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partir

1. partir [ partir ] v. intr. <conjug. : 16>
XIIe se partir, partir « se séparer » (de qqn, d'un lieu); lat. pop. °partire, class. partiri « partager »
I
1Se mettre en mouvement pour quitter un lieu; s'éloigner. 1. aller (s'en aller), se retirer. Partir d'un endroit, de chez soi. Absolt Il est parti. Revenir au point d'où l'on est parti. Partir en hâte, pour fuir. décamper, s'enfuir; fam. s'arracher, se casser, déhotter (cf. Mettre les bouts; ficher, foutre le camp; mettre les voiles; prendre le large, la clé des champs; lever l'ancre, le camp; se faire la malle, la valise). Partir en douce, furtivement. s'éclipser, s'esquiver; disparaître . Il ne voulait pas partir. fam. décoller, dévisser. Partir à pied, en voiture, par le train, en bateau. Partir de son pays. quitter. « Chateaubriand est encore à Paris [...] Il devait partir; il n'est pas parti, et nous ne savons plus s'il partira, et comment et quand il pourra partir » (Sainte-Beuve). « Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste; Pars s'il le faut » (Baudelaire).Loc. prov. « Partir, c'est mourir un peu » (Ed. Haraucourt).— PARTIR POUR. Partir pour la chasse. « Beau chevalier qui partez pour la guerre » (Musset).— PARTIR À (critiqué par les puristes). Partir à Londres, à l'école. « Le même jour, Banks partit au front » (Maurois).— PARTIR EN, DANS. Partir en voyage, en vacances en Italie. Partir dans le Midi. — PARTIR (et inf.). Il est parti faire un tour. « Son mari était parti passer huit jours à Paris » (Maupassant).
(Choses) Faire partir une lettre, un paquet, l'expédier. « Je t'écris à la hâte; ma lettre partira par une occasion que j'ai pour Rouen » (Flaubert).
2Passer de l'immobilité à un mouvement rapide (par rapport à un point initial). Partir du pied droit. Partir comme une flèche. Partir au galop.
Spécialt Prendre le départ (d'une course) ( 1. partant). À vos marques ! Prêts ? partez ! Partir gagnant, battu d'avance. PROV. « Rien ne sert de courir : il faut partir à point » (La Fontaine).(Véhicules) La voiture ne peut pas partir. démarrer. Le navire va partir, lever l'ancre. ⇒ 1. appareiller. Par ext. Faire partir un moteur, le mettre en marche.
(D'une évolution intellectuelle, sociale) Partir à la conquête de la gloire, du monde.
Se mettre à progresser, à marcher. L'affaire est bien, mal partie. commencer, démarrer, engager. C'est assez mal parti (cf. fam. Mal barré). C'est parti pour durer. Loc. plais. C'est parti, mon kiki !
3Par métaph. « Il faut donc que je me prépare à partir pour l'autre monde » (Lesage). Fig. Mourir. Son mari est parti le premier.
4(Projectiles) Être lancé, commencer sa trajectoire. Le bouchon part. sauter; jaillir. Il « pensait à la minute précise où la phrase effroyable partirait raide comme une balle » (Mac Orlan).Spécialt Faire partir une mine, un pétard, les faire exploser. « Un mouvement maladroit avait fait partir son fusil » (A. Gide). tirer.
5(Personnes) Commencer (à faire qqch.). Partir dans de grandes explications. se lancer. « Je crois que j'étais parti pour dormir jusqu'à midi » (D. Boulanger).
Vieilli ou pop. « ne me regardez pas, je sens que je partirais à rire » (Aymé). se mettre (à).
II ♦ PARTIR DE...
1Venir, provenir (d'une origine). Le métro part du terminus. Le deuxième en partant de la gauche. Fig. Il est parti de rien, de zéro et il a réussi. (Dans le temps) Son contrat part de janvier. « De quel jour monsieur veut-il que parte son abonnement ? » (Balzac). commencer.
Avoir son origine, son principe dans. C'est un mot qui part du cœur. Son geste part d'un bon sentiment.
2Commencer un raisonnement, une opération. « Pour traiter l'ensemble du problème, nous devons le plus possible partir de données exactes » (Romains). Partir du principe, du fait que.
3Loc. prép. (1787) À PARTIR DE : en prenant pour point de départ (dans l'espace ou le temps). ⇒ 1. de, depuis, dès (cf. À compter de; à dater de). À partir d'aujourd'hui, de maintenant : désormais, dorénavant. « Le moindre geste humain se comprend à partir de l'avenir » (Sartre). À partir de Lyon, le ciel s'est dégagé. (Emploi critiqué) Produits chimiques obtenus à partir de la houille, tirés de la houille.
III(Choses) Disparaître, ne plus se manifester. La tache ne part pas. s'effacer, s'enlever. « La maladie semblait partir comme elle était venue » (Camus).Ce livre part en lambeaux. Ses économies sont parties en fumée. ⊗ CONTR. Arriver; engager, envahir. Attendre, demeurer, établir (s'), installer (s'), rester. ⊗ HOM. Pars :pare (parer). partir 2. partir [ partir ] v. tr. <conjug. : seult inf.>
• 980; lat. pop. °partire, class. partiri, de pars « part »
Vx Partager, séparer en parties. Fig. Avoir maille à partir avec qqn.

Partir être détérioré, très endommagé.

partir
v. tr. (En loc.) Avoir maille à partir avec qqn: V. maille.
————————
partir
v.
rI./r v. intr.
d1./d S'en aller, se mettre en route. Voyageur, train qui part. Partir à, pour la capitale. Syn. (Suisse) aller, (Afr. subsah., Liban, Québec) quitter.
|| Fig. Partir (pour un monde meilleur): mourir.
d2./d (Choses) Disparaître. L'émail de la cuvette est parti par endroits.
d3./d être projeté au loin. Flèche qui part.
|| Par ext. Coup de feu qui part, qui est tiré.
|| Fig. Ma réponse est partie trop vite.
d4./d Commencer. Bien, mal partir: bien, mal débuter.
d5./d Avoir son origine, son point de départ (dans qqch). Les rayons d'une roue partent du centre.
|| Fig. Cela part d'un bon naturel.
d6./d Se fonder (sur qqch). Partir d'un principe, d'une donnée.
rII./r Loc. Prép. à partir de.
d1./d à dater de. à partir du 1er janvier.
d2./d Au-delà de. à partir d'ici, la route est mauvaise.
d3./d Cour. (Emploi critiqué.) Obtenir un produit à partir d'une matière première, l'en tirer.

I.
⇒PARTIR1, verbe trans.
A.Vx ou littér., rare (avec valeur archaïsante). Partager, diviser en parties. Il me semblait indigne, d'ailleurs, de partir mon ambition entre le souci d'un effet à produire sur les autres, et la passion de me connaître et reconnaître tel que j'étais (VALÉRY, Soirée avec M. Teste, 1895, p.8).
B.Loc. verb. Avoir maille à partir avec qqn. V. maille2.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin Xes. «diviser, partager en plusieurs parties» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 271: Non fut partiz sos vestimenz [de Jesus]); Trév. 1771 relève encore ,,partir un nombre en quatre, en cent; partir le differend par moitié``. N'est plus utilisé que dans qq. empl., spéc. 1. ca 1170 «partager (deux couleurs réparties sur un objet)» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 5276: partie estoit [la tête du cheval] par tel devise Que tote ot blanche l'une joe, Et l'autre noire come choe); 1220 [filles] vestües de cendaus partis (Comte de Poitiers, 1303 ds T.-L.); 2. ca 1210 hérald. armes mi parties, armes parties (Dolopathos, éd. Ch. Brunet et A. de Montaiglon, 6091, 6133); ca 1229 escu parti d'or et d'asur (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, 2874 ds T.-L.); 3. 1311 chautres parties «chirographes» (doc. Arch. mun. Bouvignes ds GDF.). V. aussi parti I, jeu [-parti] et maille [à partir]. Du lat. partire «diviser en parties; partager, répartir, distribuer». Partir a été au sens de «diviser, distribuer», évincé par partager, ainsi que par les dér. départir, répartir; il ne s'est maintenu que dans qq. dial. du domaine fr. (notamment du Nord et du Nord-Ouest) et dans le domaine occit., FEW t.7, p.678b. Cf. lat. médiév. partire cartamper alphabetum XIIes. ds NIERM. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.302-304.
II.
⇒PARTIR2, verbe intrans.
A. —1. Se mettre en mouvement, quitter un lieu (pour une destination). Synon. s'en aller.
[Suivi d'un compl. de destination]
Partir pour + subst. déterminé. Partir pour Paris, pour la chasse, pour la guerre, pour la promenade. Quand ils agonisent (...) ils vous disent: —Adieu! au revoir, je pars pour un monde meilleur, nous nous retrouverons là-haut! (BOREL, Champavert, 1833, p.239):
1. Après une mauvaise nuit, je partis pour le Sacré-Coeur, malgré l'insistance de grand-père, qui voulait me faire rester à la maison.
GYP, Souv. pte fille, 1928, p.333.
Partir vers + subst. déterminé. Dédaignant le raccourci et même la grand-route, il partit vers la gauche, par le chemin du calvaire: un détour de trois kilomètres (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1364).
Rem. Ces constr. sont seules admises par les puristes; cependant les autres constr. sont fréq. dans la lang. usuelle et chez de nombreux auteurs.
Partir à + subst. déterminé. Partir à l'école, au front, à la pêche, à la campagne. Toutes les heures, il dut se relever pour donner au bébé des cuillerées d'eau sucrée tiède. Ça ne l'empêcha pas de partir le matin au travail comme à son habitude (ZOLA, Assommoir, 1877, p.472).
Partir en, dans + subst. Partir en promenade, en vacances, en voyage, en guerre (contre qqc.), en Grèce. Je n'ai tout de même guère dormi, cette nuit-là. «Plus question de partir en Amérique» me suis-je dit: Nadine était en danger (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.200).
Partir pour + inf. Ma gratitude, mon amour sont donc allés à toi, qui habitais ma maison, que j'ai vu partir si souvent dans la nuit pour prendre un avion qui n'était jamais là (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, p.151).
Partir + inf. Partir faire une course, un tour, chercher qqn/qqc. On pense, avant de se remettre à une partie de cartes ou de partir dîner en ville, à un de ces lointains voyages (...) dont on a éprouvé un instant la nostalgie (PROUST, Fugit., 1922, p.683).
Pop. Partir soldat. Aller faire son service militaire. (Dict.XXes.).
2. Au fig. Entreprendre quelque chose, se lancer dans une action; commencer à (faire, manifester quelque chose).
Partir sur + subst. déterminé. Et sur un sujet, un autre (...) il partait, s'échappait, assis, debout, tenant le café avec sa voix (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.66).
Partir en/dans + subst. Partir en sanglots. Enfin Bury releva la tête, parut m'entendre, se souvenir, et partit brusquement dans un rire clair (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.142).
Partir de + subst. Antonie partit d'un éclat de rire si perlé, si joyeux, qu'elle fut obligée de boire, précipitamment (...) pour ne point se faire mal (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.74).
Partir à/de + inf. (vieilli). Se mettre à. J'ai eu la naïveté de lui demander s'il était de Paris (...) lorsqu'il a répondu: «Non, du Caire», cela nous a paru soudain si évident que ma femme est partie de rire (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1898, p.302). Il est parti à pousser des gueulements comme une femme, et à gesticuler comme un épileptique (BARBUSSE, Feu, 1916, p.39).
Être parti pour + inf. Être destiné à. Ses trois cuillerées d'huile de ricin lui avaient tourné toute la journée sur l'estomac, et le soir, il était dans les sueurs, bien parti pour mourir sur la minuit (AYMÉ, Jument, 1933, p.176).
B. —Partir de. Venir (de).
1. S'en aller de. Externe également et surveillé, Michel partait de bonne heure de la maison paternelle, et rentrait pour trouver sa mère qui s'apprêtait pour sortir, cinq jours sur sept (R. BAZIN, Blé, 1907, p.35).
2. Avoir pour origine.
a) [L'orig., le point de départ est d'ordre spatial] En partant de la droite; les nerfs partent du cerveau; routes qui partent d'un village. Une femme (...) le cou long, creusé d'une sorte de goulot, qui partait de la mâchoire inférieure jusqu'à la poitrine (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.115).
Au fig. Avoir comme point de départ une condition intellectuelle, sociale ou financière. Partir de rien, de zéro. Oh! C'est que j'ai de l'ambition, moi, et je veux aller plus haut que mon pauvre maître sir Williams, moi, qui suis parti de plus bas (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.563).
b) [L'orig., le point de départ est d'ordre temporel] Abonnement qui part de tel jour, de tel mois. Il (...) s'agissait (...) d'un engagement exclusif d'un mois. Encore l'engagement devait-il partir du jour même, bien que Mme Bergen n'annonçât que pour le vingt juillet son arrivée (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.50).
c) [Le point de départ est psychol.] Avoir son origine, son principe dans. Mot qui part du coeur; cela part d'un bon sentiment. Chez lui tout est verve, images, sentiments. Toutes les idées partent du fond de l'âme (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p.172). Les vieilles [estampes] sont les meilleures, d'abord parce qu'elles partent d'un sentiment plus vrai (TAINE, Voy. Ital., t.1, 1866, p.133).
d) [Le point de départ est intellectuel] Avoir pour base d'un raisonnement, d'une action. Partir de l'expérience, de données précises, d'une idée fausse; en partant de ce principe, de là. Il ne cache pas sa répulsion pour les procédés purement déductifs qui partent du général pour aller au particulier (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.34):
2. M. Hardy décide heureusement d'abandonner les synthèses prétentieuses pour une méthode inductive et compréhensive à la fois, partant des gestes globaux et des «faits d'expression»: habitudes corporelles, habitudes matérielles, morales, sociales, etc.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p.82.
3. Loc. prép. À partir de
a) En prenant pour point de départ (un lieu). Synon. de1, depuis, dès. Je me rappelle qu'à partir de ce village, une longue chaîne de montagnes boisées défilait sur notre gauche (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.29).
b) À compter de, à dater de (un moment dans le temps). Synon. de1, depuis, dès. À partir du jour où, du moment où. À partir du premier mars prochain, la compagnie sera costumée tout entière conformément aux modèles (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.178).
À partir d'aujourd'hui. Synon. désormais, dorénavant. Il faut, à partir d'aujourd'hui, renoncer à cet amour, entièrement, complètement (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, IV, /, p.281).
Rem. L'accept. «en prenant comme origine» dans la loc. obtenir (un produit chimique) à partir de la houille, du pétrole est rejetée des puristes. (Dict.XXes.). La production de l'urée à partir des albuminoïdes (MOUNIER, op. cit., p.176).
c) En prenant comme origine logique. À partir d'éléments préexistants, de principes établis. À partir de cette distinction du situant et du situé, où me conduit ma ligne? D'abord, à cette indistinction du dehors et du dedans, de l'extérieur et de l'intérieur (DU BOS, Journal, 1927, p.174).
C. Absolument
1. S'en aller. Synon. s'échapper, s'éloigner, s'enfuir, se retirer, se sauver; se débiner (fam.; v. débiner2), décamper (fam.), déguerpir (fam.), ficher le camp (fam.; v. ficher3); filer (fam.); se barrer (arg.), se tailler (pop.), se tirer (pop.), foutre le camp (vulg.; v. foutre1), mettre les bouts (au fig., pop.; v. bout), mettre les voiles (au fig., pop.; v. voile2). Partir en douce, en hâte, à l'anglaise, sur la pointe des pieds, en claquant la porte, sans crier gare, sans laisser d'adresse, à pied, en bateau, en train, par le train. Je pars par le chemin de fer de cinq heures (GONCOURT, Journal, 1887, p.684). Mes hôtes partis, les chats rampent hors de leurs abris (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.22). Ces messieurs vont bientôt partir, ils ont demandé leur addition (SARTRE, Nausée, 1938, p.135).
Proverbe. Partir, c'est mourir un peu. V. mourir ex. 6.
P. anal.
a) Mourir. —Les Mazelle sont donc morts? —Oui de l'épouvante de perdre leurs rentes (...). Le mari est parti le premier (...). La femme a traîné quelque temps (ZOLA, Travail, t.2, 1901, p.279).
b) S'évanouir. Vous avez dit: «J'ai froid!» et puis vous êtes partie (FEUILLET, J. de Trécoeur, 1872, pp.161-162).
c) S'endormir. J'ai le malheur d'être unie à un homme qui ronfle à faire trembler les planchers et les murs (...). Si je m'endors la première (...) je n'entends rien; mais si c'est Mollot qui part le premier, ma nuit est flambée (BALZAC, Député Arcis, 1847, p.3).
d) Loc. verb.
La tête me part (fam. ou région.). La tête me tourne. Il en est redevenu si amoureux, que la tête lui en a [sic] parti (SAND, Mauprat, 1837, p.330).
Partir, s'en aller de la caisse (pop.). V. caisse III A 1 a.
Partir du ciboulot (pop.). Divaguer, perdre la tête. La petite Fanny ne va pas bien. Elle ne mange pour ainsi dire plus rien et elle est toute pâlotte. (...) les gens répètent toute la journée: «La petite s'en ira de la caisse, et César partira du ciboulot» (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 14, p.60).
2. a) Prendre le départ. Partir du pied droit, du pied gauche, comme l'éclair, comme une flèche. Nous voyons nos camarades partir tête baissée en bondissant de trou d'obus en trou d'obus (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.200):
3. Quant à moi, n'osant pas suivre la progression de ma marche habituelle, et partant à chaque pas du même pied, je doublais par cette allure contrainte l'effort et le chemin.
DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.250.
b) Au fig.
Commencer une évolution (intellectuelle, sociale, etc.). Esthétiquement, j'aurais aimé partir à neuf, choisir des matières intéressantes (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.96).
Être (bien, mal) parti. Synon. croître, pousser, commencer, démarrer (au fig.) (bien ou mal). Le basilic est bien parti: sa première feuille est formée et commence à sentir bon (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.130):
4. —Ce roman était mal parti, dit Henri; j'ai envie de le reprendre; mais je sais que ça sera un énorme boulot; alors, je ne suis pas pressé, c'est tout...
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.245.
Fam. C'est parti, c'est parti mon kiki. V. kiki IV.
♦[Le suj. désigne une pers.] Cet élève est bien parti. Armand, qui pendant les trois premières années de ses études a été lourd, méditatif, et qui m'inquiétait, est tout à coup parti (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p.356). Il y a quelque chose entre nous qui ne colle pas. (...) on était mal parti. On va tâcher de ne pas se rendre la vie dure (SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 3, p.101):
5. Enfin, il est mort. Un garçon qui était si bien parti. Il paraît qu'avant ses vingt et un ans il avait déjà gagné deux diplômes de licence, et un prix de la faculté de droit de Paris.
LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.214.
c) Spécialement
SPORTS. Prendre le départ d'une course. Faire partir des concurrents. À vos marques! Prêts? Partez! (v. marque1). Partir gagnant. Partir avec la quasi-certitude de gagner. Son rival, contre qui il partait gagnant (Match, 25 déc. 1934 ds PETIOT 1982). Partir battu. ,,Disputer une épreuve sans croire à sa chance. Nous partons battus tous les jours`` (L'Équipe, 12 juill. 1969, ds PETIOT 1982.).
Proverbe. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
MAN. Ce cheval part bien de la main. ,,Dès qu'on lui baisse la main, il prend bien le galop`` (Ac. 1935).
MUS. [Le suj. désigne des musiciens et p.méton., des instruments] Commencer à jouer, à chanter. Partir en retard, ensemble. Quand M. le chanoine, revêtu de ses ornements, parut à l'autel, les choeurs étaient déjà partis et galopaient le style fugué du germanique compositeur (SAND, Consuelo, t.3, 1842-43, p.26):
6. Au premier coup de neuf heures nous partîmes en mesure: et dans cette rue étroite, silencieuse, nos instruments résonnèrent comme dans la salle la plus sonore...
MALOT, Sans fam., 1878, p.183.
[Le suj. désigne un animal, notamment du gibier] Prendre sa course, son envol; s'enfuir. Partir à tire d'aile, au galop, ventre à terre. Brusquet, le nez en terre et la queue frétillante, indiquait le gibier à son maître: la pièce partait; un coup de fusil la couchait par terre (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.182):
7. Dans une futaie de chênes, un coq faisan partit avec fracas, essora son vol en fusée vers les cimes. Et d'autres se levèrent, la queue longue et le bec bruyant.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.206.
[Le suj. désigne un véhicule] Démarrer, s'ébranler; appareiller (mar.). Anton. arriver. À quelle heure part votre train? Déjà la vieille voiture partait. Meaulnes referma plus doucement la portière et s'installa avec précaution dans l'autre coin (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.119). L'avion vibrait, prêt à partir (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.206).
d) [Le suj. désigne du courrier, des paquets] Être acheminé par la poste, être expédié. Faire partir une lettre, un colis; le courrier part à (telle heure). La dépêche de M. Darzac était partie de Bourg et portait l'indication de dépôt neuf heures vingt-huit (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.27).
e) [Le suj. désigne un mécanisme, une machine, notamment un moteur à explosion] Se mettre à fonctionner, à tourner. Synon. démarrer. Faire partir un moteur (et p.méton. du compl.) une voiture; voiture qui part bien, mal, au starter. Ce que vous admirez n'est rien, dit-il en poussant un ressort qui fit partir un double fond (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.162).
3. Se dégager avec impulsion.
a) Jaillir. Sang, eau, bouchon de champagne qui part. Un éclair partait. Sa jambe de marbre, Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p.87).
b) Exploser; entamer sa trajectoire.
[Le suj. désigne un projectile] Balle, coup qui part; faire partir une fusée. Elle fixait sur Charles la pointe ardente de ses prunelles, comme deux flèches de feu prêtes à partir (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.23):
8. Il regardait de tous côtés avec une extrême curiosité. Au bout d'un moment, il entendit partir sept à huit coups de fusil tout près de lui.
STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.52.
[P. méton.] Fusil, mitraillette qui ne part pas. Tu m'as fait mal, entends-tu? Sac à vin! Avec ton flingot qui ne part pas (JARRY, Ubu, 1895, IV, 4, p.72).
c) Au fig. Synon. éclater, fuser. Mots, réparties, rires, saillies qui partent. Le cri du coeur partait si spontané, si imprévu, si énigmatique pour les occupants de la tribune Sinda, qu'ils furent tous pris du fou rire (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.357).
4. [Le suj. désigne une chose] Disparaître. Synon. s'en aller.
a) [Le suj. désigne une chose concr.] Synon. s'en aller, s'évaporer. Tache qui part au lavage. L'eau est partie, c'est tout sec (GIONO, Colline, 1929, p.78).
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] Synon. s'envoler, s'évanouir. Sa jeunesse est partie; douleur, maladie qui part comme elle est venue. Son mal n'est pas parti de suite, comme de raison; mais il dit que c'est un bon remède (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.202).
c) Se défaire, se désagréger, se décomposer.
Absol. [En parlant d'éléments tissés ou cousus] Synon. filer, lâcher, craquer. M. de Czernitacheff, serré dans ses vêtements qui sont sur le point de partir de tous côtés (STENDHAL, Journal, 1810, p.124). Cette maille qui part fait partir tout le bas (GONCOURT, Journal, 1865, p.201).
Partir en + subst. concr. non déterminé. Partir en charpie, en morceaux, en poussière. On avait (...) rajouté dix mille pièces déjà... recousu... souqué les doublures, en toutes les couleurs, toutes les tailles (...) il partait en accordéon (...) les mites bouffaient l'entournure (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.492). Assez! J'en veux à ma douleur de partir en fumée. Faut-il encore que le désespoir accuse le vide de ma pensée? (BOUSQUET, Trad. du sil., 1935, p.26).
Partir, s'en aller, finir, tourner en eau (os) de boudin. V. boudin I A 4 b.
d) Loc. verb. Partir comme des petits pains. V. pain.
Rem. Empl. trans., région. (Canada). Mettre sur pied, fonder, lancer, organiser. Partir un commerce, un magasin, une revue; partir une discussion. Ça t'intéresserait, toi, de t'associer avec moi, on partirait un petit moulin à scie dans mon village (R. LEMELIN, Pierre..., 1950, p.80 ds Richesses Québec 1982, p.1721).
REM. Partir, subst. masc., man. Façon de démarrer à la course. Le partir du cheval; ce cheval a le partir prompt, a de la grâce au partir (Ac. 1935).
Prononc. et Orth.: [], (il) part []. Homon. par, part (une), (il) pare. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.I. A. Le mouvement est réel 1. Ca 1140 réfl. sei partir de «s'éloigner, quitter» (GAIMAR, Estoire des Engleis, 5580); id. partir de (ID., ibid., 1855); ca 1160 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 2192 ds T.-L.: Lors partirent des porz les nés); 1160-74 empl. abs. «s'en aller» (WACE, Rou, éd. A.J. Holden, III, 2437) ; 1748 part. prés. subst. (Mme DU DEFFAND, Corresp., 3 mai in Bennett, 151 d'apr. QUEM. DDL t.4); spéc. 1174-76 partir de cest siecle «mourir» (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4675); de là partir «mourir» 1680, 10 janv. (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t.2, p.559); 2. 1188 partir de «(en parlant de choses physiques) avoir son origine, émaner, provenir de» (AIMON DE VARENNES, Florimont, éd. A. Hilka, 2609; S[e]eu est la flors qui del rain part); 1718 (Ac.: Toutes les artères partent du coeur); 3. «être lancé, jaillir avec impétuosité; commencer une trajectoire (d'un projectile)» a) 3e quart XVes. en parlant de larmes (GEORGES CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.3, p.488: grosses larmes lui partoient des yeux); b) 1665 en parlant de la foudre; ici, fig. (RACINE, Alexandre, I, 1: Quand la foudre s'allume et s'apprête à partir); 1667 fig. (RACINE, Andromaque, III, 3: Le coup qui l'a perdu n'est parti que de lui); 4. Passer de l'immobilité au mouvement a) 1606 partir de la main «(d'un cheval) prendre le galop dès qu'on lui laisse la main» (NICOT); 1680 faire partir un cheval (RICH.); b) 1606 (en parlant d'un oiseau de proie) partir du poing [du fauconnier] (NICOT); 1680 faire partir un cheval (RICH.); 1668 (LA FONTAINE, Fables, VI, 10: Il [le lièvre] partit comme un trait); 1690 (FUR.: Les chiens ont fait partir le gibier, les perdrix); 5. 1671 «être acheminé, convoyé vers une destination précise» (POMEY: Le roi fit partir de l'argent pour payer l'armée); 1690 (FUR.: les courriers de Paris partent trois fois la semaine). B. Fig. 1. 1580 «émaner, provenir de» (MONTAIGNE, Essais, I, XXIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.118: toutes façons escartées et particulieres partent plustost de folie ou d'affectation ambitieuse, que de vraye raison); 2. 1751 partir d'un principe «poser un principe et raisonner en conséquence» (E. MAUVILLON, Traité gén. du stile, p.137 ds BRUNOT t.6, p.1363); 3. a) 1830 part. passé adj. pop. «endormi» (H. MONNIER, Scènes pop., 70 ds QUEM. DDL t.19); b) 1851 id. «qui s'anime, qui parle trop» (noté par M. Bossard d'apr. FEW t.7, p.687b); 1862 id. «un peu ivre» (LARCH.). II. Subst. A. Au partir 1. loc. adv. a) 1160-74 «en partant» (WACE, Rou, III, 298); spéc. 1678 en parlant d'un cheval prenant sa course (GUILLET, p.99); b) ca 1165 «à la fin» (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 3838 ds T.-L.; 2. au partir de loc. prép. a) 1559 «en quittant (un lieu)» (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Lycurgue ds HUG.); b) 1608 au partir de là «ensuite» (M. RÉGNIER, Satires, éd. G. Raibaud, II, 149). B. À partir de loc. prép. 1. 1787 temporel (FÉR. Crit.); 2. 1798 à partir de là fig. «en supposant telle chose» (Ac.). Ext. de sens de partir1, à partir de la notion de séparation impliquée dans le sens de «diviser, partager». Fréq. abs. littér.: 21519. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 27044, b) 32135; XXes.: a) 27890, b) 34451. Bbg. SANKOFF (G.), THIBAULT (P.). L'Alternance entre les auxil. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, n° 34, pp.99-100. —WÜEST (J.). Wie weit ist die Wahl der Verbalkonstruktionen semantisch bedingt? Rom. Forsch. 1980, t.92, n° 1-2, pp.53-55.

1. partir [paʀtiʀ] v. intr.
CONJUG. je pars, tu pars, il part, nous partons, vous partez, ils partent; je partais; je partirai; je partirais; je partis, nous partîmes; pars, partons, partez; que je parte, que nous partions; que je partisse; partant; parti. REM. Partir ne prend plus que l'auxiliaire être; Littré donne encore l'auxiliaire avoir pour exprimer l'action : « Je m'approche d'un chasseur; je lui demande quand le lièvre a parti ». (Cet usage est devenu vulgaire).
ÉTYM. XIIe, se partir, partir « se séparer » (de qqn, d'un lieu); lat. pop. partire, class. partiri « partager ».
———
I
1 Se mettre en mouvement pour quitter (un lieu); s'éloigner. Abandonner, aller (s'en aller), changer (de place), éloigner (s'), quitter, retirer (se), séparer (se). || Partir d'un endroit (→ Arrêter, cit. 57; grand, cit. 34; opulent, cit. 1). || Il est parti de chez lui. Sortir. || Partir loin de qqn. Délaisser, échapper (s'), fuir, quitter, séparer (se). → aussi Fausser compagnie. || Revenir au point d'où l'on est parti (→ Indifférence, cit. 28). || « De Palos de Moguer, routiers et capitaines, Partaient… » (→ Gerfaut, cit. 2, Heredia).Partir de chez soi pour changer de logement. Déloger, déménager. || Partir de son pays. Émigrer.
Absolt. Quitter une salle, une maison ( Gagner [la porte, la sortie], sortir); se mettre en chemin, en route, voyager (→ Évasif, cit. 3); aller à la guerre, être incorporé (→ Exempter, cit. 4); quitter qqn, l'abandonner, lui fausser (cit. 3) compagnie… (→ Essayer, cit. 24; fuir, cit. 28; large, cit. 24).Partir en hâte, pour échapper à un danger, une obligation, etc. Décamper, dégager, déguerpir, dénicher (vx), déserter, détaler, échapper (s'), enfuir (s'), filer, fuir, sauver (se); fam. barrer (se), calter, carapater (se), casser (se), cavaler (se), débiner (se), décaniller, tailler (se), tirer (se), trisser (se), trotter (se); cf. les loc. Mettre les bouts, les bouts de bois; ficher, foutre le camp; prendre la clé des champs; prendre le large; se faire la malle; prendre la poudre d'escampette; lâcher pied; tourner les talons; se faire la valise; mettre les voiles… || Partir à l'anglaise, en douce, discrètement, à l'improviste (cit. 4), furtivement. Éclipser (s'); disparaître. || Partir brusquement (→ Brûler la politesse). || Saluer et partir (cf. Prendre congé, tirer sa révérence). || Invité qui se lève pour partir (→ Gâter, cit. 16).Se préparer à partir (cf. Plier bagage, faire ses malles, ses paquets, sa valise). || Partez ! Porte (prenez la porte). → Huit, cit. 2. || Prêt à partir, sur le départ. || Il a hâte de partir (cf. vx Le pavé lui brûle les pieds). || Il ne se décide ni à rester ni à partir. || Choisir de partir ou de rester. || Il partira avant peu (→ Il ne fera pas de vieux os ici).Partir sans esprit de retour, pour toujours (cf. Secouer la poussière de ses sandales). || Partir et revenir (→ 1. Maigre, cit. 1). || Partir de nouveau. Repartir, retourner (s'en). || Partir sans dire au revoir, sans se retourner. || Partir sans laisser d'adresse (cit. 1). Déménager (fam. : à la cloche de bois). || Partir et se dire adieu (cit. 11).Partir en emportant ses biens (→ Prendre ses cliques et ses claques), en enlevant les fonds, en emportant la caisse (cf. Lever le pied), sans payer ses dettes (→ Planter un drapeau, faire un trou à la lune).Partir tôt, avant le jour (→ Arbalète, cit. 3). || Partir à pied ( Marcher), en voiture, par le train, en bateau. Embarquer (s').La foule est partie. Disperser (se).Dès que le patron est parti…, dès qu'il a le dos tourné (cf. Quand le chat n'est pas là…).Pop. || Il est parti soldat : il est parti faire son service militaire.
1 Toujours prête à partir, et demeurant toujours (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
2 — Fuis, ne me livre point. Pars avant son retour;
Lève-toi, pars, adieu; qu'il n'entre, et que ta vue
Ne cause un grand malheur, et je serais perdue !
Tiens, regarde, adieu, pars; ne vois-tu pas le jour ?
André Chénier, Bucoliques, XI.
3 Chateaubriand est encore à Paris (…) Il devait partir; il n'est pas parti, et nous ne savons plus s'il partira, et comment et quand il pourra partir.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 209.
4 Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Baudelaire, les Fleurs du mal, « La mort », CXXVI, VI.
5 Il salua gaiement la vieille ville, dont le soleil rosissait les toits et le sommet des tours; et, avec l'insouciance de ceux qui partent (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, II, p. 302.
6 Je suis déjà plus qu'à moitié neurasthénique, et je le deviendrai tout à fait si je ne prends pas le large. Il faut que je parte.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XX.
Allus. littér. : || « Nous partîmes cinq cents… » (→ Cent, cit. 1, Corneille).
7 Partir, c'est mourir un peu;
C'est mourir à ce qu'on aime.
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
Edmond Haraucourt, Seul, « Rondel de l'adieu ».
Partir pour… || Partir pour une ville, un pays… (→ Cessant, cit. 1; désignation, cit. 2; embarquer, cit. 10; enfumer, cit. 4; muletier, cit. 1). || Partir pour l'église (→ 1. Garde, cit. 58), pour la chasse (→ Garde-chasse, cit.; harnacher, cit. 1).Partir pour le front (→ Altérer, cit. 19; caporal, cit. 2). || Les troupes qui partaient pour la guerre sainte (→ Hallali, cit. 2), pour la croisade. || « Oh ! combien de marins, combien de capitaines (cit. 6) Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines… »Partir pour un voyage. Voyager. || Les gares (1. Gare, cit. 4) d'où l'on part pour une destination éloignée…
8 Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin d'ici ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Chanson de Barberine ».
9 Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de mai ».
10 Partant pour la Syrie,
Le jeune et beau Dunois
Alla prier Marie
De bénir ses exploits.
A. de Laborde, Air mis en musique par la reine Hortense (1810).
N. B. Cet air, « l'idéal de la romance troubadour… devint, sous le Second Empire, l'hymne patriotique, le chant national par excellence » (in P. Larousse).
REM. Les puristes, s'appuyant sur l'étymologie (partir : s'éloigner, se séparer de…, pour…) condamnent la construction de partir avec une préposition autre que pour. Faguet qualifie partir à… « d'affreux provincialisme de Paris…, d'illogisme… »; A. Hermant, de « solécisme ignoble » (Chron. Lancelot, II, p. 233). Cependant, de nombreux écrivains construisent normalement partir avec à, en, dans, chez… (cf. Grevisse, le Bon Usage, §942, rem. I., N. B. 3, et Bottequin, à qui sont empruntés la plupart des exemples ci-dessous).
11 Au lieu de faire écho aux innombrables grammairiens (…) qui ont dénoncé ce « solécisme », on peut se demander si pour est toujours la préposition qui convient au sens et s'il n'y a pas des cas où à, en, (parfois dans), ne seraient pas plus justes. Par exemple, quand on veut exprimer, non le but du voyage, mais son résultat (…) il nous semble qu'on pourrait fort bien dire : « Il est parti à Paris (pour) faire des achats (…) »
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1866.
12 Partir pour, n'est-ce pas partir avec l'intention (…) d'arriver dans un endroit, mais sans la certitude complète d'y arriver (…) Partir à, au contraire, répond parfaitement à la sûreté et à la rapidité des moyens actuels de déplacement.
Pagot, le Latin par la joie, cité par A. Bottequin, Difficultés et finesses de langage, p. 136.
Partir à… avec un complément de lieu. || Hippolyte partit à Neuchatel (Flaubert). || Partir au bureau (Daudet). || Partir au front (Dorgelès), à la promenade (Duhamel).(Au passé). || Gontran était parti au casino (Maupassant). || Les métayers sont partis au bourg (Alain-Fournier).Partir dans…, en… || Nous partions dans le Midi (Daudet). || Il est parti en Angleterre… (Martin du Gard, R. Rolland). || Des mères dont le fils est parti en mer (→ Miraculeusement, cit. 2, Proust).(Avec un autre complément). || Partir en voyage (R. Rolland, Gide, Duhamel, Dauzat), en promenade (Gide, Léautaud), en vacances (Flaubert), en guerre (→ 1. Droit, cit. 33), en permission (→ Mortel, cit. 7, Courteline).Partir vers… (→ Dispersion, cit. 2, Daniel-Rops; hirondelle, cit. 5, Sainte-Beuve), chez… (Proust).(Avec un adv. de lieu). || Nous partons là-bas (A. de Chateaubriant, J. et J. Tharaud). || Partir n'importe où (Gide).
13 (…) la femme partait à la « Schola » apprendre le contrepoint (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VI, p 38.
14 Le même jour, Banks partit au front (…)
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XIV.
15 En vain la grammaire voudrait nous imposer comme correctes d'imprononçables bouillies, le bourbeux Je pars pour Paris, au lieu du direct et prompt Je pars à (…)
Claudel, Positions et Propositions, t. I, p. 83.
REM. L'emploi de partir à… en… semble particulièrement acceptable : 1o Lorsque le verbe est au passé (→ ci-dessus, cit. Le Bidois); 2o Lorsque le complément désigne non pas un lieu concret, mais une action (Partir à la guerre, en pèlerinage, en promenade).
Partir (suivi d'un infinitif). → Nom, cit. 28. || Il est parti faire un tour.
16 Son mari était parti passer huit jours à Paris.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, Le mal d'André.
17 Nous étions partis avec des amis, visiter en automobile les ports de la Hollande occidentale.
G. Duhamel, Discours aux nuages, p. 110.
Par ext. (Sujet n. de chose). || Faire partir, laisser partir une lettre (cit. 22), un paquet, l'expédier. || Votre colis est parti il y a huit jours.
18 Je t'écris à la hâte; ma lettre partira par une occasion que j'ai pour Rouen (…)
Flaubert, Correspondance, 385, 22 avr. 1853.
2 Passer de l'immobilité à un mouvement rapide (par rapport à un point initial). || Partir du pied droit, du pied gauche. || Partir comme un trait (→ Arriver, cit. 12), comme une flèche (→ Éperonner, cit. 5), comme un éclair (→ Lèvre, cit. 21); fam. comme un pet. || Chevaux qui partent au galop (→ Cabrer, cit. 5), au trot (→ Croupe, cit. 2). || Lièvre qui part en déboulant. || L'oiseau est parti. Envoler (s'), voler.
Spécialt. Prendre le départ (d'une course…). Partant (n. m.). || À vos marques ! Prêts ? partez ! Départ, starter. || Faire partir des chevaux. Lancer (→ aussi Jockey, cit. 1). — ☑ Loc. prov. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
(Le sujet désigne un véhicule). Commencer à bouger, à marcher. Démarrer, ébranler (s'). || La locomotive (cit. 1) part.Par métonymie, en parlant des voyageurs. || On partait (→ Insensible, cit. 17).Le navire va partir. Appareiller, démarrer. Cf. Lever l'ancre, mettre à la voile; partance (en).
Commencer à fonctionner (moteur). || Faire partir un moteur, le mettre en marche (sans qu'il y ait déplacement).
3 Par métaphore, fig. (Du sens 1). || Partir de ce monde (→ Enraciner, cit. 10), de la vie, et, absolt, partir. Mourir (→ Avertir, cit. 1; 1. lever, cit. 39; paix, cit. 7). — ☑ Fam. Partir de la caisse : mourir de tuberculose.
19 Il faut donc que je me prépare à partir pour l'autre monde (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, II, II.
20 Comme tout se dégarnit, comme tout s'en va, quel dégel continu que la vie ! Joies, parents, amis, tout meurt, part, file (…)
Flaubert, Correspondance, 188, 23 févr. 1847.
(D'une évolution intellectuelle, sociale). || L'ignorance (cit. 20) d'où ils étaient partis.Partir de rien, de zéro. || Partir à la conquête de la gloire, du monde. Élancer (s'). || Revenir au point d'où on est parti (→ Image, cit. 39).
21 En s'évertuant, en déployant toute son énergie, un jeune homme qui part de zéro peut se trouver, au bout de dix ans, au-dessous du point de départ.
Balzac, Z. Marcas, Pl., t. VII, p. 739.
22 (…) la grandeur de Napoléon vient de ce qu'il était parti de lui-même : rien de son sang ne l'avait précédé et n'avait préparé sa puissance.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 46.
22.1 J'avais un manège de chevaux de bois pour enfants, des vrais chevaux de bois qui me venaient de mon père, c'était pas riche je vous assure. Je suis parti de pas grand-chose, c'est certain; mais voulez-vous voir ce que je suis devenu ?
R. Queneau, Pierrot mon ami, p 40.
(Aux temps composés). Du sens 2. Se mettre à progresser, à marcher. || L'affaire est partie, est bien partie. Commencer, démarrer. || C'est assez mal parti. Barré.Cet élève travaillait mal, mais il est parti (→ Handicaper, cit. 1).
23 Armand, qui pendant les trois premières années de ses études a été lourd, méditatif, et qui m'inquiétait, est tout à coup parti.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 300.
4 (Projectiles). Être lancé, commencer sa trajectoire. || Fusée (cit. 4), harpon (cit.) qui part. || Son poing était parti comme une balle de plomb (→ 1. Lancer, cit. 7).Par anal. || Le bouchon (cit. 4) part, s'échappe brusquement. Sauter.Un point brillant part comme un éclair. Jaillir (→ Incendie, cit. 6). || Des éclaboussements d'étincelles partaient sous les marteaux (cit. 1). || Des épigrammes qui partent comme des fusées (→ 1. Feu, cit. 55).
24 Il regardait sa montre, pensait à la minute précise où la phrase effroyable partirait raide comme une balle pour toucher l'homme en un point vulnérable.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVI.
Spécialt. || Un coup (cit. 29) de feu partit. || Une bande de mitrailleuse (cit. 2) part. || Entendre partir des coups de fusil (→ Moment, cit. 4). || Faire partir une mine, un pétard, les faire exploser ( Explosion).Fusil (cit. 4) qui part (→ Frère, cit. 27).
25 (Il) avait été retrouvé sans vie au pied d'une barrière qu'apparemment il s'apprêtait à franchir, lorsqu'un mouvement maladroit avait fait partir son fusil.
Gide, Isabelle, V.
26 Il se mit brusquement à hurler, vingt fusils partirent à la fois, il oscilla, piqua du nez et s'abattit sur les marches du perron.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 188.
Allusion historique :
27 On parle (…) de substituer le drapeau blanc au drapeau tricolore; je crois devoir à ce sujet vous donner un avertissement. Si le drapeau blanc était levé contre le drapeau tricolore (…) les chassepots partiraient d'eux-mêmes, et je ne pourrais répondre ni de l'ordre dans la rue ni de la discipline dans l'armée.
Mac-Mahon, au duc d'Audiffret-Pasquier, 1873, in P. Larousse, Deuxième Suppl.
5 (XVIIIe). Fam., absolt. Éprouver le plaisir sexuel; éjaculer. Jouir.
6 Commencer (à faire qqch.). || Partir dans (une digression, de grands discours, etc.), se lancer dans.REM. Cette forme peut aussi être sentie comme une métaphore du sens 1. || Partir dans une grande colère (→ Hausser, cit. 3).Partir d'un gros éclat (cit. 11) de rire.(Aux temps comp.). || Partir pour (et inf.). || Il est parti pour nous raconter sa vie.
27.1 Il s'était promis de ne parler que trois minutes. Mais il s'aperçut qu'il était parti pour parler au moins un quart d'heure.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, II.
Régional. || Partir à (et inf.). || Il est encore parti à crier.
27.2 (…) maman partait à réfléchir.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, t. I, VIII.
27.3 Je vous en prie, ne me regardez pas, je sens que je partirais à rire encore un coup.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 214.
———
II Partir de…
1 Venir, provenir (d'une origine). Émaner, provenir, sortir. || Canal d'où partent des rigoles (→ Irrigation, cit. 1). || Le jet d'eau part d'un tuyau ( Jaillir). || Lumière, son qui part d'une source lumineuse, sonore. || La voix, le bruit partait de… (→ Casser, cit. 16; mourant, cit. 5). || Rayons qui partent d'un même centre ( Diverger).
28 (…) mon cœur en ces lieux
Reçut le premier trait qui partit de vos yeux.
Racine, Bérénice, I, 4.
Avoir son origine, son principe dans… Procéder (→ Appel, cit. 14). || Mot qui part du cœur (cit. 131). || Raisonnement, démonstration qui part d'axiomes indémontrables (cit.). || Prières jaculatoires (cit. 1) qui partent de l'âme. || Votre compassion part d'un bon naturel (cit. 24). || Les vices partent d'une dépravation (cit. 1) du cœur.
29 Ces manières d'agir ne partent point d'une âme simple et droite, mais d'une mauvaise volonté, ou d'un homme qui veut nuire.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la dissimulation.
(Dans le temps). || Le contrat partira du 1er Commencer.
30 — De quel jour monsieur veut-il que parte son abonnement ?
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 665.
Par ext. Vx. Être produit, fait, créé par…
2 Commencer un raisonnement, une opération. || Partir de données (cit. 2) exactes, d'un indice (cit. 10), d'une idée (→ Logiquement, cit.). || Je pars de ce principe… || En partant de… (Syn. : à partir de…).
3 (1787). Loc. prép. À partir de : en prenant (tel moment) pour origine, pour point de départ. Compter, dater; de (de ce moment), depuis, dès (→ Canonnade, cit. 2; choisir, cit. 8; face, cit. 40). || À partir d'aujourd'hui, de maintenant ( Avenir [à l'], désormais, dorénavant), de ce jour, de ce moment… (→ 2. Botte, cit. 1; diriger, cit. 3; 1. flamme, cit. 13; fort, cit. 54; 1. lancer, cit. 21; mensonge, cit. 3).
Par ext. (En prenant pour origine logique; → Futur, cit. 13; jusque, cit. 60). || À partir d'éléments préexistants (→ Musique, cit. 18).REM. Emploi critiqué lorsqu'il s'agit du point de départ d'une opération matérielle (produits chimiques obtenus à partir de la houille).
(En parlant d'un lieu). En partant de… Depuis, dès. || À partir de cette ville… (→ Hérisser, cit. 35).
———
III (Choses). S'évanouir, disparaître, ne plus se manifester. || Maladie qui part comme elle était venue (→ Inefficace, cit. 3). || Faire partir le mal ( Déloger). || Sa jeunesse est partie. Envoler.Tache qui part difficilement. Effacer (s'), enlever (s').
Fam. Partir en brioche, en eau de boudin… — ☑ Vulg. Partir en couille(s).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
parti, ie p. p.
1 Qui a fait mouvement pour aller ailleurs. || Les voyageurs arrivés et partis. || Les voyageurs partis par le train, en train.
(Enfantin). Qui n'est plus visible (souvent prononcé [pati]).
2 Parti de… : qui provient de. || Tir parti d'une fenêtre (→ Mitraillette, cit.). || Invasions parties du continent. Issu.
3 (Personnes). a Un peu ivre. Gai; éméché. || Il est complètement parti, il ne dit plus que des bêtises.
31 Elles étaient grises (…) La comtesse, les jambes en l'air sur le dossier d'une chaise, était plus partie encore que son amie.
Maupassant, Le Horla, « Joseph ».
b (1830). Vx. Qui commence à dormir.
c Être parti à… (et inf.), pour… (et subst.). → ci-dessus, I., 6. — ☑ Loc. fam. Être parti pour la gloire.
4 Commencé.Loc. fam. (v. 1965). C'est parti ! : on a commencé. || Allez, c'est parti ! (→ On y va !). || C'est parti mon kiki !Bien, mal parti : bien, mal engagé. || L'affaire est plutôt mal partie.
CONTR. Arriver. — Aborder, accoster, atterrir. — Engager, envahir. — Attendre, demeurer, établir (s'), installer (s'), rester. — Durer.
DÉR. et COMP. Partance, 1. partant. Repartir.
————————
2. partir [paʀtiʀ]
ÉTYM. 980; lat. pop. partire, class. partiri, de pars. → Part, partage.
Vx ou archaïsme littér. Partager, séparer en parties. Diviser, écarter.
0 Il me semblait indigne, d'ailleurs, de partir mon ambition entre le souci d'un effet à produire sur les autres, et la passion de me connaître (…)
Valéry, M. Teste, Préface.
Loc. mod. Avoir maille à partir. 2. Maille (cit. 3 à 5 et supra).
——————
parti, ie p. p. adj. 3. Parti.
DÉR. et COMP. Partage, 1. parti, 3. parti, partie. Départir, répartir.

Encyclopédie Universelle. 2012.