Akademik

sérieux

sérieux, ieuse [ serjø, jøz ] adj. et n. m.
• 1361; lat. médiév. seriosus, class. serius
I Adj.
1(Choses) Qui ne peut prêter à rire ou être estimé sans conséquence, qui mérite considération. important. « La philosophie est, selon les jours, une chose frivole [...] ou la seule chose sérieuse » (Renan). Passons, revenons aux choses sérieuses. Par ext. Bon, valable. « Je n'avais aucune raison sérieuse de penser qu'Hélène, chez elle, souffrît de privations » (Romains).
Qui compte, par la quantité ou la qualité. Une sérieuse augmentation. conséquent, important. Il a eu de sérieux ennuis. gros.
Qui constitue un danger, une menace. dangereux, grave, inquiétant. La situation est sérieuse. 1. critique , préoccupant. « les rechutes chaque fois plus sérieuses » (Martin du Gard).
2(1580) (Choses) Qui n'est pas fait, dit pour l'amusement. « Est-ce de la littérature sérieuse ? Nullement. C'est de la littérature amusante » (Renan). Lecture trop sérieuse pour un enfant. Hist. littér. Le genre sérieux, défini par Diderot comme intermédiaire entre le genre tragique et le genre comique.
3(Personnes) Qui prend en considération ce qui mérite de l'être et agit en conséquence, avec le sentiment de l'importance de ce qu'il fait. posé, raisonnable, rassis, réfléchi, sage. « Un homme sérieux, n'ouvrant la bouche que pour articuler des mots pesés et choisis » (Duhamel). Un élève sérieux et appliqué. Trève de plaisanteries, soyons sérieux. « Cela vous donnerait un air pas sérieux, une réputation d'amateur » (Proust).
(Choses) Qui est fait dans cet esprit, avec science, avec soin. consciencieux. Un travail sérieux.
4(Personnes) Qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaieté. 1. froid, grave. Loc. fam. Sérieux comme un pape : très sérieux.
5Sur qui (ou sur quoi) l'on peut compter; qui ne trompe pas, ne plaisante pas. fiable, sûr. « Je vous estimais un garçon sérieux, j'avais confiance en vous » (R. Rolland). Si pas sérieux s'abstenir (dans les offres de mariage). Annonce, proposition sérieuse. Une maison sérieuse (cf. De confiance). Fam. Alors c'est sérieux, vous partez ? vous partez vraiment ? Ce n'est pas sérieux ! c'est une plaisanterie !
6(Personnes) Qui ne prend pas de liberté avec la morale sexuelle. convenable, rangé, sage (cf. Comme il faut). Jeune fille sérieuse. Son mari est très sérieux. fidèle.
II N. m. (mil. XVIIe)
1État d'une personne qui ne rit pas, ne plaisante pas. gravité. « Quelque folâtrerie accomplie du reste avec le sérieux d'un mystificateur anglais » (Goncourt). Avoir du mal à garder son sérieux, à réprimer son envie de rire. « ils conservaient leur sérieux, lœil fixe, impassibles » (Courteline).
2Qualité d'une personne posée, appliquée. Esprit de sérieux, par lequel on fait tout avec application et gravité. Manque de sérieux.
3Caractère d'une chose sur laquelle on peut compter ou qu'on doit prendre en considération. Le sérieux d'un projet, d'un propos. solidité.
♢ PRENDRE AU SÉRIEUX : prendre pour réel, ou pour sincère. ⇒ croire (à). « Birotteau prenait tous les compliments au sérieux » (Balzac). Il faut prendre ses menaces très au sérieux. Prendre pour important. Le difficile « c'est de prendre au sérieux longtemps de suite la même chose » (A. Gide). Pronom. Se prendre au sérieux : attacher une (trop) grande importance à ce qu'on est, ce qu'on dit ou ce qu'on fait. « Un jeune garçon très prétentieux, se prenant tout à fait au sérieux » (A. Daudet)(cf. fam. La ramener).
⊗ CONTR. Dérisoire, frivole, futile; amusant, comique, distrayant; inconséquent, puéril. Enjoué, gai. Débauché. — Enjouement, gaieté; légèreté.

sérieux nom masculin Qualité de quelqu'un de posé, de réfléchi, qui traite les choses avec attention, soin, gravité : Un enfant qui se fait remarquer par son sérieux. Caractère de ce qui mérite attention, du fait de sa valeur propre, de son importance, de sa gravité : Mésestimer le sérieux de la situation. Populaire. Chope de bière d'un litre. ● sérieux (citations) nom masculin Adolphe Thiers Marseille 1797-Saint-Germain-en-Laye 1877 Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. Discours à l'Assemblée nationale, 24 mai 1873 Ugo Foscolo île de Zante 1778-Turnham Green, près de Londres, 1827 Nous rions et nous rirons, car le sérieux a toujours été l'ami des imposteurs. Ridiamo et rideremo, perchè la serietà fu sempre amica degli impostori. Accademia dei pitagorici sérieux (expressions) nom masculin Garder son sérieux, garder une physionomie grave, malgré l'envie qu'on a de rire ou de sourire. Prendre quelque chose, quelqu'un au sérieux, estimer qu'il s'agit de quelque chose, de quelqu'un de digne d'intérêt, de considération. Se prendre au sérieux, se regarder avec complaisance, attacher à sa personne une importance exagérée. ● sérieux (synonymes) nom masculin Qualité de quelqu'un de posé, de réfléchi, qui traite les...
Synonymes :
- application
- ardeur
- conscience
- diligence
- scrupule
- zèle
Caractère de ce qui mérite attention, du fait de sa...
Synonymes :
- gravité
sérieux, sérieuse adjectif (latin médiéval seriosus, du latin classique serius) Qui attache de l'importance à ce qu'il dit ou fait, respecte ses engagements, agit conformément à ce qu'on attend de lui, avec attention, soin : C'est un garçon sérieux, digne de confiance. Qui est fait avec soin, respect des engagements pris : Du travail sérieux. Qui s'appuie sur des bases sûres, sur quoi on peut se fonder : Un argument sérieux. Dont la conduite est irréprochable : Il n'a pas toujours été sérieux dans sa jeunesse. Qui fait appel à l'attention, à la réflexion, par opposition à ce qui est distrayant, amusant : Un livre sérieux. Qui ne plaisante pas, dont la physionomie, l'expression sont graves : Avoir l'air sérieux et pensif. Qui présente un caractère de gravité : Une forme sérieuse de grippe. Marque l'intensité, l'importance : Il va falloir faire un sérieux effort.sérieux, sérieuse (citations) adjectif (latin médiéval seriosus, du latin classique serius) François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau. Mémoires d'outre-tombe Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. Poésies, Roman Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme d'idées n'est jamais sérieux. Mauvaises Pensées et autres Gallimard Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Ceux qui se moquent des penchants sérieux aiment sérieusement les bagatelles. Réflexions et Maximes Archias, tyran de Thèbes 378 avant J.-C. À demain les affaires sérieuses. Commentaire Archias, tyran de Thèbes, avait soulevé beaucoup de haines ; un complot fut tramé contre lui. Un courrier, porteur d'un message, lui dit de le lire aussitôt, qu'il s'agissait d'affaires sérieuses. Archias, un débauché, déjà ivre, négligea la lettre en s'écriant : « À demain les affaires sérieuses. » Quelques instants plus tard, il fut massacré par les conjurés. Pélopidas, grand général thébain, était à leur tête. ● sérieux, sérieuse (synonymes) adjectif (latin médiéval seriosus, du latin classique serius) Qui attache de l'importance à ce qu'il dit ou fait...
Synonymes :
- appliqué
- consciencieux
- diligent
- minutieux
- posé
- réfléchi
- scrupuleux
Contraires :
- désinvolte
- fantaisiste
- inconséquent
- irréfléchi
Qui est fait avec soin, respect des engagements pris
Synonymes :
- approfondi
- soigneux
Contraires :
- bâclé
- sommaire
Qui s'appuie sur des bases sÛres, sur quoi on peut...
Synonymes :
- grave
- important
- profond
- sûr
Contraires :
- dérisoire
- frivole
- futile
- superficiel
Dont la conduite est irréprochable
Synonymes :
- honnête
- rangé
- sage
- vertueux
Contraires :
- débauché
- dépravé
- dévergondé
Qui fait appel à l'attention, à la réflexion, par opposition à...
Synonymes :
- austère
- grave
Contraires :
- amusant
- plaisant
Qui ne plaisante pas, dont la physionomie, l'expression sont graves
Contraires :
- blagueur
- facétieux
- plaisantin
Qui présente un caractère de gravité
Synonymes :
- alarmant
- critique
- dangereux
- dramatique
- inquiétant
- sombre
Contraires :
- anodin
- bénin
Marque l'intensité, l'importance
Synonymes :
- bon
- gros
Contraires :
- dérisoire
- faible
- infime
- minime
- négligeable

sérieux, euse
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Se dit d'une personne (ou d'une attitude, d'un travail, etc.) réfléchie, conséquente, appliquée. Un employé, un auditoire sérieux.
d2./d à qui (ou à quoi) l'on peut se fier. Un associé sérieux. Une proposition sérieuse.
d3./d Qui ne manifeste pas de gaieté; grave.
d4./d Rangé dans sa conduite, dans ses moeurs. Jeune fille sérieuse.
d5./d (Choses) Important, digne de considération. C'est une affaire sérieuse.
|| Considérable (en valeur ou en quantité). Il a fait de sérieux progrès.
Des raisons sérieuses, valables, fondées.
|| Qui peut avoir des suites fâcheuses. Un incident sérieux.
|| Qui n'est pas destiné à amuser, à distraire. Musique sérieuse.
rII./r n. m.
d1./d état, attitude d'une personne qui ne rit ni ne plaisante. Conserver, tenir son sérieux.
d2./d Qualité d'une personne réfléchie, appliquée. Faire preuve de sérieux.
d3./d Caractère d'une chose digne de considération, de crédit, ou faite avec soin.
d4./d Loc. adv. Au sérieux. Prendre qqch au sérieux, y attacher de l'importance, y croire.
Prendre qqn au sérieux, attacher de l'importance à ce qu'il dit ou à ce qu'il fait, avoir pour lui de la considération.
Se prendre au sérieux: attacher une importance excessive à sa propre personne, à ses actions, etc.

⇒SÉRIEUX, -EUSE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'une pers.] Qui s'intéresse aux choses importantes; se montre réfléchi et soigneux dans ce qu'il fait. Synon. pondéré, posé, raisonnable, réfléchi, sage; anton. frivole, léger, inconséquent. Personne sérieuse; enfant, garçon, élève, employé, ouvrier sérieux. Il n'est pas permis à un homme raisonnable et sérieux d'avoir de pareilles hallucinations! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1091). C'est une fille sérieuse, pondérée, réfléchie, elle n'a pas du tout l'air conspiratrice (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 185).
Loc. verb. Rendre qqn sérieux. Synon. fam. lui mettre du plomb dans la tête. [Dans une phrase exclam. à l'impér.] Soyons sérieux! Trêve de plaisanterie. Madame Aubin, qui s'est aussitôt dégagée: Voyons, soyons sérieux (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 166).
2. P. méton. [En parlant de choses, notamment d'une production, d'une étude] Qui est accompli avec application et réflexion. Étude, recherche, théorie sérieuse. Cet immense sujet [la conquête de la terre par l'électricité] n'a encore donné lieu à aucun travail sérieux (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 27).
Expr. [Dans une phrase nég. et éventuellement exclam.] Ce n'est pas sérieux! C'est une plaisanterie, ce n'est pas crédible. Elle haussa les épaules. — Voyons, ce n'est pas sérieux (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 671).
B. — [En parlant d'une pers.]
1. Sur qui on peut compter; digne de confiance. Chercher une personne sérieuse; chercheur, collaborateur, employé, historien, philosophe sérieux. Il est certain que la plus grande complaisance règne à la Bibliothèque nationale. Aucun savant sérieux ne se plaindra de l'organisation actuelle (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 511).
Expr. [Dans une annonce matrimoniale ou une publication d'offre d'emploi] Pas sérieux s'abstenir (Dict. XXe s.).
En partic. Acquéreur, client sérieux. Acquéreur, client qui présente, dans ses intentions d'achat, des garanties financières et morales. Enfin, peut-être ce soir vous aurez une petite fortune. Il se présente un acquéreur sérieux pour votre imprimerie (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 735). Il parlerait de la ferme à des clients sérieux et laisserait venir leurs propositions (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 39).
Adversaire, concurrent sérieux. Adversaire, concurrent avec lequel il faut compter. Sa participation à la production tant française qu'étrangère est importante, en particulier, en Italie où Hutchinson est un concurrent très sérieux de Pirelli (Industr. fr. caoutch., 1965, p. 40).
2. [P. méton.]
a) [En parlant d'une collectivité] À qui on peut faire confiance. Entreprise, maison sérieuse. De l'argent dans une armoire qui ne produit rien! Il vaut mieux le mettre dans une banque sérieuse, lui faire produire quoi que ce soit (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, I, 5, p. 149).
b) [En parlant d'un sentiment, d'une relation affective] Qui est sûr parce qu'il est profond et durable. Amitié sérieuse. Vous êtes donc marié? Lui dis-je, comprenant enfin qu'il s'agissait d'une liaison sérieuse et définitive (FROMENTIN, Dominique, 1863,p. 215). Ruffini parle du terrible danger d'un amour sérieux pour les quadragénaires, et de l'art avec lequel il faut savoir s'en garder (AMIEL, Journal, 1866, p. 190).
Expr. C'est sérieux et, en empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, c'est du sérieux. — Avant de considérer ce Yann comme... ton Marcel, j'aimerais être sûre que c'est sérieux, dites-vous avec toute l'emphase maternelle dont vous êtes capable. (...) — (...) Pas un type comme ça, en passant... (N. DE BURON, C'est quoi, ce petit boulot? Paris, Flammarion, 1988, p. 105).
c) Expr. [Dans une phrase exclam. ou interr.] Alors, c'est sérieux? Est-ce vrai? Est-ce sincère, digne d'être pris en considération? Est-ce sérieux? demanda Brigitte; vous voulez partir cette nuit? (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 330).
3. En partic. Qui est réservé dans son comportement amoureux. Synon. fam. rangé. Femme sérieuse; garçon, homme sérieux. Une jeune fille sérieuse prise surtout chez son fiancé les avantages de l'esprit (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 167).
C. — [En parlant d'une pers.] Qui ne manifeste aucune gaieté. Synon. froid, grave; anton. enjoué. Sa maternité future la rendait plus sérieuse, même un peu triste, comme si des inquiétudes l'eussent tourmentée (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 205).
Loc., fam. Sérieux comme un pape. V. pape1 A 1.
[P. méton.] Air sérieux; voix sérieuse. Elle a de beaux yeux gris dans un visage sérieux. Je ne l'ai vue rire qu'une fois, toute sa personne respire l'honnêteté, la douceur et cette gentillesse française qui m'était d'autant plus chère qu'elle n'était pas commune (GREEN, Journal, 1940, p. 14).
D. — [En parlant de choses]
1. Qui mérite d'être pris en considération en raison de son importance. Activité, chose sérieuse. Me voilà lancé dans les affaires d'État, les affaires sérieuses pour lesquelles j'ai toujours eu du goût (SCRIBE, Bertrand, 1833, III, 1, p. 171). Je voulais justement, ce matin, vous entretenir d'une affaire sérieuse, très sérieuse... Enfin de celles que nos ancêtres appelaient des affaires de famille (BERNANOS, Joie, 1929, p. 637).
Loc. verb.
Faire sérieux. Donner une impression de qualité. Il faudrait habiter ces étables voûtées, ces cavernes où l'on se sent parfaitement à l'abri; non pas ces murs droits, ces angles comme là-haut qui font carton, qui font pas solide, qui font pas sérieux, qui font 1843, moderne (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 27).
♦ Parfois p. iron. ou p. antiphr. Venons-en aux/pensons aux choses sérieuses! Parlons de(s) choses sérieuses! En venir à un sujet digne d'intérêt. Et puis il se remettait en branle... — Alors dis donc Ferdinand! C'est pas tout ça!... Parlons à présent des choses sérieuses!... Si tu allais voir l'imprimeur?... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 499).
Avoir de sérieuses raisons de croire, de penser que. Avoir des motifs fondés et importants de croire, de penser. La victoire de Pascal est une victoire dangereuse, et si nous n'avions point déjà eu quelques sérieuses raisons de le penser, M. Berth et M. Sorel nous en fourniraient d'excellentes (MASSIS, Jugements, 1923, p. 285).
C'est très sérieux. C'est très important; il convient de ne pas le négliger. Écoute-moi bien... Brotonneau, c'est très sérieux. Tu ne sais pas... tu ne peux pas savoir combien cette heure est grave pour moi (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 4, p. 15).
2. Qui compte par son intensité, son importance qualitative, quantitative; de taille, d'importance. Synon. considérable. Sérieuse attention, étude, précaution; concurrence, difficulté, inquiétude, objection sérieuse; sérieux avantage, appui, effort, progrès; sérieux doute, inconvénient, obstacle, problème; un doute sérieux; un sérieux coup de poing; de sérieuses références, réserves. Anne était rentrée la veille (...) mais personne n'était bien gai. Anne avait pris un sérieux coup de vieux et elle buvait trop de whisky (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 549):
Tous les vieux auteurs chrétiens sont d'accord pour nous apprendre que la nouvelle religion n'apporta aucune amélioration sérieuse dans la situation du monde.
SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 126.
En partic. Qui peut être fâcheux dans l'avenir; qui compte par la menace qu'il fait peser. Péril, risque sérieux; atteinte, maladie sérieuse. Aujourd'hui, la cause des cartels est gagnée: la concurrence anarchique dans la complexité des intérêts combinés ne peut plus redevenir un danger sérieux (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 196).
Loc. verb. C'est sérieux. C'est grave. C'est assez sérieux. Il faudra prendre des calmants. Je vais te faire une ordonnance (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 377).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est du sérieux (fam.). Les mauvaises raisons c'est rien pour moi. Ce que j'ai, c'est du sérieux et ça compte; ça m'est entré dedans petit à petit comme un fil d'eau, et, maintenant, c'est gros et lourd sur mes jambes et ça m'empêche d'être heureux au soleil (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 12).
3. Qui concerne un sujet important. Discussion sérieuse; propos, sujet sérieux. Et les lectures sérieuses, et Montaigne, les fortes études et le dessin! Que devient tout cela au milieu d'une vie si folâtre? (FLAUB., Corresp., 1865, p. 167). Gurau n'hésite pas à lui parler politique. D'ailleurs, elle est à son aise dans les conversations sérieuses (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 124).
HIST. LITTÉR. [P. réf. notamment à Diderot et à sa conception du théâtre] Le genre sérieux. Genre qui se caractérise par l'intérêt porté aux valeurs importantes. Cette forme du travail à deux, assez commune au Vaudeville, à la bouffonnerie, au drame mouvementé, a passé aussi dans le genre sérieux (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 184).
II. — Substantif
A. — [Corresp. à supra I C] État de celui qui ne rit pas, qui demeure grave. Reprendre son sérieux. En réalité, j'ai peut-être plus de volonté que de plaisir, — et dans la vie, comme dans ce que j'écris, j'aurais bien ri, tout compte fait, pour ne pas ennuyer les gens avec mon sérieux (LÉAUTAUD, Journal littér., 1, 1906, p. 327).
♦ [P. méton.] Le nez en crosse d'évêque s'avançait entre deux joues qui dans le plus grand sérieux avaient toujours l'air de pouffer (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 13).
Loc. verb. Garder, tenir son sérieux. Résister à l'envie de rire ou de sourire. Il faut que (...) je garde mon sérieux lors de mes plaisanteries (GIDE, Journal, 1890, p. 17). Elle a mis sa main belle et grande devant sa bouche et ses yeux gris (...) et on voit qu'elle tient son sérieux (TOULET, Tendres mén., 1904, p. 94).
B. — 1. [Corresp. à supra I A et B] Qualité d'une personne qui agit avec soin et réflexion, sur qui on peut compter. Manquer de sérieux. Pour conduire avec moi la voiture qui devait les ramener, il fallait quelqu'un de sérieux qui ne nous versât pas dans un fossé (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 19).
[P. méton.] Apparemment intimidés par le pseudo-sérieux des questions posées, les spécialistes de la critique cinématographique, louent à l'envi pour leurs vertus politiques des films auxquels ils seraient bien en peine de trouver le moindre mérite cinématographique (Le Nouvel Observateur, 26 janv. 1976, p. 51, col. 2).
2. En partic. Retenue dans les entreprises ou les relations amoureuses. L'attitude de l'hétaïre a des analogies avec celle de l'aventurier; comme celui-ci, elle est souvent à mi-chemin entre le sérieux et l'aventure proprement dite (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 398).
3. Esprit de sérieux. Esprit par lequel tout est (parfois exagérément) accompli avec gravité et application. On ne saurait donc opposer purement et simplement l'esprit de jeu à l'esprit de sérieux et à l'exigence du travail, comme une démission des responsabilités humaines (Jeux et sports, 1967, p. 1165).
PHILOS. [P. réf. aux existentialistes] Conformisme opposé à l'angoisse libératrice. Il faut remarquer que le jeu, en s'opposant à l'esprit de sérieux, semble l'attitude la moins possessive, il enlève au réel sa réalité (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 660).
C. — [Corresp. à supra I D 1] Caractère d'une chose digne d'intérêt.
Loc. verb.
Prendre qqc. au sérieux. Lui prêter de l'importance. La condition essentielle d'un spectacle de marionnettes, c'est de ne pas apercevoir le fil. Les simples prennent la chose au sérieux, à peu près comme si ces pantins étaient des personnes réelles (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 464). Prendre son travail au sérieux. Accomplir quelque chose scrupuleusement, avec détermination. Anton. prendre qqc. à la légère. (v. léger V A 1 loc.).
Prendre qqn au sérieux. Lui prêter de la considération, de la crédibilité. La bonne humeur, l'esprit inventif, l'amour neuf (...) de Didier s'affirment tels, que Cécile (...) ose regretter tout haut un mari qui prenait sa femme au sérieux et l'amour au tragique (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 19).
Se prendre au sérieux. Être imbu de sa personne ou (en parlant d'un enfant) jouer un rôle d'adulte. Assez heureux je suis d'avoir découvert dans la musique quelque chose de sauvage et de fort. L'homme au tambour a cent fois raison de se prendre au sérieux (ALAIN, Propos, 1921, p. 275).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: serieux; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. 1370-71 « [en parlant d'une chose] qui est important, mérite considération, réflexion » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, IV, 25, p. 272, note 13: une [vertu] est en gieux et l'autre en autres choses qui sont appellees serieuses); 2. 1580 « qui n'a pas pour objet l'amusement, la distraction » (MONTAIGNE, Essais, I, XXVIII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 195: en eschange de cet ouvrage serieux, j'en substitueray un autre [...] plus gaillard et plus enjoué); ca 1590 (ID., ibid., XXVI, p. 171: pensées serieuses d'un homme d'aage); 1664 littér. pièces serieuses [en oppos. à comiques] (DE LA CROIX, Guerre com. ou Défense ,,Ecole des Femmes``, éd. Gay, p. 67 ds LIVET Molière); 1690 stile sérieux [en oppos. à burlesque] (FUR.); 1757 genre sérieux (DIDEROT, Entretiens sur le ,,Fils naturel``, III ds Œuvres, éd. A. Billy, p. 1244); 3. 1690 « qui n'est pas feint, auquel on peut ajouter foi » demande sérieuse (FUR.); 4. 1718 « périlleux, qui peut avoir des suites fâcheuses » l'affaire devient serieuse; [maladie] serieuse (Ac.); 5. 1862 « d'importance, qui compte » (HUGO, Misér., t. 2, p. 714: — Cinq cents francs! [...]: un fafiot sérieux!). B. 1. 1588 « [en parlant d'un personne] qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaité » visage sérieux (MONTAIGNE, op. cit., III, V, p. 867); 2. av. 1680 « qui prend en considération ce qui mérite de l'être » esprit serieux (LA ROCHEFOUCAULD, Réflexions diverses, XVI ds Œuvres, éd. L. Martin-Chauffier et J. Marchand, p. 528); 3. 1690 « rangé, sans écart de conduite » fille modeste et serieuse (FUR.); 4. 1872 « à qui l'on peut se fier » acheteur sérieux (LITTRÉ). II. Subst. 1. a) 1647 « comportement de celui qui ne plaisante pas, gravité » (LORET, Poésies burlesques, p. 101 ds LIVET Molière: le serieux n'est pas mon élément), cf. 1647, VAUG., p. 255: Il y en a qui [...] font serieux substantif et disent..., il est dans un serieux, mais quoy que cette façon de parler soit très-frequente à Paris, elle ne laisse pas de desplaire à beaucoup d'oreilles delicates; 1707 garder son serieux (LESAGE, Diable boiteux, Amsterdam, P. Mortier, 1747, t. 2, III, p. 72); b) 1664 littér. le serieux [oppos. au comique] (DE LA CROIX, op. cit., p. 57 ds LIVET Molière); 2. 1670 « qualité d'une personne appliquée, réfléchie » (BOSSUET, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre ds Œuvres, éd. Vélat et Y. Champailler, p. 88); 3. « qualité de ce qui est digne d'attention, vrai, important » a) 1694 prendre une chose dans le serieux; au serieux « la croire vraie, bien qu'elle ait été dite en badinant » (Ac.); 1765-70 prendre (une chose) au serieux « la considérer comme importante » (J.-J. ROUSSEAU, Confessions, I ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 18); b) 1713 en venir au serieux (HAMILTON, Gramm., 4 ds DG). Empr. au lat. médiév. seriosus « sérieux » (PSEUDO-BOÈCE ds BLAISE Lat. chrét.; ca 1225 ds LATHAM), dér. du class. serius « id. (en parlant d'une chose) », subst. sous la forme neutre serium « chose sérieuse ». Fréq. abs. littér.:7 502. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 058, b) 14 027; XXe s.: a) 11 280, b) 10 729.

sérieux, euse [seʀjø, øz] adj. et n. m.
ÉTYM. 1370, choses sérieuses; d'un bas lat. seriosus, lat. class. serius, à propos des choses.
———
I Adj.
1 (1580). Personnes. Qui prend en considération ce qui mérite de l'être et agit en conséquence; « avec le sentiment de l'importance de ce qu'il fait » (Foulquié). Posé, raisonnable, rassis, réfléchi, sage (→ Avancer, cit. 8; badinerie, cit. 4; peser, cit. 7.1). || L'homme sérieux ne s'engage pas à la légère (→ aussi Gaieté, cit. 9). || Écolier sérieux. Appliqué, bon, soigneux. || Rendre qqn sérieux (→ Lui mettre du plomb dans la tête). || Souriant et sérieux (→ Intelligence, cit. 22). || Un air pas sérieux (→ Galvauder, cit. 4). || Cela ne fait pas sérieux !
1 On peut avoir, tout ensemble, un air sérieux dans l'esprit, et dire souvent des choses agréables et enjouées; cette sorte d'esprit convient à toutes personnes et à tous les âges de la vie. Les jeunes gens ont d'ordinaire l'esprit enjoué et moqueur, sans l'avoir sérieux, et c'est ce qui les rend souvent incommodes.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 16.
(Choses). Qui est fait dans cet esprit, avec science, avec soin. || Un travail sérieux. || De sérieuses études. || Sa thèse, ses théories ne sont pas sérieuses. (Dans la conversation). || Des arguments sérieux, peu sérieux.(À l'impér. ou dans des tours négatifs). || Allons, il faut être sérieux ! || Soyons sérieux ! (→ fam. Faut pas déconner). || C'est pas sérieux.
2 (1580). Qui ne rit pas, ne manifeste aucun amusement, aucune gaieté. Froid, grave. || Un homme sérieux qui ne badine (cit. 5) jamais. || Morne, sérieux, silencieux (→ Parier, cit. 3).Loc. fam. Sérieux comme un pape : très sérieux.Par ext. || Air sérieux (→ Honnêteté, cit. 5; joyeux, cit. 5). Sévère. || Visage (→ Attentif, cit. 6; doute, cit. 7), front (cit. 15) sérieux; bouche sérieuse (→ Relever, cit. 23).
2 (…) il doit me trouver une figure sérieuse, ce qui, pour les enfants, veut dire triste.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, II, XXVIII.
3 (1871). Sur qui (ou sur quoi) l'on peut compter; qui ne change pas, ne ment pas. Sûr (→ Faire, cit. 266; respecter, cit. 7). || Client sérieux, qui a l'intention d'acheter, qui achète beaucoup. || Un client sérieux, comédie de Courteline. || Être sérieux en affaires. || « Si pas sérieux s'abstenir » (dans les offres d'emploi, de mariage).Comm. || Maison sérieuse (→ 1. Marque, cit. 6).Renseignement sérieux. Positif. || Amitié sérieuse. Réel, sincère, solide. Fam. || Alors c'est sérieux, vous partez ? : vous partez vraiment, réellement ? || Ce n'est pas sérieux : c'est une plaisanterie.
2.1 C'est un conseil désintéressé que je vous donne, c'est un beau-frère qui vous parle, c'est la supplication d'un père de famille, c'est une adjuration éperdue, c'est pas du bidon, c'est tout ce qu'il y a de plus sérieux.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 67.
4 (1690). D'une femme. Réservée dans son comportement amoureux; chaste, fidèle. Honnête (spécialt), rangé. || Jeune fille sérieuse. || Femme pas (2. Pas, cit. 39) sérieuse. (D'un homme). Qui est trop entreprenant. || Allons, vous n'êtes pas sérieux !
(Choses). Convenable; où il n'y a rien de grivois. || L'atmosphère était gaie, mais très sérieuse. Convenable.
5 (Choses). Qui ne peut prêter à rire, qui mérite considération. Important (cf. De conséquence). || C'est une chose bien sérieuse que de mourir (→ Badinage, cit. 3). || Les choses sérieuses (→ Bouffon, cit. 8; frivole, cit. 6; légèrement, cit. 7). || Assez de bêtises, revenons aux choses sérieuses. || Affaire sérieuse (→ Puérilité, cit. 2). || À demain les affaires sérieuses. || Le jeu (cit. 2) et les activités sérieuses.Par ext. Bon, valable. || Avoir des raisons sérieuses de croire que… (→ Détresse, cit. 10).
6 (XXe). Qui compte, par la quantité ou la qualité (le plus souvent avant le nom). || Une sérieuse augmentation. || Faire un sérieux effort. || Un sérieux coup de poing (→ aussi 1. Point, cit. 44).
2.2 — Merci ! pardon ! cinq cents francs ! monsieur le baron ! Et l'homme, bouleversé, saluant, saisissant le billet, l'examina.
— Cinq cents francs ! reprit-il, ébahi. Et il bégaya à demi-voix : Un fafiot sérieux !
Hugo, les Misérables, V, IX, IV.
(1718). Qui est important, en parlant de ce qui met en péril. Dangereux, dramatique, grave (1. Grave, cit. 24), inquiétant. || Danger, risque sérieux (→ Météore, cit. 2.1). || Accrochage (cit. 2) sérieux. || Rechutes chaque fois plus sérieuses (→ Aggravation, cit.).
3 Il peut venir d'une seconde à l'autre : un quart d'heure de retard n'est rien; vingt minutes c'est déjà plus sérieux (…)
Valery Larbaud, Enfantines, « L'heure avec la figure ».
4 Ce n'est pas grave mais c'est sérieux. Il avait la poitrine faible (…) Il n'est plus question qu'il retourne en classe. Repos, repos et repos.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 45.
7 (1580). Qui n'est pas fait, dit pour l'amusement. || Littérature, conversation, propos (→ Génital, cit. 1), livres, journaux sérieux (→ Bagatelle, cit. 9). || Lecture trop sérieuse pour un enfant. || Peinture sérieuse (→ Miniature, cit. 2). || Musique sérieuse, classique.(1757). Hist. littér. || Le genre sérieux, défini par Diderot comme intermédiaire entre le genre tragique et le genre comique (Entretiens sur le Fils naturel, III).
5 Il n'était pas permis à la bibliothèque publique de donner à lire l'Esprit des Lois : mais, au milieu de cette gêne, les romans de Crébillon circulaient dans les mains de tout le monde; les ouvrages licencieux entraient, les ouvrages sérieux étaient seuls arrêtés.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, VI.
6 Or, que demande le riche, que demande le grand nombre, en fait de productions intellectuelles ? Est-ce de la littérature sérieuse, est-ce de la haute philosophie ? (…) Nullement. C'est de la littérature amusante, ce sont des feuilletons, des romans, des pièces spirituelles.
Renan, Réflexions sur l'état des esprits (1849), II, Œ. compl., t. I, p. 221.
———
II N. m.REM. On a dit sériosité (vx).
1 (1663). État de celui qui ne rit pas, ne plaisante pas. Gravité. — ☑ (1707). Garder, ternir son sérieux : demeurer grave. || C'était si comique (cit. 12) que je ne pus garder, tenir mon sérieux. || J'arrêtais sa gaieté par mon sérieux (→ Léger, cit. 29). || Le sérieux opposé à l'enjouement (cit. 1 et 3). || Avec sérieux; avec un sérieux anglais (→ Gamin, cit. 11; garçon, cit. 24).
7 (…) ils avaient échangé un mutuel coup de coude, mais ils conservaient leur sérieux, l'œil fixe, impassibles, avec, seulement, aux coins des lèvres, un léger pli de grosse rigolade intérieure.
Courteline, le Train de 8 h 47, I, VII.
2 (1670). Qualité d'une personne sérieuse (I., 1.), appliquée. || Être capable (cit. 6) de sérieux. || Manque de sérieux. || Avec sérieux. Application, conviction (→ Amateur, cit. 7; folâtre, cit. 2).Esprit de sérieux, par lequel on fait tout avec application et gravité (souvent péj.).Philos. || Attitude d'esprit de celui qui s'en tient aux valeurs reçues.
8 Le sérieux d'un esprit tranquille porte un air doux et serein. Le sérieux des passions ardentes est sauvage, sombre et allumé.
Vauvenargues, Introd. à la connaissance de l'esprit humain, I, XVII.
9 (…) un manque de sérieux, une puérilité, une fausseté de jugemement, qui attristent.
Renan, l'Instruction supérieure en France, II, Œ. compl., t. I, p. 88.
10 (L'angoisse) s'oppose à l'esprit de sérieux qui saisit les valeurs à partir du monde et qui réside dans la substantification (…) des valeurs.
Sartre, L'Être et le Néant, p. 77.
3 (1713). Caractère d'une chose sur laquelle on peut compter ou qu'on doit prendre en considération. Sériosité. || Le sérieux d'un projet, d'un propos. — ☑ Prendre (qqch.) au sérieux : considérer comme réel ( Croire [à…]), ou attacher de l'importance à (→ Canevas, cit. 5; difficile, cit. 21; mystère, cit. 9; peur, cit. 12). || Prendre au sérieux les inventions des poètes (→ Platonique, cit. 2). || Il ne faut pas prendre ses larmes, ses menaces, ses insultes trop au sérieux (→ Au tragique). Formaliser (se).Prendre qqn au sérieux, considérer qu'il parle, agit avec sérieux. || Il faut prendre les enfants au sérieux.Pron.(1860). Se prendre au sérieux : attacher à ce qu'on est, à ce qu'on dit ou fait, une importance exagérée (→ Botte, cit. 3; et, par ext., diablerie, cit. 5).
11 Birotteau prenait tous les compliments au sérieux.
Balzac, César Birotteau, Pl., t. V, p. 459.
12 Il faut toujours qu'un bord du monde tourne le dos à l'autre, pour se croire seul du bon côté, et qu'une partie de la terre se rie de l'autre partie, pour se prendre elle-même au sérieux. Chacun s'estime davantage de ce qu'il mésestime.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
4 (XXe). Aspect menaçant, dangereux. || Le sérieux de la situation exige qu'on prenne des mesures énergiques.
5 Hist. littér. Genre sérieux, dans les ouvrages. || Le sérieux et le grave (cit. 16).
CONTR. Badin, désinvolte, distrait, étourdi, évaporé, facétieux, folâtre, frivole, futile, gamin, inconséquent, léger, puéril. — V. aussi Bouffon, clown, fantaisiste, guignol, hurluberlu. — Blagueur, enjoué, gai, ironique, rieur. — Crapuleux, faux, simulé. — V. aussi Crapule, coquin, fumiste, sauteur. — Coureur, courtisane, débauché, dissipé. — Bouffe, burlesque, cocasse, comique, folichon, frivole, gratuit, plaisant; et aussi badinage, bagatelle, bêtise, billevesée, blague, chanson, comédie, enfantillage, folie, futilité. — Dérisoire; bénin. — Amusant; croustilleux, égrillard, graveleux, grivois, leste, libertin. — Hilarité, enjouement, gaieté, ironie, rire. — Désinvolture, frivolité, imprudence, légèreté, négligence.
DÉR. Sérieusement.

Encyclopédie Universelle. 2012.