1. pouvoir [ puvwar ] v. tr. <conjug. : 33; p. p. inv. pu> (REM. je puis est vieilli, sauf dans l'interrogation directe où il est obligatoire : puis-je ?)
• 1440; poeir, pooir, povoir, en a. fr.; pod(e)ir 842; lat. pop. °potere, réfect. du lat. class. posse, d'apr. pot-
I ♦ (Devant l'inf.) « Auxiliaire d'aspect », servant à exprimer la modalité du possible, l'hypothèse, le souhait, etc.
1 ♦ Avoir la possibilité de (faire qqch.) (cf. Être capable, susceptible de, en état, à même, en mesure de).
♢ (Personnes) Elle peut marcher. Ils peuvent payer. Je ne peux pas le porter toute seule. Ne pas pouvoir, ou (littér.) ne pouvoir parler. On ne peut pas tout avoir. Pouvoir parfaitement faire qqch. Qui peut savoir ? Loc. prov. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. « Je ne puis méditer qu'en marchant » (Rousseau). « Peux-tu voir tant de pleurs d'un œil si détaché ? » (P. Corneille),avoir le cœur de. Dire qu'il a pu faire une chose pareille ! ⇒ oser. Absolt Comment a-t-il pu ? — « Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde » (La Fontaine). Si vous pouvez; dès que vous pourrez. Ils se débrouillent comme ils peuvent. « Devine, si tu peux, et choisis, si tu l'oses » (P. Corneille). Loc. adv. et adj. On ne peut mieux : le mieux possible. On ne peut plus : beaucoup, extrêmement. Il est on ne peut plus serviable. On ne peut moins : très peu. — N'y pouvoir rien. On n'y peut rien, que voulez-vous. — (Belgique) N'en pouvoir rien. — (Choses) Force qui peut lever un poids. Ça peut toujours servir. « notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler » (Pascal). Loc. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire ?
2 ♦ Avoir le droit, la permission de (faire qqch.). « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ). « Une femme d'honneur peut avouer sans honte » (P. Corneille). « On ne peut quand même pas l'abandonner dans cette situation tragique » ( Duhamel),on n'en a pas le droit moral. — (Belgique; emploi critiqué) Je ne peux pas de ma mère, à cause de, du fait de ma mère : elle ne m'en donne pas la permission.
♢ Avoir raisonnablement la possibilité de. « On ne peut affirmer, on peut tout supposer » (Romains). On peut, on ne peut pas dire... C'est le moins qu'on puisse dire. Si je puis dire, si l'on peut dire (cf. Pour ainsi dire). On ne peut que s'en réjouir. « Comment peut-on être Persan ? » (Montesquieu). — Avoir l'autorisation de. Les élèves internes pourront sortir jusqu'à telle heure. Puis-je vous emprunter ce crayon ?
♢ Spécialt Avoir beau. On peut bien rire de moi, ça m'est égal. Tu peux me raconter ce que tu veux, je ne te crois pas. Il peut bien venir me voir, je ne lui parlerai pas :... même s'il vient.
3 ♦ (De ce qui est éventuel, a des probabilités de se produire) « Je puis échouer, les armes sont journalières, mais je puis réussir aussi » (Bonaparte). Les malheurs qui peuvent nous arriver. ⇒ risquer. Ça pourrait mal tourner. Un train peut en cacher un autre.
4 ♦ Littér. (subj. optatif : exprime le souhait) Puissiez-vous dire vrai ! « Puissions-nous chanter sous les ombrages Des arbres ! » (La Fontaine). « Puisse le juste ciel dignement te payer ! » (Racine). « Ah ! puisse mon esprit laisser tomber ses idées mortes ! » (A. Gide).
5 ♦ Impers. IL PEUT, POURRA, POUVAIT (et l'inf.). ⇒ peut-être; possible. Il peut y avoir..., il ne peut pas y avoir d'erreur. « Ce sont vingt mille francs qu'il m'en pourra coûter » (Molière). Il peut arriver que. Il pourrait bien pleuvoir demain : il est vraisemblable que... Il pouvait être minuit : il était environ minuit. Il peut se faire que ce soit la vérité. — Loc. Autant que faire se peut, se pourrait : autant que cela est, serait possible. Il se peut faire, il se peut : il est possible.
♢ Il se peut que (et subj.). Il se peut que je sois un peu en retard. « Se peut-il que j'aie enfin un ami ? » (R. Rolland). — Cela ne se peut pas : c'est impossible. Fam. Ça se peut, je ne dis pas le contraire. « C'est possible, en y pensant, ça se pourrait » (Giono). Ça se pourrait bien. Advienne que pourra.
II ♦ V. tr.
1 ♦ (Avec un pron. neutre) Résistez, si vous le pouvez, si vous pouvez résister. Dès qu'il le put.
2 ♦ Être capable, être en mesure de faire (qqch.). Je fais ce que je peux, j'ai fait ce que j'ai pu. Loc. fam. On fait ce qu'on peut, on n'est pas des bœufs. Qu'y puis-je ? On n'y peut rien. On ne peut rien te cacher. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Que puis-je pour vous ? — Vous pouvez beaucoup. « Que ne peut l'amitié conduite par l'amour ? » (Racine). « L'homme avec l'or fait ce qu'il peut. Dieu avec le vent fait ce qu'il veut » (Hugo). PROV. Qui peut le plus peut le moins : la réussite d'une chose difficile implique celle de ce qui est plus facile.
♢ Pouvoir (qqch.) sur... : avoir de l'autorité, de l'influence sur. « Tout ce que peut l'amour sur le cœur d'Alexandre » (Racine).
♢ Absolt Savoir, vouloir et pouvoir. « C'est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir » (Pascal). Loc. prov. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. Va où tu peux, meurs où tu dois.
3 ♦ Loc. (XIIIe) N'en pouvoir mais. (XIVe) N'EN POUVOIR PLUS : être dans un état d'extrême fatigue, de souffrance ou de nervosité. J'ai trop marché, je n'en peux plus. « Je n'en peux plus de fatigue, adieu » (Flaubert). — Ne pas supporter un excès de plaisir. On se tordait de rire, on n'en pouvait plus.
⊗ HOM. Pus :pue (puer).
pouvoir 2. pouvoir [ puvwar ] n. m.
1 ♦ Le fait de pouvoir (I, 1o et 2o), de disposer de moyens naturels ou occasionnels qui permettent une action. ⇒ faculté, possibilité. Le pouvoir de parler, de saisir la réalité. Le pouvoir de connaître l'avenir. ⇒ 1. don. Et c'était elle « qui avait gardé le pouvoir de jeter un enchantement sur ce pays » (Loti). Si j'en avais le pouvoir. À cause, en vertu du pouvoir de... « La France possède un grand pouvoir d'assimilation » (Duhamel). « Il y a dans toute musique un pouvoir d'ivresse » (R. Rolland). — Pouvoir d'achat : quantité de biens et services qu'il est possible de se procurer avec une somme d'argent déterminée. Baisse du pouvoir d'achat. ⇒ niveau (de vie). Pouvoir libératoire d'une monnaie. — Cela n'est pas en mon pouvoir, parmi ce que je peux faire. « Il n'est plus en pouvoir de me faire du mal » (Molière). Cela dépasse son pouvoir, ses possibilités. — Plur. Des pouvoirs surnaturels, extraordinaires.
2 ♦ (XIIIe) Capacité légale (de faire une chose). ⇒ 3. droit. Un interdit n'a pas pouvoir de tester. Pouvoir d'un tuteur, d'un mandataire. Il m'a donné pouvoir de... ⇒ commission, délégation, mandat, mission. Avoir tous pouvoirs, pleins pouvoirs (cf. fig. Donner carte blanche). ⇒ plénipotentiaire. — Fondé de pouvoir (d'une société). ⇒ fondé de pouvoir.
♢ Spécialt Acte écrit permettant à une personne d'exercer les droits d'une autre personne et d'agir en son nom. ⇒ procuration. Bon pour pouvoir, formule par laquelle on donne pouvoir à qqn. Avoir un pouvoir par-devant notaire. Pouvoir en bonne forme. Vérification des pouvoirs. « C'est tout juste s'ils se donnent la peine de signer les pouvoirs qu'on leur envoie » (Romains) .
♢ Dr. can. Les pouvoirs, ceux que confère l'évêque au prêtre.
3 ♦ (Qualifié) Propriété physique d'une substance placée dans des conditions déterminées. ⇒ capacité. Pouvoir calorifique : quantité de chaleur produite par la combustion complète de l'unité de masse d'une substance. Pouvoir absorbant. Pouvoir émissif. Pouvoir réflecteur : rapport de l'énergie rayonnante réfléchie sous une incidence normale à l'énergie rayonnante incidente. — Pouvoir séparateur d'un système optique (objectif, microscope, spectrographe) :capacité de produire des images distinctes discernables d'objets rapprochés; mesure de cette capacité. Pouvoir rotatoire. — Physiol. Pouvoir d'accommodation de l'œil. — Chim. Pouvoir ferment : proportion de sucre transformée, relativement à la levure produite pendant cette transformation. — Techn. Pouvoir couvrant d'une couleur, d'un vernis : surface qui peut être couverte utilement avec un kilo de couleur.
4 ♦ Possibilité d'agir sur qqn, qqch. ⇒ autorité, empire, puissance. « Son pouvoir n'est fondé que sur votre faiblesse » (Molière). « Il fallait employer le pouvoir que cette princesse avait sur lui » (Mme de La Fayette). ⇒ 2. ascendant, influence. Un pouvoir diabolique, magique, irrésistible. Pouvoir de séduction. — Vous êtes en notre pouvoir, à notre merci, entre nos mains. « Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées » (Descartes). — Tomber au pouvoir de qqn, sous sa domination. ⇒ dépendance. — Le pouvoir des sens. Malherbe, « D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir » (Boileau). ⇒ efficacité. Le mystérieux pouvoir des nombres. « Le pouvoir de la poésie est grand sur le peuple » (Hugo).
5 ♦ Spécialt Situation de ceux qui dirigent; puissance politique à laquelle est soumis le citoyen. Le pouvoir du roi, de César. Pouvoir suprême, souverain. ⇒ souveraineté. Pouvoir supérieur. ⇒ hégémonie . Pouvoir absolu. ⇒ omnipotence, vx prépotence, toute-puissance. Pouvoir autocratique, oppresseur, tyrannique. Pouvoir faible, chancelant. Les bornes, les limites du pouvoir. Pouvoir et contre-pouvoirs. « Le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu). Lutte pour le pouvoir. Prendre, saisir le pouvoir, s'emparer du pouvoir. ⇒ pronunciamiento, putsch (cf. Coup d'État). Avoir, détenir, exercer le pouvoir. Parvenir, être, se maintenir au pouvoir. La majorité au pouvoir (en démocratie). Vacance du pouvoir. Les attraits, les prérogatives, les privilèges du pouvoir. « Le pouvoir nous laisse tels que nous sommes et ne grandit que les grands » (Balzac). « Le pouvoir et l'argent ont le prestige de l'infini » (Valéry). — Au plur. Accorder les pleins pouvoirs au gouvernement par un vote.
♢ Vieilli ⇒ gouvernement, 1. régime. « c'est dans des mers de sang qu'on a noyé l'idole du pouvoir despotique » (Voltaire). Pouvoir monarchique, aristocratique, oligarchique, démocratique.
6 ♦ (Le pouvoir considéré dans ses fonctions et manifestations) Droit et possibilité d'action codifiée, dans un domaine précis. Organe, organisme exerçant un pouvoir, des pouvoirs (institutions politiques). Pouvoir constituant. Pouvoir législatif, chargé d'élaborer la constitution, la loi. Pouvoir exécutif, chargé du gouvernement et de l'administration. « on ne saurait avoir une meilleure constitution que celle où le pouvoir exécutif est joint au législatif » (Rousseau). Pouvoir judiciaire, chargé de la fonction de juger. ⇒ justice. Confusion des pouvoirs : régime où les trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) sont entre les mêmes mains (monarchie, dictature). Division, séparation des pouvoirs : régime où les trois pouvoirs sont indépendants les uns des autres (régime parlementaire, présidentiel). — Loc. Le quatrième pouvoir : la presse, les médias. — Pouvoir temporel et pouvoir spirituel. — Dr. Pouvoir disciplinaire, du supérieur hiérarchique, d'un conseil. ⇒ discipline. — Pouvoir discrétionnaire (dr. publ.),permettant à une autorité d'agir librement. Pouvoir réglementaire. Les pouvoirs d'un ministre, d'un préfet. ⇒ attribution. En vertu des pouvoirs qui me sont conférés. — Abus de pouvoir. Recours pour excès de pouvoir.
♢ Organes, personnes dans lesquels s'incarne le pouvoir. Le pouvoir central. Pouvoir municipal. Les pouvoirs publics : ensemble des autorités pouvant imposer des règles aux citoyens. — Les pouvoirs, les pouvoirs constitués. — L'opinion et le pouvoir. « Si le pouvoir n'est pas résolu à forcer l'obéissance, il n'y a plus de pouvoir » (Alain).
⊗ CONTR. Impossibilité, impuissance.
● pouvoir verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) Avoir la possibilité, les moyens physiques, matériels, techniques, etc., intellectuels, psychologiques, etc., de faire quelque chose : Depuis son accident, il ne peut plus marcher. Avoir telle caractéristique, telle capacité : Voiture qui peut faire du 200 km/h. Offrir telle possibilité : Cette table peut me servir. Avoir la permission, la latitude de faire quelque chose : Puis-je vous parler un moment ? Se prêter à telle action, telle attitude, etc., par sa nature ou selon le contexte : Ces arguments peuvent être facilement contestés. Indique une éventualité ou une supposition : Tout peut arriver. Indique un état, une action éventuelle : Il peut bien avoir cinquante ans maintenant. Souligne l'impatience, la perplexité, le doute, l'étonnement, etc. : Où ai-je bien pu mettre ce livre ? Au subjonctif, avec inversion du sujet, exprime le souhait : Puissiez-vous dire vrai ! S'emploie dans des demandes polies : Pourriez-vous me dire l'heure, s'il vous plaît ? ● pouvoir nom masculin (de pouvoir) Propriété, capacité qu'a quelque chose de produire certains effets ; grandeur correspondante : Pouvoir absorbant d'un tissu. Faculté, possibilité que quelqu'un ou quelque chose a de faire quelque chose : Il a un remarquable pouvoir d'adaptation. Puissance particulière de quelqu'un ou de quelque chose : Cette potion a un pouvoir magique. Ascendant de quelqu'un ou de quelque chose sur quelqu'un : Il n'avait plus aucun pouvoir sur son fils. Droit pour quelqu'un de faire telle chose par son statut : Le directeur a le pouvoir de vous renvoyer s'il le veut. Autorité, puissance de droit ou de fait, situation de ceux qui gouvernent, dirigent : L'exercice du pouvoir n'est pas facile. Les dirigeants eux-mêmes, le gouvernement : Vouloir renverser le pouvoir en place. Droit Aptitude légale ou conventionnelle à exercer tout ou partie des droits d'une autre personne et à agir pour son compte. Synonyme de procuration. ● pouvoir (citations) verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Quoi ? Vous ne pouvez pas ce que peut une femme ? Tite et Bérénice, V, 2, Domitie à Tite Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Un monarque a souvent des lois à s'imposer ; Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser. Tite et Bérénice, IV, 5, Tite Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 La vérité sera un jour la force. « Savoir, c'est pouvoir » est le plus beau mot qu'on ait dit. Dialogues et fragments philosophiques, III, Rêves Lévy Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 La liberté, pour l'homme, consiste à faire ce qu'il veut dans ce qu'il peut, comme sa raison consiste à ne pas vouloir tout ce qu'il peut. Discours sur l'homme intellectuel et moral Romain Rolland Clamecy 1866-Vézelay 1944 Un héros, c'est celui qui fait ce qu'il peut. Jean-Christophe, l'Adolescent Albin Michel Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Nous ne pouvons tous toutes choses. Non omnia possumus omnes. Les Bucoliques, VIII, 63 ● pouvoir (difficultés) verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) Conjugaison 1. Pouvoir n'a pas d'impératif ni de passif. 2. Je peux / je puis. Les deux formes sont correctes, mais je puis ne s'emploie plus que dans le registre très soutenu (je ne puis faire autrement) sauf dans les phrases interrogatives avec inversion du sujet où il remplace obligatoirement je peux : puis-je vous aider ? Accord Le participe passé ne s'accorde jamais : il a rassemblé toutes les informations qu'il a pu. Emploi 1. Il se peut que (+ subjonctif) : il se peut qu'il pleuve. La construction avec le subjonctif est la construction usuelle. On emploie parfois l'indicatif (il se peut qu'il a trouvé mieux) ou, pour marquer l'éventualité, le conditionnel (il se peut qu'il trouverait plus facilement ailleurs). Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer il se peut que + subjonctif. 2. Pouvoir et possible / impossible. Pouvoir exprimant la même idée que possible (et son contraire impossible), on évite de les employer dans la même phrase : il est possible que nous réussissions, que nous y parvenions (et non : il est possible que nous puissions, il est impossible que nous puissions). 3. Il pourra peut-être venir. L'emploi de pouvoir avec peut-être n'est plus considéré comme une faute. Remarque Peut-être étant formé sur pouvoir, l'emploi de ces deux mots dans une même proposition a longtemps été tenu pour une répétition fautive ou du moins inélégante. Aujourd'hui, peut-être est perçu comme un mot unique (équivalant à probablement ou à vraisemblablement) d'où l'idée de pouvoir s'est à peu près effacée. 4. Je ne pourrais / je ne saurais. → savoir Orthographe Toujours invariable. → pouvoir ● pouvoir (expressions) verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) Je n'en peux rien, en Belgique, je n'en suis pas responsable. Ne pouvoir mal, en Belgique, ne courir ou ne faire courir aucun risque. N'en pouvoir plus, être épuisé, à bout de forces, de résistance : Il n'en pouvait plus de fatigue ; être rassasié : Non merci, pas de fromage, je n'en peux plus ; être très usé : La machine à laver n'en peut plus. Pouvoir bien, pouvoir (toujours), indique qu'on est prêt à faire face à toute éventualité : Il peut toujours venir, je saurai lui répondre. Pouvoir quelque chose, beaucoup, tout, etc., donner ou constituer un apport, une aide, un soutien à quelqu'un : Vous pouvez beaucoup pour nous aider. Y pouvoir quelque chose, n'y pouvoir rien, avoir ou non de l'influence sur quelque chose, y être ou non pour quelque chose. ● pouvoir (homonymes) verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) pouvoir nom masculin ● pouvoir (synonymes) verbe transitif (latin populaire potere, du latin classique posse) (Suivi d'un infinitif) Avoir la possibilité, les moyens physiques, matériels, techniques, etc., intellectuels...
Synonymes :
- être à même de
- être capable de
- être en mesure de
Avoir la permission, la latitude de faire quelque chose
Synonymes :
- être autorisé à
Se prêter à telle action, telle attitude, etc., par sa...
Synonymes :
- risquer de
● pouvoir (citations)
nom masculin
(de pouvoir)
Émile Chartier, dit Alain
Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951
Tout pouvoir sans contrôle rend fou.
Politique
P.U.F.
Émile Chartier, dit Alain
Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951
La tentation d'être un chef juste et humain est naturelle dans un homme instruit ; mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l'exerce ; et cela ne tient pas seulement à une contagion de société : la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles.
Souvenirs de guerre
Flammarion
Jacques Ancelot
Le Havre 1794-Paris 1854
Académie française, 1841
On ne plaisante pas avec la Préfecture.
L'Important
François Andrieux
Strasbourg 1759-Paris 1833
Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste.
Le Meunier sans souci
Honoré de Balzac
Tours 1799-Paris 1850
Tout pouvoir humain est un composé de patience et de temps. Les gens puissants veulent et veillent.
Eugénie Grandet
Honoré de Balzac
Tours 1799-Paris 1850
Un pouvoir impunément bravé touche à sa ruine.
La Peau de chagrin
Honoré de Balzac
Tours 1799-Paris 1850
Tout pouvoir est une conspiration permanente.
Sur Catherine de Médicis
Simone de Beauvoir
Paris 1908-Paris 1986
[…] Le meilleur des princes a toujours sur la conscience des centaines de morts.
Tous les hommes sont mortels
Gallimard
Roger Caillois
Reims 1913-Paris 1978
Académie française, 1971
Tout pouvoir vient d'une discipline et se corrompt dès qu'on en néglige les contraintes.
Art poétique
Gallimard
François René, vicomte de Chateaubriand
Saint-Malo 1768-Paris 1848
La liberté qui capitule, ou le pouvoir qui se dégrade, n'obtient point merci de ses ennemis.
Mémoires d'outre-tombe
Benjamin Constant de Rebecque
Lausanne 1767-Paris 1830
Les dépositaires du pouvoir ont une disposition fâcheuse à considérer tout ce qui n'est pas eux comme une faction. Ils rangent quelquefois la nation même dans cette catégorie.
De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France
Maxime Du Camp
Paris 1822-Baden-Baden 1894
Académie française, 1880
Tout pouvoir légitime est issu d'une usurpation.
L'Attentat Fieschi
Charpentier
Georges Charles, dit Joris-Karl Huysmans
Paris 1848-Paris 1907
Le démon ne peut rien sur la volonté, très peu sur l'intelligence, et tout sur l'imagination.
L'Oblat
Plon
André Malraux
Paris 1901-Créteil 1976
Le pouvoir doit se définir par la possibilité d'en abuser.
La Voie royale
Grasset
Henry Millon de Montherlant
Paris 1895-Paris 1972
Académie française, 1960
Il n'y a pas le pouvoir, il y a l'abus de pouvoir, rien d'autre.
Le Cardinal d'Espagne, I, 7, Cardona
Gallimard
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval
Paris 1808-Paris 1855
Dans le caractère de notre nation, il y a toujours une tendance à exercer la force, quand on la possède, ou les prétentions du pouvoir, quand on le tient en main.
Les Filles du feu, Angélique
Francis Ponge
Montpellier 1899-Le Bar-sur-Loup 1988
Le siècle du pouvoir de l'homme devint celui de son désespoir.
Le Grand Recueil, Lyres
Gallimard
Jean Prévost
Saint-Pierre-lès-Nemours 1901-près de Sassenage, Vercors, 1944
Robespierre, Lamartine ou Wilson au pouvoir gâchent tout par leur vertu.
Les Caractères
Albin Michel
Nicolas Edme Rétif, dit Restif de La Bretonne
Sacy, Yonne, 1734-Paris 1806
[…] La femme ne sent son pouvoir qu'autant qu'elle en abuse.
Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville
Louis Antoine Léon Saint-Just
Decize 1767-Paris 1794
On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente.
Discours à la Convention, Sur le jugement de Louis XVI, 13 novembre 1791
Commentaire
Il ne s'agit pas d'une intervention au cours du procès, mais d'un discours réclamant la mise en jugement du roi.
Alexis Clérel de Tocqueville
Paris 1805-Cannes 1859
Les peuples démocratiques haïssent souvent les dépositaires du pouvoir central ; mais ils aiment toujours ce pouvoir lui-même.
De la démocratie en Amérique
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Le pouvoir sans abus perd le charme.
Cahier B 1910
Gallimard
John Emerich Dalberg, 1er baron Acton
Naples 1834-Tegernsee 1902
Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes méchants.
Power tends to corrupt, and absolute power corrupts absolutely. Great men are almost always bad men.
Historical Essays and Studies
Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine
Simbirsk 1870-Gorki, près de Moscou, 1924
Le communisme, c'est le pouvoir des Soviets plus l'électrification du pays.
Œuvres complètes, tome 31
Percy Bysshe Shelley
Field Place, Horsham, Sussex, 1792-en mer, La Spezia, 1822
Le pouvoir, telle une ravageuse pestilence,
Pollue tout ce qu'il touche.
Power, like a desolating pestilence,
Pollutes whate'er it touches.
La Reine Mab, III
● pouvoir (difficultés)
nom masculin
(de pouvoir)
Orthographe
Fondé de pouvoir ou fondé de pouvoirs → fondé
● pouvoir (expressions)
nom masculin
(de pouvoir)
Au pouvoir de, sous étroite dépendance, l'autorité de quelqu'un, d'un groupe : L'otage était au pouvoir des bandits.
En mon pouvoir, dans mes possibilités : Il n'était pas en ton pouvoir de le nommer à ce poste.
Pouvoir d'achat, ensemble des biens et services que le revenu courant de la période permet à un individu, une population d'acquérir.
Pouvoir d'achat de la monnaie, possibilité que recèle une monnaie d'acquérir des biens ou des services. (Le taux de change à parité de pouvoir d'achat est un taux de change fictif qui intègre les différences de niveaux de prix entre les différents pays du monde. Il constitue une unité de compte commune qui permet des comparaisons internationales en termes réels. C'est le dollar exprimé en parité de pouvoir d'achat qui est utilisé par les organismes internationaux pour les chiffres de production et de revenus.)
Pouvoir libératoire, somme la plus élevée d'une monnaie dont le débiteur peut exiger l'acceptation par son créancier.
Pouvoir colorant, propriété d'un pigment de communiquer à son mélange avec d'autres pigments une teinte générale se rapprochant de sa teinte propre.
Pouvoir calorifique inférieur ou pouvoir calorifique utile, quantité de chaleur dégagée par la combustion d'un gaz ou d'un combustible liquide, compte tenu des calories absorbées par la vaporisation de l'eau formée. (Le pouvoir calorifique inférieur de l'essence est de 43 900 kilojoules par kg.)
Pouvoir calorifique supérieur, quantité totale de chaleur dégagée par un gaz ou un combustible liquide en brûlant.
● pouvoir (homonymes)
nom masculin
(de pouvoir)
pouvoir
verbe
● pouvoir (synonymes)
nom masculin
(de pouvoir)
Faculté, possibilité que quelqu'un ou quelque chose a de faire quelque chose
Synonymes :
- capacité
- don
- possibilité
Puissance particulière de quelqu'un ou de quelque chose
Synonymes :
- force
Ascendant de quelqu'un ou de quelque chose sur quelqu'un
Synonymes :
- emprise
- mainmise
- prestige
Contraires :
Droit pour quelqu'un de faire telle chose par son statut
Synonymes :
- latitude
- liberté
- licence
Les dirigeants eux-mêmes, le gouvernement
Synonymes :
- État
- régime
Synonymes :
- Droit. procuration
pouvoir
n. m.
d1./d Faculté de pouvoir (V. 1 pouvoir), puissance, possibilité. Avoir du pouvoir, un grand pouvoir.
— ECON Pouvoir d'achat: quantité de biens ou services que l'on peut se procurer avec une somme d'argent déterminée.
d2./d DR Capacité légale de faire une chose. Pouvoir de tester.
|| Droit, faculté d'agir pour un autre, en vertu du mandat qu'on a reçu. Fondé de pouvoir(s) d'une société.
— Acte par lequel on donne pouvoir d'agir, procuration. Pouvoir par-devant notaire.
d3./d Empire, ascendant exercé sur une personne. Exercer un pouvoir sur qqn.
d4./d (Avec un qualificatif.) Aptitude, propriété d'un corps, d'une substance. Pouvoir blanchissant d'une lessive.
d5./d Autorité. Pouvoir législatif, exécutif, judiciaire.
|| Les pouvoirs publics: les autorités constituées.
d6./d Absol. Autorité souveraine, direction, gouvernement d'un état. être au pouvoir.
————————
pouvoir
v. auxil. de mode et v. tr.
rI./r v. auxil. de mode (régissant l'inf.).
d1./d Avoir la faculté, la possibilité de. La voiture est en panne, ils ne peuvent pas partir.
|| (Avec ellipse de l'inf. comp., ou celui-ci remplacé par le pronom le.) Quand on veut, on peut. Comprenez si vous (le) pouvez.
|| N'en pouvoir plus: être à bout de forces.
|| (Belgique) Ne pouvoir mal de (faire qqch): ne pas être disposé à (faire qqch). Je ne peux mal de monter sur cette échelle.
— Ne pas courir de danger. Avec ces gants, tu ne peux mal de te faire piquer.
— Ne pas présenter de danger. Ce mur ne peut mal de tomber.
— être peu probable. Il ne peut mal de pleuvoir.
d2./d Avoir le droit, l'autorisation de. Puis-je m'asseoir? Vous pouvez disposer.
|| être en droit de. On peut dire qu'il a de la chance.
|| Avoir le front, l'audace, etc., de. Comment pouvez-vous dire une chose pareille?
d3./d Litt. (Au subj., exprimant un souhait.) "Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre" (Corneille).
d4./d (Exprimant une éventualité, une possibilité.) Il peut avoir eu un empêchement.
|| (Renforçant une interrogation.) Où peut-il bien se cacher?
d5./d Impers. Il peut (+ inf.): il est possible que. Il peut pleuvoir.
— Il pouvait être minuit: il était vraisemblablement, peut-être, minuit.
|| v. Pron. Il se peut que: il est possible que. Il se peut que j'aie besoin de vous.
— Il peut se faire que: il peut arriver que.
— Loc. Autant que faire se peut: autant qu'il est possible.
rII./r v. tr. Avoir l'autorité, la puissance de faire (qqch). Je ne peux rien pour vous.
|| N'y pouvoir rien, n'en pouvoir mais ou (Belgique) n'en pouvoir rien: n'être pas responsable de qqch.
I.
⇒POUVOIR1, verbe trans.
I. —Empl. trans., de sens plein
A. —Être capable de faire quelque chose. Voyez pourtant ce que peut une bonne conscience! (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.214). Minos et Médor échappaient, l'un subtil et souple, souvent perché hors d'atteinte; l'autre, indépendant et fugace. L'âne pouvait moins. Il fut dompté (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.133).
♦Absol. Il est évident que si nous devons nous pouvons (COUSIN, Hist. philos. mod., t.1, 1846, p.352).
— Proverbes. Qui peut le plus peut le moins; si jeunesse savait et vieillesse pouvait.
— Loc. verb., littér. Ne pouvoir que... ne + subj. Ne pas pouvoir s'empêcher de, être dans l'impossibilité de ne pas:
• 1. Le rhétoriqueur fait sa part au langage une fois pour toutes, et se trouve ensuite libre de traiter d'amour ou de peur, d'esclavage ou de liberté. Mais le terroriste ne peut qu'il ne mêle à la peur, à l'amour, à la liberté, un continuel souci de langage et d'expression.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.166.
♦[Tournure plus usuelle] Ne pas pouvoir ne pas + inf. ,,Vous ne pouvez pas ne pas avoir raison. Vous ne pouvez faire autrement que d'avoir raison`` (DUPRÉ 1972). Anne ne pouvait pas ne pas remarquer l'intonation de mon père (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p.144).
— N'en plus pouvoir. Être abattu, à bout de forces. Synon. pop. et fam. être sur les genoux (v. genou), sur les rotules (v. rotule), au bout du rouleau. N'en plus pouvoir de fatigue, de chaleur. Robert se laisse tomber au pied d'un arbre: Ah! de l'eau, mes amis. Je n'en puis plus, un peu d'eau, si cela est possible (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, V, 1, p.55).
♦Au fig. Être excédé. Écoute, Edmond, il faut que tu saches... Je n'en peux plus de ces mensonges (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.348).
♦P. ext., fam. Être écroulé (de rire). N'en plus pouvoir (de rire).
Rem. Claudel emploie la forme arch. puit et avec un suj. désignant une chose: Face à l'ouragan, il me manquait encore l'horreur (...) de ce bateau pourri qui n'en puit plus (Le Figaro littéraire, 7 mars 1953 cité par GREV., 32, p.674, § 614, 12°, note ds DUPRÉ 1972).
B. —1. [Le suj. désigne qqn] Avoir l'autorité, la puissance de faire quelque chose. Pouvoir qqc., tout, beaucoup pour qqn, auprès de qqn; que puis-je pour votre service? Le comte pouvait tout sur l'esprit de son maître, on en eut à Parme une preuve qui frappa tous les esprits (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.111):
• 2. —J'ai ma mission, moi aussi, dit-elle d'un ton farouche, et je la remplirai. Je ne permettrai pas qu'on te détourne de toi. Il ne pouvait rien contre ces grands mots...
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.257.
— Loc. verb.
♦Y pouvoir (qqc.) (à la forme interr.). Être responsable en quelque chose. Quoi de neuf? —Tenez. Et elle lui montra le papier. —Eh bien, qu'y puis-je? (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.137).
2. [Le suj. désigne qqc.] Avoir une possibilité d'action. L'imagination consiste en ceci que l'homme juge des choses extérieures, de ce qu'elles sont et de ce qu'elles peuvent, d'après l'état de son propre corps (ALAIN, Propos, 1921, p.207). Qu'une lotion (...) provoque la repousse des cheveux n'a en soi rien d'illogique. Le client s'y attend: il suffit de créer sa confiance. Mais l'image peut davantage; elle peut créer des convictions sans fondement justifiable (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.46).
II. —Auxil. de mode, verbe modalisateur. [Suivi d'un inf., et servant à exprimer les différentes modalités du possible]
A. —[Valeurs modales exprimant le devoir ou le droit]
1. Avoir la faculté de faire quelque chose ou de produire un effet.
a) Avoir la capacité de (selon des qualités inhérentes à la personne et dans certaines conditions matérielles). Synon. être capable de, être en état de, être en mesure de, être susceptible de, être à même de, être de force à.
) [Le suj. désigne un animé] Faire ce qu'on peut. Étaient conviés également l'ex-ministre Carteron (qui put me donner d'assez récentes nouvelles d'Athènes) (GIDE, Journal, 1943, p.178). Et quelques-uns d'entre eux [les prisonniers de la peste], comme Rambert, arrivaient même à imaginer, on le voit, qu'ils agissaient encore en hommes libres, qu'ils pouvaient encore choisir (CAMUS, Peste, 1947, p.1353).
— Avoir la possibilité matérielle de. À la sortie du lycée, Georges et Phiphi avaient enfin pu se rejoindre (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1137).
♦[Avec le pron. pers. le compl. d'obj. reprenant l'inf. ou la phrase exprimée] Perpetua ne se lassa point de penser dans le secret à l'âme de son bon ange, d'agir comme elle le pouvait pour le bien de cette âme (JOUVE, Paulina, 1925, p.175).
♦Absol. [Sans pron. de reprise] Si l'on peut, quand on peut, dès qu'on peut, comme on peut, autant qu'on peut. Ils s'arrêtèrent devant l'enclos sacré où dormaient les bêtes, couchées ou debout, les taureaux dans le fond, à la place la meilleure, les vaches par-devant, où elles pouvaient (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.570).
♦[Sans pron. pers. de reprise] Il faut que je vous quitte, adieu. —Restez. —Je ne puis (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p.286).
♦[Avec pron. pers. de reprise] Il faut me faire cette promesse, mon fils. —Je ne le puis, mon père (BILLY, Introïbo, 1939, p.165).
♦[Après un superl.] Ninon monta le plus vite qu'elle put (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.137).
— Proverbes. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a; il ne faut jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même.
— [Avec un suj. indéterminé] Quant aux légendes, néant. Nous n'inventons pas de légendes. Et pourtant, explique qui pourra, nous sommes le pays du culte des morts! (BARRÈS, Génie Rhin, 1921, p.236).
— Loc. adv. et adj. On ne peut moins; on ne peut plus; on ne peut mieux.
♦Tant (autant) que faire se peut, se pourra. Dans la mesure du possible (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979).
— Ne pas/plus pouvoir sentir (fam.), blairer (pop.), piffer (pop., dér. s.v. pif2), encadrer (pop.), voir en peinture (fam.) qqn. Avoir en aversion, être agacé de.
) [Le suj. désigne une chose] C'est étonnant, pensait-il, comme cette petite prend soin de moi; elle devine tout ce qui peut me faire plaisir (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.54). Je m'avisais un peu tard que les sciences exactes peuvent seules construire et armer les intelligences (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.509).
b) [Le suj. désigne une pers., souvent en cont. exclam. ou interr.] Avoir l'audace de. Synon. oser, daigner, avoir le front de (littér.). Ah, si tu savais ce qu'il a pu me faire souffrir! (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p.608):
• 3. C'est moi qui ai tort, dit-elle; je vous en demande bien pardon. Comment ai-je pu me fâcher d'un mot qui n'était sûrement pas dit pour me faire de la peine?
KRÜDENER, Valérie, 1803, p.22.
— Absol. [En cont. exclam. ou interr.] Célestincic: Ma petite fille. Ma petite (...). Elle avait une poupée bleue. Comment, comment a-t-elle pu... Ma petite... Alarica: Le mal court (AUDIBERTI, Mal court, 1947, III, p.198).
2. [Le suj. désigne une pers.] Avoir le droit, la permission de.
a) [Souvent en interr.] Avoir la permission, l'autorisation de. Puis-je parler? Siegfried fait un geste affirmatif (GIRAUDOUX, Siegfried, 1922, IV, 3, p.168). Je peux vous dire bonjour? Vous ne me détestez plus? (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.183):
• 4. ... seulement après le départ du dernier enfant, balayage du préau. (Les enfants que les parents viennent chercher peuvent rester jusqu'à six heures en hiver, jusqu'à sept heures en été).
FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.13.
b) Avoir le droit, la capacité légale de. Le mandant peut révoquer sa procuration quand bon lui semble, et contraindre, s'il y a lieu, le mandataire à lui remettre (...) l'écrit sous seing privé qui la contient (Code civil, 1804, art. 2004, p.360).
c) Être en droit de, selon la raison, la logique ou conformément à des normes particulières. La reine, avec force. Il vous serait assuré, je vous le jure... M'en jurerez-vous autant; je ne dis pas avant, mais après le danger? Rantzau: Vraiment!... Il y en a donc? La reine: Puis-je me fier à vous? (SCRIBE, Bertrand, 1833, I, 6, p.131).
d) Avoir le droit de, selon des normes châtiées de langage. J'aimerais bien:vaquerait. Cela ne peut-il se dire en sous-entendant: «à des soins» ou quelque chose comme ça? (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.284).
e) Être en droit de, conformément à la morale. Ma soeur Zoé, que vous voyez là, avait besoin pour sa santé de voyager dans le Midi. Je ne pouvais la laisser aller seule, et nous arrangeâmes un voyage en Italie afin de concilier tous les intérêts (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p.428).
3. [En cont. partic., exprime diverses modalités]
a) [Le souhait (valeur optative, dans des phrases exclam., le verbe étant au subj.)] Synon. fasse le ciel que (v. faire1 F 3 b), plût aux dieux que...! (v. plaire A 3 a). Puissé-je réussir! Chacun de nous —ah! puissiez-vous retenir ces paroles d'un vieil ami! —est tour à tour, de quelque manière, un criminel ou un saint (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.221):
• 5. La plupart (...) s'arrêtent encore sur le seuil de l'église. Puissent-ils voir dans ces pages combien je suis heureux de l'avoir franchi, et puissent quelques-uns de ces hésitants être entraînés par mon exemple et par mon acte de foi.
COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p.19.
b) [L'oppos. (valeur concess., en déb. de phrase, le verbe étant souvent accompagné de bien)] Avoir beau. Le wagon enragé peut bien Écraser ma tête coupable (...) Je m'en moque comme de Dieu (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p.189).
— Pop. ou arg. [En exclam., p.iron.] Pouvoir se fouiller (pop.), se palper (arg.), se brosser (arg., pop.).
c) [L'étonnement, l'impatience ou la perplexité (lié à l'intensité, en renforcement d'une phrase interr. ou exclam.)] On creusait jamais bien profond: un coup de bêche ou deux, qu'est-ce que ça peut faire? (GIONO, Colline, 1929, p.172). Ce que ça peut être blond, un croissant! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.389).
d) [Un ordre ou un reproche atténué ou une suggestion (notamment avec peut-être, bien que cet empl. avec peut-être soit rejeté par certains puristes, v. GREV. 1969, § 891)] Je n'avais point le loisir, mon départ étant précipité, de m'expliquer longuement sur la feuille volante que j'ai laissée sur la table; c'est pourquoi tu as peut-être pu t'imaginer que j'étais parti pour le Caucase (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.237). Regarde les cendres sur mes tapis! Ne pourrais-tu fumer ailleurs? (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.153):
• 6. Si vous pouviez me donner une tasse de quelque chose de chaud à boire... Ça ne va pas... Je ne sais pas ce que j'ai. Je n'ai pas pris mon petit déjeuner ce matin.
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.41.
— [Dans un système hypothétique avec si] V. lettre P A 1 ex. de Saussure.
— Au cond. V. littérature ex. 1.
B. —[Valeurs modales relatives au savoir et aux connaissances]
1. [Éventualité] Synon. risquer de, il est possible que. Ma mère commença à croire que Putois pouvait bien exister, et qu'elle pouvait bien n'avoir pas menti (A. FRANCE, Putois, 1904, p.76). Attention au coeur! répète le médecin chaque soir (...), le coeur peut flancher (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1353).
— Empl. impers. Il peut se faire, arriver que + subj. Il pouvait y avoir d'autres notes du même genre, et il était inutile que Jacques les trouvât (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1324).
— Empl. pronom. impers. Il se peut que. C'est possible. Ce sont des contes, et vous-même, monsieur, vous êtes fabuleux. —Que je le sois devenu dans la suite des âges, il se peut (A. FRANCE, Jard. Épicure, 1895, p.176).
♦Fam. Ça se peut. C'est possible, probable. Synon. peut-être. On a tendu d'un arbre à l'autre une corde pour vous barrer le passage (...) —Ça se pourrait bien, dit le brigadier (BALZAC, Tén. affaire, 1841, p.146).
2. [Approximation] La comtesse peut avoir vingt-sept ou vingt-huit ans, impossible d'être plus jolie, plus adorable (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.86).
3. [Présentation d'une hyp., dans un ouvrage didact.]
— [Seule une possibilité de choix est exprimée, l'ensemble des possibilités étant présupposé] On pourra par exemple/notamment + inf. Au XVIIe siècle Fénelon pouvait écrire que le plus grand miracle de la divinité était d'avoir pu mêler en nous la grossièreté de la matière et la spiritualité de l'âme (WARCOLLIER, Télépathie, 1921, p.310).
— [Présentation de deux hyp.] Un animal domestique peut devenir bon ou méchant, franc ou sournois, fin ou stupide, non seulement suivant les leçons que lui donne son maître, mais selon ce qu'est son maître (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1575).
— [Dans un cont. d'oppos.] Contrairement à ce qu'on pouvait penser; on aurait pu croire... mais /or/en réalité... J'écoute à la radio, six fois par jour, les mêmes nouvelles que déjà j'avais lues dans le journal du matin, comme si mon attentive impatience pouvait hâter les événements (GIDE, Journal, 1944, p.276).
— [Dans une formule d'atténuation au sens de il est possible que] On peut établir..., on ne peut plus admettre que..., enfin on peut signaler... Je pourrais dire que ce fut une loyauté de ma part, ce conseil donné au marquis de laisser Mme de Jussat heureuse à Paris (BOURGET, Disciple, 1889, p.183).
♦En incise. Si l'on peut dire, si je puis dire. Synon. pour ainsi dire (v. dire1). Des êtres sonores indiscutables, remplissant tout l'espace, —tout l'abîme pourrait-on dire —entre l'explicite musical et l'explicite dramatique (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.145).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Ind. prés.: je peux ou je puis (quand je suit le verbe toujours puis-je: puis-je vous aider?), tu peux, il peut, nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent; imp.: je pouvais; passé simple: je pus, nous pûmes, vous pûtes (rare), ils purent; fut.: je pourrai; cond. prés.: je pourrais; subj. prés.: que je puisse, que nous puissions; subj. imp.: que je pusse, qu'il pût, que nous pussions; part. prés.: pouvant; part. passé: pu (sans fém.); pas d'impér. La forme puis remplace peux, à la 1re pers. du sing., toujours en forme interr., souvent dans la lang. soutenue à la forme affirm., nég. Vx: il n'en puit plus (CLAUDEL, par souci d'archaïsme, v. GREV. Orth. 1962, § 1596). Étymol. et Hist.1. 842 régissant un verbe à l'inf. «avoir la force, la possibilité de» (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p.1); 2. 2e moitié Xes. avec valeur d'auxil., en sous-entendant le verbe exprimé dans l'autre partie de la phrase (St Léger, éd. J. Linskill, 40); 3. fin Xes. au subj. pour exprimer un souhait (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 513, 515); 4. ca 1050 avec verbe à l'inf. «avoir la possibilité, l'occasion de» (Alexis, éd. Chr. Storey, 546: ki ad pechét s'en pot recorder); 5. ca 1050 «avoir sujet, avoir motif de» (ibid., 478: E! gentils hom, cum dolente puis estra!); 6. ca 1150 avec adv. (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1007; al miels que il unques poeient), s'employait fréq. en a. fr. avec un adv., en partic. pour remplacer un verbe de mouvement (v. T.-L.), empl. subsistant dans les loc. adv.: n'en pouvoir mais «être à bout de forces» (dep. ca 1160, Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4390: qui mes ne puet), on ne peut mieux (dep. ca 1485, Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 45436) ou adj. on ne peut plus + adj. (1768, DIDEROT, Salon de 1767, pp.87-88); 7. ca 1160 impers. (Enéas, 1064: molt me torne a grant contraire Que morz ne soi, se il puet faire), v. aussi peut-être. Du lat. pop. potere, réfection du lat. class. posse d'apr. les formes à rad. en pot-: potest, potui, potens. Bbg. ANSCOMBRE (J.-Cl.). Voulez-vous dériver avec moi? Communications. 1980, n° 32, pp.96-100. — BLUMENTHAL (P.). Imperfekt und Perfekt der frz. Modalverben. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t.86, pp.26-39. — BRYANT (W. H.). Unequivocal passé composé/imparfait contexts for falloir and pouvoir Fr. R. 1980, t.53, pp.514-524. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.154-157. — MOIGNET (G.). Syst. de la lang. fr. Paris, 1981, p.276. — MULLER (Ch.). Les verbes les plus fréquents du fr. Fr. Monde. 1974, n° 103, pp.14-17. — PERRET (D.). À propos du verbe pouvoir et de certains de ses compl. Cah. Lexicol. 1973, n° 23, pp.35-50; Les verbes pouvoir et vouloir ds les énoncés de prop. Lang. fr. 1974, n° 21, pp.106-121. — POTTIER (B.). Sur la formulation des modalités en linguistique. Langages. Paris. 1976, n° 43, pp.39-46. — QUEM. DDL t.19. — ROULET (E.). Modalité et illocution: pouvoir et devoir. Communications. 1980, n° 32, pp.216-239; Des modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Sauss. 1979, n° 33, pp.50-58. — SCHNUR (M.). Das d. und das frz. System der modalen Hilfsverben. Z. rom. Philol. 1977, t.93, pp.276-293. — SUEUR (J.-P.) À propos des restrictions de sélection: les inf. devoir et pouvoir. Ling. Investig. 1977, t.1, pp.375-409; Une Analyse sém. des verbes devoir et pouvoir. Fr. Mod. 1979, t.47, pp.97-120; Quantificateurs et modalités. Langages. 1977, n° 48, pp.84-98. — TODOROV (Ch.). La Hiérarchie des liens ds le récit. Semiotica. 1971, t.3, n° 2, pp.121-139. — VIDALENC (J.-P.). Pouvoir, can, may. Contrastes. 1981, n° 2, pp.55-62.
II.
⇒POUVOIR2, subst. masc.
I. —[Pouvoir (de qqn)]
A. —Capacité naturelle (qualités inhérentes au sujet de l'action) et possibilité matérielle (dépendant de certaines conditions) d'accomplir une action. Synon. aptitude, faculté, possibilité. Cette notion du mérite (...) nous mène à concevoir une certaine quantité du pouvoir d'être cause première que nous supposons et que nous prêtons à quelqu'un (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.34). V. agir ex. 35:
• 1. Wazemmes a l'impression qu'avec un petit effort, il pourrait exercer certains de ces pouvoirs que nous possédons si facilement en rêve. Par exemple, il pourrait quitter le sol, et s'élever en planant le long des jardins...
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.298.
— Qqc. est en mon/son... pouvoir, au pouvoir de qqn. Être dans ses possibilités, parmi les choses qu'il est en mesure d'accomplir. Il n'est pas au pouvoir d'un homme de lettres de n'être qu'un amuseur de la foule (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p.190). Un homme (...) allant dans notre littérature aux oeuvres d'hommes s'efforçant d'apporter, autant qu'il était en leur pouvoir, des qualités semblables (GONCOURT, Journal, 1888, p.886).
— De tout mon/son... pouvoir. De toutes mes/ses... forces. Mousquet: Cher docteur, je serais (...) un misérable si je ne vous aidais pas de tout mon pouvoir (ROMAINS, Knock, 1923, II, 3, p.11).
SYNT. Pouvoir étendu; pouvoir d'absorption, d'adaptation, d'attraction, de concentration, d'expression, d'influence.
— Absol. Notre savoir tend vers le pouvoir, et s'écarte d'une contemplation coordonnée des choses (VALÉRY, Variété [I], 1924, p.134).
B. —Capacité de produire un effet, possibilité d'action sur quelqu'un ou sur quelque chose. Synon. ascendant, autorité, empire, influence. Pouvoir diabolique, irrésistible, magique, magnétique, mystérieux, occulte, secret, sans bornes, sans limites; pouvoir de fascination, de séduction. Le comique, le rire, est le dernier pouvoir qui reste à un homme sur un autre (STENDHAL, Journal, 1805, p.231). V. abstraction ex. 9:
• 2. Devant l'enfant malade, les disciplines se relâchent: bien vite il en a conscience, se satisfait de cette passivité choyée où il tient en mains son entourage (...). Ce pouvoir de l'homme sur son propre corps est encore peu connu...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p.222.
— Au plur. Pouvoirs extraordinaires, surnaturels.
— OCCULT., PARAPSYCHOL. Votre article sur le pouvoir «psy» (...): Il faut préciser qu'il n'existe pas de cure psychanalytique au rythme de deux fois par semaine; il s'agit, à ce rythme, d'une psychothérapie (Le Point, 31 mars 1980, p.5, col. 2). OVNI, lévitation, télépathie, secrets des pyramides aztèques, pouvoirs supra-normaux des lamas tibétains: tout ce qui fait rêver est à la mode, aujourd'hui comme hier (Le Monde dimanche, 12 oct. 1980, p.XVII, col. 2).
— [P. méton., en parlant d'un attribut, d'une faculté de l'homme] Le pouvoir de l'imagination, de l'esprit, des sens; le pouvoir des charmes, des yeux de qqn. Elle tourna vers lui son bel oeil velouté, plein d'une coquetterie maternelle dont il avait oublié depuis bien longtemps le féminin pouvoir (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p.109). Pour qui a oublié le pouvoir communicatif et le mimétisme magique d'un geste, le théâtre peut le lui réapprendre (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.97).
C. —Droit, autorisation de faire quelque chose.
1. Faculté légale ou morale de poser certains actes. Synon. droit3. Da Silva: Et qui m'en empêchera (...) Le docteur: Moi, monsieur (...) en vertu de mon pouvoir de médecin (DUMAS père, Darlington, 1832, prol., 5, p.16). V. liberté ex. 3:
• 3. Un autre effet de ce pouvoir du juge était de faire entièrement dépendre de son appréciation jusqu'à la qualification de l'acte criminel, qui, par conséquent, était elle-même indéterminée.
DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.63.
— Avoir pouvoir de + inf. Je marchais (...) en proie à des passions puissantes que Dieu seul avait eu pouvoir de mater (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.267).
2. Spécialement
a) DR., FIN. Capacité légale ou conventionnelle à agir pour le compte d'une autre personne. DR. CIVIL. ,,Prérogative permettant à une personne de gouverner une autre personne publique ou privée (mandats politiques, autorité parentale, tutelle) ou de gérer les biens d'une autre personne pour le compte de celle-ci (dirigeants de sociétés, représentation légale, judiciaire ou contractuelle)`` (RÉAU-ROND. 1951). PROCÉDURE CIVILE. ,,Aptitude à agir en justice au nom et pour le compte soit d'une personne morale, soit d'une personne atteinte d'incapacité d'exercice`` (RÉAU-ROND. 1951). Donner pouvoir à qqn. Fabrice: Une dot? Fort bien! je ne veux pas discuter sur le mot (...) Veuillez fixer le prix de votre marchandise. Annibal: Elle est un peu timide et m'a passé pouvoir (AUGIER, Aventur., 1848, p.255).
♦Au plur., rare. Lorsque vous viendrez à Paris, il faudra que nous buvions un litre ou deux, et, d'après mes observations, je vous donnerai mes pouvoirs pour un panier de Larose (MÉRIMÉE, Lettres Fr. Michel, 1852, p.60).
— Plein(s) pouvoir(s). Donner plein(s) pouvoir(s) à qqn. Synon. donner carte blanche, donner blanc-seing. Celui qui (...) affronterait dans les éclairs le dragon de l'Hospitalet... qui, quatre heures plus tard, l'ayant vaincu, déciderait en toute liberté, ayant pleins pouvoirs, le détour par la mer ou l'assaut direct des massifs d'Alcoy (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.146).
— Fondé de pouvoir(s). V. fondé III.
b) P. méton., DR. CIVIL, souvent au plur. ,,Document signé par une personne par lequel elle donne à une autre la possibilité de la représenter juridiquement`` (BARR. 1974). Synon. procuration. Vérification des pouvoirs; signer un pouvoir. [Bois-Doré] avait déclaré aux agents de la prévôté, qui lui exhibaient leurs pouvoirs en bonne forme, que madame de Beuvre était sortie à cheval avec son fils (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.2, 1857, p.211):
• 4. LE VICE-ROI: Vous êtes l'envoyé du sieur Ochiali? DONA PROUHÈZE: Sa femme et son envoyé. Voici mes pouvoirs. Elle lui remet un papier qu'il passe sans le lire à un officier derrière lui.
CLAUDEL, Soulier, 1944, 2e part., 9, p.1075.
— Bon pour pouvoir. Formule conférant ce droit, qui se place avant la signature, dans certains actes. La signature du mandant doit être précédée des mots «Bon pour pouvoir» (BARR. 1974).
c) DR. CANON. ,,Capacité et droit d'exercer une fonction dans l'Église, au titre de l'ordre, du magistère, de la juridiction`` (Foi t.1 1968). Pouvoir d'entendre les confessions. Reçois le livre des épîtres avec le pouvoir de lire dans la sainte Église pour les vivants comme pour les morts (...). J'étais sous-diacre (BILLY, Introïbo, 1939, p.137).
— Au plur. C'est à ceux-ci [deux vicaires capitulaires] en l'absence d'évêque (...) qu'avaient été délégués les pouvoirs de la crosse (TOULET, J. fille verte, 1918, p.241). Par décision de Monseigneur l'Évêque, la Juridiction «ad audiendas confessiones» est accordée aux prêtres du diocèse aussitôt après l'Ordination Sacerdotale, et «usque ad revocationem» par le moyen des Feuilles de pouvoirs (Notre Église, B. bimens. de la communauté diocésaine de Nancy et de Toul, 18 mars 1985, n° 5, p.176).
D. —1. Autorité, puissance que détient une personne, moyens d'action de quelqu'un sur quelqu'un ou sur quelque chose. Pouvoir politique, économique; pouvoir paternel, patronal, politico-religieux, politico-syndical, directorial; (pol.) pouvoir de décision, de dissuasion. Ce mariage se ferait. J'en fus satisfait intérieurement; cet établissement honnête ôtait Sara du pouvoir de sa mère (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.89). Waldorf: (...) Il a en tout cas le pouvoir de nous mettre en prison, et nous sommes sur la liste (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, II, 4, p.94). Le cas le plus simple est celui où la profession choisie satisfait directement une structure fondamentale de la personnalité, formée autour d'une tendance dominante ou sublimée. Certaines filiations sont évidentes: de l'autoritarisme au goût du pouvoir, de l'introversion aux vocations intellectuelles, etc. (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.91).
— Pouvoir intellectuel. Fictions freudiennes par Octave Mannoni (...) Comment s'en tirer, quand le pouvoir intellectuel est au bout du concept, quand le terrorisme de la théorie psychanalytique (...) monte une garde hargneuse au pied de toutes les interprétations? (Le Nouvel Observateur, 10 juill. 1978, p.61, col. 2).
— Avoir qqn, qqc. en son pouvoir. Avoir à sa disposition. (Dict.XIXe et XXes.). En partic. Avoir qqc. en son pouvoir. Posséder (Dict.XIXe et XXes.).
— Être, tomber au pouvoir de qqn, en son pouvoir. Être, tomber sous la domination de quelqu'un. Toujours tu as contredit mes voeux. Puis, arrachant la morte à son lit de repos, il la presse dans ses bras (...) —Maintenant elle est en mon pouvoir! (A. FRANCE, Vie littér., 1891, p.15). Et moi j'ai cru que ce monde était à eux. Je n'ai pas compris qu'ils en étaient les choses et qu'en fait, partager leurs pensées n'avait été pour moi qu'une façon de tomber en leur pouvoir (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p.151).
— Femme en pouvoir de mari (vieilli). Femme qui ne peut rien faire sans l'autorisation de son mari. Les Agnès, une fois en pouvoir de mari, Sont sujettes, dit-on, à prendre de l'esprit (AUGIER, Homme de bien, 1845, p.95).
2. En partic.
a) Puissance politique qui gouverne un État ou un groupe social, autorité à laquelle est soumis chaque citoyen. Pouvoir absolu, autocratique, souverain, suprême, oppresseur, tyrannique, faible, fort, efficace; pouvoir des rois; pouvoir divin, domestique, royal, représentatif; pouvoir établi; les avenues du pouvoir. Aussi le ministre de l'intérieur a-t-il donné à plusieurs reprises à ses préfets l'instruction formelle de s'opposer de tout leur pouvoir à ce rattachement des services de voirie locale à la voirie nationale (CHARDON, Trav. publ., 1904, p.114). Au fur et à mesure que le pouvoir fédéral américain accentue son influence sur la vie de l'ensemble du pays (par exemple pour les affaires raciales ou pour l'urbanisme) ses relations avec le Congrès, et notamment avec le Sénat, se font plus fréquemment délicates (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.19).
♦Absol. [Parfois avec majuscule, p.ell. de politique ou exécutif] ,,Organisme ministériel, plus ou moins personnifié, à qui incombe la charge de gouverner la cité sans dépendre d'une autorité supérieure`` (FOULQ. Sc. soc. 1978). Agent, dépositaire du pouvoir; bornes, limites du pouvoir; aspirer, accéder, parvenir au pouvoir; s'emparer du pouvoir; prendre, saisir, exercer, usurper le pouvoir; partage du pouvoir; abus, excès de pouvoir. Au lieu d'une noblesse héréditaire, tu as une aristocratie de fonctionnaires nommés par le pouvoir (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p.175).
— Pouvoir spirituel. ,,Celui de l'Église: il s'étend à tout ce qui concerne la foi et la conscience`` (MARCEL 1938). Le siècle de Louis XIV offre le spectacle d'une réunion achevée du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Plus généralement, l'ancien régime monarchique possédait une institution spécialisée du pouvoir spirituel qui était l'Église (NIZAN, Chiens garde, 1932, p.179).
— Pouvoir temporel, pouvoir civil. Gouvernement civil d'un État. Les conditions de la paix! Il n'y en a qu'une: c'est la supériorité définitive du pouvoir civil sur l'Église catholique (CLEMENCEAU, 1889 ds Fondateurs 3e Républ., p.192). Le terme Anglican (...) au Moyen-Âge (...) a servi, dans son usage ecclésiastique, à affirmer vis-à-vis de l'autorité romaine les droits du pouvoir temporel (Philos., Relig., 1957, p.5-11).
— Pouvoir temporel du Pape, des Papes. ,,Pouvoir qui a consisté, du VIIIe siècle à 1870, dans la possession et le gouvernement des États pontificaux. Depuis 1870, il se confond avec la capacité juridique des Papes de nouer des relations officielles, au nom de l'Église catholique, avec la plupart des gouvernements`` (Foi t.1 1968); celui que le pape exerce sur l'État du Vatican. Ils réclamaient (...) le retour de l'Église à cette vie évangélique qui ne connut ni le pouvoir temporel des papes, ni les richesses des prêtres (A. FRANCE, J. d'Arc, t.2, 1908, p.124).
b) Vx. [Suivi d'un adj. qualifiant la nature, la forme] Forme de gouvernement, régime politique. Pouvoir démocratique, oligarchique, parlementaire. Ils ont voté contre le rétablissement de ce pouvoir aristocratique et usé qu'on appelait la pairie (Annuaire de la Meurthe, 1850 ds Doc. hist. contemp., p.196).
3. DR. et lang. usuelle. ,,Fonction juridiquement distincte de l'État, incarnée dans un organe séparé`` (CAP. 1936). Exercer un pouvoir, des pouvoirs; être investi d'un pouvoir, de pouvoirs; abus, excès de pouvoir. Des péripatéticiennes (...) parfaitement renseignées sur le pouvoir de tel ministre ou le crédit bancaire de tel diplomate (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.167).
— Pleins(-)pouvoirs. V. plein I C 1 b dr.
— Conférer un pouvoir, des pouvoirs à qqn. V. conférer2.
a) DR. CONSTIT.
♦Pouvoir exécutif. ,,Pouvoir reconnu au Chef de l'État et du gouvernement consistant à assurer l'exécution des lois et à promouvoir la politique générale du pays`` (BARR. 1974).
♦Pouvoir législatif. ,,Pouvoir exercé par les assemblées parlementaires et consistant à élaborer et voter les lois`` (BARR. 1974). V. législatif ex. 1.
♦Pouvoir judiciaire. ,,Fonction reconnue aux tribunaux de juger les contestations juridiques et de réprimer les infractions à la loi`` (BARR. 1974):
• 5. ... Montesquieu en gardant le nom de «puissance législative» à la première appelle la seconde simplement «puissance exécutrice», la troisième «puissance de juger». Dans le vocabulaire moderne, ces trois termes sont devenus les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
VEDEL, Dr. constit., 1949, p.18.
♦Les trois pouvoirs. La définition des trois pouvoirs donnés par Montesquieu est généralement acceptée. Mais l'argument qu'il invoqua pour leur séparation rigide peut paraître erronée aux Anglais, qui ont l'habitude d'être gouvernés par le pouvoir exécutif à travers le Parlement (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p.13).
♦P. anal. Quatrième pouvoir. La presse et les médias audiovisuels. (Le) «quatrième pouvoir» qui aurait tendance à se substituer aux pouvoirs démocratiques traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire) au point de se constituer en contre-pouvoir (Le Nouvel Observateur, 28 août 1987, p.57).
♦Confusion des pouvoirs. V. confusion A 1 a.
♦Séparation des pouvoirs. Principe, exprimé par Montesquieu et reconnu dans la constitution de 1791, qui consiste à séparer les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire de telle manière qu'ils soient indépendants les uns des autres (d'apr. Jur. 1971). La séparation des pouvoirs postule l'indépendance du pouvoir judiciaire par rapport aux deux pouvoirs précédents, les tribunaux ne devant être subordonnés qu'à la Loi (BRANC. Écon. 1978).
♦Pouvoir politique. ,,Pouvoir exercé par ceux qui ont la charge des affaires publiques dans le cadre de la commune, du département, de la région, de l'État`` (BARR. 1974). Marx (...) a appliqué sa doctrine de lutte des classes jusque dans sa théorie du pouvoir politique et de l'État (LÉNINE, État et révol., 1933, p.462).
♦Pouvoir constituant. ,,Pouvoir qualifié pour établir et modifier la constitution`` (Jur. 1971). Une constitution sage doit fixer des époques où le peuple nommera des représentans, revêtus du pouvoir constituant, pour l'examiner et la revoir (ROBESP., Discours, Contre veto, t.6, 1789, p.94).
♦Pouvoir réglementaire.
♦Pouvoirs exceptionnels. ,,Pouvoirs renforcés reconnus au Président de la République par la constitution de 1958 (art. 16) en cas de circonstances particulièrement graves`` (Jur. 1981). Le Président de la République peut (...) recourir en période de crise à la mise en oeuvre de pouvoirs exceptionnels (article 16) (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.33).
♦Pouvoir personnel. C'est la confrontation extraordinaire —du pouvoir établi et du pouvoir personnel —qui s'établit (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1898, p.338).
b) DR. ADMIN. Pouvoir discrétionnaire; pouvoir hiérarchique (v. hiérarchique B).
— Pouvoir disciplinaire (dr. admin., dr. comm., dr. du travail). ,,Compétence reconnue à une personne d'infliger des sanctions à d'autres personnes qui ont commis une faute professionnelle`` (BARR. 1974). 27 mai 1952. Les modifications les plus importantes sont les suivantes: I Les pouvoirs disciplinaires du Président et de l'Assemblée Nationale (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p.292).
4. a) Gouvernement, organes administratifs et p.méton. personnes exerçant une autorité politique au sein de ces organes. Pouvoir central (v. central I B 3 a ex. de Perroux), municipal. Les journaux du parti le plus avancé, ceux du gouvernement de Berne, ceux de M. Fazy, ceux du pouvoir cantonal de Vaud (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p.114).
♦Absol. [Paris] ne rêve que barricades, Défis au pouvoir, embuscades (POMMIER, Paris, 1866, p.32). Il avait dénoncé les abus, alerté les pouvoirs (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.884).
— Au plur. Pouvoirs constitués. Laisser aux pouvoirs constitués la faculté de perfectionner l'acte qui détermine leurs attributions et qui fixe leurs rapports réciproques (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p.111). Ici, vous développerez les idées de (...) soumission si nécessaire aux pouvoirs établis, que j'ai déjà exprimées dans mes précédents mandements (A. FRANCE, Orme, 1897, p.6).
♦DR. ADMIN. Pouvoirs publics. ,,Ensemble des autorités dont la fonction consiste à imposer des règles et à donner des ordres aux citoyens`` (BARR. 1974). Les ressources amassées par les pouvoirs publics pour venir régulièrement, administrativement au secours des différentes misères (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p.61).
b) Au plur. Droits d'exercer certaines fonctions et prérogatives attachées à ces droits. Synon. attributions. Pouvoirs d'un ambassadeur, d'un préfet. Quand on lui reprocha sa perquisition illégale chez le colonel Picquart, il n'eut qu'une réponse: «Je n'ai pas excédé mes pouvoirs de magistrat» (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.195).
II. —[Pouvoir (de qqc.)]
A. —1. Faculté naturelle de produire un effet. La publicité possède un pouvoir très actif d'éducation de l'oeil (Civilis. écr., 1939, p.614).
2. Possibilité d'action, influence sur les personnes ou sur les choses. Pouvoir de l'argent, de l'or, des mots, des nombres, de la musique; pouvoir magique. Assis sur l'herbe ensoleillée, il regardait glisser la rivière. L'eau courante a, comme la musique, le doux pouvoir de transformer la tristesse en mélancolie (MAUROIS, Ariel, 1923, p.9).
B. —Spécialement
1. ÉCONOMIE
— Pouvoir d'achat. V. achat I C.
— Pouvoir libératoire. ,,Pour une pièce de monnaie, montant maximal susceptible d'être accepté en paiement`` (PHÉL. 1975). Seules les monnaies à cours légal ont un pouvoir libératoire (Banque 1963).
2. SC. [Suivi d'un adj. ou plus rarement d'un compl. déterm., désignant la nature, le siège ou le domaine d'application de l'effet produit] Propriété intrinsèque d'un corps, d'une substance, ou capacité d'un appareil à produire tel effet dans certaines conditions matérielles définies; en partic., propriété quantitative, rapport, coefficient. La résine éclatante, dont le pouvoir éclairant s'accrut encore par la rapidité de sa chute, illumina l'intérieur du puits (VERNE, Île myst., 1874, p.166). Mais depuis quelque temps les paroles concernant Albertine, comme un poison évaporé, n'avaient plus leur pouvoir toxique (PROUST, Fugit., 1922, p.602).
♦Pouvoir absorbant d'un milieu. ,,Aptitude du milieu à recevoir et à fixer l'énergie portée par un rayonnement`` (LAITIER 1969). On peut (...) accroître (...) [le] pouvoir absorbant [des puits artésiens], en faisant détoner au fond (...) une charge de dynamite (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p.233).
♦Pouvoir calorifique. ,,Quantité de chaleur que peut fournir 1 kg d'un combustible solide ou liquide ou 1 m3 d'un combustible gazeux`` (LAITIER 1969). L'énergie apportée par l'alcool au travail musculaire, à jeun, est inférieure à celle d'une substance alimentaire d'un pouvoir calorifique égal à l'alcool consommé (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.265).
♦Pouvoir dispersif. ,,Coefficient affecté au milieu réfringent dont est constitué un prisme, caractérisant son aptitude à donner un spectre étalé`` (LAITIER 1969).
♦Pouvoir d'échange. ,,Capacité d'un échangeur d'ions de céder un de ses ions, exprimée en équivalents électrochimiques`` (Méd. Biol. t.3 1972).
♦Pouvoir émissif. ,,Énergie rayonnée par un corps, par unité d'aire et par unité de temps`` (Méd. Biol. t.3 1972). [Avec des filaments de lampe à oxydes alcalino-terreux] le pouvoir émissif est énorme. On arrive à des courants de saturation (...) [élevés] par watt de chauffage (J. MERCIER, Radio-électr., t.1, 1937, p.134).
♦Pouvoir inducteur spécifique. ,,Constante caractérisant un isolant (ou diélectrique)`` (LAITIER 1969). Synon. constante diélectrique, (facteur de) permittivité. [Les] opérations lentes à l'aide desquelles on détermine le pouvoir inducteur spécifique (H. POINCARÉ, Électr. et opt., 1901, p.164).
♦Pouvoir ionisant. ,,Aptitude d'un rayonnement à provoquer la naissance d'ions dans un milieu déterminé`` (LAITIER 1969). Le pouvoir ionisant de chaque radiation changera avec la fréquence de cette dernière (M. DE BROGLIE, Rayons X, 1922, p.118).
♦Pouvoir réflecteur; pouvoir réfringent; pouvoir de résolution, résolutif (synon. de pouvoir séparateur); pouvoir rotatoire; pouvoir séparateur. Pouvoir tampon.
— BOT. Pouvoir germinatif. V. germinatif A.
— BRASS. Pouvoir fermentaire, pouvoir ferment. ,,Dans le cas d'une culture de levure, le pouvoir fermentaire correspond au rapport «quantité de sucre consommé/quantité de levure produite»`` (ADR.-LEG. 1981). On désigne sous le nom de pouvoir ferment d'une levure le rapport S/L de la quantité S de sucre consommé à la quantité L de levure produite (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p.399).
— PHYSIOL. Pouvoir de mensuration de l'oeil. ,,Faculté de l'oeil d'apprécier l'égalité ou l'inégalité de deux longueurs`` (Méd. Biol. t.3 1972).
— MÉDECINE
♦Pouvoir infectieux. ,,Capacité plus ou moins grande d'un virus animal de provoquer une infection (...); capacité d'une particule (ou d'un type) de bactériophage de se reproduire lorsqu'elle est mise en présence de bactéries sensibles`` (Méd. Biol. t.3 1972).
♦Pouvoir pathogène. ,,Capacité d'un agent infectieux de causer la maladie chez un hôte réceptif`` (Méd. Biol. t.3 1972).
— CHIM. Pouvoir solvant. Mesure du volume de diluant nécessaire pour produire un commencement de précipitation dans un collodion de nitrocellulose (ou autre) de concentration connue. Rapport du volume de diluant ajouté à celui du solvant (d'apr. DELORME 1962).
— INDUSTR., TECHNOL.
♦Pouvoir colorant (d'une matière colorante). ,,Aptitude d'une substance colorée à communiquer à une peinture (ou à des préparations assimilées) ou à un mélange de substances colorées, une couleur voisine de sa couleur propre`` (Peint. 1978). [Dans la fabrication des couleurs] La première opération de précipitation conduit à une couleur pure (...) [d'un] pouvoir colorant (...) souvent très intense (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p.63).
♦Pouvoir couvrant (d'une peinture ou d'un vernis). Propriété qu'a une peinture, un vernis de protéger une matière lorsqu'elle la revêt. On doit (...) rechercher spécialement le pouvoir couvrant [d'une peinture] par examen de la pellicule sur verre (GUILLEMIN, Constr., calcul et essai avions, 1929, p.36).
REM. Contre-pouvoir, subst. masc. Le nouveau syndicat [polonais], même s'il se garde de se présenter comme un parti politique, s'est réservé le droit de se prononcer sur tous les chapitres décisifs de la vie nationale, et il se présente de ce fait comme un contre-pouvoir capable de conditionner et de contrôler le P-O-U-P (Parti ouvrier unifié polonais) (Le Nouvel Observateur, 6 sept. 1980, p.32, col. 1).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 842 podir «faculté qui met quelqu'un en état de faire quelque chose» (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p.1); b) ca 1140 aveir poeir de + inf. (GEOFFROY GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4088: Deu ... ki poeir ad de li garir); 2. ca 1150 être de grant poeir «être très puissant» (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1227); 3. 1155 a mon pöeir «de mon mieux» (ID., Brut, éd. I. Arnold, 6402); 4. 1208 donner plein pouvoir (VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 11, t.1, p.14); 5. 1re moit. XIIIes. «empire que l'on exerce sur quelqu'un» (Livre des Macchabées, éd. E. Goerlich, I, 10, 70: Tu as poaier sur nos); 6. ca 1320 «propriété que possède une chose» (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre IV, 2220); 7. a) ca 1485 pouvoir imperial (Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35415); b) 1734 pouvoir législatif (DUBOS, Hist. crit. etabl. Monarchie, p.40); c) 1768 pouvoir spirituel (de l'église d'Alexandrie) (LINGUET, Hist. impart. des Jésuites, p.72). Inf. subst., v. pouvoir1.
STAT. —Pouvoir1 et 2. Fréq. abs. littér.:248547. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 382590, b) 297360; XXes.: a) 314623, b) 380774. Bbg. DUB. Pol. 1962, pp.382-383. —Peuple et pouvoir:ét. de lexicol. pol. Par J.-P. Beaujot, P. Conein, G. Gayot, M. Glatigny. Lille, 1981, 196 p.—PUCHEU (R.). Peut-on être cadre? Fr. Monde. 1972, n° 90, pp.42-43. —QUEM. DDL t.11, 22, 26. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp.291-292.
1. pouvoir [puvwaʀ] v. tr.
CONJUG. je peux ou je puis (mais toujours puis-je, interrog.); tu peux, il peut, nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent; je pouvais; je pus, nous pûmes, vous pûtes, ils purent; je pourrai; je pourrais; pas d'impér.; que je puisse, que nous puissions; que je pusse, qu'il pût, que nous pussions; pouvant, pu (invar.).
ÉTYM. 1440; poeir, pooir, povoir en anc. franç.; pod(e)ir, 842; d'un lat. pop. potere, class. posse d'après les formes à rad. pot-, comme potui, poteram.
REM. 1. À la première personne du singulier de l'indicatif, la forme je puis, plus ancienne, est archaïque ou un peu affectée (sauf dans l'interrogation). → Accusation, cit. 5; heure, cit. 89; journée, cit. 3… Il arrive qu'on emploie je puis pour éviter la répétition de je peux.
1 Certes je ne voulais pas cela. Elle m'y a forcé, je peux le dire. Je crois bien que je puis le dire.
Henri Michaux, La nuit remue, p. 9.
2. Le participe passé pu reste toujours invariable.
❖
———
I (Le compl. est un inf.). « Auxiliaire d'aspect », servant à exprimer la modalité du possible (⇒ Possibilité) avec diverses extensions (déjà présentes en ancien français) telles que la permission, l'hypothèse, le souhait… — REM. Pouvoir est (avec savoir, vouloir) l'un des verbes pour lesquels ne, employé seul, suffit à exprimer la négation. Je ne peux, on ne pourrait…
1 Avoir la possibilité de, être capable, en mesure de… (en raison des qualités de la personne ou de la chose, ou en raison des moyens offerts par les circonstances). ⇒ Capable, état (en état de), même (à même de), mesure (en mesure de), situation (en situation de), susceptible. — (Sujet n. de personne). || Pouvoir porter, lancer (→ Argonaute, cit.; brancher, cit. 3) qqch., en avoir la possibilité physique. || Cet enfant ne peut pas encore marcher, parler. ⇒ Savoir. || Tu ne peux pas porter cela, attraper l'assiette là-haut…, tu es trop petit. || Il est cardiaque, il ne peut plus jouer au tennis. || Pouvoir deviner (cit. 8) des secrets. ⇒ Art (avoir l'art). || Ne pas pouvoir, ou, littér., ne pouvoir se tenir, parler (→ Ivre, cit. 2), retenir un cri (→ Démarche, cit. 1). || Ne pas pouvoir atteindre (cit. 46) au vrai, dissimuler (cit. 5) sa joie… ⇒ Incapable (être). || Pouvoir parfaitement faire… ⇒ Peine (n'être pas en). || Pouvoir à peine marcher (→ Altérer, cit. 12). || On voudrait tant pouvoir se voir de dos (→ Cambrer, cit. 3). || Qui peut savoir… ? (→ Destin, cit. 7). || Personne ne peut prévoir, ne peut dire… — ☑ Prov. La plus belle femme du monde ne peut donner (cit. 16) que ce qu'elle a. || « Je ne puis méditer qu'en marchant » (cit. 1, Rousseau). || Pouvoir faire ceci ou cela. ⇒ Choix (avoir le).
♦ Spécialt. (Surtout en phrase interrogative et exclamative). Avoir le cœur, le courage de…, en parlant d'une action blâmable, commise par insensibilité, lâcheté, indignité, etc. ⇒ Résoudre (se). || « Peux-tu voir tant de pleurs d'un œil si détaché ? » (→ 1. Détacher, cit. 28, Corneille). || « Lui (cit. 32) qui me fut si cher, et qui m'a pu trahir ! » (Racine). || Dire qu'il a pu faire une chose pareille !
2 Et vous pouvez le voir (ce billet) sans demeurer confuse
Du crime dont vers moi son style vous accuse ?
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
REM. La valeur de pouvoir varie selon la nature du verbe complément Notamment en parlant d'êtres humains, pouvoir implique que l'action visée est dans la norme de l'espèce. On ne dira guère qu'un athlète ne peut pas franchir plus de 2 m au saut en hauteur, qu'un écrivain ne peut pas écrire un chef-d'œuvre. En revanche, la notion de possibilité physique, intellectuelle, naturelle ou acquise, disparaît lorsque le verbe a des implications négatives (ex. : tout le monde peut se tromper, peut échouer).
♦ (Le verbe à l'infinitif de la proposition qui forme le contexte n'étant pas répété). || Faire qqch. comme on peut, si l'on peut, quand on peut… (→ Achever, cit. 5; caser, cit. 3; changer, cit. 63). || « Il faut, autant qu'on peut, obliger (cit. 9) tout le monde ». || Si vous pouvez (→ Détruire, cit. 38; 1. dire, cit. 106); dès que vous pourrez (→ Divers, cit. 9). || Comme ils peuvent (→ Évader, cit. 12). || Chacun se logeait (cit. 11) où il pouvait. || Le mieux, le plus, le moins que vous pourrez. ⇒ Possible (→ Arranger, cit. 7; fatiguer, cit. 4; 1. flétrir, cit. 12; foule, cit. 17; loger, cit. 9). || Du mieux (cit. 15) que vous pourrez, qu'il peut (→ Morfondre, cit. 4). || On voudrait les fixer (cit. 7), on ne peut pas. || Quand il ne pouvait plus (→ 3. Mal, cit. 29).
3 L'un fait plus qu'il ne peut, et l'autre plus qu'il n'ose.
Mathurin Régnier, Satires, X.
4 Devine, si tu peux, et choisis, si tu l'oses.
Corneille, Héraclius, IV, 4.
5 Sois belle, si tu peux, sage si tu veux (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 4.
6 J'abolis la famille et romps le mariage;
Voilà. Quant aux enfants, en feront qui pourront.
Ceux qui voudront trouver leurs pères chercheront.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Dupont et Durand ».
7 Moi je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes; je veux crier, — je ne peux pas; — je veux remuer, — je ne peux pas; — j'essaye, avec des efforts affreux, en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m'écrase et qui m'étouffe, — je ne peux pas !
Maupassant, le Horla, 25 mai.
8 C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 312.
♦ ☑ Loc. Sauve qui peut. ⇒ Sauver.
♦ ☑ Loc. adv. et adj. On ne peut mieux (cit. 10 et 11) : d'une manière excellente, parfaite. ☑ On (cit. 54) ne peut plus (cit. 48 et 48.1) : énormément, beaucoup. ☑ On ne peut moins (cit. 9) : extrêmement peu. — REM. Dans ces tours, peut reste toujours au présent.
♦ ☑ N'y pouvoir rien. || On n'y peut rien. — Régional. || N'en pouvoir rien. ⇒ Mais (il n'en peut mais). — (Sujet n. de chose). || Force (cit. 59) qui peut lever un poids. || « Inventez des ressorts qui puissent m'attacher » (cit. 31, Boileau). || Les idées a priori (cit. 2) sont celles qui ne peuvent avoir été acquises par l'expérience. || Rien ne peut arrêter (cit. 15 et 18) le temps, l'amour. || « Est nécessaire (cit. 1) ce qui ne peut être autrement ». || Si ça peut vous intéresser.
9 (…) notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.
Pascal, Pensées, II, 139.
♦ ☑ Loc. Qu'est-ce que ça peut (bien) vous faire ? : cela ne devrait pas vous concerner. || Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? (→ Lard, cit. 4).
♦ Ellipt. Archaïque. || Se pouvoir : être possible.
10 Une si magistrale aisance ne se peut qu'avec un parfait abandon aux suggestions des paroles et de leur sonorité.
Gide, Journal, 18 nov. 1929.
♦ (Vx). || Ne pouvoir ou ne pas pouvoir que… ne…, et subj. : ne pas pouvoir ne pas (faire telle ou telle chose), être incapable de ne pas…
11 (…) vous ne sauriez avoir tort (…) vous ne pouvez pas que vous n'ayez raison.
Molière, l'Avare, I, 5.
12 L'homme ne peut qu'il ne s'approprie ce qui lui semble si exactement fait pour lui qu'il le regarde malgré soi comme fait par lui…
Valéry, Variété, Situation de Baudelaire, in Œ., Pl., t. I, p. 608.
2 Avoir le droit, la permission, la possibilité selon une règle.
a (Selon le droit). || « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (cit. 18, Déclaration des droits de l'Homme). || Le mineur (→ 1. Mineur, cit. 8) peut contracter mariage dans certains cas. ⇒ Capacité. || Le tuteur ne pourra accepter (cit. 2) ni répudier une succession… || Ne peuvent se rendre adjudicataires (cit. 2)… || La femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation (cit. 2) de son mari.
b (Selon la morale). || « Une femme d'honneur peut avouer sans honte… » (→ Assaut, cit. 5, Corneille). || Je crois pouvoir… (→ Indiscrétion, cit. 7; intentionné, cit. 1). || Une action ne peut être imputée à blâme (cit. 2) lorsqu'elle est involontaire. || On ne peut quand même pas l'abandonner (cit. 8), demander (cit. 26) aux gens de faire…
c (Selon la raison). || « On ne peut affirmer (cit. 4), on peut tout supposer ». || On peut, on ne peut pas dire… (→ Adieu, cit. 14; aimer, cit. 48; arriver, cit. 57). || On pourrait même dire… (→ Apport, cit. 5). || On ne pourrait dire. ⇒ Savoir. || Si l'on peut dire (→ Art, cit. 2). || Nous pouvons définir… (→ Articulation, cit. 1). || J'aimerais pouvoir en dire autant (cit. 36)… || Sainte-Beuve pouvait se flatter de… (→ Index, cit. 9). ☑ « Comment peut-on être Persan ? » (cit. 1).
d (Selon une règle). || Peut-on dire : des œufs de canard ? (cit. 4). || On ne peut employer le conditionnel, le subjonctif dans ce cas. || On ne peut pas faire ce coup-là au jeu.
e Avoir l'autorisation de. || Les élèves internes pourront sortir jusqu'à telle heure. || Pourrais-je m'absenter demain ? || Notre ami demanda s'il ne pourrait point voir Sa Majesté et se justifier (cit. 19).
♦ Pouvoir…, pouvoir bien (en opposition avec une autre proposition introduite ou non par mais), signifie que la liberté (théorique ou pratique) de faire une chose est sans influence sur la réalité ou la possibilité qu'exprime cette autre proposition (→ Avoir beau). || Il peut bien venir me voir, je ne lui parlerai pas. || Il peut promettre tout ce qu'il voudra, on ne le croit plus.
13 Vous pouvez sur la terre avoir toute la place (…)
(…) Sire, vous pouvez prendre, à votre fantaisie,
L'Europe à Charlemagne, à Mahomet l'Asie;
Mais tu ne prendras pas demain à l'Éternel !
Hugo, les Chants du crépuscule, V, II.
♦ (Belgique; emploi critiqué). || Je ne peux pas de ma mère, à cause de, du fait de ma mère : elle ne m'en donne pas la permission.
3 (En parlant de ce qui est hypothétique, incertain, contingent). (Être) éventuellement, (être) probablement. Syn. : il se peut que… || Des hommes habiles dans l'analyse peuvent être privés d'imagination, il est possible qu'ils soient… (→ Apte, cit. 3). || L'artiste (cit. 7) peut ne faire qu'un avec l'exécutant. || Je puis avoir des illusions (→ Demander, cit. 31). || Le tyran peut n'être pas despote (cit. 3). || Je puis échouer, mais je puis réussir aussi (→ Journalier, cit. 4). — (Indiquant un futur possible). || Je puis avoir besoin de vous : j'aurai peut-être besoin de vous (→ Journée, cit. 3). — Les malheurs qui peuvent nous arriver (cit. 48). ⇒ Risquer. || Geste, qui peut paraître une dérobade (cit. 2). || La retraite aurait pu se changer en déroute (cit. 5). || « J'ignore (cit. 2) jusqu'aux lieux qui le peuvent cacher » (Racine). — (Indiquant un passé hypothétique). || J'ai bien pu me tromper : il est possible que je me sois trompé. || La marquise pouvait avoir dépassé le cap (cit. 6) de la trentaine.
4 Littér. (au subj. optatif, exprimant un souhait, un vœu). || « Puissé-je auparavant (cit. 4) fléchir leur injustice ! » (Racine); « Puissions-nous chanter sous les ombrages des arbres… ! » (cit. 12, La Fontaine). || Puissiez-vous jouir d'une meilleure santé ! (→ Mourir, cit. 23). || Puisse le ciel… || « Puisse le juste ciel dignement (cit. 1) te payer ! » (Racine). → aussi Blanc, cit. 10; distraire, cit. 10; ligne, cit. 51. || « Puissent mes destinées Vous amener à moi… ! » (→ Flot, cit. 12, Vigny).
14 puisse, aux diverses personnes, peut être considéré comme un véritable auxiliaire de souhait : Puissé-je vous suivre ! Puisses-tu dire vrai ! « Puissent tous ses voisins ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés !… Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre (…) ! » (Corneille, Horace, IV, 5).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 572.
15 Ah ! puisse mon esprit laisser tomber ses idées mortes ! comme l'arbre ses feuilles flétries !
Gide, Journal, Feuillets d'automne, 1947.
5 (Impersonnel). || Il peut, pourra, pouvait… (et inf.) : il est possible que (et subordonnée au présent, au futur, au passé). ⇒ Peut-être. || Il peut y avoir…, il ne peut pas y avoir… (→ Accessoire, cit. 1; atome, cit. 3; milieu, cit. 22; 1. ombre, cit. 49). || Peut-il exister un terrain neutre… (→ Lisière, cit. 7). || Il pouvait être minuit quand : il était vraisemblablement, peut-être minuit; il était à peu près minuit. || Il peut, il pourra venir un temps où… (→ Alchimie, cit. 1; infini, cit. 4). || Il peut pleuvoir demain. || « Ce sont vingt mille francs (→ 3. Franc, cit. 1) qu'il m'en pourra coûter » (Molière). || Il pourrait se trouver des gens… (→ 2. Mal, cit. 7). || Il peut arriver que… || Il peut se faire que…
♦ Pron. || Il se peut, pourra, etc. — Vieilli. || Il se pouvait faire (cit. 256) que…, il se peut bien faire que… (→ Milieu, cit. 16). — ☑ Loc. Autant que faire se peut, se pourrait : autant que cela est, serait possible (→ Matineux, cit.). — (Sans compl. à l'inf.). || Il se peut, il est possible. || « Diviser chacune des difficultés (cit. 4) en autant de parcelles qu'il se pourrait » (Descartes). || S'il se peut (→ Jeu, cit. 1; oublier, cit. 6; 2. parer, cit. 5). || S'il se pouvait (→ Nécessité, cit. 14). — Il se peut que… et subj. (→ Disparition, cit.; moral, cit. 5; multiplicité, cit. 1; pensant, cit. 1). || Il se peut très bien que… (→ Lier, cit. 37). || Se peut-il que… ! (→ Attache, cit. 14; envoler, cit. 7). || Ne se peut-il que… ! (→ Névropathe, cit.). || Se pourrait-il que… ? (→ Après, cit. 11). — (Avec un démonstratif). || Lorsque cela se peut (→ Intégral, cit. 2). || Cela ne se peut (vieilli). — Cela ne se peut pas. ⇒ Impossible (→ Aller, cit. 81). Fam. || Ça se peut, je ne dis pas le contraire. || Ça se pourrait bien. || Ça se peut bien. Par plais. || Si c'est vrai, ça se peut bien.
16 Si vous étiez en pays de droit écrit, cela se pourrait faire; mais (…) dans les pays coutumiers (…) c'est ce qui ne se peut (…)
Molière, le Malade imaginaire, I, 7.
17 Comment se pourrait-il que de moi ceci vint ?
Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».
18 Tout se joue en dialogues et ceux-ci sont aussi bons qu'il se puisse.
Gide, Journal, 12 juin 1944.
19 Se peut-il que j'aie enfin un ami ?
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, II, p. 155.
20 Tu sais bien, quoi… — C'est possible, en y pensant, ça se pourrait.
J. Giono, Colline, p. 63.
♦ (Avec d'autres déterminants).
20.1 Ou bien elle aura trouvé une voiture pour l'emmener et elle n'a pas eu le temps de venir me chercher au café. À ton idée, Arsène ?
— Tout se peut.
M. Aymé, la Vouivre, p. 124.
♦ ☑ Loc. Advienne que pourra. ⇒ Advenir.
———
II (Le compl. est un pronom neutre; un indéfini).
1 (Le pronom neutre le remplaçant l'infinitif complément). || Résistez, si vous le pouvez, si vous pouvez résister. || Autant (cit. 8) qu'on le peut (→ Félibre, cit. 2). || Ils se débattirent comme ils le purent (→ Longueur, cit. 8). || Dès qu'il le put (→ 1. Marque, cit. 9).
2 (Généralement avec un pronom neutre ou indéfini). Être capable, être en mesure de faire (qqch.). || Je fais ce que je peux, j'ai fait ce que j'ai pu (→ Douter, cit. 8; ligne, cit. 37; malchance, cit. 4; offenser, cit. 8; perte, cit. 19). || Tu peux ce que tu veux (→ Haut, cit. 117). || L'homme vraiment libre (cit. 26 et 28) ne veut que ce qu'il peut. || Que peuvent tes amis… ? (→ Fragile, cit. 3). || Il ne pouvait rien (→ Destinée, cit. 20; naufrage, cit. 4; parjure, cit. 2; 1. pensée, cit. 39). — (Le compl. est un indéfini ou un adverbe). || Pouvoir qqch. || Ne rien pouvoir. || Pouvoir tout (→ Exaltation, cit. 2; méchanceté, cit. 2), beaucoup (→ Malheureux, cit. 19), bien des choses (→ Monarque, cit. 2). || Qu'est-ce que je peux, que puis-je pour vous ? — Vous pouvez beaucoup, je ne vois pas qu'ils pussent autre chose pour lui (→ Loisir, cit. 2). Par plais. || Il peut peu. — ☑ Prov. Qui peut le plus peut le moins : la réussite d'une chose difficile implique celle de ce qui est plus facile.
♦ Vieilli. (Le compl. est un syntagme nominal comportant un nom autre que chose, mais précédé par un indéfini). || Il peut bien des actions… → ci-dessous, cit. 22.
21 Un monarque a souvent des lois à s'imposer;
Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.
Corneille, Tite et Bérénice, IV, 5.
22 L'ardeur de vous revoir peut bien d'autres miracles.
Molière, Dom Garcie, III, 2.
23 Que ne peut l'amitié conduite par l'amour ?
Racine, Andromaque, III, 1.
24 L'homme avec l'or fait ce qu'il peut. Dieu avec le vent fait ce qu'il veut.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, V, V.
24.1 Promettre (…) Je ne peux pas promettre ce que je ne peux pas, dit Jean. — On peut ce qu'on veut, dit sa mère. — On peut ne pas penser ? dit Jean en souriant avec tendresse. — On peut tout ce qui ne dépend que (de) notre volonté, répondit Mme Santeuil. — Je te promets d'essayer, dit Jean.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 222.
♦ (Interrogatif ou négatif). || Pouvoir qqch à…, y pouvoir. || Qu'y puis-je ? (→ Apprêt, cit. 12). || On n'y peut rien (→ Pécher, cit. 5). || On n'y peut pas grand-chose. || Qu'est-ce que j'y peux, moi ?
25 Vous pouvez condamner un poète au silence
Et faire d'un oiseau du ciel un galérien
Mais pour lui refuser le droit d'aimer la France
Il vous faudrait savoir que vous n'y pouvez rien
Aragon, les Yeux d'Elsa, p. 51.
♦ Spécialt. || Pouvoir (qqch) sur… : avoir de l'autorité, de l'influence, quelque action sur… || « Tout ce que peut l'amour sur le cœur d'Alexandre » (→ Nouveau, cit. 10, Racine).
26 Mascarille est un fourbe et fourbe fourbissime,
Sur qui ne peuvent rien la crainte et le remords (…)
Molière, l'Étourdi, II, 4.
♦ Absolt. || Savoir, vouloir et pouvoir (→ Attribut, cit. 3). || Dieu (cit. 7), cet être qui veut et qui peut. || Le capable peut et l'habile (cit. 3) exécute. || « Savoir, c'est pouvoir » (Bacon).
27 Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
H. Estienne, les Prémices, Épigrammes, CXCI.
28 (…) c'est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir.
Pascal, Pensées, VI, 389.
29 La volonté est l'organe de la puissance. Être soi, c'est dominer. On ne veut que pour pouvoir. Puissant en énergie, je ne vis que pour être puissant en actes.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », V.
30 Pour ma part, j'ai maintes fois évoqué, avec une sorte d'horreur, ce monde futur, dominé par la biologie et la chimie (…) Tout dédramatisé : quel drame ! Plus rien de sérieux, plus rien à aimer, à respecter, à admirer, à souffrir. On ne pourra plus que pouvoir (…) Quelle misère !
Jean Rostand, l'Apocalypse, p. 225-226.
3 ☑ (XIIIe). Dans des loc. négatives, construites avec en. (Vieilli). N'en pouvoir mais (cit. 3 à 6). — ☑ Mod. N'en pouvoir plus [ply] : être dans un état d'extrême fatigue, d'épuisement total (→ Attaque, cit. 18; décrépit, cit. 1; devoir, cit. 24; 1. frais, cit. 32). Être dans un état de souffrance, de lassitude, d'abattement ou de nervosité extrême (→ Aimer, cit. 21; ardent, cit. 14; mûr, cit. 2). — Ne pas supporter un excès de plaisir. || « On n'en peut plus. On pâme. On se meurt (cit. 49) de plaisir » (Molière). — (Avec un compl. de cause introduit par de). || Je n'en pouvais plus d'essoufflement (cit. 3). || « Enfin n'en pouvant plus d'effort et de douleur » (→ 1. Bas, cit. 68). — Fam. (langue parlée). Sans ne. || Ouf !, j'en peux plus.
31 Je n'en peux plus de fatigue, adieu. Un de ces jours je me mettrai à t'écrire de meilleure heure et causerai plus longuement.
Flaubert, Correspondance, 427, 21-22 sept. 1853.
32 Il se sentait tellement las de lutter, las de frapper, las de détester, las de tout, qu'il n'en pouvait plus et tâchait d'engourdir son cœur dans l'oubli (…)
Maupassant, Pierre et Jean, IX.
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DÉR. V. Puissant.
COMP. Peut-être.
HOM. Peu. — Puis, puits. — Pus.
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2. pouvoir [puvwaʀ] n. m.
ÉTYM. 1360; podir, 842; poeir, 1130; de pouvoir, podeir, poeir, etc.
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1 Le pouvoir de… (et inf.) : le fait de pouvoir (I.) de disposer de moyens naturels ou occasionnels qui permettent une opération particulière. ⇒ Faculté (cit. 7), possibilité. || Vous appelez âme (cit. 15) un pouvoir de sentir et de penser. || L'imagination (cit. 3) est le pouvoir de se représenter les choses sensibles. || Par la grâce (cit. 35) Dieu donne à la créature « le pouvoir d'être fait enfant du Père ». || Le pouvoir de parler (→ Humanité, cit. 1), de saisir la réalité (→ Intelligence, cit. 3), de retrouver le temps perdu (cit. 63). || Le pouvoir de percer l'avenir (1. Avenir, cit. 15). ⇒ Don. || Le pouvoir d'affermir des couronnes. ⇒ Art (cit. 6). || Pouvoir d'acheter (→ Demande, cit. 6). || Le fatal (→ 1. Dire, cit. 79), l'étonnant (cit. 6), le terrible (→ Gouvernant, cit. 9), le doux (→ Mélancolie, cit. 10) pouvoir de… || Le pouvoir magique de… (→ 2. Critique, cit. 9). || Avoir le pouvoir de faire qqch : être libre (et capable) de… ⇒ Liberté. || Si j'en avais le pouvoir (→ Fossoyeur, cit. 4). ⇒ Permission. || À cause, en vertu du pouvoir de…
1 Et c'était elle, la petite Circassienne au corps aujourd'hui anéanti dans la terre, qui avait gardé le pouvoir de jeter un enchantement sur ce pays, elle qui était cause de tout, et qui, à cette heure, triomphait.
Loti, les Désenchantées, II, V.
♦ Pouvoir de (qqch). || Pouvoir d'assimilation (cit. 7), de fascination (cit. 6), de contrôle et de coordination (→ Incohérence, cit. 5), de domination (→ Narine, cit. 5). — ☑ Loc. Pouvoir d'achat (cit. 2) : ce qu'il est possible de se procurer (biens, services) avec une quantité déterminée de l'unité monétaire (⇒ Valeur; → Indice, cit. 14; et aussi monnaie, cit. 8).
♦ Capacité d'action (qualifié par un adj.). || Pouvoir coercitif. || Doué du pouvoir créateur (→ Impersonnalité, cit. 3). || Pouvoirs déformants de la poésie (→ Héroïque, cit. 2).
♦ (Qualifié par un compl. de n.). || Un pouvoir de…, de créer, de susciter (ce que désigne le complément).
2 Il y a dans toute musique un pouvoir d'ivresse.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 198.
♦ (Introduit par en, à…). || Cela n'est pas en mon pouvoir, parmi les choses que je peux faire. ⇒ Ressort. || Les secours qu'il sera en mon pouvoir de lui fournir. ⇒ Permettre (→ Marchander, cit. 9). || Ce qu'il est au pouvoir de qqn d'accomplir.
3 Quoi que désormais puisse entreprendre un rival,
Il n'est plus en pouvoir de me faire du mal.
Molière, l'Étourdi, II, 7.
♦ Être hors du pouvoir de qqn, au-dessus de son pouvoir.
4 (…) il entreprend au-dessus de son pouvoir (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 141.
♦ (Au plur., l'opération permise par tel ou tel pouvoir n'étant pas précisément exprimée). || Les dieux (cit. 12) confèrent au culte des primitifs des pouvoirs utiles. || Des pouvoirs surnaturels (→ Fétichisme, cit. 2), extraordinaires (→ Enflammer, cit. 9). || Masques (→ 1. Masque, cit. 3) nègres chargés de pouvoirs.
2 Spécialt. a (XIIIe). Dr. Capacité légale de faire une chose. ⇒ 3. Droit (→ Amiable, cit. 2). || Un interdit n'a pas pouvoir de tester. — « Aptitude légale ou constitutionnelle à exercer tout ou partie des droits d'une autre personne et à agir pour son compte » (Capitant). || Sous le régime de la communauté, le mari a le pouvoir d'agir pour le compte de sa femme. — (Sans compl. en de et inf.). || Pouvoir d'un tuteur, d'un mandataire (→ Mandat, cit. 2). || À défaut de pouvoir légal, de mandat ou d'habilitation (→ Habiliter, cit. 1)… || Donner pouvoir. || Il m'a donné pouvoir. ⇒ Commission, délégation, mandat, mission… || Pouvoir limité. — (Au plur.). || Des pouvoirs. || Recevoir, avoir pleins pouvoirs. ⇒ Carte (blanche). || Agent diplomatique ayant reçu pleins pouvoirs pour négocier. ⇒ Plénipotentiaire. || Outrepasser ses pouvoirs. || Cela excède vos pouvoirs. — ☑ Loc. Fondé de pouvoir : personne qui a reçu d'une autre (ou d'une société, d'un conseil d'administration…) un pouvoir pour agir à sa place (→ Aveu, cit. 28). — Bon pour pouvoir, formule qu'on inscrit sur certains actes avant la signature, par laquelle on donne pouvoir à qqn. — Spécialt. Acte écrit conférant à une personne la faculté d'en représenter une autre. ⇒ Procuration. || Avoir un pouvoir par-devant notaire. || Pouvoir en bonne forme. || Vérification des pouvoirs. || Avoir les pouvoirs de toutes les parties, de tous les héritiers, tous les pouvoirs (→ Considérer, cit. 15). || Ils ont échangé, se sont communiqué leurs pouvoirs.
5 C'est tout juste s'ils se donnent la peine de signer les pouvoirs qu'on leur envoie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 115.
♦ Relig. (Dr. canon). || Jésus-Christ a conféré aux apôtres le pouvoir de lier (cit. 34) et de délier les âmes. || Les pouvoirs des clercs parvenus au diaconat (cit.). — Absolt. || Les pouvoirs, ceux que confère l'évêque au prêtre (de célébrer la messe, de confesser, etc.). || « On lui a retiré ses pouvoirs » (Académie).
b (XVIIIe). Sc., techn. (Qualifié, dans des syntagmes). Propriété physique (d'une substance placée dans des conditions déterminées) → Force, cit. 62, Voltaire; mouvant, cit. 5. — Pouvoir calorifique : quantité de chaleur produite par la combustion complète de l'unité de masse d'une substance. — Pouvoir absorbant (absorptivité) : rapport de l'énergie radiante, par unité de surface, à l'énergie absorbée. — Pouvoir émissif : énergie émise par seconde par l'unité de surface d'un corps. — Pouvoir réflecteur : rapport de l'énergie rayonnante réfléchie sous une incidence normale à l'énergie rayonnante incidente. ⇒ Réflexion. — Pouvoir émanateur (dans la désintégration radioactive du radon) : rapport du nombre des atomes libérés au nombre des atomes qui s'y forment par unité de temps. — Pouvoir rotatoire, l'angle α de la polarisation rotatoire rapporté à l'unité d'épaisseur et à la densité du corps dissous (→ Hémiédrique, cit.). — (Opt.) || Pouvoir séparateur d'un système optique (objectif, microscope, spectrographe…) : capacité de produire des images distinctes discernables d'objets rapprochés; mesure de cette capacité. — (Physiol.). || Pouvoir accommodatif des yeux. ⇒ Accommodation. — (Chim.). || Pouvoir ferment : proportion de sucre transformée, relativement à la levure produite pendant cette transformation. ⇒ Diastase (cit. 2). || Pouvoir diastasique (d'un malt). — (Bot.). || Pouvoir germinatif. — (Techn.). || Pouvoir couvrant d'une couleur, d'un vernis : surface qui peut être couverte utilement avec un kilo de couleur. — Pouvoir de rétention : capacité que possède un filtre à cigarette à retenir les constituants de la fumée.
3 Le fait de pouvoir (1. Pouvoir, II.), de disposer de moyens d'action sur qqn ou sur qqch. ⇒ Autorité, empire, puissance. || Le pouvoir de qqn, d'un groupe sur (qqn, qqch.). || Le pouvoir d'un chef. || Pouvoir paternel, du père sur les enfants. || Pouvoir directorial.
6 À l'origine de tout pouvoir, il y a une autorité spirituelle. La famille primitive, le clan primitif, s'ils reconnaissent le pouvoir du père, c'est à cause de sa supériorité, quant à l'âge, quant à la raison, quant à la sagesse. La société la plus simple consacre une hiérarchie analogue dans le chef de bande, dans le roi.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 98.
♦ (Dans les relations psychologiques). || « Son pouvoir n'est fondé que sur votre faiblesse » (→ Lâcheté, cit. 11). || Le pouvoir que vous donne sur elle cette amitié qu'elle a pour vous (→ Déployer, cit. 14). — Spécialt. (Relations amoureuses). || Il fallait employer (cit. 7) le pouvoir qu'elle avait sur lui. ⇒ Ascendant. || Reprendre tout son pouvoir sur des soupirants évincés (cit. 4). ⇒ Crédit. || Le pouvoir de ses charmes, de ses yeux (→ Dissiper, cit. 6; impénétrable, cit. 8). — Un pouvoir diabolique (→ Découvrir, cit. 35), magique (cit. 1), irrésistible (→ Magicien, cit. 2), magnétique (cit. 7). — En (possessif) pouvoir; au pouvoir de… || L'homme regarde comme sien tout ce qui est en son pouvoir, ce qui est soumis à son pouvoir. ⇒ Posséder, possession (→ Disposition, cit. 12). || Vous êtes en notre pouvoir, à notre discrétion (cit. 3). ⇒ Coupe, disposition, férule, main (entre les). || « Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées » (→ Homme, cit. 2, Descartes). || Son corps était au pouvoir du mien (→ Interpénétration, cit.), sous la domination du mien. ⇒ Dépendance. || Tomber au pouvoir de qqn.
♦ Le pouvoir des sens (→ Désir, cit. 15), de l'esprit (→ Idéaliste, cit. 3), des mots (→ Inconciliable, cit. 3; liberté, cit. 26). || « D'un mot (cit. 5) mis en sa place enseigna le pouvoir » (Boileau). ⇒ Efficacité. || Le mystérieux pouvoir des nombres (→ Kabbale, cit.). || Le pouvoir que le mythe (cit. 3) prend sur nous. || « Les exemples (cit. 2) vivants sont d'un autre pouvoir » (Corneille). || Le pouvoir de la musique sur l'âme (→ Invincible, cit. 8), de la nuit (cit. 6), de la paresse (cit. 1). ⇒ Charme. || Le pouvoir de l'or (→ Grandir, cit. 8)…
7 Le pouvoir de la poésie est grand sur le peuple (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, I, V.
8 Qu'il soit plus d'une fois tombé dans l'impopularité, et qu'il ait pu remonter toujours, c'est ce qui donne une idée bien grande du pouvoir de l'éloquence sur cette nation, sensible entre toutes au génie de la parole.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, III.
9 Il a simplement conscience, dans sa personne, du pouvoir de l'esprit humain, quand l'esprit humain se donne la peine qu'il faut.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, IV, p. 26.
♦ (Dans la société, mais au sens général du mot). || Le pouvoir d'un chef d'État, d'un leader politique. || Le pouvoir politique (→ État, cit. 110; gouverner, cit. 37), politique et civil (→ Monarchie, cit. 1). || Le pouvoir social (→ Indivisible, cit. 2); → ci-dessous, 4., spécialt.
4 Spécialt. Situation de ceux qui dirigent; puissance politique à laquelle est soumis le citoyen. || Le pouvoir du roi, de César… ⇒ Grandeur (→ Acheminer, cit. 5; appesantir, cit. 4). || Le terme d'État (cit. 109 et 110) évoque l'idée de pouvoir efficace et souverain. || Pouvoir suprême, souverain. ⇒ Souveraineté (→ Dépouiller, cit. 22; despote, cit. 3; élever, cit. 17). || Pouvoir politique suprême. ⇒ Hégémonie, prépotence. || Pouvoir absolu (→ Dey, cit. 2; enivrer, cit. 13; ivresse, cit. 8). ⇒ Omnipotence, toute-puissance. || Pouvoir autocratique (cit. 2), oppresseur, tyrannique (→ Liberté, cit. 19). || Pouvoir faible, branlant, chancelant… || Les bornes, les limites du pouvoir. || « Le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu). — ☑ Loc. Excès, abus de pouvoir. ⇒ Oppression (→ Dissoudre, cit. 5; insurrection, cit. 1). || Recours pour excès de pouvoir. — Avoir, détenir, exercer le pouvoir. — Au pouvoir : dans la situation où l'on détient le pouvoir. || Parvenir, être, se maintenir au pouvoir (→ Aristocratique, cit. 2; fureter, cit. 6; fraternité, cit. 10; garçon, cit. 11). || La majorité au pouvoir (en démocratie). || Parti unique au pouvoir. || La coalition au pouvoir.|| Parmi les hommes au pouvoir. ⇒ Haut (en haut lieu). — ☑ Loc. Les avenues du pouvoir. || Aimer, désirer le pouvoir. || Les attraits du pouvoir (→ Enfermer, cit. 19). || Les prérogatives, les privilèges du pouvoir. || « Le pouvoir ne grandit (cit. 11) que les grands » (Balzac). || Il est impossible (cit. 13) que les richesses ne donnent du pouvoir. || Mots désignant le pouvoir de certaines classes, de certains corps… ⇒ suff. -crate, -cratie.
10 Le pouvoir et l'argent ont le prestige de l'infini; ce n'est pas telle chose, ni telle faculté d'agir que l'on désire précisément posséder. Nul ne convoite follement une puissance raisonnable; ni l'exercice du gouvernement comme métier clair et régulier; ni l'argent, comme valeur d'objets bien déterminés.
Valéry, Rhumbs, p. 101.
11 — Comme si, bien avant Grenade, on n'aimait pas l'or ! — On aimait l'or parce qu'il donnait le pouvoir et qu'avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu'il donne l'or et qu'avec cet or on en fait de petites.
Montherlant, le Maître de Santiago, III, 1.
12 (…) M. Bertrand de Jouvenel, ouvre son livre, Du pouvoir, par un chapitre (…) consacré à « l'obéissance civile ». Contrairement aux prétentions d'une certaine « physique sociale », le phénomène du pouvoir ne tient pas, tout entier, dans la force de ceux qui détiennent le pouvoir. Jamais la force des « puissants » ne serait suffisante, si n'y répondait (…) le consentement des humbles.
Marcel Prélot, la Science politique, p. 91.
13 (…) la cause la plus profonde de la désagrégation politique que nous observons dans tant de régimes : c'est la confusion, consciente ou non, entre autorité et pouvoir. Parce qu'un régime existe, parce qu'il détient le pouvoir, il pense que cela suffit : l'autorité viendra par surcroît. Ainsi les régimes se sclérosent, le corps social meurt d'anémie; aux institutions vivantes se substituent des automatismes, et les élans spirituels se fossilisent en routines.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 99-100.
13.1 Mieux vaut se contenter de marquer la singularité absolue de la réalité du pouvoir et de souligner l'étroite connexion qui identifie presque sa nature à celle du sacré.
R. Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 111.
13.2 — Qu'appelez-vous pouvoir ? Un logement dans un palais ? Le grand cordon de la Légion d'honneur ? Le droit de grâce régalien ? La curiosité des foules ? La maîtrise des décrets ? Les hommes qui se courbent ? Les hommes qui se couchent ? La télévision à la botte ? La chasse au lièvre, au tigre, au pauvre ? La fierté familiale ? La visite des ambassadeurs ? Le doigt sur le bouton de la guerre atomique ? Le cercle étroit des grands du monde ? Deux millions de chômeurs ? 15% d'inflation ? Du nucléaire partout ? Un budget crevé ? Une France triste ? Les jeunes sous un ciel vide les pieds dans une poubelle ? Un président qui règne, qui gouverne, qui juge, qui légifère, qui commente lui-même les nouvelles qu'il inspire, monarque souverain d'un pouvoir absolu ? J'ai prononcé le mot qu'il fallait taire, l'absolu.
F. Mitterrand, Ici et maintenant, 1980, p. 8-9.
♦ La lutte autour du pouvoir, pour le pouvoir. ⇒ Politique. || Prendre le pouvoir, saisir le pouvoir (→ Bâillonner, cit. 3; fascisme, cit. 1). || Prise de pouvoir. || La Prise du pouvoir par Louis XIV, film de R. Rossellini. || L'armée, la junte militaire, la police a pris le pouvoir par un putsch. — Perdre, reprendre le pouvoir. — Écarter qqn du pouvoir (→ Exclusif, cit. 10). || Enlever le pouvoir à…
♦ Plur. || Avoir des pouvoirs excessifs, incontrôlés, strictement limités. || Les pouvoirs du Président. — (XXe). || Les pleins pouvoirs : autorité illimitée (ou moins limitée) accordée aux détenteurs du pouvoir légal, dans des circonstances exceptionnelles. || Accorder les pleins pouvoirs au gouvernement par un vote.
♦ Vieilli (qualifié par un adj. déterminant sa nature). ⇒ Gouvernement, régime. || Pouvoir monarchique (→ Démocratique, cit. 1; milieu, cit. 19), despotique (cit. 4), aristocratique, oligarchique (cit.). || Pouvoir démocratique, parlementaire (→ 1. Parlementaire, cit. 3). || Pouvoir arbitraire (cit. 6), dictatorial…
14 Il en a coûté sans doute pour établir la liberté en Angleterre; c'est dans des mers de sang qu'on a noyé l'idole du pouvoir despotique; mais les Anglais ne croient point avoir acheté trop cher leurs lois.
Voltaire, Mélanges historiques, Lettres sur les Anglais…, VIII.
15 Il me paraît donc certain que non seulement les gouvernements n'ont point commencé par le pouvoir arbitraire, qui n'en est que la corruption, le terme extrême, et qui les ramène enfin à la seule loi du plus fort, dont ils furent d'abord le remède (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
♦ Mod. (le pouvoir considéré dans ses diverses fonctions et manifestations). « Fonction juridiquement distincte de l'État, incarnée dans un organe séparé » (Capitant). || Organe, organisme exerçant un pouvoir, des pouvoirs (institutions politiques). — (1789). || Pouvoir constituant. — (1748). || Pouvoir législatif (cit. 2), chargé d'élaborer la loi. ⇒ Législateur (→ Feudataire, cit. 1). — Pouvoir exécutif, chargé du gouvernement et de l'administration. ⇒ Gouvernement, exécutif (→ Dualité, cit. 2; inamovible, cit. 2; monarchique, cit. 2). — (1748). || Pouvoir judiciaire, chargé de la fonction de juger, incarné dans l'ensemble des autorités juridictionnelles subordonnées à la Cour de cassation. ⇒ Justice. — Les pouvoirs : les différents aspects du pouvoir. || Réunion des pouvoirs dans les mains d'un seul homme (→ Corps, cit. 44; dictateur, cit. 2). || Confusion des pouvoirs (monarchie absolue, dictature, régime conventionnel). || Division, séparation des pouvoirs (régime parlementaire, présidentiel). → Garantie, cit. 6. || Balance, équilibre, limitation des pouvoirs. || Collaboration des pouvoirs dans le régime parlementaire (1. Parlementaire, cit. 2; et → Parlementarisme, cit. 3). — (1842). || Pouvoir temporel et pouvoir spirituel. || Confusion des pouvoirs (temporel et spirituel) dans l'Empire byzantin.
16 Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçait ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. Dans la plupart des royaumes de l'Europe, le gouvernement est modéré, parce que le prince, qui a les deux premiers pouvoirs, laisse à ses sujets l'exercice du troisième. Chez les Turcs, où ces trois pouvoirs sont réunis sur la tête du sultan, il règne un affreux despotisme.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XI, VI.
17 (…) on ne saurait avoir une meilleure constitution que celle où le pouvoir exécutif est joint au législatif (…)
Rousseau, Du contrat social, III, IV.
♦ (Dr.). || Pouvoir disciplinaire, du supérieur hiérarchique, d'un conseil, dans un corps politique, administratif, professionnel… ⇒ Discipline (→ Ministre, cit. 7). || Pouvoir discrétionnaire (en dr. publ.), par oppos. à compétence liée : « pouvoir pour une autorité d'agir librement, parce que la conduite à tenir n'a pas été dictée à l'avance par une règle de droit » (Capitant). || Pouvoir discrétionnaire du président des assises, des juges du fond (pour apprécier les faits). || Pouvoir réglementaire. || Les pouvoirs d'un préfet. ⇒ Attribution.
5 Organes et hommes dans lesquels s'incarne le pouvoir. ⇒ Gouvernant, gouvernement. || Le pouvoir fédéral (cit. 3) dans un État fédératif (→ Autonome, cit. 1). || Le pouvoir central. ⇒ Centraliser (→ Département, cit. 2; maire, cit. 2). || Pouvoir municipal (→ Main-forte, cit. 5). || Le pouvoir civil, par opposition à l'Église, antérieurement à la loi de séparation (→ Dîme, cit. 2; institution, cit. 6; mésestimer, cit. 3). — (1791). || Les pouvoirs publics, et, absolt, les pouvoirs : ensemble des autorités ou corps constitués titulaires du pouvoir d'imposer des règles ou de donner des ordres aux citoyens. → Arrondissement, cit. 6; corps, cit. 38; grève, cit. 13; légalité, cit. 3. || Les pouvoirs constitués (→ Autorité, cit. 27).
18 Un pouvoir qui avait, depuis des siècles, toutes les forces du pays dans ses mains, administration, finances, armées, tribunaux, qui avait encore partout ses agents, ses officiers, ses juges, sans aucun changement, et, pour partisans forcés, deux ou trois cent mille nobles ou prêtres, propriétaires d'une moitié ou des deux tiers du royaume, ce pouvoir immense, multiple, qui couvrait la France, pouvait-il mourir comme un homme, d'un seul coup, en une fois ?
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, III.
♦ Absolt. Au sing. collectif. || Le pouvoir. || L'opinion et le pouvoir (→ Arbitre, cit. 7; heurter, cit. 15; hypocrisie, cit. 9). || Fronder (cit. 8), encenser le pouvoir. || « Ce n'est pas le pouvoir qui flétrit (2. Flétrir, cit. 3), c'est le public » (Voltaire). || Aveuglement, indifférence du pouvoir (→ Bascule, cit. 2; ilotisme, cit. 1). || Hostilité au pouvoir (→ Essentiel, cit. 2). || Être à l'index (cit. 11) du pouvoir. || Être bien vu du pouvoir. ⇒ Soleil (près du); faveur (en).
19 Si le pouvoir n'est pas résolu à forcer l'obéissance, il n'y a plus de pouvoir (…) il faut limiter, surveiller, contrôler, juger ces terribles pouvoirs car il n'est point d'homme au monde qui, pouvant tout et sans contrôle, ne sacrifie sa justice à ses passions. C'est pourquoi cette obéissance des civilisés serait pour effrayer s'ils ne se juraient à eux-mêmes de résister continuellement et obstinément aux pouvoirs.
Alain, Propos, 5 déc. 1923, Tout pouvoir est absolu… (Cf. aussi « Le citoyen contre les pouvoirs », du même auteur).
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CONTR. Impossibilité, impuissance.
COMP. Contre-pouvoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.