subjonctif, ive [ sybʒɔ̃ktif, iv ] adj. et n. m. ♦ Mode subjonctif, et n. m. LE SUBJONCTIF : mode personnel du verbe, considéré d'abord comme propre à exprimer une relation de dépendance, et de nos jours, comme mode de la tension psychologique (volonté, sentiment) et de la subjectivité (doute, incertitude ⇒aussi potentiel ). Un verbe au subjonctif. « Le véritable génie du subjonctif est d'indiquer une action ou une chose comme terme d'une volonté » (Bescherelle). Les temps du subjonctif : subjonctif présent (exprime aussi bien le futur que le présent) [ ex. je veux que tu viennes me voir demain]. Le subjonctif présent s'emploie couramment à la place de l'imparfait du subjonctif (ex. je craignais qu'il ne se fâche pourje craignais qu'il ne se fâchât).— Passé, plus-que-parfait du subjonctif (marquent une antériorité par rapport au présent, à l'imparfait du verbe de la principale) [ ex. je veux que tu aies terminé à temps; je voulais que tu eusses terminé].
♢ Le subjonctif est surtout le mode de la subordonnée. — Complétives par que, placées avant (ex. « Que Jacques fût vivant ne le surprenait guère » [Mart. du G.]), ou après les verbes de volonté, de sentiment, ou exprimant le doute, une ignorance (ex. j'ordonne que vous vous taisiez. « Je craignais que mon absence fût dénoncée » [H. Bordeaux]. Je ne crois pas qu'il en soit capable); après des loc. impers. (ex. il est impossible qu'il ne le sache pas); dans les contextes interrogatifs ou négatifs de certains verbes d'opinions. — Circonstancielles : introduites par des loc. conjonctives exprimant le temps, la cause, la concession, le but, etc. (ex. sortez avant qu'il [ne] pleuve. Ce n'était pas qu'il cherchât les disputes. « Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage » [Baud.]. Elle minaude pour qu'on la flatte).
♢ Relatives, exprimant la finalité ou dont l'antécédent est un interrogatif, une proposition négative, un superlatif (le premier, le dernier, le seul, etc.) [ex. « Est-il un trésor qui vaille le sommeil ? » (France). Le plus beau livre que j'aie jamais lu].
♢ Dans la principale, le subjonctif exprime le souhait, le regret, l'ordre, la défense, l'exhortation, l'éventualité, la supposition, la concession (ex. plût au ciel qu'il soit heureux. Vive la France. Advienne que pourra. Soient deux triangles. « Que chacun se retire et qu'aucun n'entre ici » [Corn.]. « Dussé-je après dix ans voir mon palais en cendre » [Rac.]. « Je ne sache pas que vous ayez rien à vous reprocher » [Marivaux]).
● subjonctif nom masculin (bas latin subjunctivus, du latin classique subjungere, subordonner) Mode personnel du verbe employé soit dans des propositions subordonnées (le plus souvent en vertu de contraintes syntaxiques), soit dans des propositions non subordonnées pour exprimer ordinairement l'affectivité ou la subjectivité. ● subjonctif, subjonctive adjectif Qui relève du subjonctif : Forme subjonctive.
subjonctif
n. m. Mode personnel du verbe, exprimant notam. l'indécision, le doute, l'éventualité. Temps du subjonctif: présent (Il faut que nous partions), imparfait (J'aurais aimé qu'il vînt), passé (Il craint que nous n'ayons fini à temps), plus-que-parfait (Il craignait que nous n'eussions fini).
⇒SUBJONCTIF, -IVE, adj. et subst. masc.
GRAMMAIRE
I. — Adj., vx. Qui appartient à la subordination, qui l'exprime. Conjonction, proposition subjonctive. (Dict. XIXe et XXe s.).
II. — Mode subjonctif et, p. ell., subjonctif, subst. masc. Mode personnel du verbe exprimant soit une relation de dépendance ou de subordination (proposition conjonctive ou relative) en raison de contraintes syntaxiques, soit l'affectivité (volonté, sentiment) ou la subjectivité (doute, incertitude, potentiel) dans des propositions principales et indépendantes. En français, le subjonctif ne s'oppose pas à l'indicatif comme en latin, à cause de l'existence du « conditionnel » qui assume une partie des fonctions du subjonctif latin (PERROT, Ling., 1953, p. 113). V. mode2 ex. 4.
♦ Subjonctif présent. V. présent2 I B 2 b.
♦ Subjonctif imparfait. V. imparfait2 B.
♦ Subjonctif passé. Subjonctif qui exprime l'antériorité par rapport au temps de la proposition principale, ou qui est la transposition au subjonctif d'un passé composé, ou qui se limite à exprimer l'aspect de l'action accomplie. Pour l'expression de l'antériorité par rapport au présent, la langue se sert du subjonctif passé, pendant du passé composé (IMBS, Temps verbaux, 1960, p. 137).
♦ Subjonctif plus-que-parfait. V. plus-que-parfait B.
Prononc. et Orth.:[], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694 (subst. masc.). Étymol. et Hist. 1. XIVe s. gramm. adj. « qui exprime un rapport de dépendance, placé après » (Doc., ms. Saint Germain 1460, f° 1 ds THUROT, p. 194: ordre subjunctive), rare apr. le XVIe s.; 2. 1550 subst. désignant un mode verbal (L. MEIGRET, Tretté de la gramm. fr., éd. W. Foerster, p. 133), a supplanté conjonctif et optatif; 1660 adj. (A. ARNAULD, Gramm. gén. et raisonnée, p. 108). Empr. au b. lat. gramm. subjunctivus « qui sert à lier » (IVe s. ds GAFF. (modus subjunctivus, subjunctivae conjunctiones)), formé sur le supin subjunctum de subjungere « mettre après, ajouter » d'abord « mettre dessous, soumettre au joug », dér. de jungere « joindre » et du préf. sub- marquant la position inférieure. Cf. le subst. subjonctif 1556 (ANEAU, Quintil, p. 178 ds HUG.: Je laisse ceste impropre forme de parler latinement en françois, de si non mis negativement et prepositif, ou le bon françois en use exceptivement ou expletivement, en subjonctif). Fréq. abs. littér.:61 Bbg. BARRAL (M.). L'Imparfait du subjonctif... Paris, 1980, 628 p. — BÖRJESON (L.). La Fréquence du subjonctif dans les subordonnées complétives introduites par « que »... St neophilol. 1966, t. 38, pp. 3-64. — BOYSEN (G.). Subjonctif et hiérarchie... Odense, 1971, 190 p. — CAMPROUX (Ch.). Le Subjonctif imparfait, mode de l'irréel. Fr. mod. 1946, n° 14, pp. 201-215. — CHRISTMANN (H. H.). Zum französischen Konjunktiv. Z. rom. Philol. 1970, t. 86, pp. 219-229. — COHEN (M.). Le Subjonctif en fr. contemp. Paris, 1965, 295 p. — CONNORS (K.). The Meaning of the French subjunctive. Linguistics. 1978, n° 211, pp. 45-56. — DE POERCK (G.). Pour une synt. transformationnelle. In:[Mél. Grevisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 57-69. — ERIKSSON (B.). L'Emploi des modes dans la subordonnée relative en fr. mod. Uppsala, 1979, 162 p. — EYOT (Y.). Le Subjonctif imparfait, mode de l'irréel? Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 261-268. — GLATIGNY (M.). Rem. sur le subjonctif. Fr. Monde. 1976, n°122, pp. 18-19. — GROSS (M.). Corresp. entre forme et sens à propos du subjonctif. Lang. fr. 1978, t. 39, pp. 49-65. — HANSE (J.). La Valeur modale du subjonctif. Bruxelles, 1965, 26 p. — IMBS (P.). Le Subjonctif en fr. mod. Paris, 1953, 71 p. — LEVITT (J.). The Subjunctive in modern French... Linguistics. 1967, t. 31, pp. 50-60. — MARTIN (R.). Pour une logique du sens. Paris, 1983, pp. 104-126. — MOIGNET (G.). Essai sur le mode subjonctif en latin postclassique et en ancien français. Paris, 1959, 276 p. — NORDAHL (H.). Les Syst. du subjonctif corrélatif... Bergen-Oslo, 1969, 272 p; Le Mode le plus fascinant qui soit. R. rom. 1970, t. 5, pp. 106-119. — ROTHE (W.). Strukturen des Konjunktivs im Französischen. Tübingen, 1967, VI-428 p. — SATO (F.). Valeur modale du subjonctif en fr. contemp. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 34-41. — SCHIFKO (P.). Subjonctif und subjuntivo. Wien-Stuttgart, 1967, XX-218 p. — TOGEBY (K.). La Hiérarchie des emplois du subjonctif. Langages. Paris, 1966, t. 3, pp. 67-71. — WUNDERLI (P.). Der Französische Konjunktiv als Modus der Teilaktualisierung. R. roum. Ling. 1976, t. 21, pp. 377-390. — YVON (H.). Le Subjonctif imparfait, mode de l'irréel. Fr. mod. 1947, t. 15, pp. 6-16.
subjonctif, ive [sybʒɔ̃ktif, iv] adj. et n. m.
ÉTYM. 1660; adj. 1529 (« vocales /voyelles/ subjonctives »); du lat. subjunctivus « attaché sous…, subordonné » de subjunctum, supin de subjungere, d'abord « atteler », de sub-, et jungere « joindre » (→ Conjonctif).
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♦ Grammaire.
2 (XVIIe; Maupas, Oudin emploient optatif, conjonctif, dans ce sens). || Mode subjonctif, et, n. m., le subjonctif : mode personnel du verbe, considéré d'abord comme propre à exprimer une relation de dépendance, et, de nos jours, comme mode de la tension psychologique (volonté, sentiment) et de la subjectivité (doute, incertitude; ⇒ aussi Potentiel). — On distingue en indo-européen l'indicatif, le subjonctif et l'optatif. || Subjonctif latin. — En français, le subjonctif est considéré comme le « mode de l'éventualité » (S. de Vogel), « mode de l'énergie psychique » (G. et R. le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §821), comme « mode du non-jugement » (Damourette et Pichon, Essai de grammaire, §1869), comme support du sujet psychologique (Lerch; cf. G. Gougenheim, les Systèmes grammaticaux, p. 193). Cf. aussi M. Cohen, le Subjonctif.
1 (…) nous ferons voir, au moyen de nombreuses analyses, que le véritable génie du subjonctif est d'indiquer une action ou une chose comme terme d'une volonté (…)
Bescherelle, Grammaire nationale, p. 638 (15e éd., 1877).
■ emplois du subjonctif.
♦ 1. En principale (ou proposition autonome), le subjonctif peut marquer, surtout à la 3e personne, le souhait, le désir, le regret; l'ordre, la défense, l'exhortation, avec ou sans que. ⇒ Que (supra cit. 52). — Ex. : Plût au ciel que… ⇒ Plaire (supra cit. 33). || Puisse-t-il… ⇒ 1. Pouvoir (I., 4.). || Vive la France ! ⇒ Vivre. || Advienne que pourra, Dieu me garde que… ⇒ Garder (supra cit. 22). || Fasse le ciel; Dieu fasse (cit. 100) que… — Il marque aussi l'éventualité (dût-il… ⇒ Devoir, 8.), la supposition (soit une droite A B…), la concession (⇒ Soit), l'affirmation atténuée (je ne sache pas que… ⇒ 1. Savoir, I., B., 5.).
♦ 2. En subordonnée. a Complétives, antéposées en fonction de sujet. « Comme si cet ordre, qui en effet n'est pas le plus rationnel, supposait un effort spécial…, le verbe se met au subjonctif » (Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §1269). ⇒ 1. Que (I., 1., REM. 4). — Complétant le sens de l'« impersonnel » || Il (II., 1., c. à f.). — Ex. : Il est curieux, étrange, étonnant (supra cit. 8), possible que…, il est bon (cit. 103 et 105), juste, vrai que…, il est temps que… il semble que… (⇒ Sembler, II., 2., b), il arrive (supra cit. 68), il faut (⇒ Falloir, III., 2.), il suffit que… — Exprimant une croyance incertaine (cf. Croire, imaginer [supra cit. 15], supposer, douter que…) ou une ignorance (ignorer que…; ne pas croire, dire, penser que…). ⇒ aussi Nier (supra et infra cit. 13). — En proposition de « sentiment » (crainte, espoir, surprise, etc.). Cf. Craindre, avoir peur (supra cit. 23) que… ne, prendre garde (cit. 51) que…; être bien aise, content, heureux (supra cit. 7) que…; aimer (cit. 57), se réjouir que…; se plaindre (cit. 25 et supra) que…; s'étonner (cit. 28), être surpris que…; espérer que… — En proposition exprimant la volonté. (Cf. Désirer, vouloir que…, ordonner, permettre, tolérer que…, dire, prétendre [cit. 21 et supra] que…, empêcher, interdire que…, décider, résoudre [en phrase interrogative ou négative]).
b « Conjonctives » ou relatives, exprimant la finalité, la conséquence, parfois l'hypothèse (⇒ 1. Si, I., A., 5.), ou dont l'antécédent est un interrogatif, une proposition négative, un superlatif relatif (le premier, le dernier, le seul [→ Seul, supra cit. 18] … qui…, que…).
c Circonstancielles. — Temporelles : avant que…, jusqu'à ce que…, d'ici (à ce) que…, le temps que… — Causales, avec un verbe de sentiment, pour exprimer une cause incertaine (soit que…, soit que…), ou écartée (non que…, sans que…, ce n'est pas que…). — Finales : afin que…, pour (II., 5.) que…, de crainte, de peur que…, à seul fin que…. Concessives et « oppositives » : alors que…, bien (supra cit. 108) que…, encore (supra cit. 24) que…, au lieu (infra cit. 34) que…, malgré que, pour (IV.) que…, pour peu (cit. 57) que…, quoique (1.), si (2. Si, IV.)… que, tout… que…
■ temps du subjonctif.
♦ Subjonctif présent (exprime aussi bien le futur que le présent). Ex. : je veux que tu viennes me voir demain. || Le subjonctif présent s'emploie couramment à la place de l'imparfait (cit. 12 et 13) du subjonctif (ex. : je craignais qu'il ne se fâche, pour : je craignais qu'il ne se fâchât).
♦ Passé, plus-que-parfait du subjonctif (marquant une antériorité par rapport au présent, à l'imparfait du v. de la principale). || Ex. : je veux que tu aies terminé à temps; je voulais que tu eusses terminé.
2 Si c'était vrai, il faudrait que je vous quitte et que je m'en aille bien loin (En note : L'espèce de compromis que je hasarde entre le berrichon et le français de nos jours ne m'oblige pas à employer cet affreux imparfait du subjonctif inconnu aux paysans).
G. Sand, Jeanne, cité par K. Nyrop, Grammaire historique, t. VI, p. 335.
Encyclopédie Universelle. 2012.