait encore moins Christophe que le fait qu'on y aimât, à peu de choses près, la même musique qu'en Allemagne.
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 167.
Du fait de… : par suite de. → Appartenance, cit. 1; circonstance, cit. 16. — Par le fait de… → Coopération, cit. 1; étrangler, cit. 19. — ☑ Du fait que… Puisque.Du seul fait que : pour cette seule raison que…
22 (…) du seul fait que j'admettais la possibilité de le faire naître artificiellement, j'en avais implicitement reconnu l'illusion.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 142.
Information (dans un journal). || Lire un fait important, des petits faits.Loc. || Fait divers. Fait divers.
23 À une époque plus prochaine qu'on ne croit, le journal qui aura tué le livre, cessera lui-même d'être un journal. Le petit fait le rongera. Ce sera son insecte, sa vermine.
Barbey d'Aurevilly, in Mercure de France (1924), Revue de la quinzaine, I, II.
24 Quinette replia le journal. Il était déçu. Mais il avait lu des faits divers, pourtant médiocres, avec un intérêt tout nouveau.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XIX, p. 212.
Fait accompli, sur lequel il n'y a pas à revenir. || Accepter le fait accompli; mettre qqn devant le fait accompli.
25 Il est bien probable, pour moi, que le Kaiser (…) pousse Vienne à agir le plus vite possible, pour mettre au plus tôt l'Europe devant un fait accompli (…) Ce qui est, en somme, de l'excellent pacifisme (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 63.
2 Ce qui existe réellement; ce qui est du domaine du réel. Pratique, réalité, réel (opposé à idée, à rêve, à imagination). || Le domaine des faits. || Idée a priori (cit. 2) qui ne se fonde pas sur les faits. || S'incliner devant les faits. || Juger sur les faits, d'après les faits. || Agir selon les faits. Circonstance. || Prendre les faits tels qu'ils sont (→ Esprit, cit. 179). || Laisser parler les faits (→ Crier, cit. 22). || Interpréter les faits.Se résigner devant le fait. || Le fait brutal. || Les faits bruts.
26 Les pires historiens pour un jeune homme sont ceux qui jugent. Les faits ! les faits ! et qu'il juge lui-même; c'est ainsi qu'il apprend à connaître les hommes.
Rousseau, Émile, IV.
27 Le livre est plus vaste encore que ce spectacle, le monde, car au fait il ajoute l'idée.
Hugo, Shakespeare, I, III, I.
28 Il se trouva que les plus beaux rêves, transportés dans le domaine des faits, avaient été funestes (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, VII.
29 (…) l'histoire (…) pure, celle qui ne serait composée que de faits, de ces faits incontestés dont j'ai parlé, — serait tout insignifiante, — car les faits, par eux-mêmes, n'ont pas de signification. On vous dit quelquefois : Ceci est un fait. Inclinez-vous devant le fait. C'est dire : Croyez. Croyez, car l'homme ici n'est pas intervenu, et ce sont les choses mêmes qui parlent. C'est un fait.
Valéry, Variété IV, p. 136.
Une question de fait, et non de principe. || Constatation (cit. 2) de fait. || Erreur, assertion de fait, matérielle.
30 Ce n'est pas une question de choix ! c'est une question de fait (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 173.
Pouvoir de fait; gouvernement de fait, qui n'est pas reconnu. De facto.
Situation, état de fait. || Un point de fait (→ 1. Point, cit. 88).
Loc. Poser en fait : donner comme réel. Affirmer, assurer. — ☑ C'est un fait, une chose réelle, certaine ( Certain, constant, positif, sûr, vrai; → Animosité, cit. 10).Le fait est : la chose existe, est irréfutable (souvent en réponse, pour confirmer, attester ce qui vient d'être dit). || Le fait est que… (→ ci-dessous, cit. 37).
30.1 — (…) Et nous sommes loin d'être inquiets (…) — (…) Ça, le fait est.
Sacha Guitry, Ils étaient neuf célibataires, p. 190.
Loc. adv. Par le fait, de fait, en fait : en réalité. Effectivement, effet (en), réellement, véritablement. || En fait, il en est bien capable… (→ Asservissement, cit. 2; caractère, cit. 60). || De fait… (→ Accident, cit. 14; cahier, cit. 1). || Il est de fait que… : il est vrai que…Plus cour.Le fait est que… : il est vrai, il faut reconnaître, admettre que…
31 Il est de fait que l'homme jouit du soleil, des astres, des cieux et de leurs influences (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI, 45.
32 — Nadine a raison, il vaut mieux être deux… Par le fait, lorsque je me retrouvai devant cette maison démente, je fus bien contente d'avoir Robert avec moi.
S. de Beauvoir, les Mandarins, VIII, p. 418.
Vx. || À fait que : à mesure que. || Fait à fait que… (même sens).
Loc. adv. Tout à fait. Complètement, entièrement.Avec un adj. ou un p. p. Tout, cit. 110.1, 110.2 et supra. || Il est tout à fait guéri. || Ce n'est pas tout à fait fini. || Vous êtes tout à fait gentil (→ Comme tout).Avec une loc. prép. || Tout à fait en retard. || Il est tout à fait au courant.Devant un nom. || Vous avez tout à fait raison.En réponse. || Vous êtes satisfait ? Tout à fait.Avec un adv. || Elle chante tout à fait bien.Devant certains verbes. || Vous vous trompez tout à fait.Pas tout à fait : un peu insuffisamment.
33 Ma femme m'a dit (…) que vous étiez fort honnête homme, et tout à fait de ses amis (…)
Molière, le Malade imaginaire, I, 7.
34 — (…) l'affaire est-elle faite ?
— Pas tout à fait encor.
Molière, les Femmes savantes, II, 9.
3 Dr. Tout événement matériel. || Énonciation, articulation des faits. || Interrogatoire sur faits et articles. || Fait nouveau : fait non encore soumis à la procédure du tribunal, et, spécialt (dr. pén.), « Fait qui vient à se produire ou à se révéler après une condamnation et qui est de nature à établir l'innocence du condamné » (Capitant). || Fait principal et fait accessoire, dans un litige. || Fait matériel, dépourvu de conséquences juridiques. || Fait juridique, qui produit un effet de droit. || Fait avéré (cit. 6). || L'accusé a reconnu les faits.
35 Un tribunal décide sur des faits (…)
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 51.
Point, question de fait : question qui met en jeu l'existence d'un fait à prouver, par oppos. au point de droit. || Juger en fait, et non en droit.
Ce qui est reconnu, constaté par l'observation scientifique. Phénomène; expérience, observation. || Faits zoologiques, faits sociaux (→ Essayer, cit. 16). || Les faits essentiels de la géographie humaine (→ Ethnologue, cit.). || Tirer d'un fait des conséquences générales. || Doctrine, théorie appuyée sur les faits, sur l'observation. || Fait qui confirme, infirme une hypothèse.
36 Les faits seuls sont réels, dit-on, et il faut s'en rapporter à eux d'une manière entière et exclusive. C'est un fait, un fait brutal, répète-t-on encore souvent; il n'y a pas à raisonner, il faut s'y soumettre. Sans doute, j'admets que les faits sont les seules réalités qui puissent donner sa formule à l'idée expérimentale et lui servir en même temps de contrôle; mais c'est à la condition que la raison les accepte (…) si un phénomène se présentait dans une expérience avec une apparence tellement contradictoire qu'il ne se rattachât pas d'une manière nécessaire à des conditions d'existence déterminées, la raison devrait repousser le fait comme un fait non scientifique (…) l'admission d'un fait sans cause (…) n'est ni plus ni moins que la négation de la science.
Claude Bernard, Introd. à l'étude de la médecine expérimentale, p. 93-95.
4 Absolt. || Le fait : cas, sujet particulier dont il est question. || Il n'a encore soufflé mot, rien dit du fait. Sujet. — ☑ (Après au…). Aller au fait, venir au fait après un préambule. || En venir au fait sans détours, sans périphrase. Essentiel.Aller droit au fait (→ Biais, cit. 7). Ellipt. || Au fait ! : allons au fait.
Au fait (en tête de phrase) : à propos, à ce sujet. || Au fait, je dois vous dire… || Au fait, j'en ai assez comme ça !, tout bien considéré… (→ Esquiver, cit. 7).
37 — Venons au fait, mon ami, venons au fait.
— Le fait est, Monsieur, que (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 2.
38 M. Claude allait au fait et se présentait à la difficulté, sans reculer.
Bossuet, Conférence avec Claude, 2.
39 Au fait, est ma devise.
Voltaire, Lettre à d'Argenson, 611, 28 juil. 1739.
39.1 Au fait, oui… ce pauvre Ripault-Babin… fit Danjou d'un ton de gouaille.
Alphonse Daudet, l'Immortel, p. 349.
Mettre qqn au fait. Instruire; → Événement, cit. 13. || On l'a mis au fait de la situation.Se mettre au fait : prendre connaissance de…Être au fait : être instruit, au courant d'une chose.
40 Nous n'eûmes pas sitôt mis au fait ce garçon si plein de bonne volonté, qu'il demanda où demeurait don Annibal (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XII.
41 Un brave de province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour.
Voltaire, l'Ingénu, IX.
42 (…) continuez, de grâce, et mettez-moi au fait en quelques mots.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VII.
42.1 (…) la pauvre créature tout en larmes, trop malheureusement au fait de ce qui l'attend, ne suit qu'en gémissant son dur instituteur, elle se jette à ses pieds, elle implore sa grâce (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 106-107.
Être sûr de son fait : être sûr de ce qu'on pense, de ce qu'on avance ou du succès de ce qu'on entreprend. Assurance. || Entendre bien son fait. Affaire.
43 Si le Roi le peut voir (mon placet), je suis sûr de mon fait (…)
Molière, les Fâcheux, III, 2.
44 Descartes (…) est si sûr de son fait quand il se trompe grossièrement en physique (…) que je dois me défier de ce qu'il me dit sur l'âme (…)
Voltaire, le Philosophe ignorant, V.
45 Quand un mari se fie à sa femme, il garde pour lui les mauvais propos, et quand il est sûr de son fait, il n'a que faire de la consulter.
A. de Musset, le Chandelier, I, 1.
Pour la rareté, pour la beauté (cit. 17 et supra) du fait.
En fait de… : en ce qui concerne (qqch., qqn) en matière de… (→ Agace, cit.; évaluer, cit. 6). || « En fait de meubles, la possession vaut titre » (Code civil, art. 2279).
46 L'autre était passé maître en fait de tromperie.
La Fontaine, Fables, III, 5.
47 En fait de gourmandise, on peut mettre les médecins au même rang que les évêques.
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 976.
De ce fait… : à cause de ce qui précède… (→ Aligner, cit. 4; attraction, cit. 13). Suite (par suite de).
CONTR. Inaction. — Abstraction, idée, irréel, théorie. — Droit. — Hypothèse.
HOM. Faix. — Formes du verbe faire.

Encyclopédie Universelle. 2012.