laver [ lave ] v. tr. <conjug. : 1>
• 980; lat. lavare
I ♦
1 ♦ Nettoyer avec un liquide, notamment avec de l'eau. ⇒ décrasser , décrotter, dégraisser, 2. détacher, nettoyer, savonner. Laver avec une brosse, une éponge; avec du savon, de la lessive. Laver à grande eau. Laver et frotter. ⇒ récurer. Laver et essuyer la vaisselle. ⇒ 1. faire. Laver le plancher, le carrelage à la serpillière. Laver sa voiture. — Absolt Machine à laver. ⇒ lave-linge. Poudre à laver. ⇒ lessive. Cette lessive lave bien. Laver et repasser. — Laver du linge. ⇒ blanchir; blanchissage, lavandière, laverie, lavoir. — Loc. Laver son linge sale en famille : régler ses différends entre soi, sans intermédiaire, sans témoin.
♢ Techn. Laver les laines, pour les débarrasser de la graisse, du suint, les faire dégorger. Laver la laine à dos, avant la tonte (⇒ scoured) . — Laver le minerai. — Laver une épreuve photographique. — Laver le papier, le tremper dans une solution d'alun pour l'empêcher de boire. Laver un livre, en plonger les feuilles dans une solution acidulée pour enlever les taches, les rousseurs. Livre lavé.
2 ♦ Nettoyer (le corps, une partie du corps) avec de l'eau. Laver la figure d'un enfant. ⇒ débarbouiller. — (1538) Fig. Laver la tête à qqn, le réprimander sévèrement (cf. Passer un savon).
♢ Spécialt Laver une plaie. ⇒ déterger. Laver par instillation. — Laver un organe interne par des injections. ⇒ injecter; lavage, lavement.
3 ♦ Arts Mêler d'eau. Laver une couleur. ⇒ délaver. — Ombrer, colorier (un dessin) avec des couleurs délayées dans de l'eau. Laver une aquarelle, une sépia (⇒ lavis) .
4 ♦ SE LAVER (suivi d'un compl. d'objet). Se laver la figure. Elle s'est lavé les mains. Se laver les dents (⇒ brosser) , les cheveux. — Loc. (par allus. à Ponce Pilate) Se laver les mains de qqch., décliner toute responsabilité qui en découle, ne plus s'en préoccuper. Je m'en lave les mains. « le monsieur qui, ayant rempli sa mission, se lave les mains du reste » (Romains).
5 ♦ SE LAVER v. pron. (XIIe) Être lavé, lavable. La soie se lave à l'eau froide.
♢ (Réfl.) Laver son corps, faire sa toilette. ⇒ se nettoyer; ablution, bain, toilette. Se laver dans un lavabo, une baignoire (⇒ se baigner) , sous la douche (⇒ se doucher) . Elle s'est lavée. « l'homme et Nour se lavaient selon l'ordre rituel, partie après partie, recommençant trois fois » (Le Clézio).
6 ♦ Par métaph. (v. 1120) ⇒ purifier. Eau qui lave. ⇒ lustral. Confession qui lave l'âme du pécheur.
♢ Fig. Laver qqn, se laver d'un soupçon, d'une imputation. ⇒ blanchir, disculper, innocenter, justifier. « laver son imagination de toutes les façons d'agir vulgaires » (Stendhal). Se laver du péché, d'une faute (⇒ expier) .
II ♦
1 ♦ Enlever, faire disparaître au moyen d'un liquide. Laver une tache.
2 ♦ (1564) Laver un affront, une injure dans le sang, s'en venger par la violence, en tuant l'offenseur. Laver les péchés, la honte. ⇒ effacer, purger.
3 ♦ Fam. Se débarrasser de (qqch. de compromettant). — Faire disparaître l'origine illégale de (l'argent). ⇒ blanchir.
⊗ CONTR. Barbouiller, salir, souiller, tacher. Accuser, imputer.
● laver verbe transitif (latin lavare) Nettoyer avec de l'eau et le plus souvent un produit spécial (savon, lessive, détergent, etc.) : Laver du linge avec de la lessive. Laver les cheveux à un enfant. En parlant de la pluie, de l'orage, etc., rendre quelque chose clair, net, propre : La pluie d'hier a lavé les rues. Faire disparaître ce qui atteint quelqu'un dans son honneur : Ce témoignage le lave de tout soupçon. Industrie du bois Effectuer un premier trait de scie, sur un côté de la grume, et faire apparaître une surface appelée découvert. Beaux-arts Étendre au pinceau, sur un dessin ou un plan, des teintes plates de couleurs délayées (lavis, aquarelle). Chimie Procéder au lavage d'un précipité, d'un gaz. Mines Éliminer le stérile contenu dans le charbon ou le minerai brut par des moyens physiques. ● laver (expressions) verbe transitif (latin lavare) Littéraire. Laver un affront, une offense, une injure (dans le sang), se battre avec quelqu'un et le blesser ou le tuer pour venger ce qu'il vous a fait. Laver de l'argent, le blanchir. Familier. Laver son linge sale en famille, régler les disputes intimes dans le cadre du groupe concerné. Familier. Laver la tête à quelqu'un, lui faire une sévère réprimande. Machine à laver, lave-linge ou lave-vaisselle. ● laver (homonymes) verbe transitif (latin lavare) ● laver (synonymes) verbe transitif (latin lavare) Nettoyer avec de l'eau et le plus souvent un produit...
Synonymes :
- blanchir
- débarbouiller
- décrasser
- doucher
- lessiver
- nettoyer
Contraires :
- maculer
- salir
- souiller
- tacher
Faire disparaître ce qui atteint quelqu'un dans son honneur
Synonymes :
- décharger
Contraires :
- charger
Littéraire. Laver un affront, une offense, une injure (dans le sang)
Synonymes :
- effacer
Contraires :
- éclabousser
- entacher
- flétrir
- noircir
- ternir
Familier. Laver la tête à quelqu'un
Synonymes :
- passer un savon (familier)
laver
v. tr.
d1./d Nettoyer avec de l'eau ou un autre liquide. Laver du linge. Machine à laver le linge, ou, absol., machine à laver.
d2./d Nettoyer avec de l'eau le corps, une partie du corps. Laver une plaie.
|| v. Pron. Laver son corps.
— (Suivi d'un compl. d'objet.) Se laver les cheveux.
— Fig. Se laver les mains de qqch, déclarer qu'on n'en est pas responsable.
d3./d Loc. fig. Laver qqn d'une accusation. Laver un affront (dans le sang).
— Loc. fig. Laver son linge sale en famille: régler les problèmes familiaux dans l'intimité et non en public.
d4./d CHIM Laver un gaz, le débarrasser de ses impuretés en lui faisant traverser un liquide.
d5./d TECH Laver un dessin, le teinter au lavis.
d6./d MINER Laver un minerai, le débarrasser des éléments terreux.
⇒LAVER, verbe trans.
I. A. — [Le compl. désigne ce qui est sale]
1. [Le suj. désigne l'agent]
a) [Avec un compl. prép. indiquant le moyen] Rendre quelque chose (plus) propre au moyen d'un liquide (et d'un produit nettoyant).
— Laver + compl. prép. de. Lui (...) hochait la tête, fredonnait, humait sa cassolette, se faisait laver d'eau de senteur (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 45). Les pompiers lavent de leurs lances les gamins nus (MORAND, New-York, 1930, p. 224) :
• 1. En quoi vous ai-je offensé? dit-elle tout effrayée. J'ai entendu parler d'une femme comme moi qui avait lavé de parfums les pieds de Jésus-Christ.
BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 47.
♦ Part. passé à valeur adj. Laisse-moi respirer ton odeur, qui est comme l'odeur de la terre, (...) lavée d'eau comme un autel (CLAUDEL, Ville, 1901, I, p. 447).
— Laver + compl. prép. par. P. métaph. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; (...) Et nous rentrons gaîment dans le chemin bourbeux Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches (BAUDEL., Fl. du Mal, 1855, p. 5).
— Laver + compl. prép. avec. Ils ne prirent point la peine de laver avec une éponge le sang qui couvrait le lit (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1905, p. 85).
♦ Au fig. Laver ses péchés avec des larmes. ,,Pleurer ses péchés`` (Ac.).
♦ Loc. Laver la tête à qqn avec du plomb. Fusiller quelqu'un. Allons, lavez-moi la tête avec du plomb, cela m'apprendra (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 122). On lui a lavé la tête avec du plomb, mon commandant, lui dit Beau-pied (BALZAC, Chouans, 1829, p. 381).
♦ Emploi pronom. indir. Se laver les mains avec de la pâte d'amandes (Ac. 1835, 1878). Boissel et Pitolet l'avaient suivi et lui donnaient des conseils. Selon celui-ci, il fallait se laver le visage avec de l'huile d'olive pure (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 502).
— Laver + compl. prép. à. Une irrésistible envie le prit aussitôt de quitter ce qui lui restait de vêtements, et de laver à grande eau ses membres moites (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 812). Je ne puis t'embrasser autrement. Va te laver les mains à l'alcool. Va, je te prie (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 395) :
• 2. Depuis le temps que l'huile Shell force mes regards de toutes manières, il ne m'est jamais venu à l'idée d'en abreuver mon moteur. Pas plus que je n'ai seulement pensé à me laver au savon Cadum...
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 30.
♦ Part. passé à valeur adj. Ces filles en bas de soie bleue ou rose, dont les lèvres sont passées au rouge, les yeux soulignés au khol, les cheveux lavés à l'auréoline [shampooing donnant un bel éclat aux cheveux] (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 32).
♦ Emploi pronom. réfl. Sur l'avant du navire, les hommes de la bordée de quart (...) se lavaient à grande eau froide (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 367). Au lavabo, chaque matin, il se lavait les cheveux à grande eau (RENARD, Journal, 1901, p. 685).
b) [Avec un compl. prép. locatif dans ou à] Faire tremper quelque chose dans (quelque chose contenant) un liquide avec lequel on le frotte pour le rendre (plus) propre. C'est l'usage ici, dit-il un peu ivre, que les invités à un mariage montent au milieu de la nuit et lavent la mariée dans le whisky (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 74). À l'aube, (...) je lavais ma cuiller et ma fourchette dans une grande bassine d'eau chaude (GREEN, Journal, 1942, p. 269) :
• 3. Ils descendirent et, se mettant nus, lavèrent leurs corps brûlants dans l'eau tiède qu'ils battaient de leurs mains dures.
HAMP, Champagne, 1909, p. 103.
— Une trentaine de femmes lavaient du linge à ce bassin, le samedi, dernier jour du mois de septembre (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 44). Elle fait un voyage pour laver un torchon à la rivière, dans l'eau qui court (RENARD, Journal, 1905, p. 990).
— Emploi pronom. réfl. Un maure se lavait les pieds dans la fontaine qui est au milieu (DELACROIX, Journal, 1832, p. 123). On se lavait dans de l'eau dont il fallait briser la glace et qui ne lavait pas (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 113). Les hommes, ayant retiré leurs redingotes, se lavèrent les mains dans un seau d'eau (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Partie camp., 1881, p. 373).
♦ P. métaph. Il roule çà et là par l'Europe, se lavant l'esprit dans les voyages (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 15).
— Part. passé à valeur adj. Sa tunique est livrée aux femmes de Milet, Et ses pieds sont lavés dans un vase de lait (VIGNY, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 135).
c) [Sans compl. prép.] Rendre quelqu'un, quelque chose (plus) propre (généralement) au moyen d'eau et d'un produit nettoyant avec lequel on le frotte. Anton. salir. Laver les pieds de qqn; laver sa voiture. L'hôtesse, qui peigne Et lave dix marmots roses et pleins de teigne, Parle d'amour, de joie et d'aise, et n'a pas tort! (VERLAINE, Œuvres compl., Jadis, Paris, Gallimard, 1938 [1884], p. 209). Elle apporta un peu d'eau dans une cuvette, lui lava doucement les yeux, le visage et les mains (JOUVE, Paulina, 1925, p. 246). Le temps était loin où, sans débrider, elle lavait les trois étages de l'hôtel (DABIT, Hôtel, 1929, p. 84). Je vais venir. Mais faites d'abord chauffer de l'eau; je vais laver cette vaisselle; je ne peux pas supporter la saleté (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 326).
— Part. passé à valeur adj. Figure, main lavée. En haut des arbres, des espèces de lucarnes aux vitres mal lavées se montraient (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 20). Elle passait un tablier blanc, frais lavé, fleurant encore le grand air et le vent (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 58).
— Loc. fig. ou p. anal.
♦ Laver son linge (sale) (en famille/en public). Régler ses problèmes personnels (entre les parties concernées/au grand jour). Si vous vous permettez de petites infamies, que ce soit entre quatre murs. (...) Napoléon, appelle cela : laver son linge sale en famille (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 715). Après avoir lavé notre linge [avec Gide] nous eûmes toujours des rapports agréables (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 211) :
• 4. Tout cela, au reste, est encouragé par le Gouvernement qui (...) est enchanté de voir la littérature se manger le nez en famille et laver son linge sale en public.
GONCOURT, Journal, 1857, p. 322.
♦ Fam. Laver la tête à qqn. Réprimander quelqu'un avec sévérité. Synon. passer un savon à qqn. J'étais allée trouver ces deux garçons Jean et Pierre, pour leur laver un peu la tête, comme vous me l'aviez recommandé (KOCK, Pucelle, 1834, p. 278). Ces propos ayant été rapportés au Maître, celui-ci entra dans une vive irritation, fit venir Abrice et lui lava la tête comme il faut (L. DAUDET, Bacchantes, 1931, p. 177).
♦ Arg. Laver la gueule à qqn. Payer à boire à quelqu'un pour en obtenir des faveurs. — T'occupe pas, toujours les mêmes qui se dém... — En douce, tu comprends, le fourrier n'en a refilé qu'aux mecs qui lui lavent la gueule (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 65).
— Loc., vx. À laver la tête d'un âne on perd sa lessive (Ac.). Cf. lessive A 1 a.
— Spécialement
♦ Arg. et fam. Laver un chèque. Faire disparaître la mention du montant, celle du destinataire, pour les remplacer par d'autres. Synon. falsifier un chèque. V. laveur ex. de Cendrars.
♦ BEAUX-ARTS. Cf. infra III.
♦ MÉD. Laver une plaie. Nettoyer une plaie généralement avec un liquide antiseptique. Synon. absterger. Tchen releva son pantalon, banda sa cuisse avec un mouchoir sans laver la blessure (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 317). Laver un organe. Procéder au lavage (v. ce mot) d'un organe.
♦ PAPET., vx. Laver le papier (Ac. 1798-1878). Tremper le papier dans un bain d'alun pour le rendre moins absorbant.
♦ IMPR., vx. Laver un livre, les feuillets d'un livre (Ac.). Tremper un livre dans un bain d'acide chlorhydrique pour en faire disparaître les taches.
♦ TECHNOL. Rendre plus pur un produit, un matériau ou le débarrasser des impuretés qu'il renferme en le soumettant à des bains ou à des courants (généralement) d'eau successifs. Laver les argiles. Si le métal est mousseux, il faut ramener le métal et, suivant l'expression consacrée laver le bain par des additions raisonnées de spiegel (WURTZ, Dict. chim., 2e suppl., t. 4, 1801, p. 56) :
• 5. La mort dans l'âme, de nobles chercheurs d'or étrangers, au risque d'y laisser leurs derniers cents viennent laver les sables aurifères de Park Avenue.
MORAND, New-York, 1930, p. 219.
— Emploi pronom. réfl. indir. Se laver la tête; se laver le visage. Le chat était installé sur le rebord de la lucarne. Il léchait sa patte et se lavait l'oreille (GIONO, Colline, 1929, p. 130). Il renvoya les enfants avec brusquerie. — Allez vite vous laver les mains, on va se mettre à table (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 187).
— Locutions
♦ Se laver les mains (cf. infra d).
♦ Arg. et pop.
Se laver le gosier. Boire. Synon. se rincer la dalle. Part. passé à valeur adj. Je retrouvais (...) aussi un peu de l'enrouement des gosiers incessamment lavés par l'eau-de-vie (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 103).
Vx. (Aller) se laver les pieds. Faire la traversée pour aller au bagne en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie. Mes complices alors sont dans le hal [= incarcérés], tant mieux nous irons tous nous laver les pieds à la Nouvelle (G. MACÉ, Lundis, p. 181 ds BRUANT 1901, p. 370).
— Emploi pronom. réfl. Synon. faire sa toilette. Jamais je n'aurai assez d'eau pour me laver, se dit Durtal, en jaugeant le minuscule pot à l'eau qui mesurait bien la valeur d'une chopine (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 22). Je courus à ma salle de bains et me lavai et me douchai pendant trois heures (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 228).
— Emploi pronom. passif, rare. Être lavé. Là, était l'évier sur lequel se lavaient avant et après le tirage les formes, ou, pour employer le langage vulgaire, les planches de caractères (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 11).
d) [Avec un compl. prép. de désignant ce qui salit]
— Au fig. Rendre quelqu'un net de quelque chose considéré comme une souillure. Synon. disculper, blanchir. Laver qqn d'une accusation. Eh bien, j'en ai assez de l'héroïsme. Vous m'avez lavée de l'héroïsme. Pour la vie (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1027). Il lui semble [à l'homosexuel] (...) que la durée psychique, par elle-même, le lave de chaque faute (...), le fait renaître à neuf (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 104). Il se sentait lavé de toute souillure (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 281) :
• 6. Vous vous imaginez laver Napoléon d'un reproche et rejeter la faute sur M. de Talleyrand; or vous ne justifiez pas assez le premier, et n'accusez pas assez le second.
CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 154.
♦ [P. ell. du compl. prép.] Ce soupçon n'est-il pas injurieux pour l'armée? Hâtez-vous de laver Boisdeffre en livrant Esterhazy, l'espion, à la justice des lois (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 244).
— Emploi pronom. réfl. Se débarrasser de la saleté qu'on a sur soi au moyen d'un liquide (et d'un produit nettoyant). Vivement elle courut à sa chambre; là, quittant sa robe, en jupe et en corset, elle se lava de la poussière du wagon (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 33).
♦ Au fig. Se laver d'un crime (Ac.). Il y a des événements ridicules et honteux dont on a peine à se laver (SAND, Jacques, 1834, p. 305). L'accusation de frigidité exaspérait Coco. Pour s'en laver, elle avait couché avec une demi-douzaine de costauds, dont deux nègres (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 338) :
• 7. ... mon âme, élance-toi en avant!
Je vous propose de vous laver de votre honte et de vous lever de votre bassesse,
Et de vous venger d'un sort dur et méprisable...
CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, p. 103.
— Loc. [P. réf. à l'attitude de Ponce Pilate au cours du procès du Christ v. Matth. 27, 24]. Se laver les mains (de qqc.). Dégager sa responsabilité d'une affaire pour ne pas en subir les suites. Maintenant, elle s'en lavait les mains, elle jurait de ne plus se mêler de rien (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 724). Après, nous saisirons les ambassades anglaise et russe. Et nous nous laverons les mains du reste (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 344).
♦ Emploi performatif. J'ai offert d'envoyer l'argent, tu ne veux pas, je m'en lave les mains (AUGIER, Pierre de touche, 1854, III, p. 137). Taisez-vous. Je me lave les mains; aucun regret, aucun remords ne m'effleure (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 269).
e) Emploi abs. Faire la lessive, les travaux de lavage domestique. Maman cousait, lavait, reprisait, parfois (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 133). Chaque fois qu'il avait vu partir Rose-Anna pour aller laver chez les autres, il s'était cabré intérieurement (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 195) :
• 8. Dès que les gosses seront plus grandes, la Philiberte pourra les mettre à l'école et se louer pour les lessives : on a tant de mal, aujourd'hui, à trouver des femmes qui lavent.
MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1070.
— Expr., vieilli. Donner à laver (à qqn). Présenter (à quelqu'un) de quoi se laver les mains avant de se mettre à table. Des femmes, et quelquefois la fille même du Roi, conduisent l'étranger au bain. On le parfume, on lui donne à laver dans des aiguières d'or et d'argent (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 547). On donna à laver dans une magnifique aiguière de vermeil (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 441).
2. [Le suj. désigne le moyen]
a) P. anal. Couler abondamment sur quelque chose. Les vagues lavent le pont du navire. Le fleuve lave les murs de telle ville (Ac. 1835, 1878). La façade, toute noircie, avait deux étages. À demi lavée par la pluie en certains endroits (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 33). Il balbutiait, il ricanait sous les larmes claires qui lavaient sa figure (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 8). Jourfier suivait d'un œil curieux les aspérités sourcilleuses de la masse basaltique dont la Merlasse (...) lavait les pieds avec fracas (FABRE, Lucifer, 1884, p. 268) :
• 9. Que l'on se figure ces journées de quatorze heures, (...) le corps plié, la bouche ouverte sous le souffle plus rapide, la face lavée de sueur, les pieds butant aux mottes du terrain.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 47.
— Au fig., part. passé à valeur adj. Qui a perdu toute couleur et parfois toute consistance. Synon. délavé. Sa mère, toute blanche, les yeux lavés, ses joues de papier de soie toutes chiffonnées, n'avait plus d'âge (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 521). Contrairement à Faguet, c'est un homme lavé, au physique et au moral, tellement lavé qu'il n'en a plus de goût (L. DAUDET, Ét. et mil. littér., 1927, p. 247).
b) P. métaph. Débarrasser ce qui souillait quelqu'un ou quelque chose comme le ferait l'action de l'eau. Synon. nettoyer, purifier; anton. infecter, salir. La rude brise de mer le lavait des odeurs du Quartier Latin (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 848). Ils usèrent leur fièvre dans de fausses étreintes, puis le matin les lava dans un bain d'aurore (GIDE, Voy. Urien, 1893, p. 38). Jacques (...) recula et, bondissant dans une fuite éperdue, comme si l'air de l'atmosphère avait pu laver ses yeux de la vision tenace (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 256) :
• 10. Deux jours, là-haut, sur le divan, il avait agonisé, enveloppant toute la maison, jusqu'aux animaux, dans le filet de son désastre; et maintenant, dégorgé de son agonie, la peau claire, le regard lavé, il renaissait...
ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 144.
B. — [Le compl. désigne ce qui salit]
1. [Le suj. désigne l'agent] Faire disparaître quelque chose qui salit (quelque chose/quelqu'un) au moyen d'un liquide (et d'un produit nettoyant). Laver une tache (Ac.). Je me déshabille vivement pour laver la poussière du train, et derrière les volets, clos à cause du soleil, nous vagabondons en chemise avec volupté (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 182). Il était debout à côté de la fontaine, pendant qu'on lui lavait le sang qu'il avait sur la figure (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 101) :
• 11. Il lut longuement deux petites pages, levant sur Juliette des yeux absents. Puis il brûla le feuillet au-dessus du lavabo, fit couler l'eau pour laver les cendres.
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 82.
— Emploi pronom. passif. Le sang se lave avec les larmes et non avec le sang (HUGO, Actes et par. 2, 1875, p. 115). Jusqu'à l'heure où je vis monter dans la lumière (...) La source baptismale où se lavent nos fanges (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 96).
— Au fig. Faire disparaître (par tel ou tel moyen) quelque chose qui offense l'honneur (de quelqu'un) ou qui est considéré comme une souillure. Synon. effacer. Laver un affront, une offense. Laver une injure, un outrage dans le sang de quelqu'un (Ac. 1835-1935). À présent, le monde a parlé, il a jeté sa hideuse malédiction sur nos amours, il faut les laver avec du sang (SAND, Jacques, 1834, p. 278). Il rompit avec le passé dont il lava la souillure en se promettant plus d'une vengeance expiatoire (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 55). Nous devons, avant que le feu cesse, laver sur ce terrain les outrages naguère subis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 161) :
• 12. Les paysans d'Abruzzo ne badinent pas avec l'honneur dont ils ont constitué un code à leur façon. La vengeance est prompte, et la honte vite lavée.
CHARDONNE, Attach., 1943, p. 70.
2. [Le suj. désigne ce qui lave] Faire disparaître quelque chose qui souille (quelque chose/quelqu'un). La pluie n'espérait pourtant pas laver cette boue, laver ces haillons, laver ces cadavres? Il pourrait bien pleuvoir toutes les larmes du ciel, pleuvoir tout un déluge, cela n'effacerait rien (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 281). V. supra I A 1 b ex. de Sand.
— Au fig. Faire disparaître quelque chose qui offense l'honneur ou qui est considéré comme une souillure. Synon. effacer. Vois ces gouttes de sang versées pour tous les pêcheurs, assez nombreuses, assez efficaces pour laver tous les péchés (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 337). Son pur amour maternel qui n'avait jamais soupçonné le mal (...) semblait aujourd'hui laver les torts et bénir (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 166).
II. — BEAUX-ARTS
A. — 1. Colorier (un dessin, un support graphique) d'une couleur étendue d'eau (ou parfois d'un autre liquide). Laver une esquisse à l'encre, à l'eau d'architecte. Laver un dessin (Ac.). Laver les masses de verdure en vert (Ac. 1835-1935). À mesure que nous dressions nos cartes, Mademoiselle de Lessay les lavait à l'aquarelle (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 393). Il trempa le pinceau dans la peinture et se mit en mesure de « laver » tout l'espace occupé par le cercle qu'il avait préalablement tracé (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 148) :
• 13. L'immense difficulté, pour faire un dessin où il y ait du soleil! Voilà Gavarni d'abord lavant le papier blanc, d'un ton chaud, jaune rosé...
GONCOURT, Journal, 1861, p. 924.
— Part. passé à valeur adj. Plan lavé; aquarelle lavée de gouache. Je citerai encore Fragonard, (...) dont le fils a poussé au plus haut degré de mérite les dessins lavés (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 338). Hetzel lui fait faire pour la Belgique une masse de dessins à la plume, sur papier écolier, lavés d'aquarelles par dessus (GONCOURT, Journal, 1855, p. 173). Dans le plan de Strasbourg ci-joint St Étienne est lavé en bleu, La Marguerite en rouge (MÉRIMÉE, Lettres L. Vitet, 1870, p. 92) :
• 14. Lorie s'approchait et montrait du bout de son lorgnon un plan superbe lavé à l'encre de Chine pendant les loisirs du bureau.
A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 136.
♦ P. anal. Coloré d'une (de) couleur(s) légère(s). Synon. teinté. Elle prenoit plaisir à voir la lumière de cet astre paisible s'étendre du haut des montagnes en nappes argentées, lavées d'une légère teinte bleuâtre (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 114). Sa coloration est très variable : généralement le corps est lavé de brun, de roux, d'olivâtre (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 164).
2. Exécuter une œuvre en utilisant des couleurs étendues d'eau. Elle savait laver une seppia, peindre à la gouache et à l'aquarelle (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 149). Le duc de Rohan était fort joli; il roucoulait la romance, lavait de petites aquarelles et se distinguait par une étude coquette de toilette (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 364). Aux murs, des lavis mal lavés (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 249). Madame lave agréablement l'aquarelle (ARNOUX, Solde, 1958, p. 14).
B. — Ajouter de l'eau à une couleur.
— Part. passé à valeur adj. Couleur lavée (Ac.). Il a inventé un dessin cursif, mais qui est peint, comme il dit, et qui se fait à la plume avec deux encres : de l'encre noire lavée d'eau et de l'encre rouge carminée (GONCOURT, Journal, 1859, p. 632).
C. — Emploi intrans., rare. Perdre de l'intensité, de l'éclat. Synon. se délaver. Si les couleurs lavent au vernissage, on les fixe par un fort talquage (VILLON, Dessin. et impr. lithogr., 1932, p. 676).
III. — Fam. et arg. Écouler une marchandise (généralement pour un prix modique). Synon. liquider, bazarder. Moi, je carotte froidement des volumes, sous prétexte de service de presse supplémentaire, et je les lave chez Gougy (COLETTE, Cl. ménage, 1902, pp. 135-136) :
• 15. À dix-sept ans, (...) il s'était trouvé sur le pavé de Paris, sans autre ressource que l'héritage de la bonne femme, d'horribles bouquins, (...) qu'il « lavait » sur les quais, au fur et à mesure de ses besoins les plus urgents.
COPPÉE, Coupable, 1897, p. 52.
♦ Laver de l'argent volé. L'échanger au-dessous de sa valeur.
— Part. passé à valeur adj. Synon. nettoyé. — Est-ce qu'il te reste un Paris-soir? — Tout vendu, tout lavé (ARNOUX, Paris, 1939, p. 36).
REM. Laviller, verbe trans., hapax, région. Laver (quelque chose). Dorothée (...) regagna son village. Mais elle fit dès lors état de ce séjour. « C'est moi que j'étais celle qui lavillait les abbés! » disait-elle en gonflant le cou, parce qu'on l'avait prise une fois pour laver les aubes et les surplis de la cure (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 167).
Prononc. et Orth. : [lave], (il) lave [la:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin Xe s. « nettoyer avec de l'eau (une partie du corps) » (La Passion, éd. D'A. S. Avalle, 92); fig. ca 1500 laver la tête de qqn « le réprimander » (PH. DE COMMYNES, Mémoires, éd. Calmette, III, 253); 2. fin Xe s. allus. biblique laver ses mains (La Passion, 237); fig. ca 1180 « dégager sa responsabilité » (HUE DE ROTELANDE, Ipomedon, éd. A. J. Holden, 8947); 3. ca 1165 se laver (BENOIT, Roman de Troie, 2016 ds T.-L.); 4. 1re moitié XIIe s. p. métaph. « purifier » (Psautier d'Oxford, 57, 10, ibid.); début XIIIe s. par confession lavé (GERBERT DE MONTREUIL, La Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 202); 5. 1170 « nettoyer (une plaie) » (BENOIT DE SAINTE-MAURE, Roman de Troie, éd. L. Constans, 10250); 6. 1176-81 « débarrasser (quelqu'un) de ses souillures » (CHRETIEN DE TROYES, Chevalier à la Charrette, éd. M. Roques, 4388). II. 1. 1485 « enlever la saleté d'un objet » laver les tasses (Mystère du Viel Testament, éd. J. Rothschild, 40410); 1579 escuelles à laver (LARIVEY, Jaloux, IV, 2 ds IGLF); 1690 laver la lescive (FUR.); d'où 2. 1690 pierre à laver « évier » (ibid.); 3. technol. 1576 peint. (Inventaire Ducs de Lorraine, 219 ds IGLF : Ung refreschissoir lavé de couleur); 1663 terme de chim. (GLASER, Chimie ds Trév. 1721 : C'est ôter par le moyen de l'eau les impuretes grossières de quelque mixte); 1676 terme de charpent. (FÉLIBIEN, p. 631); 1680 laver les laines (RICH.); 1712 terme d'orfèvr. (M. CRAMER, Dict. fr.-all., t. 2); 4. 1748 « dépenser » (CAYLUS, L'Histoire de Guillaume Cocher, 25 ds BRUNOT t. 7, p. 1216); 1794 « vendre » (Let. de Combaud fils, 25 flor. an II, ibid., t. 10, p. 292, n° 3). Du lat. lavare. Fréq. abs. littér. : 2 984. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 759, b) 4 706; XXe s. : a) 5 589, b) 4 444. Bbg. CHAUTARD Vie étrange arg. 1931, p. 653. - DE KOCK (J.). À propos de deux descriptions de la forme pronom. du verbe en fr. Orbis. 1971, t. 20, n° 1, pp. 22-23.
laver [lave] v. tr.
ÉTYM. V. 980; du lat. lavare « laver, nettoyer » et aussi « baigner (un lieu) » en parlant d'un cours d'eau.
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1 Compl. n. de chose. a Nettoyer (qqch.) avec un liquide, et, spécialt, avec de l'eau. ⇒ Abluer (vx), ablutionner, décrasser, décrotter, dégraisser, lotionner, nettoyer, relaver. || Action de laver qqch. ⇒ Ablution, lavage, lavement (A.), lotion, nettoyage. || Laver du linge avec de l'eau et du savon (⇒ Savonner), avec un détersif. || Laver qqch. à l'eau froide, laver à l'eau chaude (⇒ 1. Échauder). || Laver un carrelage avec une brosse, une éponge, un torchon (⇒ Serpillière). — Laver du linge. ⇒ Aiguayer, blanchir (I., 3.), buer (régional), essanger, guéer; blanchissage, buandier, 1. lavandière, laverie, lavoir, lessive. || Tissu qui peut être lavé. ⇒ Lavable.
1 Cependant, Gervaise lavait son linge de couleur dans l'eau chaude, grasse de savon, qu'elle avait conservée.
Zola, l'Assommoir, I, t. I, p. 23.
2 Les plus modérés veulent que les pauvres soient bien lavés, parce que, disent-ils, l'eau ne coûte rien. Erreur; l'eau coûte de la peine, et le savon coûte de l'argent. Il faut du temps aussi pour laver les mioches, et du temps pour laver les blouses et les culottes.
Alain, Propos, 13 nov. 1909, La morale…
REM. Cet exemple illustre aussi le sens 4 : laver qqn.
♦ ☑ Loc. fig. (V. 1800). Il faut laver son linge sale en famille : c'est entre soi et non en public qu'il faut régler les fâcheuses affaires domestiques. — REM. Cette locution (dont Napoléon se servit en rabrouant un jour les membres du Corps législatif) se trouve dans un passage des « Mémoires de Casanova », cité par Guerlac. — Voltaire, à propos des poèmes de Frédéric II de Prusse qu'il était chargé de revoir, écrivait : « le roi m'envoie son linge sale à blanchir ».
3 (…) entre nous, pas de cérémonies, nous nous connaissons assez pour laver notre linge ensemble.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 550.
4 On serait bien avancé, si les voisins entendaient. On irait en justice, et les bons y perdraient peut-être plus que les mauvais. Tous se turent : il (Delhomme) avait raison, ça ne valait rien de laver son linge sale devant les juges.
Zola, la Terre, V, VI.
♦ Absolt et spécialt. Laver le linge. || Femme (cit. 100) de ménage qui lave et repasse (→ Brider, cit. 1). — ☑ Loc. Machine à laver : appareil ménager (électrique, etc.) qui brasse le linge dans un liquide détersif. ⇒ Lave-linge. || Elle vient d'acheter une nouvelle machine à laver.
♦ Laver la vaisselle, les ustensiles de cuisine. ⇒ Plonge (faire la). || Laver des écuelles (cit. 2). || Laver les assiettes avec une lavette. || Eau qui a servi à laver la vaisselle (⇒ Lavure, rinçure). || Laver et frotter les verres (⇒ Rincer). || Machine à laver la vaisselle. ⇒ Lave-vaisselle. — Absolt et vx. || Pierre à laver : évier. — Vx. || Laver les vaisselles.
5 Il a été deux ans entiers (…) à laver les vaisselles.
Racine, Œ. div. en prose, Lett. à auteur des Hérésies imaginaires.
♦ Laver le plancher, le carrelage. || Laver la maison (→ Frotter, cit. 4). || Laver le pont d'un navire, une barque (→ Fauberder, cit.; gondole, cit. 2). || Faire laver sa voiture.
b Par métaphore. || Les pluies ont lavé le pavé (→ Grand, cit. 28).
6 (…) ce beau château Louis XIII dont les briques rouges, lavées par la pluie, luisent à mi-côte entre les massifs.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, Partie de billard.
c Techn. || Laver les laines, pour les débarrasser de la graisse, du suint… ⇒ Dégorger (faire). || Laver la laine à dos, avant la tonte. — Laver le minerai, pour en séparer la terre, les impuretés. ⇒ Laverie. || Orpailleur qui lave le minerai aurifère. || Laver les cendres (d'une fonderie de métaux précieux) pour en retirer les parcelles d'or, d'argent. — Laver les chiffons (dans la fabrication du papier). → Filigrane, cit. 1 — Laver le beurre après le barattage. — Laver une épreuve photographique. || Instantané (cit. 3) mal lavé. — Laver le papier, le tremper dans une solution d'alun pour l'empêcher de boire. — Laver un livre, en plonger les feuilles dans une solution acidulée pour enlever les taches, les rousseurs.
2 Vx (langue class.; sens du latin). Baigner de ses eaux (le sujet désigne un cours d'eau). || « La Seine au pied des monts que son flot (cit. 1) vient laver » (Boileau).
7 Et jusqu'au pied des murs que la mer vient laver.
Racine, Bajazet, V, 11.
3 Arts. Mêler d'eau. || Laver une couleur. ⇒ Délayer (1.). || Laver un dessin, l'ombrer, le colorier avec de l'encre de Chine, de la sépia, des couleurs délayées dans de l'eau. ⇒ Lavis.
8 Elle apprit à monter à cheval, à danser et à dessiner. Elle lava des aquarelles et des sépias (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 564.
4 (Compl. n. d'être animé). a (1080, Chanson de Roland). Nettoyer le corps, une partie du corps de (une personne, un animal) avec de l'eau; nettoyer (une partie du corps). || Laver qqn dans le bain. ⇒ Baigner, étuver (1.). — Laver les mioches (→ ci-dessus, cit. 2). — Laver la figure d'un enfant. ⇒ Débarbouiller, frotter (I., 3.). || Laver les mains de qqn (→ Essuyer, cit. 1). || Laver son corps (→ Hétaïre, cit. 2). — Laver son chien.
9 D'abord, après l'accouchement, on lave l'enfant avec quelque eau tiède où l'on mêle ordinairement du vin. Cette addition de vin me paraît peu nécessaire.
Rousseau, Émile, I.
10 Ta fille est belle et vierge, et tout cela se vend !
Pour aller au sabbat, c'est toi qui l'as lavée,
Comme on lave les morts pour les mettre au tombeau (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Rolla », III.
11 Edmond eut honte de ses mains, qu'il n'avait pas lavées depuis le déjeuner.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XVII.
♦ ☑ (1538). Fig. Laver la tête de qqn, à qqn, le réprimander sévèrement (→ Passer un savon à). || Tu vas te faire laver la tête. ⇒ Engueuler (fam.).
12 (Neptune) Après avoir lavé la tête
Aux vents auteurs de la tempête (…)
Scarron, Virgile travesti, I.
12.1 Vous voudriez pouvoir laver la tête à votre domestique comme vous vous lavez le corps, c'est-à-dire d'une façon désagréable.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 24.
13 Ils me laveront la tête un peu vivement, et ce sera tout. Un ancien de chez eux reste un collègue, quoi qu'il arrive.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, V, p. 47.
♦ Spécialt. || Laver une plaie. ⇒ Absterger, déterger; → Étendre, cit. 11. || Laver une plaie par instillation. — Laver un organe interne par des injections. ⇒ Injecter; lavage, lavement (→ Balayer, cit. 17).
b Se laver, suivi d'un compl. d'objet. || Se laver la figure (→ Échauder, cit. 1), les mains (→ Évier, cit.; flamber, cit. 9; hoquet, cit. 4). || Se laver les pieds (⇒ Pédiluve). || Bassin pour se laver les mains (⇒ Aquamanile). || Se laver les dents.
14 Il ne comprit jamais, par exemple, que l'on se lavât le visage avant de se laver les mains. Il disait à Berthe : « Tu touches ta figure avec tes mains sales, c'est une drôle de façon pour se laver. »
Ch.-L. Philippe, Bubu de Montparnasse, II.
♦ Allus. évang. || Ponce Pilate se lava les mains et se déclara innocent (cit. 9) du sang de Jésus. — ☑ Fig. Se laver les mains de qqch., décliner toute responsabilité qui pourrait en découler, et aussi, ne plus s'en préoccuper.
15 Si ces jeunes gens sont fusillés, c'est qu'on l'aura bien voulu ! répond-il (Corentin) à haute voix, maintenant je m'en lave les mains.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 521.
16 (…) de l'air du monsieur qui, ayant rempli sa mission, se lave les mains du reste.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 279.
c (XIIe). || Se laver, v. pron. Laver son corps. ⇒ Nettoyer (se); ablution, bain, toilette (→ Aller, cit. 114; étuve, cit. 1; et ci-dessus, cit. 14). || Se laver dans une cuvette, un lavabo, une baignoire, un tub, sous la douche. || Se laver à grande eau (→ Ajuster, cit. 17; baille, cit. 1). || Il ne se lave jamais (→ Empester, cit. 3).
17 (C'était) Fouillade, le torse nu, qui se lavait à grande eau. Maigre comme un insecte, agitant de longs bras minces, frénétique et tumultueux, il se savonnait et s'aspergeait la tête, le cou et la poitrine jusqu'au grillage proéminent de ses côtes.
H. Barbusse, le Feu, t. I, XI.
18 — Monsieur, dit l'homme, je vous demande pardon, mais vous avez probablement un (…) robinet de cuisine, un petit lavabo. J'aurais besoin de me laver, oui (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, VIII, p. 86.
18.1 Dans la lumière grise de l'aube, l'homme et Nour se lavaient selon l'ordre rituel, partie après partie, recommençant trois fois. L'eau du puits était froide et pure, l'eau née du sable et de la nuit. L'homme et l'enfant baignaient encore leur face et lavaient leurs mains, puis ils se tournaient vers l'Orient pour faire leur première prière.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 20.
5 (V. 1120). Par métaphore. a ⇒ Purifier. || Le baptême lave l'âme. || Eau qui lave, purifie. ⇒ Lustral. || La confession lave l'âme du pécheur.
b Fig. || Laver qqn, se laver d'un soupçon, d'une imputation, d'une calomnie (cit. 1). ⇒ Disculper, justifier. || Se laver du péché (→ Hérésie, cit. 10), d'une faute (⇒ Expier). || Laver sa conscience.
19 (…) un mémoire justificatif où il se lavait, sans trop de peine, de l'accusation de lèse-majesté.
Maurice Rat, Notice du Mariage de Figaro.
20 (…) il avait besoin de laver son imagination de toutes les façons d'agir vulgaires, de toutes les pensées désagréables au milieu desquelles il respirait à Verrières.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXII.
21 Depuis deux jours, il se sentait délivré d'elle, de ses sortilèges. Pas seulement délivré : nettoyé (…) Oui, il lui semblait être lavé d'une sorte de souillure (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 178.
♦ Laver son honneur, sa réputation…
22 (…) l'honneur sali ne se lave qu'avec du sang.
Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques, Contre un poltron.
———
II
1 Enlever, faire disparaître au moyen d'un liquide. || Laver une tache, une souillure de boue, une saleté.
22.1 Je me déshabille vivement pour laver la poussière du train, et derrière les volets, clos à cause du soleil, nous vagabondons en chemise avec volupté.
Colette, Claudine à l'école, p. 182, in T. L. F.
2 (1564). Par métaphore et fig. || Laver un affront (cit. 8), une injure dans le sang, s'en venger par la violence, en tuant l'offenseur. — Laver ses taches, ses péchés par des pleurs, dans les pleurs, les faire disparaître par le repentir (→ Bourbeux, cit. 3; faner, cit. 19).
23 Il expire (Pyrrhus); et nos Grecs irrités
Ont lavé dans son sang ses infidélités.
Racine, Andromaque, V, 3.
24 Le bain sacré de la pénitence où il venait laver les souillures de son âme (…)
Massillon, Oraison funèbre de Villars.
25 Le cœur d'un homme vierge est un vase profond :
Lorsque la première eau qu'on y verse est impure,
La mer y passerait sans laver la souillure,
Car l'abîme est immense, et la tache est au fond.
A. de Musset, Premières poésies, « La coupe et les lèvres », IV, I.
3 (V. 1190). || Laver un affront, un outrage (→ Arrogant, cit. 6). || Laver la honte. ⇒ Effacer, purger. || Laver les péchés de qqn.
26 (…) je saurai (…) laver par ta punition la honte de t'avoir fait naître.
Molière, Dom Juan, IV, 4.
27 — Vendez-vous, monsieur ? (…)
— Qui est-ce qui lave sa contremarque ?
— Dix sous d'un parterre… qui est-ce qui veut dix sous ? j'en donne dix sous.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 163.
28 — Ces types ne sont pas des joueurs. Ils lavent de l'argent (…) On n'a pas besoin d'expliquer au fisc, ou aux flics ou à quiconque, l'origine des sommes gagnées au jeu, puisque précisément elles ont été gagnées devant témoins. L'Américain de Dieppe perdait volontairement contre Pérez et le chauffeur. Il n'était pas en train de jouer avec eux. Il leur payait une très grosse somme.
J.-P. Manchette, Que d'os !, p. 169.
Encyclopédie Universelle. 2012.