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vivre

1. vivre [ vivr ] v. <conjug. : 46>
X e; lat. vivere
I V. intr.
1Être en vie; exister. La joie de vivre. « Un vivant dégoûté de vivre » (Musset). « Je ne sais plus bien ce qui me maintient encore en vie sinon l'habitude de vivre » (A. Gide). Loc. Ne pas trouver âme qui vive. « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger » (Molière). Ne vivre que pour... : se consacrer entièrement à... Se laisser vivre : vivre sans faire d'effort. « Quelqu'un à qui on demandait ce qu'il avait fait sous la Terreur répondit : “J'ai vécu” » (Sartre).
Exclam. VIVE !, VIVENT ! formules d'acclamation en l'honneur de qqn, à qui on souhaite longue vie et prospérité. « Le roi est mort ! Vive le roi ! » (Barbey). Vive la mariée ! « Je suis souris : vivent les rats ! » (La Fontaine). Vive la France, la République, la liberté ! Par ext. S'emploie pour louer toute chose pleinement satisfaisante. « Vive le mélodrame où Margot a pleuré » (Musset). Vive l'amour, le vin, la joie... Interj. VIVE ! (même avec un nom au plur.). Vive les vacances !
2(Avec un compl. de durée) Avoir une vie d'une certaine durée. durer. « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin » (Malherbe). Vivre longtemps, jusqu'à un âge avancé. « Hâte-toi, mon ami : tu n'as pas tant à vivre » ( La Fontaine). « J'ai trop peu de temps à vivre pour perdre ce peu » (Chateaubriand). « Le peu de jours qui nous reste à vivre » (Stendhal). REM. Le participe ne s'accorde pas puisqu'il n'y a pas de compl. d'objet (cf. II, v. tr.) : « Les années qu'il a vécu » (Littré). Vivre du temps de..., dans un temps... « Nous vivons à une triste époque » (Maurois). Ceux qui ont vécu avant nous. Spécialt Vivre dans le présent, dans la minute présente : ne se soucier que du présent.
(Avec indication du lieu) Passer sa vie, une partie de sa vie en résidant habituellement. habiter. Des lieux « où l'on aimerait à vivre » (La Bruyère). Vivre à Paris, à la campagne. « Naître, vivre et mourir dans la même maison » (Sainte-Beuve). Elle « vivait chez ses beaux-parents » (Chardonne). « Le milieu dans lequel vous vivez » (Loti). Par métaph. « Nous vivons trop dans les livres et pas assez dans la nature » (France ). « Il vivait dans le monde des à-peu-près » (Proust).
3Mener une certaine vie. « Pour vivre heureux, vivons caché » (Florian). Vivre en ermite. Vivre indépendant, libre. Vivre avec qqn (dans le mariage, ou maritalement). cohabiter. « Songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble » (Baudelaire). Vivre en paix. Vivre en communauté, en groupe.
Art de vivre, de se conduire d'une certaine façon, d'avoir certaines habitudes morales. Vivre dangereusement. « Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour » (P. Corneille). « À qui vit sans amour la vie est sans appâts » (Molière). Vivre dans l'anxiété. « Il est extrêmement craint [...] Ses domestiques vivent dans la terreur » (Hugo) .
Être facile, difficile à vivre, d'un caractère accommodant ou non. « Fatigante à vivre » (F. Mauriac).
4Disposer des moyens matériels qui permettent de subsister. vie (I, 6o). Travailler pour vivre. « En attendant ces rentrées, il fallait vivre » (Madelin). Il faut bien vivre, se dit pour justifier une activité dont on n'est pas fier mais qui fournit de quoi vivre (cf. Travail alimentaire). — Faire vivre qqn : fournir, subvenir à ses besoins. ⇒ entretenir. Vivre chichement, pauvrement, petitement ( végéter, vivoter) ; largement, sur un grand pied. « L'héritage qui aurait pu vous faire vivre à votre aise » (Gautier). (Avec un compl. de moyen) « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais il vit aussi de pain » (Renan). Vivre de lait, de fruits... se nourrir. Vivre de son travail, de ses rentes. Loc. Vivre d'amour et d'eau fraîche. Vivre de l'air du temps. Avoir de quoi vivre, assez de ressources pour subsister. Vivre aux dépens de qqn.
Fig. et littér. Trouver dans (qqch.) un aliment à la vie morale, intellectuelle. « Les hommes vivront longtemps de ces quelques paroles » (Valéry). « À qui vit de fiction la vérité est infecte » (Hugo). Vivre d'espérance. « Tout parti vit de la mystique et meurt de sa politique » (Péguy). (Choses) L'amour « vit de mensonges » (Radiguet).
5(Avec savoir, apprendre) Se comporter comme le veut l'usage social. « Un maître de maison qui sait vivre » (Taine). savoir-vivre. « Enfin il est mort en homme qui sait vivre » (Sainte-Beuve). Je vais lui apprendre à vivre.
6Réaliser toutes les possibilités de la vie; jouir de la vie. « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain » (Ronsard). « Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre » (Hugo). « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent » (Hugo). Un homme qui a vécu, beaucoup vécu, qui a eu une vie pleine, riche d'expérience et d'enseignements.
7(Choses) Exister parmi les hommes. « Le monde où vivent nos croyances » (Proust).
II V. tr. (accord normal du part. passé)
1(XVIe ) Avoir, mener (telle ou telle vie). « Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre » (Proust). « Ils vivaient [...] une vie fraternelle » (Bernanos). Vivre sa vie. « Autrement elle [la vie] ne vaudrait pas la peine d'être vécue » (M. Donnay).
Passer, traverser (un espace de temps). Vivre des jours heureux. couler. Les jours difficiles qu'il a vécus. « Certaines heures semblent impossibles à vivre » (Green). Philos. « La durée vécue par notre conscience » (Bergson).
2(1902) Éprouver intimement, réellement par l'expérience même de la vie. expérimenter. « Mes amours, je les ai vécus, je les ai sentis » (Proust). « Un sentiment est une manière définie de vivre notre rapport au monde qui nous entoure » (Sartre). Traduire en actes réels. Vivre sa foi, son art.
3Supporter, traverser (une épreuve). Il a bien, mal vécu son divorce, ce succès.
⊗ CONTR. Mourir. ⊗ HOM. Vis :vis (voir). vivre 2. vivre [ vivr ] n. m.
XIIe; inf. subst. de 1. vivre
1Vx Fait de vivre. vie. « Nous étions occupés du vivre et du mourir vulgaire » (Chateaubriand).
2Vx Nourriture. subsistance. Mod. Le vivre et le couvert : la nourriture et le logement.
3Cour. LES VIVRES : tout ce qui sert à l'alimentation de l'homme. ⇒ aliment, nourriture, provision, victuaille. Fournir des vivres. ravitailler. « Au troisième hivernage, sans vivres, sans chauffage, il serait mort si d'autres Esquimaux ne l'eussent nourri de leur pêche » ( Michelet). Couper les vivres à qqn. (À l'armée) Les vivres et les munitions. Magasin de vivres. Ration de vivres. Vivres de réserve.

vivre verbe intransitif (latin vivere) Présenter les phénomènes propres à la vie : Les plantes vivent. Être vivant, en vie : Son grand-père a vécu près de cent ans. Avoir telles conditions, telles particularités de vie : Plantes qui vivent dans l'eau. Passer son existence ou une partie de son existence d'une certaine façon, et en particulier habiter quelque part : Vivre en ville. Il vit dans un petit appartement. Avoir, mener tel type d'existence, donner telle orientation à sa vie : Vivre libre et indépendant. Profiter, jouir de la vie, connaître des expériences diverses : Manifester un grand appétit de vivre. Tendre toute son énergie vers un certain but : Vivre pour le théâtre. Être quelque part en pensée de manière relativement permanente : Un rêveur qui vit dans un autre monde. Éprouver un sentiment en permanence : Vivre dans l'angoisse. Tirer sa subsistance, ses ressources de quelque chose, s'en nourrir exclusivement : Vivre de lait et de fruits. Vivre de son travail. Se nourrir d'une idée, trouver dans une pensée un soutien, une raison de vivre : Vivre de chimères. Donner l'impression de la vie : Un tableau qui vit. Avoir les caractéristiques de naissance, d'évolution, de modification, de disparition. Se perpétuer, conserver un intérêt, une utilité, une influence à travers le temps : Son souvenir vit dans nos mémoires. Être en activité, être dynamique : Pour que notre entreprise vive. Exploiter le bénéfice d'un acquis passé, sans rien faire pour acquérir autre chose : Il vit sur sa réputation.vivre (citations) verbe intransitif (latin vivere) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Les morts ne sont pas morts, c'est assez clair puisque nous vivons. Propos sur le bonheur Gallimard Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 Que vivre est difficile, ô mon cœur fatigué ! Journal intime, dernière page, 23 mai 1873 Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 Mourir, ce n'est rien. Commence donc par vivre. C'est moins drôle et c'est plus long. Roméo et Jeannette, III, Lucien La Table Ronde Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Il est plus facile de mourir que d'aimer. C'est pourquoi je me donne le mal de vivre Mon amour… Elsa Gallimard Albert Béguin La Chaux-de-Fonds 1901-Rome 1957 L'humanité vit, sur terre, dans une épaisse nuit, où les événements surgissent, dans un inextricable désordre, comme les songes incohérents d'un dormant. Bloy, mystique de la douleur Labergerie Paul Bourget Amiens 1852-Paris 1935 Académie française, 1894 Il faut vivre comme on pense, sinon tôt ou tard on finit par penser comme on a vécu. Le Démon de midi Plon André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs. Manifeste du surréalisme Pauvert André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Rien ne sert d'être vivant, s'il faut que l'on travaille. Nadja Gallimard Henri Calet Paris 1903-Vence 1956 On vit très bien sans avenir. Peau d'ours Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre. L'Envers et l'endroit Gallimard Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Vivre est une maladie, dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures ; c'est un palliatif : la mort est le remède. Maximes et pensées Édouard Joachim, dit Tristan Corbière domaine de Coat Congar, près de Morlaix, 1845-Morlaix 1875 L'esprit à sec et la tête ivre, Fini, mais ne sachant finir, Il mourut en s'attendant vivre Et vécut s'attendant mourir. Les Amours jaunes Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Vivre tranquille en sa maison, Vertueux, ayant bien raison, Vaut autant boire du poison. Le Collier de griffes, Insoumission René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 L'homme ne peut pas vivre sans feu, et l'on ne fait pas de feu sans brûler quelque chose. Chaque fois que l'aube paraît Gallimard abbé Jacques Delille Clermont-Ferrand 1738-Paris 1813 Académie française, 1774 Vivre pour mes amis, mes livres et moi-même. L'Homme des champs Jean Dubuffet Le Havre 1901-Paris 1985 Danser est le fin mot de vivre et c'est par danser aussi soi-même qu'on peut seulement connaître quoi que ce soit : il faut s'approcher en dansant. Prospectus et tous Écrits suivants Gallimard Jean Dutourd Paris 1920 Académie française, 1978 En art comme ailleurs, il faut vivre au-dessus de ses moyens. Le Fond et la forme Gallimard Eugène Grindel, dit Paul Eluard Saint-Denis 1895-Charenton-le-Pont 1952 L'honneur de vivre vaut bien qu'on s'efforce de vivifier. Donner à voir, Au-delà de la peinture Gallimard Jean Henri Casimir Fabre Saint-Léon, Aveyron, 1823-Sérignan-du-Comtat 1915 Tout finit afin que tout recommence, tout meurt afin que tout vive. Souvenirs entomologiques Delagrave Léon-Paul Fargue Paris 1876-Paris 1947 L'art ne sera que là où vous saurez percevoir, et faire apercevoir, la solidarité haineuse qui lie l'être et le vivre. Sous la lampe Gallimard Félix Fénéon Turin, Italie, 1861-Châtenay-Malabry 1944 Vivre, c'est discerner les excitations agréables et les provoquer, c'est discerner les excitations hostiles et les fuir ; problème insidieux, multiforme et qui, en chaque instant de la durée, se renouvelle. Œuvres Gallimard Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 Pour vivre heureux vivons caché. Fables, le Grillon Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 Arriver haletant, se coucher, s'endormir ; On appelle cela naître, vivre et mourir. Fables, le Voyage Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Il faut aimer, et ne laisser pas de vivre. Lettres galantes du chevalier d'Her… Xavier Forneret Beaune 1809-Beaune 1884 Dieu punit l'homme de ses fautes en le laissant vivre. Sans titre, par un homme noir, blanc de visage Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 Le mal n'est pas de vivre mais de savoir qu'on vit. Le Puits de Sainte-Claire Calmann-Lévy Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 La richesse de l'homme est dans son cœur. C'est dans son cœur qu'il est le roi du monde. Vivre n'exige pas la possession de tant de choses. Les Vraies Richesses Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'espèce d'habitude imbécile de vivre. Fragments Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il n'y a pour l'homme que trois événements : naître, vivre et mourir. Il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre. Les Caractères, De l'homme Henri Lacordaire Recey-sur-Ource, Côte-d'Or, 1802-Sorèze 1861 Académie française, 1860 Malheur à qui attaque son siècle ! Il faudra bien qu'il subisse les conséquences de cet attentat. Conférences Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Contre de telles gens, quant à moi, je réclame. Ils ôtent à nos cœurs le principal ressort ; Ils font cesser de vivre avant que l'on soit mort. Fables, le Philosophe scythe Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 Qu'importe que l'on vive plus vite, pourvu que l'on soit plus heureux ! Lettres, à Jenny Dacquin, 12 janvier 1843 Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Suivant le dire d'un ancien, il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. L'Avare, III, 1, Valère Socrate, d'après Plutarque Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Oui, j'aime mieux, n'en déplaise à la gloire, Vivre au monde deux jours que mille ans dans l'histoire. La Princesse d'Élide, I, 2, Moron Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Mon métier et mon art, c'est vivre. Essais, II, 6 Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Notre grand et glorieux chef-d'œuvre c'est vivre à propos. Essais, III, 13 Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant. Essais, III, 13 Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Nous mourons, quand il n'y a plus personne pour qui nous voulions vivre. Les Garçons Gallimard Francis Ponge Montpellier 1899-Le Bar-sur-Loup 1988 C'est par sa mort parfois qu'un homme montre qu'il était digne de vivre. Tome premier, Note sur les otages Gallimard Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Il n'est que de vivre : on voit tout et le contraire de tout. Causeries du lundi Antoine de Saint-Exupéry Lyon 1900-disparu en mission aérienne en 1944 Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c'est cela seul dont tu peux vivre. Citadelle Gallimard Antoine de Saint-Exupéry Lyon 1900-disparu en mission aérienne en 1944 Vivre, c'est naître lentement. Il serait un peu trop aisé d'emprunter des âmes toutes faites ! Pilote de guerre Gallimard Erik Satie Honfleur 1866-Paris 1925 Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux. Cahiers d'un mammifère Jules Supervielle Montevideo, Uruguay, 1884-Paris 1960 « Ah ! songeait-il, vivre c'est être de plus en plus embarrassé. » L'Arche de Noé Gallimard Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir. Réflexions et Maximes Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Ô Seigneur, j'ai vécu puissant et solitaire, Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre ! Poèmes antiques et modernes, Moïse Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Celui qui ajourne le moment de bien vivre, attend comme les paysans que la rivière ait fini de couler. Qui recte vivendi prorogat horam, Rusticus exspectat, dum defluat amnis. Épîtres, I, II, 41 Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 Pour vivre, perdre la raison de vivre. Et propter vitam, vivendi perdere causas. Satires, VIII, 84 Marcus Manilius Ier s. Nous nous conduisons comme des gens qui doivent toujours vivre et nous ne vivons jamais. Victuros agimus semper, nec vivimus unquam. Astronomica, IV, 4 Nicolas Poussin Villers, près des Andelys, 1594-Rome 1665 Moi aussi, j'ai vécu en Arcadie. Et in Arcadia ego ! Commentaire Épigraphe du tableau de Nicolas Poussin les Bergers d'Arcadie, exprimant le regret du bonheur perdu. Platon Athènes vers 427-Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C. L'essentiel n'est pas de vivre mais de bien vivre. Criton, 48b (traduction M. Croiset) Emmanuel Joseph Sieyès Fréjus 1748-Paris 1836 Académie française, 1803. J'ai vécu. Commentaire Réponse de Sieyès, à qui l'on demandait ce qu'il avait fait à l'époque de la Terreur. On doute de son authenticité. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord Paris 1754-Paris 1838 Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1780 n'a pas connu le plaisir de vivre. Phrase rapportée par François Guizot dans ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps Gabriele D'Annunzio Pescara 1863-Gardone Riviera 1938 Gloire au Latin qui a dit : « Naviguer est nécessaire ; mais il n'est pas nécessaire de vivre. » Gloria al Latin che disse : « Navigare è necessario ; non è necessario vivere. » Maia, Laus vitae Commentaire D'Annunzio fait allusion à Pompée dans Plutarque, Vie de Pompée. Navigare necesse, vivere non necesse fut la devise des villes hanséatiques. Baltasar Gracián y Morales Belmonte 1601-Tarazona 1658 Pour vivre, laisser vivre. Para vivir, dejar vivir. Oráculo manual y arte de prudencia David Herbert Lawrence Eastwood 1885-Vence 1930 Il faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux. We've got to live, no matter how many skies have fallen. L'Amant de lady Chatterley, I August Platen-Hallermünde, comte von Platen Ansbach 1796-Syracuse 1835 Car nous rêvons, alors que nous vivons, et nous vivons, alors que nous rêvons. Weil wir träumen, wenn wir leben, Weil wir leben, wenn wir träumen. La Vie, un rêve Francisco Gómez de Quevedo y Villegas Madrid 1580-Villanueva de los Infantes 1645 Ne vis que pour toi seul, si tu peux ; Pour toi seul en effet tu meurs, quand tu meurs. Vive para ti sólo, si pudieres ; pues sólo para ti, si mueres, mueres. Poesías, Poemas satíricos Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Tout le monde désire vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux. Every man desires to live long : but no man would be old. Thoughts on Various Subjects sainte Thérèse d'Ávila [Teresa de Cepeda y Ahumada] Ávila 1515-Alba de Tormes 1582 Je vis sans vivre en moi-même, avec l'espoir d'une vie si haute que je meurs de ne point mourir. Vivo sin vivir en mi, y tan alta vida espero, que muero porque no muero. Versos nacidos del fuego del amor de Dios que sí tenía John Greenleaf Whittier près de Haverhill, Massachusetts, 1807-Hampton Falls, New Hampshire, 1892 La porte du ciel est fermée pour celui qui vécut seul ; Sauve une âme, et elle sauvera la tienne. Heaven's gate is shut to him who comes alone Save thou a soul, and it shall save thy own. Maud Muller vivre (difficultés) verbe intransitif (latin vivere) Conjugaison Accord 1. Le participe passé s'accorde normalement quand vivre est employé transitivement au sens de « mener telle vie ; éprouver par l'expérience » : la triste expérience qu'il a vécue ; les heures sombres que nous avons vécues. En revanche, si le complément est un complément circonstanciel de temps, vivre est employé intransitivement, et l'accord ne se fait pas : durant les trois ans que j'ai vécu à Paris. 2. Vive… ! interjection → vive. Sens et construction Vivre de / sur. On dit : vivre de ses rentes, de son travail en parlant d'un moyen d'assurer sa subsistance ; vivre sur un héritage suppose l'idée d'un prélèvement. Au figuré, on dit : vivre sur sa réputation (= profiter sans plus d'effort de) ; vivre sur des idées fausses (= fonder sa vie sur). ● vivre (expressions) verbe intransitif (latin vivere) Vivre avec quelqu'un, former un couple avec quelqu'un sans être marié. Familier. Apprendre à vivre à quelqu'un, le mener avec rudesse, le soumettre à une discipline sévère. Avoir vécu, avoir eu une vie riche, fournie en expériences ; être révolu, désuet, devoir être remplacé : Une théorie qui a vécu. (Être) facile, difficile à vivre, avoir un caractère accommodant ou être insociable. Faire vivre quelqu'un, lui fournir les moyens d'assurer sa subsistance : Cette activité est loin de le faire vivre ; être un motif de réconfort pour lui, l'aider à affronter les difficultés : C'est sa foi qui le fait vivre. Ne plus vivre, ne pas vivre, être plongé dans une inquiétude permanente. Se laisser vivre, ne pas faire beaucoup d'efforts ; ne pas s'inquiéter de l'avenir. Familier. Vivre d'amour et d'eau fraîche (ou claire), se dit des amoureux à qui leur passion fait oublier les préoccupations matérielles. ● vivre (homonymes) verbe intransitif (latin vivere) vivre nom masculin singulier vivres nom masculin plurielvivre (synonymes) verbe intransitif (latin vivere) Présenter les phénomènes propres à la vie
Synonymes :
Contraires :
Passer son existence ou une partie de son existence d'une...
Synonymes :
- résider
- séjourner
Tirer sa subsistance, ses ressources de quelque chose, s'en nourrir exclusivement
Synonymes :
Familier. Apprendre à vivre à quelqu'un
Synonymes :
Faire vivre quelqu'un
Synonymes :
vivre verbe transitif Avoir une vie marquée par un caractère dominant, mener une existence d'une certaine sorte : En somme, vous avez vécu une vie tranquille. Il a vécu une vie de plaisirs. Traverser une époque, des événements : Nous vivons une période de crise. Éprouver quelque chose, quelqu'un ou le considérer comme tel : Elle a très mal vécu son divorce.vivre nom masculin singulier (de vivre) Le vivre et le couvert, la nourriture et le logement. ● vivre (citations) verbe transitif Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 Je n'ai jamais rien étudié, mais tout vécu et cela m'a appris quelque chose. In revue 84 n° 16 Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre ce soit encore la rêver. Les Plaisirs et les Jours Gallimard Friedrich Hölderlin Lauffen, Wurtemberg, 1770-Tübingen 1843 J'aurai un jour vécu de la vie des dieux, et que faut-il de plus ? Einmal lebt ich, wie Götter, und mehr bedarf's nicht. Aux Parques vivre (expressions) verbe transitif Vivre sa vie, mener sa vie à sa guise, se libérer des contraintes. ● vivre (homonymes) verbe transitif vivre nom masculin singulier vivres nom masculin plurielvivre (synonymes) verbe transitif Traverser une époque, des événements
Synonymes :
vivre (difficultés) nom masculin singulier (de vivre) Emploi 1. Le vivre, au singulier, n'est employé que dans l'expression le vivre et le couvert (= la nourriture et le logement). 2. Les vivres, au pluriel, désigne l'ensemble des aliments qui assurent la subsistance : le navire a relâché à Valparaíso pour embarquer des vivres. ● vivre (expressions) nom masculin singulier (de vivre) Le vivre et le couvert, la nourriture et le logement. ● vivre (homonymes) nom masculin singulier (de vivre) vivre verbe vivres nom masculin pluriel

vivre
v., Interj. et n. m.
aA./a v.
rI./r v. intr.
d1./d être, rester en vie. Vivre jusqu'à tel âge. être las de vivre. Raisons de vivre.
Loc. Ne pas rencontrer âme qui vive: ne rencontrer personne.
|| Ne vivre que pour: s'intéresser uniquement à. Il ne vit que pour le plaisir.
|| Litt., par euphém. Il a vécu: il est mort.
d2./d Fig. (Sujet n. de chose.) Exister, continuer d'exister (dans les esprits). Sa mémoire vivra longtemps parmi les hommes.
d3./d Jouir de la vie. Mourir sans avoir vécu.
d4./d Avoir de quoi assurer son existence matérielle. Vivre chichement, largement.
|| Vivre de: se nourrir ou tirer sa subsistance de. Vivre de pain et de lait. écrivain qui vit de sa plume.
Faire vivre qqn, subvenir à ses besoins. Il fait vivre sa famille.
Loc. Plaisant Vivre d'amour et d'eau fraîche: être comblé par l'amour au point d'en oublier les réalités matérielles.
Fig. être soutenu moralement par une idée, un sentiment. Vivre d'espérance.
d5./d Passer sa vie (à une époque, dans un lieu). Les hommes qui vivaient au Moyen âge. Vivre loin de son pays.
d6./d Passer sa vie (dans certaines conditions, d'une certaine façon). Vivre en marge de la société.
Vivre avec qqn, habiter ou vivre maritalement avec lui. Elle vit avec ses parents. Elle vit avec son ami.
Personne facile (difficile) à vivre, qui est (n'est pas) d'humeur accommodante.
d7./d Avoir telle conduite. Vivre en honnête homme.
|| (à l'inf., dans des emplois tels que savoir vivre, apprendre à vivre.) Connaître les usages; se comporter avec élégance morale. Cet homme sait vivre.
rII./r v. tr.
d1./d Passer (une période bonne ou mauvaise). Vivre des heures troublées.
|| Vivre sa vie: vivre à sa guise.
d2./d éprouver, ressentir profondément. Vivre une expérience exaltante.
aB./a Interj. Vive! vivent! et qui vive?: V. vive! et qui-vive.
aC./a n. m.
d1./d Loc. Avoir, fournir le vivre et le couvert, de la nourriture et un toit.
d2./d (Plur.) Aliments. Manquer de vivres.
Loc. fig. Couper les vivres à qqn, ne plus lui donner d'argent pour subsister.

I.
⇒VIVRE1, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — [Corresp. à vie I]
1. Être en vie; présenter les caractères essentiels de la vie. Synon. exister, être vivant ; anton. être mort.
a) [En parlant d'une pers.] Amour, dégoût, douceur, force, goût, joie, lassitude, raison de vivre; achever, cesser, commencer de vivre; désirer, vouloir vivre; se regarder, se sentir vivre. Vous ne voulez pas changer: vous ne voulez donc pas vivre; car vivre c'est changer (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 286):
1. ... j'ai été plusieurs fois malade, et toujours assez gravement. Je pardonne à la maladie en faveur des convalescences. Vivre! vivre! Ils me font rire, avec ce mot. C'est revivre qui est bon! C'est sans doute survivre qui serait vivre. Pendant mes convalescences, il me semble que j'ai vécu.
DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 148.
Ne vivre que pour + subst. ou inf. N'avoir d'autre préoccupation dans la vie. Ne vivre que pour ses enfants. France me parlait aujourd'hui du libraire moderne, de cette génération ne prenant pas le temps de dîner, n'allant jamais au spectacle, ne flânant, ne se reposant jamais, (...) ne vivant que pour gagner (GONCOURT, Journal, 1865, p. 127).
Se laisser vivre. Ne pas faire beaucoup d'efforts; ne pas s'inquiéter de l'avenir; être indolent, insouciant. Synon. fam. se la couler douce (v. couler1). V. laisser2 I B 1 ex. de Taine et de Radiguet.
P. exagér. Ne plus vivre. Être dans un état de grande anxiété. Au bout d'une quinzaine de jours les énergumènes souscripteurs ont commencé à radiner! en personne! eux-mêmes!... Ils voulaient connaître les nouvelles... Ils vivaient plus depuis notre « Concours » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 472).
Au passé composé. Il a vécu. Il est mort. Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 167).
— [Dans des phrases nég.] Âme qui vive. Être humain quel qu'il soit. Ne rencontrer âme qui vive. En montant sur la petite falaise, on n'apercevait âme qui vive, dans la plaine un peu nue et désolée qui s'étendait alentour (LOTI, Les Désenchantées, Paris, Calman-Lévy, 1945 [1906], p. 193).
b) [En parlant d'un animal, d'un végét.] Une poule particulièrement cruelle, un cheval cabochard, un chien hargneux vivent plus longtemps que leurs congénères (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 753). La devise du mollusque serait alors: il faut vivre pour bâtir sa maison et non bâtir sa maison pour y vivre (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 106).
2. P. anal.
a) [En parlant d'un inanimé] Donner l'impression de la vie. Œuvre, roman, tableau qui vit. Ce livre a tout d'abord une qualité, (...) il palpite et il vit (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1858, p. 163). La cérémonie des gants longs, difficile à mettre, peaux mortes qui commençaient à vivre, à coller et à prendre forme jusqu'à l'effort successif de chaque doigt et l'adorable rite final qui consistait à boutonner sur le poignet (...) la petite lucarne (COCTEAU, Portr.-souv., 1935, p. 38).
b) Avoir les caractéristiques de la vie; évoluer, se transformer. Nation, régime politique, société qui vit. À vrai dire, chacune d'elles [une idée] vit à la manière d'une cellule dans un organisme; tout ce qui modifie l'état général du moi la modifie elle-même (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 109). On considère toujours l'image comme un état substantif, mais on lui reconnaît une certaine mobilité, elle vit, elle se transforme (SARTRE, Imagination, 1936, p. 85).
En partic. Être dans l'usage vivant. Langue qui vit; expression qui vit. Voici les mots, ceux que nous disions, ceux que nous voyions dans les mornes dictionnaires, qui se mettent à briller, à vivre, à respirer (LARBAUD, Jaune, 1927, p. 207).
3. Au fig. Garder une importance, un intérêt, une influence; garder une plénitude d'existence; rester présent. Coutumes, croyances, souvenirs qui vivent. Marcel Proust a donné sa vie pour que son œuvre vive et cela est sans exemple; car un Balzac, des soucis d'argent, ses créanciers l'attachaient à sa table (MAURIAC, Écrits intimes, Du côté Proust, 1947, p. 213).
4. Être le siège d'une grande activité, d'une grande animation. Il se dirigea vers le logis du Dr Pieuchon (...). Rien ne vivait, rien ne semblait vivre (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 149).
En partic. [Le suj. désigne une entreprise, un secteur écon., une région considérée du point de vue de son activité industr.] Région, secteur, usine qui vit. (Dict. XXe s.).
B. — [Corresp. à vie II]
1. [Avec un compl. désignant une durée] Avoir une vie qui s'étend sur une certaine période, avoir une vie d'une certaine durée. Perpignan m'avait raconté l'anecdote du vieux Thomas Paw, qui a vécu cent quarante ans (DELACROIX, Journal, 1847, p. 205). Au Moyen Âge la mortification, c'était surtout se priver de nourriture. On était très sanguin. C'était excellent. Saint Odilon jeûnait beaucoup. Ce qui ne l'empêcha pas de vivre quatre-vingt-dix ans (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 302).
— [En insistant sur la durée partielle de l'existence d'une pers. ou sur sa durée à venir au moment de l'énonciation] Avoir peu de temps à vivre. Je n'ai pas longtemps à vivre, me dit-il d'un air sérieux; elle ne souffrira pas longtemps par moi, je sens que ma tête éclate (BALZAC, Lys, 1836, p. 143). J'aurais voulu vivre assez pour voir vos têtes au retour de la banque. Il s'agissait de ne pas te donner trop tôt ma procuration pour ouvrir le coffre, de te la donner juste assez tard pour que j'aie cette dernière joie d'entendre vos interrogations désespérées: « Où sont les titres? » (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 14).
2. [Avec un compl. indiquant l'époque, la période où se situe la vie] Exister, être vivant à une époque bien déterminée. Vivre du temps de qqn/qqc.; vivre dans le temps de/dans un temps de; vivre à une triste époque, à une époque de progrès, de décadence. Moi qui ai vécu en 1870, qui ai entendu les cris du pharmacien Mariotte, j'ai toujours tenu pour de sombres imbéciles les gens qui disent que le peuple allemand ne voulait pas la guerre (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 218). Cette idée qu'il eût fait bon vivre sous le règne de Louis Le Hutin m'entra si fort dans l'esprit que je l'exprimais à tout moment (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 377).
3. [Avec un compl. de lieu] Passer tout ou partie de son existence dans un lieu. Il vient souvent ici (...) quelquefois trois jours de suite, ensuite on reste un mois sans le voir. Il paraît qu'il vit à la campagne, dans ses terres (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 42).
En partic. Habiter. Vivre à l'hôtel, chez ses parents. C'était un boutiquier dans lequel il y avait du monstre. Satan devait par moments s'accroupir dans quelque coin du bouge où vivait Thénardier et rêver devant ce chef-d'œuvre hideux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 509). Il profita du marasme pour accepter de vivre chez sa sœur (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 129).
Au fig. Vivre dans qqc. [Le compl. désignant qqc. d'abstr.] Demeurer en pensée et de manière permanente dans quelque chose. Vivre dans l'avenir, dans l'imaginaire, dans l'immédiat, dans le mystère, dans le passé. L'enfance bourgeoise vit dans l'éternité de l'instant (SARTRE, Mots, 1964, p. 75).
C. — [Corresp. à vie III]
1. a) Mener une certaine vie, un certain type d'existence. Mort, il se tient droit, lui qui vécut à plat ventre! (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 1021). Il faut essayer de faire des choses! C'est pas une raison parce qu'on est un intellectuel pour vivre en pantoufles (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 215).
b) Avoir un certain type de relations (matérielles ou affectives) avec une ou plusieurs personnes. Vivre en couple, en groupe; vivre seul, à deux; vivre en communauté; vivre avec sa femme et ses enfants. Les deux familles se voyaient tous les jours et vivaient pour ainsi dire ensemble (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 256). Je n'aurais pas voulu faire vivre une jeune femme auprès de quelqu'un de si souffrant et de si ennuyeux. — Mais vous êtes fou, tout le monde voudrait vivre auprès de vous, regardez comme tout le monde vous recherche (PROUST, Sodome, 1922, p. 1123).
Vivre en ermite. V. ermite B 1.
Vivre bien, mal, en paix avec qqn. S'entendre bien, mal... avec quelqu'un. Cousin (...) m'assure que, toutes informations prises, elle [Mme de Blocqueville] est fort honnête, sauf les petits loisirs que lui laisse l'absence de son mari, avec qui elle vit mal (DELACROIX, Journal, 1855, p. 307).
Être facile, difficile, impossible à vivre. Avoir un caractère accommodant ou peu, ou pas du tout. Cette bonne dame était très aimable (mais très difficile à vivre) (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 7).
En partic. Vivre avec qqn. Former un couple sans être marié; partager la vie de quelqu'un. Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 83). Je ne vois pas a priori pourquoi il serait essentiel de vivre avec une « personne », une « grande personne » plutôt qu'avec... Mais comment définir B? (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 113).
Vivre avec qqn comme chien et chat. V. chat1 II A 4.
— [En privilégiant les relations affectives ou intimes] Vivre sans affection, sans soins. J'ai voulu vivre ainsi sans amour et sans haine, et j'ai fermé mon âme au désir, qui n'amène que le regret (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 85).
En partic. Vivre dans + subst. (désignant un sentiment). Éprouver fortement et de manière durable. Vivre dans la crainte, dans l'anxiété. Il semble que je deviens calme pour la première fois de ma vie. Car je ne l'étais pas lors de mes débuts dans les affaires. Je vivais dans l'angoisse et ma vieillesse était extrême. À trente ans, je vivais dans l'épouvante. Certes, je ne travaillais pas mal et je l'emportais assez souvent, mais je vivais dans la peur (M. BATAILLE, L'Arbre de Noël, 1967, p. 229).
c) Établir un certain type de relations avec son entourage, avec la société. Vivre dans le monde; vivre dans la société distinguée; vivre avec les hommes; vivre en bonne intelligence avec les hommes; vivre en étranger dans la société. Il est vrai que j'ai vécu cet hiver comme le rat des Levantins, sans aller voir personne (AMIEL, Journal, 1866, p. 188). Je peux vivre avec les communistes. Avec les socialistes non. Les socialistes se réunissent et parlent politique, élections, et après, c'est fini (NIZAN, Conspir., 1938, p. 172).
Laisser vivre qqn. [Surtout à l'impér.] Ne pas importuner quelqu'un, ne pas soumettre quelqu'un à des contraintes (d'apr. GDEL).
2. Donner une certaine orientation (morale ou intellectuelle) à sa vie.
a) [En évaluant la vie de qqn, sa façon de vivre par rapport à une moralité érigée en norme] Bien, mal vivre; vivre dans l'abjection, dans le péché, dans la pénitence, dans les plaisirs; vivre chrétiennement, honorablement, humblement; vivre en Dieu, en état de grâce, en honnête homme. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse (GIDE, Journal, 1894, p. 55). Il est revenu, heureux de la revoir et heureux aussi d'avoir tenu ses promesses, d'avoir vécu toute une année en garçon sage, sans sacrer ni boire (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 102).
b) [En privilégiant les conditions intellectuelles] Vivre dans le doute, dans l'ignorance. Elle vit vraiment dans un autre monde que moi. Tout ce qui m'est essentiel n'est susceptible de fournir qu'un aliment à sa curiosité (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 189):
2. Tout le monde [à Paris] m'a semblé fou; je n'exagère nullement. Il faut nous résigner à vivre entre le crétinisme et la démence furieuse. Charmant horizon! On va recommencer à faire les mêmes sottises, à retourner dans le même cercle, à débagouler les mêmes inepties.
FLAUB., Corresp., 1871, p. 252.
3. Se comporter selon les règles, les usages exigés par la vie en société. Apprendre à vivre. Je l'apercevais souvent dans ses promenades: je savais trop bien vivre pour le reconnaître; j'attendais qu'il m'eût fait un signe ou jeté en passant une parole (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 160). Après ce soir, je défie qui que ce soit qui sache vivre, et qui ait du monde, de nous inviter désormais à dîner l'un sans l'autre (HERMANT, M. de Courpière, 1907, II, 5, p. 16).
En compos. Savoir-vivre.
Apprendre à vivre à qqn. Apprendre les règles, les usages de la vie sociale, de la vie en société; enseigner les règles de la civilité; p. ext., fam., donner une leçon à quelqu'un. Avouez qu'ils [les Thuillier] ont besoin qu'on leur apprenne à vivre, et que vous (...), vous mangez ce qu'on nomme de la vache enragée (BALZAC, Pts bourg., 1850, p. 109).
4. a) Mener (du point de vue matériel et/ou financier) un certain type d'existence. Vivre bien, mal, chichement, modestement, petitement, royalement; vivre dans l'abondance, dans une grande aisance, dans la gêne; vivre en bourgeois, en prince, en roi; vivre sans compter; vivre à l'aise, à l'économie; avoir, ne pas avoir de quoi vivre. L'homme de lettres, avec le salaire ridicule de la pensée, est condamné à vivre comme un petit bourgeois. Il lui est impossible de se donner l'inspiration d'un caprice, où le talent de gens comme Byron ont dû souvent puiser le caprice de leur talent (GONCOURT, Journal, 1865, p. 137). Ils vivaient au jour le jour; ils dépensaient en six heures ce qu'ils avaient mis trois jours à gagner; ils empruntaient souvent; ils mangeaient des frites infâmes, fumaient ensemble leur dernière cigarette (G. PEREC, Les Choses, 1965, p. 65).
En compos. Bien-vivre. Mieux-vivre (rem. s.v. mieux-être).
Vivre de l'air du temps. Disposer de faibles moyens matériels et s'en contenter. Le Grand Turc, l'Asie, l'Afrique, ont recours à la magie, et nous envoient un démon, nommé Mody, soupçonné d'être descendu du ciel sur un cheval blanc qui était, comme son maître, incombustible au boulet, et qui tous deux vivaient de l'air du temps (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 173).
Vivre les uns sur les autres. Avoir des conditions matérielles de vie défavorables, ne permettant pas de s'isoler. Dame (...), si l'on avait plus d'argent, on aurait plus d'aise... Tout de même, c'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les uns sur les autres. Ça finit toujours par des hommes saouls et par des filles pleines (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1276).
Il faut bien vivre. [Pour justifier un gain d'argent obtenu de manière plus ou moins honnête] Il avait couru ses derniers cachets puis, sa défroque rangée, avait décidé de redevenir Émile et, la mort dans l'âme, de bricoler pour tout un chacun. Il faut bien vivre (J. FAIZANT, Rue Panse-Bougre, 1957, pp. 83-84 ds BERNET-RÉZEAU 1989).
b) Tirer sa subsistance, sa nourriture exclusivement de quelque chose, d'une activité. Vivre de son art; vivre de la chasse, de sa plume, d'expédients, de subsides, de rapines, de braconnage; vivre de ses rentes. Le vice radical des cultures actuelles qui ne font vivre que de pain, de châtaignes, de maïs, l'immense majorité de la population (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 20). Il eut (...) l'honnêteté criminelle d'épouser une fille sans ressources, qu'il avait séduite; elle avait une belle voix et faisait de la musique, sans amour de la musique. Il fallut vivre de sa voix et du médiocre talent qu'il avait acquis à jouer du violoncelle (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1482).
Expr. Vivre d'amour et d'eau fraîche/claire. V. amour ex. 154.
Vivre des femmes. [Le suj. désigne un homme] Se faire entretenir. La réputation de M. Pinto n'est plus à faire! C'est un individu complètement taré! Enfin, c'est bien simple: c'est un homme qui vit des femmes, voilà! (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 405).
Faire vivre qqn. Assurer à quelqu'un les moyens nécessaires à son existence. Synon. entretenir. Sans domicile, sans argent, à peu près sans terres, louer une maison à Claquebue, ou ailleurs, et se louer soi-même comme journalier pour faire vivre chichement sa famille (AYMÉ, Jument, 1933, p. 82). Elle était une mère commerçante, c'est-à-dire qu'elle appartenait d'abord aux clients qui nous « faisaient vivre ». Il était défendu de la déranger quand elle servait (A. ERNAUX, Une Femme, 1989 [1987], p. 52).
Vivre aux crochets de, aux dépens de, sur qqn. Se faire entretenir par quelqu'un. L'opinion fut sévère pour lui. Avoir gâché ses dons, contribué pour moitié à la ruine de sa mère, et être là, jeune et bien portant, à vivre aux crochets de cette mère, qui joignait difficilement les deux bouts! (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 758). V. écorcheur I ex. de Taine.
Au fig. Trouver dans quelque chose un aliment à la vie morale, intellectuelle. Vivre d'espérance. [L'affaire Dreyfus] fut, comme toute affaire qui se respecte, une affaire essentiellement mystique. Elle vivait de sa mystique. Elle est morte de sa politique (...). Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique (PÉGUY, Œuvres en prose, Notre jeun., 1961 [1910], p. 538).
c) Vivre sur qqc. Continuer à tirer un bénéfice d'un acquis passé sans rien faire pour changer ou améliorer sa situation. Vivre sur la fortune, sur le bien de qqn; vivre sur ses réserves, sur son fond. Un puissant esprit vit sur ses réserves, encore assez longtemps après qu'il a été frappé au cœur de son avenir (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 39).
5. Réaliser toutes les possibilités de la vie; avoir une existence remplie. Il ressemblerait au vieillard, qui ne vit plus pour avoir vécu (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 280). Je ne voulais jamais me marier comme les autres, vivre comme tout le monde, comme... comme des bêtes à l'étable, je trouve. Vivre, ça doit être autre chose (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 303).
II. — Empl. trans.
A. — 1. Mener son existence, sa vie d'une certaine manière, dans certaines conditions. Vivre la vie de tous les jours; vivre une vie fraternelle; vivre une triste existence; vivre une vie heureuse, honnête, tranquille; vivre une vie d'exil, de labeur, de misère, de plaisir. Ils s'éloignent, ils vont vivre une vie à part, étrange et douloureuse (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 6). Ces affirmations conduiraient (...) les philosophes à descendre dans la rue pour rencontrer les hommes et pour oublier l'homme, à ne plus se contenter de réfléchir dans la paix de leurs bureaux (...) sur des idées placées en marge des vies que vivent effectivement les hommes (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 98).
Vivre sa vie. Mener sa vie à sa guise, de manière indépendante, en se libérant des contraintes imposées de l'extérieur. Le jeune Bernard a brusquement quitté le foyer familial, où il n'aurait jamais dû entrer. Il est allé « vivre sa vie », comme disait Émile Augier; vivre on ne sait comment, et on ne sait où (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1118).
2. [Avec un compl. désignant une durée] Passer, traverser (une période de son existence). Vivre un moment, un instant exaltant; vivre des jours heureux. Il ne pouvait vivre une journée heureuse chez lui, avec sa femme toujours dehors et sa fille enfermée dans un silence glacé (ZOLA, Nana, 1880, p. 1372).
B. — 1. Connaître, éprouver intimement par expérience subjective. Vivre sa joie, ses amours. Quand on donne aux objets l'amitié qui convient, on n'ouvre pas l'armoire sans tressaillir un peu. Sous son bois roux, l'armoire est une très blanche amande. L'ouvrir, c'est vivre un événement de la blancheur (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 85).
2. Faire passer dans les actes; mettre en pratique. Vivre son art, son engagement politique, sa foi, son idéal, sa philosophie. C'est exceptionnel ce pouvoir que tu as de vivre une idée corps et âme (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 311).
III. — Empl. pronom.
A. — Se vivre + adj./prop. compl. Avoir une certaine notion, idée de soi-même. Se vivre comme un marginal. (Dict. XXe s.).
B. — Avoir une expérience de soi-même. Il y a une sorte d'archétype de l'apparence physique (...). Je crois qu'il devient extrêmement difficile de se vivre comme un être différent de ces modèles-là (F Magazine, mars 1981, p. 32 ds ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[], (il) vit [vi]. Homon. et homogr. vivre3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Intrans. 1. a) 2e moit. Xe s. « être en vie » (St Léger, éd. J. Linskill, 196); b) fin Xe s. (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 235: Si tu laises vivre Jes m, Non es amics l'emperador); c) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 207: Si fait ma medra plus que femme qui vivet); 1690 ame qui vive (FUR., s.v. ame); d) fin XIVe s. (E. DESCHAMPS, Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 291: ceaulx qui [...] veulent vivre pour mangier Non manger pour vie allongier); 2. a) ca 1050 (Alexis, 207: Ore vivrai an guise de turtrele); b) ca 1485 vivre sainctement (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35231, t. 4, p. 354); mil. XVe s. (J. REGNIER, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, 2344, p. 84: Comment vis-tu? Je vis joyeusement); c) 1548 vivre au jour la journée (N. DU FAIL, Propos rustiques, Epistre, éd. J. Assézat, t. 1, p. 2); 3. a) 1200 soi vivre de « assurer son existence en... », prendre son vivre « gagner de quoi se nourrir », inf. subst. « fait de vivre » (JEAN BODEL, Saint Nicolas, éd. A. Henry, 603, 634, 1410); b) ca 1200 (Continuation de Perceval, 1703, éd. W. Roach, t. 1, p. 210: Si se vit [Carados] d'erbe et de rachine); c) 1er tiers XIVe s. [éd. 1528] vivre d'amours (Perceforest, t. II, f° 97 ds LITTRÉ); d) 1383 (Arch. Nord, B 1567r, fol. 10: il estoit notoirement vivans de foles femmes); e) fin XIVe s. n'avoir de quoi vivre (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, t. 4, p. 3); f) ca 1500 vivre sur le peuple (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 18); g) ca 1510 (P. GRINGORE, L'Obstination des Suysses ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 355: De rappine vivent et de larecin); 4. a) 1275-80 (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 8113: se vos vivez et je moroie, Tourjorz en vostre queur vivroie); b) 1568 (R. GARNIER, Tragédies, Porcie, éd. W. Foerster, t. 1, p. 43, 867: sa florissante gloire, Vit eternellement d'une heureuse memoire); 5. a) 1466 savoir vivre « se conformer aux usages de la société » (P. MICHAULT, Doctrinal, LXIII, éd. Th. Walton, p. 160); b) 1498-1515 (P. GRINGORE, Vie Ms. S. Loys ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 291: Car qui bien vit en fin a bon regnon); 6. 1552 (RONSARD, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. IV, p. 70: L'onde & le feu [...] Touts deux en moy vivent esgallement); 7. 1578 (ID., ibid., t. XVII, p. 266: Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain: Cueillez dés aujourdhuy les roses de la vie); 8. 1640 avoir vécu « être mort », latinisme (CORNEILLE, Horace, II, 6); 9. 1691 (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 136: mon oncle l'Abbé en eut une telle frayeur qu'il ne vivait plus); 10. 1759 avoir vécu « avoir de l'expérience, connaître la vie » (VOLTAIRE, Candide, p. 181). II. Trans. 1. ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 30253: Maint jor et maint an ot vescu); mil. XVIe s. (R. BELLEAU, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 87: vivez vostre bel age); 2. 1936 (THIBAUDET, Réflex. litt., p. 274: Il [Michelet] l'a vécue [la France] comme une personne). III. Part. prés. 1. a) ca 1050 subst. a sun vivant « durant sa vie » (Alexis, 39); b) ca 1200 jor de mon vivant (Naissance du chevalier au cygne, éd. A. Todd, 3474); c) 1489 de son vivant (COMMYNES, op. cit., p. 74); 2. a) ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1074: Que ço seist dit de nul hume vivant); b) déb. XIIIe s. nule ame vivant (Fille du Comte de Ponthieu, éd. C. Brunel, II, 249); c) 1422 subst. « personne vivante » (A. CHARTIER, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, 1950, p. 11); 3. ca 1485 (Mystère Viel Testament, 398, t. 1, p. 15: Et moy seoir sans dilacion, A la dextre du Dieu vivant); 4. 1536 subst. le bien vivant, le mal vivant (R. DE COLLERYE, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 166); 5. a) 1558 (DU BELLAY, Regrets ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 2, p. 179: les marbres animez, la vivante peinture, Qui la font estimer des maisons la plus belle); b) 1606 vivant portrait de la divinité (J. BERTAUT, Recueil de quelques vers amoureux, p. 235); c) 1611 le vivant souvenir (ID., Œuvres poét., p. 116); d) 1627 (A. MARESCHAL, La Chrysolite, p. 196: vous semblez la peinture vivante de mon fils); 6. 1647 langues vivantes (VAUG., préf., p. XCII); 7. 1684 philos. le vivant (BERNIER, Abrégé Philosophie de Gassendi, livre 3, p. 101). IV. Part. passé subst. 1. 1890 (BOURGET, Physiol. amour mod., p. 230: les écrivains qui veulent « faire vécu » comme on dit à l'heure actuelle); 2. 1919 (G. MARCEL, Journal, p. 164: opposer le donné au vécu). V. Pronom. 1. 1878 (GONCOURT, Journal, p. 771: la vie se vit, ces jours, dans un état extraordinaire d'absence d'esprit et de fatigue de corps); 2. 1893 (BARRÈS, Sang, p. 193: les anecdotes humaines qui se vivent chaque jour sur ses rives); 3. 1943 (SARTRE, Être et Néant, p. 327: Par le regard d'autrui je me vis comme figé au milieu du monde, comme en danger, homme irrémédiable). Du lat. vivere « être en vie; être animé, doué de vie », « jouir de la vie », « durer, subsister », « vivre de, se nourrir de », « occuper, passer sa vie de telle ou telle manière ». Fréq. abs. littér.:30 568. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 42 283, b) 42 431; XXe s.: a) 46 528, b) 43 207.
DÉR. Vivoir, subst. masc., région. (Québec), vieilli. Salle de séjour. Le vivoir est l'une des pièces les plus éclairées dans cette maison (DUBUC-BOUL. Québec. 1983). []. 1re attest. 1913 (La Revue, n° 3, 1er févr., p. 404 ds QUEM. DDL t. 15: ,,Si l'atelier paraît un peu bohême, ne mettrons-nous pas à la mode le vivoir?...`` Par ces mots, au début de son ingénieux livre [Sur un coin de table, publié en 1913], Mlle Valentine Thomson incite ses contemporains à une activité climatique et artistique, réunissant le double charme du foyer et de l'art); de vivre1, suff. -oir, créé au Québec (où il est actuellement vx et rare, v. DUBUC-BOUL. Québec.), pour éviter l'empl. de l'angl. living-room « salle de séjour » (comp. de living part. prés. de to live « vivre » et room « pièce »).
BBG. — GAK (V. G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye, 1976, n° 182, p. 48. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes français... Paris, 1977, pp. 278-280. — QUEM. DDL t. 22, 34, 38. — TABACHOVITZ (A.). « Vivre-cœur ». Ét. d'étymol. compar. Vox rom. 1959, t. 18, pp. 49-93.
II.
⇒VIVRE2, subst. masc.; VIVRES, subst. masc. plur.
A. — Subst. masc.
1. Vx ou littér. Fait de vivre, d'être en vie; p. ext., manière de vivre. Le vivre suivant la nature veut-il dire qu'il faut vivre dans la crasse, passer les rivières à la nage, faute de ponts et de bateaux (...)? (DELACROIX, Journal, 1849, p. 361). Dans le rêve la pensée ne se distingue pas du vivre et ne retarde pas sur lui. Elle adhère au vivre;elle adhère entièrement à la simplicité du vivre, à la fluctuation de l'être sous les visages et les images du connaître (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 249).
2. Vieilli. Nourriture, alimentation. Ce n'est pas qu'il fût bien riche et que le vivre fût bien conséquent (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 7).
Loc. cour. Le vivre et le couvert. La nourriture et le logement. Il se rappela les deux semaines durant lesquelles le gouvernement lui avait donné le vivre et le couvert. Il envia le sort des prisonniers (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 50).
B. —Subst. masc. plur.
1. Ensemble de la nourriture qui sert à l'alimentation de l'homme et qui est considérée généralement du point de vue de la quantité. Vivres abondants; manquer de vivres; rationner les vivres; fournir des vivres. Les vivres commençaient à manquer: les greniers étaient vides; on avait même forcé ceux des abbayes (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 221). Il décida de s'en aller à pied faire dans les Flandres, aux environs de Courtrai, une randonnée, pour voir s'il ne pourrait pas y acheter des vivres et les revendre à Lille (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 53).
Loc. fig. Couper les vivres à qqn. Supprimer toute aide pécuniaire à quelqu'un. Ma famille me faisait les scènes les plus dures dans des lettres interminables et menaçait de me couper les vivres (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 229).
2. ART MILIT. [P. oppos. à munitions, fourrage] Nourriture destinée aux hommes. Magasin, ration, stock de vivres; administration des vivres; approvisionnement en vivres. La ville de Sedan était là, armée de canons hors d'usage, sans munitions et sans vivres (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 211). Chaque baraque défilait devant les magasins de l'intendance où l'on distribuait des vivres pour trois jours: cinq cents grammes de pâté et une boule de pain de quinze cents grammes par homme (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 362).
Vivres de réserve. Nourriture dont chaque soldat dispose pour pallier un défaut de ravitaillement. (Dict. XXe s.).
Vieilli. Commis, entrepreneur, fournisseur aux vivres. Militaire chargé du ravitaillement des troupes (Dict. XXe s.).
MARINE
Vivres frais. Nourriture achetée aux escales par l'ordinaire. Les ports d'escale sont tout d'abord utilisés pour le ravitaillement en combustible, en eau douce et en vivres frais (M. BENOIST- PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 211).
Cambuse, soute à vivres. Soute où est conservé le ravitaillement. (Dict. XXe s.).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. vivre3. Att. ds Ac. dep. 1694. Il est plus usité au plur. Ds Ac. 1935 en sous-vedette vivres, plur. Étymol. et Hist. Ca 1160 le vivre « ce qui est nécessaire pour subsister » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 350); 1369 subst. masc. plur. « id. » (GUILLAUME DE MACHAUT, Prise d'Alexandrie, éd. de Mas-Latrie, p. 56); 1601 couper les vivres (FAUCHET, Fleur Maison de Charlemagne, p. 128). Subst. de vivre1. Fréq. abs. littér.:682. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 1 315, b) 1 238; XXe s.: a) 629, b) 735.
III.
⇒VIVRE3, subst. fém.
HÉRALD. Synon. de guivre. (Ds CRAYENCOUR Hérald. 1985).
REM. Vivré, -ée, adj. ,,Se dit de toute figure dont les bords présentent de grosses dents`` (CRAYENCOUR Hérald. 1985). J'avais trop affaire d'esquiver la machine roulante pour voir si elle était historiée (...) de croix cléchées ou vivrées (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 300).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. vivre1 et 2. FÉR. 1768: vîvre. Étymol. et Hist. 1306 voivre, v. vouivre; 1528 wivre (Perceforest, vol. VI, ch. XXXIX ds GDF.); 1581 guivre, v. ce mot; 1681 vivre indirectement att. par son dér. vivré (MENESTRIER, Abrégé méthodique des Principes heraldiques, p. 173: guivré est le même que vivré; p. 186: Vivré des fasces, bandes, peaux [...] à replis quarrez); 1690 vivre (FUR.). Var. de guivre, vouivre.

1. vivre [vivʀ] v.
CONJUG. je vis, nous vivons; je vivais, nous vivions; je vécus, nous vécûmes; je vivrai, nous vivrons; je vivrais, nous vivrions; vis, vivons; que je vive; que je vécusse; vivant; vécu.
ÉTYM. Fin Xe; du lat. vivere.
———
I V. intr.
1 Être en vie; exister. Monde (être au). || Naître, vivre, mourir (→ Durer, cit. 18; jour, cit. 42; 1. mère, cit. 10; 1. mort, cit. 7 et 21). || Achever (cit. 15), cesser de vivre. Mourir (→ Parque, cit. 4; ring, cit. 2). || Il est si doux (cit. 12) de vivre. || Vouloir vivre (→ Contraste, cit. 6), désirer (cit. 13) vivre; désir (cit. 13) de vivre. || Dégoûté (cit. 17), las de vivre. || La joie de vivre. || L'homme (cit. 142) cherche des raisons de vivre. || Rien ne me maintient encore en vie sinon l'habitude de vivre (→ Inappétence, cit. 2). || « Il faut manger (1. Manger, cit. 16) pour vivre et non pas vivre pour manger » (Molière).
Ne vivre que pour (suivi d'un subst. ou d'un inf.) : n'avoir dans la vie d'autre but que de… (→ Forme, cit. 57; haut, cit. 28; incomparable, cit. 6). Consacrer (se). || Les remèdes capables (cit. 9) de vous faire vivre (→ aussi Application, cit. 8; équivoque, cit. 20; haine, cit. 4). || « C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre » (→ Élixir, cit. 4). || Se sentir, se regarder vivre (→ Accablant, cit. 5; battement, cit. 12).Se laisser (cit. 16) vivre : vivre sans faire d'effort, sans prendre d'initiative (→ Lâcheté, cit. 5).Tant que je vivrai.
Au passé. (Latinisme). Littér.Il a vécu : il est mort (→ Tarentin, cit., Chénier). Par exagér. || Ne plus vivre : être dans une inquiétude mortelle. || En attendant son télégramme, nous ne vivions plus. — ☑ Prov. Qui vivra verra.
1 Il n'y a personne qui vive toujours, ni qui ait même cette espérance; un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort.
Bible (Sacy), l'Écclésiaste, IX, 4.
2 Gnathon ne vit que pour soi, et pour tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point.
La Bruyère, les Caractères, XI, 121.
3 Nous vivons sans être obligés de savoir que cela exige un cœur, des viscères, tout un labyrinthe de tubes et de fils, tout un matériel vivant de cornues et de filtres, grâce auquel il se fait en nous un échange perpétuel entre tous les ordres de grandeur de la matière et toutes les formes de l'énergie, depuis l'atome jusqu'à la cellule, et depuis la cellule jusqu'aux masses visibles et tangibles de notre corps.
Valéry, Variété V, p. 52.
4 (…) car tu ne t'étonnes peut-être pas assez de vivre; tu n'admires pas comme il faudrait ce miracle étourdissant qu'est la vie.
Gide, Nouvelles nourritures, III, I.
5 Quelqu'un (Sieyès) à qui on demandait ce qu'il avait fait sous la Terreur répondit : « J'ai vécu… ». C'est une réponse que nous pourrions tous faire aujourd'hui. Pendant quatre ans nous avons vécu et les Allemands vivaient aussi, au milieu de nous (…)
Sartre, Situations III, p. 18.
5.1 Vous autres, vous vivez, mais moi qui n'ai ni commencement ni fin, je suis, simplement.
M. Aymé, la Vouivre, p. 205.
Poét. || Vivez, qu'il vive : je vous laisse, je lui laisse la vie, je fais grâce (→ Immuable, cit. 4; succès, cit. 6).
Loc. (Précédé d'un verbe négatif). … âme (cit. 82) qui vive.
Exclam. || Vive !, vivent !, formules d'acclamation en l'honneur de qqn, à qui on souhaite longue vie et prospérité. || « Le roi est mort ? (2. Mort, cit. 6), Vive le roi ! ». || Vive la Reine ! (→ Raccommodement, cit. 2). || Vive l'empereur ! (→ Sauve-qui-peut, cit. 1). || Vive la mariée ! || « Je suis souris : vivent les rats ! » (→ Aile, cit. 1). Par anal. || Vive la France, la République, la liberté !Par ext. S'emploie comme terme d'approbation, pour saluer toute chose pleinement satisfaisante. || « Vive le mélodrame (cit. 1) où Margot a pleuré » (→ aussi Accompagner, cit. 9). || Vive l'amour, le vin, la joie… !Vx. || Vive Dieu !, « serment ordinaire en l'ancienne Loi » (Furetière).
6 Vivent, Seigneur, nos terres fortunées,
A qui tu as tes Fleurs-de-lis données;
Vive ce Roi, et vivent ses guerriers (…)
Ronsard, Disc. des misères de ce temps, Prière à Dieu.
7 Au milieu de ce silence le vieillard agita le drapeau rouge et cria :
— Vive la Révolution ! vive la République ! fraternité ! égalité ! et la mort !
Hugo, les Misérables, IV, XIV, II.
7.1 Si je criais, ce serait toujours : « Vive de Gaulle ! » de tout mon cœur et de toute ma raison. Ah ! oui, cela surtout : qu'il vive. Car après lui (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 77.
Interj. (invar. même avec un nom au plur.). || Vive ! (opposé à à bas). || Vive les vacances !REM. Dans ce cas, l'accord en nombre est archaïque ou littéraire.
8 On écrira donc selon les cas : « Vive les gens d'esprit ! » si l'on veut seulement les approuver, et « Vivent les gens d'esprit ! » si l'on souhaite réellement jouir longtemps de leur présence… et de leur esprit.
R. Le Bidois, in le Monde, 10 juil. 1957.
REM. Le rapprochement de vive ! et qu'il vive est stylistique, le verbe vivre n'étant plus guère senti dans l'exclamation vive !
2 (Avec un compl. désignant une durée). Avoir une vie d'une certaine durée. Durer (vieilli). || « Et rose elle a vécu ce qui vivent les roses, L'espace d'un matin » (→ Destin, cit. 13). || Vivre longtemps, vieux, jusqu'à un âge avancé. Longévité (cit. 2 et 3). || « Vous êtes d'une pâte (cit. 4) à vivre jusqu'à cent ans. » « Qui a vécu un seul jour a vécu un siècle » (→ Aujourd'hui, cit. 8; et aussi mourir, cit. 8). || « N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » (cit. 2). || J'ai bien assez vécu déjà pour dire… (→ Caractère, cit. 62; œil, cit. 5). || « Hâte (cit. 22)-toi, mon ami : tu n'as pas tant à vivre ». || J'ai trop peu de temps à vivre pour perdre ce peu (→ Carpe diem, cit.). || Le peu de jours qui nous reste à vivre (→ Irrémissiblement, cit.; et aussi développement, cit. 6).
REM. Dans cet emploi, vivre est un intransitif accompagné d'un complément de durée, le participe passé ne s'accorde pas : « les années qu'il a vécu » (Littré). → au contraire, ci-dessous, II.
9 Ah ! si l'on peut vivre mille ans en un quart d'heure, à quoi bon compter tristement les jours qu'on aura vécu ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, X.
Par métaphore. (Dans la mémoire des hommes). || « Qui meurt pour le pays (1. Pays, cit. 9) vit éternellement. » || Il vit dans la mémoire, le souvenir de ses proches.
(Avec indication de l'époque où se situe cette vie). || Vivre du temps de…, dans un temps… (→ Discipline, cit. 1; excentrique, cit. 4), dans le siècle des lumières (cit. 34). || Nous vivons à une triste époque (→ Temps, cit. 22). || Ceux qui ont vécu avant nous : Ancêtre (cit. 10), prédécesseur. || Ceux qui vivent de notre temps, à notre époque. Contemporain. || Ceux qui vivront après nous. Postérité, successeur. || « Frères (cit. 17) humains qui après nous vivez (…). »Spécialt. || Vivre dans le passé (1. Passé, cit. 16), dans le présent (→ 1. Passé, cit. 15), dans la minute (cit. 5) présente, dans l'instant (2. Instant, cit. 4) même.
(Avec indication du lieu). Passer sa vie, une partie de sa vie en résidant habituellement. Habiter (cit. 11; et → Enraciner, cit. 12). || Des lieux où l'on aimerait (cit. 53) à vivre (→ aussi Connaître, cit. 9; manoir, cit. 2). || Vivre à Paris, en province, à la campagne, à l'étranger… (→ Assurer, cit. 35. cas; cit. 7). || « Naître, vivre et mourir dans la même maison » (cit. 10; et → Retour, cit. 10). || Heureux (cit. 45) qui vit chez soi. || Elle vivait chez ses beaux-parents (→ Incorporer, cit.8).
10 Je ne sais pas quelle définition donne le Littré de la maison, mais ce n'est pas, comme elle l'est chez nous pour soixante-dix pour cent des ouvriers, un repaire où vivent entassés, dans une promiscuité terrifiante, les membres de la famille.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, IV, p. 104.
10.1 La solitude, ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s'intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu'un chien.
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 109.
Le milieu dans lequel vous vivez (→ Cadrer, cit. 5). || Vivre dans une certaine société. Fréquenter (→ Grands-parents, cit.; gratin, cit. 2). || Vivre sous un gouvernement, un régime.Par métaphore. || Nous vivons trop dans les livres (1. Livre, cit. 34) et pas assez dans la nature. || Un passionné d'horticulture (cit.) qui vit dans le monde des fleurs. || Vivre dans le giron (cit. 4) de l'Église. || Vivre dans le monde (→ Dissiper, cit. 13). || Vivre dans le faux (1. Faux, cit. 52), dans le monde des à-peu-près (→ 1. Faux, cit. 50). || Vivre dans le fantasme.
3 Mener une certaine vie (dans des conditions matérielles, affectives, morales, intellectuelles déterminées).
a Selon les conditions matérielles. || Pour vivre tranquille, il faut vivre seul (→ Calfeutrer, cit. 1). || Vivre en ermite, isolé, dans la solitude. || Elle vit seule, mais elle sort beaucoup.
11 Il vivait seul, au milieu de ses collections, avec une vieille gouvernante, une paysanne de Vologda, qu'on disait sa maîtresse.
Paul Morand, l'Europe galante, Musée Rogatkine.
Vivre à deux (cit. 3), en couple. || Vivre avec qqn (dans le mariage ou maritalement). || Vivre avec sa femme et ses enfants. || Couple qui vit en concubinage. Cohabiter (→ Analyse, cit. 1; doux, cit. 13; maîtresse, cit. 64; 1. savoir, cit. 67). || « Songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble » (→ Enfant, cit. 28.3, Baudelaire). || Vivre ensemble (→ Aimer, cit. 69; désirer, cit. 18). || Vivre avec un ami, une amie. Habiter (avec). || Vivre en communauté (→ Couvent, cit. 1). || Vivre en groupe (cit. 9). || Les enfants vivent avec leur père sous le même toit (→ 1. Feu, cit. 26).
Loc. (Adj. suivi de à vivre). … à vivre. || Personne facile, difficile (cit. 24) à vivre (→ Mouton, cit. 13), avec laquelle la vie commune est facile ou non. || Personne fatigante (cit. 6) à vivre, impossible à vivre.
b Selon les conditions affectives. || Vivre sans affection, sans amour. || « À qui vit sans amour la vie est sans appâts » (cit. 10). || « J'aurai vécu sans soins et mourrai sans remords ». || Vivre dans l'anxiété (cit. 1), dans la terreur (cit. 1), dans une exaltation insoutenable (→ Retourner, cit. 13). — ☑ Loc. Vivre (avec qqn, ensemble…), comme chien et chat.
c Selon les conditions morales. || Manière de vivre (→ Agréable, cit. 9; assister, cit. 1). || Art de vivre. Sagesse. Vieilli. || Bien vivre, mal vivre. Conduire (se).
12 Apprenez enfin qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature (…)
Molière, Dom Juan, IV, 4.
Vx. || « Vivre à propos » (→ Appendicule, cit., Montaigne). || « Il est vrai qu'elle vit en austère (cit. 3) personne ».« Qui vit content (cit. 7) de rien possède toute chose ». || Vivre dangereusement (→ Orbite, cit. 5; risque, cit. 7). || « Mais qui peut vivre infâme est indigne (cit. 1) du jour » (→ aussi Honneur, cit. 25). || Vivre dans la honte, l'abjection, l'opprobre (cit. 6). || « Pour exécuter (cit. 5) de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir ». || Vivre sans but (cit. 13), à sa fantaisie, à sa guise. || Vivre libre. || Vivre de la vie intérieure (→ Domaine, cit. 2), contemplative (→ Oublier, cit. 15), d'une vie plus humaine (cit. 22),de la vie prosaïque et mercenaire (cit. 5).
d Selon les conditions intellectuelles. || Vivre dans le doute, dans l'ignorance (→ Aïeul, cit. 9). Croupir.
4 Disposer des moyens matériels qui permettent de subsister. Vie (I., 6.). || La souris sort de son trou pour chercher à vivre (→ 1. Alerte, cit. 2). || Semer, labourer, travailler pour vivre (→ Mériter, cit. 10; paresseux, cit. 1). || Le peuple (1. Peuple, cit. 20) n'a que ses bras pour vivre. || Son salaire lui suffisait à peine pour vivre.Prov. Vivre d'abord, ensuite philosopher (cit. 4; et → Psychologie, cit. 2).
12.1 Moi je n'y connais rien dans le commerce, mais ça te suffit pour vivre de vendre rien que des cadres ?
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 184.
En attendant ces rentrées, il fallait vivre (→ 2. Expédient, cit. 12).Il faut bien vivre, se dit pour justifier une activité dont on n'est pas fier mais qui fournit de quoi vivre.
13 On demandait (…) à un homme qui avait fait je ne sais quelle mauvaise brochure contre son ami et son bienfaiteur, pourquoi il s'était emporté à cet excès d'ingratitude. Il répondit froidement : Il faut que je vive1.
Voltaire, Alzire, Disc. préliminaire.
1. Ce fut l'abbé Guyot Desfontaines qui fit cette réponse à M. le comte d'Argenson (…) à quoi le comte (…) répliqua : « Je n'en vois pas la nécessité ».
Vivre au jour le jour (cit. 46), vivre chichement (cit. 1 et 4), pauvrement, petitement ( Végéter, vivoter), économiquement (→ Ménage, cit. 8). || Vivre à l'aise ( Aisé), largement ( Dépenser), fastueusement, dans le luxe, sur un grand pied (→ Mener grand train). || Vivre bien, mal (→ Chère, cit. 4; endurcir, cit. 12; gobichonner, cit.).
Faire vivre qqn. Entretenir (→ Friponner, cit.). (Choses). || Les métiers qui les font vivre (→ Horlogerie, cit. 2). || Cet encens ne fait pas vivre. Nourrir (→ Applaudissement, cit. 10).L'héritage (cit. 1) qui aurait pu vous faire vivre à votre aise.
(Avec un compl. de moyen). || « L'homme ne vit pas seulement de pain » (cit. 11 et 12). || « Je vis de bonne soupe et non de beau langage » (cit. 13). || Vivre de lait, de fruits… Nourrir (se). → Manie, cit. 6; mystique, cit. 2. — Vivre honnêtement (cit. 1) de son travail (→ Filtrer, cit. 9). || Vivre du travail des autres. || Vivre de la chasse, de la pêche (2. Pêche, cit. 9; et → Déprédation, cit. 4). || Vivre de braconnage (→ Régulier, cit. 3). || Vivre de sa plume (cit. 19). || Ils vivent de l'Église et de l'épée (→ Amphibie, cit. 2). || Vivre d'aumônes (cit. 6), d'expédients, d'emprunt (cit. 2), de subsides (→ Faveur, cit. 3), de rapines (→ Rafler, cit. 1). || Il vit des femmes. || Vivre de ses rentes (→ Police, cit. 11). || « Des sottises d'autrui nous vivons au palais » (1. Palais, cit. 5). || Ces bourgeois qui vivaient de la misère du pauvre monde (→ Seigneur, cit. 1). || Avoir, se procurer (cit. 4) de quoi vivre. Fortune, ressource. || Avoir tout juste de quoi vivre. || Vivre de peu, vivre de rien. — ☑ Loc. Vivre de l'air du temps ( 1. Air, II., 3.).Loc. prov. Vivre d'amour et d'eau fraîche, sans souci des contingences matérielles (et ayant une vie affective).Vivre aux dépens (cit. 2 et 3) de qqn. || Les écorcheurs (cit. 1) vivaient sur le paysan. || Vivre sur (1. Sur, cit. 10) la fortune, le bien de qqn (→ Apaiser, cit. 3). || Pays qui vit sur lui-même (→ Exportation, cit. 2). Autarcie; suffire (se). || Vivre sur ses réserves, sur son capital.
14 (…) une vieille femme qui lui allumait sa chandelle quand elle rentrait le soir, lui enseigna l'art de vivre dans la misère. Derrière vivre de peu, il y a vivre de rien.
Hugo, les Misérables, I, V, IX.
15 (…) des travaux d'aiguille sur lesquels vivait la maison (…).
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, II.
Fig. Trouver dans (qqch.) un aliment à la vie morale, intellectuelle. || Les hommes vivront longtemps de ces quelques paroles (→ Discours, cit. 20). || À qui vit de fiction (cit. 4) la vérité est infecte. || Vivre d'espérance. || « Tout parti (cit. 32) vit de la mystique et meurt de sa politique ». || Vivre sur sa réputation. || L'humanité vit encore sur ce message (→ Littérature, cit. 11).(Choses). || « (…) la poésie épique (cit. 1) Se soutient par la fable et vit de fiction ». || Un art vit de ce qu'il apporte (→ Régression, cit. 2). || L'amour vit de mensonges (→ Égoïsme, cit. 4).
5 (Avec savoir, apprendre). Se comporter dans la vie sociale comme le veut l'usage, la bonne éducation. || Un maître (cit. 15) de maison qui sait vivre (→ aussi Grâce, cit. 96). Savoir-vivre. — ☑ Loc. Apprendre à vivre à qqn. Apprendre (cit. 48, 49).
16 (…) ils sont trop politiques pour cela, et savent trop bien vivre pour découvrir le fond de leur âme.
Molière, Tartuffe, Préface.
17 Les légitimistes disaient : « Il est mort en bon gentilhomme ». Une dame de la vieille cour eut le meilleur mot : « Enfin il est mort en homme qui sait vivre ».
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, 9 mars 1869.
6 Réaliser toutes les possibilités de la vie (→ Gloire, cit. 31; larve, cit. 6; oui, cit. 16); jouir de la vie. || « Et vivre sans aimer (cit. 33) n'est pas proprement vivre ». || Vivre par l'action (cit. 10). || « Vivez, si m'en croyez, n'attendez (cit. 34) à demain ». || « On meurt sans avoir vécu » (→ Futilité, cit. 3). || « Ceux qui collés sur un livre (1. Livre, cit. 25) N'ont jamais souci de vivre ». || « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent » (cit. 6). Agir.Un homme qui a vécu, beaucoup vécu, qui a eu une vie pleine, riche d'enseignements, qui a connu bien des choses (→ Gobeur, cit. 2).
18 Bien qu'il meure en jeunesse, il a beaucoup vécu.
Si sa Royauté fut de peu d'âge suivie,
L'âge ne sert de rien, les gestes font la vie.
Ronsard, Épitaphes, Tombeau de Charles IX.
19 Ne m'as-tu pas dit de vivre ? je veux vivre. Je veux monter à cheval aussi, moi ! je veux tout connaître, Paris, les fêtes, les plaisirs… — Oui, vivre !… vivre de réalités et non de mensonges… Est-il possible que je meure, moi qui n'ai pas vécu ?…
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1005.
20 Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Hugo, les Châtiments, IV, IX.
21 Ce qui importe, c'est d'avoir beaucoup pensé et beaucoup aimé, c'est d'avoir levé un œil ferme sur toute chose, c'est de pouvoir dire à sa dernière heure : « J'ai beaucoup vécu ».
Renan, Questions contemporaines, Réflexions sur l'état des esprits, Œ. compl., t. I, p. 214.
21.1 Vivre, d'abord; quoi qu'on fasse, on vit, bien sûr; mais il y a plus d'une façon d'unifier les moments que l'on traverse : en les subordonnant à une action, par exemple, ou en les projetant dans une œuvre. Moi, mon entreprise, ce fut ma vie même, que je croyais tenir entre mes propres mains.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 368.
21.2 J'étais étonné d'entendre ma mère dire de quelqu'un qui passait pour avoir été un mauvais sujet : « Il a beaucoup vécu ».
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 235.
7 (Choses). Exister parmi les hommes. || Conditions dans lesquelles vit une société, une nation (→ Autonomie, cit. 3; 1. dépendre, cit. 6), un régime politique (→ Assigner, cit. 11). || Il n'y a à Paris que deux Revues qui vivent (→ Journal, cit. 8; souligner, cit. 1). || Toute langue (cit. 38) vit. || Mots qui veulent vivre, continuent de vivre (→ Fortuné, cit. 6; neutre, cit. 7).(Le sujet désigne un objet matériel fabriqué). || Le pilote (cit. 1) sentait l'avion vivre (→ Moteur, cit. 5).(Dans l'art). || Voulez-vous que vos personnages (cit. 11) vivent ? 2. Vivant (2., fig.).
(Choses abstraites). || Le monde où vivent nos croyances (cit. 4). || Faire vivre une idée (→ Retour, cit. 1). || L'amour vit et renaît de lui-même (→ Épancher, cit. 17). || Mémoire, souvenir qui vit sans cesse en lui. Demeurer (→ Méditer, cit. 5).
22 Quoi ? tu crois, cher Osmin, que ma gloire passée
Flatte encor leur valeur et vit dans leur pensée ?
Racine, Bajazet, I, 1.
23 La petite, sans répondre, leva sur lui un œil malin, où vivait une intelligence jeune, alerte, tenue en laisse et prête à partir.
Maupassant, Fort comme la mort, I, II.
24 — Oui, je sais : les idées n'existent que par les hommes; mais, c'est bien là le pathétique : elles vivent aux dépens d'eux.
Gide, les Faux-monnayeurs, II, III.
(Dans une perspective panthéiste). Avoir une vie propre.
25 Dieu n'a pas fait un bruit sans y mêler le verbe.
Tout, comme toi, gémit, ou chante comme moi :
Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi
Tout parle ? Écoute bien. C'est que vents, onde, flammes,
Arbres, roseaux, rochers, tout vit ! Tout est plein d'âmes (…)
Hugo, les Contemplations, VI, XXVI.
8 Continuer à être, à exister. || Associations d'étoiles qui vivent des milliards d'années.
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II V. tr.
1 (Mil. XVIe, d'abord avec vie pour compl.). Avoir, mener (telle ou telle vie). || Rêver (cit. 28 et 31) sa vie au lieu de la vivre (→ aussi Enfance, cit. 7). || Vivre honnêtement (cit. 2) la vie de tous les jours. || Ils vivaient une vie fraternelle (→ Frère, cit. 24). || Se nourrir de romans pour vivre la vie d'un autre être (→ Maladif, cit. 6). — ☑ Loc. Vivre sa vie.Autrement (cit. 11) la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. Par anal. || L'âme (cit. 43) vit en nous une existence distincte.
26 (…) elle vécut intérieurement une existence brûlante et emportée.
Zola, Thérèse Raquin, II.
Passer, traverser (un espace de temps). || Les instants, les moments qu'on a vécus (→ Inconscience, cit. 3; 1. pan, cit. 7). || Vivre des jours heureux. Couler. || Certaines heures (cit. 66) semblent impossibles à vivre. Philos. || La durée (cit. 7, Bergson) vécue par notre conscience : la durée concrète (opposée au temps abstrait, chez Bergson).
27 Il avait vécu les grandes années révolutionnaires, et avait eu le tressaillement de tous ces souffles (…)
Hugo, Quatre-vingt-treize, II, I, II.
28 Cent fois, elle avait imaginé la seconde où il lui réapparaîtrait, l'instant où, après des années d'attente, elle se laisserait tomber sur sa poitrine. Et, cette seconde, elle la vivait en ce moment. Il était là (…)
Martin du Gard, les Thibault, Pl., t. I, p. 1287.
29 Il vécut dans notre baraque une douce captivité (…)
Saint-Exupéry, Terre des hommes, VI, VI.
REM. Quand vivre est transitif, le p. p. s'accorde en genre et en nombre, alors qu'il reste invariable au sens I, 2 (→ ci-dessus I., 2. rem.). Les jours qu'il a vécu (= la durée de sa vie), mais les jours pénibles qu'il a vécus, les heures d'angoisse qu'il a vécues.
2 (XXe). Éprouver intimement, réellement par l'expérience même de la vie. || Mes amours, je les ai vécus, je les ai sentis (→ Secouer, cit. 7, Proust). || Se mettre à l'intérieur (cit. 15) de ces réalités et les vivre. || Un sentiment (cit. 14) est une manière définie de vivre notre rapport au monde qui nous entoure.
30 (…) tout d'un coup voici quelque réalité dégagée de ma vie, vue passer jadis comme des tableaux, gardée dans la mémoire comme des tableaux, et, au lieu de la tristesse de quelqu'un qui n'a que des collections, je me sens vivre, avoir vécu, ou plutôt avoir vécu quelque chose qui vit encore et qu'on pourra vivre demain.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 400.
31 Il faut écrire ce qu'on a vu, ce qu'on a entendu, ce qu'on a ressenti, ce qu'on a vécu.
Paul Léautaud, Passe-temps, p. 193.
Traduire en actes réels. || Vivre sa foi, son art, son engagement politique.
31.1 — Pourquoi, dis-je, vous qui vivez votre sagesse, n'écrivez-vous pas vos mémoires ? (…)
Gide, l'Immoraliste, II, II.
3 Supporter, traverser (une épreuve). || Il vit mal son échec. || Il a très bien vécu son divorce.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se vivre v. pron. (réfl.) suivi d'un adj. ou d'une proposition complément.
Avoir une expérience de soi-même. → Vécu. || Se vivre comme…, en tant que…, se vivre bien, mal, sur le plan des relations sociales. || « Il y a une sorte d'archétype de l'apparence physique (…) Je crois qu'il devient extrêmement difficile de se vivre comme un être différent de ces modèles-là » (F Magazine, mars 1981, p. 32).
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vécu, ue p. p. adj.
Réel, qui appartient à l'expérience de la vie (et non à la fiction ou à la pensée abstraite). || Histoires, scènes vécues. Vrai. || Expérience vécue.Philos. || Durée vécue, temps vécu. || « L'espace vécu » (Merleau-Ponty).
N. m. || Le vécu : l'expérience vécue (cour.; philos. : phénoménologie).
32 Il en résultait des déchirements, des suavités, des scènes voluptueuses, où la volupté donnait la même impression de « vécu » que les flambeaux d'argent et les plats de vermeil.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII.
CONTR. Mourir.
DÉR. Vivable, vivant, viveur, vivoir, vivoter, 2. vivre.
COMP. Qui-vive. — Revivre. — Savoir-vivre. — Survivre.
HOM. 2. Vivre, vivres.
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2. vivre [vivʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1130; inf. substantivé du précédent.
1 Vx. Fait de vivre, vie (→ Dégoût, cit. 9; indifférent, cit. 4; mourir, cit.). || Le vivre et le mourir.
2 Vx. Nourriture. Subsistance, et aussi vivres. — ☑ (Loc.). Mod. Le vivre et le couvert (cit. 1) : la nourriture et le logement.
DÉR. 1. Vivrier, 2. vivrier.
HOM. 1. Vivre, vivres.

Encyclopédie Universelle. 2012.