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traverse

traverse [ travɛrs ] n. f.
à traverseXII e; lat. pop. °traversa, fém. subst. de tra(ns)versus travers
1Loc. adv. À LA TRAVERSE Vx De travers, de côté.
(XIIIe) Vx ou littér. En travers, en faisant obstacle. Loc. prép. « Encore un rêve qui vient à la traverse des autres ! » (Flaubert).
2Loc. adj. DE TRAVERSE Chemin de traverse, ou ellipt (région.) une traverse : chemin qui coupe. ⇒ 1. direct; raccourci. « par la traverse il y a trois lieues et demie » (Alain-Fournier).
3(1387) Barre ou pièce rigide, disposée en travers, servant à assembler ou à consolider des montants, des barreaux. barlotière, traversine. Traverses d'une fenêtre. « Un assemblage de planches vermoulues, grossièrement reliées par des traverses » (Hugo).
Pièce de bois, d'acier ou de béton placée en travers de la voie pour maintenir les rails et transmettre les charges du rail au ballast. « Il y a de l'herbe sur le ballast, et les traverses sont déglinguées » (Le Clézio).
Mar. Traverses de baux. traversin (2o).
4(1495) Fig.; Vx ou littér. Difficulté qui se dresse sur la route de qqn, qui fait obstacle à ses projets. contrariété, épreuve, revers. « je regrette pour vous de vous voir partager notre mauvaise fortune, mais ce sont traverses passagères » (Gautier).

traverse nom féminin (de travers 1) Chemin étroit, plus direct que la route ; dans une ville, passage étroit reliant deux rues. (On dit aussi chemin de traverse.) Au Canada, chemin suivi par un traversier sur un cours d'eau, un lac. Au Canada, synonyme de traversier. Littéraire. Difficulté ou danger qui vient faire obstacle aux projets de quelqu'un. Dans le sud-est de la France, vent d'ouest. Bâtiment Pièce horizontale faisant partie d'un châssis de charpente ou de menuiserie, et qui est assemblée dans les montants. Élément horizontal d'un remplage de fenêtre. En métallerie, synonyme de sommier. Chemin de fer Chacune des pièces de bois, de métal ou de béton placées sur le sol perpendiculairement à la voie courante, et sur lesquelles les rails sont assujettis. Poutrelle portant des isolateurs, sur les poteaux télégraphiques. Fortification Massif de terre établi sur le terre-plein d'un ouvrage fortifié, perpendiculairement au parapet. Technique Pièce de bois ou de métal perpendiculaire aux éléments principaux d'une structure, et destinée à maintenir l'écartement de ces éléments. ● traverse (synonymes) nom féminin (de travers 1) Littéraire. Difficulté ou danger qui vient faire obstacle aux projets de...
Synonymes :
- difficulté
- écueil
- épreuve
- revers
Bâtiment. Élément horizontal d'un remplage de fenêtre.
Synonymes :
- croisillon
Synonymes :
- Bâtiment. sommier - Bâtiment. traversier

traverse
n. f.
d1./d Pièce de bois, de fer qu'on met en travers dans certains ouvrages pour assembler ou consolider des pièces. Traverses d'une porte.
|| CH de F Pièce de bois, de béton ou de fer placée en travers de la voie pour supporter les rails et maintenir leur écartement.
d2./d Chemin de traverse ou, ellipt., une traverse: chemin qui s'écarte de la route, qui permet de couper court (généralement à travers champs).
d3./d (Québec) Endroit où l'on peut traverser une route, un chemin. Traverse d'écoliers.
Traverse de chemin de fer: Syn. de passage à niveau.
(Dans un cours d'eau) Passage étroit, chenal.
|| Service de traversier (sens II).
Par ext. Le traversier lui-même. Prendre la traverse pour aller de Québec à Lévis.

⇒TRAVERSE, subst. fém.
I. A. — Vx ou région. (Canada). Traversée, passage; p. méton., voie menant d'un lieu à un autre. Les traverses en canot, l'hiver, parmi les glaces et les marées (P. PERRAULT, Les Voitures d'eau, 1969, p. 82 ds Richesses Québec 1982).
B. — Locutions
1. À la traverse (de), loc. adv. et prép., vieilli ou littér.
a) En prenant un chemin transversal, plus direct que la route habituelle. Pour me rendre au château, j'ai voulu couper à la traverse (NERVAL, Fayolle, 1855, p. 94).
b) Au fig. (Se jeter, se mettre, venir...) à la traverse de qqc. (Survenir) de manière à contrecarrer, à faire brusquement obstacle au déroulement de quelque chose. Synon. en travers (de). Tout allait pour le mieux, rien ne semblait devoir troubler le cours de ces prospérités, lorsqu'un événement inattendu vint se jeter à la traverse (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 103). Ce bobo anti-esthétique vient à la traverse de toute possibilité hyménéenne (AMIEL, Journal, 1866, p. 331).
2. De traverse, loc. adj.
a) Chemin, sentier... de traverse. Chemin, sentier... qui est plus court, plus direct que la route habituelle, ou qui conduit en un lieu où elle ne passe pas. Synon. raccourci. Route de traverse. Ces petites caravanes, qu'on rencontre fréquemment dans les chemins de traverse, et quelquefois sur la grande route, animent et embellissent encore ce délicieux paysage (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 15):
Un grand effort se poursuivait pour établir le réseau des routes royales au moyen de la corvée, sous la direction d'ingénieurs des Ponts et Chaussées, formés par une école spéciale, mais il faudrait du temps pour le terminer et on ne s'occupait pas encore des voies de traverse ni des chemins vicinaux.
LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 39.
) [P. ell. du déterminé] Reuilly était à une dizaine de lieues de Campvallon bien qu'on pût abréger un peu la route en prenant quelques traverses (FEUILLET, Camors, 1867, p. 371). Il (...) se mit à courir comme un jeune homme à travers l'église, pour voir sortir son Christ. Chaque année il le voyait cinq ou six fois, coupant par des traverses pour devancer la confrérie et l'attendre (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 476).
) [Dans un cont. métaph.] Cultivez donc les femmes influentes. Les femmes influentes sont les vieilles femmes, elles vous apprendront les alliances, les secrets de toutes les familles, et les chemins de traverse qui peuvent vous mener rapidement au but (BALZAC, Lys, 1836, p. 166). J'ai une morale, mais elle est assez tortueuse. J'arrive au bien par un chemin de traverse (RENARD, Journal, 1908, p. 1173).
b) Rue de traverse. [Dans une agglomération] Petite rue qui en relie deux autres, de plus grande importance. Synon. passage1, ruelle. Des haies de fusiliers garnissaient tous les débouchés des rues de traverse (Le Rédacteur, 1796 ds Rec. textes hist., p. 92).
II. A. — TECHNOL. Élément (généralement de bois ou de métal) disposé transversalement dans une construction, un ouvrage, un objet, qui sert à en assembler, à en maintenir solidement les pièces principales ou l'ossature. Traverses de bambou, de chêne, de fer. Il y avait très-peu de rues qui ne vissent l'échafaudage à longues perches, garni de planches mises sur des traverses (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 50). Le fond [de la nacelle du ballon] est renforcé par des traverses et des longrines en bois (MARCHIS, Nav. aér., 1904, p. 79).
Spécialement
CHARRONNAGE. Entretoise reliant les longerons d'un châssis de véhicule. Les longerons sont (...) entretoisés: 1 À l'avant et à l'arrière par les traverses d'attelage (HERDNER, Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 266). La fixation du radiateur se fait par un ou deux points, à la partie inférieure. Ils sont montés généralement sur la traverse avant du châssis (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 176).
CH. DE FER. Pièce de bois, de métal, de béton, placée perpendiculairement à la voie ferrée, et destinée à servir de support aux rails, à en maintenir l'écartement tout en répartissant les charges sur le ballast. Il sautait sur le ballast, de traverse en traverse, courait aux barrières, aux maisons (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 23). Cette méthode a été utilisée pour la fabrication des semelles placées entre rails et traverses de chemins de fer (CAMPREDON, Bois, 1948, p. 97).
ÉBÉN., MENUIS., SERR. Pièce horizontale de bois, de métal, qui est assemblée entre deux montants et renforce un châssis, un encadrement, une grille, un meuble, etc. Traverse de fenêtre, de table. [À] la porte de l'église du monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï (...) exécutée en bois, les traverses et les montants sont couverts d'ornements précieux (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 308). Des mufles d'animaux chimériques, dont la gueule laissait échapper en guise de langue une longue houppe rouge, ornaient les traverses du siège (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 230).
B. — [À propos d'une chose, d'un élément situé transversalement]
1. ART MILIT., vieilli. Talus de terre élevé perpendiculairement sur le terre-plein d'un ouvrage fortifié ou dans une tranchée servant d'abri et de protection aux soldats assiégés. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. HÉRALD. ,,Barre (...) diminuée de largeur`` (PAST. Hérald. 1979). Synon. cotice (en barre). Restaud porte de gueules à la traverse d'argent, accompagnée de quatre caissons d'or, chargés chacun d'une croix de sable, et c'est un très-vieux blason (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 442).
3. MÉTÉOR. ,,Vent d'ouest dans le Centre de la France`` (VILLEN. 1974).
C. — Au fig., vieilli. Difficulté, obstacle qui se dresse en travers des projets de quelqu'un. Synon. embûche, revers. Ainsi, Héloïse, après tant de traverses, nous nous trouverons réunis pour toujours (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 95). Un fils de saint Louis, dernier rejeton de la branche aînée, échappe aux traverses d'un long exil et revient dans sa patrie (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 36).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Loc. adv. a la traverse ca 1155 « par le flanc » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12390); 1547 « incidemment » (N. DU FAIL, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 50); 1659 a la traverse de loc. prép. « en travers de, en faisant obstacle » (MOLIÈRE, Précieuses ridicules, 4); b) ca 1460 subst. fém. fig. « ce qui fait obstacle aux projets de quelqu'un » (CHASTELLAIN, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 42, 1); 1554 « revers, difficultés » (AMYOT, Theag. et car., XXII ds GDF. Compl.); c) 1836 en traverse « au bagne » (VIDOCQ, Voleurs, t. 2, p. 162); 2. 1382-84 les traversez « pièces de bois disposées en travers servant à assembler ou à consolider » (Doc. ds Le compte du Clos des Galées de Rouen au XIVe s., éd. Ch. Bréard, p. 147); 1680 « chacune des barres transversales renforçant les barreaux d'une grille » (RICH.); 1765 « entretoise » (Encyclop.); 1845-46 ch. de fer (BESCH.); 3. 1606 fortif. (DU VILLARS, Mém., III, Michaud ds GDF.). B. 1. Mil. XIVe s. « vent d'Ouest » (Entrée d'Espagne, éd. A. Thomas, 11640); 2. a) ca 1433 fig. « moyen détourné » (JEAN REGNIER, Fortunes et adversites, éd. E. Droz, p. 216, v. 79); b) 1532 « raccourci, passage » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, ch. XII, 27, p. 90); 1690 chemin de traverse (FUR.); 1721 rue de traverse (Trév.); c) 1559 « traversée » (AMYOT, Caton d'Utique, 21 ds LITTRÉ); d) 1675 fig. de traverse « d'une manière indirecte » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 1er déc., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 174). D'un lat. pop. traversa, fém. subst. de traversus (v. travers), pour le sens A 1 b, cf. également l'a. prov. traversa XIIIe s. « obstacle, empêchement » menar per traversa « mettre dans une fâcheuse situation, dans une position difficile » (Elias Cairel, Hs A 134, 2, 134, 7 ds RAYN.), traverso « contrariété, obstacle » (MISTRAL); au sens B 2 c de « traversée », déverbal de traverser. Fréq. abs. littér.:395. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 503, b) 635; XXe s.: a) 530, b) 591. Bbg. Archit. 1972, p. 81, 167. — GOHIN 1903, p. 291. — GREDIG 1939, pp. 73-74.

traverse [tʀavɛʀs] n. f.
ÉTYM. V. 1130, à la traverse; du lat. pop. traversa, fém. substantivé de tra(ns)versus. → Travers.
———
I Direction transversale.
1 Loc. adv. Vx. À la traverse : de travers, de côté, de flanc; fig. : par surprise, inopinément (→ Servir, cit. 16). Vx ou littér. (Fig.). En travers, en faisant obstacle, opposition. || Notre marché eût été conclu si un tel ne fût venu à la traverse (Académie). — ☑ Loc. prép. À la traverse de… : en travers de…
1 Après cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent à la traverse d'une inclination établie (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 4.
2 Encore un rêve qui vient à la traverse des autres !
Flaubert, Correspondance, 1653, 2 avr. 1877.
2 Loc. adj. Vx. De traverse : qui est en travers, dans le sens de la largeur (→ Raquette, cit. 4), et, au fig., indirect, par voie détournée.
(1532). Mod. || Chemin (cit. 36) de traverse (→ Aboutir, cit. 1; freiner, cit. 1; 2. relais, cit. 1; soubresaut, cit. 1), ou, ellipt, traverse : chemin qui s'écarte de la grand-route et permet de couper. Direct, raccourci. N. f. (régional). || Rue de traverse, dans une ville.Par métaphore. Un chemin de traverse : un moyen détourné.
3 (Ellipt, de voie… de traverse). || Une traverse. Passage, traboule (régional).
3 — C'est à quelle distance d'ici (…) ? — Par la route, je ne saurais pas vous dire au juste; mais par la traverse il y a trois lieues et demie.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, I, IX.
4 Des deux galeries, l'occidentale, la galerie du Baromètre, est réunie à l'orientale (galerie du Thermomètre) par deux traverses, l'une à la partie septentrionale du passage, la seconde tout près du boulevard (…)
Aragon, le Paysan de Paris, p. 20.
———
II (Une, des traverses).
1 (1387). Barre ou pièce de bois, de fer, disposée en travers servant à assembler ou à consolider des montants, des barreaux, un châssis, un encadrement… Arasement, barlotière, épan, traversine. || Traverses d'une porte (1. Porte, cit. 16), d'une fenêtre, d'une grille (cit. 9), d'une persienne, d'un siège (→ Mufle, cit. 3), d'une croix ( Croisillon), d'une armoire, d'une bibliothèque. || Traverse à laquelle une cloche est suspendue. Sommier (→ Oscillation, cit. 1).
(1845). Plus cour. Pièce de bois de fer ou de béton placée en travers d'une voie de chemin de fer pour maintenir l'écartement des rails et transmettre les charges du rail au ballast (→ cit. infra).
5 (…) elle en revint à l'idée d'enlever un rail. C'était le moyen le plus sûr (…) rien qu'à chasser les coussinets avec un marteau, puis à faire sauter le rail des traverses.
Zola, la Bête humaine, X.
(1552). Fortif. Levée de terre en travers d'un parapet, servant de protection contre les feux d'enfilade.Mar. || Traverses de baux. Traversin (2.).
2 (V. 1460). Fig. Vx ou littér. Difficulté ou obstacle qu'on trouve en travers de sa route, de ses projets. Contrariété, épreuve, revers (→ Affliction, cit. 5; agiter, cit. 26; condition, cit. 18.2; habituer, cit. 3). || « Ce qu'on nomme malheur (cit. 27), adversité, traverses ». || Rudes traverses (→ Conciliateur, cit. 3).
5.1 — Allons, mes Enfants, faites-nous un peu le récit de vos traverses, dans le grand voyage que vous venez de mettre à fin ? — Ne vous moquez pas, Monsieur, dit le jeune Étranger; nous en avons eues des traverses, et de cruelles : mais la plus cruelle de toutes, ç'à été celle de courir les risques de mourir de faim. Nous sommes partis d'Auxerre à neuf heures. — Vous vous êtes donc égarés ? — Justement ! — Comment, mon fils ! tu ne sais pas encore la route ! — C'est que nous avons pris, continua l'Étranger, par des chemins de traverse; bien nommés, je vous assure !
Restif de La Bretonne, la Vie de mon père, p. 258.
6 (…) je regrette pour vous de vous voir partager notre mauvaise fortune, mais ce sont traverses passagères (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, VI.
7 Et ce fut souvent, pour moi, après tant de traverses, une source de méditations sans fin.
Raymond Abellio, les Militants, p. 71.
3 Canada. Lieu où s'effectue la traversée d'un fleuve, d'un lac, d'un bras de mer, en traversier.

Encyclopédie Universelle. 2012.