1. lever [ l(ə)ve ] v. <conjug. : 5>
• 980 ; lat. levare
I ♦ V. tr.
1 ♦ Faire mouvoir de bas en haut. ⇒ élever, hausser, soulever. Lever un fardeau, un poids. Lever une caisse avec une grue. ⇒ enlever, guinder, hisser; levage. Lever les glaces (d'une voiture), les fermer. Lever son verre; spécialt porter un toast. — Lever l'ancre.
2 ♦ Mettre plus haut, soulever (une partie du corps). Lever la main pour prêter serment. Lever le doigt pour demander la parole. Levez les mains ! (cf. Haut les mains !). Lever la main, le poing sur qqn (pour le battre, le frapper).— Loc. Lever les bras au ciel (en signe d'indignation, d'impuissance). Ne pas lever le petit doigt : ne rien faire. Fam. Lever le coude. Chien qui lève la patte, pour uriner. Lève ton cul ! bouge, remue-toi. Lever le pied : ralentir; fig. diminuer son effort dans une activité.
♢ Par ext. Diriger, orienter vers le haut. ⇒ dresser, redresser, relever. Lever la tête, le front, les yeux. Arsène « fauchait sans lever le nez, car la besogne exigeait une attention soutenue » ( Aymé).
3 ♦ (XIIIe) Relever (qqch.) de façon à découvrir ce qui se trouve derrière ou dessous. ⇒ soulever. Lever le voile. Lever le masque. Lever le rideau (pour faire apparaître la scène).
4 ♦ Mettre debout, rendre proche de la verticale. Lever une échelle. — Lever un enfant, le faire sortir du lit (cf. ci-dessous Se lever).
5 ♦ Chasse Faire sortir de son gîte, faire partir (un animal sauvage). Lever un lièvre, une perdrix. — Fam. Séduire et entraîner (qqn) avec soi. Lever une femme. ⇒ draguer. « je suis sûre de lever sur mon passage pas mal de suiveurs » (France).
6 ♦ Établir avec soin. ⇒ dresser. Lever une carte, un plan. ⇒ dessiner.
7 ♦ Ôter d'un lieu. Lever le camp. — Faire cesser. Lever le blocus, le siège. Lever la séance, l'audience. ⇒ clôturer; clore.
♢ Faire disparaître. ⇒ supprimer. Lever une interdiction, une punition. Lever l'interdit. Lever une hypothèque, une saisie. — Littér. « Quand on a des doutes, on les lève » (Musset). Lever les obstacles, les difficultés. Lever une ambiguïté.
8 ♦ Vieilli Prendre (une partie) sur un tout. ⇒ prélever. Lever tant de mètres sur une pièce d'étoffe. — Lever des filets de poisson, les détacher de l'arête. — Jeu Lever les cartes, ou absolt lever : ramasser les cartes du coup qu'on a gagné et les mettre en paquet devant soi. — Fig. Lever des impôts. ⇒ percevoir, recueillir. Lever des capitaux sur le marché obligataire. — Lever une armée, des troupes. ⇒ mobiliser, recruter.
♢ Fin. Lever l'option : exécuter la transaction convenue. L'option n'a pas été levée. — Bourse Lever des titres, les payer à la liquidation lorsqu'on s'en est porté acquéreur (opposé à faire reporter).
II ♦ V. intr. Se mouvoir vers le haut. ⇒ se dresser, monter.
1 ♦ Commencer à sortir de terre (plante). ⇒ pousser. Le blé lève.
2 ♦ Se gonfler sous l'effet de la fermentation (pâte). ⇒ fermenter. Le levain, la levure fait lever la pâte.
3 ♦ Fig. ⇒ soulever. « C'est votre société politique entière qui nous fait lever le cœur » (Camus), qui nous donne envie de vomir.
III ♦ SE LEVER v. pron.
A ♦ (Pass.) Se déplacer vers le haut. Bras, mains qui se lèvent. « le rideau venait de se lever sur le troisième acte » (Duhamel).
B ♦ (Réfl.)
1 ♦ Se mettre debout, se dresser sur ses pieds. Se lever de son siège. S'asseoir et se lever. Accusé, levez-vous ! — Par ext. Se lever de table : sortir de table.
2 ♦ Sortir de son lit. Se lever tôt, de bon matin, de bonne heure (⇒ lève-tôt, matinal) . Se lever tard (⇒ lève-tard; cf. Faire la grasse matinée) . — Se lever du pied gauche. — Malade qui commence à se lever. Avec ellipse du pron. On fait lever très tôt les accouchées.
3 ♦ Apparaître à l'horizon (en parlant d'un astre). Le soleil, la lune se lève (⇒ levant) . — Par anal. L'aube, l'aurore, le jour se lève. ⇒ arriver, commencer.
4 ♦ (XVe) Commencer à souffler (en parlant du vent). La brise, le vent se lève. ⇒ fraîchir, souffler. « Levez-vous vite, orages désirés » (Chateaubriand).
5 ♦ (1640) Devenir plus clair (en parlant du temps). Le temps se lève, la brume s'est dissipée.
⊗ CONTR. Baisser, descendre, poser; incliner, pencher; asseoir, 1. coucher. Continuer; laisser, maintenir. — Asseoir (s'), 1. coucher (se).
lever 2. lever [ l(ə)ve ] n. m.
• XIIe; de 1. lever
1 ♦ Action de se lever, de sortir du lit. Demain, lever à 6 heures. Au lever, à son lever (cf. Au saut du lit).
2 ♦ Le moment où un astre se lève, paraît sur l'horizon. Lever du soleil. Par ext. Lever de l'aurore, du jour. ⇒ matin.
3 ♦ Le lever du rideau, qui fait apparaître la scène. On frappe trois coups pour annoncer le lever du rideau. — (1826) Un lever de rideau : petite pièce que l'on joue avant la partie principale du spectacle.
4 ♦ Action de lever, de dresser un plan. ⇒ levé (II, 2o).
⊗ CONTR. 2. Coucher.
● lever verbe transitif (latin levare) Mouvoir quelque chose de bas en haut, le faire monter, le placer à un niveau supérieur : Lever les vitres d'une voiture. Soulever une partie du corps, la placer plus haut : Levez les bras. Porter quelque chose plus haut, faire qu'il ne repose plus sur un support : Lever le couvercle de la casserole. Retirer ce qui était fixé, l'ôter : Lever des scellés. Faire cesser quelque chose, le faire disparaître, le supprimer : Lever une interdiction. Lever un siège. Ramasser quelque chose, le recueillir : Lever des impôts. Faire sortir une pièce de gibier de son gîte, la faire partir : Lever une compagnie de perdreaux. Populaire. Racoler quelqu'un, le draguer : La prostituée vient de lever un client. Recruter une armée, des troupes, etc., les mobiliser : Le chef rebelle aurait levé plus d'un millier d'hommes. Faire quitter le lit à un malade, à un enfant : Il faudrait lever l'opéré du 4. Bourse Prendre livraison de titres. (S'oppose à faire reporter.) Cartographie Effectuer le levé d'un plan, d'une carte. Cuisine Enlever les filets d'une volaille ou d'un poisson. Droit Effectuer une levée d'option. Horticulture Enlever de terre une plante avec ses racines. ● lever (difficultés) verbe transitif (latin levare) Conjugaison Attention à l'alternance e/è : lever ; je lève, il lève, mais nous levons ; il lèvera ; qu'il lève mais que nous levions ; levé. Emploi Lever un lièvre. On dit, au sens propre comme au sens figuré, lever un lièvre (et non soulever un lièvre) : le chien a levé un lièvre (= l'a fait sortir de son gîte) ; les policiers, au cours de cette enquête banale, ont levé un lièvre (= ont mis au jour une grosse affaire). ● lever (expressions) verbe transitif (latin levare) Familier. Lever l'ancre, lever le camp, lever le siège, partir, quitter un lieu, une réunion. Lever les bras au ciel, marquer par ce geste son impuissance. Lever le cœur à quelqu'un, lui donner la nausée. Lever le doigt, la main, dans un groupe, demander la parole en tendant l'index, la main en l'air. Lever le front, la tête, les redresser en signe de hardiesse, de fierté, n'avoir rien à se reprocher, avoir son honneur intact. Lever la main droite, prêter serment. Lever la main sur quelqu'un, chercher à le frapper. Lever la patte, en parlant d'un chien, uriner. Familier. Lever le pied, diminuer sa pression sur l'accélérateur, ralentir ; s'en aller subrepticement, disparaître. Lever la séance, l'audience, l'interrompre, la déclarer close. Lever son verre, porter un toast, boire à la santé de quelqu'un, à la réussite de quelque chose. Lever les yeux au ciel, regarder vers le ciel, en signe d'impatience, d'exaspération ou d'impuissance. Lever les yeux sur, avoir des vues sur quelqu'un, quelque chose. Ne pas lever le nez (de quelque chose), ne pas se détacher de ce que l'on est en train de faire, faire quelque chose sans interruption : Il n'a pas levé le nez de son bureau. Lever une prairie, la labourer. Lever une terre, donner le premier labour au printemps à une terre destinée à être ensemencée à l'automne. Lever des capitaux, se les procurer. Lever une locomotive, lui faire subir l'opération du levage. ● lever (homonymes) verbe transitif (latin levare) ● lever (synonymes) verbe transitif (latin levare) Mouvoir quelque chose de bas en haut, le faire monter, le...
Synonymes :
- relever
Contraires :
- baisser
Soulever une partie du corps, la placer plus haut
Synonymes :
- dresser
Contraires :
- courber
- fléchir
- incliner
Porter quelque chose plus haut, faire qu'il ne repose plus sur...
Synonymes :
- élever
- hausser
- hisser
- monter
- soulever
Contraires :
- abaisser
Retirer ce qui était fixé, l'ôter
Synonymes :
- ôter
- retirer
Contraires :
- apposer
- disposer
- mettre
- poser
Faire cesser quelque chose, le faire disparaître, le supprimer
Synonymes :
- anéantir
- effacer
- ruiner
Contraires :
- laisser
Ramasser quelque chose, le recueillir
Synonymes :
- prélever
- retenir
Recruter une armée, des troupes, etc., les mobiliser
Synonymes :
- enrôler
- recruter
Contraires :
- démobiliser
Faire quitter le lit à un malade, à un enfant
Contraires :
- asseoir
- coucher
- étendre
● lever
verbe intransitif
Littéraire. Le cœur me lève, Je ressens un vif dégoût, mon cœur se soulève.
● lever
verbe intransitifêtre levé
verbe passif
En parlant des végétaux, être sorti de terre : Le blé a levé.
Gonfler sous l'effet du levain, de la levure, d'un ferment : Attendre que la pâte lève.
● lever
nom masculin
(de lever)
Action de sortir de son lit ; moment où on se lève : Prendre un café dès son lever.
Apparition d'un astre au-dessus de l'horizon, instant de cette apparition : Le lever du soleil.
Action de lever, de déplacer vers le haut : Au lever du rideau.
Cartographie
Synonyme de levé.
● lever (expressions)
verbe intransitif
Littéraire. Le cœur me lève, Je ressens un vif dégoût, mon cœur se soulève.
● lever (homonymes)
verbe intransitif
● lever (expressions)
verbe intransitifêtre levé
verbe passif
Faire lever le gibier, le faire partir lorsqu'on l'a découvert, afin de pouvoir le tirer ou le donner à courre aux chiens.
● lever (homonymes)
verbe intransitifêtre levé
verbe passif
● lever (difficultés)
nom masculin
(de lever)
Sens et orthographe
Ne pas confondre ces trois homonymes.
1. Levé ou lever n.m. = établissement d'un plan, d'une carte. Un levé ou un lever topographique, les deux graphies sont admises.
2. Levée n.f. = action d'enlever, de faire cesser ou de collecter. La levée des scellés ; la levée d'audience ; la levée du courrier.
3. Lever n.m. = action de se lever ou de lever ; instant où un astre apparaît au-dessus de l'horizon. Le lever du rideau ; le lever du soleil.
● lever (expressions)
nom masculin
(de lever)
Lever précoce, méthode consistant à faire lever les opérés quelques heures après l'intervention pour éviter les complications dues à l'immobilité (congestions pulmonaires, phlébites, escarres, etc.).
Lever du roi, en France sous l'Ancien Régime, cérémonial qui accompagnait le moment où le roi quittait son lit. (Il se divisait en trois parties : le petit lever, auquel assistaient les membres de la famille royale, les princes du sang et les grands dignitaires ; la première entrée, avec les membres du Conseil et les principaux officiers domestiques ; après l'habillement du roi, le grand lever, en présence de la noblesse de cour.)
Lever de rideau, match préliminaire, précédant la rencontre principale.
Lever de rideau, petite pièce par laquelle on commence une soirée théâtrale.
● lever (homonymes)
nom masculin
(de lever)
● lever (synonymes)
nom masculin
(de lever)
Synonymes :
- Cartographie. levé
lever
n. m.
d1./d Apparition d'un astre au-dessus de l'horizon. Un beau lever de soleil.
|| Par ext. Le lever du jour.
d2./d Lever de rideau: petite pièce de théâtre en un acte que l'on joue avant la pièce principale.
d3./d Action de sortir du lit; moment où l'on se lève.
d4./d Action de déplacer de bas en haut (V. lever 1, sens I).
d5./d Lever ou levé: V. levé (sens II).
————————
lever
v.
rI./r v. tr.
d1./d Déplacer de bas en haut. Lever un sac.
d2./d Dresser, redresser, soulever, orienter vers le haut (une partie du corps). Lever le bras, la main, la jambe, la tête.
|| Lever les yeux sur: regarder (qqn, qqch).
|| Fig., Fam. Lever le coude: boire.
d3./d Relever (ce qui couvre) de manière à démasquer.
|| Fig. Lever le voile sur une affaire, la faire connaître, la rendre publique.
|| Fig. Lever le masque.
|| Loc. (Maurice) Lever un nid de mouches jaunes: susciter une discussion vive, une polémique.
d4./d Lever du gibier, le faire sortir de son gîte, le faire s'envoler, etc. (pour le tirer).
d5./d Enlever d'un lieu. Lever les scellés.
— Loc. Lever le siège: retirer les troupes qui assiègent une place, une ville.
— Lever le blocus, le faire cesser.
|| Lever une interdiction, l'annuler.
d6./d Mettre fin à, clore. Lever l'audience. La séance est levée.
d7./d CUIS Prélever. Lever des filets de poisson.
d8./d Recruter, enrôler. Lever des troupes, une armée.
d9./d Percevoir (un impôt). Lever une taxe.
d10./d Lever un plan: procéder sur le terrain aux mesures nécessaires pour l'établir.
d11./d DR Lever une option: rendre ferme une vente ou un achat à option.
rII./r v. intr.
d1./d Sortir de terre. Les semis commencent à lever.
d2./d Augmenter de volume, en parlant de la pâte en fermentation. Le levain fait lever la pâte.
rIII/r v. Pron.
d1./d Se mettre debout.
|| Se lever de table: quitter la table, le repas fini.
d2./d Sortir du lit. Il se lève à sept heures. Le malade se lèvera demain.
d3./d Apparaître au-dessus de l'horizon, en parlant d'un astre. Le soleil va se lever.
|| Par ext. Le jour se lève: il commence de faire jour.
d4./d Commencer à souffler (vent). La brise se lève.
d5./d Se dissiper. Le brouillard se lève.
|| Le temps se lève, s'éclaircit.
I.
⇒LEVER1, verbe
I. — Emploi trans.
A. — (Faire) bouger, déplacer quelque chose de bas en haut, faire passer ce qui était à l'horizontale ou penché à l'oblique ou à la verticale et (plus rare) inversement.
1. [L'obj. premier désigne un inanimé concr.]
a) Qqn lève qqc.
— [L'obj. désigne une charge, un poids] Soulever. Lever un fardeau, une pierre. Machine très simple de l'ingénieur Savary, pour lever à bras d'hommes des pierres druidiques (MICHELET, Journal, 1835, p. 166). Caderousse se hâta de lever une trappe pratiquée dans le plancher même (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 310). Un instant il pensa à allumer du feu; mais il essaya vainement de lever le tablier rouillé de la cheminée (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 109).
— [L'obj. désigne un outil, un objet domestique] Hausser. Lever la lampe (pour obtenir une orientation plus adéquate); lever la pioche (pour l'abattre ensuite avec plus de force). Quand elle levait son fléau, la poitrine tendait la chemise toujours au même endroit (AYMÉ, Jument, 1933, p. 174).
♦ MAR. Lever les accores, les épontilles, une garcette, les lofs. (Ds LITTRÉ). Lever l'ancre. La retirer du fond de la mer au moyen de son câble. Le vent ayant passé au sud, il leva l'ancre, et fit route au nord l'espace de deux jours (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 83). P. méton. Partir. Les transatlantiques lèvent l'ancre pour l'Europe à minuit, et la coutume veut que l'on accompagne ses amis jusqu'à leur cabine (MORAND, New-York, 1930, p. 200). P. métaph. Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 234). Lever les rames. Cesser de ramer en maintenant la rame horizontalement au-dessus de l'eau. (Dict. XIXe et XXe s.).
— [L'obj. désigne ce qui sert à couvrir, à cacher] Relever. Lever la moustiquaire, le store. Il leva les persiennes de sa voiture, et se remit à dormir (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 289). Si chaud, que j'étais allé, vers une heure, pour lever les jalousies (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 968). Lever le voile. Au fig. À un de ces repas où chacun aime à se vanter, et que mes compagnons levaient hautement devant moi le voile de leurs amours (NERVAL, Faust, 1840, 2e part., p. 148).
♦ THÉÂTRE, vieilli. Lever la toile. Faire apparaître la scène et commencer la pièce. Emploi pronom. La toile se leva. Coralie et Florine étaient en scène (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 332). Synon. lever le rideau. J'entrai dans la salle (...) on venait de lever le rideau (DUMAS père, Kean, 1836, III, 12, p. 152).
— [L'obj. désigne un signe, un symbole]
♦ Vieilli. Lever bannière. Placer sa bannière sur son château pour appeler ses vasseaux aux armes. On arrêta que le jour où le sire Jean de Heyle devait arriver, on lèverait tout à coup la bannière de Flandre, en criant : « Flandre au lion! (qui était le cri d'armes des comtes de Flandre)... » (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 318).
♦ Au fig. Lever l'étendard, l'oriflamme. Se révolter. Le jour où Lucifer leva l'étendard contre le Tout-Puissant (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 143). Au temps où naquit Ravaillac (...) cette antique cité d'Angoulême (...) levait l'étendard catholique au-dessus d'une campagne huguenote (THARAUD, Trag. de Ravaillac, 1913, p. 7).
— Locutions
♦ Lever boutique, lever ménage. ,,Commencer à tenir boutique, à tenir ménage`` (Ac. 1878). En 1800 un Toulousain nommé Cabot, jeune perruquier dévoré d'ambition, vint à Paris, et y leva boutique (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 335).
♦ Lever la paille. [P. allus. à l'ambre qui attire les pailles et les soulève] Être tout-à-fait supérieur, décisif. (Ds Ac. 1935, Lar. 19e-20e, QUILLET 1965).
b) Qqn lève qqc. à, sur, contre qqn
— [En signe d'hommage]
♦ Lever sa casquette, son chapeau à qqn. Le saluer. Un paysan blanc [de neige] qui nous leva son bonnet de fourrure (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 123).
♦ Lever sa coupe, son verre en l'honneur, à la santé de qqn. Lui porter un toast. Au repas, je levai mon verre en l'honneur de ce grand chef, à qui je portais, depuis toujours, une déférente amitié (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 114) :
• 1. Ils devenaient terribles après le repas, quand ils avaient bu du vin! C'était une joie défendue sous peine de mort dans les armées puniques, et ils levaient leur coupe du côté de Carthage par dérision pour sa discipline.
FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 70.
— [Avec une intention agressive] Lever le bâton, le couteau, le fouet, la lance, le pistolet, le poignard contre, sur qqn. L'esclave leva l'épée, mais au lieu de frapper son maître, il se perça lui-même (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 326). Comme un Allemand levait sa crosse sur un camarade qui traînait la jambe, elle se précipita vers lui et se mit à l'accabler d'injures (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 36).
♦ Lever la hache (de guerre) contre qqn (au fig.). Déclarer les hostilités ou y répondre. Si nous sommes enfin forcés à lever la hache, nous combattrons avec l'assurance de la victoire ou d'une mort sainte (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 142). Synon. déterrer la hache; anton. enterrer la hache.
2. [L'obj. premier désigne une partie du corps]
♦ Lever le(s) bras. Lever le bras (pour attirer l'attention). Il leva le bras pour faire signe qu'il voulait parler (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946p. 267). Lever les bras (injonction faite à quelqu'un pour contrôler le port d'arme). Il fallut faire le geste ignoble, lever les bras, subir la fouille provisoire (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946p. 28). Lever les bras pour + inf. (en geste de supplication). Et tous à genoux vers les tentes puniques, ils levaient leurs bras pour implorer grâce (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 133). Lever les bras au ciel (en geste de désespoir ou d'indignation). Quand il recevait, par mandat, le montant de ses droits d'auteur, il levait les bras au ciel en criant qu'on lui coupait la gorge (SARTRE, Mots, 1964, p. 32).
♦ Lever la crête (fam.). S'enorgueillir, fanfaronner. (Ds LITTRÉ, Lar. Lang. fr.).
♦ Lever un/le doigt (pour attirer l'attention). En classe, il ne levait jamais le doigt, mais lorsqu'on l'interrogeait, la vérité parlait par sa bouche (SARTRE, Mots, 1964p. 188). Au fig. Ne pas lever le petit doigt pour qqn. Ne pas l'aider, ne rien faire pour lui. On nous plaint, mais on ne lèverait pas le petit doigt pour nous (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1011).
♦ Lever les épaules. Manifester son agacement, son mépris. Je levai les épaules avec impatience. — Ne te fâche pas, s'écria-t-elle (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 178). Synon. cour. hausser les épaules.
♦ Lever l'index. Manifester sa réprobation. Il leva l'index en l'air d'un ton menaçant (PROUST, Prisonn., 1922, p. 227).
♦ Lever la jambe (pop.). Danser. Tout le reste, femmes comme hommes, valsait, se saoulait, levait la jambe (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 234). En partic. ,,Danser le cancan`` (LARCHEY, Excentr. lang., 1865, p. 175).
♦ Lever la main [Dans une vente publique pour manifester son désir d'acquérir un objet] Quelqu'un venait de lancer une surenchère; elle leva la main : — « Neuf cents francs! » (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 272). [En signe de serment] Prêtez serment... Ils lèvent tous la main, très lentement (CAMUS, Possédés, 1959, 2e part., 12e tabl., p. 1055). [Dans un tribunal avant de faire une déposition et de prêter serment] Levez la main droite. Vous jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité? (MEILHAC, HALÉVY, Boule, 1875, III, 8, p. 109).
Lever la main sur qqn pour + inf. S'apprêter à frapper quelqu'un. Laurent leva la main pour frapper Thérèse au visage (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 194).
Lever les mains au ciel (en signe d'imploration). Les femmes gémissaient, levaient les mains au ciel, invoquaient la Sainte Vierge (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 119).
♦ Lever le nez. Diriger son regard vers le haut, pour observer. Il arriva devant cette porte, leva le nez en l'air, regarda la maison, resta bouche bée (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 77).
♦ Lever le pied. Partir. Nous reçumes l'ordre, un matin, de lever le pied, et tout de suite on boucla le sac, on boutonna ses guêtres, et l'on sortit par la porte de Mannheim (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 52). Au fig., fam. Disparaître après une mauvaise action. Il a tapé la caisse des jeux de cinquante mille francs (...) Puis il a levé le pied (BOURGET, Geôle, 1923, p. 206).
Lever le pied. Ne plus appuyer le pied sur l'accélérateur, ralentir. Sans lever le pied. En laissant le pied sur l'accélérateur, sans ralentir. Il enfile les Champs-Élysées à tout berzingue. Il coupe l'avenue George V sans lever le pied (SIMONIN, BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 159).
♦ Lever le poing. Manifester une menace, ou faire un signe de salut comme au temps du Front populaire. (Ds Lar. Lang. fr.).
♦ Lever les sourcils. Manifester son étonnement. Elle leva les sourcils avec une expression d'étonnement (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 218).
♦ Lever la tête. Au fig. Reprendre sa fierté. Voici que se dessine la fin du pire drame de notre histoire. Levons la tête! Serrons-nous fraternellement les uns contre les autres et marchons tous ensemble (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 126).
♦ Lever le regard, la vue, les yeux sur qqn, vers qqc. Regarder quelqu'un, quelque chose avec attention. Je demandais rien pourtant. Rien que de le voir lever la vue sur moi, de temps à autre (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 260).
— En partic.
♦ Lever le cœur. Donner la nausée. Le cœur me/lui lève. Cela me lève le cœur; les immondices me lèvent le cœur. L'odeur des abatis lui faisait lever le cœur (GUÈVREMONT, Survenant, 1945p. 76).
Au fig. Provoquer le dégoût. Ces gens me lèvent le cœur. J'ai pris [chez le libraire] le Provincial à Paris, de Balzac : c'est à lever le cœur (DELACROIX, Journal, 1854, p. 251) :
• 2. Elle se disait renseignée ainsi par un des plus intimes amis de notre maison. Je ne répondis rien, je ne pouvais rien répondre. Le cœur me levait de dégoût.
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 395.
♦ Lever le cri (au fig., vieilli). Pousser le cri d'alarme convenu en cas de péril. (Ds Ac. Compl. 1842, Lar. Lang. fr.).
♦ Lever la voix. Monter la voix à un diapason supérieur. Synon. élever la voix (v. élever1). Tant de morts et de pleurs, de cendres, de décombres, Qui contre vous lèvent la voix! (CHÉNIER, Iambes, 1794, p. 270). Au fig. lever la voix.
B. — Faire sortir quelque chose ou quelqu'un d'un lieu en soulevant, en enlevant.
1. Ôter, retirer quelque chose ou quelqu'un de l'endroit où il se trouve.
a) Qqn lève qqc. Lever (synon. soulever) le couvercle de la soupière; lever (synon. relever) les lettres dans la boîte. Lever [synon. enlever] un appareil (chirurgical) (Ac.). Aucun effet toxique ne se produit quand on lève la ligature (G.-H. ROGER ds Nouv. Traité Méd. fasc. 6 1925, p. 7).
♦ Lever le corps. Acte officiel par lequel un corps est emporté du lieu où il se trouve (voie publique ou maison mortuaire) pour être exposé ou inhumé. Tout le clergé de l'église cathédrale, et les communautés religieuses de la ville, lui rendirent les derniers devoirs et vinrent lever le corps dans la chapelle du château (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 187).
♦ Lever le masque (à qqn) (dans un bal pour le reconnaître). Au fig. Se montrer sous son vrai jour. Lorsque tout fut prêt pour l'exécution de l'horrible projet, les conjurés levèrent le masque (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 80).
♦ Lever le miel. Prendre le miel des ruches. On levait le miel des abeilles. Jeuselou était là, avec le masque et les outils de Gaspard (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 94).
♦ Lever la table. La débarrasser. Synon. lever le couvert. Il faut lever la table, Josette; mais vous laisserez la nappe (J. HUMBERT, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 17).
— Spécialement
♦ DR. Lever les scellés. Retirer les scellés, en présence d'un officier de justice et des parties. (Ds BARR. 1974). On ne saurait lever des scellés qu'en présence de celui qui y est intéressé (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 448). Au fig. Supprimer les effets contraignants d'une mesure. Lever le décret, l'interdit, la sentence; faire lever l'écrou, l'exil de qqn. Est-ce là ce que tu trouves pour faire lever son ban? (CLAUDEL, Euménides, 1920, III, p. 970).
P. anal. Lever les consignes. À l'occasion de la Saint-Jacques, je lèverai toutes les punitions (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 176).
♦ HORTIC.
Lever les guérets (vieilli). Donner le premier labour à une terre qui a reposé quelque temps. (Ds Ac. Compl. 1842, LITTRÉ, ROB.).
Lever (une fleur, un arbre) en motte. Enlever de terre avec les racines. (Ds Ac., Lar. Lang. fr.). Lever les oignons des tulipes. (Ds Ac. Compl. 1842, LITTRÉ).
♦ PÊCHE. Lever les filets, les lignes. ,,Les retirer de l'eau pour prendre le poisson`` (Ac. 1935).
— P. anal.
♦ Lever le camp, les tentes, le siège. Plier bagage et s'en aller. Le 11, nous levâmes les tentes à la lueur de mille étoiles (...) nous descendîmes environ une heure les dernières collines (...) et nous entrâmes dans la plaine d'Acre (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 302).
Fam. On s'était dit qu' (...) une fois la tourmente conjurée, on lèverait le camp par une belle nuit... on transborderait notre matériel et on irait se faire voir ailleurs! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 534).
♦ Lever un plan, des plans. Prendre les mesures nécessaires pour tracer le plan d'un lieu, le tracer. Synon. relever. Faire lever les cartes d'un pays. Le canal de l'est (...) se terminait (...) par deux glaciers : ces deux canaux ont été levés et portés sur le plan de la baie (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 160).
b) Qqn lève qqn
♦ Lever la garde, la sentinelle. Retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est de faction. (Ds Ac., LITTRÉ).
♦ Lever un enfant (vieilli). Emporter à l'hôpital, par autorité publique, un petit enfant exposé. (Ds LITTRÉ, Ac. 1878). Jamais n'y eut-il tant d'enfants « exposés » qu'en ces bons vieux temps. On les trouvait, on les « levait » — c'était le mot —, au matin, à la porte des églises, des nobles hôtels, des couvents (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 249).
2. Prendre une partie d'un tout.
— COUT. Lever un habit. Prélever de quoi le faire dans une pièce de tissu. (Ds Ac. 1835, BESCH. 1845, GUÉRIN 1892).
— CUIS. Lever une cuisse, une aile de poulet. Détacher de la carcasse une cuisse, une aile de poulet. (Ds Ac. 1835, BESCH. 1845, GUÉRIN 1892). Lever les filets d'un poisson. Lever la bande de chair le long de l'arête dorsale.
— IMPR. Lever la lettre. Prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins et les arranger dans le composteur pour en former des mots et des lignes. (Ds LITTRÉ, Ac.). Un ouvrier lève bien la lettre lorsqu'il la prend dans la casse habilement et sans faux mouvement (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 355).
— JEUX. Lever les cartes. Ramasser les cartes gagnées à la suite d'un coup (Ds Ac. 1878, Lar. Lang. fr.). V. également levée.
— VÉN., vieilli. Lever le pied du cerf. ,,Le couper pour en faire honneur au maître de la chasse`` (BAUDR. Chasses 1834).
3. Faire payer, percevoir une somme d'argent. Synon. prélever. Lever la dîme, la taille, une recette, un tribut. La province avait le droit de lever elle-même, et suivant la méthode qu'elle préférerait, une partie des impôts royaux (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 329). Désireuse de lever une sérieuse contribution pécuniaire sur ce bourgeois ingénu et riche... (BOURGET, Tapin, Fille-mère, 1927, p. 183).
— P. anal. Lever ses droits d'auteur. Il menait la vie puissante et dépensière des auteurs, des journalistes et des artistes; il levait très-bien ses droits d'auteur dans toutes les coulisses de Paris (BALZAC, Prince Bohême, 1840, p. 384).
— ÉCON., FIN. Lever une somme d'argent, lever les titres. Prendre livraison, au moment de la liquidation, des titres achetés, et ce contre paiement de leur montant (d'apr. Banque 1963).
— P. métaph. D'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 140). Bonaparte levait sur nous des souffrances, comme un tribut qui lui était dû (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 472).
4. Faire cesser.
— Lever la conférence. On convient de lever la séance et de reprendre plus tard le débat sur la base de projets écrits (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 105).
— Au fig. Écarter. Le duc leva toutes les difficultés avec un seul mot : ordre de Sa Majesté (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 116). Sa volonté se heurtait à des obstacles qu'il m'appartenait de contribuer à lever (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 251) :
• 3. Dans la fameuse scène du quatrième acte, Tartuffe, pour lever les derniers scrupules d'Elmire, résume, en ces mots que chacun sait, toute la moelle et tout l'élixir du casuisme accommodant...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 221.
C. — Faire sortir un animal ou une personne du lieu où elle se trouve.
1. CHASSE. Qqn lève un animal (le plus souvent du gibier).
a) Trans. Lever un lièvre, une compagnie de perdreaux.
— Au fig. Lever un lièvre. Soulever une question gênante. Quel lièvre allait-elle encore lever, cette femme ombrageuse, toujours prête à l'attaque? (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 29).
b) Causatif. Faire lever (le gibier). Le faire partir. Faire lever des bandes d'oiseaux, des vols de corbeaux. Un peu plus loin je fais lever une grande biche rousse, tachée de blanc. Puis quantité de pintades, que je rate ignominieusement (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 847). Je fis lever une vipère qui disparut dans un frou-frou de feuilles sèches (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 177).
2. P. anal., fam. Qqn lève qqn. Se mettre en quête d'une personne, la séduire. Le type du jeune homme actuel qui ne veut pas se contenter de sa position, qui veut tout, qui a levé une femme horriblement riche comme on lève une maîtresse (GONCOURT, Journal, 1868, p. 463). L'un d'eux « lève », comme on dit, un domino fort séduisant sous son masque (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, 1926, p. 150).
— Arg. Racoler. Lever un homme, une femme. ,,Se faire lever. Provoquer un homme et se faire emmener par lui`` (MACR. 1883).
D. — Faire sortir du lit. Lever un malade (en l'aidant à quitter son lit). Au petit jour seulement elle s'éveilla, et fit lever Gérard, qui croyait avoir assisté à un rêve (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 256). Lever un enfant. Retirer du lit un enfant et l'habiller. (Ds Lar. Lang. fr.).
— Loc. verb. N'être pas bien levé. Être de mauvaise humeur. Le père Grabu, qui n'était pas bien levé tous les jours (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Cloch., 1886, p. 664).
E. — Enrôler, mobiliser, appeler aux armes. Lever une armée, des fantassins. L'évêque de Norwich (...) leva promptement deux mille lances des meilleurs chevaliers d'Angleterre, avec quatre mille archers (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 284).
II. — Emploi pronom.
A. — [P. oppos. à s'asseoir] Se mettre debout. Se lever pour accueillir qqn, pour prendre congé. Un vieillard, décoré de la croix de Saint-Louis, se leva et proposa la santé du roi Louis XVIII à ses convives (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 61). À cette phrase : « Les Turcs sont noyés », toute la salle se leva et applaudit (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 286). Tout d'un coup des types se lèvent, puis d'autres, puis tout le monde se lève, on repart (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 205).
— Loc. verb.
♦ Se lever en pied.
♦ Se lever de table. Quitter la table pendant ou après un repas. Enfin, on se leva de table et on alla parler argent dans la chambre de M. Ligneul (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 80).
♦ Se lever comme un seul homme. [Pour un groupe] Se dresser tous ensemble. Toute l'assemblée se leva comme un seul homme, criant « oui! oui! » (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 256).
— [En injonction exclam. dans les tribunaux] Accusé, levez-vous! Quelle parole, quel spectacle! (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 310).
— P. anal. Prendre les armes, se révolter. Se lever en masse, en foule. Paris se levait. La chute de Bonaparte semblait s'ébaucher (HUGO, Hist. crime, 1877, p. 68). Il est prouvé que, pas un jour, la Corse n'a cru à la défaite. Il est prouvé qu'elle n'attendait que l'occasion pour se lever, combattre et vaincre (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 535).
♦ Se lever contre qqn, contre une ville, un pays. Bordeaux et la Gironde, Caen et la Normandie, Rennes et la Bretagne, se levèrent contre Paris et la Montagne (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 1, 1869, p. 79). L'Italie indignée va se lever contre l'égorgeur couronné de Naples (SAND, Souv. de 1848, 1876, p. 153).
♦ Expr. [P. allus. à la Bible, Ezéchiel 37, 10] Leurs os se lèveront. Quand bien même tous les Flamands seraient morts, leurs os se lèveraient et s'assembleraient contre les Français (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 311).
B. — [P. oppos. à se coucher] Sortir du lit. Se lever de bonne heure, tard, tôt. Ce que le valet de chambre disait tous les matins à Saint-Simon : Levez-vous, Monsieur le duc, vous êtes né pour les grandes choses (MICHELET, Journal, 1843, p. 533). Toujours est-il que le lendemain de ce repas je ne pouvais plus me lever (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 216) :
• 4. Sa jeunesse et la force de sa constitution rendirent extrêmement rapides les progrès de sa convalescence; il fut en état de se lever au bout de cinq ou six jours.
GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 310.
— P. métaph. J'en conclus que l'envie et la haine se lèvent plus matin que la justice et l'amitié (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 235). Une voix nous dit, comme au paralytique de Capharnaüm : lève-toi et marche (...). Et la conscience accablée, la conscience stagnante, la conscience en panne se lève en effet, prend son bâton de pèlerin et se remet en route (JANKÉL., La Mauvaise conscience, Paris, éd. Montaigne, 1966, p. 211).
— Expr. et proverbes
♦ Paris appartient à ceux qui se lèvent tôt (Proverbes Dictons 1980).
♦ Ce n'est pas tout de se lever matin, il faut encore arriver à l'heure (Proverbes Dictons 1980).
♦ ,,À beau se lever tard qui a bruit [réputation] de se lever matin. Les premières impressions qu'une personne donne d'elle-même sont difficiles à chasser`` (Proverbes Dictons 1980).
♦ Se lever le derrière le premier, du mauvais pied, du pied gauche (fam.). Se lever le cul devant (pop.). Se lever de mauvaise humeur (d'apr. FRANCE 1907).
♦ Ne pas se lever assez matin. Se laisser devancer. Alors elle me dicta ses conditions (...). Tu l'épouseras donc (...). Seulement, si ce monsieur a cru m'avoir, il ne s'est pas levé assez matin (VIALAR, Bon Dieu, 1953, p. 28).
C. — P. anal.
1. [Le subst. désigne un corps céleste ou ses manifestations] Commencer à paraître. Le jour, la lune se lève; regarder le soleil se lever. Du fond de ma calèche, je regardais se lever les étoiles (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 284).
— P. métaph. Le siècle de Louis XIV se leva sur ce chaos littéraire, le vivifia de ses feux, et l'inonda de ses clartés (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 169).
2. [Le subst. désigne le vent, la mer] Commencer à souffler, à se soulever. Dans la nuit, la mer s'est levée, elle a roulé le canot, j'ai coulé (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1668).
— P. allus. littér. Se livrant à sa fougue romantique, il jetterait volontiers le cri de René : « Levez-vous, orages désirés! » (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 369).
3. [Le subst. désigne le temps qu'il fait] S'éclaircir. Le temps un peu couvert se leva, le vent du haut chassa les nuages (BALZAC, Début vie, 1842, p. 360).
D. — Au fig. Apparaître, surgir. Les souvenirs se lèvent; la tristesse se lève en moi. L'image de Claire venait de se lever en lui, si forte qu'il craignit d'en délirer (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 222). Ce qu'il aime cet air qui dit plaine ma plaine Et dans ses yeux mi-clos se lèvent des palmiers (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 162).
III. — Emploi intrans. Qqc. lève. Aller vers le haut.
A. — [Le subst. désigne une semence, un plant, une céréale] Sortir de terre, pousser. L'avoine, le blé lève; les moissons qui lèvent. Elle [la graine] lève en quelques jours dans une terre en bon état et par une température douce (GRESSENT, Potager mod., 1863, p. 251).
— P. métaph. Carrière a pour principe de ne rien précipiter (...). L'idée qu'il semble avoir abandonnée, toujours présente, lentement mûrit et lève à son heure (SÉAILLES, E. Carrière, 1911, p. 74).
♦ Emploi pronom. Des idées nouvelles se lèvent. Des sentiments nouveaux sont en voie d'éclore (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 139).
B. — [Le subst. désigne une pâte, le plus souvent celle du pain] Fermenter, gonfler. Le pain lève. La pâte levait déjà, et les femmes se hâtaient (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 99).
— P. métaph. Le pain lève La France Paris Toute une génération (CENDRARS, Du monde entier, Hommage à G. Apollinaire, 1919, p. 252).
REM. 1. Levade, subst. fém. a) Fossé servant à l'irrigation. (Ds PLAIS.-CAILL. 1958). b) Hipp. ,,Mouvement par lequel un cavalier fait cabrer légèrement son cheval (les sabots à 50 cm du sol)`` (DUPRÉ 1972). 2. Lèvement, subst. masc., hapax. Mouvement des yeux qui se lèvent. La vanité du maître blasé sur la pantomime enthousiaste, les spasmes, les lèvements d'yeux extatiques (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 167).
Prononc. et Orth. : [l()ve], (il se) lève []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin Xe s. trans. « faire mouvoir de bas en haut » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 467 : levet sa man); b) ca 1155 mar. (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 11207 : ancres lever); 1585 (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 37 : lever l'ancre); c) 1832 lever le cœur « dégoûter » (MUSSET, Coupe, II, 3, p. 289); d) 1834 lever son verre (ID., Fantasio, I, 2, p. 182); 2. a) fin Xe s. réfl. « se mettre debout » (Passion, éd. citée, 117 : Christus Jesús den s'en leved); b) ca 1100 intrans. « sortir de son lit » (Roland, éd. J. Bédier, 163); ca 1165 pronom. (Troie, éd. L. Constans, 1577); c) ca 1100 part. prés. adj. soleill levant (Roland, 3098); ca 1150 intrans. « apparaître à l'horizon (soleil) » (WACE, St Nicolas, 1196 ds T.-L. 376); [1240 pronom. (Renart ds FEW t. 5, p. 276a)]; ca 1256 pronom. (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 12, 7); d) ca 1160 intrans. « se lever (orage) » (Eneas, 1507 ds T.-L. 378); ca 1170 intrans. « commencer à souffler (vent) » (MARIE DE FRANCE, Lais, Eliduc 817, éd. J. Rychner, p. 180); 1343 pronom. (NIC. DE VERONE, Pharsale, 2147, éd. H. Wahle ds GDF. Compl., s.v. levant); e) 1640 pronom. « devenir plus clair (temps) » (OUDIN Curiositez); 3. ca 1165 trans. « relever de façon à découvrir ce qui se trouve derrière ou dessous » (Troie, éd. citée, 1588); 4. a) ca 1170 chasse « faire sortir un animal de son gîte » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 118); fin XVIe-début XVIIe s. fig. lever un lièvre « soulever une difficulté » (PASQUIER, Recherches de la France, p. 492); b) 1776 pop. « entraîner (quelqu'un) avec soi » (Anecdotes sur la Comtesse Du Barry, éd. O. Uzanne, Paris, 1880, p. 113 : lever une fille); 1861 « racoler » (LARCH. [citant Monselet] : Tiens! Xavier qui vient d'être levé par Henriette); 5. a) ca 1200 « enlever, retirer » (Continuation Perceval, A 3468, éd. W. Roach, t. 3, 1, p. 219); b) 1263 « faire cesser » (RUTEBEUF, Bataille des vices contre les vertus, 106 ds Œuvres, éd. E. Faral, t. 1, p. 309 : lever le siege); c) 1549 « faire disparaître, supprimer » (EST., s.v. trouble); d) 1564 lever le camp (Indice de la Bible : leverent leur camp de nuit); e) 1808 lever les lettres (BOISTE, s.v. levée); 6. a) ca 1200 boulangerie (Continuation de Perceval, T 14573, éd. W. Roach, t. 1, p. 396 : levé pain); 1671 pronom. (POMEY : la pâte commence à se lever); 1680 intrans. (RICH.); b) 1225-30 pronom. « pousser (plante) » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 3349 : les fueilles [...] qui [...] se levoient); ca 1275 intrans. (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 38); 7. a) 1242 lesver « percevoir, faire payer » (Charte d'affr. de Montluçon, ap. ALLIER, Anc. Bourbonnais I, 404 ds GDF., s.v. lieve); b) 1268 « appeler aux armes, mobiliser » (Claris et Laris, 14866 ds T.-L. 366); c) ca 1270 « couper, détacher (de la viande de gibier) » (Chace dou cerf, éd. G. Tilander, 360); d) 1680 jeux lever les cartes (RICH.); e) 1723 typogr. lever la lettre (FERTEL, Imprimerie, p. 15); 8. 1596 cartogr. (HULSIUS : lever le plan); 9. 1826 fin. lever l'effet (J. BRESSON, De la liquidation des marchés à terme à la bourse de Paris, 3e part., 100 ds QUEM. DDL t. 16); 1878 « prendre possession (d'un titre, d'une valeur cotée à la Bourse) » (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 201). Du lat. levare « alléger, soulager; soulever, élever en l'air ». Fréq. abs. littér. : 18 587. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 20 775, b) 28 904; XXe s. : a) 32 329, b) 26 393. Bbg. CHAILLET (J.). Ét. de gramm. et de style. Paris, 1969, p. 199. - PAULI 1921, p. 53. - QUEM. DDL t. 2, 16, 18. - TRACC. 1907, p. 152. - VIDOS (B.). Archivum Romanicum. 1930, t. 14, pp. 150-151.
II.
⇒LEVER2, subst. masc.
A. — Action de lever, de déplacer quelque chose de bas en haut. Lever de l'ancre. Les sept familles de mouvements : le marcher, le grimper, le sauter, le lever, le porter, puis l'attaque et la défense (L'Œuvre, 21 févr. 1941).
♦ Lever du drapeau. Cérémonie patriotique au cours de laquelle le drapeau est hissé en haut d'un mât. Après le lever du drapeau [dans le chantier de jeunesse] le jus (L'Œuvre, 9 févr. 1941).
— THÉÂTRE. Lever du rideau. Moment où le rideau se lève, où la pièce va commencer. Au lever du rideau, la scène reste vide un moment et l'on entend des chœurs au loin (A. DAUDET, Arlésienne, 1872, II, 2e tabl., 1, p. 385). P. méton. Lever de rideau. Petite pièce en un acte que l'on joue avant la pièce principale. Écrire des levers de rideau. Après un lever de rideau probablement insignifiant (...) deux actes de Phèdre avec Mme Berma (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 441).
B. — TOPOGR. Lever d'un plan. Action de tracer, d'établir un plan d'après les mesures prises par l'arpentage. Synon. levé. Lever hydrogéologique. ,,Prospection méthodique et relevé sur le terrain, complétés par la recherche en archives, de toutes données relatives aux conditions hydrogéologiques et aux eaux souterraines d'un territoire`` (CAST.-MARGAT 1977).
C. — Action de se lever. Lever du vent. Nous attendrons ici le reflux de la mer Et le lever du vent (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 84).
— DR. Synon. de levé. Il m'enseigna le mécanisme du scrutin, de l'assis et du lever, la tactique des interruptions et des acclamations (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 339).
D. — Action de sortir du lit. Lever tardif; heure du lever. La sonnerie du clairon au réveil et au couvre-feu, une demi-heure avant notre lever, une demi-heure après notre coucher, encadrait la journée (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 18).
♦ Lever (du roi). Cérémonie à laquelle certains familiers et courtisans de la cour étaient admis. Petit lever, grand lever. Le talent de courtiser les gens, ou de les assommer, de se faire voir de temps en temps aux petits-levers de ces petits monarques (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 994). Absol. La faveur, la disgrâce, le lever, le débotter, voilà les phénomènes. Tout roule là-dessus (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1820, p. 30).
E. — Apparition d'un corps céleste à l'horizon ou dans un point du ciel. Lever de la lune, du soleil; lever des astres, des constellations, des planètes. Le soleil doit donc apparaître sur l'horizon de Mars longtemps avant son lever, et n'en disparaître que longtemps après son coucher (BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p. 354).
♦ P. métaph. Le lever de la raison, de la vérité. Non; l'habitude n'est pour rien dans mon amour, et c'est pour moi, chaque matin, un nouveau lever de soleil (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 119).
— P. anal. Lever du jour. Apparition du jour quand la terre a accompli la rotation qui lui permet, du côté de l'est, d'être située face au soleil :
• ... à Paris, le lever du jour est officiellement annoncé aux habitants par le cor de la gaite qui, du haut de l'une des tours du Châtelet, sonne pour avertir les bourgeois du guet que leur service prend fin et que leurs postes peuvent être relevés. Et la vie de la ville commence, aussi matinale que celle des coqs, dont le chant a, lui aussi, annoncé le retour de la lumière.
FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 21.
Prononc. et Orth. : [l()ve]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 « action de sortir du lit » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 5685); b) 1664 spéc. « moment où le roi recevait dans sa chambre, après son lever » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 11 déc., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 73); 2. 1364 « apparition d'un astre à l'horizon » (FROISSART, Le dit de la marguerite, 54 ds Dits et débats, éd. A. Fournier, 1979, p. 149); av. 1648 lever de l'aurore (VOITURE, Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 2, p. 283, Elégie II); 3. a) 1798 théâtre lever du rideau « moment où le rideau se lève » (GUILBERT DE PIXERÉCOURT, Victor, II, 1, p. 24); b) 1826 lever de rideau « petite pièce que l'on joue avant la pièce principale » (Man. des coulisses, in FOURNEL, Curiosités théâtrales, 336 [1859] ds QUEM. DDL t. 2); 4. [1812 topogr. levée de plans (MOZIN-BIBER); v. aussi levé] 1840 lever des plans (Ac. Compl. 1842). Substantivation de lever1. Fréq. abs. littér. : 52. Bbg. QUEM. DDL t. 2.
1. lever [l(ə)ve] v. [CONJUG. geler.]
ÉTYM. V. 980; lat. levare.
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I V. tr.
1 Faire mouvoir de bas en haut. ⇒ Élever, hausser (I., 3.), soulever. || Lever un fardeau, un poids (→ Force, cit. 59). || Lever une caisse avec une grue. ⇒ Enlever, guinder (I., 1.), hisser. || Appareil servant à lever les fardeaux. ⇒ Levage (appareils de), levier. || Lever les glaces d'une voiture, les fermer (→ Lève-glaces). — Lever (qqch.) de terre. — Le prêtre lève l'hostie après la consécration.
1 Pendant cinquante ans il avait levé le marteau sur l'enclume (…)
Ch.-L. Philippe, le Père Perdrix, I, I.
♦ ☑ (1874). Lever son verre : (spécialt) porter un toast (→ Brinder, cit.; 1. flûte, cit. 6).
♦ Lever l'ancre (cit. 3), la soulever pour appareiller. || Lever les lofs, une garcette… — Pêche. || Lever les filets. — ☑ Loc. Lever l'ancre : appareiller; partir (d'un bateau).
2 Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Baudelaire, les Fleurs du mal, CXXVI, VIII.
♦ Fig. || Lever l'ancre : partir, s'en aller (d'abord en parlant de ce qui est assimilé à un navire). Fam. || Allez, on lève l'ancre : on s'en va.
2.1 À peine achevait-il ces mots, qu'un craquement effroyable se fit entendre. La plaine de glace se brisa tout entière, et les matelots durent se cramponner au bloc qui oscillait auprès d'eux. En dépit des paroles du timonier, ils se trouvaient dans une position excessivement périlleuse, car un tremblement venait de se produire. Les glaçons venaient « de lever l'ancre », suivant l'expression des marins.
J. Verne, Un hivernage dans les glaces, p. 259.
♦ ☑ Loc. Lever la toile : au théâtre, Soulever le rideau.
2 (Fin XVIe). Mettre plus haut, soulever (une partie du corps). || Lever les bras d'un noyé (pour pratiquer la respiration artificielle).
♦ (En parlant de son propre corps). || Lever la main pour prêter serment. ☑ Levez la main droite et dites : « Je le jure ». || Lever les mains au ciel pour invoquer les dieux (→ Fétiche, cit. 2). || Levez les mains ! (→ Haut les mains !). || Lever le poing en signe de menace, de malédiction (→ Bracelet, cit. 1). || Il lève le poing (cit. 9) pour le salut du Front populaire. — ☑ (1538). Lever la main, le poing sur qqn, pour le battre, le frapper (→ Énergumène, cit. 3). || Lever les bras au-dessus de sa tête, en l'air (→ Amphore, cit. 2). — ☑ Loc. (1752). Lever les bras au ciel, en signe d'indignation, d'étonnement, d'impuissance. — Lever le coude pour se protéger des coups (→ Garer, cit. 5). — ☑ (1867). Lever le coude. ⇒ Boire. — Lever les épaules (supra cit. 23). ⇒ Hausser. — Lever le doigt, l'index (cit. 3). ☑ Ne pas lever le petit doigt pour (faire telle ou telle chose). — ☑ Lever la jambe (→ Girl, cit. 2). ☑ Lever le pied (de l'accélérateur) : ralentir. || Lever le pied. ⇒ Déguerpir, enfuir (s'). — Chien qui lève la patte.
3 Ce sera un homme fier et sauvage; il lèvera la main contre tous, et tous lèveront la main contre lui (Ismaël…)
Bible (Sacy), Genèse, XVI, 12.
4 (…) je ne voudrais pas jurer que quelques-uns de ces maudits chiens ne levassent la jambe (…)
Scarron, le Roman comique, I, XV (→ Jambe, cit. 28).
5 (…) sa mère sur qui Tonsard n'a pas levé la main, tant il a peur de lui voir lever le pied !
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 70.
6 Je n'aurais jamais levé le petit doigt pour la faire partir, la pauvre vieille.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 209.
7 Un gouvernement désemparé, qui ne sait répondre aux questions et aux objurgations qu'en levant les bras au ciel.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 231.
8 Il garde les mains dans ses poches, elles sont lourdes comme du plomb. « Lever les mains ! » Un Allemand le vise avec un fusil. Il rougit, ses mains se lèvent lentement, les voilà en l'air au-dessus de sa tête : ils me paieront ça avec du sang.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 199.
♦ Par ext. Diriger, orienter vers le haut (la tête, une partie de la tête). ⇒ Dresser, redresser, relever. || Lever la tête, le front. — ☑ (1541). Par plais. Lever la crête (supra cit. 2). Par métaphore. || Ville, mont qui lève une tête altière (cit. 3). || Lever un front (cit. 8) séditieux. — Lever la tête, le visage pour regarder qqn, qqch. (→ Cercle, cit. 4; gratitude, cit. 4). — ☑ (1611). Fam. Lever le nez (→ Humer, cit. 9) : lever la tête pour regarder qqch.
9 Mais Hippolyte, alors, levant sa jeune tête (…)
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, III.
♦ Lever les yeux, pour regarder (qqn, qqch.). ⇒ Regarder (→ Gonfler, cit. 12; impression, cit. 32). || Lever les yeux pour voir. || Travailler sans lever les yeux, sans se laisser distraire. || N'oser lever les yeux; sans lever les yeux (→ Humilité, cit. 5). ☑ Lever les yeux au ciel, pour implorer Dieu, exprimer son espoir (→ Espérance, cit. 9), sa détresse (→ Briller, cit. 10), son impatience… || Elle leva vers lui ses yeux suppliants (→ Inconscient, cit. 6). || Elle leva sur lui son beau regard (→ Bouger, cit. 3). — Fig. || Lever les yeux sur (une chose que l'on désire). ⇒ Aspirer (à), prétendre (à).
10 Que sur Aménaïde il ait levé les yeux,
Qu'il ait osé prétendre à s'unir avec elle ?
Voltaire, Tancrède, III, 1.
3 (V. 1265). Relever (qqch.) de façon à découvrir ce qui se trouve derrière, ou dessous. ⇒ Soulever. || Lever un coin de vêtement (→ Asseoir, cit. 11, La Fontaine). || Femme qui lève son voile. — ☑ Loc. fig. (1873). Lever le voile, un coin de voile. ⇒ Découvrir, dévoiler (→ Hiérophante, cit. 3). — ☑ (1629). Lever le masque. ⇒ Démasquer. — (1835). || Lever le rideau pour faire apparaître la scène. ⇒ 2. Lever.
11 (…) être souvent réduite à emprunter une jupe pour aller se la faire lever par un homme dégoûtant (…)
Voltaire, Candide, XXIV.
12 J'employai toutes les forces de ma volonté pour pénétrer encore le mystère dont j'avais levé quelques voiles.
Nerval, la Bohème galante, p. 352.
13 Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, III.
4 Rendre (qqch.) vertical ou plus proche de la position verticale. ⇒ Dresser (I.), redresser, relever. || Lever une échelle. || Lever un pont-levis. || Lever un drapeau. ☑ (Fin XVIIe). Fig. Lever la bannière, l'étendard (cit. 8) de la révolte… : donner le signal de la lutte, de la révolte.
14 Tout le quartier dormait profondément, en sorte
Qu'il leva lentement le marteau de la porte.
A. de Musset, Premières poésies, « Mardoche », L.
♦ (XIIIe). Compl. n. de personne. || Lever un malade sur son séant. — (Mil. XVIe). Faire sortir du lit et préparer. || Lever un enfant (→ ci-dessous, Se lever; et aussi habiller, cit. 1).
5 (V. 1175). Faire sortir de son gîte, faire partir (un animal sauvage). || Lever un lièvre, une perdrix.
15 Ces perdrix, je les lève d'abord dans une éteule, puis je les relève dans une luzerne, puis je les relève dans un pré, puis le long d'une haie (…)
J. Renard, Histoires naturelles, « Les perdrix ».
♦ ☑ (1663). Fig. Lever un lièvre : soulever un problème embarrassant.
♦ (1776). Par anal. Fam. Séduire et entraîner avec soi. ⇒ Faire (supra cit. 29), soulever. || Lever une femme.
16 Elle s'examina de trois quarts, puis de côté, puis de dos dans la glace. — Par exemple, à cette heure-ci, je suis sûre de lever sur mon passage pas mal de suiveurs.
France, l'Anneau d'améthyste, XV, Œuvres, t. XII, p. 203.
16.1 Paul montrait un teint clair, une peau de femme à « lever » toutes les femmes et qu'il devait à ses habitudes d'hygiène chic.
Alphonse Daudet, l'Immortel, p. 200.
6 (1596). Établir avec soin. ⇒ Dresser (I., 3.). || Lever une carte (cit. 15), un plan. ⇒ Dessiner (→ Arpenter, cit. 1; graisseux, cit. 1; graphomètre, cit.).
17 Des ingénieurs levaient des cartes dans tout l'empire (…)
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, II, VI.
B (Idée de prise. → Prélever). ⇒ Enlever, retirer.
1 (1690). Vx ou didact. Ôter d'un lien. || Le chirurgien a levé le premier appareil (Académie). ⇒ Ôter.
♦ (1690). Techn. Ôter (une plante) de la terre avec ses racines. || Lever une fleur, un arbre.
♦ Cour. || Lever le corps (d'un défunt), à la maison mortuaire. ⇒ Levée (II., A., 2.). — Lever les lettres (en parlant des postiers), les retirer de la boîte postale où elles ont été déposées. — Lever les scellés.
♦ Par anal. — ☑ (1564). Lever le camp (cit. 6). ⇒ Décamper. — Lever le blocus (cit. 1), le siège. || Lever la séance, l'audience. ⇒ Clôturer; clore (→ Allégation, cit. 2).
2 Faire cesser, faire disparaître. ⇒ Supprimer. || Lever une interdiction (→ Inconscient, cit. 10), une punition. || Lever les arrêts, la consigne. || Lever l'interdit. || Lever une condamnation, une excommunication. — ⇒ Aplanir, écarter. || Lever les obstacles (→ Inventer, cit. 1), les difficultés (→ Incident, cit. 13). || Lever un empêchement, une opposition. || Lever un scrupule (→ Art, cit. 9). || Lever un doute, une ambiguïté.
18 Horace Bianchon leva toutes les difficultés à ce sujet, et ne recula devant aucune (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 656.
19 Quand on a des doutes, on les lève; quand on manque de preuves, on se tait (…)
A. de Musset, le Chandelier, I, 1.
♦ Psychan. || Lever les résistances, les contrôles, les faire tomber (par l'action du travail psychanalytique, par l'effet d'une substance chimique).
19.1 Psychothérapie sous narcose. — Sous le nom de « narco-analyse », on désigne un procédé thérapeutique dont le but est de faire une sorte de psychanalyse accélérée ou brusquée; l'introduction d'une drogue dans l'organisme, en levant certains contrôles, permet l'extériorisation de tendances, d'émotions et de souvenirs qui ne se manifesteraient pas autrement.
Daniel Lagache, la Psychanalyse, p. 109.
3 a Idée de prendre, de prélever. (V. 1270). Vieilli. Prendre (une partie) sur un tout. ⇒ Prélever. || Lever tant de mètres sur une pièce d'étoffe (⇒ Couper, découper). || Lever une cuisse, une aile, les blancs d'un poulet. || Lever des filets de poisson.
20 (…) je jetai quelques regards nonchalants sur un poulet d'assez bonne mine, dont je levai nonchalamment aussi les deux ailes (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, III, p. 171.
20.1 Madame Coquenard tira le plat à elle, détacha adroitement les deux grandes pattes noires, qu'elle plaça sur l'assiette de son mari (…) trancha le cou, qu'elle mit avec la tête à part pour elle-même, leva l'aile pour Porthos (…)
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 396.
b (1680). Jeux. || Lever les cartes, ou, absolt, lever : ramasser les cartes du coup qu'on a gagné et les mettre en paquet devant soi. ⇒ Levée.
c Dr. || Lever une option : accepter le contrat. — Bourse. || Lever la prime : devenir acheteur ferme, dans les opérations à primes ou à options. — Lever des titres, les payer à la liquidation lorsqu'on s'en est porté acquéreur (opposé à faire reporter).
d (XIIIe). Fig. et cour. || Lever un tribut, des taxes, des impôts (cit. 5), la dîme. ⇒ Percevoir, recueillir (→ Énumérer, cit. 1).
e (Fin XVe). || Lever une armée, des troupes. ⇒ Enrôler, faire (vx; supra cit. 29), mobiliser, recruter (→ Armer, cit. 11; 1. contre, cit. 21; coutumier, cit. 9). || Cet État peut lever et armer un million d'hommes.
21 Tout prince qui lève trop de soldats peut ruiner ses voisins, mais il ruine sûrement son État.
Voltaire, Dict. philosophique, Âge.
22 (…) des troupes armées qui faisaient rentrer l'argent du fisc comme on lève une contribution de guerre (…)
Zola, la Terre, I, V.
4 Techn. (horlog.). Façonner (certaines pièces) en enlevant de la matière. || Lever un pivot.
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II V. intr. (XIIIe; « se mettre debout », v. 1155). Se mouvoir vers le haut. ⇒ Dresser (se), monter.
1 Commencer à sortir de terre (plantes). ⇒ Pousser (→ Épi, cit. 4). || Le blé qui lève, roman de R. Bazin (1907). — Par ext. :
23 À l'époque traditionnelle des fauchaisons, les prairies levèrent à peine : l'œil n'apercevait que des gazons maigres au lieu de hautes graminées.
♦ Par métaphore :
24 La semence de la vertu lève difficilement.
Rousseau, Émile, I, 24.
25 Le cycle imperturbable de l'année ne doit pas nous enseigner une sérénité paresseuse. Aucune récolte ne lève toute seule.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 255.
2 (1256; le sujet désigne la pâte). Se gonfler sous l'effet de la fermentation. ⇒ Fermenter (A.). || Le levain, la levure fait lever la pâte. || Faire lever la pâte plus rapidement avec un améliorant.
25.1 (…) le lendemain au déjeuner une magnifique miche, un peu compacte peut-être, quoique levée avec de la levure de bière, figurait sur la table de Granite-House. Chacun y mordait à belles dents, et avec quel plaisir, on le comprend de reste !
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 536.
3 ☑ (V. 1160). Fig. Le cœur lève (à qqn), se soulève. || Le cœur lui lève : il ressent un dégoût profond, il a la nausée. || « C'est votre société politique entière qui nous fait lever le cœur » (Camus).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se lever v. pron.
ÉTYM. (1080, « s'élever »).
B (1694). Réfléchi.
1 (Choses). || Bras, mains qui se lèvent. || Les yeux s'étaient levés vers le haut (cit. 91) de l'église. || Le rideau se lève.
26 (…) le rideau venait de se lever sur le troisième acte (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, XXV.
2 (XIIe). Personnes. Se mettre debout, se dresser sur ses pieds (→ Cri, cit. 13). || Se lever de son fauteuil, de son siège (→ Grandeur, cit. 15; imperceptible, cit. 11). || Cavalier qui se lève sur ses étriers. || S'asseoir (cit. 14) et se lever. || Se lever pour prononcer un discours. || Se lever par respect (→ Édifier, cit. 13), pour saluer (→ Inclination, cit. 23), pour applaudir (→ Honneur, cit. 66). || Boxeur qui se lève au coup de gong (cit. 6).
27 Lequel est plus aisé de dire : Vos péchés vous sont remis, ou de dire : Levez-vous et marchez ?
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, IX, 5.
♦ Allusion littéraire :
28 Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !
Épigraphe des Révolutions de Paris, Journal de L.-M. Prudhomme.
♦ Par ext. || Se lever de table : se lever de son siège, sortir de table (→ 1. Écot, cit. 1).
3 (XIIIe). Personnes. Sortir de son lit, de sa couche (→ fam. Se dépieuter, se dépagnoter; → aussi alouette, cit. 3; garde-chasse, cit.; gras, cit. 46). || Action de se lever. ⇒ 2. Lever. || Il se réveille et veut se lever. || Se lever tôt, matin, de bon matin, de bonne heure (cit. 100 et 101). ⇒ Lève-tôt, matinal. || Se lever avec les poules. || Se lever tard. ⇒ Lève-tard. → Contenter, cit. 2; efféminé, cit. 6. || Se lever d'un bond, lestement (→ Sauter à bas de son lit). || Somnambule qui se lève toutes les nuits sans s'éveiller (→ Étriller, cit. 1). || « Soldat, lève-toi ! » (→ Caserne, cit. 3).
29 Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin;
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Racine, les Plaideurs, I, 1.
30 Je me levais avec le soleil (…)
Rousseau, les Confessions, VI.
31 — Nous ne nous levons pas absolument comme les anciens moines, répondit gracieusement madame de La Chanterie, mais comme les ouvriers (…) à six heures en hiver, à trois heures et demie en été.
Balzac, Mme de La Chanterie, Pl., t. VII, p. 253.
♦ ☑ Prov. Paris appartient à ceux qui se lèvent tôt (vx); mod. la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt.
4 (XIIIe). Le sujet désigne un astre. Apparaître à l'horizon, en parlant d'un astre. || Astre, étoile (cit. 10) qui se lève. || Le soleil se lève (⇒ Île [cit. 2]; incendie [cit. 6]). || Point où le soleil se lève. ⇒ Levant. || La lune se lève (→ Halo, cit. 1; illumination, cit. 8).
32 La lune, toute ronde et couleur de pourpre, se levait à ras de terre, au fond de la prairie.
Flaubert, Mme Bovary, II, XII.
♦ Par anal. || L'aube (cit. 6), l'aurore (cit. 2 et 30), le jour se lève. ⇒ Arriver, commencer.
33 Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux.
Racine, Phèdre, IV, 6.
34 Fils du printemps qui naît, du matin qui se lève.
Hugo, Odes et Ballades, Le sylphe.
5 (XVe). Commencer à souffler (en parlant du vent). || La brise, le vent se lève. ⇒ Fraîchir, souffler (→ Casser, cit. 2; flotter, cit. 7).
35 Levez-vous vite, orages désirés (…)
Chateaubriand, René.
36 Le vent se leva; les palmiers faisaient le bruit de la mer (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 121.
6 (1640). Devenir plus clair (en parlant du temps). || Le temps se leva rapidement après l'orage.
C Peut être considéré comme pron. avec ellipse de se, ou comme intrans. après certains verbes : voir (→ Aurore, cit. 8), laisser, faire (cit. 196). || Faire lever qqn (→ Aurore, cit. 1; grommeler, cit. 2). || Le médecin n'a pas laissé lever son malade. — Faire lever un lièvre, une perdrix, du gibier, les faire se lever, s'enfuir (→ ci-dessus, I., 5.). — Par métaphore (→ ci-dessous, cit. 38).
37 Les herbes aromatiques avaient recueilli quelque humidité, et je fis lever deux perdreaux qui s'envolèrent d'un genévrier chargé de baies odorantes.
H. Bosco, le Sanglier, p. 148.
38 À force de battre les buissons des idées, les philosophes, même les plus lointains et les plus perdus, finissent par faire lever des vérités.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, I.
——————
levé, ée p. p. adj.
♦ Spécialement.
1 Mis plus haut, en haut. ⇒ Hausse. || Bras levés (→ Cadencer, cit. 4; hardiesse, cit. 1). || Poing levé. || Voter à mains levées. || Coude levé (→ Approche, cit. 7). — ☑ (1549). Au pied levé : sans préparation, par surprise. ⇒ Impromptu.
39 Elle le contraignit de partir tout à l'heure,
Sans qu'il eût fait son testament,
Sans l'avertir au moins. — Est-il juste qu'on meure
Au pied levé ? dit-il; attendez quelque peu.
La Fontaine, Fables, VIII, 1.
♦ Front levé. ⇒ Haut (→ Attitude, cit. 17). || Front levé, tête levée : avec assurance, détermination, résolution. — Yeux levés.
40 Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, XCII.
2 Dressé. || Laisser ses flèches (cit. 16) de direction levées. || « L'étendard (cit. 6) sanglant est levé ». — Pierre levée. ⇒ Menhir.
3 ⇒ Debout. || Levée et tête nue. — N. || Voter par assis et levés. — Par ext. Sorti du lit. || Déjà levé ? || Sitôt levé, il se met au travail.
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CONTR. Baisser, descendre, poser; incliner, pencher; asseoir, coucher. — Continuer; laisser, maintenir. — Asseoir (s'), coucher (se), écrouler (s'). — Bas.
DÉR. 1. Levade, 2. levade, levage, levant, lève, levé, levée, 2. lever, leveur, levier, levure.
COMP. Élever, enlever, soulever; lève-blocs, lève-cul (à), lève-glaces, lève-tard, lève-tôt, lève-vitres. — V. Prélever, pont-levis.
HOM. Levé, levée, 2. lever.
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2. lever [l(ə)ve] n. m.
ÉTYM. V. 1175, sens 2; de 1. lever.
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1 (V. 1360). Moment où un astre se lève, paraît sur l'horizon. || Lever du soleil (→ Accompagnement, cit. 4; affût, cit. 2), de la lune. — (1680). Par ext. || Lever de l'aurore, du jour. ⇒ Matin (→ Aube, cit. 1).
1 Sur la petite place, au lever de l'aurore,
Le marché rit joyeux, bruyant, multicolore (…)
Albert Samain, Aux flancs du vase, Le marché.
2 Ils (les coqs) avaient chanté toute la nuit. Je m'aperçus de ce mensonge poétique : les coqs chantaient au lever du soleil.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 79.
2 Action de se lever, de sortir du lit. || Dès son lever (→ Expédier, cit. 5). || Heure, moment du lever. || Au lever, à son lever (→ Au saut du lit). — (1664). Spécialt. || Le lever du roi, et, absolt, le lever : cérémonie quotidienne au cours de laquelle le roi recevait, le matin, les courtisans dans sa chambre. || « Dès que le roi était réveillé et avait récité l'office du Saint-Esprit, le petit lever commençait; le grand lever avait lieu lorsque le roi était peigné et rasé » (Chéruel, in Littré).
3 Mille gens à peine connus font la foule au lever pour être vus du prince (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 71.
3 (1826). Au théâtre. || Le lever du rideau, qui fait apparaître la scène. || On frappe trois coups pour annoncer le lever du rideau. — ☑ (1826). Un lever de rideau : petite pièce que l'on joue avant la partie principale du spectacle. — Par ext. ⇒ Prélude.
4 Ce passage inattendu d'une saison à l'autre, l'étrangeté du lieu, la nouveauté des perspectives, tout concourut à en faire comme un lever de rideau splendide (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 9.
4 (1867). Action de lever, de dresser un plan. ⇒ Levé, 3.
5 Techn. Action de supprimer, de faire disparaître. || Lever de doute dans un relèvement radio.
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CONTR. Baisser, coucher.
HOM. Levé, levée, 1. lever.
COMP. Lever-Dieu.
Encyclopédie Universelle. 2012.