reconnaissance [ r(ə)kɔnɛsɑ̃s ] n. f.
• 1538; reconissance « gratitude » 1180; reconuisance « signe de ralliement » 1080; de reconnaître
I ♦ Fait de reconnaître, d'identifier un objet, un être comme tel; ce qui sert à reconnaître.
1 ♦ Acte de juger qu'un objet a déjà été connu. ⇒ identification. La reconnaissance d'une chose, d'un visage (par qqn). — Psychol. Processus par lequel une représentation mentale actuelle est reconnue comme trace du passé. On distingue l'évocation, la reconnaissance et la localisation des souvenirs. Fausse reconnaissance. ⇒ paramnésie. Philos. ⇒ récognition.
2 ♦ (1680 ) Fait de se reconnaître, de s'identifier mutuellement. La reconnaissance finale dans les comédies classiques.
♢ Signe de reconnaissance, par lequel des personnes qui ne se connaissent pas (ou qui ne se sont pas vues depuis longtemps) peuvent se reconnaître.
3 ♦ Inform. Reconnaissance des formes : procédure d'identification d'un ensemble d'informations à une structure donnée. Reconnaissance de l'écriture, de la parole. Reconnaissance vocale.
II ♦ Action de reconnaître (II), d'accepter, d'admettre.
2 ♦ Fait de reconnaître (qqn) pour chef, pour maître. Reconnaissance d'un souverain.
3 ♦ Rare Fait d'admettre (une chose) après l'avoir niée ou en avoir douté. La reconnaissance d'une qualité chez qqn.
4 ♦ (1587 milit.) Examen d'un lieu, détermination d'une position inconnue. ⇒ exploration. Reconnaissance d'un pays inconnu. ⇒ découverte. Reconnaissance du terrain avant une installation. ⇒ examen. Reconnaissance du sol, du sous-sol. ⇒ prospection, sondage. — Spécialt Action de recueillir des renseignements sur les conditions du combat; opération de guerre organisée à cet effet. Mission, patrouille de reconnaissance. Avion de reconnaissance.
♢ EN RECONNAISSANCE. Envoyer un détachement en reconnaissance. — Loc. fam. Aller, partir en reconnaissance, à la recherche de qqn ou de qqch.
5 ♦ (1771) Action de reconnaître formellement, juridiquement. Reconnaissance d'un État. Reconnaissance de gouvernement, par laquelle un État reconnaît la légalité d'un gouvernement issu d'une révolution. La reconnaissance de la Chine communiste. Reconnaissance de jure, de facto. « avant la reconnaissance de l'indépendance des républiques américaines par l'Espagne » (Balzac).
♢ Dr. admin. Reconnaissance d'utilité publique, dont bénéficie une association, une fondation privée.
♢ (1804) Dr. civ. Reconnaissance d'enfant : acte par lequel une personne reconnaît être le père ou la mère d'un enfant. Reconnaissance volontaire; judiciaire. — Reconnaissance de signature (⇒ reconnaître) .
♢ Cour. Reconnaissance de dette : acte écrit par lequel on se reconnaît débiteur envers qqn. — Reconnaissance du mont-de-piété : récépissé de l'objet remis en gage.
III ♦ Action de reconnaître (un bienfait reçu). Il l'a faite son héritière en reconnaissance de son dévouement pour lui.
♢ (1538) Sentiment qui pousse à éprouver vivement un bienfait reçu, à s'en souvenir et à se sentir redevable envers le bienfaiteur. ⇒ gratitude. Éprouver, témoigner de la reconnaissance. « la reconnaissance est bien un devoir qu'il faut rendre, mais non pas un droit qu'on puisse exiger » (Rousseau). « Je lui en ai une vive reconnaissance » (Lesage). Il mérite notre reconnaissance. — Loc. fam. La reconnaissance du ventre : les bonnes dispositions où l'on est envers la personne qui vous a nourri, aidé matériellement (se dit aussi d'un animal de compagnie).
⊗ CONTR. Oubli. — Désaveu. — Ingratitude.
● reconnaissance nom féminin Action de reconnaître quelqu'un ou quelque chose : La reconnaissance d'une pièce à conviction par un témoin. Action de reconnaître quelque chose comme vrai ou réel : La reconnaissance du talent d'un écrivain par la critique. Action d'admettre qu'on est l'auteur ou le responsable d'une action : La reconnaissance de son crime par l'inculpé. Action de reconnaître quelque chose comme légitime : La reconnaissance d'une liberté par la Constitution. Sentiment qui incite à se considérer comme redevable envers la personne de qui on a reçu un bienfait : Témoigner sa reconnaissance à quelqu'un. Droit Acte unilatéral par lequel un État accepte de considérer qu'une situation ou un acte produit des effets juridiques. (Ainsi, la reconnaissance d'État a pour conséquence la possibilité qui est ainsi ouverte à cet État d'avoir des relations et une activité diplomatiques.) Marine Opération ayant pour objet de s'assurer de la position d'une terre, d'un danger, etc. Militaire Mission de recueil de renseignements d'ordre tactique ou stratégique, sur le terrain ou sur l'ennemi, nécessaires à l'évaluation des situations et à l'action des forces armées : Aviation de reconnaissance. ● reconnaissance (citations) nom féminin Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Il y a une sorte de reconnaissance basse. Maximes et pensées Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 La reconnaissance a la mémoire courte. De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 J'ai remarqué qu'il fallait remercier les hommes le moins possible, parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop. Journal intime Raymond Radiguet Saint-Maur-des-Fossés 1903-Paris 1923 […] cette reconnaissance que l'on éprouve envers qui nous porte envie. Le Bal du comte d'Orgel Grasset Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Je me sens le cœur ingrat par cela seul que la reconnaissance est un devoir. Correspondance, à M. de Malesherbes Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon Paris 1675-Paris 1755 Le nerf et le principe de la haine et de l'amitié, de la reconnaissance et de la vengeance est le même. Mémoires ● reconnaissance (expressions) nom féminin Familier. La reconnaissance du ventre, intérêt, commandé par des motifs peu élevés, que l'on porte à celui qui vous nourrit. Signe de reconnaissance, geste, signe qui permet à d'autres d'identifier quelqu'un, un groupe. Acte de reconnaissance, reçu d'un dépôt fait au Crédit municipal. Reconnaissance de dette, acte unilatéral par lequel une personne se reconnaît débitrice. Reconnaissance d'enfant naturel, acte par lequel une personne affirme être le père ou la mère d'un enfant naturel et permettant d'établir la filiation de celui-ci. Reconnaissance d'utilité publique, acte administratif permettant à une association, une fondation ou à certains établissements privés d'avoir une capacité juridique élargie. Reconnaissance des formes, étude d'un ensemble de données pour y trouver des configurations (appelées « formes ») particulières. (Technique utilisée en traitement des images, en analyse du signal, à la lecture automatique des caractères alphanumériques, etc.) Reconnaissance de la parole, ensemble des techniques utilisées pour permettre l'identification de mots par ordinateur dans un signal acoustique de parole. Signaux de reconnaissance, signaux faits par un navire à la terre, ou par deux navires entre eux pour se reconnaître. Fausse reconnaissance, identification erronée de personnes ou de lieux à d'autres antérieurement connus. ● reconnaissance (synonymes) nom féminin Action de reconnaître quelque chose comme vrai ou réel
Contraires :
- désavoeu
Action d'admettre qu'on est l'auteur ou le responsable d'une action
Synonymes :
- aveu
Contraires :
- négation
Sentiment qui incite à se considérer comme redevable envers la...
Synonymes :
Contraires :
reconnaissance
n. f.
rI./r
d1./d Action de reconnaître qqn, qqch; fait de se reconnaître mutuellement.
d2./d Aveu, confession. La reconnaissance de ses erreurs.
d3./d Fait d'admettre pour tel ou de reconnaître la légitimité de. La reconnaissance d'un gouvernement.
|| DR Reconnaissance d'un enfant, fait de le reconnaître officiellement pour sien.
|| Acte écrit par lequel on reconnaît une obligation. Signer une reconnaissance de dette.
d4./d Action de reconnaître (sens I, 5) un lieu.
|| MILIT Opération par laquelle on cherche à déterminer la nature d'un terrain, la position, le nombre des ennemis, etc. Envoyer des avions en reconnaissance.
rII./r Sentiment qui porte à témoigner qu'on se souvient d'un bienfait reçu. Syn. gratitude.
⇒RECONNAISSANCE, subst. fém.
A. — [Corresp. à reconnaître I] Action de reconnaître quelqu'un, quelque chose.
1. a) Action de poser comme déjà connu. Synon. philos., psychol. récognition. Dans le temps qui s'écoule entre la vue d'un objet et le souvenir qu'il évoque, ou la reconnaissance de l'objet, la lumière a franchi des milliers de kilomètres (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 213).
— PSYCHOL. Reconnaissance (du souvenir). Forme, fonction de la mémoire par laquelle le sujet pensant identifie l'objet d'une représentation actuelle à un objet antérieurement perçu (d'apr. FOULQ.-ST-JEAN 1962). L'étude des faits qui mettent le mieux en relief le rapport de l'état conscient à l'état cérébral, les faits de reconnaissance normale et pathologique, en particulier les aphasies (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 182).
♦ (Illusion de) fausse reconnaissance. V. illusion A 1 b. Paramnésie (de reconnaissance).
b) Fait de reconnaître, d'identifier (quelqu'un ou quelque chose). J'imaginais que dans cette lie, il était impossible qu'il n'y eût pas quelque échappé des bagnes; je craignais [étant forçat évadé] une reconnaissance (VIDOCQ, Mém., t. 2, 1828-29, p. 135). Une quasi-reconnaissance de l'inconscient comme mien au terme de la cure psychanalytique (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 369).
— Fait de se reconnaître mutuellement. Rapporter la mort à la lutte, que livrent les consciences pour se forcer réciproquement à une reconnaissance mutuelle (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 291).
♦ Signe de reconnaissance. Signe distinctif permettant d'identifier quelqu'un ou de se reconnaître réciproquement. Le train réglementairement, arrivait à neuf heures dix, et toutes les précautions étaient prises, une femme de chambre devait l'attendre, on avait même fixé par lettres un signe de reconnaissance, une plume grise à son chapeau noir (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 21).
— Spécialement
) MARINE
♦ Signal de reconnaissance (surtout au plur.). ,,Signaux particuliers à un navire de guerre (par pavillons, T.S.F., clairon, etc.); pour les autres navires on dit signaux distinctifs ou indicatifs`` (MERRIEN 1958). ,,Numéro distinctif composé de quatre lettres du Code international des signaux qui permet d'identifier un navire`` (LE CLÈRE 1960). Mes compagnons allumèrent un feu sur un des pics de Maria-Thérésa. La nuit vint, mais le yacht ne fit aucun signal de reconnaissance! (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 241). De toutes parts des lueurs errantes croisaient leurs antennes — l'horizon tremblé de chaleur s'illuminait du clignement de signaux de reconnaissance — une route royale s'ouvrait sur la mer pavée de rayons (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 226).
♦ (Point de) reconnaissance. Signal, balise indiquant une passe, un écueil, un danger, l'entrée d'un port (d'apr. GRUSS 1978). Je fis signal d'appareiller, et je dirigeai ma route, sans perdre un instant, au nord-est quart est, vers l'île Quelpaert, qui était le premier point de reconnaissance intéressant avant que d'entrer dans le canal du Japon (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 384).
) LITT. [Dans un roman, dans une pièce de poésie épique ou dramatique, notamment dans une pièce de théâtre] Moment du dénouement où les personnages se reconnaissent eux-mêmes ou se reconnaissent mutuellement. Acte, scène de reconnaissance:
• 1. Montriveau et lui se revoyaient pour la première fois après s'être quittés au milieu du désert. — Se quitter dans le désert et se retrouver à l'Opéra! dit Lucien. — C'est une véritable reconnaissance de théâtre, dit Canalis.
BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 188.
) INFORMAT. Reconnaissance (d'un texte). Action de reconnaître un texte écrit à l'aide d'un lecteur optique. La reconnaissance de textes, complétée par le traitement informatique, permettra un accès plus large et plus facile à la vaste documentation existant sur papier (Micro-systèmes, oct. 1985, n ° 57, p. 85). Reconnaissance de forme, des formes. Action de repérer automatiquement des formes en vue d'un traitement de l'information (d'apr. GING.-LAURET 1982). Reconnaissance de caractères. Grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la reconnaissance de formes et à l'Intelligence Artificielle, des machines pourront peut-être même, dans quelque temps, déchiffrer des manuscrits (Micro-systèmes, oct. 1985, n ° 57, p. 85). Reconnaissance de la parole, reconnaissance vocale. ,,Action de reconnaître les sons d'une phrase émise vocalement, en vue d'un traitement, d'un stockage, d'une restitution, ou d'une utilisation pour une action de commande`` (GING.-LAURET 1982). Comme la plupart des machines de reconnaissance vocale commercialisées actuellement, le TOPAR reconnaît seulement des mots, séparés par des silences, et prononcés par une même personne, l'image acoustique de ces mots ayant été préalablement enregistrée par la machine lors d'une phase d'apprentissage (Le Monde aujourd'hui, 8-9 avr. 1984, p. VI, col. 1).
) TÉLÉPH. Répondeur à reconnaissance vocale. Depuis l'alarme électronique antivol (il en vend 10 000 par an) jusqu'au répondeur à reconnaissance vocale, en passant par l'agenda électronique, J. S. a commercialisé plus de 300 gadgets (Le Point, 2 mars 1981, p. 94, col. 2).
2. [Corresp. à reconnaître I A 3] Action d'explorer, de chercher à déterminer (la situation de) quelque chose. Les Anglais ont détruit l'erreur d'un passage par les mers du Nord, qu'ils avaient eux-mêmes accréditée; ils ont commencé la reconnaissance générale du globe (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 164).
— Spécialement
) DÉFENSE. Opération militaire consistant à explorer un lieu à l'avance, pour en déterminer la situation géographique, topographique, et repérer la position, les mouvements de l'ennemi. Reconnaissance offensive, aérienne, de secteur; avions, groupe, patrouille, régiment de reconnaissance; simple reconnaissance. Les reconnaissances faites à la fin de la journée n'avaient signalé aucune troupe à l'ouest de la grande route Louvres, Senlis, Verberie (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 378). L'escadrille Villatte, dotée de Blenheims, a exécuté de nombreuses missions de bombardement et de reconnaissance pendant les combats de Keren et de Massaouah et vers Gondar (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 388). Aviation de reconnaissance. V. aviation B 2 syntagmes.
♦ P. ext., loc. verb. Aller, partir, être envoyé en reconnaissance; pousser une reconnaissance sur/jusqu'à (tel lieu). Au fig., fam. Partir à la recherche de quelqu'un, de quelque chose. V'là qu'un soir, je pousse une pointe et je m'emmanche dans la boutique, histoire d'aller en reconnaissance et de voir ma particulière (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 102).
) MAR. Reconnaissance d'une côte, d'un point notable, d'un feu. Action de s'approcher suffisamment de, pour identifier (d'apr. LE CLÈRE 1960). La vitesse de l'embarcation fut considérable. Le lendemain, 11, au lever du jour, reconnaissance faite de la côte, John Bunsby put affirmer qu'on n'était pas à cent milles de Shangaï (VERNE, Tour monde, 1873, p. 119).
3. [Corresp. à reconnaître I A 2]
a) Fait de déclarer comme vrai, de reconnaître comme incontestable, comme tel. Ce n'est pas pour plus de confort que j'accepterais volontiers la contrainte soviétique. Il y a là également reconnaissance implicite d'un dogme, mais d'un dogme que puisse approuver ma raison (GIDE, Journal, 1931, p. 1094).
b) Fait de reconnaître (un acte répréhensible). Synon. aveu, confession. Reconnaissance de son erreur, de ses erreurs, de ses fautes, de ses torts. Pour lui ce sabordage héroïque de notre flotte est comparable au suicide d'un employé infidèle acculé par la reconnaissance de sa faute, échappant aux sanctions et se réfugiant dans la mort (GIDE, Journal, 1942, p. 146).
c) Fait de reconnaître officiellement l'autorité de, la souveraineté de, de reconnaître pour chef, pour maître incontesté. Reconnaissance d'un roi, d'un souverain; reconnaissance légitime. Le roi différa d'envoyer à la confirmation du nouveau pape le rôle des bénéfices de collation royale. Le duc de Bourgogne s'abstint aussi d'aucune reconnaissance formelle du pape (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 130). Le brouillon d'une troisième lettre manuscrite de Bonaparte, touchant la reconnaissance par les Corses de l'Assemblée nationale de 1789 (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 300).
d) Fait d'admettre pour vrai après avoir nié, méconnu ou mis en doute. Reconnaissance d'un don, d'une qualité, d'un mérite en qqn, chez qqn. Une phrase sur la reconnaissance générale de son talent de paysagiste le fait reparler (GONCOURT, Journal, 1872, p. 905).
e) ) Fait de reconnaître officiellement, formellement, juridiquement quelque chose. Reconnaissance judiciaire, volontaire; reconnaissance de dette, d'écriture, de signature. Il est normal que la femme mariée soit nourrie par son mari, elle ne perdra pas pour cela le sens de sa liberté de personne, qui au surplus devra donner lieu à une entière reconnaissance juridique, impliquant en tout ce qui regarde l'institution matrimoniale l'égalité des droits (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 212):
• 2. Cependant il insistait surtout auprès du pontife pour obtenir une reconnaissance solennelle de la sainteté de sa belle-sœur, et des grâces nombreuses que Dieu accordait chaque jour à son intercession.
MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 294.
— Spécialement
♦ DR. INTERNAT. PUBL. ,,Acte unilatéral et discrétionnaire par lequel un État prend position sur une situation ou un fait qui s'est produit en dehors de lui et dont il est disposé à tenir compte`` (Jur. 1981). Reconnaissance de l'indépendance d'Haïti, des frontières d'Israël. La reconnaissance des colonies espagnoles par l'Angleterre était à peu près décidée, du moins les vaisseaux de ces États indépendants paraissaient devoir être reçus sous leur pavillon dans les ports de l'empire britannique (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 105).
Reconnaissance d'État. ,,Acte par lequel un État atteste que l'existence d'un État tiers est certaine et manifeste en conséquence sa volonté de le considérer comme membre de la société internationale`` (Jur. 1981). Reconnaissance de l'État palestinien. Cet affranchissement des Noirs, cette reconnaissance de la République haïtienne, consacrée par une simple ordonnance et sans le concours des Chambres, a paru à plusieurs personnes une démarche impolitique (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 278).
En compos. Non-reconnaissance. V. non- II A.
Reconnaissance de gouvernement. Acte effectué par les autres États lorsqu'un nouveau régime est arrivé au pouvoir par des voies extra légales (coup de force) (d'apr. BARR. 1974). Comme on me demandait « quelles étaient mes impressions quant à la reconnaissance du gouvernement par les alliés? » je me bornai à répondre: « Le gouvernement français est satisfait qu'on veuille bien l'appeler par son nom » (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 44).
♦ DR. CIVIL. Reconnaissance d'enfant (naturel). Déclaration contenue dans un acte authentique par laquelle une personne affirme être le père ou la mère d'un enfant naturel (d'apr. CIDA 1973 et Jur. 1981):
• 3. ARISTIDE: Vous pourriez donc épouser la mère et légitimer l'enfant? LE MARQUIS: Oui. ARISTIDE, montrant le marquis: Jusqu'à présent, l'intérêt de l'enfant est de ce côté. À Sternay. La reconnaissance peut être contestée par tous ceux qui y ont intérêt; votre femme conteste-t-elle la reconnaissance?
DUMAS fils, Fils natur., 1858, III, 10, p. 167.
♦ DR. ADMIN. Reconnaissance d'utilité publique. ,,Acte émanant de l'Administration, permettant à une association ou une fondation privée d'avoir une plus grande capacité juridique`` (BARR. 1974). Nous avions d'abord pensé qu'un simple décret nous assurerait l'autorisation d'exproprier les riverains (...). Malheureusement, les travaux ont été jugés un peu trop considérables et la loi de 1870 nous oblige à demander la reconnaissance d'utilité publique. C'est une pure formalité, cela va sans dire (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 22).
♦ DR. MAR. ,,Visite sanitaire et de police à l'arrivée dans un port étranger`` (MERRIEN 1958).
) P. méton. Certificat, acte écrit authentifiant une obligation juridique. Reconnaissance de dette (v. dette A 3 c). [Sans compl. déterminatif] Sichel: (...) il y a ce papier que j'ai dans la main, qui mérite qu'on me regarde. Louis: Qu'est-ce que c'est? Elle lui donne le papier. Je vois, la reconnaissance signée par mon père (CLAUDEL, Pain dur, 1918, III, 3, p. 469).
— Vieilli. Reconnaissance (du Mont-de-Piété). Certificat délivré par un établissement de prêt attestant le dépôt sur gage d'un objet, d'une valeur. Acheter, vendre des reconnaissances. Elle montra de temps en temps des reconnaissances du Mont-de-Piété, pour prouver combien son commerce comportait de mauvaises chances. Elle se donna pour gênée, endettée (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 197).
B. — [Corresp. à reconnaître I B] Fait de reconnaître un bienfait reçu, un service rendu, une obligation morale. En reconnaissance de ce que vous avez fait pour moi, de secours:
• 4. Enfin, merci de la rapidité d'exécution que vous avez mise à m'obliger, mon cher ami; cela, voyez-vous, c'est bien de votre part, et, sous bien de mes phrases, il y a quelque chose de net et de solide: la reconnaissance sincère du service rendu à temps.
VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1863, p. 63.
♦ En signe de reconnaissance. Il avait aussi des sauterelles dans les bruyères et des collets dans les passes, avec la permission de M. l'inspecteur Claude Coudray, auquel il portait de temps en temps un chapelet de grives ou de becs-fins, en signe de reconnaissance (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 145).
— Absol. Sentiment qui incline à se souvenir d'un bienfait reçu et à le récompenser. Synon. gratitude, obligation. Le désintéressement n'était pas moins prodigieux que le dévouement. Pourquoi cet homme ne reparaissait-il pas? Peut-être était-il au-dessus de la récompense, mais personne n'est au-dessus de la reconnaissance (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 625). Je vois ses yeux et l'expression de reconnaissance indicible qu'y allumait la patience que je mettais à l'écouter (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 231).
SYNT. Reconnaissance attendrie, émue, éperdue, éternelle, extrême, infinie, passionnée, personnelle, sans bornes; reconnaissance nationale, publique; affectueuse, vive, profonde reconnaissance; débordant de, plein de reconnaissance; accent, cri, élan, expression, marque, parole, preuve, sentiment, témoignage de reconnaissance; accepter, recevoir qqn, qqc. avec reconnaissance; avoir, devoir, conserver, éprouver, garder, manifester, exprimer, marquer, témoigner de la reconnaissance, sa reconnaissance à qqn, envers qqn; avoir des droits, des titres à la reconnaissance de qqn; devoir, dette de reconnaissance.
♦ Loc. verb. fam., parfois iron. ou péj. Avoir la reconnaissance du ventre. Manifester sa gratitude envers la personne qui vous a nourri, servi à manger, à boire, entretenu. Ce président d'assises qui, il y a quelques jours, au procès de la femme Sierri, accusée d'avoir empoisonné son amant, s'est permis un mot ignoble, tançant la prévenue de n'avoir même pas « la reconnaissance du ventre (rires) » (BRETON, Nadja, 1928, p. 96).
♦ [P. allus. littér. à la carte du Tendre] Tendre-sur-Reconnaissance. V. tendre2.
♦ [Par un jeu de mot sur reconnaissance de dette] J'ai lu vos deux excellents et éloquents articles sur Fantine, et je veux vous en remercier deux fois. La reconnaissance admet les duplicata (HUGO, Corresp., 1862, p. 403).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1798: reconnoissance; dep. 1835: -ai-. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « action de se faire reconnaître [aux fins de ralliement], ralliement » cont. milit. (Roland, éd. J. Bédier, 3620: ,,Munjoie!`` escriet [Carles] pur la reconuisance); s.d. [av. 1630] mar. tirer le premier coup de canon de reconnaissance (D'AUBIGNÉ, Lettre ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 1, p. 365); 2. 1275 « action de retrouver dans son souvenir, comme déjà connues, une personne, une chose » [déf. formulée par GDF., le cont. ne permettant pas de la vérifier] (doc. Hôtel-Dieu d'Angers ds GDF. Compl.); 1277 (Chirogr., A. de Tournai, ibid.); 1676 théâtre (RACINE, 2e préf. à Andromaque: Sophocle fait mourir Jocaste aussitôt après la reconnaissance d'Œdipe); 3. 1587 milit. « examen d'un lieu, d'une position » (LANOUE, Discours pol. et milit., 448 ds LITTRÉ). B. 1. a) Ca 1170 antiq. hébr. « témoignage de gratitude, offrande » (Rois, II, XXIV, 10, éd. E. R. Curtius, p. 107); b) 1176-84 « action de témoigner de la gratitude » (GAUTIER D'ARRAS, Eracles, éd. G. Raynaud de Lage, 2767: Selonc çou que Dieus t'a presté Doit estre le reconnissance); ca 1200 (BLONDEL DE NESLE, Chans., I, 27 ds T.-L.); 2. a) 1174-76 dr. médiév. « action d'être reconnu tenancier d'un fief » (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2460); b) 1235 id. « action de se reconnaître tenancier d'un fief; aveu » (Chirogr., Arch. mun. St-Quentin, I, 24 ds GDF.); c) 1292 à propos d'une dette lettre de reconissance (doc. Arch. Tournai ds GDF. Compl.); 3. ca 1265 « action de reconnaître une faute commise » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 7, 4, p. 324: Recognoissance est quant li on ne nie ne ne deffent pas le fait, mais il demande que l'en li pardoint); 4. 1606 recognoissance [de promesse, d'écriture] (NICOT); 1804 reconnaissance d'un enfant (Code civil, art. 334); 5. 1835 dr. internat. (Ac.: la reconnaissance de l'Autriche). Dér. du part. prés. de reconnaître; suff. -ance. Fréq. abs. littér.:3 638. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 840, b) 4 310; XXe s.: a) 3 350, b) 3 603.
reconnaissance [ʀ(ə)kɔnɛsɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1538, reconnoissance; reconisance « gratitude », v. 1190; reconuisance « signe de ralliement », 1080, Chanson de Roland; reconisance « gratitude », au XIIe; dér. de reconnaître.
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———
1 Acte de reconnaître (I., 1.), de juger qu'un objet a déjà été connu. || La reconnaissance d'une chose, d'un visage (par qqn).
♦ Psychol. Processus par lequel une représentation mentale actuelle est reconnue comme trace du passé. || On distingue la reproduction, la reconnaissance et la localisation des souvenirs. ⇒ 1. Mémoire (cit. 28), souvenir (→ Imagination, cit. 4). || Fausse reconnaissance. ⇒ Paramnésie.
1 (…) l'acte concret par lequel nous ressaisissons le passé dans le présent est la reconnaissance (…)
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 96.
♦ Identification par un système artificiel. || Reconnaissance des formes. || Reconnaissance de caractères, de l'écriture (lecture optique). || Reconnaissance vocale, reconnaissance de la parole.
2 (1680). Le fait de se reconnaître (I., 1. et 2.), de s'identifier mutuellement, et, par ext., de se retrouver après une séparation.
2 Leurs adieux furent aussi tendres que l'avait été leur reconnaissance.
Voltaire, Zadig, XVIII.
♦ (1667). Théâtre, littér. Péripétie au cours de laquelle deux ou plusieurs personnes se reconnaissent ou se retrouvent. || La reconnaissance finale, dans les comédies classiques (→ aussi Geôlier, cit. 5).
3 Le Pédant et le fermier qui haussait sa lampe pour éclairer au visage l'homme qui le dérangeait ainsi se mirent (…) à gesticuler d'une manière bizarre et à se ruer en accolades comme cela se pratique au théâtre pour les reconnaissances.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, VII.
♦ Signe de reconnaissance, par lequel des personnes qui ne se connaissent pas (ou qui ne se sont pas vues depuis longtemps) peuvent se reconnaître (I., 2.). — (Fin XVIe). Mar. || Signaux de reconnaissance, faits par un navire à la terre, par deux navires entre eux pour se reconnaître.
———
II Action de reconnaître (II.), d'accepter, d'admettre (qqch., qqn).
1 (V. 1190, reconissance). Vx ou littér. Aveu, confession d'une faute. ⇒ Confession (2.). || L'humble reconnaissance de ses fautes (→ Oublier, cit. 13).
2 Le fait de reconnaître (qqn) pour chef, pour maître. || Reconnaissance d'un souverain. ⇒ Acception. — Par ext. || Imposer sa reconnaissance et son autorité à tous (→ Incliner, cit. 23). — Reconnaissance d'un Dieu, d'une foi.
3 Rare. Le fait d'admettre (une chose) après l'avoir niée ou en avoir douté et l'avoir examinée (⇒ Reconnaître, II., 4. et 5.). || La reconnaissance d'une qualité en qqn, chez qqn (→ Adoration, cit. 1).
4 (1587, milit.). Examen (d'un lieu), détermination (d'une position inconnue). ⇒ Exploration, inspection, investigation, recherche. || La reconnaissance d'un pays inconnu. ⇒ Découverte. || Reconnaissance du terrain avant une installation. ⇒ Examen. || Reconnaissance du sol, du sous-sol, des terrains. ⇒ Prospection, sondage. — Mar. || Reconnaissance d'une côte, d'une rade. — Reconnaissance sanitaire (d'un navire), par laquelle on vérifie la provenance du navire et la bonne observation des règlements sanitaires (patente de santé). ⇒ aussi Arraisonnement.
♦ Milit. (dans quelques constructions). Action de recueillir des renseignements sur les conditions du combat (positions, mouvements de l'ennemi, etc.); opération de guerre organisée à cet effet. || Faire, effectuer une reconnaissance. ⇒ Éclairer. — Mission, patrouille de reconnaissance.
♦ En reconnaissance (→ Boue, cit. 3). || Envoyer en reconnaissance (→ Détachement, cit. 8; motard, cit.). || Partir en reconnaissance (→ Éclaireur, cit. 2). — ☑ Fig. et fam. Aller, partir en reconnaissance, à la recherche de qqn ou de qqch. ⇒ Chercher.
4 (…) des officiers envoyés en reconnaissance lui avaient annoncé que l'ennemi ne faisait aucun mouvement.
Hugo, les Misérables, II, I, VII.
♦ (1875). Par métonymie. (Ce qui reconnaît). Troupe de soldats en reconnaissance, patrouille. || Envoyer une reconnaissance en direction de l'ennemi.
♦ Spécialt. || Aviation de reconnaissance. ⇒ aussi Observation. Ellipt. || Choisir son affectation dans la chasse, le bombardement ou la reconnaissance. — Équipage de reconnaissance (→ Escadre, cit. 2).
♦ (1835). Par métonymie. (Ce qui sert à reconnaître).Mar. Amers, marque indiquant une passe, un danger.
5 (1771). Action de reconnaître formellement, juridiquement.
a Dr. internat. || Reconnaissance comme nation : acte par lequel un État déclare son intention de reconnaître officiellement une collectivité incorporée dans un autre État, si elle conquiert ou recouvre son indépendance. || Reconnaissance comme État, d'État.
♦ (1835). Dr. et cour. || Reconnaissance de gouvernement (cit. 31), par laquelle un État déclare qu'il entretiendra des relations avec un gouvernement issu d'une révolution, d'un coup d'État. || Reconnaissance de jure, de facto.
♦ Reconnaissance (d'individus qui étaient traités en rebelles) comme insurgés, comme belligérants.
5 (…) quelques jours avant la reconnaissance de l'indépendance des républiques américaines par l'Espagne, il avait annoncé son retour (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 812.
6 (Les collaborationnistes) ont, en vérité, opté pour cette suprématie allemande qu'ils prétendent avoir seulement reconnue; le mot de reconnaissance a d'ailleurs par lui-même un sens ambigu : reconnaître un gouvernement, c'est le faire exister comme tel.
♦ Reconnaissance de l'autorité d'une assemblée. || Reconnaissance d'un droit. ⇒ Justice. — Dr. admin. || Reconnaissance d'utilité publique, par laquelle une association, une fondation privée est déclarée d'utilité publique. — Reconnaissance légale d'une congrégation (→ Décret, cit. 3).
b Fait de reconnaître pour sien. (1804). Dr. civ. || Reconnaissance d'enfant : acte par lequel une personne reconnaît être le père ou la mère d'un enfant (→ Adultérin, cit. 2). || Reconnaissance des enfants naturels simples; des enfants adultérins ou incestueux (sous certaines réserves). || Reconnaissance volontaire; judiciaire d'un enfant. || Acte de naissance portant reconnaissance de l'enfant. ⇒ aussi Filiation, légitimation (cit. 2). — Action d'un enfant naturel pour contraindre son père à une reconnaissance. ⇒ Paternité (cit. 2).
7 Or, après une absence de treize mois, il arriva au foyer conjugal, au moment où sa femme, encore alitée, venait de lui donner un héritier, à la reconnaissance duquel il ne se reconnaissait aucun droit.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, V.
♦ Cour. || Reconnaissance de dette : acte écrit par lequel on se reconnaît débiteur envers qqn (→ Assignation, cit.). Absolt. ⇒ Reçu; billet (II.). — Reconnaissance du mont-de-piété (cit.) : récépissé de l'objet remis en gage, énonçant le montant de son estimation, la date et le montant du prêt.
8 À cette lettre était jointe une reconnaissance de messieurs de Solis oncle et neveu, qui s'engageaient à remettre le dépôt fait entre leurs mains par madame Claës à celui de ses enfants qui leur représenterait cet écrit.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 602.
♦ (1606). Dr. || Reconnaissance d'écriture, de signature : acte par lequel une personne reconnaît être l'auteur d'une pièce ou déclare en reconnaître l'auteur présumé. ⇒ Vérification (d'écriture).
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III
1 Le fait de reconnaître (III., 1.) un bienfait reçu, une obligation (cit. 11) morale. || « L'amour n'est peut-être que la reconnaissance du plaisir » (→ Posséder, cit. 30, Balzac).
♦ En reconnaissance de… || En reconnaissance du don de Dieu… (→ Prier, cit. 6).
2 (1538). || La reconnaissance (de qqn pour qqch.) : le sentiment qui pousse à éprouver vivement un bienfait reçu, à s'en souvenir et à se sentir redevable envers le bienfaiteur. ⇒ Gratitude (cit. 1), gré, obligation (2.); → Contraindre, cit. 6; désintéresser, cit. 1; épancher, cit. 10; éternel, cit. 33; foi, cit. 3; prêter, cit. 8. || Enflammer (cit. 8, Rousseau), pénétrer qqn de reconnaissance (→ Bonté, cit. 5; fouler, cit. 9). || Être confondu, plein de reconnaissance. || Touchante (→ 2. Frais, cit. 11), vive reconnaissance (→ Engager, cit. 10). || Humble (cit. 31) reconnaissance. || Reconnaissance pour un bienfait (cit. 1), un plaisir (→ Imprescriptible, cit. 2; et aussi moitié, cit. 17). || Éprouver de la reconnaissance. ⇒ Reconnaissant. || Accueillir avec reconnaissance… (→ Placard, cit. 2). || Témoigner sa reconnaissance (→ Procédé, cit. 1), témoignages de reconnaissance. ⇒ Ex-voto, grâce (action de), récompense, récompenser, remerciement, remercier (cf. Brûler un cierge, une chandelle à qqn; se confondre en remerciements). || Cri de reconnaissance (→ Lumière, cit. 27). || Rougir de reconnaissance (→ Compliment, cit. 5; fierté, cit. 7). — Mériter la reconnaissance de tous. ⇒ Bénédiction (3.). — (Rare). || Avoir de la reconnaissance à qqn (→ ci-dessous, cit. 15).
9 De ce devoir sacré la juste violence
Étouffe dans mon cœur toute reconnaissance.
Molière, Tartuffe, V, 7.
10 La reconnaissance de la plupart des hommes n'est qu'une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits.
La Rochefoucauld, Maximes, 298.
11 La reconnaissance est un fardeau, et tout fardeau est fait pour être secoué.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 453.
12 (…) la reconnaissance est bien un devoir qu'il faut rendre, mais non pas un droit qu'on puisse exiger.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
13 En général, j'ai remarqué qu'il fallait remercier les hommes le moins possible, parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop !
B. Constant, Journal intime, avr. 1804.
14 — N'auriez-vous donc fait le bien que pour en percevoir cet exorbitant intérêt appelé reconnaissance ? dit en riant Benassis. Ce serait faire l'usure.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 398.
15 La reconnaissance que je vous ai, je ne saurais pas vous l'exprimer aujourd'hui plus que l'autre jour. Je vous la prouverai ! Il s'agirait de faire quelque chose pour vous, que je mourrais pour le faire, — je vous en donne ma parole.
Rimbaud, Correspondance, VIII, 2 nov. 1870.
16 Mais la reconnaissance des gens — voire des braves gens — est un fruit qu'il faut cueillir à temps. Si on le laisse vieillir sur l'arbre, il ne tarde pas à moisir.
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, p. 847.
♦ ☑ (XXe). Fam. La reconnaissance du ventre, se dit des bonnes dispositions où l'on est à l'égard de celui qui vous fait manger, vous offre à manger, à boire.
17 (…) ce président d'assises au procès de l'empoisonneuse Sierri, il y a quelques jours, s'est permis un mot abominable, disant à l'accusée que pour avoir tué son amant, il fallait qu'elle n'eût même pas « la reconnaissance du ventre (Rires). »
A. Breton, Nadja, p. 131.
♦ Allus. litt. || Tendre sur Reconnaissance, dans la carte de Tendre (→ Inclination, cit. 11).
♦ (Par un jeu de mots avec la reconnaissance de dette) :
18 — Si fait ! je te donne mes honoraires dans cette affaire. — Ah ! comptez sur ma reconnaissance. — C'est sur ton reçu que tu veux dire !
Balzac, Paméla Giraud, V, 9.
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CONTR. Oubli. — Dénégation, désaveu, méconnaissance, négation, refus. — Ingratitude.
Encyclopédie Universelle. 2012.