● vrai, vraie adjectif (latin populaire veracus, du latin classique verax, -acis, de verus, vrai) Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui n'implique pas contradiction et à laquelle l'esprit ne peut que souscrire : Il n'y a pas grand-chose de vrai dans son récit. Qui appartient à la réalité et n'est pas une création de l'esprit : Rechercher les vraies causes d'un phénomène. Qui est bien conforme à son apparence : Une vraie rousse. Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres et des choses créés qui donnent l'impression de la vie, du naturel, de la sincérité : Un romancier qui peint des personnages vrais. Se dit d'un élément qui, parmi d'autres semblables, apparaît comme le seul important ou le seul déterminant : On ignore le vrai motif de sa démission. Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est le plus approprié à une fin, à une destination : Croyez-moi, c'est le vrai moyen de leur venir en aide. Littéraire. Qui se comporte avec franchise et naturel, qui n'a rien d'affecté, d'artificiel : Être vrai en toutes circonstances. ● vrai, vraie (citations) adjectif (latin populaire veracus, du latin classique verax, -acis, de verus, vrai) Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 Rien n'est vrai, que ce qu'on ne dit pas. Antigone, Créon La Table Ronde Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Que c'est beau le mensonge, chez une femme vraie ! Pour Lucrèce, I, 7, Armand Grasset Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge, Illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge. Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs. Harmonies poétiques et religieuses, le Tombeau d'une mère Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Rien n'est faux qui soit vrai ; rien n'est vrai qui soit faux. Tout est le contraire de songe, de mensonge. Poésies, II Jules Romains, pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule Saint-Julien-Chapteuil, Haute-Loire, 1885-Paris 1972 Académie française, 1946 On ne peut rien dire de vrai sur rien. On ne peut penser quelque chose de vrai que si on n'y fait pas trop attention. Mort de quelqu'un Gallimard Eduard Douwes Dekker, connu sous le pseudonyme de Multatuli (en latin J'ai beaucoup supporté) Amsterdam 1820-Nieder-Ingleheim 1887 Peut-être que rien n'est entièrement vrai, et peut-être même pas cela. Idées Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde Dublin 1854-Paris 1900 Une chose n'est pas nécessairement vraie parce qu'un homme meurt pour elle. A thing is not necessarily true because a man dies for it. Portrait of Mr. W. H. ● vrai, vraie (difficultés) adjectif (latin populaire veracus, du latin classique verax, -acis, de verus, vrai) Sens Attention aux nuances de sens qui séparent ces adjectifs. 1. Véridique = qui dit la vérité ; qui est conforme à la vérité. Histoire véridique. 2. Véritable = qui est conforme à la réalité ; qui est réellement ce qu'on dit qu'il est, qui n'est pas imité. Cuir véritable. 3. Vrai = conforme à la réalité. ● vrai, vraie (expressions) adjectif (latin populaire veracus, du latin classique verax, -acis, de verus, vrai) Aussi vrai que, s'emploie pour attester la vérité d'une assertion qui peut sembler surprenante. Il est vrai que, sert à introduire une explication, une restriction ou une atténuation à ce qui a été dit précédemment. Familier. Pas vrai ?, n'est-ce pas ? Un vrai + nom propre, quelqu'un qui réunit en lui les caractères remarquables d'un personnage connu : C'est un vrai Gargantua… Hauteur vraie, hauteur d'un astre corrigée de la réfraction (par opposition à la hauteur apparente). Midi vrai, heure de passage du Soleil au méridien d'un lieu donné. Cap vrai, cap corrigé de la variation du compas. Route vraie, cap vrai corrigé de la dérive. ● vrai, vraie (synonymes) adjectif (latin populaire veracus, du latin classique verax, -acis, de verus, vrai) Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui...
Synonymes :
- avéré
- établi
- exact
- indéniable
- irrécusable
- irréfutable
Contraires :
- douteux
- erroné
- faux
- inexact
- inventé
Qui appartient à la réalité et n'est pas une création...
Synonymes :
- concret
- existant
- matériel
- réel
- véritable
Contraires :
- apparent
- chimérique
- forcé
- irréel
Qui est bien conforme à son apparence
Synonymes :
- véritable
Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres...
Synonymes :
- profond
Contraires :
- affecté
- factice
- feint
- simulé
Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est...
Synonymes :
- approprié
- bon
Contraires :
- inadéquat
- incongru
- mauvais
Littéraire. Qui se comporte avec franchise et naturel, qui n'a rien...
Synonymes :
- droit
- franc
- loyal
- sincère
- spontané
- véridique
- véritable
Contraires :
- comédien
- dissimulé
- faux
- fourbe
- menteur
- sournois
vrai, vraie
adj., n. m. et adv.
rI./r adj.
d1./d Conforme à la vérité. Information vraie.
— (Sens affaibli.) Il est malhonnête, c'est vrai, mais si drôle.
d2./d (Avant le nom.) Qui est réellement ce dont il a les apparences. Un vrai diamant. Un vrai chagrin.
d3./d Réel et non pas apparent ou imaginaire. La vraie cause d'un événement.
d4./d Qui seul convient. Le vrai moyen de sortir d'embarras.
d5./d Qui traduit bien la réalité dans l'art. Des tons vrais.
rII./r n. m. Vérité.
|| Loc. être dans le vrai: ne pas se tromper.
— Loc. adv. à vrai dire, à dire vrai: pour parler sincèrement.
rIII/r adv. Conformément à la vérité, à la réalité. Discours qui sonne vrai.
vrai, vraie [vʀɛ] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. V. 1160; verai, 1080, Chanson de Roland; du lat. pop. veracus, du lat. class. verax, -acis, de verus.
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I Adj.
1 a Qui présente un caractère de vérité (conformité au réel, cohérence interne ou valeur pragmatique); à quoi on peut et doit donner son assentiment (opposé à faux, erroné, illusoire ou mensonger). ⇒ Authentique, certain, exact, incontestable, juste, sûr, véridique (abusivt), véritable. || La vérité essentielle est toute pure et toute vraie (→ Déshonorer, cit. 9). || Chose rigoureusement vraie (→ Nier, cit. 4). || Assertion, énonciation, proposition; déclaration vraie : une, des vérités. || Idées (→ Retour, cit. 1), opinion vraies (→ 1. Faux, cit. 2). || « … ne recevoir aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment (cit. 1) être telle » (Descartes). ⇒ Admettre (3.). || Contrôler qu'une chose est vraie. ⇒ Vérifier. || Établi comme vrai. ⇒ Avéré. || Faire reconnaître comme vrai (⇒ Convaincre, persuader). || Proposition vraie ou fausse (→ Raisonnement, cit. 4). || Phrase toujours vraie. ⇒ Tautologique. || Principes vrais (→ Conclusion, cit. 4), règle vraie (→ Inverse, cit. 2). || Arguments vrais. ⇒ Logique (par ext.). || Des raisons toutes vraies et toutes droites (→ 1. Droit, cit. 22). — Adage vrai (→ Loin, cit. 28). || Remarque vraie. ⇒ Juste. || Ce mot si vrai (→ Humeur, cit. 6). — « Tout est à facettes (cit. 5), tout est vrai ». || « Rien n'est vrai, rien n'est faux; tout est songe (cit. 4) et mensonge ». || Chose vraie par tel ou tel aspect, côté, telle ou telle face… (→ Envisager, cit. 8; face, cit. 39). || Rien n'est vrai pour tous (→ Applicable, cit. 2; et aussi théorie, cit. 2).
0.1 Tout est vrai de l'homme : et ses crimes et sa douceur.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 32.
♦ Spécialt. || Récit, témoignage vrai. || Histoires (cit. 41) vraies. ⇒ Authentique, fidèle. || Vraie révélation (cit. 3). || Faits donnés pour vrais (→ Histoire, cit. 27). || Mensonges tenus pour vrais (→ Propos, cit. 13). || « Ce qui n'est pas vrai n'est pas éloquent » (cit. 3). — ☑ Fam. La vérité vraie, la vraie vérité. ⇒ Pur, strict.
1 (…) votre brillante caricature est ressemblante, certes, par plus d'un trait. Elle ne correspond pas à la vérité vraie.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 124.
♦ (Avec un pronom neutre). || Il est vrai que… (→ Sensible, cit. 7), c'est vrai. || Il est bien vrai que… (→ Inventer, cit. 2). ☑ Cela est si vrai… (pour introduire une preuve, un argument). → Naturaliste, cit. 5. ☑ Il n'en est pas moins vrai que : malgré cela. ⇒ Néanmoins (→ Influencer, cit. 2; intuition, cit. 1). || « Il est vrai : ma raison (cit. 20) me le dit chaque jour ». ☑ Il, ce n'est que trop vrai : cette chose déplorable, regrettable est malheureusement exacte. || C'est pourtant vrai. — Est-ce vrai ? || N'est-il pas vrai que… ? (→ Attrait, cit. 18). || C'est bien ennuyeux, n'est-il pas vrai ? (→ Momie, cit. 3), n'est-ce pas ? — Ce n'est pas vrai. — Fam. || C'est pas vrai.
♦ (1749). Ellipt, fam. || Pas vrai, employé en interrogation directe ou en incise (→ Jacasser, cit. 1). — Fam. || C'est pas vrai ? : sans blague ? || C'est pas vrai ! : c'est incroyable. — Pop. (pas vrai est considéré comme un adj.). || « C'est bien pas vrai » (M. Aymé, la Vouivre, p. 79) : c'est faux. — Alors, c'est vrai, vous partez ? ⇒ Sérieux (c'est). || C'est bien vrai, ça ! — Il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela.
2 La loi, pas vrai ? quel mot ! (…)
A. de Musset, Poésies complémentaires, « Loi sur la presse », XI.
3 Puis, reculant afin de le contempler : — Vrai qu'il est bien, pour son âge ?
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Le masque ».
3.1 Tant qu'à penser à l'amour, mieux vaut y penser sérieusement, pas vrai ? on n'est tout de même plus d'âge à être amoureuses d'un fantôme (…)
M. Aymé, Maison basse, p. 243.
♦ Spécialt. || Il est vrai que… : sans doute (s'emploie pour introduire une atténuation, une restriction ou une correction à ce qu'on vient de dire). → Abattre, cit. 1; austère, cit. 3; œuf, cit. 7. — Il est vrai (placé avant ou après le membre de phrase dont il s'agit) : je dois l'admettre, le reconnaître (→ Âme, cit. 58; attendre, cit. 86; jour, cit. 7; jugement, cit. 16; peine, cit. 10). || « Je suis âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue » (→ Blâmer, cit. 3). — Dans le même sens : || Il est gredin, c'est vrai, mais il a tant de talent (cit. 11). — Sans doute est-il vrai que… (→ Style, cit. 14).
REM. Vrai que… introduisant une complétive (avec le subj.). || « S'il est vrai que la mer ait été… » (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleur, III). || « Était-il vrai qu'il partît ? » (France, Jocaste, p. 8). — (Avec l'ind.). || « Ce n'est pas vrai qu'un navire passa…; ce n'est pas vrai que je n'avais encore rien de prêt… » (Giraudoux, Suzanne et le Pacifique, p. 101).
b Qui est considéré, donné comme vrai dans un groupe; à quoi l'on croit. || La vraie religion, la vraie foi. ⇒ Orthodoxie. || Le vrai Dieu (cit. 37).
c Log. Qui est pensable, qui n'implique pas de contradiction formelle (→ Formel, cit. 9). || Proposition formellement (cit. 2) vraie.
3.2 (…) tout ce que nous concevons clairement est ou existe; (cet axiome)… n'est nullement de moi, mais seulement que tout ce que nous apercevons clairement est vrai (…)
Descartes, Lettres, À Mersenne, mars 1642.
2 Qui existe indépendamment de l'esprit qui le pense (opposé à imaginaire). ⇒ Réel; effectif, objectif, véritable (3.). || Les vrais musées (cit. 8) et le musée imaginaire (cit. 5). || Des hallucinations (cit. 6 et 7) vraies (les perceptions). || Bonaparte n'est plus le vrai Bonaparte, c'est une figure légendaire (cit.). ⇒ Historique, vivant.
4 Il y aura toujours deux mondes soumis aux spéculations des philosophes : celui de leur imagination, où tout est vraisemblable et rien n'est vrai, et celui de la nature, où tout est vrai sans que rien paraisse vraisemblable.
Rivarol, Maximes et pensées, « Métaphysique ».
5 Ce n'était plus un effort de sa mémoire, un mirage de sa pensée, c'étaient de vrais gendarmes et de vrais juges, une vraie foule et de vrais hommes en chair et en os.
Hugo, les Misérables, I, VII, IX.
♦ Sc. Réel, exact (et non pas observé, calculé ou déduit). || Le pôle (cit. 2) moyen et le pôle vrai. || Jour vrai (solaire) et jour moyen. || Temps solaire vrai. || Hauteur vraie d'un astre (opposé à apparent). Mar. || Point vrai. || Cap vrai et cap compas.
3 (Placé le plus souvent avant le nom). Qui correspond bien à l'idée, au concept ou au signe qui lui est relatif. ⇒ Réel, véritable.
6 (…) un système vrai, c'est un système qui est, qui représente, qui renferme la vérité; un vrai système, c'est un système qui est vraiment, qui est bien un système. C'est-à-dire qu'antéposé, l'adjectif ne fait qu'affirmer le sens du substantif, il l'identifie avec lui-même.
A. Blinkenberg, l'Ordre des mots en franç. moderne, II, p. 50.
a (1680). Conforme à son apparence ou à sa désignation (opposé à faux, I., A., 2.). || De vraies perles (et non des imitations). || Une poupée avec de vrais cheveux. ⇒ Naturel, véritable. || Un vrai Renoir. || Une vraie et une fausse noce (cit. 5). || Ce n'est pas sa vraie mère, mais sa mère adoptive. — Un vrai médecin. ⇒ Authentique (→ Plaque, cit. 9). || Vrai nom et pseudonyme (cit.; → Franciser, cit. 3). || Il n'est pas de livre dont le titre soit plus vrai (→ Mélange, cit. 15) : dont le titre corresponde mieux au contenu du livre.
7 Jadis, un directeur de théâtre dépensait des centaines de mille francs pour consteller de vraies émeraudes le trône où la diva jouait un rôle d'impératrice.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 11.
8 Ce ne sont pas les vrais, pensa-t-il, ce sont les sosies. Où sont les vrais ? N'importe où, mais pas ici. Personne n'est ici pour de vrai; pas plus moi que les autres.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 31.
8.1 Tous les objets qu'il disait en riant attendre de mes futurs millions me sautent encore aux yeux, du fond de chaque vitrine : ses lunettes en doublé, sa robe de chambre en faux poil de chameau, sa valise en fausse truie, car il n'imaginait même pas que l'or, le vrai poil de chameau et le vrai porc pussent un jour entrer dans sa vie (…)
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin, 1922, p. 182.
8.2 Seul le père a été mis au courant, lorsqu'il a téléphoné à l'hôpital; or, du moment qu'il n'est pas le vrai père — ou pas légalement le père, ou d'une façon quelconque pas le père tout à fait — il n'est pas obligé d'être en rapport avec la jeune fille, ni même de connaître son existence; il n'y a donc pas de raison qu'il lui écrive, sitôt la poste rétablie.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 216.
♦ ☑ Fam. Vrai faux : à la fois vrai et faux. || Une vraie fausse perle. || « De vrais faux souvenirs » (Jacques Réda, les Ruines de Paris, p. 63). — (Avec le nom d'une pièce juridique, etc.). Faux, mais issu d'une source officielle. || Les vrais faux passeports d'un agent secret. (Écrit vrai-faux) : || « Nous sommes dans l'ère des simulacres. Après le vrai-faux passeport de l'ancien chef de cabinet ministériel et la fausse-vraie carte grise du “plombier” maladroit, voici les faux tableaux certifiés faux » (E. de Roux, in le Monde, 23 janv. 1988, p. 17). (Opposé à faux, I., A., 5.). || Ce sont ses vraies dents. — C'est une vraie rousse.
b (Choses d'ordre moral; personnes). Conforme à son nom, à sa désignation; nommé à bon escient, à juste titre. || Le vrai courage, le vrai sentiment religieux (→ Caricature, cit. 3), la vraie morale (cit. 9, Pascal), la vraie générosité (cit. 3), la vraie politesse (cit. 3). || Vraie et fausse éloquence. || Les vrais besoins (cit. 13). || De la gaieté (cit. 5), de la vraie. || Un métier (cit. 4), un vrai métier. || La vraie gloire (→ Durable, cit. 5). — Le vrai misanthrope (cit. 2) est un monstre. || Les vrais nobles (cit. 17), les vrais snobs (cit. 3). || Un vrai père (cit. 5). || Vrai dessinateur (→ Dessiner, cit. 2), poète (→ Initier, cit. 9), sculpteur (cit. 1). — Un vrai chrétien. || Un vrai patriote ⇒ Bon (2.), digne (de ce nom). || Une vraie jeune fille. — (Concret). || Un vrai jardin (cit. 1), presque un parc.
c (Fin XIIe). En parlant d'affects, de croyance. Qui n'est pas affecté, feint. ⇒ Sincère. || La vraie dévotion (cit. 3). || Sentiment (cit. 11) vrai (→ Empreindre, cit. 12).
d Pour introduire une désignation métaphorique ou figurée. ⇒ Véritable. || De vrais caméléons (cit. 3), un vrai dragon (cit. 4 et 6), un vrai mulet (1. Mulet, cit. 2), un vrai cheval. — (Personnes). || Le vrai roi moderne, le scribe (cit. 1). || Un vrai Sardanapale (→ Remontrance, cit. 2). — (Choses). || Un vrai fleuve (cit. 11), une vraie marqueterie (cit. 3). || Avoir de vraies mains (cit. 6) de demoiselle (s'agissant d'un homme). — Spécialt (par jeu de mots avec le sens précédent, et entre les sens propre et métaphorique du substantif). || Le cerf courait comme un vrai cerf (cit. 5) qu'il était. || Comme une vraie marâtre (cit. 2) qu'elle était.
e Qui est bien ce qu'il veut paraître (en parlant d'une attitude ou d'actions conscientes, voulues). || L'hypocrite et le vrai dévot (cit. 5). || Vrais et faux (1. Faux, cit. 23) miracles.
f ☑ Loc. fam. Vrai de vrai : absolument vrai, authentique, véritable (→ Pour de bon et ci-dessous, pour de vrai, supra cit. 20). — Subst. || C'est un aventurier, un vrai de vrai. — N. m. Argot. || Un vrai de vrai : un homme du milieu.
9 — Blague dans le coin, dit-elle, je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons (…) — Non, chère madame, répondit l'autre, je suis un Arabe pour de bon, un vrai de vrai.
R. Queneau, Pierrot mon ami, II.
4 (XIIIe; avec un nom de personne). Vieilli ou littér. Qui dit la vérité (⇒ Véridique) et qui se comporte selon ses intentions, sans dissimuler ni tromper. ⇒ Franc, loyal, sincère. — REM. Dans ce sens fort, vrai est placé après le substantif ou employé en attribut. — Tout est vrai en lui. ⇒ Naturel (II., 6.), sincère.
10 S'il faut être juste pour autrui, il faut être vrai pour soi; c'est un hommage que l'honnête homme doit rendre à sa propre dignité.
Rousseau, Rêveries…, IVe promenade.
10.1 Le jeune Comte m'ordonna de raconter à la Marquise les choses dont je lui avais fait part, et dès que j'eus fini; — votre candeur et votre naïveté, me dit Madame de Bressac, ne me permettent pas de douter que vous ne soyiez vraie.
Sade, Justine…, t. I, p. 71.
11 — J'aimais un homme vrai, sans mensonge au front, probe comme vous l'êtes, incapable de se déguiser comme un acteur, de se mettre à la joue le fard de la gloire d'un autre (…)
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 493.
12 Soyons donc vrais, au nom de Dieu, vrais comme Thalès quand, de sa propre initiative et par besoin intime, il se mit à spéculer sur la nature; vrais comme Socrate, vrais comme Jésus, vrais comme saint Paul, vrais comme tous ces grands hommes que l'idéal a possédés et entraînés après lui !
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, VII, p. 826.
5 (1636). Arts. Qui s'accorde avec notre sentiment de la réalité (⇒ Vraisemblable), qui est conforme à son type (⇒ Vérité, 4.), en général parce qu'il est exprimé avec perspicacité, sincérité et naturel. ⇒ Naturel (cit. 21), senti. || Description, peinture vraie, plus vraie que nature. || Personnages vrais, vivants (→ Humain, cit. 20). || « L'Assommoir » de Zola est tristement vrai (→ Caboulot, cit. 1). || Style vrai, direct… — Geste vrai, juste (cit. 20). || Jeu (cit. 72) trop fin, trop vrai. — (En parlant de l'artiste, de l'écrivain). || Ces maîtres si vrais, si naturels (→ Précieux, cit. 6). || « Tu n'es vrai que dans les milieux, tes contours sont faux » (1. Faux, cit. 39).
13 Ceci est nouveau pour moi; parler à des gens dont on ignore absolument la tournure d'esprit, le genre d'éducation, les préjugés, la religion ! Quel encouragement à être vrai, et simplement vrai, il n'y a que cela qui tienne. Benvenuto a été vrai et on le suit avec plaisir, comme s'il était écrit d'hier (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 1.
6 Qui vaut ou agit dans un cas précis, est adapté à une fin. ⇒ Convenable. || Le vrai moyen (⇒ Bon). || La grille (cit. 20) qui isole les mots vrais (dans un message chiffré). — Mettre une chose à son vrai prix (→ Libelle, cit. 3).
14 Rien n'est bon que d'aimer, n'est vrai que de souffrir.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « À la Malibran », XXVI.
♦ (1681). Qui compte, qui est plus important. ⇒ Essentiel, principal, unique. || Le vrai motif, la vraie raison de sa décision, de son départ.
———
II N. m. (1350).
1 Ce qui est vrai (au sens I., 1.). ⇒ Vérité (1.). || Discerner, distinguer le vrai d'avec le faux (→ Clair, cit. 30). — Philos. || Aspects du vrai : vrai formel, mathématique, psychologique, moral, métaphysique… — Chercher, voir, posséder le vrai (→ Partiel, cit. 1). || Atteindre (cit. 46) au vrai. || « L'homme, dépositaire du vrai, cloaque d'erreur… » (→ Chaos, cit. 4). || Discerner, exposer le vrai (→ Nommer, cit. 13), découvrir le vrai à qqn. — ☑ Loc. Plaider le faux pour savoir le vrai. || Le vrai est mêlé (cit. 43) de faux. — Vx. || Le vrai d'une chose, le vrai de l'aventure (Mme de Sévigné, 25 sept 1676), la vérité concernant cette chose. — Le bien (2. Bien, cit. 68) et le vrai. || Dieu, prototype (cit. 2) du vrai, du beau absolu.
15 (…) les deux valeurs de la logique classique ne sont pas le vrai et le faux (contraires), mais le vrai et le pas vrai (contradict.); or dans le pas vrai sont comprises les valeurs intermédiaires entre le vrai et le faux (indécidable, douteux, probable); le vrai, d'autre part comprend l'effectif, le nécessaire (…)
Foulquié et Saint-Jean, Dict. de la langue philosophique, art. Vérité.
♦ ☑ Loc. Être dans le vrai (→ Force, cit. 70) : avoir raison.
♦ Spécialt. Ce qui correspond à notre sentiment du réel (→ ci-dessus, I., 5.). ⇒ Vérité (4.). → Réalisme, cit. 1. || Le vrai en littérature, en art. || « Rien n'est beau (cit. 2 et 97) que le vrai… »
16 (…) mais Callot est net, clair, fin, précis, fidèle au vrai, malgré le maniéré de ses tournures et l'extravagance fanfaronne de ses ajustements; ses diableries les plus singulières sont rigoureusement possibles (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 84.
2 (Mil. XVIIe). Le réel, ce qui est. ⇒ Réalité, réel, vérité (6.). || Rien n'a l'air plus faux (1. Faux, cit. 46) que le vrai. || Le sentiment du vrai (→ Fiction, cit. 8).
17 Jamais l'imagination n'approchera des invraisemblances et des antithèses du vrai.
Ed et J. de Goncourt, Journal, 21 févr. 1862, t. II, p. 10.
3 ☑ Loc. Dire le vrai (vx), dire vrai (→ Menterie, cit. 1). — Vieilli. || À dire le vrai (→ Orateur, cit. 1). ☑ Mod. À dire vrai (→ Déportement, cit. 3; dorer, cit. 1), à vrai dire (→ Inanité, cit. 4; rouler, cit. 2), s'emploient pour introduire une restriction. ⇒ Franchement; doute (sans doute); → Sans mentir.
18 Tu dis vrai. Le bonheur, amie, est chose grave.
Hugo, Hernani, V, 3.
♦ Dans le vrai (vx) : véritablement, à la vérité (→ Gaucherie, cit. 3).
♦ ☑ Loc. adv. (1538). Au vrai : conformément à la vérité (vx). || Contez-nous la chose au vrai (Académie). — Mod., littér. En fait, pour être tout à fait exact… (→ Diversité, cit. 4; orient, cit. 4; petit, cit. 8).
♦ ☑ (1340). De vrai (vx ou archaïque). → Insensé, cit. 1; promoteur, cit. 3, Montaigne. — Pour vrai (vx) → Immuable, cit. 1, Marot.
19 De vrai est-il tout différent de s'adresser à quelqu'un pour le distraire ou le renseigner — et de lui commander (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 90 (note).
♦ ☑ Loc. fam. Pour (cit. 7 et 8) de vrai.
20 J'ai connu Eugénie longtemps après son veuvage, car elle a été mariée pour de vrai, tu sais (…)
Huysmans, En ménage, X.
———
III Adv. (Dire vrai, fin XIVe — peut-être nominal; v. 1773).
1 Avec exactitude, sincérité; conformément à la vérité. || Parler vrai (→ Nez, cit. 23). — Arts. En accord avec notre sentiment de la réalité. || Écrire, faire vrai (→ Réaliste, cit. 3). || Jouer vrai. ⇒ Juste.
2 (1846, G. Sand). Employé en incise. Fam. Certainement, vraiment (→ Dispenser, cit. 10; navrant, cit. 2). || Je n'ai plus faim, non, vrai, là… (→ Mangeur, cit. 2). || Eh ben vrai, alors… ! (→ Propre, cit. 35) : sans blague ! — En tête de phrase (→ Sûr, cit. 12). — Exclamatif :
21 Ceux-ci épargnés, ceux-là saccagés, et à quelques kilomètres de distance ! vrai ! quelle déveine de se trouver du mauvais côté !
Zola, la Terre, II, II.
22 Vrai, nous n'avions pas pensé que ça tournerait si mal.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », III.
23 — Soyez tranquille ! je lui parlerai !
— Vrai ! tu oseras ?
— Tiens !
E. Labiche, les Deux Timides, 3.
❖
CONTR. Apparent, vraisemblable…; captieux, contestable, controuvé, erroné, fabuleux, faux, inexact, infidèle, inventé, mensonger. — Artificiel, factice, fautif, faux, imité, postiche, simulé; feint. — Imaginaire; chimérique, illusoire. — (Personnes). Comédien, hypocrite, imposteur. — (Beaux-arts). Emprunté, fardé, faux, forcé, imité; académique. — (Du n.) Erreur, invention.
DÉR. Vraiment, vraisemblable, vraisemblance.
Encyclopédie Universelle. 2012.